Tag: ESPACE

  • La mésange à longue queue

    La mésange à longue queue

    La
    mésange à longue queue
    (Aegithalos caudatus) a été intronisée
    l’oiseau de l’année 2022 en Roumanie, à la suite de la décision prise par les ornithologues
    amateurs roumains lors de l’enquête déroulée à cette fin en début de l’année
    par la Société roumaine d’ornithologie. Cette dernière avait mis en compétition
    auprès de ses membres trois espèces d’oiseaux : la mésange à longue queue
    (Aegithalos caudatus), la grive musicienne (Turdus philomelos) et la pic verte
    (Picus viridis). À la suite du vote, la mésange à longue queue se détache, et
    rafle la mise.


    La dénomination
    scientifique de l’espèce vient de loin, du grec ancien. Aristote décrivait déjà
    dans son ouvrage « Histoire des animaux » plusieurs oiseaux sous le
    terme Aegithalos, qui se traduit probablement par « petit oiseau »,
    peut-être même par « mésange ». Caudatus, mot d’origine latine, est plus
    précis, signifiant littéralement « à longue queue ».


    Il s’agit en effet
    d’un petit oiseau chanteur, facilement reconnaissable à sa très longue queue, eu
    égard son corps petit et relativement rondelet. L’adulte mesurede 13 à
    14,5 cm, dont 8 à 9 cm la queue seule. Quant à son poids, il ne dépasse pas 10 grammes.
    Son plumage est noir sur la face dorsale et blanc sur la face ventrale, avec
    des nuances grises, parfois roses. Ses pattes sont noires, et le bec petit et
    noir.


    La répartition de
    l’espèce recouvre la majeure partie de l’Europe, du Proche-Orient et une bonne
    partie de l’Asie, dont le Japon. La population mondiale est estimée entre 40 et
    75 millions d’exemplaires, l’Europe seule abritant de 8 à 15 millions d’exemplaires.
    En Roumanie, où l’espèce est répandue dans quasi tout le pays, la population
    est estimée compter entre 300 et 500.000 couples reproducteurs. La mésange à
    longue queue adore toutefois vivre les régions isolées, laissées en friche, par
    exemple au milieu de l’habitat forestier, qui compte de nombreux arbustes. Sa présence
    est rarement remarquée dans les parcs ou les jardins, publics ou privés. Espèce
    insectivore,la mésange à longue queue trouve ses sources de nourriture dans les
    buissons et à même le sol. Durant l’automne et l’hiver il se nourrit de fruits,
    et s’il en trouve, aussi de graines et de bourgeons. Aussi, souvent, durant la
    saison froide, les amoureux de l’espèce déposent des morceaux de pommes et de
    noixdans
    les mangeoires installées à bon escient, ce qui peut constituer une source
    importante de nourriture, notamment durant les rudeshivers.


    Les individus
    vivent en bandes familiales ou en petits groupes d’une dizaine à une trentaine
    d’oiseaux, volant d’un arbre à l’autre. Le nid, de forme ovale, fait de mousse,
    et tapissé à l’extérieur de lichens servant de camouflage, accueille une à deux
    couvées par an, de 6 à 12 œufs blancs, la première entre mi-avril et mi-mai, la
    seconde en juin. Les œufs sont éclos uniquement par la femelle, mais les
    poussins sont nourris par les deux parents, qui se font parfois aider par les
    enfants des années précédentes, ainsi que par des proches parents appartenant au
    même groupe. Cette aide du groupe augmente considérablement les chances de
    survie des poussins, censés quitter le nid au bout de deux semaines. L’union
    fait la force n’est pas seulement la devise nationale de la Belgique, paraît-il,
    mais aussi de la mésange à longue queue. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Le projet Artémis

    Le projet Artémis

    Mis
    en œuvre par la NASA, avec le soutien de l’Agence spatiale européenne, le programme Artémis s’évertue à marquer le retour des
    êtres humains sur la Lune. L’équipe comprendra, pour la première fois, aussi
    une femme. La troisième mission Artémis vise ainsi à lancer des astronautes
    vers le satellite naturel de la Terre en 2025. Ce sera ainsi le premier
    équipage censé réussir l’alunissage après une interruption de 50 ans depuis l’arrêt
    de la mission Apollo.






    Dans
    le cadre de cette collaboration, le module de service, fourni par l’Agence
    spatiale européenne, transportera de l’air, de l’azote et de l’eau pour
    l’équipage, ainsi que des systèmes d’alimentation et de propulsion pour Orion, le
    vaisseau spatial habité, conçu par la NASA. Afin d’établir des orientations et
    des principes communs, en prenant en compte les meilleures pratiques
    applicables à l’ensemble du programme d’exploration pacifique de la Lune, de la
    planète Mars, des astéroïdes et des comètes, la NASA avait lancé une série d’accords,
    connus sous le nom des accords Artémis.






    La
    Roumanie, qui les a signés au début du mois de mars, devient ainsi le 16e
    pays signataire du programme. Elle assume de la sorte la responsabilité de
    prendre les mesures appropriées pour s’assurer que les entités tout comme les
    opérateurs privés agissant en son nom respectent les principes édictés.






    « Nous
    avons rejoint le programme Artémis pour explorer la Lune mus par un esprit de
    collaboration. (…) Mais l’avantage principal de notre investissement dans ce
    projet consiste en la capacité de ce dernier de devenir à terme un véritable aimant
    pour la jeune génération, qui sera davantage attirée vers la science, la
    découverte, l’innovation, toutes ces choses que les robots, l’Intelligence
    artificielle, ne peuvent toujours pas faire. C’est aussi un moyen de faire
    comprendre combien plus important est le défi de découvrir, d’explorer et de
    défendre la planète, plutôt que de se faire la guerre entre nous »
    , avait déclaré
    lors de la signature des accords le président de l’Agence spaciale roumaine (la ROSA), le physicien Marius-Ioan Piso.








    Les
    accords Artémis contiennent, réaffirment et développent plusieurs des principes
    qui régissent le droit de l’espace, conformément aux règles et aux pratiques
    énoncées dans le Traité régissant l’activité des États depuis 1967 dans le
    domaine de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.
    Il s’agit de principes tels que l’exploration pacifique, la transparence,
    l’aide d’urgence, l’accès libre aux données scientifiques ou la préservation du
    patrimoine, des principes énoncés dans ces Accords qui ont vocation à
    s’appliquer aux activités spatiales civiles menées par les agences compétentes
    de chaque État signataire.

    Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le président de l’Agence spatiale
    roumaine, Marius-Ioan Piso, explique combien le Traité signé voilà 55 ans est
    toujours d’actualité.






    Marius-Ioan
    Piso : « Les
    questions fondamentales régies par ce traité sont celles principalement liées
    au droit de propriété sur d’autres planètes, sur les autres corps célestes, sur
    des régions de l’univers. Les autres questions portent sur l’accès et l’utilisation
    des ressources dans l’espace, c’est-à-dire sur la possibilité d’intervenir dans
    l’espace afin, mettons, d’en extraire et d’en rapporter des ressources, sur la
    Terre. Il y a enfin un autre sujet, et qui devrait constituer une évidence pour
    tout le monde, celui de l’utilisation pacifique de l’espace. En gros, il n’y a
    pas de grands changements dans le droit de l’espace, à l’exception peut-être de
    la question des ressources. Au niveau européen, une initiative a été lancée, pour
    fonder un centre de ressources spatiales, au Luxembourg. De fait, le droit de
    l’espace s’approche en tous points du droit de la mer. Remplacez l’Antarctique
    à la Lune, et vous comprendrez le droit dont les nations se sont dotées pour
    régir leurs relations avec ce territoire. Evidemment, comparaison n’est pas
    raison, et le parallèle s’arrête là, car les capacités et les coûts nécessaires
    pour investir ces territoires respectifs ne sont d’évidence pas les mêmes. »







    En
    termes de ressources spatiales, ce sont d’hypothétiques diamants ou encore les
    métaux lourds, que certains météorites ou astéroïdes semblent receler, qui sont
    particulièrement visés, nous explique le physicien Marius – Ioan Piso. Par ailleurs, il semblerait que la présence de l’isotope 3 de
    l’hélium dans le satellite naturel de la Terre, carburant potentiel pour de
    futurs réacteurs à fission, affûte toutes les convoitises.






    Nous
    parlons là d’évidence d’un objectif commercial de la recherche spatiale, explique
    Marius-Ioan Piso : « La Lune est, avant tout, d’intérêt pour la
    science fondamentale, et c’est à cet égard que son étude s’avère essentielle.
    La Lune peut aussi fournir des emplacements pour nos détecteurs, pour des
    systèmes de mesure, accueillir des expériences qui ne peuvent se dérouler dans
    des conditions similaires sur la Terre. La Lune peut également nous fournir
    beaucoup d’informations sur ce qui s’est passé, et sur ce qui se passe dans
    notre région terrestre. La surface lunaire fonctionne comme une sorte de
    magnétophone, une sorte d’enregistreur de l’histoire, et cela depuis 4 ou 5
    milliards d’années, depuis qu’elle existe. La Lune pourrait par ailleurs
    s’avérer une base de lancement très appropriée pour des missions vers d’autres
    planètes, vers Mars par exemple. Lancer un vaisseau depuis la Lune serait
    beaucoup plus simple, grâce à sa force d’attraction bien plus faible, d’une
    dixième de celle exercée par la Terre. »








    Bill
    Nelson, administrateur de la NASA, abondait d’ailleurs dans le même sens, à
    l’occasion de la cérémonie de signature des accords Artémis, en martelant :
    « Plus que jamais, il est important de travailler ensemble au-delà des
    frontières, pour renforcer nos partenariats, et assurer l’utilisation pacifique
    de l’espace extra-atmosphérique ». Par ailleurs, dans le contexte où la
    Roumanie et les États-Unis entretiennent des relations diplomatiques depuis
    plus de 140 ans, la NASA se félicite de l’esprit d’exploration que la Roumanie
    apporte dans le domaine de l’espace, au moment où nous sommes en train d’ouvrir
    ensemble une nouvelle voie de l’exploration spatiale, a encore ajouté à cette
    même occasion le président de l’Agence spatiale américaine. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Dumitru Prunariu

    Dumitru Prunariu

    S’arracher à la terre, prendre son envol, s’élever vers l’immensité infinie de l’espace, c’est le désir insatiable que l’homme a toujours nourri, depuis sa création, et cela sous tous les cieux. Connoté de maintes façons, le vol a toujours été assimilé au dépassement de la condition humaine. Mais le vol dans le cosmos est un privilège encore plus rare, que peu d’hommes et de femmes ont connu à partir de la seconde moitié du XXe siècle. La Roumanie a eu la chance d’avoir un tel homme, resté, c’est vrai, le seul jusqu’à ce jour. Il s’agit de l’ingénieur aviateur Dumitru Prunariu, qui prit part à la mission soviétique « Soiuz 40 », déroulée entre le 14 et le 22 mai 1981. Né le 27 septembre 1952 dans la ville de Brasov, Prunariu débute sa carrière dans l’aviation, avant d’être choisi pour rejoindre le soviétique Leonid Popov, dans ce que sera la première aventure d’un Roumain dans l’espace.

    Invité au lancement de sa biographie, Dumitru Prunariu parlait du sentiment de peur que peut vivre, dans certaines conditions, même le plus brave des hommes : « J’avais peur au moment même où j’envisageais de devenir astronaute. Lorsque je me suis lancé dans cette aventure, je l’ai fait le cœur serré, car j’ignorais ce qui m’attendait. Mais la suite d’épreuves passées tout au long de la période de préparation m’a appris à contrôler non seulement la technologie, mais aussi ma propre personne, m’a appris à pouvoir affronter l’inconnu et envisager sereinement la mission qui nous attendait. Là encore, pendant la mission, j’ai parfois eu des moments d’angoisse, il ne faut pas se leurrer, on est des humains, mais je n’ai plus eu peur. J’étais sûr de pouvoir affronter quasiment toute situation imprévue. Le moment le plus critique, le plus difficile d’ailleurs, ce fut celui de l’entrée dans l’atmosphère terrestre, l’atterrissage, qu’il s’agisse d’un avion ou d’un vaisseau spatial. L’appel à la technologie est à ce moment essentiel, mais il subsiste toujours des impondérables, et le contrôle de la technologie est moins important lors des manœuvres d’atterrissage que lors du décollage. Lorsqu’on avait décollé, on partait avec un vaisseau de 300 tonnes, bardé de capteurs et d’installations. L’atterrissage on le faisait à bord d’un module de 2 tonnes et demi, doté de ses propres systèmes pour manoeuvrer dans l’atmosphère et pour atterrir. Avec des émotions. On a eu chaud lorsque le parachute a tardé à s’ouvrir, et, au sol, les gens s’affolaient. Mais nous nous sommes posés sains et saufs. La mission a été un succès. »

    Il est certain que Dumitru Prunariu a vécu une expérience unique. Si, un jour, un autre Roumain est en mesure de retenter l’aventure, il est certain que son ressenti et son vécu seront encore différents, dans l’air de son temps. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Dumitru Prunariu, le premier astronaute roumain

    Dumitru Prunariu, le premier astronaute roumain

    Les missions spatiales ont depuis
    toujours réussi à réunir des hommes de tous horizons, de toutes cultures, de
    différentes ethnies et de n’importe quelle frontière géopolitique. Idéal de
    l’humanité tout entière, le vol spatial a non seulement repoussé les frontières
    de la science, mais il a aussi fait voler en éclats l’isolationnisme et les
    frontières artificiellement érigées par les idéologies étriquées du 20e
    siècle. Voici 40 ans, le 14 mai 1981, Dumitru Prunariu devenait le premier
    astronaute roumain, lorsqu’il se détachait de la Terre, avec à ses côtés le
    colonel Leonid Popov, au bord de la navette « Soyouz 40 », censée
    rejoindre la station spatiale Saliout 6 – Soyouz T-4. C’était le point d’orgue
    d’une longue période de préparation intense, le moment culminant de la carrière
    du jeune astronaute roumain, alors âgé de 29 ans.








    La mission
    des deux astronautes, l’un roumain, Prunariu, l’autre soviétique, Popov, a été
    couronnée de succès. 40 ans après, les médias roumains n’ont pas lésiné sur les
    moyens pour faire revivre au public roumain cette belle page de la conquête
    spatiale. La télévision publique a même consacré une émission d’une heure à
    l’astronaute roumain, ainsi qu’à la mission Soyouz 40. Et, avec le recul du
    temps, Dumitru Prunariu croit toujours que le secret de la réussite d’une telle
    mission à deux réside dans le degré de compatibilité des membres de l’équipage.






    Dumitru Prunariu : « Leonid Popov m’avait adopté tel son frère cadet. Dès le départ de notre
    collaboration, j’avais pu constater le haut degré de compatibilité entre nous
    deux. Il y avait 7 années de différence d’âge entre nous. Je maîtrisais bien la
    théorie, lui la pratique, nous étions complémentaires. Nous avions confirmé
    lors des examens finaux, ceux qui décidaient de la composition de l’équipage de
    la mission. Nous avons réussi le résultat maximum à tous les tests. »






    L’homme qui a une fois vu la Terre de
    loin avait vite fait de se retrouver aujourd’hui sous le feu des questions.
    L’une d’entre elles portait sur les effets de l’impondérabilité.






    Dumitru Prunariu : « Au départ,
    l’on est gagné par un sentiment d’euphorie, lorsque l’on voit les objets
    flotter autour. Je regardais le manuel de bord, situé juste sous mes yeux, et je
    l’ai vu se mettre à flotter. C’était une drôle de sensation. Mais, par la
    suite, l’on ressent un certain malaise, qui s’accentue rapidement durant les
    deux premiers jours. Cela se traduit par des maux de tête, on est parfois gagné
    par le vertige, le système vestibulaire devient confus, l’on perd son nord. La
    pression artérielle souffre également des modifications, tout comme les
    articulations et les muscles. L’organisme est mis sous pression, les paramètres
    sont différents des ceux auxquels il était habitué sur Terre. »






    Mais les anecdotes émaillent le récit de
    voyage de Dumitru Prunariu, telle cette botte de jeunes oignons que l’équipage
    de la navette Soyouz 40 avait rapportée aux cosmonautes résidents de la station
    orbitale.






    Dumitru Prunariu : « Je vous rassure tout de suite :
    les cosmonautes sont des gens comme tout le monde, avec des familles, des
    envies, des lubies. Ils ressentent quelquefois le besoin de trinquer et de
    boire un coup, de manger un bon bout. Après deux mois passé dans l’espace, le commandant de la station spatiale, Vladimir
    Kovalionok, n’avait qu’un désir : croquer de jeunes oignons. Il s’en était
    confié à sa femme, elle savait que nous allions le rejoindre avec la navette de
    ravitaillement. Elle a passé alors en douce la botte de jeunes oignons au
    médecin de l’équipage, un certain Ivan, qui nous avait accompagnés jusqu’à la
    porte de la navette. C’est là qu’il sortit de sa trousse de médecin la botte,
    recouverte d’une feuille de vieux journal, nous chargeant de la porter à Volodia.
    Nous nous sommes regardés en chiens de faïence. Mais Popov m’avait fait signe
    de mettre l’objet dans la poche vide de l’un de mes gants. Et un jour et demi
    plus tard, Vladimir Kovalionov savourait le cadeau de sa femme. »






    Mise à part la botte de jeunes oignons,
    Prunariu avait remporté dans sa besace un petit cadeau fort à propos, une
    petite bouteille d’eau-de-vie roumaine : « Il le fallait bien. Au
    fond, nous leur rendions visite. Ça ne se fait pas d’y aller les mains vides.
    Il fallait emporter une bouteille de vin, un peu d’eau-de-vie au moins. J’avais
    choisi l’eau-de-vie. Ce fut un plaisir. Cela dit, il a fallu la boire à la
    paille. Quand on est en état d’impesanteur, on ne peut pas trinquer dans de
    vrais verres. Mes collègues s’esclaffaient en réclamant le petit verre. Moi,
    naïf, je me demandais bien ce qu’ils voulaient dire. Et puis, j’en voie un
    arracher un petit tuyau de la cabine, l’introduire dans la bouteille et tirer
    l’élixire. Comme quoi… »






    Dumitru Prunariu est rentré dans
    l’atmosphère terrestre après 8 jours passés dans l’espace. Le journaliste et
    écrivain SF Alexandru Mironov se souvient encore du moment de son retour :
    « Nous, les journalistes, l’avons rencontré dans le Salon de marbre de
    la Maison de la presse, à Bucarest. J’avais presque peur pour lui, a
    posteriori. J’imaginais ce gosse tournoyer dans ce bidon métallique, au milieu
    de l’infini effrayant du cosmos. Et
    lorsqu’il se montra, il était, en effet, d’apparence timide, comme effrayé.
    Mais il était, en fait, effrayé par notre présence, nullement à cause de
    l’espace. C’est un mec taillé dans le roc. Malheureusement, nous avions reçu
    l’ordre des politiques de parler juste en passant de l’exploit de Dumitru
    Prunariu. Il ne fallait surtout pas faire de l’ombre aux grandes « personnalités »
    politiques de l’époque qu’étaient Nicolae Ceauşescu et sa femme, Elena. Il ne
    fallait parler que d’eux dans la presse. Pourtant, et en dépit de ce coin
    d’ombre dans lequel Dumitru Prunariu a été plongé à cause de ces ordres, son
    nom a été consacré, tant par la science que par l’attachement que lui a voué le
    grand public tout au long de ces années. Prunariu avait lui aussi bien compris
    son rôle, et il n’a pas hésité à descendre au milieu des gens, pour plaider la
    cause de la conquête spatiale. Et le public le lui a bien rendu. »






    Le courage et les efforts consentis à
    l’occasion de leur mission par Leonid Popov et Dumitru Prunariu ont été reconnus
    à travers les plus hautes décorations roumaines et soviétiques, qui leur ont
    été conférées à l’occasion. Aujourd’hui, témoignage de l’exploit, la capsule de
    la mission avec laquelle les deux cosmonautes sont retournés sur Terre peut
    être visitée au Musée militaire national de Bucarest. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 40 ans depuis le premier vol d’un Roumain dans l’espace

    40 ans depuis le premier vol d’un Roumain dans l’espace

    Après 7 jours, 20 heures et 42 minutes passés dans l’espace, les deux hommes rentreront dans l’atmosphère, dans l’après-midi du 22 mai, la capsule atterrissant sans encombre dans les steppes du Kazakhstan. Le programme spatial qui a permis ce vol s’appelait Interkosmos, un programme voué à faire participer les pays socialistes d’Europe de l’Est, voire d’autres Etats amis, au programme spatial soviétique. C’est grâce à Interkosmos que Dumitru Prunariu est devenu le premier et, jusqu’à présent, le seul cosmonaute roumain.

    Aujourd’hui, quatre décennies plus tard, lors de l’anniversaire de sa mission, organisé par le ministère roumain des Affaires étrangères à Bucarest, Dumitru Prunariu s’est rappelé les conditions de ce vol et les expériences scientifiques réalisées lors de cette mission spatiale: « Notre vol cosmique comprenait une série d’expériences élaborées par des chercheurs roumains et des instituts scientifiques, dont une bonne partie était regroupée autour de l’Institut central de physique de Măgurele, près de Bucarest. D’autres ont visé des expérimentations médicales, censées par exemple étudier les conditions d’adaptation du corps humain à l’apesanteur, suivies des mesures effectuées sur l’organisme humain lors du retour sur Terre, pour déterminer la manière dont il se réadapte aux conditions terrestres. D’un point de vue technologique, certaines expériences tenaient du domaine de l’astrophysique, telle l’étude du rayonnement cosmique. J’avais, par exemple, mesuré, à l’aide d’un appareil numérique conçu en Roumanie, le niveau de rayonnement cosmique au-dessus de différentes zones de la Terre, notamment au-dessus de l’Atlantique Sud, région qui présente une anomalie du champ magnétique terrestre. Nous avons pu enregistrer des valeurs de rayonnement cosmique 20 fois plus élevées dans cette zone que dans les autres régions survolées. Nous avons réalisé encore des expériences pour étudier le comportement des particules lourdes à différentes altitudes de vol, d’autres expériences scientifiques et leurs applications technologiques. Ce fut, par exemple, le cas, lorsqu’on avait étudié la possibilité d’obtenir des matériaux d’une grande pureté, qui avaient des applications dans l’industrie électronique, y compris dans l’industrie des cellules solaires, censées pouvoir produire de l’énergie dans l’espace. Ce qui m’avait très vite frappé, c’est la minceur de l’atmosphère terrestre. Si l’on comparait la Terre à une pomme, l’épaisseur de l’atmosphère ne dépasserait pas l’épaisseur de la peau du fruit. Cela fait un choc de comprendre que la vie s’est développée et que tous les processus vivants ont lieu dans cette couche mince, alors que nous, dans notre ignorance, nous polluons cette atmosphère, nous empoisonnons l’air que nous respirons et que les générations futures respireront, en défrichant les forêts qui représentent l’usine à oxygène de la planète. » avait martelé, inquiet, Dumitru Prunariu, 40 ans après son vol cosmique.

    Mais quel avenir pour la conquête spatiale dans les années à venir ? Et quels acteurs pour ce faire : publics ou privés ? Ecoutons, à nouveau, Dumitru Prunariu: « Sans aucun doute, l’avenir de la conquête spatiale devrait utiliser tant le public que le privé, en étroite collaboration. Les gouvernements ne sont plus les seuls acteurs qui investissent dans l’espace. Et au fur et à mesure que le domaine s’est développé, l’on a vu apparaitre des opportunités commerciales et des sources de profit. Regardez Elon Musk, qui envoie, avec ses fusées, des gens à bord de la station spatiale internationale. Il prépare et teste également une navette spatiale géante, censée transporter des éléments d’infrastructure, pour ériger la future base permanente au pôle Sud de la Lune. La même navette qu’il compte utiliser pour envoyer 20 personnes dans une mission complexe vers la Lune, ainsi que vers Mars. C’est un entrepreneur visionnaire, qui sait utiliser son argent à bon escient, à la fois pour soutenir l’effort du programme spatial américain, car il travaille en collaboration étroite avec la NASA sur nombre de ses programmes, mais aussi en faisant de bonnes affaires, grâce à ses fusées réutilisables. Il y a deux ans, il fournissait environ 20% du total des lancements de satellites commerciaux dans le monde et, par la suite, des agences gouvernementales ont commencé à leur tour à étudier la possibilité de créer des fusées récupérables, ce qui aura pour effet de réduire considérablement les coûts d’exploitation de l’espace. Certes, le prix par kilogramme envoyé dans l’espace va de la sorte baisser par rapport au prix actuel, qui est d’environ 15 – 20 000 dollars. Aussi bien Elon Musk que Jeff Bezos, qui est aussi l’homme le plus riche au monde, compte mettre sur pied des vols touristiques dans l’espace, même des vols suborbitaux à des prix raisonnables pour les gens fortunés, probablement à quelques centaines de milliers de dollars le voyage. Quant aux vols interplanétaires, non seulement la Lune sera explorée, mais encore des planètes plus lointaines, telle Mars, qui fait l’objet de programmes de recherches très poussés, vu que l’on suppose qu’il y avait autrefois de la vie, de l’eau qui puisse encore exister enfouie sous le sol de la planète. Aussi, le rover américain Persévérance recherche d’une façon très organisée des traces biologiques ancestrales au fond du lac où il s’était posé. La fusée chinoise qui s’est récemment posée sur la Lune, utilise, elle aussi, les qualités de son rover pour mener des recherches pointues. La concurrence dans le domaine de la conquête de l’espace et de la recherche spatiale force la coopération entre le public et le privé. Même la Russie et la Chine s’ouvrent aux initiatives privées, car la présence du privé est stimulante et utile, accélérant l’essor du domaine. »

    En 2021, au-delà du 40e anniversaire du vol de la mission Soyuz 40, seront célébrés deux autres moments marquants de l’histoire de la conquête spatiale : 70 ans depuis le premier vol habité (avec la mission de Youri Gagarine, le 12 avril 1961) et 40 ans depuis le vol inaugural du programme Space Shuttle, avec le lancement de la navette spatiale américaine Columbia. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 08.08.2018 (mise à jour)

    08.08.2018 (mise à jour)

    Inflation — La Banque centrale de Roumanie a revu à la baisse, à 3,5%, sa prévision d’inflation pour la fin de l’année en cours, a déclaré, mercredi, son gouverneur, Mugur Isărescu. La prévision antérieure indiquait une inflation de 3,6% en 2018. Pour la fin de l’année prochaine, la Banque nationale estime un taux d’inflation de 2,7%, à la baisse de 0,3 points de pourcentage. Mugur Isărescu a récemment déclaré que la Banque centrale de Roumanie avait réussi à inscrire l’inflation sur une courbe descendante, tout en précisant que l’on ne saurait affirmer que la période de majoration du taux directeur a pris fin.



    Grève — Les salariés des établissements subordonnés au ministère roumain de la Jeunesse et du Sport et des fédérations sportives nationales sont en grève générale à partir de ce mercredi. Ils ont eu recours à cette forme de protestation après que dernièrement, ils aient organisé des piquets de grève au ministère sans obtenir de solutions aux revendications salariales. Ils affirment qu’il est impossible de vivre, et d’autant moins de soutenir les performances des sportifs avec un salaire net de 1300 lei (environ 290 euros). D’autre part, les représentants du ministère déclarent avoir fait plusieurs démarches auprès du ministère du Travail ces six derniers mois. Le conseiller Andrei Nourescu du ministère de la Jeunesse et du Sport a déclaré que la majoration des salaires dans ce secteur est un processus de longue haleine, qui devrait commencer au 1er janvier prochain par une hausse de 25%.



    Distinction — Le seul astronaute roumain, Dumitru Prunariu, sera distingué du Prix pour la science accordé par l’Académie internationale d’astronautique. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 30 septembre à Brême, en Allemagne, est-il précisé dans un communiqué du secrétaire général de l’Académie internationale d’astronautique, Jean-Michel Contant. Le 14 mai 1981, Dumitru Prunariu devenait le premier et seul Roumain à avoir jamais volé dans l’espace. Il a participé à la mission Soyouz 40, faisant partie du programme spatial soviétique « Intercosmos ». L’Académie internationale d’astronautique est une organisation non-gouvernementale indépendante, basée à Paris. Créée en 1960, elle a été reconnue par l’ONU en 1996. Ses membres, qui proviennent de 85 pays, sont chercheurs, astronautes, personnalités dans les domaines de la politique spatiale et de la diplomatie, chefs d’agences spatiales.



    Espace — La station spatiale internationale passe au-dessus de la capitale roumaine, Bucarest, chaque soir jusqu’au 23 août. On peut l’observer à l’œil nu aussi, mais son passage est visible quelques minutes seulement. Selon Adrian Şonka, coordinateur à l’Observatoire astronomique de Bucarest, la station spatiale internationale ressemble à un objet volant scintillant dans le ciel étoilé. Un service spécial de la NASA aide les personnes intéressées à apprendre d’avance quel est l’intervalle de visibilité de la station spatiale internationale.



    Douanes — L’Autorité douanière de Roumanie et l’Office des douanes de République de Moldova ont signé mardi, à Albita (est de la Roumanie), un plan d’action commun pour la fluidification de la circulation transfrontalière, du 7 au 31 août, selon Radio Chisinau. Dans cet intervalle de temps, le flux de circulation augmente de plus de 20%. Le plan en question prévoit un nombre accru de personnel douanier et d’équipements de contrôle.



    Congrès — La ville d’Alba Iulia, au centre de la Roumanie, accueille le congrès des enseignants roumains exerçant ce métier tant dans le pays, ainsi qu’en République de Moldova, en Ukraine et en Serbie. Parvenu à sa 41e édition, le congrès de cette année a pour thème le Centenaire de la Grande Union. L’événement comporte plusieurs cours et ateliers.



    Film — Le Festival international de film indépendant Anonimul se poursuit à Sfântu Gheorghe, au delta du Danube, par plusieurs projections, dont Secretul fericirii (Le Secret du bonheur), marquant le début de l’acteur Vlad Zamfirescu en tant que réalisateur. Le scénario écrit par Alexandru Popa suit deux amis qui découvrent que le bonheur de l’un dépend du malheur de l’autre, parce que les ressources de bonheur sont limitées. 6 longs-métrages roumains et internationaux et 26 courts-métrages ont été sélectionnés pour la compétition officielle. Des projections de films primés à d’autres festivals de 2018 sont également organisées, ainsi que des sessions de questions réponses avec les équipes de production, des débats publics avec des réalisateurs de films, des critiques et des invités spéciaux. Le réalisateur kazakh Emir Baigazin se verra décerner, à cette édition, le trophée Anonimul pour sa contribution à la beauté du cinéma universel.



    Foot — Trois équipes roumaines de foot jouent jeudi en déplacement, au match aller du 3e tour préliminaire de la Ligue Europa. Le club vice-champion de Roumanie, FCSB (ancien Steaua Bucarest) joue contre Hajduk Split, une équipe croate puissante, reconnue au niveau européen aussi par ses supporters durs. Eliminée par l’équipe suédoise Malmö FF du deuxième tour préliminaire de la Ligue des Champions, la championne de Roumanie (CFR Cluj) rencontrera l’équipe arménienne Alaşkert, qui n’a pas la cote. La gagnante de la Coupe de Roumanie, CSU Craiova, joue contre RB Leipzig, la nouvelle force du football allemand. Le match retour est prévu dans une semaine.

  • LINOTIP – Un nouvel espace consacré à la danse contemporaine

    LINOTIP – Un nouvel espace consacré à la danse contemporaine

    Vers la fin 2016, les chorégraphes Arcadie Rusu et Ioana Marchidan annonçaient l’ouverture d’un espace consacré à la danse contemporaine: LINOTIP – Le Centre chorégraphique indépendant. Les deux chorégraphes avaient eux-mêmes besoin d’un endroit pour présenter les spectacles qu’ils avaient créés. En outre, en Roumanie un public pour ce genre de spectacles est encore en train de se former. Arcadie Rusu : « Nous avons une mission importante, car chez nous, la danse contemporaine est presque inexistante et les spectacles sont rares. Il n’y a pas de culture dans ce domaine, cet art ayant été interdit pendant la période communiste. La danse contemporaine est un art particulier, vers lequel nous souhaitons orienter le public, que nous voulons en même temps éduquer. Souvent, nous remarquons plus facilement les choses que la parole n’exprime pas. Nous avons inscrite dans notre code génétique cette intelligence de décoder des gestes corporels, des regards ou des intentions ; seulement, nous ne les comprenons pas intellectuellement, mais par le biais des émotions. Je souhaite réaliser des spectacles susceptibles d’attirer aussi des personnes qui n’ont jamais assisté à un spectacle de danse contemporaine. Je trouve ce n’est pas un art destiné uniquement à certaines personnes, différentes des autres et ayant une éducation dans ce domaine, c’est un art qui doit se trouver à la portée de tous. »

    La salle du Centre chorégraphique indépendant Linotip compte 60 à 70 places. Avec ses 120 m2, cette scène est la plus grande parmi celles qu’offrent les petits espaces – comme Arcadie Rusu se plaît à dire. Il n’est pas du tout facile de détenir, ni de rendre profitable un espace indépendant, une stratégie pour au moins 6 mois est nécessaire – estime Ioana Marchidan : « Nous en sommes déjà à notre 4e atelier de danse contemporaine, car nous nous sommes proposé de nous concentrer sur l’éducation. C’est que les non-professionnels qui participent à ces ateliers constituent un futur public pour tous les espaces de danse, pas seulement pour Linotip. La prochaine étape – que nous avons déjà entamée – serait l’organisation d’une saison de danse. A ma connaissance, il n’y a pas de saison de danse en Roumanie. Le public est habitué à venir au Centre chorégraphique indépendant Linotip pour voir des spectacles de danse, trois fois par semaine. C’est comme au théâtre. Pour cette saison, nous proposons nos spectacles et des spectacles invités. Nous souhaitons accorder un prix Linotip aux étudiants de l’Université nationale de l’art du théâtre et du cinéma, les inviter à jouer dans nos spectacles, à se présenter devant un public. Ils comprendront ainsi ce que c’est que de jouer devant un public qui paie un billet pour voir le spectacle. Nous sommes en train de négocier avec le chorégraphe Massimo Gerardi, pour qu’il vienne tenir des ateliers destinés aux professionnels et aux non-professionnels, qu’il reprennent certains de ses spectacles, la coproduction roumano-allemande « Magnetic Fields », par exemple. Nous l’avons invité à monter un spectacle pour la compagnie Linotip. »

    La saison Linotip a commencé le 1er février, avec le spectacle « Babel », conçu par Arcadie Rusu, qui signe aussi la chorégraphie. C’est un spectacle sur l’homme contemporain et sur la ville en tant que jungle urbaine, où chacun tâche de survivre comme il peut. Arcadie Rusu : « C’est, avant tout, un spectacle inspiré de la vie que nous menons. La ville de Bucarest a été la plateforme de recherche pour ce spectacle. Généralement parlant, « Babel » est un spectacle sur notre involution en tant qu’espèce humaine. Nous avons beaucoup évolué du point de vu technologique, mais nous sommes confrontés aux mêmes problèmes. Nous n’avons pas compris que notre vie est condensée dans un certains laps de temps, qu’à un moment donné elle prendra fin et que rien de matériel ne comptera plus. Nous cherchons la stabilité, l’équilibre et cela donne naissance aux idées égocentriques, aux idées matérialistes, faisant perdre à l’homme la teinte spirituelle. Or, « Babel » est un spectacle de danse contemporaine qui parle justement de l’illusion de la stabilité. »

    Une deuxième première a suivi le spectacle « Babel », à savoir « 2 femmes contemporaines », conçu par la chorégraphe Ioana Marchidan : « Dans ce spectacle, je parle un peu de la condition de la femme, de la discrimination qu’elle a subi au fil de l’histoire. On sait très bien que la femme était la propriété de quelqu’un – du père, du mari. Les femmes étaient vendues comme du bétail – si j’ose dire. Je me suis intéressée aux suffragettes, qui ont lutté pour obtenir le droit de vote des femmes. Et j’ai tâché d’en parler, de ramener dans l’actualité, de toucher les « sous-thèmes » du féminisme. C’est un spectacle féministe, que je n’ai pas voulu militant. Je n’ai pas voulu me diriger vers un côté extrémiste. J’ai commencé par l’adolescence ; à cet âge, dans la rue, les jeunes filles se voient adresser toute sorte d’injures sexistes. A l’âge de la puberté et de l’adolescence, elles sont sensibles et ce genre de choses peut les affecter. »

    Il n’est pas facile d’ouvrir et de gérer un espace indépendant dédié à la danse contemporaine. Pourtant, la chorégraphe Ioana Marchidan est confiante : « Je pense que le contexte actuel est favorable, d’autant plus que nos spectacles parlent justement de ce qui se passe maintenant dans le domaine politique, des manifestations place de la Victoire, à Bucarest… Le public cherche les spectacles fondés sur le mouvement et les centres de danse ne sont pas nombreux : trois, avec le nôtre, ce qui est aussi à notre avantage. Pourtant c’est très peu et le public a besoin de ce genre d’espaces. Pour en ouvrir, il faut pourtant beaucoup de courage. C’est difficile, il faut assumer, lutter… Il faut de l’argent. Nous avons eu, nous aussi ce genre de problèmes : on doit travailler, mettre de l’argent de côté, emprunter… L’argent viendra. Je suis sûre que tout va bien se passer. »

  • Ioana Cozmuţă, chercheuse roumaine à la NASA

    Ioana Cozmuţă, chercheuse roumaine à la NASA

    La vie d’Ioana Cozmuţă, chercheuse originaire de Baia Mare (nord), a complètement changé le jour où elle a décidé de faire son doctorat aux Pays Bas. Depuis les Pays Bas, son chemin l’a menée aux Etats – Unis, directement à la NASA. Elle est en charge du Portail spatial du Centre de recherche de Silicon Valley, dans l’espoir de rapprocher l’humanité de l’espace.

    Ioana Cozmuţă est un spécialiste international renommé de la micro-gravitation, un domaine qui semble tiré des films de science-fiction. Par ses recherches, elle espère contribuer à la création de la première colonie humaine sur la Lune.

    Participant récemment à une rencontre sur le rôle des femmes dans la science, Ioana Cozmuţă a dénoncé les difficultés auxquelles se heurtent les femmes qui veulent que leur voix soit entendue dans ce domaine. Souvent, les patrons préfèrent désigner des hommes pour mettre en œuvre des idées conçues par des femmes, constate:Ioana Cozmuţă : « Nous le ressentons toutes, parce que c’est un phénomène constant. Nous sommes souvent confrontées à ces situations. En ce qui me concerne, le travail dur et l’éducation m’ont aidée à réussir à inverser en quelque sorte le cours des choses. Désormais, lorsque je participe à une discussion je constate que les autres entendent ma voix et respectent mon opinion. J’encourage tout le monde à ne pas renoncer à l’éducation, ni à ses rêves.»

    Malgré tous les pièges rencontrés en cours de route, l’expérience d’Ioana témoigne du fait que les femmes ont un mot à dire même dans les domaines les plus difficiles : « Pour ce qui est de l’espace, les femmes sont tout aussi actives ou à égalité, si vous voulez, avec les hommes astronautes. Elles remplissent les mêmes fonctions, y compris des postes extrêmes ou comportant de grands risques, comme les voyages dans l’espace, très difficiles et qui nécessitent d’innombrables heures de travail. »

    De l’avis d’Ioana Cozmuţă, la situation des femmes dans le monde s’est améliorée ces dernières décennies, en ce qui concerne l’égalité des chances, l’accès à une éducation de qualité ou aux services sanitaires. Notre invitée insiste sur l’importance des modèles féminins pour stimuler l’éducation scientifique précoce chez les filles.

    Ioana Cozmuţă : « Je participe à un programme de mentoring. Souvent les jeunes filles viennent travailler à mes côtés pour une journée ou une semaine, même pour des programmes plus longs qui durent tout l’été. A mon avis, l’encouragement dans vers une carrière scientifique doit se faire simultanément sur plusieurs niveaux : en famille, à l’école et au sein de la société. Il faut renoncer aux mentalités vieillies. Il faut aussi éduquer les hommes à accepter la femme en tant que partenaire égal, à s’offrir la chance les uns aux autres de mettre à profit leur potentiel. Sans oublier les chances égales à l’éducation pour les enfants de tous âges. Il faut les impliquer dans des programmes consacrés à la science et à la technologie dès l’école primaire. Mes deux filles ont participé aux programmes du type Citizen X (Citoyen X) où il s’agit d’imaginer que l’on est un citoyen du monde qui doit résoudre différents problèmes en se servant de la technologie. Il existe à l’heure actuelle plein de projets auxquels, moi, je n’ai pas eu accès dans mon enfance et qui offrent une ouverture fantastique et toute sorte d’opportunités sur le long terme. »

    Ioana Cozmuţă est une chercheuse roumaine qui vit son rêve et qui parle avec la même émotion des constellations, malgré les nombreuses années d’expérience. C’est une voix féminine forte qui encourage les femmes à parler ouvertement des inégalités qu’elles constatent. Il est essentiel de remédier à la situation par des solutions acceptées au niveau de la société et mises en pratique dans la vie quotidienne, insiste Ioana Cozmuţă. (Trad. Valentina Beleavski)

  • A la Une de la presse roumaine – 22.09.2016

    A la Une de la presse roumaine – 22.09.2016

    Les esprits s’agitent à nouveau : une épidémie de rougeole a éclaté en Roumanie. De même une proposition plus ou moins réaliste fait le tour de la presse roumaine ce jeudi : un député propose 3400 euros, bonus de la part de l’Etat pour chaque mariage et pour la naissance d’un 3e enfant dans une famille biparentale. Et pour terminer, un sujet peu présent dans la presse roumaine : la recherche spatiale.



  • Ecrire au féminin dans l’espace public roumain

    Ecrire au féminin dans l’espace public roumain

    La librairie Humanitas Cişmigiu de Bucarest a récemment accueilli un débat intitulé « Femmes dans lespace public », dont lorganisateur a été le PEN Club Roumanie, avec comme invités : la poétesse Magda Cârneci, présidente du PEN Club Roumanie ; les écrivaines, journalistes et traductrices Svetlana Cârstean, Adina Diniţoiu, Ioana Bâldea Constantinescu et lécrivain, traducteur et chroniqueur Bogdan Ghiu.



    Le thème de ce débat a inspiré RRI, qui a proposé à Svetlana Cârstean et Adina Diniţoiu de parler de la présence des auteurs femmes dans lespace public de Roumanie. Svetlana Cârstean a publié deux volumes de poèmes – « La fleur denclume » (paru en 2008, aux Editions Cartea româneasca, et récompensé des plus importants prix littéraires roumains) et « Gravitation » (paru aux Editions Trei en 2015 et nommé aux prix de Radio Roumanie Culture et de lhebdomadaire Observator Cultural). Critique littéraire, journaliste culturelle et traductrice de langue française, Adina Diniţoiu a publié chez « Tracus Arte » louvrage « La prose de Mircea Nedelciu. Les pouvoirs de la littérature face au politique et à la mort ».



    Les deux dames se sont exprimées sur leur condition décrivaine. Svetlana Cârstean : « Je garde en mémoire un article du ‘Scottish Pen, que jai lu récemment et qui mobsède parce que jy ai trouvé des chiffres. Bref, lauteure, une femme, met ensemble des statistiques et des citations et tire la conclusion que les actions dun homme sont représentatives de lhumanité, alors que les actions dune femme sont représentatives de cette femme-là. Autrement dit, tout ce quécrivent les hommes parle pour lhumanité entière, tandis que ce qui est écrit par nous, les femmes, na de poids que pour les femmes. Lauteur de cet article en donne un exemple : une écrivaine a envoyé, à différents éditeurs, 100 emails avec un texte qui lui appartenait. Elle a signé dun nom masculin la moitié des messages, et dun nom féminin lautre moitié. Elle a reçu 7 réponses aux courriels signés au féminin, mais 17 aux autres. A vous den tirer les conclusions. »



    Adina Diniţoiu : « En général, la critique littéraire est une zone de pouvoir à lintérieur de lespace de la littérature ; par leur discours, les critiques littéraires valident ou invalident un texte, et en même temps ils commettent un acte de pouvoir culturel, dessinant une hiérarchie littéraire. Moi, jai débuté avec linnocence de celui qui écrit sur la littérature, qui fait de la critique sans penser à lidentité de genre. Cela ma semblé naturel dignorer le genre, cest un premier pas vers un discours critique et littéraire normal. Je souhaite que, hommes et femmes, arrivent tous à se parler normalement, sans que nous, les femmes, luttions pour une cause, sans que nous nous sentions marginalisées dans un discours public, y compris parce quon nous fournit trop de politiquement correct quand on est dans la ligne de mire publique. »



    La perte de linnocence vient tout de suite après le début littéraire, considère Adina Diniţoiu : «Après avoir fait mon début littéraire, je me suis rendu compte que les choses nétaient pas simples. Jai été obligée de prendre acte de lidentité de genre, jai compris que je suis aussi femme, en plus dêtre critique littéraire, et que de ce fait je dois faire face à des difficultés plus grandes que celles que javais anticipées. Ce nétait pas vraiment un sentiment de marginalisation, mais plutôt la compréhension du fait que cette réalité complique la situation dans lespace public des idées, surtout dans le climat social plus traditionnel de Roumanie. Je lisais lautre jour que, dans un Indice européen dégalité de genre de 2015, la Roumanie occupait la dernière place. Dans les conclusions, il était dit que lUE entière navait parcouru que la moitié du chemin de laffirmation de genre, de la représentation publique équilibrée des hommes et des femmes. Aujourdhui, en tant que femme, je dois batailler plus pour que mon discours soit entendu. »



    Svetlana Cârstean: « Moi, je crois quil ne faut même pas quil y ait marginalisation. Il suffit de mettre une étiquette, qui est une façon très subtile – je ne dirais pas perverse – déviter une marginalisation ouverte, plus facile à combattre ou à pointer. Ce sont des étiquettes, des préjugés, des concepts que nous utilisons et qui ont leurs racines dans la zone de la critique littéraire, la zone de pouvoir. »



    Le débat reste ouvert. Gardons en mémoire les propos de Mihaela Ursa, qui écrivait dans son ouvrage « Le divan de lécrivaine » (Editions Limes, 2010): « Il est important de voir si, en matière de projection du soi, les écrivaines de Roumanie se perçoivent de manière harmonieuse ou antagoniste et surtout sil leur semble nécessaire de problématiser la relation entre leurs existences publique et privée, entre la création artistique et la vie domestique – des relations aux complications et nuances infinies ». (trad.: Ileana Ţăroi)

  • Projets spatiaux réalisés avec la participation de la Roumanie

    Projets spatiaux réalisés avec la participation de la Roumanie

    Réunis début décembre à Luxembourg, les représentants des pays membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) sont parvenus à ce qu’ils ont nommé “l’accord historique” sur la construction d’une nouvelle fusée, Ariane 6. Il s’agit d’un vaisseau spatial plus compétitif que les modèles précédents et qui devrait être lancé en 2020. Il aura pour mission entre autres d’envoyer dans l’espace des satellites scientifiques ou des sondes spatiales et de placer des satellites télécoms ou télévision, par exemple.



    L’Europe s’est engagée à financer à hauteur de 4 milliards d’euros ce projet, qui inclut aussi la construction d’une nouvelle base de lancement en Guyane française et le développement d’un lanceur de petite taille. L’enveloppe prévue par l’UE pour ses lanceurs spatiaux est de 8 milliards de dollars pour les dix années à venir. L’objectif visé est celui de faire face à une concurrence toujours plus acerbe sur le marché international des lancements de satellites.



    A présent, la compagnie privée américaine SpaceX lance des satellites à l’aide des fusées Falcon 9, ce qui lui coûte entre 49 et 68 millions d’euros. La Chine et l’Inde seront elles aussi des compétiteurs importants dans les dix ans à venir. La Chine a réussi à poser sur la Lune son robot d’exploration baptisé le « Lapin de Jade », tandis que l’Inde a placé sa sonde spatiale Mangalyaan en orbite de Mars, avec un budget 10 fois inférieur à celui utilisé par la sonde américaine Maven de la NASA.



    “C’est une grande réussite”, déclarait Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale européenne, lequel rappelait que l’accord avait été obtenu au bout de plusieurs mois de négociation, tout particulièrement entre la France et l’Allemagne, qui seront les principaux contributeurs au programme Ariane 6. La France sest engagée à hauteur de 52% et lAllemagne de 22%.



    Entrée en service en 1996, l’actuelle fusée européenne, Ariane 5, a conquis 50% du marché des lancements de satellite. Elle a déjà accompli avec succès 62 missions. Ariane 6 devrait englober plusieurs technologies développées par les partenaires européens afin de construire une fusée modulaire facile à configurer pour répondre aux besoins de chaque mission.



    La Roumanie, qui se retrouve parmi ces partenaires, a conclu en 1992 son premier accord avec l’Agence spatiale européenne. Depuis janvier 2011 elle est membre de l’ESA. Cette organisation internationale basée à Paris compte 20 pays membres: Autriche, Belgique, République Tchèque, Danemark, Suisse, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Grande-Bretagne, Norvège, Pays-bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne et Suède.



    Hormis sa participation au développement de la fusée Ariane 6, lors de la récente réunion de Luxembourg, la Roumanie s’est jointe à ses partenaires européens pour financer la Station Spatiale Internationale. De ce fait, Bucarest devient co-propriétaire de ladite station, aux côtés de 11 autres Etats d’Europe et des partenaires internationaux, à savoir les Etats-Unis, le Canada, la Fédération de Russie et le Japon. De l’avis du ministre roumain délégué à la recherche, Mihnea Costoiu, l’acceptation de la Roumanie dans ce programme représente une chance pour l’industrie spatiale nationale.



    Voici ce que déclarait à Radio Roumanie l’ancien astronaute Dumitru Prunariu, à présent membre du Conseil d’administration de l’Agence spatiale roumaine: “Les bénéfices portent notamment sur la possibilité de réaliser des expérimentations qui mises à profit au niveau européen peuvent produire à un moment donné des bénéfices non seulement scientifiques, mais aussi matériels, importants pour la Roumanie. Ce qui plus est, le simple fait dy être présents, est synonyme du statut de membre dun autre club de décision au sujet de ce qui se passera dans un avenir pas trop lointain avec la station spatiale internationale Cette participation nous donne la possibilité de proposer des choses nouvelles et dutiliser cette partie de la station spatiale internationale au bénéfice de la Roumanie.”



    “Limplication de la Roumanie dans ces programmes prouve le fait que le potentiel roumain dans la recherche et linnovation commence à produire des résultats concrets et que les investissements dans ce domaine sont légitimes et justifiés” affirment les spécialistes roumains. Selon le président de lAgence spatiale roumaine, Marius Ioan Piso, la Station spatiale internationale sera un excellent laboratoire pour tester les nouvelles technologies pour des missions spatiales de basse orbite, mais aussi pour des missions dexploration du système solaire.



    Quels sont les prochains projets de lESA à participation roumaine? Marius Ioan Piso : “Il y en a plusieurs. Des missions telles Proba 3, qui réalisera dans lespace un télescope long de 144 mètres, utilisé pour la détection des objets potentiellement dangereux qui se déplacent depuis le Soleil tout en occultant cet astre. Un autre projet prévoit le lancement dun engin censé orbiter un astéroïde double et dévier la trajectoire dune des composantes de cet astéroïde. La contribution de la Roumanie sera assez sérieuse, entre 40 et 45% de ce projet.”



    La Roumanie peut être un acteur important sur le marché des nano-satellites à but commercial, avec un rôle de plus en plus important pour les applications spatiales et terrestres. La première expérimentation spatiale à participation roumaine date de 1972 et elle a été déroulée par le biais du programme Intercosmos. En 1981, le 14 mai, la Roumanie envoyait dans lespace son premier cosmonaute, Dumitru Prunariu. La Roumanie devenait ainsi le onzième pays au monde à le faire. (trad.: Mariana Tudose; Alex Diaconescu)

  • Arbres, de la matière à l’espace

    Arbres, de la matière à l’espace

    Ils sont là, témoins de nos errances quotidiennes, au bord des rues bondées de nos villes ou des routes poussiéreuses des campagnes. Ils sont pas nombreux ceux qui les regardent vraiment, qui lèvent leurs regards vers leurs branches et feuillage; et ils sont encore moins nombreux ceux qui réfléchissent à ce quest un arbre, à lhistoire quil renferme sous son écorce ou quil tente dexprimer par lagencement de ses branches ou les mouvements figés de son tronc… Les arbres qui parlent dans limmobilité cest le sujet dune exposition de photographies insolites accueillie à compter de ce jeudi par le Musée du Paysan Roumain de Bucarest – “Arbres, de la matière à lespace”.


    Pour en parler, la guetteuse darbres, Sorina Savulescu, artiste photographe, et Isabelle Wesselingh, journaliste, chef du bureau de lAFP en Roumanie, mais aussi second commissaire dexposition, aux côtés de Richard Edwards.


  • Espace Minoux

    Espace Minoux

    Un demi sous-sol plein de charme, avec vue sur de larges horizons en général et la rue en particulier, ouvert aux expériences gourmet, ateliers et formations en tout genre, aux dégustations de vins et d’histoires. Ainsi pourrait-on résumer en quelques mots l’endroit qui nous accueille aujourd’hui.



    Nous sommes rue Spătarului, tout près de Calea Moşilor, une des principales artères de la capitale roumaine, au demi sous-sol d’un bâtiment datant de 1886. L’endroit, appelé Espace Minoux, est destiné aux rencontres restreintes mais mémorables. Il a été créé dans le but affirmé de mettre sur le plan de la ville un lieu pas comme les autres, ouvert notamment à ceux qui savent dire « Bonjour », « S’il vous plaît » et « Merci ».



    Răzvan Voiculescu est photographe professionnel et notre guide d’aujourd’hui: « Espace Minoux est un espace culturel de très petites dimensions, aménagé dans un bâtiment classé mais qui était dans un état tout à fait déplorable lorsque je l’ai acheté. Un bâtiment squatté par des gens qui l’on pratiquement détruit. J’ai décidé de le restaurer entièrement. Je précise: je ne l’ai pas réparé, j’ai réussi à le restaurer, à sauver des éléments d’origine, tels que les poêles et les voûtes en briques sur lesquelles les anciens locataires avaient collé de grands morceaux de carton… J’ai également récupéré la mosaïque du demi sous-sol de la maison. C’est là que je veux organiser de petits événements culturels, de sorte que l’endroit devienne connu et qu’il soit fréquenté notamment par des personnes qui apprécient sa beauté. »



    Cela fait à peine deux ans que Răzvan Voiculescu a ouvert les portes en verre du rez-de-chaussée de sa maison. Ceux qui en ont franchi le seuil ont découvert une véritable galerie d’art, avec une exposition permanente réunissant une vingtaine des meilleurs sculptures en bronze d’Anca Sârbulescu. Une mini-exposition entrée dans le circuit artistique bucarestois grâce aux efforts de Răzvan Voiculescu et de ses invités.



    Au demi sous-sol, 35 chaises, très exactement, attendent le public tous les jours de la semaine. Les 35 chanceux de chaque soirée se réunissent pour les différents ateliers et débats qui y sont organisés. Ou bien ils ont l’occasion d’écouter, presque en tête-à-tête, de grands artistes de musique folk roumaine. Des concerts comme entre amis, sans micro ni projecteurs.



    Et ce n’est pas tout, comme nous le dit Răzvan Voiculescu: « Il y a de petites sociétés qui louent notre espace. Si j’aime le concept et l’idée que quelqu’un veut mettre en place, j’accepte. Par exemple, on y organise tous les mois des classes d’éducation parentale. En tant qu’hôte, j’écoute les débats et je constate qu’ils sont très pertinents. Le psychologue qui anime ces cours élargit l’horizon des parents, il leur explique où ils font des erreurs et pourquoi. Des fois il n’y a que les parents qui y participent, d’autres fois, ils emmènent aussi leurs enfants dans l’espoir d’arriver à une relation harmonieuse. »



    Et puis il y a les soirées réservées aux gourmands. Răzvan Voiculescu nous en dit davantage. «Je choisis un chef qui ne doit pas forcément avoir des étoiles Michelin, mais du véritable talent. Le premier que j’ai invité vient de Zalău et s’appelle Mircea Groza. Il est lui-même tout un personnage. Côté cuisine, tout ce qu’il prépare est absolument divin. Il n’utilise jamais de produits du commerce. Il a ses propres producteurs qui lui préparent le formage, même la charcuterie — des dizaines de kilos par jour, tout fait manuellement, sans aucun outillage, qu’ils distribuent aux restaurants désireux d’avoir dans leur menu de la charcuterie de qualité. Il en va de même pour la viande. Sans oublier les légumes, qu’il achète chez des fournisseurs qui ont leur propres potagers. On voit que les légumes sont imparfaits, mais on sait qu’ils sont naturels, cultivés uniquement avec de l’eau, c’est pourquoi ils ont un goût extraordinaire. Mircea est un poète de la gastronomie et pas en dernier lieu une personne très cultivée. C’est un véritable plaisir de l’écouter parler de la gastronomie et de l’histoire de sa région natale, celle de Zalău. C’est un plaisir de passer toute une soirée en sa compagnie et d’écouter ses histoires.»



    Vous vous demandez peut-être comment on peut réserver une place pour participer à une soirée de ce genre. Rien de plus simple : sur la page Espace Minoux de Facebook il y a une liste des prochains événements. Mais il faut se dépêcher, pour être parmi les 35 premiers demandeurs. Il n’y a que de petites exceptions, explique Răzvan Voiculescu: « Il y a des gens qui m’écrivent : « Je veux 2 billets ». Point. Je ne réponds pas à de tels messages. « Je veux » tout court, sans dire au moins « bonjour », ou un salut quelconque, sans dire « merci » — cela me donne un sentiment très désagréable. De telles personnes n’existent pas pour moi. Elles n’ont pas de place dans mon club. Heureusement, la plupart de nos visiteurs savent dire « merci », « est-ce que pourrais » ou n’importe quelle autre formule de politesse et je les invite chez moi les bras ouverts, je leur dis: oui vous pouvez occuper une de mes 35 places. Et j’ai plein de demandes, au moins 200 par événement. Je respecte l’ordre chronologique des inscriptions, avec la seule exception que je viens de mentionner: ne réponds pas aux personnes qui ne savent pas s’exprimer poliment ».



    Ce n’est pas vraiment un bar, ce n’est pas vraiment un club… c’est Espace Minoux. Avec un peu de chance vous pouvez le visiter vous-mêmes si vous êtes de passage à Bucarest. (trad.: Valentina Beleavski)