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  • Le télétravail, une option convenable

    Le télétravail, une option convenable

    Contraints par l’actuelle crise sanitaire à limiter au maximum les déplacements, de nombreux employeurs ont encouragé leurs salariés à faire du télétravail. Regardée dans un premier temps avec scepticisme, la mesure a fini par convaincre et au bout de deux mois, elle commence à porter ses fruits, selon des études de spécialité. Ainsi, une enquête déclenchée à la mi-mars par la société de conseil en ressources humaines HPDI (Human Performance Développent International) et menée deux mois durant, montre-t-elle que dans les six mois à venir, les salariés des grandes entreprises travailleront 40% du temps depuis chez eux.

    Parmi les principaux inconvénients du télétravail figure notamment le manque de compréhension des sentiments personnels, suivi par la transmission déficitaire des informations, rapportée par 28% des salariés pris en compte par le sondage. Enfin, 23% des sujets questionnés ont accusé les réponses tardives et l’absence d’une interaction directe avec les autres. Tout cela mis à part, le télétravail a fait des adeptes, aux dires de Petru Păcuraru, PDG de HPDI. « Même si, dans un premier temps, on s’attendait à ce qu’une fois la quarantaine levée, les gens frappent du poing sur la table, las de toute cette période difficile de télétravail forcé, eh bien, on a fini par constater que bon nombre d’entre eux souhaitent marier travail à domicile avec travail sur place. En fait, le télétravail occupe un poids plus important qu’on ne s’y attendait. Notre enquête a débouché sur une surprise, à savoir d’ici la fin de l’année, les salariés à temps plein souhaiteront travailler 40% du temps depuis chez eux, au lieu de passer 100% de leur temps au bureau. »

    Encore plus surprenant est de constater la préférence des employeurs pour le travail à distance. Au bout de deux mois de télétravail, les chefs d’entreprises ont constaté une hausse de l’efficacité de leurs salariés, parallèlement à la baisse des frais de transports, de logement et d’entretien des locaux, affirme Petru Păcuraru :« On doit prendre en considération le temps passé pour se déplacer, surtout quand on parle de Bucarest et de ses alentours, les gens mettant parfois une heure pour se rendre au bureau et une heure pour rentrer chez eux. Donc, à force de travailler à la maison, on peut épargner deux heures qu’on passe normalement coincés dans les embouteillages. C’est un avantage pour l’employeur aussi, celui de faire économiser ce temps aux salariés. Après, le télétravail a permis aux gens de profiter de ce qu’ils ont déjà. Si on laisse de côté la peur et la panique, qui se sont emparé des gens au début de la pandémie, on constate qu’ils ont commencé à apprécier leur vie : leurs appartements, leurs maisons, leurs enfants, les animaux de compagnie, en fait, tout ce qu’ils ont obtenu dans la vie. Et, malgré les pronostics, étant donné que l’activité n’a pas eu à souffrir, le télétravail a fait gagner tout le monde. »

    Du coup, les salariés ont demandé de travailler à distance deux ou trois jours par semaine. Une telle demande pourrait-elle devenir une nouvelle règle à l’avenir ? Petru Păcuraru : « Je ne saurais me rapporter qu’à 2020, qui restera comme une année marquée par la pandémie et le télétravail. Bien sûr que le domaine d’activité a son mot à dire, mais personnellement, je crois que les entreprises souhaiteront revenir petit à petit à la situation initiale. Le travail à distance se maintiendra en place, mais il perdra de son importance. Ce ne sera pas de la faute des salariés, mais de leurs chefs qui souhaiteront garder le contrôle. Du coup, ils feront venir les gens au travail pendant 80% de leur temps et le reste de 20%, ils leur permettront de bosser à domicile. A l’heure où l’on parle, la situation est loin de ce scénario. Nous, on a pensé qu’une fois le déconfinement mis en place le 15 mai, les gens reviendront au bureau. Eh bien, ce n’est pas le cas. La plupart d’entre eux n’envisagent pas de le faire avant septembre. »

    En pleine révolution technologique, lorsque la numérisation du travail ne fait qu’augmenter, il est essentiel d’avoir une bonne connexion Internet, surtout si l’on travaille à domicile. La vitesse et l’accès à Internet – voici deux critères fondamentaux pour certains domaines, constate un récent classement réalisé par BroadbandDeals.co.uk. Selon la publication britannique, Bucarest est la meilleure ville européenne pour pratiquer le télétravail, alors que Rome est en queue de peloton. Le classement prend en compte plusieurs critères dont la vitesse de la connexion et l’accès à Internet qui a une moyenne de 52 Mbps dans la capitale roumaine, sans oublier la qualité des services de livraison de nourriture à domicile et le coût général de la vie.

    Cela fait plusieurs années déjà que le journaliste espagnol Marcel Gascon Barbera est le correspondant de l’agence ibérique EFE à Bucarest et collaborateur du site d’informations Balkan Insight. Sa propre expérience de vie confirme les résultats du classement mentionné. Marcel Gascon Barbera : « Bucarest est une ville excellente pour le travail à domicile ou à distance. Moi, je peux confirmer tout ce que cette étude met en évidence. Je ne peux pas la comparer à d’autres villes, mais de par mon expérience, je peux vous dire que la connexion Internet y est excellente, fiable et bon marché. Les bars et les restaurants offrent de très bons services de livraison à domicile. De même, le coût de la vie est assez bas par rapport à d’autres pays. A mon avis, toute personne, qui travaille depuis chez elle à Bucarest ou qui utilise du moins Internet dans cette ville, ne peut que partager mon avis. Pour moi personnellement c’est le tarif très bas d’Internet qui est très avantageux. Mais ceux qui font du design en ligne par exemple, qui téléchargent des fichiers vidéo ou travaillent avec des logiciels plus compliqués – ces personnes-là ont vivement besoin d’une connexion forte et performante. C’est ce qui fait la différence, d’ailleurs, entre une ville et une autre. Ici, à Bucarest, on est assez chanceux. »

    En tant que journaliste, Marcel Gascon Barbera a toujours travaillé à domicile. A son avis, dorénavant, le télétravail sera une option de plus en plus utilisée : « Maintenant, avec cette crise déclenchée par la pandémie, il est très possible que de plus en plus de gens se mettent à travailler chez eux. Peut-être ne le feront-ils pas en permanence, mais c’est sûr que ces derniers mois les gens ont appris qu’il est possible de faire à la maison tout ce qu’ils faisaient au bureau. Et ils préféreront travailler à domicile, du moins partiellement. En tout cas, c’est une possibilité. Et Bucarest est une ville très intéressante en ce sens.»

    Et, qui sait, si le télétravail était de plus en plus privilégié, le trafic routier diminuerait et la capitale roumaine deviendrait une ville moins polluée. (Trad. Ioana Stăncescu, Valentina Beleavski)

  • Ma vie d’aide à domicile

    Ma vie d’aide à domicile

    Les soins à domicile à accorder aux personnes âgées sont tout aussi importants que ceux octroyés aux tout petits. Comme pour ceux-ci, le choix de l’aide à domicile qui doit s’occuper des personnes âgées en l’absence des autres membres de la famille est crucial. Pour les aides à domicile, ce sont les conditions dans lesquelles elles doivent travailler qui sont cruciales. La convention 189 de l’Organisation internationale du travail offre protection à cette catégorie professionnelle et affirme leur droit à des conditions de travail décentes.



    A quoi ressemble la journée de travail d’une aide à domicile? Anişoara a déjà près de 18 années d’expérience dans ce domaine. Elle soigne à présent trois personnes âgées; elle se rend à leur domicile et passe avec elles plusieurs heures par jour. Anişoara : « Je les aide à prendre leurs médicaments, je les accompagne quand elles vont en consultation, je les aide à se laver, je fais les courses, je fais la cuisine et le ménage ».



    Malgré cette Convention 189 de l’Organisation internationale du travail, les aides à domicile ne bénéficient pas d’un statut juridique dans tous les Etats européens. Et là où certains aspects sont réglementés par la loi, on trouve toujours des moyens de la contourner. Anişoara explique : « J’ai travaillé pour une société qui avait signé un contrat avec la mairie d’arrondissement. On bénéficiait d’une carte de travail. Pourtant, la mairie n’a plus disposé de fonds pour payer les aides à domicile de cette société. Je me suis retrouvée au chômage. Actuellement, je travaille sur mon propre compte, pour ainsi dire. Et les personnes âgées qui n’ont pas les moyens de payer une aide à domicile ne bénéficient plus de soins ».



    Cela met en exergue la vulnérabilité aussi bien des aides à domicile que des bénéficiaires de ces services. Si les autorités locales n’offrent pas d’aide financière aux sociétés qui embauchent des travailleurs, les personnes âgées des familles dépourvues des moyens financiers nécessaires pour payer une aide à domicile ne peuvent plus bénéficier de ces soins. De leur côté, les aides se voient obligées de travailler au noir. C’est aussi le cas d’Anişoara : « Je n’ai plus de livret de travail, je ne peux pas payer l’assurance sociale et l’assurance maladie. Je ne suis plus allée chez le médecin depuis longtemps, bien que j’en aie besoin, car je souffre d’hypertension artérielle et j’ai aussi d’autres problèmes de santé… »



    Rodica Căciulă, vice-présidente de l’Association humanitaire « Habilitas », réunissant des personnes autorisées à fournir des soins à domicile, nous offre des détails sur la situation de cette catégorie professionnelle : « L’aide à domicile existe dans le répertoire des métiers de Roumanie sous le nom de « aide au domicile des personnes âgées ». Pour obtenir une certification du premier degré, il faut suivre 360 heures de formation, dont 240 heures de pratique et 120 heures de théorie. Mais il y a aussi de nombreuses personnes qui ne possèdent aucune certification et qui interviennent à domicile en régime privé, n’étant embauchées par personne, ni par une société privée, ni par une autre autorité d’Etat ou locale. Nous ne connaissons pas leur nombre exact, il paraît que peu d’entre elles ont des contrats d’emploi, la plupart travaillant dans cette partie plutôt grise du marché de l’emploi. »



    Une solution pour protéger les droits des aides à domicile mais aussi leurs bénéficiaires serait de ratifier la Convention 189. C’est ce que soutient le Conseil économique et social européen, qui vient d’adopter un avis par le biais duquel il demande aux pays membres de l’UE de ratifier cette convention. Dumitru Fornea, membre du Conseil économique et social européen passe en revue les avantages d’une législation plus stricte relative à l’aide à domicile : « Cette convention est très importante. Jusqu’ici elle a été ratifiée par seulement quelques pays — la Belgique, l’Irlande, le Portugal, l’Allemagne, la Finlande et la Suisse — mais d’autres pays envisagent également de la ratifier, ce qui constitue une condition pour continuer toute discussion sérieuse visant à redonner la dignité à ces personnes. Il s’agit d’un secteur qui semble marginal. Or, si nous prenons en compte le vieillissement de la population et la nécessité de dispenser de l’assistance médicale, on constate que ce secteur devient de plus en plus important. Malheureusement, ces aspects de la réglementation sociale sont considérés comme marginaux. Voilà pourquoi nous essayons de revaloriser cette profession. »



    En outre, une régulation plus stricte de ce domaine d’activité et surtout l’application de la loi protègeraient mieux les personnes âgées aussi. Rodica Caciula : « Il est très important qu’une personne travaillant en tant qu’aide à domicile soit employée soit par une société privée, soit par les autorités locales afin d’éviter les éventuels abus sur les personnes âgées. En l’absence de documents, ni l’inspection du travail, ni l’inspection sociale ne peuvent intervenir et par conséquent il nous est impossible de savoir ce qui se passe entre un aide à domicile et la personne soignée. Par ailleurs, en l’absence d’un remplaçant, il se peut que l’aide soit épuisé par ce travail. Il ne peut pas prendre ses congés et il n’y a aucune réglementation de son travail. Dans la plupart des cas, ce sont les personne âgées seules et dans l’impossibilité de se défendre qui risquent de subir des abus de la part de l’aide à domicile. La ratification de cette convention est donc très importante. Si toutes ces personnes qui travaillent actuellement en tant qu’aide à domicile avaient des contrats de travail en bonne et due forme, elles constitueraient une force de travail très importante pour la Roumanie. »



    En attendant une meilleure législation en la matière, Anisoara et les autres personnes se trouvant dans une situation difficile continuent à s’entraider comme elles peuvent. (trad. : Dominique, Alex Diaconescu)

  • Mama connect

    Mama connect

    Une fois devenues mères, de nombreuses femmes changent de priorités, notamment en termes de parcours professionnel. Certaines préfèrent ne plus reprendre le travail à la fin du congé parental, pour travailler de chez elles. Dautres perdent leur emploi initial et se voient contraintes de travailler à domicile. Cest justement pour leur venir en aide qua vu le jour lassociation «Work at Home Moms » (Mamans qui travaillent à domicile). Elle a été fondée par Elena Gorun, il y a deux ans, lorsque son fils est né. Depuis lors, le nombre des membres de lassociation ne cesse de croître.



    Comment sont aidées les mamans qui travaillent à la maison ? Réponse avec Andra Todiriţă, porte – parole de lassociation «Work at Home Moms » : «Nous organisons différents événements et ateliers censés informer les mamans de notre communauté sur les opportunités, sur les manières de rendre légales les activités quelles déroulent à domicile, sur les solutions aux problèmes auxquels elles se heurtent. De même, nous les aidons à sorganiser par des actions de réseautage comme « Mama Connect », par exemple, une rencontre qui offre aux mères loccasion de parler de leurs activités et de lancer des collaborations. Sy ajoutent des foires organisées à loccasion des fêtes, qui permettent à nos membres de présenter leurs produits et services aux personnes qui ne font pas partie de notre association et donc dattirer des investissements. Notre association a dailleurs réussi à attirer plusieurs investisseurs pour soutenir les projets de ces femmes».



    Mais quels sont leurs projets ? Que font–elles, ces mères qui travaillent à domicile ? La plupart choisissent de mettre à profit leurs passions, que ce soit la création de bijoux, la couture, la cuisine ou encore la peinture. Dautres deviennent conseillères juridiques et financières; dautres encore simpliquent dans différents projets de vente et de promotion. Toutes ces activités se déroulent à la maison, aux côtés des enfants, car leur bien-être est la principale raison pour laquelle ces femmes optent pour le travail à domicile.



    Parmi elles – Cristina Antonică, membre de lAssociation «Work at Home Moms ». Selon Cristina, les mamans choisissent de travailler chez elles parce quelles ne sidentifient plus avec leur vie davant. Ecoutons Cristina : «Ma décision de travailler à domicile date de lannée de la naissance de mon 2e enfant. Maintenant jen ai 3. Au moment où ma fille est née, jai senti le désir dêtre accomplie aux côtés de mes enfants, mais aussi de me rendre utile dune autre manière. Il y a cette idée reçue : la mère qui reste à la maison ne soccupe que du foyer et des enfants. La réalité est différente: des nos jours, une mère au foyer veut aussi se sentir accomplie au plan professionnel. Moi, je dirige une maison déditions de chez moi. Cest une petite maison déditions qui sappelle « La branche enchantée » et qui publie des contes pour les petits et des ouvrages déducation parentale».



    Chef de maison déditions, rédactrice et maman à plein temps pour 3 enfants : se partager entre toutes ces activités cest un véritable défi, avoue Cristina. Dailleurs, la liberté de pouvoir gérer son propre temps peut savérer une difficulté pour les mères qui travaillent à domicile. Cest pourquoi les enfants de Cristina prennent part aux activités professionnelles de leur mère : « Mes enfants sont aussi mes partenaires. Je leur offre des expériences pratiques. Avant cet emploi, jignorais combien fascinant cet environnement pouvait être à leurs yeux. Ils adorent venir à limprimerie, toucher le papier, regarder les machines dimpression. Je les emmène partout. Parfois, on joue aussi. Mon emploi suppose le travail de nuit. Je pense que cest quelque chose de typique pour les mamans qui travaillent à domicile ».



    Andra Todiriţă, porte-parole de lassociation, travaille elle aussi à domicile. Elle na pas eu de mal à renoncer à son boulot antérieur, car le fait de pouvoir travailler chez elle laide à explorer dautres facettes de sa personnalité. Andra Todiriţă: « Je souhaitais faire autre chose. Pendant mes études universitaires, je me suis découvert un penchant pour la médecine alternative. La grossesse ma ouvert les yeux sur un autre univers, plus créatif. Comme javais déjà suivi un cours de formation à linstitut, jai commencé à utiliser les connaissances acquises, pendant le congé de maternité. En devenant membre de lassociation Work At Home Moms, jai eu la chance de minvestir davantage et daider les mères souhaitant travailler à domicile à mieux relever les défis qui se posent devant elles, à franchir les obstacles, en mettant à profit leurs ressources personnelles. Mon emploi consiste donc à mener un dialogue avec mes clients, de sorte quils finissent par trouver eux-mêmes des solutions aux différents problèmes, quils connaissent mieux leur propres souhaits. Cela les aide à savoir ce quils doivent faire à lavenir ».



    Tout comme Cristina Antonică, Andra Todiriţă planifie ses activités selon lemploi du temps de sa fillette et, dans la mesure du possible, elle lemmène un peu partout, même aux réunions de lassociation « Work At Home Moms ». Les cours dispensés par Andra sont les bienvenus, car il nest pas rare que les mamans se trouvant dans cette situation aient besoin dappui psychologique et moral, ce que lassociation leur offre pleinement. Détails avec Andra Todiriţă: « Les mamans peuvent échanger, faire appel aux conseillers, aux spécialistes ou aux thérapeutes pour dépasser certaines situations limites qui surviennent dans nimporte quelle famille. Notre association travaille également avec des mères en situation défavorisée, telles les mères seules ou celles sans revenus. Nous avons le devoir, envers nous-mêmes et envers nos enfants, datteindre un certain niveau de maturité émotionnelle, afin de pouvoir relever tous ces défis et prouver aux autres que nous sommes capables de nous débrouiller toutes seules. La force de lexemple est importante. Démontrer à ses proches que lon peut faire marcher les choses, cela amène un véritable changement dopinion chez les autres. Parfois, cest la peur qui explique leur incompréhension».



    Malgré les craintes tout à fait naturelles quand il sagit de renoncer à un statut financier ou professionnel sûr, mais qui ne vous représente plus, les mères qui choisissent le travail à domicile sont toujours plus nombreuses. Cela leur permet dêtre plus présentes dans la vie de leurs enfants et de se réinventer. (trad.: Valentina Beleavski, Mariana Tudose)

  • L’éducation à domicile

    L’éducation à domicile

    L’Education à domicile ou homeschooling, légalisée dans certains pays, est pratiquée en Roumanie aussi, même si elle n’est pas stipulée expressément dans la loi sur l’enseignement. Il existe, cependant, des solutions légales à cela, plutôt similaires à l’enseignement à distance. Ainsi l’enfant peut-il être scolarisé dans un pays étranger, où l’éducation à domicile est légiférée ou bien qui autorise l’enseignement par correspondance pour les élèves de primaire, de collège et de lycée.



    Magdalena Balica, experte à l’Institut des sciences de l’éducation, détaille les motivations de ce choix: « Depuis un certain temps, nous constatons l’intérêt accru pour cette option des parents mécontents de notre système éducatif. Pourtant, légiférer le droit à l’enseignement à domicile est un sujet délicat. A mon avis, les parents qui décident de garder leurs enfants à la maison, tout en se proposant de leur offrir un environnement propice à l’instruction, assument une grande responsabilité ».



    C’est le cas de Gabriel Curcubet, pasteur de l’Eglise presbytérienne de la ville d’Odorheiu-Secuiesc, père de quatre enfants, âgés de 13 à 18 ans, tous instruits à domicile: « En tant que pasteur presbytérien, j’ai aussi une approche chrétienne et sociale. Je pense aux acquis de l’enfant en milieu social et à la conduite qu’il devrait y adopter. Or, à la maison, l’enfant s’approprie mieux certaines règles de comportement ou différents principes éthiques que l’école ne parvient pas à lui inculquer. Nous avons adopté plusieurs méthodes d’enseignement. Par exemple, nous nous sommes chargés de l’éducation à domicile de l’aîné jusqu’à ses 13 ans, après quoi, nous l’avons inscrit à des écoles à l’étranger, respectivement aux Etats-Unis et en Hongrie. Dans cette dernière, il pouvait suivre des cours par correspondance ou via Skype. Il s’est préparé tout seul pour les examens de langue SAT et TOEFL. Ses résultats ayant été des meilleurs, il peut maintenant postuler pour une université étrangère. Nos trois autres enfants sont inscrits dans un établissement scolaire des Etats-Unis, mais c’est toujours nous, les parents, qui prenons en charge l’essentiel de leur instruction. Enfin, nous ne leur enseignons pas toutes les disciplines. Certaines choses, ils les apprennent tout seuls ou à l’aide de logiciels dédiés».



    Comme les méthodes de l’enseignement à domicile diffèrent de celles utilisées dans les écoles, il est naturel que les moyens d’évaluation soient eux aussi différents. Gabriel Curcubet: « Les tests ne ressemblent point à ceux des établissements publics. Dans ces derniers, l’évaluation débouche sur une note. Si un enfant ne maîtrise pas telle ou telle connaissance, il reçoit une mauvaise note et la leçon continue. Notre approche est toute différente. Nous pensons que les enfants doivent vraiment s’approprier les connaissances respectives et pour ce faire nous prenons tout notre temps. D’ailleurs, l’éducation à domicile permet par exemple de parcourir en une seule semaine la géographie de CM2. A l’école, les enfants sont facilement distraits. En plus, il faut mettre un bon bout de temps pour aller en classe et puis pour rentrer chez soi. Bref, un quart d’heure d’instruction à la maison avant le petit-déjeuner profite beaucoup plus à l’enfant qu’une heure de classe».



    Toutefois, la question que se posent certains sceptiques est celle de savoir si ces enfants ne se sentent pas isolés. La réponse de Gabriel Curcubet est négative et argumentée par la multitude d’activités de bénévolat et par les sports d’équipe auxquels ses enfants participent. Les spécialistes en éducation estiment pourtant que l’interaction avec les enfants du même âge est propice tant au jeu et à la socialisation qu’à l’apprentissage.



    Voici les explications de Magdalena Balica, experte à l’Institut des sciences de l’éducation: « A mon sens, maintenant que nous disposons d’immenses ressources grâce aux nouvelles technologies, l’école n’a plus l’apanage de la diffusion des savoirs. Je ne crois pas qu’un enfant non scolarisé n’ait pas assez de chances d’atteindre son potentiel maximum. Il n’est pas moins vrai, cependant, que l’apprentissage institutionnalisé a des composantes sociales importantes aussi. Certaines théories récentes révèlent qu’un enfant se trouvant devant une discipline d’étude peut atteindre son potentiel maximum en apprenant tout seul. Pourtant, l’interaction avec un individu du même âge pendant l’apprentissage lui permet de faire un saut, connu sous le nom de zone proximale de développement”. En clair, la perception de l’enfant sur l’objet de l’apprentissage est confrontée avec celle d’une autre personne. Faire des comparaisons, rapporter sa compréhension des choses à celle des autres, cela suppose une réflexion à même de produire des bonds extraordinaires de l’apprentissage. »



    Les cas individuels mis de côté, Magdalena Balica estime que la Roumanie n’est pas prête à légiférer cette alternative éducationnelle, étant donné l’important taux d’abandon scolaire dans ce pays: « Adopter du jour au lendemain une loi permettant l’éducation à l’école dans n’importe quelles conditions serait une grande perte puisque ces parents en situation difficile pourraient l’interpréter comme une excuse en plus de ne plus envoyer leurs enfants à l’école. C’est un risque que nous ne pouvons pas assumer. Au contraire, ces catégories sociales ont besoin d’appui pour envoyer leurs enfants à l’école. Les pays qui ont légiféré cette option possèdent des systèmes d’évaluation des connaissances des enfants très bien mis au point et capables de reconnaître les différentes capacités des enfants. En Roumanie, il y a encore des choses à faire pour améliorer le système d’évaluation des compétences de chaque enfants à un certain âge. Probablement qu’à l’avenir l’option de l’instruction à domicile fonctionnera dans la mesure où nous réussissons à utiliser les nouvelles technologies. Et de ce pont de vue, à présent, la situation de la Roumanie n’est pas des meilleures. »



    Et pourtant Gabriel Curcubet, par le biais de l’ONG qu’il représente, à savoir l’Association Home Schooling Romania, a contacté déjà près de 300 familles roumaines qui pratiquent l’éducation à domicile. Et le nombre de personnes qui prennent en compte cette alternative serait encore plus important, affirme M Curcubet. Mais les négociations avec les représentants du Ministère de l’Education pour la légiférer ont échoué jusqu’ici. (trad.: Mariana Tudose, Alex Diaconescu)