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  • Les craintes des employeurs

    Les craintes des employeurs


    Nous visons des temps compliqués. Nos vies basculent et
    la prédictibilité n’existe presque plus. Une crise en provoque une autre, puis
    une autre et ainsi de suite. Depuis trois ans, notre quotidien se décline en
    mauvaises nouvelles : pandémie, crise énergétique, guerre, inflation et la
    liste pourrait continuer. La situation demeure aussi imprévisible sur le marché
    de l’emploi. Après la Grande Démission, parue en 2021, aux Etats-Unis, un autre
    phénomène fait irruption : la Démission silencieuse (Silent quiting). La
    tendance, née sur TikTok, vise à en faire moins dans le cadre professionnel,
    afin de préserver sa santé mentale. Sur un marché du travail très tendu dans la
    plupart des secteurs, les salariés sont en position de force pour imposer leur
    vision aux employeurs. Ainsi, ils démissionnent rapidement au moindre
    inconvénient. Mis en place et privilégié durant les années de pandémie, le
    travail à distance se perpétue. Même si les employeurs réclament le retour de
    leurs salariés sur place, ces derniers ne se laissent pas faire et insistent pour
    travailler à domicile. De plus en plus d’entreprises se voient contraintes de
    respecter les doléances de leurs employés, de peur que ces derniers ne
    démissionnent. Ana Călugăru, responsable de la Communication chez la
    plate-forme de recrutement e-jobs, constate une recrudescence impressionnante
    du nombre de recherches d’emplois en ligne, parallèlement à la hausse des
    prétentions formulées par les candidats :




    « Rien qu’en
    septembre, nous avons recensé un nombre record de recherches menées en ligne,
    soit 130.000, mais aussi un nombre accru d’emplois permettant le télétravail.
    Cela signifie que nous avons à faire à un nombre croissant de candidats qui
    s’intéressent à ce type de travail, mais aussi que les entreprises sont très
    attentives aux critères qui pourraient attirer de potentiels salariés. Voilà
    pourquoi les employeurs restent souples et ouverts à l’idée de permettre le
    travail à domicile. Il est pourtant vrai qu’à long terme, la plupart des
    sociétés souhaiteraient mettre en place un style de travail hybride, avec un
    certain nombre d’heures travaillées sur place et d’autres à distance. Les
    employeurs ont besoin que leurs salariés se déplacent au travail pour des
    moments-clé, telles des conférences, des réunions, etc. Comme vous le voyez,
    nous n’en avons pas terminé avec la mode du travail à distance ou isolé, pas du
    tout. Les chiffres sont très parlants. D’ailleurs, d’ici la fin de l’année, on
    s’attend à ce que ce type de travail soit davantage répandu, tout comme le
    nombre de ceux qui le réclament
    ».




    Sur l’ensemble des principaux domaines de recrutement, ce
    sont les secteurs de la vente, des services clients et des technologies de l’information
    qui ont le vent en poupe. Ana Călugăru nous en dit plus :






    « Le
    mois de septembre nous a clairement montré que sur l’ensemble des secteurs
    professionnels, ceux qui suscitent le plus l’intérêt des candidats sont la
    vente, les services, les centres d’appel et les technologies de l’information.
    Tous ces domaines sont très convoités, d’abord parce qu’ils offrent toute une
    panoplie d’emplois, ce qui augmente les opportunités de recrutement. Ensuite, parce
    qu’ils s’adressent, ne serait-ce que les trois premiers domaines que je viens
    de mentionner, à un panel très large de candidats, aussi bien à des jeunes sans
    expérience qu’à des personnes expérimentées. Quant aux technologies de l’information,
    ce secteur met pas mal de bénéfices sur la table, notamment la promesse de plus
    gros salaires sur le marché ».




    Aux dires d’Ana Călugăru, on constate dernièrement une
    tendance de plus en plus pointue chez les entreprises à privilégier les
    critères de sélection des candidats avant leur savoir-faire ou leurs habilités
    techniques.




    « Les
    employeurs qui sont persuadés que les compétences professionnelles s’apprennent
    aussi sur place se font de plus en plus nombreux. C’est pourquoi ils sont prêts
    à fermer les yeux devant les potentielles lacunes techniques des candidats,
    tout en restant vigilants à d’autres critères : ils ne tolèrent pas les
    blasés, ceux qui n’ont pas la curiosité d’apprendre, qui refusent le travail en
    équipe. Les employeurs sont devenus très attentifs à ce que les Américains
    appellent les « soft skills », c’est-à-dire aux compétences douces ou
    personnelles, aux capacités de fonctionner en équipe, à l’attitude positive, au
    désir d’apprendre. A l’heure où l’on parle, toutes ces qualités sont devenues
    précieuses pour les employeurs et passent avant le niveau de carrière ou
    d’expérience du candidat »




    L’année dernière, le monde occidental a été frappé par la
    Grande Démission, un phénomène suite auquel les paramètres du rapport
    employeur-employé ont changé. Las de gagner difficilement leurs vies et en
    quête de conditions de travail plus souples, d’une meilleure rémunération et de
    meilleurs avantages sociaux, les gens ont commencé à démissionner en masse.
    C’est ce qui a entraîné, bien évidemment, une crise de la main d’œuvre. Cette
    année, un autre phénomène semble s’emparer du marché du travail, et effrayer
    les entreprises : celui de Démission silencieuse. Que signifie ce syntagme
    et pourquoi est-il source d’inquiétude ? Ana Călugăru, directrice de Communication
    chez e-job, explique :




    « On parle de moins en moins de la Grande
    Démission, notamment parce que son impact est plus réduit que l’année dernière.
    En revanche, c’est le phénomène de la Démission silencieuse qui nous inquiète
    actuellement puisqu’il touche une masse salariale qui décide de ne faire que le
    strict minimum afin de ne pas se faire licencier. Cela vient d’une sorte de
    frustration cumulée depuis des années, mais aussi du désir des gens de trouver
    un équilibre entre leurs vies professionnelle et privée. On n’observe plus de
    démissions en masse, peut-être aussi en raison d’un contexte économique marqué
    par les incertitudes. On constate que la situation économique est loin d’être
    facile et du coup, on préfère attendre et éviter les mouvements brusques sur le
    marché de l’emploi.
    » a conclu Ana Călugăru, directrice de
    Communication chez e-job.




    (Trad : Ioana Stancescu)