Tag: donneurs

  • La transplantation d’organes en Roumanie

    La transplantation d’organes en Roumanie

    Rien qu’en 2013 ont été effectuées plus de 400 transplantations (275 rénales, 122 de foie et une transplantation cardiaque). La transplantation hépatique est la plus difficile. La plupart des donneurs sont des patients en état de mort cérébrale. Pour les reste des cas, le donneur est vivant ; la plupart des fois il s’agit d’un membre de la famille du patient qui accepte de faire le don. Plus de 400 Roumains se trouvent actuellement sur la liste d’attente pour une transplantation de foie. Mais le nombre le plus élevé de donneurs a été enregistré l’année dernière, lorsque les médecins roumains ont effectué un nombre record d’interventions, affirme Irinel Popescu, chef du Centre de Chirurgie et Transplantation hépatique Fundeni (Bucarest). C’est lui qui a effectué la première transplantation hépatique de Roumanie.



    Irinel Popescu : «L’année dernière a été une année d’exception. 2013 représente plutôt un saut qu’une évolution progressive. Le nombre des transplantations hépatiques a augmenté de 75 en 2012 à 122 en 2013, chose absolument remarquable. Par rapport à l’année dernière, 2014 doit tout d’abord maintenir ce nombre d’interventions. 41 transplantations de foie ont déjà été effectuées à l’hôpital Fundeni. Donc, on s’attend à un chiffre similaire à celui de l’année dernière ou légèrement plus élevé d’ici la fin de l’année. Un autre progrès est l’ouverture d’un deuxième programme de transplantations à l’Hôpital Ste Marie, où l’on a déjà effectué 3 interventions. De même, j’ai aimé donner un coup de main à nos collègues de Chisinau qui ont fait les premières transplantations de foie en République de Moldova provenant de donneurs vivants, mais aussi de donneurs en mort cérébrale. J’aimerais pouvoir introduire d’autres types de transplantations. Jusqu’ici personne n’a fait de transplantation pulmonaire ou d’intestin grêle en Roumanie. J’espère que ce sera possible à l’avenir».



    En Roumanie, environ 2 millions de personnes souffrent d’hépatite, qui, à défaut de traitement, mène à la cirrhose et au cancer hépatique. En avril 2000, l’hôpital Fundeni de Bucarest réalisait avec succès les premières transplantations hépatiques :


    «J’ai eu une cirrhose hépatique et j’ai dû avoir une transplantation. A ce moment-là, en Roumanie, aucune intervention de ce type n’avait réussi. Néanmoins, en mars 2000, le professeur Irinel Popescu m’a opéré et maintenant, 14 ans plus tard, je me sens très bien».



    «J’ai 64 ans et je me sens très bien, je n’ai pas de problèmes de santé. Moi aussi j’ai eu une cirrhose du foie en phase terminale. Je me suis adressé à la Section de transplantations de Bucarest, sans savoir qu’il y avait la possibilité de faire une transplantation. Je voulais aller à l’étranger pour me faire opérer, parce que les hôpitaux roumains ne disposaient pas des ressources matérielles nécessaires. Mais le docteur Irinel Popescu m’a assuré qu’il y avait en fait les mêmes conditions que n’importe où dans le monde pour faire une transplantation. La liste d’attente était longue et j’ai eu l’intervention lorsqu’un foie est devenu disponible».



    Pour ce qui est des transplantations cardiaques en Roumanie, après deux ans et demi de pause, ce sont les hôpitaux de Târgu Mureș (dans le centre du pays) et Floreasca de Bucarest qui ont repris les interventions. Depuis 1999, lorsque la première transplantation cardiaque a été faite en Roumanie et jusqu’en 2012, les médecins de Târgu Mures ont réussi à faire de la performance, effectuant en moyenne 10 transplantations par an.



    Plus de 3600 personnes figurent actuellement sur les listes d’attente des différentes transplantations ; la plupart ont besoin d’un rein compatible, d’autres — d’un foie, d’un pancréas ou d’un cœur. Malheureusement, l’argent alloué cette année par l’Etat ne couvre que 20% du nécessaire et l’on attend la rectification budgétaire cet été en ce sens. Les médecins qui font ces interventions dénoncent eux aussi la rémunération insuffisante, mais ils encouragent les patients à ne pas perdre l’espoir.



    Le docteur Mihai Lucan, chef de la Clinique de transplantation rénale de Cluj explique : « La Roumanie a évolué d’une façon extraordinaire dans ce domaine. Le sort a fait que nous nous situons dans une région de l’Europe, où il faudrait nous rapprocher davantage des autres manières de penser et de fonctionner dans le domaine de la santé. Et pourtant, quelques individus obstinés oeuvrent toujours afin de maintenir la transplantation au niveau des pays beaucoup plus développés et qui disposent de beaucoup plus d’argent que la Roumanie. L’année dernière on a même fait un grand pas en avant, au sens où nous avons enregistré un taux des dons d’organes à partir de donateurs décédés qui a dépassé celui de nombre de pays civilisés. Mais on peut faire plus de choses ».



    Les greffes du pancréas réalisées à l’Institut de transplantation et d’urologie de Cluj ont commencé en 2006. Jusqu’ici cette institution a fait 11 transplantations, affirme Mihai Lucan : « Au début, l’évolution n’a pas été très bonne. C’est une partie de la transplantation soumise à beaucoup d’interférences évolutives. Le pancréas est un organe extrêmement sensible face à toute manipulation et dans l’évolution post-opératoire. On a fait même 11 interventions supplémentaires afin de soigner des poussées de pancréatite aiguë, mais les malades s’en sont bien sortis à la fin. A partir de cette année, nous avons recommencé d’une manière quelque peu différente, aux côtés de plusieurs conseillers d’Italie et d’Autriche et j’avoue que les résultats sont spectaculaires. Il s’agit d’une double transplantation. On fait une greffe de foie et de pancréas. Maintenant, la liste d’attente compte une trentaine de malades… »



    A l’heure actuelle il existe en Roumanie une quarantaine de centres de prélèvement d’organes. Au niveau européen, on recense entre 20 et 25 donneurs par an pour chaque million d’habitants. Dans certains pays tels l’Espagne, le nombre des donneurs est arrivé à quarante personnes pour chaque million d’habitants. La Roumanie se situe à la fin du classement, avec quatre donneurs pour chaque million d’habitants.



    Afin de se placer dans la moyenne européenne, la Roumanie devrait recenser environ 500 donneurs par an. Il s’agit d’un objectif assez difficile à réaliser vu qu’il existe un seul centre de transplantation de foie, à Fundeni, dans la banlieue bucarestoise, trois centres de transplantation des reins — à Bucarest, Cluj et Iasi et deux centres de transplantation cardiaque à Bucarest et à Târgu Mures. C’est tout. (Trad. : Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)



  • Jean-Marie Monplot (France) – le don de sang en Roumanie

    Jean-Marie Monplot (France) – le don de sang en Roumanie

    Dan Zaharia est le fondateur du site donor.ro qui se propose de donner un coup de main à tous ceux ayant besoin d’une transfusion de sang dans un pays comme la Roumanie où le nombre des ceux prêts à faire don de leur sang est bien en dessous de la demande.



    Dan Zaharia : « Le tout a commencé au moment où un ami à moi cherchait du sang pour son enfant souffrant d’une leucémie. A l’époque, la seule solution dénichée fut une campagne médiatique, une méthode susceptible de provoquer une vague de sympathique au sein du public, sans pour autant résoudre le problème puisque l’enfant en question avait besoin de transfusions régulières. On a donc essayé de mettre sur pied une solution technique qui permette un recrutement de donneurs en fonction du département d’origine. Et cela vu qule sang est périssable et ça ne sert à rien de donner du sang dans un centre de Bucarest si la personne qui en a besoin se trouve à Timisoara ».



    Est-ce que l’on peut affirmer que la Roumanie traverse une crise du sang ?


    Dan Zaharia : « Oui et non. Je dis cela parce que plus qu’une crise des donneurs, la Roumanie se confronte à une pénurie de donneurs de groupes sanguins considérés comme rares. Sur l’ensemble de la population de Roumanie, 15% a le rh négatif et 1% seulement a le groupe AB négatif. »



    Qu’est ce que votre site se propose concrètement ?


    Dan Zaharia : « C’est un site très simple, sans publicité aucune, sans le moindre côté commercial, puisqu’il s’agit d’une démarche bénévole qui aide tous ceux à la recherche d’un donneur. C’est un moteur de recherche, si vous voulez. On introduit le groupe sanguin, le rh et le département et en deux clicks, on apprend le nombre de donneurs disponibles. En plus, une fois devenu membre de notre communauté en ligne, on a le droit de publier une demande nominale de recherche de sang, c’est-à–dire on peut indiquer le nom du bénéficiaire. Une fois la demande publiée, le système l’envoie seulement aux donneurs du département où se trouve la personne en souffrance. Par la suite, le donneur se présente au centre de transfusion pour faire don de sang au bénéfice de la personne qu’il souhaite aider ».



    A combien se monte la communauté de donneurs inscrits sur votre site ?


    Dan Zaharia : « Elle comporte plus de 1.500 membres dont la moitié habite le département de Iasi, 15% la capitale et le reste vient de Cluj, Timisoara et des alentours du département de Iasi. Une fois inscrit parmi les membres de notre communauté, le donneur se voit remettre des notifications à chaque fois que l’on cherche du sang. Par ailleurs, il offre un retour sur son activité de donneur en disant, par exemple, « aujourd’hui, je ne peux pas donner car je l’ai déjà fait deux semaines auparavant » ou bien « comptez sur moi, je vais faire don de mon sang demain ». La Roumanie recense plus de 10.000 donneurs réguliers qui font don de leur sang au moins deux fois par an ».



    La petite communauté inscrite sur le site donor.ro arrive à résoudre une cinquantaine de cas par an. Des cas très graves, précise Dan Zaharia, alors que le système médical roumain arrive à prendre en charge le reste des cas, considérés comme ordinaires.



    Bien que les Roumains invoquent le manque de temps et la phobie des aiguilles pour éviter de participer aux campagnes pour le don de sang, ce ne sont pas là les principaux obstacles auxquels se confronte le système.



    Dan Zaharia : « Personnellement, je dirais que le principal obstacle auquel se heurte notre système médical est l’insuffisance du personnel médical travaillant dans les centres de transfusion. Normalement, il n’y a que deux médecins qui travaillent dans de tels centres et du coup, quand l’un d’entre eux est en vacances, l’autre travaillera davantage. En plus, depuis quatre ans déjà, en Roumanie aussi on peut théoriquement organiser des collectes mobiles de sang grâce à des véhicules spéciaux dont notre pays s’est vu doter. Pourtant, faute de carburant, de chauffeur, de personnel médical, ces voitures ne bougent pas et s’avèrent donc inutiles. Le nombre de médecins travaillant dans les centres de transfusion sanguine est insuffisant, cela est sûr».



    Si être en bonne santé semble une condition préalable raisonnable au fait de donner son sang, dautres critères restrictifs fixés par la loi sont moins évidents. Comme le poids, par exemple, s’exclame Dan Zaharia : « Le poids corporel minimum exigé dans le cas des femmes est trop grand : 58 kilos. Une femme pesant 51 ou 52 kilos n’a pas le droit de faire don de sang. Imposer des restrictions, cela est juste, puisque une personne de petit poids risque de s’évanouir ou de perdre trop de sang. Mais un poids corporel minimum de 58 kilos élimine la moitié des femmes qui souhaiteraient faire don de leur sang ».



    Le site donor.ro n’est pas le seul moteur de recherche proposé pour faciliter la récolte et la distribution du sang. Mais, comme l’affirme son créateur, Dan Zaharia, il est le seul à offrir une protection complète des données personnelles aussi bien des donneurs que des bénéficiaires.