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  • Fascism in Romania in the troubled 1930s

    Fascism in Romania in the troubled 1930s




    Fascism and communism are the two forms of totalitarianism that manifested,
    fully-fledged, in the 20th century. This was the century when
    liberal democracy had been going through the most serious of crises. Totalitarianism
    succeeded in persuading a great many people that it was a better solution to the flaws of democracy.




    In Romania, totalitarianism vigorously took hold of people’s minds. Fascism
    manipulated ideas and especially feelings, churlishly simplifying them and
    turning them into killing tools. The Legionnaire Movement and its party, The
    Iron Guard, were the most radical fascist means of expression for the far-right
    totalitarian thought. But before we got them the way they were known, their
    foundation was laid by the Blood Brotherhoods, the organization that initiated those
    who shared the fascist ideas. Coming into being in 1923, as organizations of
    the nationalist youth, at the initiative of Corneliu Zelea Codreanu, the future
    leader of the Iron Guard, the Blood Brotherhoods draw and trained new staunch
    members.


    Radio Romania’s Oral History Center in the past decades has recorded
    interviews with former members of the Blood Brotherhoods. In 1997, Alexandru
    Bancescu of Câmpulung Moldovenesc recalled how a session unfolded, of
    the Blood Brotherhoods, in his native town.


    The shared legionnaire orientation
    made us all brothers. There were moments of prayer, there was, in the parlance of
    the Blood Brotherhoods, a moment of friendship, by means of which we provided
    our education. We were honest in speaking about our shortcomings, every one of
    us took their own correction measures, we tried to correct each other and we punished
    ourselves at a time when that was needed to correct our imperfections and turn
    a human being into a personality. We did physical exercises to strengthen our
    bodies, we set up camp nights with the Blood Brotherhoods, towards Rarau at the
    Devil’s Mill or somewhere else, where very many people had come, from all over
    Moldavia. We used to meet there, we used to sing, telling stories about our
    people, our country, our history.


    In 1999, Mircea Dumitrescu of Bucharest span the yarn of how he joined
    the Blood Brotherhoods when he was 13.

    I approached them through reading and discussions with
    my classmates. What had I read? For the Legionnaires, a book written by Corneliu
    Codreanu, I had read The Blood Brotherhood, written by Gheorghe Istrate,
    the organizer of the Blood Brotherhoods, A Generation’s Creed, by Ion
    Mota, From the Legionnaire World, other legionnaire books. Where would I find
    them? There was a group in Buftea who did that. One of them was shot in 39′ by
    Carol II’s police. I knew him, I knew his father. The others were doctors in
    economy, the Stan brothers. I would talk to them through my father and my
    father’s friends.


    What was
    expected from the young members? The behavior of a new type of man, a man of
    the future, as Dumitrescu said:


    What were we supposed to become? First of all, we were told we were not Christian
    enough. Every day, the 40th share of our time, that is 36 minutes, had to be
    devoted to our relationship with Christ. That meant reading from the New Testament,
    mentally checking everything we had done during the day, to see if we’d
    committed any sin. After that, we would be told that there could be no
    relationship with God without a relationship with the person next to us. Also,
    the 40th share of our spending had to be set aside, to help those in need. That
    means that if, for instance, I ate an ice-cream costing 40 lei, 1 leu had to be
    saved for those who may have needed that money. We were also checked. We had a
    little notebook, titled my notebook, where we were supposed to record
    everything, about spending our time and our money.


    The
    strongly Christian education attracted not only those interested in acquiring a
    new ethic identity, but it also translated into a selection that would give
    birth to an elite. In 1994, priest Ilie Tinta described the selection of the
    members of the Blood Brotherhoods.


    Usually, we would select students that had good grades and an exemplary
    behavior. We never took students who couldn’t pass their exams. The
    persecutions of 1938-1939 left us a bit short of members, as the Security were
    chasing us, but we managed to get through. In 1940, when the Movement was
    rendered legal for a while, during the ministry of Antonescu, I was the head of
    the Blood Brotherhoods at the Nifon Seminary in Bucharest .


    But time
    does not carve ideas in stone, it changes everything. After the end of the
    fascist period, in 1945, the other face of totalitarianism, communism, emerged
    in central and eastern Europe. And some of the members of the Blood Brotherhoods,
    those who managed to stay out of prison, would give birth to part of the
    anti-Communist resistance movement. (EN, MI)







  • Evolution au 19e siècle : une question de générations ?

    Evolution au 19e siècle : une question de générations ?

    Chez les Roumains, le concept de modernisation fait progressivement son apparition dès 1770, et lon peut le percevoir dans les mémoires que les boyards roumains adressaient aux empires dAutriche et de Russie. En 1821, à la suite de la révolution dirigée par Tudor Vladimirescu, lEmpire ottoman sétait vu contraint dabandonner sa pratique de racoler les futurs dirigeants des Principautés roumaines parmi les aristocrates grecs du quartier de Fanar de Constantinople, à la faveur de grandes familles autochtones. Ce fut là la première victoire de lidée nationale. Dautres, plus éclatantes encore, ne tarderont pas à suivre sous peu.



    Dans la première moitié du 19e siècle, avant lunion de la Moldavie et de la Valachie dans un même Etat – la Roumanie -, lon voit lidée nationale percer, petit à petit, pour gagner les consciences de deux générations successives de lélite roumaine de la première moitié du 19e siècle. La génération des boyards des années 1820 dabord, celle qui ouvre la porte des réformes nationales, et ensuite la génération de la révolution de 1848. Formée dans le respect de la culture orientale, inspirée par le mode de fonctionnement ottoman, la génération de 1820 prenait contact, la première, avec les réformes mises en place par lOccident de lépoque, grâce aux voyageurs et aux informations qui commençaient à pénétrer dans les pays roumains. La génération suivante, celle des années 1840, formée pour la plupart des fils de grandes familles de boyards, envoyés suivre leurs études surtout en France, en Allemagne et en Italie, était, elle, en contact direct avec les réalités et la modernité occidentales. Une fois rentrés, les jeunes « bonjouristes », comme ils se faisaient ironiser par les anciens, étaient décidés à transformer les Principautés roumaines de fond en comble.



    Les historiens qui se sont penchés sur le 19e siècle roumain croient voir les racines des transformations profondes subies par la société roumaine de lépoque dans la rupture consommée entre les générations délites roumaines des années 20 et 40 du 19e siècle. Lhistorien Alin Ciupală, de lUniversité de Bucarest, pense que la révolution de 1821, menée par Tudor Vladimirescu, et le changement du système daccession au trône des pays roumains qui sensuit marquent lavènement de la nouvelle Roumanie. Alin Ciupală :



    « En 1822, lorsque les trônes de Moldavie et de Valachie reviennent dans le giron de grandes familles locales, laristocratie roumaine est loin dêtre unie, tiraillée quelle était entre plusieurs factions. Lon voit, dune part, les grands boyards demeurés fidèles à la Russie et à sa politique dans les Balkans. Une autre faction de la grande aristocratie demeure fidèle à la Sublime Porte et à ses intérêts dans la région. Ensuite, surtout après 1840, lon constate lapparition dune nouvelle génération de boyards, très souvent jeunes, éduqués en Occident, et attachés à développer un nouveau projet politique, qui sera mis en œuvre lors de la révolution de 1848 dabord, puis lors de lUnion des Principautés roumaines et de la modernisation du nouvel Etat roumain, et de la société roumaine dans son ensemble ».



    La liberté dexpression et la suppression de la censure a été le combat commun de ces deux générations de lélite roumaine qui se sont succédées dans la première moitié du 19e siècle. Cela na cependant pas eu le don deffacer leurs différences. Des différences encore plus marquées quant à la position des femmes et des hommes face à la modernité. En effet, les premières savéreront encore plus emballées par le changement de cap vers lOuest que leurs collègues de génération masculins. Alin Ciupală :



    « Dans cette époque de 1848, lon remarque deux types de césures. Regardez les familles, pour constater combien lépoux demeure en général attaché au modèle culturel oriental, alors que la femme embrasse plus volontiers les mœurs, la mode et le mode de vie occidental. Une deuxième rupture, cest celle qui se fait jour entre les générations, et qui devient apparente en 1848, entre la génération des enfants et celle de leurs parents. En effet, les jeunes aristocrates des années 1840, éduqués dans les universités françaises et allemandes, rentrent au pays bien décidés de changer lordre établi. »



    Un domaine que daucuns hésitent à prendre au sérieux, le domaine du frivole par excellence – celui de la mode – rend compte au mieux de lamplitude de ces deux types de ruptures. Aux habits, chaussures et bijoux sajoutent les goûts en matières littéraire et musicale, les jeux à la mode. Tout cela contribue de manière essentielle au changement des mentalités des Roumains. Les sources iconographiques rendent compte le mieux de lévolution des mentalités. Dans les tableaux de lépoque, qui représentent certains boyards avec leurs épouses, lon voit deux mondes qui sopposent. Les hommes sont parés à la mode orientale, alors que leurs femmes brillent de mille feux, habillées suivant la dernière mode parisienne. Alin Ciupală prend pour exemple un monument public, le groupe statuaire de la famille de boyards Golescu, situé à Bucarest, près de la Gare du Nord :



    « Ce groupe statuaire de la famille Golescu reflète à merveille lévolution des mœurs. Lon voit le père, Dinicu Golescu, debout, au milieu, habillé à la mode orientale, mode qui a été introduite dans les Principautés roumaines par les premiers princes fanariotes, au début du 18e siècle. La statue du père est entourée par les bustes de ses fils, qui sont des membres marquants de la révolution de 1848. Et tous les quatre sont habillés à loccidentale, à l« allemande » pour reprendre lappellation utilisée à lépoque. Et ce monument offre à merveille limage de la rupture consommée entre ces deux générations de lélite roumaine, mais également de la transformation de mœurs que connaît la société roumaine de la première moitié du 19e siècle. »



    La Roumanie moderne voyait le jour voici 160 ans. Elle était en bonne partie le résultat de lévolution, en termes de mœurs et de valeurs, quavait opéré lélite roumaine, en lespace de deux générations. Pourtant, les deux générations de boyards furent gagnées dans la même mesure par le sentiment patriotique et le désir de bâtir une Roumanie moderne, forte et unifiée.


    (Trad. Ionut Jugureanu)