Tag: écrivains

  • Timisoara, lue!

    Timisoara, lue!

    Mettre la ville à l’honneur

     

    A l’origine du projet l’on retrouve Patricia Lidia, notre invitée d’aujourd’hui, originaire elle-même de Timisoara. Elle avait déjà organisé plusieurs événements culturels, tels un club de lecture au Pénitencier de Timisoara, le premier de ce type en Roumanie, ou encore des ateliers créatifs pour enfants et la liste n’est pas terminée. Nous lui avons donc demandé de nous expliquer sa nouvelle idée :

     

    Patricia Lidia : « Son nom est un mélange ludique du verbe « lire » et du nom de la ville de Timisoara. On se propose de promouvoir les écrivains de la vile et leurs textes sur Timisoara, puisque souvent on a l’impression de se trouver à distance des autres zones du pays, de la capitale, et on pense que nos écrivains restent dans l’ombre et ne sont pas connus à leur juste valeur dans leur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette initiative il y a 4 ans. Concrètement, il s’agit de rencontres non-formelles, des discussions plutôt que des présentations classiques de livres. L’idée c’est de voir surtout comment Timisoara se reflète dans les pages de écrivains nés dans cette ville. »

     

    Des rencontres informelles, par amour de la ville 

     

    Les écrivains qui participent à ces rencontres informelles, ont aussi d’autres métiers, ajoute notre invitée qui nous explique plus en détail le sens de ces débats :

     

    « Chacun d’entre nous a découvert l’histoire de Timisoara en faisant des recherches pour son livre. Et nous avons tous constaté que tous les endroits de cette ville – la Place de la Liberté, les bâtiments en style baroque, les restaurants huppés de la Citadelle, la Place Trajan ou le quartier Fabric – qui n’est plus qu’une ruine malheureusement – tous ont derrière des histoires beaucoup plus captivantes que nous ne l’avions imaginé et dont, malheureusement, nous n’étions pas du tout au courant. Puisque souvent les gens ont plutôt tendance à glorifier les villes qu’ils visitent durant leurs vacances, de voir seulement le beau côté des vacances passées ailleurs, tout en oubliant que l’on vit dans une très belle ville, avec une belle histoire et un charme à part, une ville que les touristes viennent visiter. Ainsi avons-nous découvert les trésors cachés de notre propre ville et ce qui nous unit, c’est ce désir de montrer la ville aux autres, avec sa riche histoire encore méconnue. Et pour cause : Timisoara ne se limite pas à une collection de vestiges de l’époque des Habsbourg, c’est aussi une destination culturelle, un endroit où des événements historiques importants ont eu lieu, mais dont on ne parle pas dans les cours d’histoire à l’école et qu’il faudrait faire connaître aux jeunes aussi pour qu’ils comprennent le contexte dans lequel Timisoara s’est développée. » 

     

    Une idée qui ne cesse d’attirer du monde

     

    Faire connaître l’histoire oubliée de cette belle ville, c’est une démarche 100 % culturelle et totalement apolitique, nous assure Patricia Lidia :

     

     « Nous, on ne fait pas de politique, on n’a rien à vendre. On veut tout simplement pouvoir rencontrer périodiquement des écrivains et des lecteurs de Timisoara, des gens passionnés par cette ville, de pouvoir discuter librement et simplement, comme si on était entre amis, sur les recoins de Timisoara qui ont captivé notre attention, d’écouter des fragments des livres que ces endroits ont inspirés, des passages lus par les écrivains mêmes qui les ont découverts. Tout a commencé donc par un groupe d’amis, de 6-8 personnes environ, qui se réunissaient pour échanger. Et lors de notre dernière rencontre on était plus de 35. A notre joie et surprise, pour la première fois, on a dû aller chercher de chaises chez nos voisins, car il n’y avait plus de place pour tous les participants, tellement ils étaient nombreux. Sachez aussi que nos rencontres ont lieu à deux endroits : la librairie Cărturești Mercy, au centre-ville, et AmPam, un resto du quartier Fabric. Récemment, on a démarré une collaboration avec la boutique d’un antiquaire de Timisoara (Anticariatul Queen), qui lancera bientôt l’étagère des écrivains de Timisoara ».

     

    Des faits méconnus, mis au jour

     

    Mais quels sont concrètement les trésors cachés dans ces livres ? Notre invitée nous donne quelques exemples :

     

    « Un des livres les plus importants que j’ai découverts à cette occasion est signé par Cristian Vicol et s’intitule « Une courte histoire de Timisoara avant 1716 ». Il ramène au premier plan non seulement d’importantes données historiques, mais il les garnit d’histoires et d’images captivantes, en offrant un nouvelle perspective sur l’histoire et les mythes de la ville. C’est dans ce livre que j’ai appris par exemple l’histoire du fameux roi magyar Charles Robert d’Anjou, vaincu et obligé à fuir après la célèbre bataille de Posada de 1330. A l’école on étudie cette bataille, mais on ne nous dit pas que Charles Robert d’Anjou avait sa résidence à Timisoara, qui à l’époque faisait partie du Royaume de Hongrie, et que c’est ici qu’avait démarré cette opération militaire. » 

     

    Une nouvelle génération d’écrivain très prometteuse

     

    Patricia Lidia se félicite du succès de ces rencontres littéraires et historiques et se dit confiante quant à l’avenir de la lecture et des écrivains de Timisoara, pour une très bonne raison :

     

    « Hormis les auteurs consacrés, bien qu’ils soient des amateurs, nous tentons de cultiver la passion pour l’écriture et pour la ville de Timisoara chez les enfants. Par conséquent, nous avons déjà des écrivains en herbe. D’ailleurs, je suis fière d’avoir pu contribuer à la parution d’un volume coordonné par la professeure Elena Manolache, qui dirige une merveilleuse classe du collège nr 25 de Timisoara, dont les enfants sont déjà des écrivains. Leur volume s’intitule « La vie de tous les jours dans la lecture ». C’est dire que les futures générations d’écrivains de Timisoara sont déjà en train de se former et je vous garantis que nous aurons de merveilleuses surprises à l’avenir ! »  

     

    Bref,25 le message que notre invitée souhaite transmettre pourrait se résumer ainsi : donnons une chance aux auteurs locaux et à leurs livres et n’oublions pas de regarder de plus près notre propre ville.  (trad. Valentina Beleavski)

     

     

  • Monica Irimia, libraire et auteure du site Cultures de l’Europe de l’Est et Centrale depuis Bordeaux

    Monica Irimia, libraire et auteure du site Cultures de l’Europe de l’Est et Centrale depuis Bordeaux


    Etablie en France depuis une
    vingtaine d’années, Monica Irimia est une Roumaine passionnée de littérature et
    de culture. Libraire chez Mollat, à Bordeaux, Monica est celle à laquelle on
    doit le site Cultures de l’Europe de l’Est
    et Centrale depuis Bordeaux https://culturesdeeuropedelest.wordpress.com,
    un site où elle se propose de dévoiler au public un maximum d’informations sur
    les actualités culturelles de cette partie du vieux continent. Vous la trouvez aussi sur Addict culture, dans
    la rubrique A l’est du nouveau (excellent
    titre !) https://addict-culture.com/category/a-lest-du-nouveau/.
    Davantage sur les livres, les auteurs et la littérature de l’Europe de l’Est et
    centrale, avec Monica Irimia.



  • Dan Burcea, critique littéraire, auteur des “LETTRES CAPITALES”

    Dan Burcea, critique littéraire, auteur des “LETTRES CAPITALES”

    Grand passionné de littérature, Dan Burcea est l’auteur des LETTRES CAPITALES, un blog où il s’investit de tout coeur au service des écrivains et de leurs plumes. Consacré aussi bien à la littérature française que roumaine, les LETTRES CAPITALES de Dan Burcea offrent un contenu bilingue, français-roumain, et une multitude d’entretiens, portraits et critiques. Le tout à découvrir à l’adresse lettrescapitales.com. Davantage sur Dan Burcea et ses Lettres capitales, dans l’entretien accordé à RRI.

  • Adoptez une bibliothèque

    Adoptez une bibliothèque

    Durant cette période où l’on est confronté à de défis inattendus, nombre de gens redécouvrent et s’adonnent à des passions qu’ils avaient depuis longtemps laissées de côté. Nous vous signalons aujourd’hui une initiative dont le but a été, dès le début, d’appuyer sur la touche « redémarrer ». C’est ainsi qu’a vu le jour une nouvelle association : « Re-Start Roumanie », sur les projets de laquelle nous nous sommes entretenus avec Alina Stoian, conseillère en communication.« Nous avons lancé plusieurs initiatives, dont certaines ont eu un très grand succès. Il y en a une dont il est intéressant de parler aujourd’hui : durant cette période de confinement, si nous sortons dix minutes de chez nous, il est tentant d’aller trouver un livre à lire. Le projet s’appelle « La bibliothèque ouverte » et il est né il y a près de deux ans, lorsque l’Association « Re-Start Roumanie » s’est proposé de relancer la lecture sur papier et favoriser, en même temps, l’accès à la culture, notamment à des titres que l’on ne trouve plus sur le marché. L’association a choisi plusieurs bibliothèques, dont les gens vont enrichir les stocks de volumes. Ceux qui souhaitent lire un livre de notre bibliothèque sont obligés à en fournir un autre en échange. L’initiative s’appelle d’ailleurs : « prenez et donner un livre en échange ».

    Nous avons souhaité offrir un espace d’échange à toutes les personnes motivées, impliquées, confiantes, ambitieuses, ouvertes, quels que soient leur âge, genre, religion ou option politique. Et le projet s’est développé grâce à l’enthousiasme de ces gens-là. Alina Stoian.« Jusqu’ici, le projet s’est développé de manière inattendue : en moins d’un an, nous avons signé des partenariats avec 12 bibliothèques de Bucarest et d’autres villes du pays. Nous leur offrons un stand de livres, dont le personnel s’oblige à prendre soin par un travail bénévole, tout en encourageant leurs lecteurs à apporter d’autres livres. La participation a été impressionnante. En outre, il y a trois mois, nous avons lancé un mini-projet visant à promouvoir les écrivains roumains. Nous avons réalisé, entre autres, des mini-interviews en direct et nous cherchons à présent des possibilités de les réaliser en ligne. Jusqu’ici, on organisait des rencontres avec les auteurs, qui présentaient leurs livres et les offraient au stand où nous nous trouvions. Nous avons déjà réalisé 4 ou 5 rencontres de ce genre. Au moment où nous avons démarré ces mini-événements, les gens ont commencé à s’intéresser davantage au projet. Ils souhaitent « adopter une bibliothèque », c’est-à-dire prendre soin d’un stand de livres que nous mettons à leur disposition. Cette initiative a pris son envol beaucoup plus vite que nous l’avions soupçonné, ce qui nous réjouit énormément. »

    L’idée est née aussi du désir de stimuler la participation des gens à la vie de leur communauté, pour augmenter la qualité de la vie de chacun. Dans les 12 bibliothèques partenaires du projet, les titres changent chaque jour, l’offre permanente étant de 200 livres. « A présent, tout se déroule en ligne. Nous avons trouvé des solutions provisoires pour les interviews avec les écrivains roumains. Et c’est durant cette période de confinement que nous avons reçu le plus grand nombre d’offres d’« adoption » d’une bibliothèque. Je suis persuadée que nous allons traverser cette période difficile dans les meilleures conditions. Restez chez vous et aidez-nous ! » Voilà un appel à la normalité durant une période pas tout à fait normale. Un appel à la redécouverte de soi, par des options de lecture pour aujourd’hui et surtout pour demain. (Trad. : Dominique)

  • Geneviève Tricottet – Maison d’écrivain ou maison mémorielle ?

    Geneviève Tricottet – Maison d’écrivain ou maison mémorielle ?

    Comment faire vivre le patrimoine littéraire ?

    Que permet de garder vivante la mémoire d’un écrivain ?

    Comment on s’y prend dans différents pays ?


    Une conversation avec la présidente du Réseau des maisons d’écrivain et des patrimoines littéraires des Hauts-de-France sur la colaboration entre leur Réseau et celui du Musée national de la litérature de Iaşi, en Roumanie


    Une interview réalisée par Elena Diaconu dans le cadre du Festival de litétrature et de traduction FILIT.



  • Le Cénacle PLANETAR

    Le Cénacle PLANETAR

    Créé en 1992, à Bucarest, le Cénacle PLANETAR (Planétaire, en français) est devenu une véritable pépinière d’écrivains. Il a réuni, toutes les semaines, pendant une dizaine d’années, l’écrivain Constantin Pavel et une poignée de passionnés de science-fiction. Des noms importants de la science-fiction roumaine en sont issus ; des scientifiques, des journalistes et des graphistes de renommée mondiale se sont également formés au sein de ce cénacle. Puisque, avoir pris leur envol, les membres du Cénacle Planetar souhaitent offrir aux autres les mêmes moments d’enthousiasme qu’ils avaient connus jadis, le cénacle a rouvert ses portes cette année.



    A cette occasion, l’écrivain Constantin Pavel, son initiateur, a évoqué son histoire. « Nous nous sommes dit : « Et si l’on créait un cénacle ? » D’accord, mais où ? Et nous avons trouvé une grande compréhension auprès d’un professeur d’histoire du lycée « Tehnometal » – l’actuel lycée « Doamna Stanca ». Nous avons collé des annonces partout, j’ai averti mes amis et nous voilà réunis. Notre lieu de rencontre était une petite salle de classe, comme on en trouve d’habitude dans les lycées. J’y suis allé habillé d’un costume bleu ; j’avais une belle chemise, une cravate et une serviette élégante en cuir. Ces jeunes-là ils ont été impressionnés et un groupe s’est formé par la suite. »



    Le groupe s’est réuni à différents endroits, même dans les tribunes du petit stade de Giuleşti. Constantin Pavel renoue le fil de l’histoire. «Enfin, par la bienveillance de l’astronome Harald Alexandrescu, directeur de l’Observatoire astronomique, boulevard Ana Ipătescu, nous y avons trouvé refuge. A partir de là, le cénacle a connu un essor extraordinaire, nous avons passé deux magnifiques années et puis 6 ou 7 ans encore, jusqu’à la dissolution progressive du groupe. Le cénacle comptait 60 à 70 membres. Nous avons édité plusieurs fanzines et nous avons participé à de nombreux événements dédiés à la science-fiction à travers le pays. Le Cénacle PLANETAR avait acquis une renommée. »



    Constantin Pavel nous explique aussi le nom du cénacle. « L’idée m’est venue en jouant avec un jeu Lego que j’avais reçu d’un de mes oncles qui était aviateur. Il y avait là des astronautes et sur leur étendard il y avait l’emblème que j’ai adopté : une planète et une flèche figurant la trajectoire d’un vaisseau qui décolle de la Terre. C’est ce qui m’a donné l’idée d’appeler ce cénacle PLANETAR. Un cénacle qui a absorbé nos vies. Par la suite, nous nous sommes éparpillés, mais je suis heureux que des gens extraordinaires en soient issus. Ce que nous allons faire maintenant diffère un peu de ce que nous faisions alors, mais nous allons garder la même orientation. Ce sera un centre où nous créerons de la littérature, un centre où nous grandirons, en apprenant les uns des autres, où nous aurons l’occasion de rencontrer des écrivains. Ce que nous sommes en train de faire revivre, ce sera le « Planétaire central », pour ainsi dire. Et chacun de nous pourra s’occuper d’un Planétaire satellite, car nous avons conçu toute une structure de cénacles dans des écoles ; les gens sont ouverts et ils nous attendent. »



    En 1992, Traian Bădulescu avait 15 ans et il y a trouvé un milieu qui l’a formé. « Je suis vraiment heureux que le cénacle PLANETAR ouvre à nouveau ses portes. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, en 1992, nous étions une vingtaine. A l’époque il n’y avait pas Internet, il n’y avait pas la téléphonie mobile. Ce fut une époque de grande effervescence, ce dont nous ne nous sommes même pas rendu compte au début. Le cénacle PLANTETAR a changé complètement ma vie. Nous n’étions pas cantonnés à la science-fiction. C’était, finalement, un cénacle culturel, un cénacle d’avant-garde qui nous a beaucoup aidés dans la vie. Je me rappelle qu’en 1991, par l’intermédiaire d’un de mes collègues de classe au lycée, je suis arrivé à participer à des rencontres Salle Dalles, à Bucarest, où Mihai Bădescu et Alexandru Mironov présentaient chaque dimanche un film de science-fiction. La projection était suivie de débats sur le thème du film. Cela m’a paru très intéressant. J’écrivais un peu, même avant d’avoir rejoint le cénacle, mais c’est après, en fait, que j’ai vraiment commencé à écrire. Souvent on se réunissait même deux fois par semaine et nous nous sentions obligés d’écrire pour chaque réunion. Nous étions très critiques les uns envers les autres et nous écrivions beaucoup. »



    Liviu Surugiu est un autre nom emblématique du cénacle PLANETAR. Il a débuté comme écrivain de science-fiction en 1994, il s’est vu décerner de nombreux prix tout au long de sa carrière littéraire et son dernier livre, « Pulsar », avait déjà, en 2017, 6 mille lecteurs. Liviu Surugiu, qui a contribué d’ailleurs à la création de la première collection de science-fiction, raconte : « Je considère l’avenir avec optimisme, le cénacle aura une longue vie. Nous devrions identifier les besoins de nos futurs membres et tenter de les attirer. Moi, quand j’entends la voyelle A, je pense au mot « arici » – hérisson, car dans notre ABC, à l’école, à la lettre A était associé cette petite bête. La lettre B était associée à un ballon. Pour moi, le cénacle PLANETAR n’est pas associé à une maison d’édition, bien que ce soit là sa force. Pour moi, le plus important, c’est de créer des satellites autour de cette planète appelée PLANETAR. »



    Le cénacle bénéficie également d’une bibliothèque de livres rares, appelée la Bibliothèque « Ion Hobana », d’après son donateur, le grand écrivain roumain de science-fiction. (Trad. : Dominique)

  • FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    FILIT, le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    La VIe édition du Festival international de littérature et de traduction, intitulé FILIT, et qui s’est déroulé du 3 au 7 octobre à Iasi, a été l’occasion de présenter au public assoiffé de littérature des auteurs de best-sellers internationaux, des lauréats ou des nominés du National Book Award, du Man Booker Prize, ou encore du Prix de littérature de l’UE ou du Grand prix de littérature du Conseil nordique, voire du prix Goncourt. Parmi les invités de marque de cette édition, mentionnons les Français Sylvie Germain, Catherine Gucher et Yannick Haenel, l’Américain Jonathan Franzen, l’Islandais Jón Kalman Stefánsson, les Espagnols Eduardo Caballero et Lluis-Anton Baulenas et bien d’autres écrivains, originaires bien de pays et exprimant leur art dans toutes les langues de la Terre.

    L’écrivain et metteur en scène Florin Lăzărescu, l’un des fondateurs du festival FILIT, parle de la dimension internationale de ce festival pas comme les autres : « FILIT est un festival tellement complexe qu’il s’agit pratiquement d’une synthèse de plusieurs projets, chaque projet pouvant revendiquer le titre de festival à part entière. Depuis les soirées FILIT, accueillies par le Théâtre national de Iasi, et jusqu’aux événements organisés sous le chapiteau central, en passant par les 40 événements différents déroulés tout au long des cinq jours que dure le festival. A titre d’exemples, voyez le projet la « Maison de l’enfance », accueillie par la Maison Fantasy, ou encore le projet tant apprécié par les principaux bénéficiaires, « Les écrivains au lycée ». Ce sont, comme je vous le disais, des événements à part, avec, chacun, sa propre structure et son organisation propre. L’on parle en tout et pour tout de 130 événements, déroulés pendant les 5 jours de festival. Prenons la Soirée de la Poésie, là où nous retrouverons 50 des meilleurs poètes contemporains. Ils sont peut-être moins connus du grand public que d’autres invités, tels l’Américain Jonathan Franzen, la Française Sylvie Germain, ou encore Éric Vuillard, le dernier Goncourt. Mais les poètes attirent le public, et c’est au fond là que réside la particularité et le secret du succès de ce festival : rapprocher la grande littérature de son public. L’écrivain russe Evgueni Vodolazkin nous a fait un vrai compliment lorsqu’il a caractérisé notre festival comme un festival extraordinaire. »

    Mais FILIT représente par ailleurs la grande messe des professionnels du domaine de l’écriture : maisons d’édition, traducteurs, organisateurs de festivals, critiques littéraires, libraires, distributeurs, managers et journalistes spécialisés. Florica Ciodaru – Courriol est traductrice du roumain en français, et c’est bien à elle que l’on doit les versions en langue française des écrivains roumains Hortensia Papadat-Bengescu, Rodica Drăghincescu, Marta Petreu, Iulian Ciocan, Ioan Popa, Cătălin Pavel, Horia Ursu, parus aux maisons d’édition Jacqueline Chambon, Non Lieu, L’Âge d’Homme, Autre Temps, Autrement, ou encore Didier Jeunesse. Voici le ressenti qu’elle nous livre au sujet du festival FILIT : « Je suis venue pour présenter au public roumain une écrivaine francophone, Catherine Lovey, publiée par l’une des grandes maisons d’édition française, et que j’ai traduite en roumain. A part cela, j’anime des ateliers de traduction ici même, dans le cadre du festival, un atelier intitulé Ars Traducendi, destinés aux lycéens des années terminales, au Collège national de Iasi. C’est un atelier ouvert aux élèves de tous les lycées, et l’on attend les meilleurs. J’avais déjà rencontré certains lors de l’édition précédente, lorsque j’avais proposé un atelier captivant, avec mon mari, qui est aussi le traducteur Jean-Louis Courriol. C’est toujours avec lui que je prendrai part à une conférence organisée par la Chaire de Langue française de l’Université Alexandru Ioan Cuza, et modérée par la professeure et traductrice Simona Modreanu. J’avais retenu pour l’occasion un bref fragment du roman « La Casemate », de Tudor Ganea, un écrivain promis à un bel avenir. Un autre événement auquel je prendrai part, c’est le rendez-vous des éditeurs français et roumains, intitulé « S’en fout-on de la littérature roumaine ? ». Moi, je ne m’en fous pas, et c’est pour cela que j’y serai ».

    Le festival sera encore l’occasion pour certaines premières, tel le lancement de la collection « Ecrivains de légende », une bonne occasion pour ramener sous les feux des projecteurs les classiques roumains : Ion Creangă, Mihai Eminescu ou encore Mihail Sadoveanu. Il s’agit d’écrivains moldaves, dont les musées qui font partie de l’ensemble du Musée national de la littérature roumaine de Iasi portent les noms. L’écrivaine et journaliste Adela Greceanu, aux côtés de dix autres écrivains roumains contemporains, a accepté le défi de prendre part à l’initiative « Ecrivains de légende », et c’est elle qui a rédigé la « Vie romancée de Vasile Alecsandri »: « Le personnage de Vasile Alecsandri est forcément inséparable de sa génération, ce qu’en Roumanie on a appelé les « pasoptisti », les révolutionnaires de 1848, une génération fondatrice de l’Etat roumain moderne. C’est une génération formée pour l’essentiel des fils de boyards, moldaves et valaques, à l’esprit libre et aux idées illuministes. Des boyards qui, alors qu’ils s’habillaient toujours à la turque, comme on le voit dans les tableaux de l’époque, envoyaient leurs enfants étudier à Paris notamment, mais aussi dans d’autres grandes capitales européennes. Et ces jeunes, dont Vasile Alecsandri, vont à Paris, et c’est là qu’ils apprennent et qu’ils comprennent ce qu’est le progrès, la modernité, ou encore, élément essentiel, comment fomenter une révolution. Puis ils rentrent dans leurs pays respectifs, en Moldavie ou en Valachie, et s’essayent à mettre en ouvre ce qu’ils avaient appris des révolutionnaires français. Et c’est encore en France qu’ils prennent contact avec cette idée d’Etat-nation, concept qu’ils désirent mettre en pratique, transposer dans le contexte d’alors des Principautés roumaines. Mais le plus drôle, c’est qu’ils y sont parvenus. Ça fait rêver, ces temps d’alors ».

    Le Festival international de littérature et de traduction FILIT est chapeauté par le Musée national de la littérature roumaine de Iași et sa cuvée 2018 a bénéficié du patronage de la Commission européenne. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 05.05.2018 (mise à jour)

    05.05.2018 (mise à jour)

    Justice – Le Conseil supérieur de la magistrature, soit l’association professionnelle des magistrats de Roumanie a rendu public un protocole de coopération conclu avec le Service roumain d’informations, soit les renseignements généraux en 2012. Ce document, classé jusqu’ici « secret d’Etat », prévoit entre autres que les informations transmises par les renseignements peuvent être introduites dans les dossiers instruits par le Conseil supérieur de la magistrature uniquement dans des situations exceptionnelles. La présidente de l’Union nationale des juges de Roumanie, Dana Gârbovan a souligné que par la conclusion de ce protocole, le Conseil de la magistrature avait abdiqué de son rôle constitutionnel, cédant l’indépendance de la Justice dans les mais du Service roumain de renseignements. Pour ce qui est des protocoles secrets conclus par les institutions de l’Etat, le président roumain Klaus Iohannis a précisé à son tour que leurs signataires devraient les soutenir, les dénoncer ou bien les expliquer. A l’automne 2017, le président de la Commission parlementaire en charge du contrôle du Service roumain d’informations, Claudiu Manda, a déclaré que pas moins de 65 protocoles avaient été conclus entre les renseignements généraux et différentes institutions de l’Etat. Un de ces accords, impliquant le Parquet général a été rendu public il y a un mois.

    Rome – La création de moyens et d’instruments par le biais desquels les Roumains du sud de l’Italie soient soutenus peut conduire à la fin du phénomène de l’exploitation par le travail, a affirmé ce vendredi en Italie, la ministre en charge des Roumains de la Diaspora, Natalia Intotero, qui a rencontré des représentants de régions italiennes méridionales. Les pourparlers ont visé la protection des droits des ressortissants roumains d’Italie, la promotion de leur image ainsi que le déroulement d’une série de campagnes d’informations. Vendredi également, la responsable roumaine a participé à l’inauguration officielle du premier des trois kiosques d’information appartenant au consulat général de Roumanie à Bari. Selon la responsable roumaine, les kiosques mettent à la disposition des ressortissants roumains des informations consulaires et à la législation dans le domaine du travail. Notons que, selon l’Institut National de la Statistique, la communauté roumaine d’Italie est forte de 1 million 100 mille membres. Sur les 5 millions de ressortissants étranger résidant légalement en Italie, les Roumains comptent pour 23% du total, formant la communauté étrangère la plus large.

    Ecrivains – Le critique littéraire Nicolae Manolescu a été réélu ce samedi aux fonctions de président de l’Union des écrivains de Roumanie. Son nouveau mandat durera jusqu’à 2023. Nicolae Manolescu a remercié à ses confrères écrivains pour la confiance qu’ils lui ont accordés et pour leur option pour la continuité, soulignant combien importants étaient les programmes en cours de déroulement. Les écrivains Dan Lungu, Ştefan Mitroi et Simona Vasilache, ainsi que l’essayiste Narcis Zărnescu s’étaient également porté candidats aux élections au sein de l’Union des écrivains de Roumanie. Celle-ci compte 2600 membres et 19 filiales en Roumanie et à Chisinau, capitale de la République de Moldova.

    Brexit – Le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, mais pas l’Europe et demeure un ami de la Roumanie et d’Europe, a déclaré l’ambassadeur britannique à Bucarest, Paul Brummell. Dans le cadre d’un événement organisé pour célébrer la fête de l’Europe, le diplomate britannique a précisé que les droits des ressortissants roumains au Royaume Uni n’allaient pas changer. Les Roumains ayant habité au moins cinq ans au Royaume Uni préservent après le Brexit leur accès aux assurances maladie, leur droit au travail et à d’autres services sociaux, a expliqué l’ambassadeur. Il a ajouté que ceux qui habitent au Royaume-Uni depuis moins de cinq ans, obtiendront ces bénéfices au bout de cette période de résidence permanente.

    Tennis – La joueuse de tennis roumaine Mihaela Buzarnescu (37e au classement WTA) a été vaincue samedi sur le score de 4-6, 6-2, 6-3 dans la finale du tournoi WTA de Prague par la Tchèque Petra Kvitova, deuxième favorite de la compétition. Buzarnescu a perdu aussi la finale de double à Prague, vendredi lorsqu’aux côtés de Lidia Morozova, du Belarus, elle a s’est inclinée face au double Nicole Melichar (Etats-Unis)/Kveta Peschke (République Tchèque), 6-4, 6-2.

    Météo – Dans les prochaines 24 heures, l’instabilité s’installera à travers la Roumanie avec des pluies à verse et des orages sur la majorité des régions, mais surtout sur l’ouest, le nord et en montagne. Les températures iront pourtant de 22 à 30 degrés à midi.

  • 05.05.2018

    05.05.2018

    Justice – Le Conseil supérieur de la magistrature, soit l’association professionnelle des magistrats de Roumanie a rendu public un protocole de coopération conclu avec le Service roumain d’informations, soit les renseignements généraux en 2012. Ce document, classé jusqu’ici « secret d’Etat », prévoit entre autres que les informations transmises par les renseignements peuvent être introduites dans les dossiers instruits par le Conseil supérieur de la magistrature uniquement dans des situations exceptionnelles. Le président de l’Union nationale des juges de Roumanie, Dana Gârbovan a souligné que par la conclusion de ce protocole, le Conseil de la magistrature avait abdiqué de son rôle constitutionnel, cédant l’indépendance de la Justice dans les mais du Service roumain de renseignements. Pour ce qui est des protocoles secrets conclus par les institutions de l’Etat, le président roumain Klaus Iohannis a précisé à son tour que leurs signataires devraient les soutenir, les dénoncer ou bien les expliquer. A l’automne 2017, le président de la Commission parlementaire en charge du contrôle du Service roumain d’informations, Claudiu Manda, a déclaré que pas moins de 65 protocoles avaient été conclus entre les renseignements généraux et différentes institutions de l’Etat. Un de ces accords, impliquant le Parquet général a été rendu public il y a un mois.

    Italie – La création de moyens et d’instruments par le biais desquels les Roumains du sud de l’Italie soient soutenus peut conduire à la fin du phénomène de l’exploitation par le travail, a affirmé ce vendredi en Italie, la ministre en charge des Roumains de la Diaspora, Natalia Intotero, qui a rencontre des représentants de régions italiennes méridionales. Les pourparlers ont visé la défense des droits des ressortissants roumains d’Italie, la promotion de leur image ainsi que le déroulement d’une série de campagnes d’informations. Vendredi également, la responsable roumaine a participé à l’inauguration officielle du premier des trois kiosques d’informations appartenant au consulat général de Roumanie à Bari. Selon la responsable roumaine, les kiosques mettent à la disposition des ressortissants roumains des informations consulaires et à la législation dans le domaine du travail. Notons que, selon l’Institut National de la Statistique, la communauté roumaine d’Italie est forte de 1 million 100 mille membres. Sur les 5 millions de ressortissants étranger résidant légalement en Italie, les Roumains comptent pour 23% du total, formant la communauté étrangère la plus large.

    Ecrivains – Le nom de la personne qui détiendra les fonctions de président de l’Union des écrivains de Roumanie jusqu’en 2023 sera rendu public aujourd’hui. Les urnes avec les bulletins de vote des membres de l’association professionnelle des écrivains de Roumanie seront ouvertes dans le cadre d’une réunion spéciale. L’actuel président, le critique littéraire, Nicolae Manolescu, les écrivains Dan Lungu, Stefan Mitroi et Simona Vasilache ainsi que l’essayste Narcis Zarnescu sont en lice pour les fonctions de l’Union des écrivains. Celle-ci compte 2600 membres et 19 filiales en Roumanie et à Chisinau, capitale de la République de Moldova.

    Volley – La capitale roumaine, Bucarest accueille en cette fin de semaine les demi-finales et la finale de la Ligue des champions de volley féminin. Aujourd’hui, dans les demi-finales, le club roumain Volei Alba Blaj dans le centre de la Roumanie rencontre l’équipe turque Galatasaray Istanbul alors que le club champion en titre, également de Turquie, le VakifBank Istanbul affronte les italiennes d’Imoco Volley Conegliano. Dimanche, c’est la finale du tournoi.

    Tennis – La joueuse de tennis roumaine, Mihaela Buzarnescu (37e au classement WTA) rencontrera dans la finale du tournoi WTA de Prague la Tchèque Petra Kvitova 10e mondiale, deuxième favorite du tournoi celle qui a vaincu dans la demi-finale la chinoise Shuai Zhang. Mihaela Buzarnescu a vaincu vendredi Camila Giorgi d’Italie pour jouera sa deuxième finale WTA de sa carrière, après celle à Hobart en Australie, en début d’année.

    Météo – Temps particulièrement beau en Roumanie avec des températures plutôt élevées pour cette période de l’année. Samedi, une certaine instabilité s’installera en Roumanie. Des pluies à verse et des orages sont possibles sur les régions de montagne et sur le nord, l’ouest et le nord-ouest. Les températures frôleront les 30 degrés à midi.

  • Paul Jamet (France) – existe-t-il une association des écrivains et artistes paysans?

    Paul Jamet (France) – existe-t-il une association des écrivains et artistes paysans?

    Il faut tout d’abord préciser que la campagne roumaine ne ressemble point à la campagne française. Les paysans roumains ne ressemblent point aux paysans occidentaux. Les paysans roumains sont des personnes très simples, qui vivent dans des villages plutôt isolés, qui perdent souvent le contact avec la réalité politique, culturelle, économique du pays en l’absence de moyens financiers pour s’assurer une éducation adéquate et une vie décente. En plus, il y a une grande différence entre les paysans roumains qui ont vécu toute leur vie à la campagne et les fermiers qui pratiquent l’agriculture comme une affaire. Donc paysan, fermier et agriculteur n’est pas la même chose en Roumanie. Ces notions peuvent se superposer, mais la plupart des fois elles désignent des catégories sociales différentes.

    Pour ce qui est de la littérature issue du milieu rural, je dois vous dire que j’ai trouvé très peu d’informations à ce sujet. Il existe apparemment une association littéraire des paysans fondée par un écrivain issu du milieu rural… mais elle n’est pas très connue et il m’a été difficile de comprendre si tout se résume à une personne ou s’il y a plusieurs écrivains impliqués dans cette initiative. J’ai aussi trouvé deux ou trois articles dans la presse locale de l’ouest du pays, portant sur un paysan – dans le sens le plus basique du terme – qui a commencé à écrire et à publier des livres dès son départ à la retraite. Les articles datent de 2013 et la personne était déjà nonagénaire.

    Par ailleurs, toujours dans la presse locale de l’ouest de la Roumanie, j’ai trouvé plusieurs articles qui parlaient d’une « génération d’écrivains paysans du Banat », un phénomène unique en Roumanie au début du 20e siècle, lorsqu’il y a eu toute une série d’écrivains, journalistes et même des compositeurs et chefs d’orchestre, sans oublier les ingénieurs ni les inventeurs. Les ouvrages de ces auteurs étaient publiés dans des revues qui circulaient dans les villages, des revues qu’ils finançaient par leurs propres moyens. Et selon le contexte politique de l’époque, les auteurs ont souvent été sanctionnés pour les opinions exprimées. Plusieurs autres écrivains du milieu rural se sont fait connaître dans les années 1950, toujours dans l’ouest de la Roumanie. De nos jours, les écrivains paysans ne sont pas trop nombreux, ce sont plutôt des exceptions. Voilà, c’est tout ce que j’ai pu trouver à ce sujet. Ce serait en fait une bonne idée de venir en aide aux esprits créateurs oubliés du milieu rural, car on ne sait jamais où et quand on pourrait découvrir de véritables trésors. Avant de terminer, je dois préciser aussi que la vie à la campagne est bien présente dans littérature classique roumaine et dans les œuvres plusieurs grands romanciers roumains du début du 20e siècle.

  • Le Salon du livre d’apprentissage Gaudeamus

    Le Salon du livre d’apprentissage Gaudeamus

    Pour la 24 ème édition du Salon International du Livre d’apprentissage- Gaudeaumus- les Maisons d’Editions Casa Radio ont lancé de nouveaux titres intégrés dans 5 collections déjà célèbres: la Fonothèque d’Or, les Spectacles de la poésie, les Lectures à l’ombre, la Bibliothèque de poésie roumaine et la Bibliothèque de la radio. Concrètement, il s’agit de cinq décennies de poésie roumaine avec au micro, les poètes Ana Blandiana, Nina Cassian, Serban Foarta, George Cosbuc et G. Topirceanu, les créations des deux derniers étant récitées par deux noms de top de la poésie roumaine contemporaine:Ioana Nicolaie et Florin Iaru. Pour ceux d’entre vous épris de la poésie d’Ana Blandiana, les Maisons d’Edition Casa Radio ont lancé le 24 mars 2017, un jour avant que la poétesse ne fête son 75ème anniversaire, le livre audio Elle est libre, cette fleur? qui propose une sélection de poèmes lus par Ana Blandiana elle-même, entre 1965 et 2017.

    Ana Blandiana: Je voudrais vous parler un tout petit peu de la Fonothèque d’Or et de mes poèmes qui y figurent. Avant que je rêve d’en faire partie un jour, j’avais l’habitude, du temps de ma jeunesse vécue à Oradea, de passer pas mal de temps à écouter la radio. Je l’écoutais beaucoup, beaucoup plus qu’à présent et à chaque fois que j’y entendais un enregistrement issu de la Fonothèque d’Or, j’avais la certitude d’avoir accès à ce qu’il y avait de mieux sur les ondes. Des années plus tard, M. Emil Buruiana, de Radio Roumanie Culture, m’a invitée un jour dans un studio d’enregistrement. Cela m’a énormément touchée, tout en me provoquant un retour en arrière du temps où je n’étais qu’une fidèle auditrice de toutes ces émissions. Quel qu’eût été la direction de la radion-qu’on me sympathisât ou pas- j’ai adoré tous ces moments de grâce passés dans les studios d’enregistrement de la Fonothèque d’Or. Ce furent là des moments à même de créer une sorte de vide historique. Du coup, j’ai choisi de faire inclure dans la Fonothèque d’Or tous ces poèmes à moi que je voudrais voir perdurer comme dans une sorte d’arche de Noé.

    Nommé président d’honneur de la dernière édition du Salon du livre Gaudeaumus, le dramaturge et journaliste, Matei Visniec a précisé, lors l’ouverture, que la Roumanie s’avérait extrêmement compétitive en matière de culture. M. Visniec a également tenu à féliciter les organisateurs pour avoir choisi la Commission européenne en tant qu’invité d’honneur de la toute récente édition. La Roumanie a une chance et cette chance-là est plutôt culturelle, a lancé le dramaturge Matei Visniec lors du débat L’Europe du théâtre et des écrivains- la circulation des valeurs artistiques en tant que fondement européen.
    Lors d’un débat auteur/lecteurs organisé au stand des Maisons d’Editions Polirom, Matei Visniec, a précisé: Moi, j’aime bien tous les genres littéraires. Ils sont comme des enfants pour moi et je les aimes tous, soit-il roman, poésie, essais ou théâtre. La poésie m’a aidé à grandir, le théâtre a contribué à ma formation, tandis que le roman, lui, a oeuvré à ma diversification. Une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’écrire des romans a été mon désir d’échapper à tous ces intermédiaires dont j’avais besoin à chaque fois que je voulais faire connaître mes pièces au public. Je pense aux directeurs de théâtre, aux metteurs en scène, comédiens ou scénographes. Leur simple présence, tellement nécessaire, a commencé à m’inquiéter lorsque je me suis aperçu que je dépendais entièrement d’eux. Moi, j’adore écrire, mais puisque je n’aime pas les intermédiaires, j’ai décidé de me consacrer aux romans justement pour avoir une relation directe avec le public.

    Le roman Ainsi faut-il que l’herbe pousse sur nous de Augustin Cupsa figure parmi les derniers titres parus aux Maisons d’Edition Humanitas, de Bucarest. Lancé lors de la récente édition du Salon du livre Gaudeamus, dans la série des Ecrivains roumains contemporains, le roman place son action dans la banlieue de Craiova ville du sud de la Roumanie, et raconte l’histoire d’un groupe qui s’adonne au braconnage de plusieurs espèces d’oiseaux vendus par la suite, illégalement, en Italie. Mis dans la bouche de Pisica, le Chat, le plus sensible des enfants, les événements finissent par atteindre des dimensions dramatiques. L’histoire est un prétexte pour s’attaquer à des thèmes profonds tels la culpabilité, l’obsession de s’évader dans une Italie idéalisée, la foi, la solitude, l’érotisme.

    L’essayiste Doru Căstăian : Augustin Cupsa figure parmi les meilleurs romanciers du moment ou du moins parmi les meilleurs que j’ai lus. Si je ne me trompe pas, il lui a fallu plus de deux ans de documentation avant de s’attaquer à l’écriture de ce roman. Le livre émane un sentiment de fragilité et de chaleur en contraste avec cette cruauté qui persiste et enveloppe l’histoire comme une sorte d’atmosphère. Personnellement, je voudrais contredire ceux qui croient que la violence reste tout le temps aux aguets comme si elle était prête à jaillir. Moi, je dirais plutôt que dans le cas de ce roman, les personnages perçoivent la violence comme faisant partie de leur univers ; c’est un des ingrédients essentiels de ce monde tel qu’il est imaginé par Cupsa. Je suis persuadé que des catégories entières de lecteurs raisonneront avec lui. C’est mon cas, d’ailleurs, surtout que je suis originaire de la ville de Galati (sud-est) et j’ai mené une vie comparable à celle des protagonistes de Cupsa. Je fais partie d’une génération qui, à force de jouer librement en bas des immeubles, a fini par se former à l’école de la vie. Du coup, on connaît très bien l’univers décrit dans ce roman. En revanche, je me demande s’il demeure accessible aux enfants de nos jours. Et pour cause : j’ai remarqué récemment des arbres plein de mirabelles. Or, du temps de mon enfance, on les cueillait toutes. Pire : on les troquer : on en donnait un poing de mirabelles mûres en échange de trois vertes.
    (trad. Ioana Stancescu)

  • La Roumanie au Salon du livre de Paris

    La Roumanie au Salon du livre de Paris

    “La littérature roumaine a gagné en visibilité sur le marché français des belles lettres grâce à sa participation à la 34e édition du Salon du livre de Paris”, a déclaré Lilian Zamfiroiu, président de l’Institut Culturel Roumain (ICR), l’organisateur des événements roumains. Le programme, intitulé Des livres à venir, lavenir des livres”, a comporté débats, lancements de livres et rencontres avec pour participants éditeurs, écrivains, traducteurs et journalistes.



    George Arion, Sylvain Audet, George Banu, Jean-Pierre Brach, Roxana Bauduin, Linda Maria Baros, Michel Carrassou, Alexandru Călinescu, Corina Ciocarlie, Cosmin Ciotloş, Florica Ciodaru Courriol, Benoit-Joseph Courvoisier, Augustin Cupşa, Mark Despot, Reginald Gaillard, Michel Gavaza, Dinu Flamând, Dominique Ilea, Nicolae Manolescu, Mircea Martin, Bujor Nedelcovici et Matei Vişniec sont quelques-uns des écrivains invités du 21 au 24 mars, à la 34e édition du Salon international du livre de Paris. Au stand de la Roumanie on a donc organisé entre autres des débats incitants, tels “Avant-garde et modernité”, “Esotérisme et sacralité aujourd’hui”, “Les livres à venir, lavenir des livres”, “Livres français, lecteurs roumains, lecteurs français” , “Réalité et fiction dans les sports. Une autre écriture ? ” ou encore “Présences de la peinture contemporaine roumaine en France”.



    Présente à l’événement, la journaliste et écrivaine Adela Greceanu trouve que le programme mis en page au stand roumain a été animé et très divers et qu’il a éveillé l’intérêt des lecteurs et journalistes étrangers. Voici ce qu’elle a déclaré à propos de l’édition 2014 du Salon du livre de Paris. « Ces cinq ou six dernières années, le Salon est redevenu un des événements majeurs du marché spécialisé d’Europe. Cette année, en tant qu’invité d’honneur, l’Argentine s’est présentée avec un stand tout à fait impressionnant, dominé par l’exposition Julio Cortazar, dont on a célébré le 100 e anniversaire de la naissance. Ça a été pour moi un véritable cadeaux, car j’ai pu voir des photos inédites avec Cortazar et surtout découvrir un Cahier de notes pour “La Marelle ”, placé derrière une vitrine au milieu de l’exposition. Un cahier que l’on pouvait feuilleter en variante numérique. En ce qui concerne la participation de la Roumanie, j’estime très important le fait que les livres roumains étaient présents pas que sur le stand roumain. A mon avis, la littérature roumaine est de plus en plus connue. Par exemple, les livres de Gabriela Adameşteanu je les ai vus sur les étagères de la maison d’édition Gallimard, le roman de Răzvan Rădulescu, “La vie et les agissements d’Ilie Cazane”, se vendait chez Zulma, tandis que sur le stand des éditions Actes Sud j’ai remarqué le roman d’Alexandru Vona, “Les fenêtres murées”. »



    Un débat qui a réuni un public nombreux a été celui sur les “Perspectives de l’intégration européenne de la République de Moldavie. Y ont participé Oleg Serebrian, l’ambassadeur de Chisinau à Paris, Gheorghe Erizanu, écrivain et directeur des éditions Cartier de Chişinău, l’historien Matei Cazacu et l’écrivain Emilian Galaicu Păun. Oleg Serebrian a parlé des actions visant à l’intégration de son pays dans l’UE. “A commencer par 2009, on est passé à une vitesse supérieure et réalisé pas mal de choses, dont la signature de l’accord de libre échange, un pas important pour l’économie moldave. Dans quelques années on va en ressentir les effets bénéfiques”, a précisé Oleg Serebrian.



    Voici les propos de l’écrivaine et journaliste d’Adela Greceanu, sur ce débat. « Après le débat, j’ai réalisé une interview avec Emilian Galaicu-Păun au sujet de l’intégration européenne de la République de Moldova. Il a souligné l’importance de la présence des écrivains de langue roumaine de son pays sur le stand de la Roumanie au Salon international du livre de Paris. Aux yeux des Moldaves, cela équivaut en quelque sorte à la reconnaissance de leur appartenance aussi bien à la littérature roumaine qu’à celle de l’espace européen. »



    Florica Ciodaru Courriol a présenté, à l’occasion du Salon du livre de Paris, la version française qu’elle a donnée au roman de Marta Petreu, « Notre maison dans la plaine de lArmageddon » ( paru chez Polirom, en 2011). La maison d’édition « LÂge dHomme », qui a publié le roman traduit par Florica Ciodaru Courriol, n’est pas à sa première rencontre avec la littérature roumaine, car elle a fait paraître aussi des oeuvres de Mateiu Caragiale, Lucian Blaga, Vintila Horia et Ion Caraion. Florica Ciodaru Courriol nous a parlé du roman de Marta Petreu. « J’aime beaucoup ce roman parsemé de notes autobiographiques, où l’on retrouve des épisodes affreux tels l’autopsie du père. En bref, c’est l’histoire d’une famille de paysans de Transylvanie. Parallèlement à cette histoire qui s’étale sur un siècle, nous assistons à la formation de la jeune narratrice, qui a bien des ressemblances avec l’écrivaine Marta Petreu. Je pense que les Occidentaux doivent trouver intéressant d’apprendre comment a évolué une région de la Roumanie avant la Seconde Guerre Mondiale. On y décrit le passage des Russes par Cluj, la désertion du père de l’armée, la collectivisation, l’éducation marxiste, les problèmes religieux en Transylvanie. Marta Petreu poursuit le fil de l’histoire jusqu’à nos jours, pour déplorer la dégringolade de l’économie et la destruction de l’environnement. Le roman étant structuré sur plusieurs paliers, on peut également avoir plusieurs niveaux de lecture. Dans l’avant-propos que j’ai écrit pour la version française, je l’ai nommé roman métaphysique. »



    Florica Ciodaru Courriol nous a également fait partager ses impressions sur l’édition 2014 du Salon du livre de Paris. « Les événements organisés au stand roumain ont vraiment été à la hauteur des attentes, vu que l’année dernière, lorsque la Roumanie, invité d’honneur du Salon, avait bénéficié d’un accueil fastueux. Une attention particulière a été prêtée à la poésie. Je pense que c’est une bonne chose, car la poésie est souvent mise à l’écart, tant en Roumanie qu’en France. Quant à l’accueil de la littérature roumaine en France, nous en attendons toujours les échos. »



    Le Salon international du livre de Paris s’adresse aussi bien aux professionnels du domaine éditorial, qu’au grand public, bénéficiant d’une forte visibilité dans la presse française. Après avoir été l’invitée d’honneur de l’édition 2013, la littérature roumaine est entrée sur le marché français avec plus de 20 nouveaux titres, signés par des auteurs tels Gabriela Adameşteanu, Radu Aldulescu, Ana Blandiana, Lucian Boia, Norman Manea, Lucian Dan Teodorovici, Adina Rosetti, Răzvan Radulescu, Varujan Vosganian. ( trad. Mariana Tudose)

  • La révolution roumaine à Iasi

    La révolution roumaine à Iasi

    Timisoara est la ville–symbole de la Révolution roumaine de décembre 1989. Le 16 décembre, les habitants de cette ville, capitale de la province du Banat, ont décidé que la Roumanie devait changer, que la Roumanie de Nicolae Ceausescu, qui était en fait leur Roumanie et celle de leurs enfants, ne pourrait plus rester la même, vu que tout le monde communiste était soumis à une transformation irréversible. En faisant preuve d’héroïsme et de détermination, les habitants de Timisoara sont donc descendus dans la rue pour réclamer leurs liberté et le droit à une vie meilleure.



    Toutefois, dans l’autre coin du pays, la capitale de la Moldavie, Iasi se préparait depuis quelques jours déjà à affronter la tyrannie communiste de Ceausescu. C’est ici qu’avait vu le jour dans les années ’80 un mouvement de protestations des écrivains Dan Petrescu, Tereza Petrescu, Luca Piţu et Alexandru Calinescu. Le 12 décembre 1989, l’économiste Stefan Prutianu, aux côtés d’autres intellectuels de Iasi regroupés au sein de l’organisation le Front populaire roumain, ont distribué des tracts à travers la ville, appelant la population à participer à une ample marche de protestation, place de l’Union, le 14 décembre, à 16 heures. Depuis longtemps dans le viseur de la police politique, les organisateurs ont été arrêtés 10 heures avant le début de la manifestation.



    La première personne arrêtée lors de la révolution de 1989 a été justement Stefan Prutianu, l’auteur de la proclamation écrite le 10 décembre et imprimée sur les tracts. Professeur d’économie à l’Université « Alexandru Ioan Cuza » de Iasi, Prutianu se souvenait du moment de l’arrestation et avouait qu’il avait eu un pressentiment, vu que c’était une suite logique de ses actions. Des troupes mixtes formées de miliciens, membres de la police politique et gardes patriotiques, déployées sur la Place de l’Union ont opéré des dizaines d’arrestations dans les rangs des personnes qui se dirigeaient vers le lieu du rendez-vous. Ainsi, la révolution de Iasi fut-elle étouffée avant qu’elle n’éclate.



    L’historien Adrian Cioroianu, doyen de la Faculté d’Histoire de l’Université de Bucarest affirme qu’on s’attendait à ce que la révolution éclate dans une grande ville de province et non pas dans la capitale. La révolution ne pouvait commencer que dans une ville près d’une frontière de la Roumanie où ce qui se passait dans les pays voisins constituait une forte impulsion au changement.



    Dans le modèle proposé par Cioroianu se retrouvent aussi bien Iasi que Timisoara, soit deux des grands centres industriels de Roumanie: « Je soulignerais un détail, à savoir que les mouvements contre Nicolae Ceauşescu ont éclaté dans des villes éloignées de la capitale et proches des Etats voisins. Iaşi est située à proximité de la frontière orientale du pays et donc, à l’époque, de l’Union Soviétique et plus précisément de la République soviétique de Moldova, où la perestroïka était plus avancée qu’en Roumanie. Timişoara, elle, est située dans le sud-ouest du pays. Je ne dirais pas qu’il était impossible qu’une révolution authentique éclate à Iaşi. Cette ville apportait un ferment contestataire évident — du moins au niveau intellectuel. Quelques téméraires y ont pris position contre le régime, mais on ne l’a appris qu’après ’90. Peut-être que la masse critique nécessaire pour déterminer un effet « boule de neige » n’était pas atteinte, comme ce fut le cas à Timişoara. A Timişoara le côté interconfessionnel était très fort ; c’était un endroit plus propice au déclenchement d’un mouvement contestataire qui réunisse des citoyens appartenant à des religions et des ethnies différentes — des Roumains aussi. Si les Roumains ne s’y étaient pas engagés, à Timişoara, Ceauşescu aurait eu toutes les raisons d’affirmer que ce soulèvement était la conséquence d’une ingérence de nos voisins — ce qu’il n’a pas manqué de dire, d’ailleurs. Pourtant, le fait que les Roumains y aient participé a donné un teinte nationale et globale à cette protestation. Ce qui s’est passé à Iaşi est important et significatif. Pourtant, une analyse plus poussée mène à la conclusion que la ville la plus propice devait se trouver à la frontière ouest — comme c’était le cas pour Timişoara. »



    Timişoara a été la ville où la révolution anticommuniste a fait connaître au monde les aspirations des Roumains et l’historien Adrian Cioroianu a mentionné ses atouts. Nous avons demandé à notre interlocuteur ce qui a manqué à la ville de Iaşi pour qu’elle ne donne pas le signal de la révolution roumaine : « Il lui a manqué ce germe du mécontentement, représenté à Timişoara par Laszlo Tökes. Et il faut accepter que, le plus souvent, ce ne sont pas les intellectuels qui déclenchent les révolutions. Les intellectuels les préparent, certes, mais si elles ne bénéficient pas de l’appui des masses, les intellectuels, eux, n’ont pas assez de force. L’élément Tökes » a apporté à Timişoara un côté interconfessionnel roumano-magyar — et sans doute les Allemands et les Serbes de la zone y ont-il adhéré. Cela a rendu le monde beaucoup plus sensible à ce qui s’y passait. Et quand je dis « monde », je pense surtout à l’Europe Occidentale de l’époque. C’est ce qui a mis fin au régime de Ceauşescu, accusé depuis une décennie déjà de mener une politique dirigée contre les Hongrois et les Allemands, pour uniformiser le pays. De ce point de vue, Timişoara avait un atout que Iaşi et les autres villes du pays n’avaient pas. »



    La révolution roumaine de Iaşi a été le résultat d’une conspiration de ceux qui ne supportaient plus rien de ce qui concernait leur vie quotidienne, une conspiration approuvée, tacitement, par toute la société roumaine. Timişoara et Bucarest sont les villes où les Roumains ont reconquis leur liberté. Toutefois, c’est la ville de Iaşi qui a contribué au déclenchement de l’événement le plus grandiose de l’histoire récente de la Roumanie. (trad. : Dominique, Alexandra Pop)

  • Le Gala des jeunes écrivains

    Le Gala des jeunes écrivains


    Andra Rotaru, Radu Vancu, Cosmin Pertza et Mihai Iovănel — voilà les lauréats du Gala des Jeunes écrivains. Organisé le 15 janvier, lors de la Journée de la culture nationale, l’événement a été accueilli par la Salle des festivités de l’Institut Culturel roumain.






    Sur les 132 titres en lice, le jury a sélectionné trois pour chaque section : poésie, prose et critique littéraire. Deux autres prix ont également décernés: ainsi, Vlad Moldovan s’est-il vu accorder le prix du « Jeune écrivain de l’année 2012 alors que « Les Substances interdites » de Liviu Ioan Stoiciu ont reçu le prix du « Livre de poésie de l’année 2012 ». Le critique Paul Cernat, un des membres du jury, nous parle de l’événement et de la sélection de cette année : « Je trouve que c’est une excellente initiative et les deux éditions précédentes ainsi que l’actuelle viennent confirmer mon affirmation. Elles ont comblé nos attentes, et les ont même dépassées de certains points de vue. Je pense que ce prix est déjà devenu une institution. En témoignent le grand intérêt qu’il suscite parmi le jeune public ainsi que la crédibilité des livres primés. Dès le début, nous avons essayé, et j’espère avoir réussi, de faire en sorte que les prix accordés ne puissent être contestés. Au moment où l’on accorde un prix, on laisse de côté des auteurs de valeur, mais l’important c’est que le prix en question soit accordé à un livre qui le mérite. Ce qui fut le cas jusqu’ici, notamment en matière de critique littéraire ».








    Nous avons invité au micro Andra Rotaru, auteur du volume « Lemur », lauréate, aux côtés de Radu Vancu, du Gala des jeunes écrivains, la section poésie: «L’histoire de Lemur est très compliquée. J’ai habité il y a quelques années dans la localité de Tescani, un espace vraiment fabuleux. Il y avait beaucoup d’animaux qui se faisaient entendre pendant la nuit, ce qui était assez effrayant. Toutes les nuits j’éprouvais un sentiment de peur dans cet espace désert. Seuls quelques chiens me tenaient compagnie et il se peut que j’en aie repris quelques gestes, tout comme eux ils aient repris quelques gestes à moi. Puis, il y avait aussi les bruits de la nuit, dont la source je m’attachais à identifier. C’est de toutes ces images superposées qu’est né ce personnage, Lemur. Mais je ne saurais oublier un autre épisode heureux de la période Tescani. La chorégraphe Ana Catalina Gubandru avait créé à l’époque un spectacle interactif « Lamur-The most beautiful I Can ». Moi aussi, je pouvais regarder de loin ou bien intervenir. Il n’y avait eu qu’un pas à franchir entre Lamur et Lemur. »




    Le Gala des jeunes écrivains a été transmis en direct par Radio Roumanie Culture et présenté par l’écrivain Dan Mircea Cipariu, initiateur de l’événement. C’est le Ministère de la Culture et l’Institut Culturel roumain qui ont offert les prix d’un montant de près de 3000 euros…(trad. : Alexandra Pop)