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  • Maria Monalisa Pleșea

    Maria Monalisa Pleșea


    En temps de pandémie, la créativité des gens d’aujourd’hui est mise au service des gens de demain, pour notre avenir à tous. Rien qu’un exemple – un outil pédagogique et culturel, mis au point par une amie de RRI: Maria Monalisa Pleşea, qui a coordonné le Centre culturel francophone de Buzău et qui enseigne actuellement le roumain à l’Ecole internationale de Luxembourg, nous parle de LECTURINO, une plateforme en ligne imaginée pour encourager les enfants à lire. En roumain, pour l’instant, en français et en anglais un peu plus tard.



    Retrouvez l’application Lecturino ici:


    https://lecturino-firebase.web.app/






  • « Les insoumises »

    « Les insoumises »

    Leur projet – « Les insoumises » – est un recueil d’une centaine de destinées remarquables, censées inspirer les nouvelles générations du 21e siècle. Les écrivaines Adina Rosetti, Iulia Iordan, Laura Grünberg et Victoria Pătraşcu se proposent de présenter aux jeunes, sous une forme attrayante et moderne, 100 personnalités féminines roumaines « de conte de fée ».

    Adina Rosetti, écrivaine et membre de l’Association « De conte de fée », explique : « L’idée n’est pas née hier, nous y pensons déjà depuis l’année dernière, lorsque nous avons créé l’Association des écrivains de littérature pour enfants et adolescents de Roumanie « De conte de fée ». Mes trois collaboratrices – Victoria Pătraşcu, Iulia Iordan, Laura Grunberg – et moi-même, nous nous sommes dit que c’était là un bon sujet pour notre premier projet. Peut-être aussi parce que nous sommes des femmes et qu’à notre avis, les personnalités féminines remarquables ne sont pas suffisamment mises en valeur dans les livres pour enfants et dans les manuels scolaires. Si vous en ouvrez quelques-uns, vous n’y trouverez que très peu de femmes écrivains. Et, en général, les filles de Roumanie ne connaissent pas de modèles féminins qu’elles puissent suivre et dont les vies pourraient leur servir de sources d’inspiration. Ce projet fait peut-être écho à ce qui se passe sur le marché international du livre pour enfants – je pense notamment au livre « Histoires du soir pour des filles rebelles : 100 destins de femmes extraordinaires », des écrivaines Elena Favili et Francesca Cavallo. Nous avons pensé que ce serait une bonne chose d’avoir, en Roumanie aussi, un livre pour enfants présentant le destin de 100 femmes roumaines exceptionnelles. Ce fut là notre point de départ. »

    Une centaine de femmes qui ont dépassé leurs limites: elles se sont révoltées, elles ont régné, sauvé des vies, écrit, fait des découvertes, lutté… « Les Insoumises » sont les Roumaines qui ont changé pour le mieux le monde où elles vivaient. Les livres d’histoire honorent la mémoire de certaines d’entre elles, d’autres ont été injustement oubliées.

    Adina Rosetti: « Le choix n’est pas encore fait, nous sommes en train de choisir les 100 personnalités de la liste finale. Je dois avouer qu’au début j’ai douté que nous puissions vraiment trouver 100 femmes extraordinaires. Eh bien, la liste s’est avérée beaucoup plus longue et à présent nous sommes en train de nous informer et de débattre pour savoir lesquelles garder. Nous avons souhaité que ces femmes représentent tous les domaines – tout en gardant les figures historiques – dont les reines de Roumanie – ou des personnalités artistiques hors du commun, comme par exemple, la grande comédienne Lucia Sturza Bulandra. Nous souhaitons donc réunir des personnalités de tous les domaines – y compris l’art et le sport – et surtout de domaines moins connus du public. Je pensais aussi aux sciences et aux professions où, au début, les femmes ont été moins représentées. Des Roumaines ont réussi à exceller dans de tels champs d’activité et ce serait intéressant de connaître leurs histoires. Par exemple Virginia Andreescu Haret, qui a été la première femme architecte, Eliza Leonida Zamfirescu, la première femme ingénieur, Ella Negruzzi, la première femme avocat de Roumanie. Ces femmes ont beaucoup lutté pour se faire une place dans ces professions initialement réservées aux hommes. Elles ont obtenu des réalisations en mathématiques ou en chimie, en ingénierie, technologie de l’information, médecine. Nous voulons inclure aussi des personnalités contemporaines et, là, les débats sont vifs, car nous aimerions que ce soient aussi des femmes que l’on puisse croiser dans la rue. Laura Grünberg a eu l’idée excellente de réserver une place à un personnage collectif : la femme qui se trouve toujours dans l’ombre, la mère, héroïne de la vie de tous les jours, que bien souvent on ignore et qui est si importante. »

    Les histoires seront plutôt brèves et accompagnées d’illustrations éloquentes.

    Adina Rosetti: « Il s’agit de dresser chaque portrait d’une manière attrayante pour les enfants. Ce ne seront pas des biographies, nous tâcherons plutôt de raconter une histoire. Il y aura donc une centaine d’histoires écrites par les 4 membres fondatrices de l’Association « De conte de fée », accompagnées d’une centaine d’illustrations signées par 10 artistes connues du domaine. Pour l’instant, nous sommes encore en train de collecter du matériel. Nous souhaitons vivement que le livre sorte avant la fin de l’année. »

    L’Association «De conte de fée» attend des encouragements, des propositions de partenariat et, pourquoi pas, des sponsors pour ce projet. Pour le reste, elle se propose de rendre ce genre de littérature plus visible et plus proche des enfants (y compris des jeunes vivant dans les zones défavorisées, où l’accès aux livres et à la culture en général est difficile). L’Association envisage également de contacter des organisations similaires d’autres pays et de développer d’autres projets éditoriaux – dont une revue présentant les livres pour enfants. (Trad. : Dominique)

  • Vacances francophones à l’Institut Français de Bucarest

    Vacances francophones à l’Institut Français de Bucarest

    Une petite rime roumaine très amusante dit « Arrivent les vacances, en train, depuis la France ». Et c’est tout à fait vrai, pour la capitale, du moins. Car, cet été, les enfants de 4 à 14 ans de Bucarest n’auront pas le temps de s’ennuyer… à condition de s’inscrire au Club de Vacances de l’Institut Français. Apprendre le français en s’amusant ou plutôt s’amuser en français c’est le mot d’ordre de cet été. Pour plus de détails nous avons inviité au micro Julie Rescourio, directrice du pôle formations linguistiques et certifications de l’Institut Français de Bucarest.

  • Le Festival de l’intégration

    Le Festival de l’intégration

    Fin janvier, le Palais national des Enfants de Bucarest a ouvert ses portes pour accueillir deux jours durant la 14ème édition du Festival de l’intégration. Un événement consacré à la fois à la normalité et à la différence dans les rangs des enfants. Un véritable marathon artistique, avec, à l’affiche, des compétitions sportives, des jeux, des danses et des chorales, le tout pour démontrer – si nécessaire- que les enfants sont tous pareils, soient-ils normaux ou tout simplement différents.

    L’idée d’un tel festival porte la signature d’Adela Hanafi, présidente de l’Association Conil et mère d’un enfant souffrant d’un trouble d’hyperactivité avec déficit d’attention. Une étiquette fourre-tout, pour désigner souvent, des dizaines de milliers d’enfants bien différents les uns des autres et qui souffrent de se voir marginaliser. Lasse d’attendre les bras croisés une plus grande compréhension de la part de ses proches, Adela a décidé de mettre en place une ONG capable de se battre pour tous ces enfants. Elle a donc créé l’Association Conil et lancé par la suite, en 2010, la première édition du Festival de l’Intégration.

    Adela Hanafi: «A l’époque, j’ai réalisé qu’il y avait certainement pas mal de parents dans la même situation que moi et c’est ce qui m’a poussée à mettre en place cette association ouverte à tous les enfants normaux ou anormaux. C’est un projet par lequel je voudrais faire changer les mentalités et montrer à tout le monde que les enfants souffrant de différents troubles de comportement ne sont pas un danger pour les autres. Bien au contraire, ils sont là pour nous apprendre la leçon de la tolérance et de l’amour inconditionnel. A l’heure où l’on parle, l’Association Conil recense quelque 300 enfants dont une centaine aux besoins spécifiques.»

    Le Festival a fait monter sur la même scène des enfants dits normaux et d’autres, disons, spéciaux, en prouvant une fois de plus que chacun a son droit à sa part de gloire.

    Adela Hanafi: «Le Festival a eu un grand succès. D’abord, parce qu’il a réussi à réunir sur la même scène 1500 enfants venus de toute la Roumanie pour un marathon artistique d’une qualité exceptionnelle. On a eu des enfants issus des institutions de protection de l’enfance, d’autres aux besoins particuliers, des membres de différents clubs de danse, des enfants venus représenter sur scène leurs maternelles ou leurs écoles, des enfants déjà connus depuis les éditions précédentes et qu’on a vu évoluer, devenir, avec le temps, de plus en plus performants.»

    Puisque l’Association Conil accueille des enfants et des jeunes de 3 à 18 ans, les artistes ont été de tout âge, aussi bien de petits mômes que des ados rebelles. L’occasion pour tous d’apprendre la leçon de la tolérance et de l’insertion sociale, car pour mener une vie normale il faut commencer par créer des liens et savoir s’adapter. L’Association Conil a ouvert sa propre école qui fonctionne sur le même programme scolaire que les établissements scolaires publics, adapté, toutefois, aux besoins spécifiques de chaque élève. 85% d’entre eux souffrent de différents troubles et seulement 15% sont normaux.

    Adela Hanafi: «Les apprentissages sont adaptés aux besoins de chaque enfant, ce qui leur permet de travailler chacun à son rythme. C’est très important. Pas besoin de les transformer tous en mathématiciens ou en linguistes, comme se proposent généralement les écoles publiques. Nous, on veut mettre en évidence les qualités de chaque enfant et l’aider à les cultiver par la suite. Il n’est pas rare que les élèves soient humiliés pour leur manque de performance, pour leurs faibles résultats aux concours scolaires. Tout cela met trop de pression sur eux. Moi, je conseille aux parents d’offrir à leurs enfants des cours vocationnels afin de découvrir leurs talents et les mettre par la suite sur la bonne voie.»

    Après 12 ans passés à la tête de son association, Adela Hanafi remarque que la société roumaine ne cesse de changer et, heureusement, pour le mieux. De nos jours, la différence ne fait plus peur. Par contre, elle s’avère bénéfique pour les deux camps ce qui a encouragé l’Association Conil à élargir ses activités, affirme Adela Hanafi, présidente de l’association: «D’autres projets sont en cours. Le prochain est prévu les 13 et 14 mai quand sous l’ombrelle de ConilFest, on déroulera la campagne «Envoie à l’école un enfant aux besoins spécifiques». A cette occasion, on a prévu plusieurs événements tels un marathon, une foire de Martisor. Puis, on a la campagne «L’univers des bons gestes» durant laquelle nos enfants confectionnent de petits objets qu’ils vendent par la suite. L’argent qui en résulte, on le collecte dans l’espoir de nous en servir un jour pout ouvrir notre propre collège. Car on a des petits en CM2 qui souhaitent continuer leurs études de la même manière ».

    Le printemps approche et le beau temps et le soleil sont là pour booster un peu les activités déjà nombreuses de l’Association Conil. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Jean-Marc Olry (France) – La religion dans les écoles roumaines

    Jean-Marc Olry (France) – La religion dans les écoles roumaines

    Bannie et critiquée par les communistes, la religion a connu un retour en force en Roumanie après le renversement du régime Ceausescu. Interdite pendant un demi-siècle, après 1989, la religion est devenue très vite omniprésente et même omnipotente. Et ce vu que le rôle de l’Eglise orthodoxe roumaine, majoritaire, est incontestable. Sinon, comment expliquer le nombre absolument impressionnant d’églises qui ont été dressées et continuent à être construites dans un pays où le nombre d’écoles et d’hôpitaux est à la baisse?



    Introduite au programme dans les années ’90, au lendemain de la chute du régime communiste, la religion est enseignée sans discontinuer depuis lors. D’ailleurs, c’est l’unique discipline scolaire, à part le roumain, enseignée jusqu’à la terminale. Pourtant, même si à première vue elle semble obligatoire, cette discipline a un statut pour le moins ambigu. La législation européenne défend la liberté religieuse. Obligée donc d’en tenir compte, la loi de l’Education nationale stipule que les écoles publiques de Roumanie doivent offrir des classes de religion sans que les enfants soient pourtant forcés d’y participer. Jusqu’il y a un an, les parents qui ne voulaient pas que leur enfant intègre la classe de religion devaient remplir un formulaire en ce sens.



    En réalité, la situation est bien différente. La plupart des parents ignorent complètement cette option et la plupart des professeurs préfèrent garder le silence et présenter la religion comme une discipline obligatoire.



    La raison ? L’école n’assume pas la responsabilité de surveiller les enfants qui ne suivent pas ce cours. Dans la plupart des cas, les parents n’ont pas le choix, car ils ne peuvent pas les emmener avec eux et puis les écoles ne proposent pas d’autres activités pour occuper le temps de l’enfant qui ne fréquente pas les classes de religion. Les écoles publiques n’ont pas assez de salles de classe ou de personnel pour s’occuper de ces élèves.



    En plus, la rémunération des professeurs est influencée par le nombre de classes effectivement tenues. Du coup, si le nombre d’élèves diminue, ils risquent de se voir diminuer aussi le nombre de classes, et donc leur traitement, voire leurs emplois. Alors, bon nombre d’écoles roumaines ne dévoilent pas aux parents le caractère optionnel de cette discipline.



    Mais voilà que depuis quelques années, la société civile, plusieurs ONGs et surtout de plus en plus de parents ont commencé à faire des pressions auprès du ministère de l’Education pour défendre le caractère laïc des établissements scolaires de Roumanie. Leur principal argument et sujet de révolte: le contenu des manuels de religion qui transforme cette discipline en un véritable cours de catéchisme avec bien au centre, l’Eglise orthodoxe roumaine.



    Pire encore, les manuels abondent en exemples d’enfants punis par la divinité pour différentes raisons dont la principale reste la non participation aux activités religieuses organisées dans les paroisses. Je me souviens d’un dessin dans le manuel de ma fille avec un petit garçon renversé par une voiture et donc sérieusement blessé pour ne pas avoir prié le soir, avant de s’endormir. Et la liste continue et les exemples sont des plus stupéfiants et des plus durs.



    Après moult débats dans les médias et sur les réseaux sociaux et suite à une saisine officielle, la Cour constitutionnelle de Roumanie a finalement tranché la question de l’enseignement de la religion dans les écoles publique roumaines : depuis le 6 mars dernier, c’est aux parents des élèves qui souhaitent intégrer les classes de religion d’avancer une demande en ce sens.



    Où est le changement, vous allez dire ? Eh bien, c’est une question de nuance, si vous voulez. Une demande, on l’avance pour faire quelque chose et non pour refuser cela, a argumenté la Cour sa décision qui est définitive et obligatoire. La réaction du Patriarcat n’a pas tardé : c’est une décision discriminatoire et humiliante, peut-on lire dans un communiqué officiel. Et surprise, la réaction des professeurs aussi. Non pas ceux de religion, mais leurs collègues qui, une fois de plus, ont essayé de plaider en faveur des cours de religion, en invoquant de nouveau l’argument suprême des écoles roumaines surpeuplées : que faire avec ceux qui ne participeront pas aux classes de religion ? Qui s’occupera d’eux ? Un argument qui, surtout dans le cas des gamins, a bien fonctionné, en poussant les parents à préférer une heure de catéchisme à une heure passée dans le couloir.



    Pourtant, le problème le plus important reste toujours d’actualité : les manuels n’ont pas été modifiés. Les menaces sont toujours là, la religion se résume à l’orthodoxie, les punitions y abondent. Finalement, c’est une question de chance de tomber sur un professeur doux et gentil qui refuse l’endoctrinement et présente la religion selon les préceptes qu’elle se propose de prêcher. Mais ces professeurs se font plutôt rares, surtout que pour enseigner cette discipline, il faut être agréé par le Patriarcat roumain. Pas de chance donc de remplacer le cours existant par un autre, disons, d’histoire des religions.



    D’ailleurs, cette idée avancée par la société civile a provoqué une réaction des plus dures de la part des représentants de l’Eglise orthodoxe roumaine qui ont invoqué comme argument suprême le pourcentage important de Roumains orthodoxes du pays : 86% du total de la population du pays selon un recensement de 2013. Les données statistiques recueillies après le dépôt des demandes d’inscription en classe de religion révèlent que plus de 90% des élèves appartenant aux 18 cultes religieux reconnus par l’Etat roumain ont opté pour ce cours. Comment cela, allez-vous dire ? Pourquoi étudier l’orthodoxie, si on n’est pas orthodoxe ? Par la simple bonne raison que, quelle que soit l’appartenance religieuse de leurs élèves, les écoles publiques roumaines se confrontent toutes aux mêmes problèmes : elles ne proposent aucune alternative aux enfants qui ne suivent pas ce cours. Et dans la plupart des cas, elles ne cherchent pas non plus à en trouver une.