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  • Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021

    Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021


    Bucarest fond sous la canicule, et cea ne fait que commencer. En fin de semaine, la ville est désertée de ses habitants qui vont se rafraîchir, notamment au bord de la mer Noire. Ainsi, la semaine dernière, 150 000 touristes avaient investi la côte roumaine, un record pour cet été. D’ailleurs, c’est la saison des vacances ; d’autres, et j’en fais partie, ont choisi de faire un tour en Roumanie. Un tour de 2 000 km en 9 jours, qui a été très apprécié par ceux qui ont vu les photos ou qui connaissent déjà les endroits. Je me propose de vous le raconter pour vous donner des idées de voyage, vu que nous l’avons imaginé aussi pour un membre de la famille qui est étranger.



    Partis de Bucarest, nous avons rejoint Dunavăţu de Jos, une commune du delta du Danube, dans le département de Tulcea (sud-est). En chemin, vous pouvez également visiter la ville-port de Constanţa, Mamaia, la perle de la côte roumaine de la mer Noire, et l’ancienne cité de Histria, fondée par les colons grecs au 6e s. avt. J.-C. Cette dernière est aussi la ville la plus ancienne attestée sur le territoire de la Roumanie. Sachez que la Dobroudja est, à cette époque, pleine de champs de tournesol d’une très grande beauté ; nous nous sommes arrêtés pour faire un nombre impressionnant de photos. Le delta nous a accueillis avec une météo très agréable, ce qui nous a permis de faire deux promenades en barque. L’une à partir de Dunavăţu de Jos, pour aller jusqu’à la plage sauvage de Perişoru, à la mer Noire, à travers plusieurs canaux de toutes les dimensions, dont certains – minuscules. Nous avons eu la joie de voir pélicans, cormorans, aigrettes, cygnes, foulques, grèbes huppés, hérons cendrés et autres évoluer parmi les nénuphars et les roseaux. Le lendemain, nous avons pris un petit bateau de Jurilovca pour aller jusqu’à Gura Portiţei, une langue de terre où vous avez d’un côté le lac Goloviţa et de l’autre — la mer Noire. Pour ceux qui souhaitent assaisonner leurs vacances d’histoire, ne passez pas sans visiter la citadelle médiévale d’Enisala, construite dans les années 1300 en haut d’une colline empierrée. Les fouilles archéologiques qui y ont été pratiquées ont permis de mettre au jour deux logements du premier âge du fer. De là, vous avez une superbe vue sur les environs.



    Nous avons quitté à regret le delta, traversé le Danube en bac à Brăila et mis le cap sur une autre attraction dont nous vous avons souvent parlé à l’antenne : les Volcans de boue de Berca, au département de Buzău. Un paysage lunaire, tout à fait inédit, avec de petits cratères bouillonnants et des coulées de boue nous attendait — contrastant avec les forêts avoisinantes. Je n’ai jamais rien vu de semblable, je peux dire qu’il vaut bien le détour. Le lendemain, nous avons visité le camp de sculpture en plein air de Măgura, dans le même département. En effet, c’est sur ces collines qu’un camp de sculpture pour artistes émoulus de l’Académie d’architecture de Bucarest et même pour des lycéens avait été organisé, entre 1970 et 1985. Les sculpteurs ont laissé leurs 256 œuvres monumentales là, et aujourd’hui l’exposition s’étale sur 21 ha. On dit que des phénomènes paranormaux se produisent à proximité, dans la forêt ; je ne les ai pas expérimentés. A l’hôtel où nous avons passé la nuit, en pleine forêt, nous avons eu un visiteur tout à fait inattendu le matin : un renard qui a pris son petit déjeuner avec nous. Les hôteliers le connaissent depuis trois ans et il vient se faire servir des victuailles tous les jours ; il en emporte pour nourrir aussi sa famille.



    Nous avons de nouveau pris la route pour aller à Şirnea, un petit village éparpillé sur des collines, au département de Braşov (centre). Jusque-là, nous avons admiré le paysage et le superbe lac de Siriu, à l’eau turquoise. Aux environs de Braşov, nous avons visité l’église médiévale fortifiée de Prejmer, du XIIIe siècle, incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est toujours un plaisir de la revoir, surtout quand il fait beau. Bien entendu, nous ne pouvions pas passer à côté de Braşov sans faire un tour au centre-ville. La rue piétonne était très animée, nous y avons pris du bon temps. Nous sommes passés par Poiana Braşov et sommes arrivés à Şirnea, dans un paysage bucolique, avec beaucoup d’animaux. Nous y sommes allés pour faire des randonnées dans les alentours. Un trajet trouvé sur une application semblait séduisant ; 15 km par monts et par vaux, partiellement à travers la forêt, s’est avéré très très beau, mais aussi particulièrement fatigant. Nous l’avons parcouru en 6 heures ; on se reprend de la fatigue, on ne garde que les bons souvenirs. Néanmoins, il convient d’y aller avec un équipement approprié, et aussi d’emprunter un itinéraire adapté à sa condition physique.



    Il existe au département de Braşov un site rupestre très intéressant, qui est aujourd’hui un monastère, celui de Şinca Veche, creusé dans les Monts Făgăraş. Il est présumé par certains être vieux de 7 000 ans et avoir des origines daciques ou même plus anciennes. Un lieu très calme, très beau et très intéressant que les gens visitent pour ses légendes et ses mystères. Il comporte cinq pièces, et une sorte de tour haute de 10 m, par laquelle la lumière naturelle pénètre dans ce lieu étrange. Il a deux autels, ce qui indique ses origines préchrétiennes. On dit que cet endroit de recueillement est béni de Dieu et plein d’énergie positive. On y a découvert un symbole similaire au Yin et Yang et aussi l’étoile de David. Selon d’autres, c’est un lieu où des phénomènes paranormaux se passeraient, aussi. Au-delà de tout, un endroit vraiment intéressant à visiter.



    En route ! Avant de rejoindre notre gîte à Viştişoara, dans le département de Braşov, en pleine nature, nous avons visité le monastère Brâncoveanu (XVIe siècle), à Sâmbăta de Sus. A proximité, vous avez aussi un lieu appelé La Vâltori, dans le village de Lisa. Les vâltori, ce sont des tourbillons construits sur un cours d’eau, où les villageois lavaient leur linge par la seule force motrice de l’eau, sans lessive. Des machines à laver traditionnelles, si vous voulez. Il y avait aussi un métier associé, qui pouvait ou non être en rapport avec le traitement de la laine. Nous avons ainsi vu tous ces équipements des années 1900, et aussi des équipements pour traiter et filer la laine datant de la même époque et toujours fonctionnels. Là encore, très intéressant !



    Pas loin, au département de Sibiu, je vous recommande de voir l’Abbaye cistercienne de Cârţa, unique en Roumanie, une construction d’art roman et gothique fondée par les moines bourguignons et érigée d’abord en bois, vers 1202-1209, et ensuite en pierre, par des tailleurs de pierre français. Sa première attestation documentaire remonte à 1225. Les moines avaient un style de vie ascétique et leur activité était vouée à l’intérêt de la communauté. On y voit des chapiteaux, des clés de voûte, des fenêtres ainsi que le portail ouest, du XVe siècle. Vous verrez aussi l’église évangélique du XIIIe s. Cette abbaye a eu un rôle majeur dans l’histoire politique, économique et culturelle de la Transylvanie.



    Ne passez pas à côté de la citadelle de Făgăraş, dans la ville homonyme. Même si l’extérieur est en rénovation pour lui rendre l’aspect d’il y a 200 ans, présenté dans les gravures d’époque, l’intérieur est visitable. Forte d’une histoire de 600 ans, elle a conquis les tenanciers du site de voyages Hopper qui l’ont déclarée le deuxième plus beau château du monde voici quelques années — article présenté par le Huffington Post. Faire quelques pas dans l’ancien centre-ville de Sibiu est aussi un must ; laissez-vous envoûter.



    En quête de beauté, nous avons emprunté la Transalpina, la route la plus haute de Roumanie, qui traverse les Monts Parâng du nord au sud, et qui culmine à 2 145 m. Une route construite d’abord par les Romains, semble-t-il. En tout cas, les bergers des alentours de Sibiu l’empruntaient avec leurs moutons pour se rendre en Valachie. Modernisée à compter de 2009, elle est spectaculaire aujourd’hui. La beauté des paysages est à couper le souffle. 138 km parfois à travers des forêts et parfois même à travers les nuages, avec des lacs, et des paysages bucoliques. Une fois arrivés à Horezu, vous pouvez visiter le monastère de Hurezi du XVIe s., figurant au patrimoine mondial de l’humanité, et aussi les ateliers des potiers. Nous avons terminé le tour par les Cule, ces maisons fortifiées de Măldăreşti, au département de Vâlcea (sud).



    Chers amis, pour ceux qui seraient intéressés, je peux révéler les noms des hôtels et des gîtes que j’ai choisis, et qui se sont avérés excellents. Voilà, j’ai été un peu longue, mais j’espère que mon récit vous donne des idées de vacances en Roumanie.

  • Viscri

    Viscri

    Fouler la terre de cet endroit du département de Brasov, un endroit devenu mythique grâce à cette réputation récemment gagnée, offre au visiteur la chance d’un retour aux sources. Village aux maisons anciennes, souvent centenaires, peintes aux couleurs claires, avec leurs volets en bois, village traversé par des charrettes tirées par des chevaux le long des routes poussiéreuses, Viscri est résolument décidé à conserver le rythme de l’ancien temps et, avec, un certain savoir-vivre. Mihai Grigore, établi à Viscri voici dix ans, a ouvert une maison d’hôtes, et il est devenu depuis un fervent promoteur de la région :



    « Viscri est un village saxon de Transylvanie dans ce qu’il a de plus typique. De par cela, il ressemble à beaucoup d’autres villages transylvains. Ce qui le distingue néanmoins, c’est le haut degré de conservation de l’habitat. L’ensemble du village de Viscri est ainsi inscrit au patrimoine de l’UNESCO, car vous ne trouverez pas des maisons aux structures ou aux façades modifiées. Pour rénover sa maison l’on fait sans exception appel aux matériaux traditionnels et ce souci de conservation du patrimoine fait que Viscri garde la même allure qu’il y a cent ans. Les visiteurs étrangers notamment, sont forcément éblouis par cet état de conservation, par l’unité de son style architectural. Nous avons l’une des plus belles et des plus anciennes églises fortifiées de Transylvanie, entourée par un mur d’enceinte impressionnant et classée monument historique ».



    L’église a en effet été fortifiée autour de l’an 1500. Le mur d’enceinte, qui s’élève à plus de 7 mètres, a été érigé au début du 16e siècle. Au 17e siècle des maisons s’érigent en contrefort, et le mur d’enceinte se dote de tours de défense conservées jusqu’à nos jours, et d’un chemin de ronde. Les longues périodes pacifiques d’après 1743 ont fait que le chemin de ronde a été démoli, sa place étant reprise par des entrepôts destinés à entreposer les céréales des villageois. L’intérieur de l’église garde encore son plafond d’origine de 1743, et son mobilier austère. Mais Viscri n’est pas seulement un musée en plein air, une enfilade de maisons saxonnes bien conservées avec, en point d’orgue, son église fortifiée, il est aussi le berceau d’une cuisine locale typique et savoureuse. Mihai Grigore :



    « Viscri est, en effet, un village saxon typique, avec sa tradition architecturale et religieuse. Mais aux côtés des Saxons qui l’avaient fondé, d’autres communautés y ont vécu et ont laissé leur trace. Il s’agit des Roms, des Roumains, des Magyars. Et sachez qu’à Viscri l’on mange bien, très bien même. L’on utilise des produits locaux, et la plupart des maisons d’hôtes ont leur propre potager bio. Qui plus est, en règle générale, la plupart des activités proposées aux touristes prennent place à l’extérieur, dans la nature. Cela est d’autant plus important cette année, vu les restrictions imposées par la pandémie avec le nouveau coronavirus. Ainsi, nous arrivons à assurer notre protection et celle de nos touristes, sans pour autant faire de rabais pour ce qui est de la variété des activités proposées. Le festival de musique de chambre, intitulé Sonoro Musikland, qui a lieu chaque année à Viscri, vient juste de s’achever. Les concerts ont certes abandonné l’intérieur des églises fortifiées, où ils étaient habituellement accueillis, au profit de la cour des mêmes églises. Et, en dépit du grand nombre d’amateurs de musique, la sécurité sanitaire a ainsi pu être assurée sans problèmes. En revanche, d’autres événements déroulés à grand renfort de public, tels ceux qui avaient lieu au long des pistes de VTT, ont été annulés cette année. Ces événements risquaient d’amener plus de mille participants d’un coup, et cela aurait représenté un risque dans le contexte actuel. Il s’agit néanmoins d’activités qui peuvent s’organiser de manière individuelle. Un tel trajet destiné aux VTT s’étend ainsi sur plus de cent kilomètres, et parcourt l’ensemble des villages saxons de Transylvanie. Il s’agit d’un trajet merveilleux, mais qui peut être parcouru de façon individuelle, pas besoin d’organiser des événements spécifiques pour ce faire. En conclusion, nous avons maintenu une partie des événements habituels, et d’autres ont été ajournés pour l’année prochaine ».



    Et les touristes semblent être au rendez-vous. Mihai Grigore précise :



    « Certains sont devenus des habitués, ils reviennent ainsi chaque année. Des Norvégiens, par exemple. D’autres groupes de touristes passionnés par l’ornithologie viennent tous les ans pour suivre la vie des oiseaux. Les Britanniques, eux, s’avèrent être des passionnés du VTT. Les Allemands, forcément, ils viennent retrouver parfois leurs origines saxonnes, cet héritage culturel qui est le leur. Les Français, c’est surtout des voyages en famille. Car Viscri constitue en effet une destination idéale pour les familles avec des enfants et des ados. C’est un espace de liberté, dont ils en profitent à loisir, une liberté qui se fait rare ailleurs. Enfin, notez que certains grands animaux peuvent être rencontrés en liberté dans cette région, dont des cerfs, par exemple, et les ados sont enchantés. Nous avons des touristes de toute l’Europe. »



    Quel que soit votre profil et vos envies de découverte, prenez votre temps pour vivre au rythme de ce village ancestral, blotti à l’ombre de son église fortifiée. Le temps de légende n’est jamais loin du village de Viscri.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La citadelle de Cisnădioara

    La citadelle de Cisnădioara

    C’est au début du XIIe siècle qu’une basilique romane fut bâtie au sommet d’une colline, à 12 Km de la ville de Sibiu. L’église saxonne de Cisnădioara, de rites évangéliste et luthérien, est composée de trois vaisseaux et entourée d’un mur d’enceinte, érigé le long du sommet de la colline dont le nom roumain reprend l’appellatif allemand – Michelsberg, c’est-à-dire la Colline de Mihai. Le monument se distingue des autres églises similaires de Transylvanie par son excellent état de conservation.

    Cela, en dépit des époques troubles que l’église a dû traverser au fil des siècles, comme nous le raconte notre guide d’aujourd’hui et conservatrice du monument, Carmen Kelber : « L’église fortifiée ou la citadelle de Cisnădioara est la plus ancienne église romane érigée en Transylvanie. Construite en 1180, elle ne put compter sur ses murs d’enceinte qu’à partir de 1241, juste avant l’invasion mongole. Pendant 300 ans, elle abrita des moines cisterciens, car, en 1223, l’église a été rattachée à l’abbaye cistercienne de Cârţa. A travers les siècles, elle a rempli des fonctions diverses. Eglise au départ, citadelle abritant des unités d’archers par la suite, arsenal, voire même prison pour une brève période. De nos jours, elle est ouverte aux visiteurs. On y célèbre encore la messe trois à quatre fois par an. »

    C’est au XVIIe siècle que l’église fortifiée de Cisnădioara se fait assiéger par les armées ottomanes. Carmen Kelber rappelle l’épisode : « Les Turcs avaient pour habitude de mettre à sac et puis de mettre le feu aux places fortes qu’ils occupaient. Cisnădioara n’a pas dérogé à la règle. Après l’incendie et pour cent ans, l’église demeura sans toiture. Ce n’est qu’en 1787 que la toiture fut reconstruite, tout en gardant son apparence d’origine. Sur les murs, vous pouvez remarquer ces petits rochers, aiguisés à l’origine, mais ayant subi l’érosion du temps, qui servaient à l’époque à la défense de la cité. On les poussait depuis le sommet de la colline, pour écraser les téméraires qui s’aventuraient à l’attaquer. Puisqu’il n’y avait pas d’arbres autour, les rochers pouvaient rouler tranquillement jusqu’en bas de la colline, et faire pas mal de dégâts. Après la fondation du village de Cisnădioara, les jeunes hommes mariés, pour montrer leur force, se devaient de faire monter un de ces menhirs au sommet. Et puis, si, de nos jours, l’on a des marches, dans le temps c’était une autre paire de manches. »

    Donc, si vous allez tenter l’ascension, vous voilà avertis. Néanmoins, la route escarpée vous laissera le loisir de vous arrêter pour souffler, mais aussi d’admirer et d’immortaliser cet endroit magnifique, assure Carmen Kelber : «Comptez 10 minutes pour monter les 145 marches, irrégulières certes, et pour franchir les 160 mètres à parcourir. Ce n’est pas de tout repos, mais l’effort consenti vaut la peine. Une fois arrivé en haut, vous n’allez pas le regretter. La vue est imprenable. Vous voyez la rivière, le village, les collines avoisinantes, la nature magnifique et sauvage qui nous entoure.»

    Les touristes étrangers, aussi sceptiques qu’ils soient au départ, repartent émerveillés, raconte Carmen Kelber, conservatrice de l’église fortifiée de Cisnădioara. Certains y débarquent au hasard de leurs promenades à travers la Transylvanie ou à l’occasion du Festival international de théâtre, organisé chaque année en haut de la colline. Quant à Carmen Kelber, vous allez la retrouver assise sur un banc, jamais loin de l’église qu’elle chérit autant, et toujours prête à vous conter une kyrielle d’histoires, plus savoureuses les unes que les autres. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Prejmer

    Prejmer

    Dans les minutes suivantes, nous vous invitons à un voyage à Prejmer, localité située au centre de la Roumanie, à une quinzaine de km de Braşov. Hormis le charme champêtre, la commune doit son renom à l’église fortifiée datant du XIIIe siècle. C’est le plus grand et le plus majestueux édifice de ce type du Sud-Est de l’Europe, qui détient 3 étoiles Michelin. On ne saurait oublier l’orgue de l’église de Prejmer, un des plus connus de Transylvanie, ainsi que l’autel, qui compte parmi les plus anciens de la contrée. Appelé «l’orgue de la mort», cet instrument musical date de 1803. Autrefois, son rôle était de semer la panique au sein des attaquants par les sons qu’il émettait. Nombre d’activités de la commune sont liées à ce véritable monument, qui figure d’ailleurs dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. En été notamment, l’église accueille, chaque dimanche, des concerts de musique classique ou d’orgue. Le nom de la localité revêtait des significations différentes selon l’origine ethnique des habitants de la cité médiévale. La plus connue des appellations est celle de Preajmir, ce qui veut dire le village aux mille sources.

    C’est la présence de ces sources qui a favorisé l’essor de l’élevage des truites, explique Mihaela Sima, qui travaille à la mairie de Prejmer : « La localité de Prejmer est un véritable repère pour le comté de Braşov. L’infrastructure y est pour beaucoup, car nous disposons de deux routes qui nous relient au chef – lieu de Brasov. Une fois arrivés à Prejmer, les visiteurs pourront admirer un patrimoine historique à part. Et là je me réfère tout d’abord à l’église fortifiée, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. La construction de cette principale attraction touristique de notre localité et que nous devons aux chevaliers teutons, a commencé en 1211. Un autre site touristique incontournable est l’église orthodoxe « Les Saints Apôtres Pierre et Paul », classée monument historique. »

    La cuisine du terroir est un autre point fort de la localité de Prejmer, dont les habitants continuent soigneusement de préserver les anciennes recettes, précise encore Mihaela Sima, qui poursuit : « Grâce aux facteurs naturels de la contrée, notre localité est propice à la détente. L’air y est très pur et les eaux sont limpides. A preuve, la présence des grues, dont on dit qu’elles recherchent l’air très pur. Quant à la gastronomie, elle est un heureux mariage entre la cuisine traditionnelle roumaine et celle saxonne. Nos pensions touristiques vous feront sans doute découvrir nos plats spécifiques, dont les fameuses crêpes farcies à la viande, au fromage ou à la confiture ».

    Aujourd’hui comme hier, le calme règne dans les rues de la commune de Prejmer et les gîtes ruraux attirent leurs visiteurs avec des offres alléchantes. Dans une pension trois étoiles, les tarifs varient de 70 à 150 lei par personne, en chambre double, pour une nuitée, petit déjeuner compris. En plus, vous pouvez faire des randonnées dans la forêt de Prejmer, une réserve naturelle qui s’étale sur 300 hectares. Autant d’atouts qui recommandent la petite localité de Prejmer comme la destination idéale pour un séjour inoubliable, dans une ambiance médiévale et bohème à la fois. (Trad. Mariana Tudose)

  • L’église fortifiée de Cisnadie

    L’église fortifiée de Cisnadie

    La saison prête au voyage, c’est pourquoi je voudrais vous emmener dans
    un lieu de prédilection, la Transylvanie, pour y visiter un chef d’œuvre de
    l’art religieux : l’église fortifiée de Cisnădie, au comté de Sibiu. Je l’ai découverte moi-même cette année ce lieu
    de culte est surprenant ; c’est pourquoi voudrais en parler au plus grand
    nombre.

  • Repos et cure à Ocna Sibiului

    Repos et cure à Ocna Sibiului

    Notre destination d’aujourd’hui est la ville d’eaux d’Ocna Sibiului, au comté de Sibiu, dans le centre du pays. Elle est renommée surtout grâce à la quinzaine de lacs salés de la contrée qui ont tous des proprietés curatives. Nous allons franchir le seuil du complexe balnéaire, qui fonctionne du matin et jusqu’à tard dans la soirée pour y découvrir les traitements et les cures qu’il propose. N’oublions non plus de visiter une église fortifiée moyenâgeuse où l’on peut toujours admirer des fresques datant du début du 16e siècle.

    Mariana Nicoleta Varodi est médecin spécialisé en récupération, médecine physique et balnéaire, dans le cadre du complexe de cure d’Ocna Sibiului, qui se trouve au cœur de la ville d’eaux, à seulement 17 km de Sibiu. On peut y trouver trois lacs appelés Horia, Closca et Crisan, connus en Roumanie et à l’étranger et utilisés à des fins thérapeutiques depuis l’année 1846. Tout comme les lacs de Sovata et d’Ocnele Mari, ces lacs sont connus à travers l’Europe grâce notamment au phénomène d’héliothermie – à savoir le réchauffement de l’eau par l’action du soleil jusqu’à 22 – 24 degrés en superficie et jusqu’à 40 – 45 degrés à des profondeurs de plus de deux mètres, affirme Varodi Mariana Nicoleta. Varodi Mariana Nicoleta: « On peut y trouver les plus importantes concentrations d’eaux chlorurés sodiques et de boue fortement minéralisée, un climat sédatif, protégé par la forêt et les collines de la région. Il existe également des facteurs naturels très bénéfiques à la régénération physique et psychique. Le complexe dispose d’une base de traitement où les patients venus de Roumanie et de l’étranger – Allemagne, Italie, Espagne et même d’Egypte, peuvent bénéficier le long de l’année de cures prophylactiques et de récupération visant de nombreuses maladies de l’appareil locomoteur, les arthroses, les affections post-traumatiques – séquelles post-fractures, entorses et luxations. Nous traitons également des affections neurologiques périphériques, telles les parésies, des maladies dermatologiques comme le psoriasis et les allergies, des maladies respiratoires : rhinites, bronchites, sinusites, asthme bronchique, ou encore des affections gynécologiques. Les eaux salés concentrées sont utilisées dans des procédures d’hydrokinésithérapie, puisqu’elles sont chauffées jusqu’à 32 – 34 degrés dans la piscine intérieure. Nous utilisons également la boue sapropélique riche en vitamines, substances émollientes et bio-stimulatrices. Nous utilisons également l’eau de la source minérale Horia sous forme d’aérosols. Tous ces éléments s’associent à des procédures d’électrothérapie, au massage, à la sauna sèche et humide et au jacuzzi, pour donner des résultats excellents. Nos patients reviennent chaque année pour les traitements que nous proposons affirmant que les eaux et la boue d’Ocna Sibiului sont vraiment miraculeuses. »

    En effet, les cures peuvent se faire tout au long de l’année à l’intérieur des facilités de traitement, mais en été les touristes peuvent aussi profiter des bains de soleil, du lac naturel et des cures à base de boue froide.

    C’est pour ces raisons que la plupart des visiteurs préfèrent s’y rendre en été, affirme Mariana Nicoleta Varodi, qui détaille aussi leurs impressions sur le séjour au complexe balnéaire: Interrogés sur leurs impressions de séjour, ils se sont déclarés très contents, mais le plus important c’est de les voir revenir dans notre complexe balnéaire, malgré l’offre fort variée en la matière aussi bien dans leurs pays d’origine qu’ailleurs en Roumanie. Ils sont revenus dans la station balnéaire d’Ocna Sibiului justement parce qu’ils s’y sont très bien sentis. En plus, ils trouvent que les eaux et la boue sapropélique de la station sont vraiment uniques par leurs vertus curatives. Dans la belle saison, lorsque la demande est considérable, il est conseillé de réserver au préalable. A mon avis, le complexe balnéaire d’Ocna Sibiului est la destination idéale pour ceux qui souhaitent joindre l’utile à l’agréable, soit la cure à la détente. Nous les attendons nombreux à n’importe quelle saison de l’année.

    Une fois arrivés à Ocna Sibiului, ne manquez pas de visiter l’église fortifiée. Le prêtre de la paroisse, Csiki-Makszem Lorand, nous a parlé de l’histoire tumultueuse de ce lieu de culte: L’église réformée d’Ocna Sibiului est une église fortifiée de style romain, à trois nerfs. Entamée en 1240, sa construction allait être interrompue pendant l’invasion des Tartares en Transylvanie. Les travaux se sont donc achevés à peine 40 ans plus tard. Le mur d’enceinte a été érigé au début des années 1300 pour protéger l’église contre la deuxième vague de Tartares. L’élément le plus ancien et le plus précieux de cette église fortifiée est le bas-relief datant du début du 13e siècle, qui surplombe l’entrée principale, sur la façade méridionale. En 1910, on a également découvert plusieurs fresques. La plus importante d’entre elles, qui se trouve sur le flanc septentrional de la nef centrale, a été réalisée en 1522, par Vincentius, peintre originaire de Sibiu. Elle illustre les derniers jours de Jésus. Romano-catholique au début, l’église allait devenir réformée en 1596, lorsque la communauté magyare s’est convertie à cette religion. C’est dans cette même église que, plusieurs siècles durant, ont été célébrés les offices divins pour les Saxons évangéliques.

    Dans la partie sud de l’église fortifiée, un petit musée attend ses visiteurs, précise le prêtre Csiki-Makszem Lorand: Le plus ancien des objets exposés est le trône du prélat, daté de 1515. Il y a aussi des calices, des plateaux, des fonts baptismaux, datant des XVIIe et XVIIIe siècles. L’église est visitable tous les jours. Une affiche collée sur la porte sud indique le numéro de téléphone de la paroisse. Les touristes bénéficient d’une visite guidée en plusieurs langues, ainsi que de dépliants en roumain, hongrois, anglais et allemand. Chaque année, nous recevons la visite de touristes venus de tous les coins de la Roumanie, mais aussi d’autres pays d’Europe, tels l’Allemagne, la Slovénie, la Hongrie, le Royaume-uni et la France. Les touristes de passage à Sibiu et dans ses environs ne sauraient manquer de faire escale à Ocna Sibiulu, pour profiter de quelques moments de détente au bord des lacs salés, mais aussi pour découvrir l’histoire de la cité. Vous serez accueillis à bras ouverts dans notre église, ce lieu de culte unique dans la contrée de Sibiu. (trad. Alex Diaconescu, Mariana Tudose)

  • La citadelle de Prejmer

    La citadelle de Prejmer

    Le village de Prejmer a été habité plusieurs siècles durant par des Sicules, qui y ont construit une église fortifiée, pour repousser les invasions turques et tartares. Il convient de noter que tout au long du Moyen Age la localité a été brûlée et pillée une cinquantaine de fois.



    Adriana Stroe, historienne de l’art à l’Institut National du patrimoine, nous présente en bref l’historique de Prejmer : « La légende veut que la localité ait été fondée par l’Ordre des chevaliers teutoniques amenés par la Cour de Hongrie en 1211 pour organiser la défense du Pays de Bârsa. Sa première attestation documentaire remonte à 1240. C’est à cette date que le roi Béla IV de Hongrie fait don des localités de Prejmer, Feldioara, Sânpetru et Hărman à l’Ordre des moines cisterciens de Cârţa. Prejmer va appartenir à cet ordre religieux jusqu’au début du XVe siècle. En 1454, Prejmer se voit accorder le droit d’accueillir une foire annuelle. Ce droit n’était octroyé qu’aux localités ayant atteint un certain essor économique. Prejmer remplissait déjà ce critère, étant, après les cités de Braşov et de Codlea, une des plus grandes localités du Pays de Bârsa. Le village recensait 210 habitations en 1510 et 233 en 1556. Vers 1584, quand il allait obtenir le droit de tenir une foire hebdomadaire, Prejmer totalisait 328 maisons en pierre et 210 autres en bois ».



    De nos jours, l’église fortifiée de Prejmer est en très bon état de conservation, affirme Adriana Stroe : « Ce qui caractérise cet ensemble, c’est le fait qu’à la différence d’autres églises fortifiées, ici les installations défensives sont placées uniquement à l’intérieur. Autrement dit, l’église n’est pas fortifiée à l’extérieur aussi. Construite en style gothique précoce par les moines de l’abbaye cistercienne de Cârţa, elle est unique par son plan initial en croix grecque (chacun des bras égaux de la croix était disposé autour dun carré surmonté par une tour octogonale). Devenue propriété du village, l’église subit les modifications les plus importantes au premier quart du XVIe siècle. Le plan de construction en croix grecque est remplacé par celui en croix latine. Le bras oriental de cette croix, plus précisément le chœur, abrite un des autels polyptyques les plus anciens du pays, datant du milieu du XVe siècle. En 1427, sur ordre royal, l’église fut entourée de murailles d’enceinte presque circulaires, prévues au sud d’une tour d’entrée et flanquées de quatre tours semi-circulaires orientées vers le sud-est, le nord-est, le sud-ouest et le nord-ouest. L’accès dans la forteresse entourée de douves se faisait par un pont-levis. A l’intérieur, on a commencé à bâtir des espace à plusieurs niveaux pour y garder les blés et les biens de valeur de chaque famille et servir de refuge aux villageois en cas de siège ».



    Face aux assauts des envahisseurs, la population se réfugiait dans la citadelle. Les vivres ici stockés suffisaient à en assurer la survie assez longtemps. Hormis les pièces abritant les provisions et celles qui servaient de dortoir, la citadelle avaient aussi des fontaines, un moulin à cheval, un four à pain et même une école. Tout était donc prévu dans les moindres détails. Voilà pourquoi la citadelle de Prejmer passait pour la plus puissante des fortifications saxonnes de Transylvanie. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, les forteresses ont sans cesse été renforcées. Tel n’a plus été le cas après, car les sièges s’étant faits de plus en plus rares, les espaces servant de refuge ont peu à peu perdu de leur importance et fini par remplir d’autres fonctions. Entre 1963 et 1970, d’amples travaux de restauration ont fait de l’ensemble architectural de Prejmer une des églises fortifiées les mieux conservées de Transylvanie. (trad. Mariana Tudose)