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  • L’histoire de la tsuica

    L’histoire de la tsuica

    Même si la consommation et la production de cette boisson se perd dans la nuit des temps, les historiens ont toutefois réussi à identifier plusieurs repères de l’histoire de cet alcool apprécié par les paysans et les boyards en égale mesure. Radu Lungu, auteur du livre « L’histoire de la tsuica », publié aux maisons d’éditions Paideia, explique : « Les premières informations sur la distillation, puisque la tsuica est un alcool obtenu par la distillation des fruits fermentés, proviennent de Transylvanie et notamment des villes saxonnes. Là, c’étaient les pharmacies qui distillaient l’alcool pour faire des médicaments. Les premiers témoignages remontent au 14e siècle et proviennent des villes telles que Sibiu, Cluj et notamment Brasov. Généralement en Transylvanie, le produit final était le résultat de deux et même de trois distillations et c’est pourquoi leur tsuica est plus forte alors qu’en Valachie, l’alcool était distillé à une seule reprise et la teneur maximale en alcool était de 37 degrés tout au plus. Tous les fruits étaient utilisés, à commencer par les prunes, très importantes dans l’histoire de la tsuica, les pommes, les poires, les cerises, les griottes, les abricots, les pêches, les coings mais aussi les céréales, telles l’avoine, « secara » en Roumain, d’où le nom de secarica pour l’alcool. Le premier document mentionnant la l’eau-de-vie de prunes de Salaj, dans l’ouest de la Roumanie actuelle, date de 1450 et la première mention sur le territoire de la Roumanie de la distillation de la tsuica date de 1570 et vise la Tsuica de Turţ, une localité de la contrée d’Oas, où l’on produit un distillé d’une teneur en alcool de 50 degrés, donc un double distillé. »

    L’utilisation de la tsuica à des fins médicinales a continué pendant longtemps, notamment à la campagne, où les paysans l’utilisaient comme désinfectant. D’ailleurs, une anecdote provenant de Moldavie et devenue une véritable légende qui confirme les multiples utilisations de l’eau-de-vie. A l’époque du prince régnant Etienne le Grand, les peintres d’églises recevaient des tonneaux entiers de tsuica qu’ils utilisaient pour préparer les vernis et pour mélanger les peintures. Parfois, les peintres en consommaient pour rendre l’atmosphère de travail un peu plus joyeuse, avec des résultats assez rigolos sur les fresques des églises.

    Mais la consommation excessive d’eau-de-vie avait aussi des conséquences sérieuses. Radu Lungu raconte un épisode de l’époque lorsque la Transylvanie faisait partie de l’Empire des Habsbourg et la Russie et l’Autriche menaient d’innombrables guerres contre l’Empire ottoman. Un de ces conflits a été marqué aussi par un épisode inédit qui a eu lieu à Caransebes, dans la contrée de Banat, dans le sud-ouest de la Roumanie actuelle. Ce fut la bataille de la tsuica du 17 septembre 1788. Radu Lungu : « Une armée autrichienne comptant 100 mille soldats a établi son camp dans la région de Caransebes. L’avant-garde, constituée d’un régiment de hussards, a traversé la rivière Timis pour vérifier la présence de l’armée ottomane. Vu qu’aucune trace des Turcs n’a été trouvée, les hussards sont tombés sur un groupe de Tsiganes qui ont proposé aux soldats de boire un petit verre de « schnaps ». Les soldats ont acheté leur eau-de-vie et se son mis à boire. Mais juste après, un groupe de fantassins a également traversé la rivière pour participer aussi à la kermesse des hussards. Ceux-ci refusèrent de partager avec eux l’alcool si chèrement acquis. Une bagarre est apparue entre les deux côtés, bagarre qui s’est transformée en mêlée. Au milieu du combat, certains fantassins se sont mis à crier en Roumain « Les Turcs ! », faisant les hussards se retirer, convaincus de l’imminence d’une attaque de l’armée ottomane. Cette situation est due notamment au fait que l’armée de l’empire des Habsbourg était formée de toute sorte d’ethnies qui ne maitrisaient pas tellement bien l’allemand. »

    En effet, des officiers qui désiraient arrêter les heurts criaient « Halte ! Halte ! » Certains l’interprétèrent comme des Turcs chargeant au nom d’Allah. Voilà comment le mélange des langues et l’influence de la tsuica ont contribué à une véritable débâcle de l’armée autrichienne et deux jours plus tard, les Turcs sont arrivés sur les lieux pour découvrir qu’il n’y avait plus d’armée autrichienne à combattre.

    Enfin, la variété des types de tsuica témoigne non seulement de l’étendue géographique de la boisson, mais aussi des liaisons culturelles et ethniques qu’elle illustre. Par exemple, le mot « horinca » un autre nom de la tsuica, proviendrait du mot ukrainien « horilka », qui veut dire une eau-de-vie de faible qualité. « Rachiu » vient du turc « rakî », dérivé à son tour d’« araq », mot arabe qui signifie le processus de condensation des dattes. « Palinca », soit l’eau-de-vie typique de la Transylvanie, est un dérivé du mot hongrois « palinka », à son tour dérivé du Slovaque « paliti », qui signifie « brûler ». Ce qui est vrai, c’est que la « palinca » de prunes brûle la gorge quant on la boit, notamment celle que l’on prépare dans le nord-ouest de la Transylvanie, c’est-à-dire au Maramures et à Satu Mare.

  • Dracula, comme tu nous tiens…

    Dracula, comme tu nous tiens…

    « A peine franchie la frontière avec la Transylvanie, le touriste qui sy retrouve devrait être muni dun passeport pour pénétrer dans le royaume du comte Dracula » peut-on lire dans une brochure lancée par lAssociation pour la promotion du tourisme à Bistrita Nasaud. « Comme ça, tout le monde saura quil figure parmi les invités du comte qui, du coup, le protégera ». Pourtant, par précaution, les touristes sont priés davoir sur eux un crucifix et des gousses dail dans leurs poches. Dailleurs, fin juillet, la région de Bistrita Nasaud accueille justement le Festival de lail.



    Pour changer un peu de goût, la même brochure nous apprend quà force de consommer de leau-de-vie, le courage monte en flèche, tout en rendant les consommateurs invincibles. Pour des histoires encore plus fascinantes, les touristes sont conseillés de se rendre dans la région en octobre à loccasion du Bal des Sorcières organisé au château de Dracula.



    Claudia Andron, présidente de lAssociation pour la promotion du tourisme nous a fourni des détails sur le passeport pour la Transylvanie: « Si le Maramures, on le choisit pour ses traditions et la Bucovine pour ses monastères, notre région est réputée pour les deux. Une fois sur place, on peut faire aussi du tourisme écologique, rural, œcuménique, culturel ou historique. Et puis, noublions pas la légende du comte Dracula dont laction se déroule dans limagination de Bram Stoker justement à Bistrita Nasaud, près du col de Tihuta. Cest à lintention de ceux qui souhaitent sy aventurer quon a créé ce passeport, qui comporte toute sorte de conseils de voyage et recommandations censées leur servir pour passer un séjour des plus agréables. La région a tous les atouts dune destination de vacances. En plus, cest lunique endroit de Roumanie où la mer sétend aux pieds de la montagne. Ce nest pas une véritable mer, mais le lac de retenue de Colibita, une immense étendue deau qui attire depuis deux ans déjà un nombre croissant de vacanciers ».



    Si vous êtes moins nature et plutôt culture, une fois de plus, vous serez bien servis, vous rassure Claudia Andron, présidente de lAssociation pour la promotion du tourisme à Bistrita Nasaud : « On a pas mal de festivals dhumour et je pense, par exemple, à « La pomme dor », dont la première édition remonte à la fin des années 1990. On a aussi des concerts de musique classique dont plusieurs accueillis par la synagogue de Bistrita. Comme on la déjà dit, on a le « Festival de lail au pays du comte Dracula » quon organise depuis 5 ans déjà pendant la dernière semaine du mois de juillet. Pour plus de détails, je vous prie de jeter un coup dœil sur la page facebook de lévénement. Vous aurez loccasion de constater que rien quen 2016, le public du festival sest monté à 35.000 personnes attirées par un spectacle de qualité qui exclut totalement le kitsch. Cest un événement unique qui invite notamment les enfants à jouer en plein air toute sorte de jeux anciens comme par exemple celui où lon doit frapper les sorcières de gousses dail. Le soir, les touristes sont attendus au jeu des flammes par lequel on chasse les mauvais esprits. Il sagit dune sorte de magie censée protéger la région contre les esprits malveillants et linfluence maléfique du comte ».



    Une fois dans les parages, on vous conseille de faire halte dans latelier de création de Virginia Linul, pour admirer ses costumes populaires. Et comme la région est riche en talents, Mme Linul nest pas lunique maître couturière de la région, affirme Claudia Andron : « Le pays de Nasaud est le royaume du costume populaire. Chez nous, des dizaines de femmes savent encore tisser des costumes selon des techniques héritées de leurs mères et grand-mères. Les costumes ne sont pas réalisés à la machine, mais manuellement, ornés de perles en verre et fièrement portés par les habitants de la région vers le 15 mai. Cest un événement unique en Roumanie que de shabiller toujours en costume traditionnel. Sachez aussi que dans notre région on peut voir encore de nos jours des tourbillons sur les rivières qui servent de machine à laver créées par la nature ».



    Et les touristes, quen pensent-ils ? Claudia Andron : « Ils ont apprécié lhospitalité des habitants et les prix en dessous de ceux affichés dans le reste de la Roumanie. Grâce à la gentillesse des habitants, les vacanciers se sentent très à laise. Et puis, une fois sur place, les touristes finissent toujours par se laisser séduire par la cuisine du terroir qui est délicieuse et à base de produits frais et naturels. Dailleurs, lassociation que je dirige soutient le projet « Fabriqué à Bistrita Nasaud » qui se propose dencourager la production autochtone de fromage, pain et produits de pâtisserie. Je voudrais rassurer les touristes qui nous rendent visite du fait que chez nous, la plupart des habitants se débrouillent en anglais, mais aussi en allemand, puisque pas mal de nos concitoyens travaillent à létranger. Et puis, je vous assure quun petit verre deau-de-vie de prune délie toujours les langues ».



    Dans son passeport, lAssociation pour la promotion touristique de Bistrita Nasaud conseille aux touristes souhaitant se rendre au château de Dracula de se faire toujours accompagner par un habitant. Celui-ci leur fera découvrir la beauté des paysages, tout en les protégeant des animaux de la forêt. Il convient de mentionner que les Monts de Bargau abritent la plus importante population dours et de loups dEurope. Et puis, le passeport raconte des légendes locales selon lesquelles il faudrait éviter de se miroiter dans les eaux du lac de Colibita car ses belles eaux cacheraient des monstres. Un dernier conseil : ne jamais rester tout seul les nuits de pleine lune.



    Ana-Maria Muscar, administratrice du château de Dracula des Monts de Bârgau, nous propose en fin démission une visite éclair de lédifice : « Nous voilà à 1116 mètres daltitude, dans le célèbre col de Bârgau. Notre château figure parmi les objectifs touristiques les plus importants de la région. Il se veut la matérialisation du célèbre château imaginé par Bram Stoker dans son roman. Nous voilà donc devant un édifice imposant, en pierre et en bois, décoré de créneaux et avec un design intérieur en rouge et noir, avec des dragons. Le monument attire les touristes notamment par la tombe du comte Dracula et par le tunnel de quelques dizaines de mètres qui y mène ».



    Autant darguments pour inscrire Bistrita Nasaud sur la liste de vos prochaines destinations de vacances. (trad. : Ioana Stancescu)

  • Vălenii de Munte en fête

    Vălenii de Munte en fête

    Ancienne bourgade, Vălenii de Munte a également été la ville de résidence du grand historien et homme politique Nicolae Iorga. Au musée « Nicolae Iorga » ouvert dans la maison qu’il a habitée, s’ajoutent un musée ethnographique, un musée des sciences naturelles et un musée d’art religieux.



    Vălenii de Munte est un important centre de transformation des fruits, aussi, aussi le Conseil départemental Prahova y a-t-il développé le projet « La route des fruits », venant s’ajouter à deux autres projets touristiques : « La route du vin » et « La route des voïvodes ».« La route des fruits » relie entre elles des localités où la fabrication des confitures et des boissons à base de fruits connaît une longue tradition.



    Vălenii de Munte accueille chaque année, fin octobre, un festival de l’eau-de-vie qui réunit des producteurs de confitures et d’eau-de-vie et des touristes, excellente occasion pour vendre et faire connaître les produits traditionnels de la région.



    Nicolae Andrei, manager du Centre culturel de Vălenii de Munte, explique: « Le festival de l’eau-de-vie de Vălenii de Munte en est arrivé à sa 17e édition. Comme chaque année, nous attendons des visiteurs de la région et de tout le pays avec une eau-de-vie véritable, faite uniquement de prunes. A chaque fois pendant le festival, la ville s’anime et s’égaie. Pour tous ceux qui souhaitent passer une agréable fin de semaine dans un magnifique décor automnal, le festival de l’eau-de-vie de Vălenii de Munte est le choix idéal. Les producteurs attendent les visiteurs avec de la viande fumée, du fromage et des fruits et, bien sûr, avec de l’eau-de-vie d’une excellente qualité. Si vous voulez avoir un petit avant-goût de cette fête, imaginez une journée où le soleil nous caresse, mais où il fait tout même un peu frisquet, juste pour donner envie de goûter un verre d’eau-de-vie. C’est un va-et-vient incessant et vous flânez parmi les étalages, attirés par l’arôme des plats. Les produits de maroquinerie ne manquent pas non plus et ça sent un peu le cuir aussi. Autre attraction à ne pas rater : une vaste scène en plein air sur laquelle montent des artistes très connus et des ensembles de musique traditionnelle de toute la région. »



    Le fruit spécifique de la zone est la prune. Une bonne partie de la récolte est transformée en marmelades, confitures et eau-de-vie. Le reste et entreposé et servira à la consommation pendant l’hiver. C’est justement pour permettre aux visiteurs d’observer les activités liées à la transformation traditionnelle des fruits que l’on a mis en œuvre cette idée de la « Route des fruits ». Adunaţi, Cornu, Brebu, Aluniş, Scorţeni, Vărbilău, Vălenii de Munte, Teişani, Poseşti, voilà les noms des localités qui s’égrènent sur cette route. Tous les automnes, les producteurs d’eau-de-vie se donnent rendez-vous au festival organisé à Văleni. Chacune des localités figurant sur cet itinéraire est signalée par des panneaux, qui, en plus, guident le visiteur vers les sites touristiques. Vălenii de Munte accueille, par tradition, des hôtes venus des localités jumelles, à savoir Cimişlia, de République de Moldova, et Eaubonne de France.



    Repassons le micro à Nicolae Andrei, manager du Centre culturel de la ville de Vălenii de Munte: “Hormis la foire, une autre attraction touristique de Vălenii de Munte est représentée par les cinq églises, érigées aux 18e –19e siècles et classées monuments nationaux. On peut visiter aussi la maison musée Nicolae Iorga, installée dans lancienne demeure de lhistorien. Un autre musée incotournable est celui de la nature de Valea Teleajenului (La Vallée du Teleajen), qui vous fait découvrir la flore et la faune de la contrée. Les passionnés de nature seront comblés, car les randonnées pédestres sur les côteaux qui ceignent la ville font découvrir un panorama à couper le souffle sur la Vallée du Teleajen. Si vous souhaitez passer un super week-end à Vălenii de Munte, vous êtes les bienvenus au Festival de l’eu-de-vie de prune!”



    Côté hébergement, vous pouvez prévoir un séjour dans un gîte rural, histoire connaître aussi le quotidien des habitants de cette région sous-montagneuse. (Aut.: Ana-Maria Cononovici; Trad.: Mariana Tudose, Dominique)