Tag: esprit civique

  • Jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui

    Jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui

    Aujourd’hui
    nous parlons des jeunes roumains d’hier et d’aujourd’hui. Nous commencerons par
    le présent et nous allons faire la connaissance d’une jeune femme qui est en
    train de faire un stage au sein du Parlement européen. Ensuite, nous découvrirons
    une exposition consacrée aux adolescents roumains qui ont perdu la vie dans la
    révolution anticommuniste de décembre 1989. Clin d’œil sur le passé et l’avenir
    de la jeunesse roumaine.

    Simina Tulbure
    est une jeune femme très ambitieuse et très impliquée dans l’espace civique. Elle
    est née dans le nord extrême de la Roumanie, à Baia Mare, et a fait ses études
    universitaires en Grande Bretagne, une expérience qui l’a aidée à consolider
    son parcours professionnel depuis ses années d’études universitaire.

    Au micro
    de notre collègue Monica Chiorpec Simina Tulbure raconte son expérience au Parlement Européen.

    Et maintenant,
    clin d’œil sur le passé. Cette liberté d’options et de mouvement dont parlait
    notre interlocutrice antérieure, n’existait pas il y a une trentaine d’années
    et elle n’aurait pas été possible sans le sacrifice des jeunes qui ont lutté pour
    la chute du communisme en décembre 1989. C’est
    justement pour leur rendre hommage que le Musée national d’histoire de la
    Roumanie a organisé fin décembre 2020 une petite exposition très spéciale et très
    émouvante intitulée « Diana, l’héroïne de la Salle Dalles ». Il faut préciser que la Salle Dalles était jadis une
    librairie et une salle d’exposition au centre – ville de Bucarest, Place de l’Université,
    au Km zéro de la capitale, l’endroit emblématique de la révolution anticommuniste
    roumaine. Voyons maintenant qui est cette héroïne de la Salle Dalles et
    pourquoi une exposition lui a été consacrée.

    Au micro de notre collègue Ion
    Puican, Cristina Păiuşan Nuică, chercheuse au Musée national d’histoire de la
    Roumanie.

  • L’activisme féminin

    L’activisme féminin

    Toujours plus présentes dans la vie économique et politique de la Roumanie d’aujourd’hui, les femmes ne sont en effet pas en reste pour ce qui est de l’implication civique. Un progrès que le marché du livre ne saurait ignorer, la preuve en étant un projet éditorial, lancé déjà en 2011. Il s’agit de trois volumes publiés aux éditions Polirom et coordonnés par l’économiste et femme politique Andreea Paul-Vass, de trois recueils d’histoires de femmes qui ont rencontré le succès en politique, économie ou action citoyenne.

    Le dernier volume en date, intitulé « La force civique des femmes » et lancé cette année, montre la présence majoritaire des femmes dans le secteur non-gouvernemental. Pour en savoir un peu plus, nous sommes allés à la rencontre d’Andreea Paul-Vass: « C’est qu’en 2011 paraissait notre premier volume, « La force politique des femmes », avec des portraits de femmes issues de toutes les familles politiques du moment. En 2016, on remettait le couvert, avec le deuxième volume, « La force économique des femmes », auquel ont contribué des entrepreneures tout à fait exceptionnelles. Et puis, en 2018, il était impératif de mettre en exergue l’esprit civique des femmes, et c’est ainsi qu’est né le troisième volume. De fait, chaque parution est liée à mon propre parcours, car j’ai été, tour à tour, femme politique, femme d’affaires, et puis activiste. Et j’ai été très sensible aux histoires des autres dames qui avaient eu la même folie qui les avait poussées à se lancer dans ce type d’action. Je crois que nous, les femmes, on a un don de rééquilibrer les choses, d’embellir la société, de réparer les injustices. Dans la société civile, les femmes sont très présentes. Si on regarde la carte des innovateurs sociaux, les femmes contribuent à hauteur de 53% à la création et au management des organisations non gouvernementales. Dans l’entrepreneuriat, les choses vont moins bien, mais elles s’améliorent. Quant à la force économique des femmes, aujourd’hui, un sur trois entrepreneurs est une femme. C’est bien de le savoir. Le pire, c’est en politique. Lorsque le premier volume de cette trilogie est paru, en 2011, le parlement roumain ne comptait que 10 ou 11% de femmes. Moins d’une décennie plus tard, on compte le double de parlementaires féminins. »

    L’empathie que les femmes sont naturellement plus enclines à manifester pour les êtres qui les entourent pourrait constituer l’un des facteurs favorisant leur implication dans des initiatives d’entraide sociale, ou de sensibilisation à des causes médicales ou écologiques. Selon la journaliste Daniela Palade Teodorescu, rédactrice en chef du magazine « Carrières », il y aurait là encore une cause, plus spécifique au contexte roumain. Ecoutons-la. « Par leur action quotidienne, ces femmes démontrent, de fait, la force civique dont elles sont animées. J’ai rencontré des femmes, des mères notamment, qui ont arrêté de se plaindre que l’Etat ne fait rien pour leurs enfants ou parents malades, pour leurs enfants handicapés. Elles ont pris le taureau par les cornes et s’est sont tout simplement dit : « C’est moi le changement. Je n’attends plus rien du système, je n’attends plus que le changement vienne d’en haut. C’est moi qui va militer pour que les droits de mes enfants, de mes parents, de ceux qui souffrent, soient respectés ». Ce livre parle de ce que j’appellerais « le pouvoir des vulnérables ». Car, l’on rencontre assez souvent des femmes qui se sont retrouvées dans une situation limite, et qui ont trouvé la force et les ressources de la dépasser, et puis elles se sont dit : maintenant, je vais faire la même chose pour d’autres comme moi. Souvent, il s’agit d’héroïnes anonymes, qui n’ont pas cherché les lumières de la rampe. Elles s’étonnent même qu’on veuille en parler. Pourtant, en parler, c’est important, ça les motive. C’est une confirmation qui les aide à continuer dans leur démarche».

    Les histoires des cent femmes, recueillies dans le volume « La force civique des femmes », met aussi en lumière les avantages de la solidarité féminine. « La valeur d’une femme est mesurée dans le nombre des autres femmes qu’elle a pu aider, qu’elle a aidées à se remettre debout », dit l’une des protagonistes. Daniela Palade Teodorescu: « Lorsque ton enfant est trisomique et que l’on te promène d’une clinique à une autre, d’un médecin à un autre, d’un hôpital à un autre, lorsqu’on reçoit des diagnostiques erronés, arrive un moment quand tu te dis : « Il faut que j’agisse. A un moment donné, moi je disparaîtrais, et qui prendra soin de lui ? Comment vivra-t-il sans moi de manière autonome ? ». A partir de là, et grâce aux réseaux sociaux, des communautés se construisent, pour adresser un problème particulier, similaire ou apparenté. »

    Le secteur associatif semble prendre son essor en Roumanie et certains experts y voient la preuve de la démission ou de l’impotence de l’Etat dans certains domaines. L’Etat s’intéresse très peu aux problématiques qui suscitent le plus grand intérêt de la société et les financements en sont conséquents, considère la militante féministe Mihaela Miroiu, professeure des universités à l’Ecole nationale d’études politiques et administratives: « Un autre processus présent en Roumanie et que ce livre a le mérite de mettre en évidence c’est la professionnalisation d’une ONG, au fil du temps. Cela signifie que les gens qui y travaillent deviennent de véritables experts dans leur domaine d’activité. C’est tout le contraire de ce qui se passe en politique, où l’amateurisme, l’imposture et le dilettantisme augmentent de manière exponentielle. Et l’on observe ainsi une véritable fracture sociale : un monde de décideurs amateurs d’un côté, des professionnels non gouvernementaux de l’autre. La bonne nouvelle c’est qu’une partie au moins de la société fonctionne correctement : l’entrepreneuriat civique. »

    L’édition 2017 de l’étude de la Fondation pour le développement de la société civile, la FDSC, fait état de 42 mille associations actives, sur les 88 mille recensées. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les meilleures initiatives civiques de 2017

    Les meilleures initiatives civiques de 2017

    Devenues célèbres aussi bien en Roumanie qu’à l’étranger, les nombreuses manifestations estampillées #REZIST de 2017 ne sont que le symbole d’un renouveau de l’esprit civique, devenu de plus en plus présent au fil des années. Mais l’esprit civique ne s’épuise pas dans des manifs dénonçant la corruption ; il prend encore des formes alternatives d’activisme, telles les pétitions qui, à l’aide de beaucoup de persévérance, essayent d’ouvrir la porte du dialogue avec les décideurs publics. Derrière certains activistes, on trouvera des associations et des ONG. Le Centre de ressources pour la participation civique (CERE) distingue les activistes civiques les plus remarquables à l’occasion d’un événement annuel appelé le Gala de la participation civique, initié voilà neuf ans.

    Cette année, le Centre a essayé de distinguer en égale mesure les deux catégories d’activisme : celui incarné par les manifs de rue, et celui des petits groupes d’action locale, telles les initiatives sociales qui essayent d’améliorer les conditions de logement dans certains quartiers, ou de promouvoir l’éducation, l’égalité des chances, ou encore la protection de l’environnement.

    Quant au concept autour duquel s’est articulé le Gala de 2018, nous avons abordé le sujet avec Oana Preda, directrice exécutive de CERE : « Le Gala de cette année aborde le concept de solidarité. On a pensé que c’est bien autour de la solidarité que l’on pourrait faire se rencontrer les deux formes d’activisme. Ces dernières années on a observé un renouveau de l’esprit civique ou citoyen et on remarqué un activisme renforcé et croissant. Toutefois, on ne peut s’empêcher de regretter que ce changement d’attitude n’ait pas encore produit ses effets plus en profondeur, au niveau des autorités. On ressent un air de pessimisme, bien que les gens semblent décidés de résister. »

    De ceux qui résistent et qui ont même réussi à faire entendre leur voix et à faire bouger les lignes, on compte les mamans de l’association SAMAS. Par leur campagne « CNA devant le dilemme de l’allaitement », elles ont convaincu le Conseil national de l’audiovisuel de faire introduire une publicité qui fait la promotion de l’allaitement pendant les 6 premiers mois de vie de l’enfant. C’est un message extrêmement important parce que, selon UNICEF, seuls 12% des bébés roumains sont allaités dès leur naissance, et que le taux d’allaitement pendant les six premiers mois de vie n’est que de 16%.

    Eli Roman, militante de l’association SAMAS, présente à l’occasion du Gala de la participation publique : « Les chaînes de télévision hésitent toujours à diffuser notre message aussi souvent que d’autres publicités d’intérêt public. Nous avons voulu faire entendre ce message d’encouragement aux mères. Ce n’est pas facile d’allaiter, mais pas impossible non plus. On ne veut accuser personne. Si une maman choisit de ne pas allaiter, alors bon, c’est son choix. Mais, mesdames, messieurs, mamans et papas, sachez qu’il n’y a rien de plus valorisant que d’offrir le meilleur à son enfant en début de vie. »

    Un liquide aussi vital que le lait maternel semble être l’eau des sources de montagne. Ovidiu Mihuţ, pêcheur passionné a fait des émules parmi ses pairs pour lancer la campagne « Contre la désertification des monts Făgăraş et le rapt des forêts publiques ». Par cette campagne, Ovidiu Mihuţ tire la sonnette d’alarme quant au désastre environnemental provoqué par la construction de microcentrales hydroélectriques. De surcroît, utilisant à bon escient la législation de l’UE en la matière, Mihut réussit à attirer dans son combat la Commission européenne qui a lancé une procédure de sanction à l’encontre de la Roumanie, pour non respect des obligations assumées au sujet de la protection des habitats naturels lors de l’octroi des permis de construire pour ces ouvrages hydroélectriques.

    Ovidiu Mihuţ précise : « Nous ne sommes pas à proprement parler une organisation, mais bien de simples citoyens. Mais nous sommes les premiers à avoir dénoncé le fait qu’ériger de tels chantiers au beau milieu des réserves naturelles ne représente rien d’autre qu’un schéma d’enrichissement rapide de certains, aux dépens de l’intérêt général. D’un point de vue économique, l’efficience énergétique de ces centrales peut être comparée à celle d’une pile de montre utilisée pour démarrer une locomotive. Nous avons réussi à faire sortir la grande corruption cachée derrière de telles initiatives privées. »

    Combien indispensable est la persévérance pour faire connaître ses doléances a encore été démontré par Oana Vasiliu, via sa campagne « La révolution des habitants du quartier de Canta ». Dans les habitations sociales de ce quartier de Iasi, les conditions de vie sont, à proprement parler, inhumaines.

    Et Oana Vasiliu est bien payée pour le savoir, pour y avoir vécu : « J’ai réussi à quitter Canta. J’avais habité là pendant 7 ans, avec mes 3 enfants. Ce n’est pas juste dur, c’est infernal. Il y a beaucoup de gens malades, des handicapés, des enfants autistes ou qui souffrent d’épilepsie et qui continuent d’y vivre, dans des pièces qui font neuf mètres quarrés. C’est la galère. Les autorités locales rejettent toute demande de déménagement. Je les avais submergé de requêtes pendant 7 ans, et ce n’est qu’ainsi que j’ai réussi à m’en aller. Mais les démarches de la plupart de ceux qui vivent là-bas sont rejetées d’office, parce qu’ils ne savent pas se défendre. Avec le soutien des journalistes, j’ai réussi à les aider, maintenant au moins ils connaissent leurs droits. Là on assiste à des suicides, et il est insensé, inhumain que les autorités soient au courant de tout cela et qu’elles ne lèvent le plus petit doigt. »

    Mais si à Iasi la campagne menée par cette ancienne habitante de Canta n’a réussi qu’à en informer les gens, dans la ville de Constanta les autorités publiques locales ont été bien obligées d’ouvrir un premier centre d’accueil d’urgence des victimes de la violence domestique. C’est l’exploit réussi par l’association « Necuvinte », « les Sans paroles » qui, par sa campagne intitulée « La caravane qui fait bouger les choses » a réussi à informer et à sensibiliser l’opinion publique sur la violence domestique et ses conséquences.

    Simona Voicescu, une des chevilles ouvrières de cette campagne, nous parle de l’action de l’association: « Ils ont finalement ouvert ce centre, ils ont mis à disposition une ligne verte, mais tout a été le fruit d’un terrible effort. Nous avons été accueillis de manière agressive à Constanţa et puis, après l’ouverture, lorsque l’on a demandé des infos, ils ont exigé une requête écrite et nous ont assuré de recevoir une réponse dans les trente jours. »

    Malgré tout, c’est grâce à la pression conjointe des organisations civiques, de l’opinion publique et des médias que la décision d’ouvrir le centre n’a pris que 25 jours. Et c’est bien la raison pour laquelle CERE a mis à l’honneur cette campagne, avec les autres campagnes mentionnées, lors de son Gala de la participation publique. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les réglementations concernant les groupes informels

    Les réglementations concernant les groupes informels

    Depuis 3 ans, l’esprit civique des Roumains – que le souvenir de la répression communiste avait longtemps inhibé – se manifeste de plus en plus, notamment par l’apparition de nombreux groupes d’initiative. Ce sont de petites organisations informelles, créées autour d’un problème ponctuel, dans l’espoir d’y trouver une solution. Par exemple, le groupe « Iasi aime les tilleuls » s’est formé spontanément, en signe de protestation contre la décision de la mairie de la ville d’abattre les fameux tilleuls de cette ville historique du nord – est de la Roumanie. Ce groupe a même réussi à mettre sur pied un projet pour planter de nouveaux tilleuls à Iasi. A Bucarest, plusieurs quartiers sont représentés par un, voire plusieurs groupes informels : «L’initiative Favorit», «Sauvez le Parc Drumul Taberei», «Sauvez le Parc IOR» et la liste se poursuit.

    Au total, quelque 513 tels groupes sont actifs en Roumanie, dont 48 sont apparus spontanément, à l’initiative de leurs membres. Les 465 autres ont vu le jour grâce à des programmes publics ou à l’aide de fonds privés de différentes organisations. Toutes ces données figurent dans un rapport rédigé dans le cadre du projet « Le développement de la capacité des ONGs et des groupes informels », lancé par la Fondation pour une Société Ouverte.

    Récemment ravivé, donc, l’esprit civique des Roumains nécessite toujours d’être stimulé, estime la coordinatrice du projet, Marinela Andrei : « Le rapport entre les groupes informels qui bénéficient de soutien et ceux rassemblés spontanément est de 10 à 1. Notre principale conclusion est que l’activation spontanée des citoyens ou de l’esprit civique est assez limitée, bien qu’elle ait déjà commencé à se manifester et que ce soit déjà un phénomène visible dans l’espace public. La plupart des initiatives soutenues visent un problème particulier d’une certaine communauté, concernant son infrastructure, qu’il s’agisse de routes, de ponts ou de bâtiments (comme les établissements scolaires, par exemple).»

    Ils s’organisent, signent de pétitions, demandent des audiences. C’est ainsi que ces groupes deviennent visibles et réussissent même à négocier avec les responsables locaux. Mais le statut de partenaire de dialogue de l’administration locale est difficile à obtenir, en partie à cause du fait que ces groupes informels n’ont pas de personnalité juridique clairement définie.

    Toutefois, cet aspect n’est pas une priorité pour eux. Explication avec Valentin Burada, sociologue, un des auteurs du rapport sur «L’activité des groupes civiques informels de Roumanie » : «Le problème principal n’est pas l’enregistrement formel ou juridique de ces groupes. C’est leur besoin d’être reconnus, y compris par les autorités publiques. De l’avis de ces groupes informels, il faut mettre l’accent sur le travail avec les pouvoirs publics, alors que la procédure pour rendre officiel leur statut est fastidieuse et peut engendrer plus d’ennuis que de solutions. En plus, à l’heure actuelle, leur reconnaissance par les responsables se fait en fonction de leur activité, de leur participation aux séances des conseils locaux, de leur capacité à mettre sur pied des actions publiques, même dans la rue. C’est par ces actions que ces groupes obtiennent leur reconnaissance. »

    Le Centre de ressources pour la participation publique compte parmi les associations qui ont soutenu la création de nombreux groupes d’initiative civique. Du point de vue du Centre, on n’a pas besoin de réglementations supplémentaires, comme par exemple d’inscription sur une liste ouverte auprès des mairies ou des conseils locaux.

    Pourquoi? Voici la réponse de Sânziana Dobre, coordinatrice de programmes au Centre mentionné: « Une des conclusions de l’étude, que nous ne partageons pas d’ailleurs, va dans le sens de la mise en page d’une procédure pour enregistrer les groupes informels auprès des institutions publiques. Cette procédure serait similaire à celle d’une accréditation auprès d’une institution. Avant de demander une audience ou différentes rencontres, les gens devraient se faire enregistrer. Nous ne pensons pas que ce soit nécessaire. Cela découragerait les actions des groupes civiques parce que leur expérience commence avec ces premières audiences. Leur imposer de faire un autre pas avant celui-ci ne les aiderait pas. En plus, cela rendrait bureaucratique la négociation avec les autorités, un processus qui démarre à peine et qui devrait être laissé se développer d’une manière aussi naturelle et aussi simple que possible.»

    En revanche, toute proposition censée accroître l’efficacité des groupes informels est bienvenue. Sânziana Dobre explique: «Nous agréons toutes les autres conclusions du rapport ; parmi elles : donner la possibilité aux groupes de demander des débats publics dans le cadre de la loi de la transparence décisionnelle. Selon cet acte normatif, les autorités locales doivent consulter les ONGs avant de prendre certaines décisions. Voici une autre suggestion : créer des espaces de rencontre. «Où peut-on se donner rendez-vous?» c’est un grand problème pour les membres d’un groupe. Ils ne peuvent pas se réunir tout le temps dans des cafés. Pour certains, cela peut être coûteux. En plus, les cafés sont bruyants et il est difficile d’y organiser des débats ou de rédiger des plans d’action. Par conséquent, la création de tels espaces de rencontre serait une bonne idée.»

    La conclusion unanime c’est que le développement des initiatives dépend surtout du niveau d’éducation civique: les gens auront le courage de discuter avec les autorités au moment où ils connaîtront leurs droits.

    Le sociologue Valentin Burada: « Les problèmes naissent plutôt à cause du faible niveau d’éducation civique et de participation en Roumanie, et moins à cause de l’absence d’une législation ou d’instruments légaux pour soutenir l’implication civique. Il y a des carences en ce qui concerne la mise en œuvre de la loi visant l’accès des gens à l’information publique et la participation des citoyens à la prise de décisions à fort impact public. C’est là le rôle des groupes civiques. Ils doivent devenir des mécanismes capables non seulement de stimuler l’implication civique et de renforcer le niveau d’éducation civique, mais aussi d’exercer une pression sur les autorités pour que celles-ci respectent la loi en vigueur. Il faut créer des mécanismes qui permettent aux citoyens de s’impliquer réellement dans le processus décisionnel. »

    Malgré toutes ces lacunes, les initiatives civiques de multiplient en Roumanie. (Trad. Valentina Beleavski)