Tag: Etat

  • Le livre fait vivre

    Le livre fait vivre

    Alexandru Stoleru est issu du milieu rural. Malgré les difficultés financières, il a pu bénéficier d’une bourse et d’une aide de l’ONG World Vision Roumanie pour effectuer sa scolarité. Aujourd’hui, il est étudiant à l’université Polytechnique et défend la cause des élèves méritants qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école, et à qui l’État devrait venir en aide :



    « Je n’ai jamais été du genre à avoir 20/20. J’étais un élève moyen, qui obtenait des 14 ou des 15. Mais je m’intéresse surtout à ceux qui passent d’une moyenne de 9 à 12. Ce sont les plus importants ! Car un élève ayant obtenu un 18 et qui veut avoir 20 la prochaine fois n’a pas beaucoup d’efforts supplémentaires à fournir. Alors que cet élève qui passe de 9 à 12 a franchi une étape. Il passe du statut de « cancre de la classe » à celui de « tu vois, tu peux y arriver ! ». J’aimerais qu’à un moment donné on n’ait plus à discuter de ces élèves, qu’il s’agisse des cancres ou des premiers de la classe. Ils font tous partie des nombreux élèves qui ont envie d’apprendre, de réussir dans la vie. Nous pouvons travailler ensemble, construire quelque chose ensemble, et pour ça nous avons besoin que certains nous donnent une chance, nous aident, des personnes haut placées qui ont la possibilité de nous rendre plus forts, de nous faire monter sur le devant de la scène. Nous souhaitons aider les personnes plus âgées, les plus démunis etc. »



    Combien perd l’État en n’investissant pas dans l’éducation de ces enfants ? Combien lui coûte un chômeur ? Quel bénéfice obtiendrait-il en misant sur un étudiant diplômé plutôt qu’un nouveau chômeur ? Voilà certaines questions soulevées par World Vision Roumanie dans le cadre de son enquête « Le coût de l’éducation : investissement, rendement, impact », dont les résultats ont récemment été partagés lors d’un débat récent. Les résultats sont sans équivoque.


    Mihaela Nabăr, directrice exécutive de World Vision Roumanie, nous en donne un aperçu :



    « Chaque leu (la monnaie roumaine) investi dans l’éducation nous en rapporte 8. Est-ce peu ou beaucoup ? Je ne sais pas. Mais il est évident que l’éducation est très rentable. Nous avons également examiné dans quelle mesure l’investissement dans l’éducation, ou l’impact de l’éducation sur certains individus, peut influencer le bien-être et le salaire chez chacune des catégories que nous avons observées. Et nous avons souhaité nous concentrer particulièrement sur ce facteur, car très souvent, dans les communautés rurales roumaines avec lesquelles nous travaillons, 78 % des parents sont convaincus que le réseau prime sur l’éducation scolaire. Cette étude vient déconstruire ce mythe. Elle nous prouve, en s’appuyant sur des chiffres, que chaque niveau d’éducation, chaque cycle d’apprentissage, permet de doubler le salaire d’une personne, et aussi les revenus qu’elle reverse ensuite à l’État par d’autres voies. »



    Pour être plus précis, l’étude montre que le salaire brut d’une personne double à peu près à chaque fois qu’elle termine un nouveau cycle d’enseignement. Un bachelier gagnera deux fois plus qu’une personne qui n’a pas poursuivi ses études après le collège. De même, un étudiant diplômé de l’université gagnera deux fois plus qu’un autre n’ayant obtenu que le baccalauréat. Tout ça indépendamment du statut professionnel de chacun, qu’ils soient salariés, agriculteurs ou qu’ils travaillent à leur compte dans un autre domaine.



    De même, pour certains, la contribution au budget de l’Etat augmente proportionnellement à leur niveau d’études et à leurs revenus. Ainsi, un Roumain ayant terminé l’école primaire contribue au budget de l’Etat à hauteur de 10 000 lei (environ 2 000 euros). Cette somme double pour passer à 20 000 lei (environ 4 000 euros) pour les personnes issues d’une filière technique, puis jusqu’à 40 000 lei (environ 8 000 euros) pour les diplômés d’études universitaires ou postuniversitaires. Pour résumer simplement, à chaque nouveau diplôme obtenu, votre contribution au budget de l’État double presque.



    Évidemment, l’État paye aussi nos études ! Mais selon l’enquête sur « Le coût de l’éducation : investissement, rendement, impact », commandée par World Vision Roumanie, pour chaque leu investi dans un cycle scolaire complet (de la maternelle aux formations postuniversitaires), l’État récupère 8 lei, sous la forme d’impôts et autres contributions. Par exemple, pour chaque étudiant diplômé de master, l’État dépense en moyenne chaque année un total de 168 000 lei (environ 33 000 euros), de la maternelle jusqu’à l’obtention du diplôme. L’État récupère du même coup environ 1,45 millions de lei (soit environ 290 000 euros) de la même personne, grâce aux impôts, taxes et autres contributions qu’elle paiera tout au long de sa vie. Ce qui correspond à un investissement avec un taux de rendement de 700 %. A l’inverse, à cause du manque d’accès à l’éducation, l’État dépense en moyenne 90 000 lei (soit environ 18 000 euros) pour un chômeur dont l’éducation n’a pas été au-delà de l’école primaire.


    En d’autres termes, selon Mihaela Nabăr, directrice exécutive chez World Vision Roumanie, l’éducation est l’investissement le plus rentable à faire pour un Etat :



    « Cette étude ne prend pas en compte l’aspect qualitatif de l’éducation en Roumanie. Elle ne cherche pas à savoir si nous sommes bien préparés pour les nouvelles générations d’élèves, ni à quel point les professeurs sont bien formés, ni combien nous devons encore investir, ni quel est l’état de nos infrastructures, ni si l’éducation est assez équipée sur le plan numérique… Toutes ces questions ne sont pas prises en compte dans l’étude. Toutefois, il est évident qu’il y a de la place pour investir dans tous ces domaines, pour que cela rapporte à l’Etat, comme nous l’avons observé. Par exemple, en modifiant le statut des personnes sans emploi, passant de celui de chômeur à celui de diplômé de l’université, prêt à intégrer le marché du travail. »



    A l’heure actuelle, la Roumanie se trouve en fin de classement des Etats membres de l’OCDE en termes d’investissement dans l’éducation. Un investissement à hauteur de 2,5 % du PIB, loin des 6 % minimum promis par le gouvernement. En outre, les problèmes de l’iniquité et de l’accès inégal à l’éducation sont bien réels. Il existe presque deux Roumanies : urbaine et rurale, et les subventions allouées à l’éducation ne sont pas réparties entre elles équitablement. Mais, selon Mihaela Nabăr, si les objectifs du gouvernement sont déjà bien élaborés, il ne reste plus qu’à passer à l’action. D’un côté, la Roumanie dispose d’élèves brillants et méritants, qui chaque année remportent les Olympiades internationales ou sont acceptés dans les plus prestigieuses universités du monde. D’autre part, beaucoup d’élèves roumains sont considérés comme analphabètes fonctionnels. C’est à dire qu’environ 40 % des élèves ne sont pas capables de comprendre ce qu’ils lisent ou de faire un raisonnement simple. C’est à eux que le système doit venir en aide avant qu’il ne soit trop tard !


    (Trad. : Charlotte Fromenteaud)

  • 140 ans depuis la fondation de la monarchie roumaine moderne

    140 ans depuis la fondation de la monarchie roumaine moderne

    Si les Roumains pouvaient se targuer d’une histoire commune d’au moins 5 siècles, leur destin politique commun était tout récent en revanche. L’idée d’un Etat commun avait déjà effleuré l’esprit d’aucuns durant les siècles, mais ce n’est qu’à la fin du 18e que le concept de la Dacie contemporaine se précise, par exemple, dans la correspondance qu’échangeaient l’impératrice Catherine II de Russie et l’empereur Joseph II d’Autriche. Les deux têtes couronnées désignaient ainsi les principautés danubiennes, en reprenant l’ancienne titulature préromaine de ce territoire. Mais très vite, dans la première moitié du 19e siècle, l’idée d’un Etat commun des Roumains vivant dans les principautés danubiennes, la Moldavie et la Valachie, fait son chemin. Et l’idée de l’unité des Roumains pénètre dans l’esprit collectif avec une autre idée force, celle de transformer le Danube en un fleuve paneuropéen, afin d’en garantir la liberté de navigation. Avec l’union des principautés danubiennes en 1859, sous le sceptre d’Alexandru Ioan Cuza, avec l’arrivée, en 1866, sur le trône des principautés roumaines unies du prince-souverain Carol de Hohenzollern-Sigmaringen, qui sera proclamé roi de Roumanie le 26 mars 1881, l’ancienne Dacie semble construire à grande vitesse les frontières politiques de sa modernité. Le 10 mai 1866, le jour où le prince Carol débarque sur le sol de son futur royaume, marque le début de la modernité roumaine.



    Le règne de Carol Ier, déroulé entre 1866 et 1914, sera à la fois long et riche. Mais ce fut tout le contraire d’un long fleuve tranquille. L’historien Alin Ciupală de l’Université de Bucarest parle de la première partie de ce règne comme d’une période de transition, l’arrivée du prince allemand sur le trône des principautés roumaines étant perçue par d’aucuns avec une certaine réserve. Alin Ciupală :



    « Mises à part les élites politiques, Monsieur Tout-le-monde demeure assez indifférent à ce prince allemand, catholique, somme toute un étranger pour la plupart de Roumains. Les élites politiques nourrissent en revanche beaucoup d’espoir envers sa personne, surtout après la fin décevante du règne d’Alexandru Ioan Cuza, le premier prince souverain des principautés roumaines unies. Pour sa part, il faut dire que le prince allemand n’arrête pas de s’étonner de l’atmosphère provinciale de Bucarest, capitale de son nouvel État. C’est son épouse, la future reine Elisabeth, qui racontera plus tard, avec beaucoup d’humour, l’épisode. C’est que Bucarest était une ville balkanique et provinciale, loin de pouvoir se mesurer avec les villes allemandes de l’époque, qui étaient familières au prince. A son arrivée, le prince souverain fraîchement appelé à occuper le trône vacant des Principautés roumaines unies va élire domicile au manoir de la famille Golescu, lui aussi très éloigné du confort et de la majesté que constituaient l’image de marque des châteaux de la famille Hohenzollern-Sigmaringen. Mais le prince s’y fera bien vite et surmontera rapidement les désillusions de son début de règne. »



    La Constitution de 1866, l’une des plus modernes de son temps, inspirée par la constitution belge de 1830, fera appeler la Roumanie d’alors la « Belgique de l’Orient ». Une constitution qui fera date et qui sera prête dès le début du nouveau règne de Carol Ier, marquant l’amorce de la nouvelle monarchie constitutionnelle roumaine. Alin Ciupală :



    « A son arrivée dans le pays, le texte de la nouvelle constitution était presque prêt. Pour ce faire, les hommes politiques roumains avaient mis de côté, une fois n’est pas coutume, leurs divergences. Le texte sera rapidement adopté par l’Assemblée constituante, et entrera en vigueur tout de suite après. C’est que la classe politique roumaine désirait rassurer le nouveau Souverain, lui proposant un terrain institutionnel stable, sécurisant, pour éviter de reproduire l’insécurité institutionnelle et la méfiance qui ont caractérisé les relations entre la classe politique et le prince souverain au temps du règne précédant, d’Alexandru Ioan Cuza. Les élites politiques roumaines d’alors avaient pris résolument le pari d’instaurer un régime de monarchie constitutionnelle, doté de toutes les garanties et les garde-fous nécessaires. Mais les élites politiques étaient pressées aussi par la conjoncture internationale et les tensions diplomatiques apparues après qu’Alexandru Ioan Cuza avait été déposé. En effet, les Grandes Puissances avaient reconnu l’union de la Moldavie et de la Valachie le temps de son règne, et pas au-delà. Or, après le 11 février 1866, jour de la déposition de Cuza, se prévalant de cette conditionnalité, la Turquie et l’Autriche ont appelé les Principautés roumaines unies à revenir à l’état de fait d’avant 1859, à se séparer donc. Il leur fallait trouver la parade, et le temps pressait. »



    La crise dynastique de 1871 marque le point d’orgue des difficultés ayant marqué la période de transition du règne de Carol I. En effet, le prince souverain Carol avait été alors tout près de signer son acte d’abdication. Seul le changement de gouvernement l’avait décidé de se raviser. Certains historiens voient l’épisode comme le moment charnière, à partir duquel la monarchie constitutionnelle roumaine, l’Etat roumain moderne, l’union de la Valachie et de la Moldavie seront consolidés sans retour possible en arrière. Tout comme, par la suite, l’indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte, obtenue de haute lutte lors de la guerre russo-turque de 1877/1878, avant que le royaume de Roumanie ne devienne une réalité institutionnelle et politique, reconnue de tous, le 10 mai 1881.


    (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Débats autour de la réforme de la Justice

    Débats autour de la réforme de la Justice

    « L’indépendance
    de la Justice est un principe que tout le monde doit respecter et cela doit
    rester ainsi à l’avenir aussi »
    , a déclaré mercredi le président Klaus
    Iohannis, lors de la présentation du rapport d’activité de la Haute Cour de cassation
    et de justice pour l’année 2020. Il y a une année, le chef de l’Etat soulignait
    que la société avait soutenu les magistrats par des protestations dans la rue,
    s’opposant ainsi aux tentatives de subordination politique auxquelles la
    Justice roumaine a été soumise. Et pourtant, le système de justice a toujours
    besoin de plusieurs réformes afin de respecter les recommandations européennes,
    affirme le président Klaus Iohannis. Ecoutons-le : « En 2020, les citoyens
    ont exprimé sans aucun équivoque leur choix en faveur de la réforme et du
    renforcement des principes de l’Etat de droit. Dans ce contexte, une nouvelle analyse
    des lois de la Justice ne peut pas être remise à plus tard. Je suis confiant
    que bientôt, le cadre qui réglemente l’activité de la Justice roumaine
    redeviendra prédictible, en parfait accord avec les normes d’un Etat européen »
    ,
    a déclaré Klaus Iohannis.

    Il a précisé que 2020 avait été une année difficile
    pour toutes les institutions de l’Etat et que des idées, des solutions et des
    pratiques novatrices ont dû être identifiées. La crise générée par la pandémie
    de Covid-19 a imposé une réponse urgente, y compris dans le système judiciaire,
    et c’est pourquoi tous les processus de numérisation ont été accélérés, a ajouté
    le chef de l’Etat. Il a souligné que : « Il faut organiser d’amples
    débats au sein du Parlement, auxquels doivent participer non seulement les
    représentants des professions impliquées dans l’acte de justice, mais aussi des
    représentants du milieu universitaire et des professionnels du domaine des
    droits de l’homme. J’espère que, suite à
    ce dialogue, les interventions législatives controversées des dernières années
    soient corrigées et que des solutions adaptées aux nouvelles réalités
    juridiques et sociales soient adoptées »
    , a déclaré le président Klaus
    Iohannis.

    Pour sa part, la présidente de la Haute Cour de cassation et de justice,
    le juge Corina Corbu, a dit que durant cette période de pandémie, ses collègues
    ont dû solutionner plus de dossiers qu’en 2019, même s’ils s’étaient confrontés
    à l’absence de l’espace, au volume élevé de travail et aux nombreux départs à
    la retraite. Corina Corbu : « Cette
    qualité de Juge à la Haute Cour de cassation et de justice n’est pas une
    position confortable. La surcharge psycho-émotionnelle, le besoin de préserver
    constamment un haut niveau de formation professionnelle, la possibilité de se
    voir confronter à des critiques parfois véhémentes dans l’espace public sont
    inhérentes à cette haute dignité. Le problème du départ à la retraite des juges
    de la plus haute Cour de justice de Roumanie demeure pour moi une raison de
    tristesse. La Haute Cour de cassation et de justice perd des juges qui arrivent
    à l’âge auquel on considère partout dans le monde qu’un magistrat a réussi à
    acquérir la sagesse et le raffinement juridique nécessaires pour statuer en
    dernière instance, dans le cadre d’une juridiction suprême »
    , a déclaré la
    présidente de la Haute Cour. Elle souhaite que cette année l’institution
    qu’elle dirige devienne plus moderne, plus efficace et plus ouverte aux besoins
    du citoyen lambda. Enfin, elle espère aussi que les institutions de l’Etat
    soient plus ouvertes aux problèmes de la Justice.






    (trad. Alex Diaconescu)

  • Les leçons d’une pandémie

    Les leçons d’une pandémie

    La crise consécutive à la pandémie provoquée par le nouveau coronavirus a mis en évidence nombre de vulnérabilités structurelles, a changé les comportements, a mis à mal les économies du monde, questionnant l’avenir. Des centaines de milliers de familles endeuillées pleurent d’ores et déjà leurs morts. Des centaines de milliers de destins sont brisés à jamais, alors qu’il y en a au moins autant pour lesquels la vie ne sera plus jamais la même. Pourtant, si dans une première phase les conséquences de la crise se sont comptabilisées en faisant le décompte des victimes, l’ombre d’une crise économique d’une ampleur inconnue depuis la Grande Dépression semble nous guetter.

    Par ailleurs, le rapport de pouvoir entre les Grandes Puissances pourrait directement dépendre de la rapidité dont elles seront capables d’agir pour redémarrer leurs économies respectives. Invité au micro de Radio Roumanie, Ovidiu Nahoi, rédacteur en chef de RFI-Roumanie, pense que tout le monde sortira affaibli de cette épreuve: « Il est difficile de déceler qui tirera le mieux son épingle du jeu. Nous souhaitons, d’évidence, à ce que les économies libérales, les économies créatives, plutôt que les économies des Etats totalitaires, puissent se développer et se remettre d’aplomb. Vous savez, il y a eu cette marotte qui a circulé, notamment au début de la crise, selon laquelle les Etats totalitaires ont abordé la lutte contre la pandémie d’une manière plus efficace. En fait, c’est un leurre, et on le voit de plus en plus d’ailleurs. Il faudrait attendre pour voir la manière dont nous allons reprendre du poil de la bête, comment la pandémie aurait infléchi notre façon de consommer, de comprendre les nouveaux équilibres économiques, les besoins en termes de capitaux et ainsi de suite. Personne ne serait aujourd’hui capable de faire des pronostics à cet égard. Personne ne sait de quoi seront faits nos lendemains. Ce que l’on sait, c’est que l’on se relève toujours après une crise. Nous avions déjà connu une crise financière, suivie par une décade de croissance ininterrompue. Espérons suivre le même modèle cette fois encore. Mais, définir la forme que prendra la relève, personne encore n’est capable de la dessiner, même pas les meilleurs économistes.»

    Mircea Coşa, professeur de sciences économiques, parle, lui, d’un changement profond au niveau de ce que l’on appelle la chaîne des valeurs. Il s’agit d’un concept économique récent, mais basé sur une théorie plus ancienne, qui constate qu’un produit passe par 35, 40 fabricants, originaires de différents pays, jusqu’à ce qu’il devienne un produit fini, prêt à être mis sur le marché. Mircea Coşa :« Dans l’économie actuelle, plus rien n’est fabriqué, dès le départ et jusqu’au produit fini, dans un seul pays. Le problème qui se pose est de comprendre qui gère cette chaîne, qui a le leadership. Car il s’agit d’une chaîne composée de maillons de valeurs différentes. Celui qui réalise l’assemblage final aura une marge moins importante que celui qui fabrique des composantes essentielles, même si ces dernières ne représentent qu’une petite partie du produit final. L’Etat qui domine la chaîne de valeurs domine le monde. Aujourd’hui, ce sont les Etats-Unis. Voyez-vous, même dans le dernier téléphone portable chinois, vous allez retrouver une partie du savoir-faire, de la propriété intellectuelle appartenant aux Etats-Unis. Une partie de la recherche, du savoir-faire technologique américain, et dont les Chinois ne peuvent s’en dispenser s’ils veulent fabriquer ce produit. Si les choses continuaient sur la même lancée, on aurait pu se retrouver à ce que le « Made in China » soit remplacé par l’adage « Made by China ». A ce moment, la Chine aurait pris le leadership mondial. Mais aujourd’hui, les choses semblent évoluer différemment. Une évolution caractérisée par des heurts évidents parfois, telle la guerre commerciale déclarée par M. Trump à la Chine, pour stopper en quelque sorte cette évolution. Maintenant, ce virus, je n’en sais rien. Il est peut-être le fait d’un serpent, ou il a atterri depuis un laboratoire, on n’en sait rien. Mais grâce à cette crise, la chaîne de valeurs sera repensée, et il est à parier que ce changement profitera aux pays qui innovent au détriment des pays qui travaillent. »

    L’eurodéputé roumain Cristian Bușoi, pense, quant à lui, que l’Europe devra tirer les leçons de cette crise. Depuis de nombreuses années on clame à cor et à cri l’importance d’un système médical fort. Et, ce que l’on voit aujourd’hui c’est que personne n’a vraiment été préparé à faire face à une telle épreuve. Cristian Bușoi: « Je ne puis que souhaiter un changement. Certes, l’on affronte aujourd’hui la crise du nouveau coronavirus. Mais demain, il peut y avoir d’autres pandémies. Il y a des théoriciens qui prévoient que ce genre de risque devient la menace la plus sérieuse pour les prochaines décennies. Des pandémies qui menacent l’état de santé, la stabilité, l’économie mondiale. Ensuite, n’oublions pas, il reste le SIDA, le cancer, avec leur lot de victimes. Ce sont de vraies menaces, les décideurs politiques à travers le monde doivent comprendre l’importance vitale du système de santé. L’autre défi se trouve au niveau de l’économie. Pouvoir redémarrer les économies de l’Union européenne. Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, on n’a plus jamais été confronté à un tel défi. Certains analystes, certains économistes pensent même qu’à l’époque il était plus facile. La guerre avait tout chamboulé, cela est vrai, mais cela s’était produit sur une longue période de temps. Les économies n’ont pas été bouleversées toutes au même moment. »

    Aujourd’hui, en revanche, en l’espace de quelques semaines, le moteur économique européen s’est arrêté net, ajoute l’eurodéputé Cristian Bușoi. Et même s’il existe un plan économique européen de sortie de crise, qui comprend des injections massives de capitaux, et qui est adoubé par des plans nationaux, nous ignorons combien de temps cette crise va durer, combien elle sera profonde et, enfin, le temps qu’il nous faudra pour nous remettre d’aplomb. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 140 ans d’existence de la Banque Nationale de Roumanie

    140 ans d’existence de la Banque Nationale de Roumanie

    A commencer par la seconde moitié du 19e siècle, l’Etat roumain moderne s’est construit tous les attributs pour devenir un Etat souverain. En 1859, par l’union des principautés de Valachie et de Moldavie, la Roumanie voyait le jour. En 1877 – 1878, par voie de guerre, ce jeune Etat obtenait son indépendance face à l’Empire ottoman et élargissait son territoire en récupérant la province de Dobroudja. Le 3e pas fut la création de sa banque centrale, élément indispensable pour la souveraineté d’un Etat.

    C’était en 1880. Une année plus tard, en 1881, la Roumanie devenait royaume et l’Etat roumain acquérait désormais la personnalité morale sur la carte du monde. La Banque centrale, appelée la Banque nationale de Roumaine, voyait le jour grâce à la « Loi pour la création d’une banque d’escompte et de circulation », document publié au Journal officiel le 17 avril 1880. Son capital initial était de 30 millions de lei, dont un tiers était capital d’Etat, alors que le reste était du capital privé. Sa principale attribution était l’émission de billets qui soient acceptés dans des transactions. Les premières émissions monétaires furent des billets de 20, 50, 100, 500 et 1000 lei. Son premier directeur fut Eugeniu Carada. Son nom est étroitement lié aux débuts de l’institution, à son élargissement à l’ensemble du pays et aux premières émissions de billets et de pièces. Le siège de la Banque allait être érigé sur un terrain situé actuellement au centre-ville de Bucarest, la zone du centre historique connue sous le nom de Lipscani.

    Les travaux de construction ont démarré en 1884, surveillés par deux architectes français : Albert Galleron et Charles Garnier. Depuis sa création et jusqu’à la Première Guerre mondiale, la Banque nationale de Roumanie a offert des crédits et une taxe d’escompte réduite. Dans les années 1890-92, elle a décidé de renoncer au bimétallisme or-argent, en faveur de l’or. Toutefois, au moment où éclata la Première Guerre mondiale, la société roumaine fut bouleversée, à l’instar de l’ensemble du Vieux continent. La Banque nationale de Roumanie a soutenu l’effort de guerre. En 1916, aux côtés de toutes les institutions de l’Etat roumain, elle a dû déménager à Iasi, alors que son trésor a été transféré à Moscou pour y être gardé, mais il n’est plus jamais revenu.

    A la fin de la Grande Guerre, ce fut la mission de la Banque nationale de Roumanie d’intégrer l’économie du nouvel Etat formé à ce moment-là du Royaume de Roumanie d’auparavant rejoint par des provinces roumaines ayant fait partie de l’ancien Empire russe et de celui d’Autriche-Hongrie, à savoir la Bessarabie et respectivement la Transylvanie. Sur toile de fond de la perte du Trésor envoyé en Russie et les pertes causées par la guerre, la Banque centrale a dû aussi stabiliser la monnaie nationale et le rendre convertible. Puis, dans les années 1929-1933, l’institution a dû relever un autre grand défi : stabiliser la monnaie et le système des crédits dans le contexte de la Grande dépression. Arriva ensuite la Seconde Guerre mondiale, une période extrêmement difficile pour la Banque et pour l’ensemble du pays. Cette fois-ci, le Trésor de la Roumanie fut caché sur le territoire national, au monastère de Tismana (sud-ouest), pour ne pas répéter le scénario de la première conflagration mondiale.

    Pour connaître davantage sur l’odyssée du Trésor de la Banque nationale de Roumanie dans les années 1940, nous avons invité au micro Ioan Lesenciuc, muséographe au Musée du trésor de la Banque nationale de Roumanie qui a précisé que Pendant l’entre-deux guerres, la Roumanie refait sa quantité d’or. Mais une autre année néfaste arrive : 1944. Après la bataille de Stalingrad, le front de l’est était extrêmement faible. Par conséquent, l’armée allemande qui se retirait était poursuivie par l’armée soviétique et le trésor de la Banque était en danger. En avril 1944, les alliés ont bombardé les champs pétrolifères de Ploiesti et Campina ainsi que la capitale, Bucarest, ce qui mettait encore plus en danger le siège de la Banque nationale. A ce moment-là, on décide de transférer le Trésor dans une zone sûre. Le gouvernement a fait des démarches auprès de deux pays : la Turquie, qui a répondu que les lois turques ne lui permettaient pas de recevoir le Trésor, et la Suisse, qui aurait pu accepter, mais le convoi transportant le Trésor aurait dû traverser l’Europe centrale qui était contrôlée par l’armée allemande, ce qui était un grand risque. Alors, le maréchal Antonescu a insisté que le Trésor reste sur le territoire national, de manière compacte, sans être divisé. Il a donné à la Banque nationale la liberté de cacher ses valeurs là où elle estimait que c’était l’endroit le plus sûr. »

    Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, une nouvelle ère commençait dans l’histoire de la Roumanie : la période communiste. Le régime politique communiste a opéré des changements importants au niveau de l’économie nationale, qui allait être contrôlée par l’Etat. La Banque nationale devenait propriété de l’Etat, alors que le système des crédits était réformé d’après le modèle soviétique. Jusqu’en 1970, les taxes et les intérêts perçus et payés à la Banque étaient fixés par le gouvernement. Après cette date, la décision a entièrement appartenu à la direction de la banque. Quant à son siège, la construction du nouveau Palais de la Banque nationale de Roumanie démarrait en 1940, alors que l’inauguration a eu lieu 10 ans plus tard, en 1950. Après la chute du communisme en Roumanie, dans les années 1990, la Banque nationale de Roumanie a repris les attributions qu’elle avait perdues entre 1945 et 1989, pour redevenir la banque centrale qu’elle avait été initialement. (Trad. Valentina Beleavski)

  • 27.02.2020

    27.02.2020

    Coronavirus en Roumanie – Le premier cas d’infection au coronavirus en Roumanie a été confirmé mercredi dans la soirée. Le ministre de la Santé, Victor Costache a déclaré qu’il s’agissait d’un habitant d’une localité du département de Gorj, dans le sud. Celui-ci est entré en contact avec un ressortissant italien de la région de Rimini, qui avait visité la Roumanie du 18 au 22 février. L’état de santé du Roumain est bon et il ne présente aucun symptôme de maladie. Il a été déjà hospitalisé à Bucarest où il restera entièrement isolé. Dans la région où la personne infectée a été identifiée, des mesures de quarantaine ont été instituées. En Roumanie, près de 70 personnes ont été placées en quarantaine dans des centres spécialisés et plus de 4800 personnes sont en isolement à domicile. Le nord de l’Italie, le pays européen le plus touché par le coronavirus, accueille une importante communauté roumaine, qui compte quelque 300 mille personnes. Tous les voyageurs qui entrent en Roumanie en provenance de la région sont soit placées en quarantaine soit en isolement à domicile pour une période de 14 jours, en fonction des localités où ces personnes se sont rendues.

    Coronavirus dans le monde – La progression de l’épidémie au nouveau coronavirus se poursuit dans le monde. Aujourd’hui le Danemark et l’Estonie ont annoncé les premiers cas d’infection. Mercredi pour la première fois, le nombre de cas de coronavirus rapportés quotidiennement en dehors de la Chine a dépassé le nombre de ceux rapportés dans le pays d’origine, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Le virus est arrivé dans une cinquantaine d’Etats et de territoires hormis la Chine continentale, avec plus de 3500 infections recensées et au moins 57 décès, selon la CNN. Jusqu’ici le nombre total des décès en Chine provoqués par le coronavirus a dépassé les 2700 et celui des infections confirmées est de presque 79 mille. L’Organisation mondiale de la santé a averti tous les Etats à se préparer, immédiatement à une potentielle propagation de l’épidémie de coronavirus. Selon l’OMS, de nombreuses nations ne sont pas prêtes à combattre la maladie.

    Politique – A Bucarest, le premier ministre désigné, le libéral Florin Cîtu a annoncé son intention de constituer une majorité parlementaire censée soutenir le cabinet qu’il doit soumettre au parlement. Selon le premier ministre par intérim, le libéral Ludovic Orban la direction du parti se réunira ce vendredi pour valider la liste des ministres et le programme de gouvernance. Le principal parti d’opposition, le Parti social démocrate a annoncé qu’il ne voterait pas un gouvernement avec Florin Cîtu à sa tête. Dan Barna, leader de l’Union sauvez la Roumanie, la troisième force politique du Parlement roumain, a déclaré que sa formation politique pourrait faire partie d’un exécutif dirigé par Florin Cîtu si celui-ci accepte ses conditions, parmi lesquelles l’organisation d’élections locales à deux tours de scrutin. Le leader de Pro România, l’ex-premier ministre Victor Ponta a annoncé qu’il ne voterait pas un cabinet libéral qui, à son avis, ne bénéficie pas d’un appui parlementaire censé lui permettre de bien gouverner.

    Frontières – Plusieurs mesures visant à augmenter la capacité de surveiller les frontières figurent aujourd’hui à l’agenda de la réunion hebdomadaire de l’exécutif par intérim de Bucarest. Le gouvernement devrait approuver une décision qui permettra l’achat d’équipements pour la police aux frontières. Il s’agit de 49 véhicules spéciaux dotés de cameras à thermo-vision, un achat absolument nécessaire pour les contrôles aux frontières de la Roumanie qui sont aussi les frontières extérieures de l’Union européenne. Le financement est assuré par des fonds non-remboursables et dépasse les 10 millions d’euros. Une autre décision gouvernementale vise l’achat de deux patrouilleurs maritimes et de cinq chaloupes d’intervention, nécessaires aux opérations de la police aux frontières.


    Finances – La Roumanie risque de ne pas maintenir le déficit budgétaire si elle augmente les retraites et les salaires. C’est une des conclusions de la Commission européenne qui a rendu publics les 27 rapports qui analysent les principaux défis sociaux-économiques auxquels se confronte chaque Etat membre de l’Union. Le rapport visant la Roumanie note aussi qu’il existe un risque accru que le pays soit incapable de soutenir le déficit public – qui est déjà assez élevé – sur la toile de fond d’une majoration des dépenses avec les pensions de retraite. A cette réalité vient s’ajouter la baisse démographique, reflétée par une diminution significative de la main d’œuvre en général et de la main d’œuvre qualifiée en particulier, une situation qui ne fait que limiter le potentiel de croissance économique du pays. Ce qui plus est, les politiques visant l’enseignement et le développement de nouvelles aptitudes se sont avérées inefficaces et n’ont pas répondu aux besoins du marché de l’emploi. Selon les auteurs de ce rapport, une importante source de déséquilibres réside dans le fait que les salaires ont augmenté beaucoup plus rapidement que la productivité du travail. Le document note aussi que malgré une croissance économique moyenne de 5% ces trois dernières années, l’inégalité sociale et la pauvreté demeurent importantes en Roumanie, alors que les différences entre le niveau de développement de chaque région ne font qu’augmenter.

    Foot – Le club de foot champion de Roumanie, CFR Cluj, dans le centre-ouest, rencontre aujourd’hui dans la soirée les espagnols de FC Séville, dans le cadre d’un match décision des seizièmes de finales de la Ligue Europa. Au cours du premier match, à Cluj, les deux équipes ont terminé à égalité : 1 partout. Avec l’ex star du foot roumain Dan Petrescu comme coach, le CFR a terminé son groupe en deuxième position, avec 12 points sur 18 possibles. Quintuple championne de la Ligue Europa, Séville est entrainée par l’ex manager du Real de Madrid Julien Lopetegui et s’est qualifié après avoir remporté un groupe beaucoup moins difficile que celui du CFR.

    Météo – Températures à la baisse en Roumanie, pays où le ciel demeure couvert sur la plupart du territoire. Des pluies à verses ont signalées sur presque toutes les régions, alors qu’en montagne il y a quelques chutes de neige. La vitesse du vent est plus élevée sur le relief, pour dépasser les 80 à 90 km/h, alors que sur le sud elle devrait tourner autour des 60 km à l’heure. Les températures vont de 1 à 14 degrés à travers le pays. Après une matinée ensoleillée à Bucarest, les thermomètres indiquent les 16 degrés et le ciel est couvert.

  • Des perceptions sur le communisme, 30 ans après

    Des perceptions sur le communisme, 30 ans après

    30 ans après la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est, 27% des Roumains considèrent que le communisme a fait beaucoup de bien au pays et près de 30% trouvent qu’il a fait davantage du mal à la Roumanie. Cette même étude montre que près d’un tiers des Roumains ont préféré la réponse « Les choses sont plus complexes. Le communisme des années ’50 est très différent de celui du régime Ceauşescu. » Une autre enquête sociologique récente relève le fait que plus de la moitié des Roumains considèrent que « c’était mieux au temps du communisme ». Ce type de sondage est mené régulièrement en Roumanie depuis 1989 avec des résultats pas si différents.

    Par exemple, 20 ans après la révolution anticommuniste, près de la moitié du pays pensait que « c’était mieux » au temps du régime communiste et 14% des répondants estimaient que rien n’avait changé. Mais malgré les différences entre les résultats et les méthodologies des recherches, une chose est claire : une perception positive du communisme est plutôt répandue parmi la population roumaine, peut-être tout aussi répandue que l’image négative du régime. La chercheuse Manuela Marin, de l’Université de l’Ouest de Timişoara, a analysé, à travers plusieurs études, ce que l’on appelle aujourd’hui « la nostalgie du communisme ». Elle considère que, pour expliquer le phénomène de la nostalgie, il faut analyser les aspects positifs que les Roumains associent au passé récent. Manuela Marin :« Selon mes observations, ça concerne notamment la partie matérielle, ce type de bien-être matériel assuré par l’Etat paternaliste : de la stabilité de l’emploi et des conditions de vie que les gens considéraient comme correctes, jusqu’à ce qu’ils percevaient comme une quelconque égalité des individus dans la société roumaine. Il me semble que ce que certains Roumains apprécient du régime communiste est, en fait, cet Etat paternaliste qui s’impliquait dans la vie des citoyens. Il faudrait aussi mentionner, par rapport aux enquêtes des années précédentes, que les Roumains ne souhaitent pas retourner au régime politique précédent, avec ses limitations en matière de liberté individuelle et de liberté d’expression. Les gens voudraient plutôt une formule mixte, qui mette ensemble la prospérité de type socialiste et leur liberté actuelle. »

    Mais la prospérité socialiste n’était pas une prospérité réelle. Comment expliquer alors cette perception pour le moins tempérée du passé ? Manuela Marin :« Il faut être conscient que pour les gens des années 1970-1980, même pour ceux des années 1960 – il y a cette distinction de date récente entre le communisme des différentes périodes historiques ; il était important d’être propriétaire d’un appartement, d’avoir accès à l’électricité, à l’eau chaude et une source de revenu stable. Pour la génération née dans les années ’40 et au début des années ’50, c’était là le maximum de bien-être matériel qu’ils avaient osé espérer. Les années ’70 sont considérées comme l’âge d’or socialiste. Les gens n’avaient alors aucun terme de comparaison pour juger de leur niveau de vie. Ils se souviennent des choses concrètes: avoir un emploi stable, pouvoir passer ses vacances à la mer ou à la montagne et, parfois, pouvoir acheter un lave-linge ou une télé. Il faut comprendre ces personnes qui, auparavant, avaient vécu à la campagne et qui s’établissaient dans les villes à ce moment-là. Pour eux, c’était, un gain de prospérité. »

    Durant l’époque communiste, c’était l’Etat qui mettait tout à disposition : emplois, logements, vacances, loisirs. Une raison de plus pour que la transition économique du communisme vers le capitalisme soit, pour beaucoup, synonyme de bouleversement. Cette perturbation a laissé une partie de la population nostalgique du rôle joué par l’Etat. Mais, le rappelle Manuela Marin, il y avait un prix à payer pour cela :« L’individu s’est vu confronté à tout un tas de défis qui remettaient en question toute sa connaissance de la vie et de l’existence. C’est ce que j’appelle la disparition du contrat social. L’Etat communiste, paternaliste, avait conclu un accord non écrit avec le citoyen: j’assure tes besoins vitaux et tu t’engages à m’obéir, à mettre en application les décisions du parti communiste et de l’Etat. »

    30 ans après la chute de cet Etat paternaliste, les structures gouvernementales et administratives installées par la suite n’ont, vraisemblablement, pas réussi à remplacer la dépendance de l’Etat par une confiance dans le bon fonctionnement des institutions qui garantissent les droits des citoyens. C’est l’avis de l’historienne Alina Pavelescu, directrice adjointe des Archives nationales de Bucarest :« Le sentiment de bien-être et de sécurité du citoyen dépend de la confiance faite aux autres membres de la société, aux autorités et aux institutions. Chez nous, la relation entre le citoyen et les institutions est quelque peu dysfonctionnelle, avec tant de choses non-expliquées ces 30 dernières années, liées à la période communiste, mais aussi à l’époque post-communiste. Comment ces personnes, qui faisaient partie de l’appareil communiste, ont-elles fait, pour continuer à tirer avantage après 1990 ? Tout cela a pour conséquence le manque de confiance réciproque des citoyens, mais aussi des citoyens dans les institutions. »

    Par ailleurs, beaucoup de problèmes surgis pendant le communisme n’ont pas été résolus à temps. Au contraire, ils ont été entretenus, à bon escient, pour créer de la confusion parmi les jeunes, qui les considèrent comme des phénomènes récents. Alina Pavelescu :« Il est bizarre de voir que beaucoup de gens jeunes ou moins jeunes disent que c’était mieux avant. Les gens qui ont vécu à l’époque devraient savoir, par exemple, que les conditions dans les hôpitaux étaient terribles. Parfois bien plus terribles qu’à présent. Entre autres, le fait de donner des bakchichs était monnaie courante dès les années 1980. »

    Mais pour que les jeunes générations apprennent ces choses, il est nécessaire que l’histoire du communisme soit connue et comprise. L’éducation, de pair avec la diminution des atteintes liées à l’Etat, peuvent aider les jeunes à se débarrasser de la mentalité héritée du communisme. Selon Alina Pavelescu, le renouveau est toujours à la base une histoire de juniors : « Je suis très optimiste quand je pense aux enfants d’aujourd’hui, qui vivent dans un monde beaucoup plus ouvert que ce que nous aurions pu imaginer. Pas seulement ceux qui ont connu le communisme, mais aussi ceux qui, dans les années ’80, vivaient dans des sociétés démocratiques. Même si l’école essaie d’éviter le sujet du communisme et même si les parents essaient de les garder à l’écart de ce sujet, les jeunes cherchent à apprendre des informations souvent contradictoires. C’est ainsi que se forme leur esprit critique, en clarifiant et en comprenant ces informations. Elle est là ma source d’optimisme, dans le fait de vivre dans une société ouverte. Et pour que cela perdure, il faut prendre soin de la garder ainsi. » (Trad. Elena Diaconu)

  • Le message du président Klaus Iohannis à la nation

    Le message du président Klaus Iohannis à la nation

    La Roumanie, qui marque 12 ans depuis son adhésion à l’Union européenne, assume, en ce 1er janvier 2019, la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne, qui prendra fin le 30 juin.



    Dans son traditionnel message à la nation, à l’occasion du Nouvel An, le président Klaus Iohannis exhorte les Roumains à profiter de l’opportunité représentée par le mandat à la tête de l’UE. « Exploitons cette opportunité pour prouver que la Roumanie s’implique fermement dans la consolidation du projet européen», a affirmé le chef de l’Etat dans un enregistrement vidéo. Après avoir rappelé que le 1er Décembre 2018 a représenté le Centenaire de l’union de toutes les provinces à population roumaine majoritaire et de la création de l’Etat national unitaire, le président Iohannis a ajouté: « Chers Roumains, nous sommes à la fin d’une année profondément significative pour la Roumanie — l’année du Centenaire de la Grande Union. Nous ouvrons une nouvelle page de l’histoire de notre nation et nous avons la responsabilité de laisser en héritage aux générations futures une démocratie forte et un pays développé ».



    Le président Klaus Iohannis a exhorté ses compatriotes à construire le prochain siècle d’existence de la Roumanie avec beaucoup de courage, d’implication civique et d’engagement ferme en faveur des valeurs de l’Etat de droit. Il a conclu ses vœux en souhaitant « La mulţi ani » et une heureuse Nouvelle Année » à toutes et à tous.

  • A la Une de la presse roumaine – 28.08.2018

    A la Une de la presse roumaine – 28.08.2018

    L’Etat roumain est mis en danger par se propres leaders, titre la presse roumaine qui constate aussi que l’industrie roumaine est surtaxée par un Etat qui dispose paradoxalement de toutes les ressources naturelles. Et au métro bucarestois, les incidents techniques se multiplient en raison de la corruption des responsables de la société Metrorex. Explication dans la revue de presse de RRI.



  • L’Alliance pour le Centenaire

    L’Alliance pour le Centenaire

    Le 24 janvier 1859, l’Assemblée élective de Bucarest, capitale de la principauté roumaine de Valachie, élisait à l’unanimité Alexandru Ioan Cuza en tant que prince régnant ; Cuza, qui avait déjà été élu, une semaine auparavant, à occuper le trône de la principauté de Moldavie, devenait ainsi le souverain des Principautés roumaines unies. Son règne, compris entre 1859 et 1866, a été marqué par des réformes radicales qui ont jeté les fondements institutionnels de la Roumanie moderne.



    Le processus de constitution de l’Etat national s’est parachevé en 1918, à travers l’union, avec le Royaume de Roumanie, des provinces historiques à population majoritaire roumaine des empires multinationaux voisins. Cependant, à la fin de la deuxième guerre mondiale, la Roumanie allait perdre la Bessarabie (incluse dans la République socialiste soviétique de Moldavie) et la Bucovine du Nord (rattachée à la République socialiste soviétique d’Ukraine).



    2018 est, donc, l’année du centenaire de la Grande Union et c’est ce qui explique la création de l’Alliance pour le Centenaire. Elle rassemble une centaine d’organisations civiques de Roumanie, de la République de Moldova et de la diaspora, qui se proposent d’organiser, tout au long de l’année prochaine, des événements culturels et citoyens, consacrés à la grande Union.



    Selon George Simion, président de la Plateforme unioniste « Action 2012 », la fête du Centenaire n’est pas entière sans la Bessarabie : « Nous nous sommes proposé de réaliser une action symbolique en août de l’année prochaine. Ce sera une marche d’un mois, depuis Alba Iulia, la capitale de l’Union de 1918, à, nous l’espérons, la capitale de l’union de 2018, Chişinău. »



    Présent au lancement de l’Association pour le Centenaire, accueilli par le Palais du Parlement de Bucarest, le sénateur social-démocrate Titus Corlăţean déclarait que l’idéal de l’unité nationale était parfaitement légitime, mais qu’un tel projet roumain avait besoin de soutien extérieur : « L’idéal de l’unité nationale fait partie de notre existence et il est parfaitement légitime. Personne ne peut le nier et il ne peut pas faire l’objet de négociations. On ne voit pas pourquoi ce qui n’a pas été refusé à d’autres, je pense à l’unification de l’Allemagne après la chute du Mur de Berlin, nous serait refusé à nous. Nous devons être conscient du fait que tout le monde, y compris certains de nos partenaires internationaux, ne regardent pas avec enthousiasme l’existence d’une Roumanie forte. »



    Les organisations réunies dans l’Alliance pour le Centenaire promettent de s’entraider pour réaliser leurs projets unionistes, culturels ou sociaux à impact identitaire, tels des campagnes d’informations en République de Moldova, des actions de lobbying à Bruxelles et Washington, ou encore la mise en place d’un fonds de l’Union. (trad. : Ileana Taroi)

  • 23.05.2017

    23.05.2017

    Explosion – 22 personnes ont trouvé la mort et une soixantaine dautres ont été blessées dans une explosion qui sest produite lundi soir à la Manchester Arena, dans le nord-ouest de lAngleterre, à la fin dun concert. Les autorités britanniques ont confirmé que lauteur de lattaque avait été un terroriste kamikaze. Les mesures de sécurité ont été accrues, et le gouvernement britannique sest réuni aujourdhui durgence. La première ministre conservatrice Theresa May et le leader de lopposition travailliste Jeremy Corbyn ont suspendu leur campagne électorale pour les législatives anticipées du 8 juin. Cest lattentat le plus grave en territoire britannique depuis ceux de juillet 2005 à Londres, lorsque 52 personnes ont perdu la vie et près de 700 ont été blessées. Voici deux mois, un adepte de lislam radical a foncé en voiture sur les piétons du pont de Westminster, tuant 5 personnes, dont une Roumaine. Bucarest a condamné fermement lattaque dhier soir, et a exprimé sa solidarité avec le peuple britannique.



    Salaires – Le Sénat roumain a adopté aujourdhui le projet de loi de la grille unique des salaires, qui prévoit des majorations salariales pour les personnels publics, par étapes, jusquen 2022. La ministre du Travail, Lia Olguţa Vasilescu, a précisé devant les sénateurs que le projet était ajusté sur le nouveau Code fiscal et quil prévoit une hausse moyenne des salaires de 56%. La responsable a expliqué que la loi était nécessaire pour corriger les dysfonctionnements existants dans le système public de salaires. Le projet sera envoyé à la Chambre des députés, qui est lassemblée décisionnelle. Mécontents de la variante proposée, les syndicats de ladministration publique ont annoncé des protestations dans tout le pays pour la semaine prochaine. Selon les leaders syndicaux, 120.000 salariés sont attendus aux meetings.



    Enquête – Lex leader social-démocrate Mircea Geoana, vaincu au second tour du scrutin présidentiel de Roumanie en 2009, et le chef de sa campagne électorale, lancien parlementaire social-démocrate Viorel Hrebenciuc, seront entendus aujourdhui par la commission parlementaire denquête du scrutin dil y a huit ans. Lundi, les membres de la Commission ont auditionné le vice-président de lAutorité électorale permanente, Marian Muhuleţ, et Dan Andronic, un journaliste controversé dont les révélations ont constitué le point de départ de la création de la commission. Il a précisé quil ne possédait pas dinformations supplémentaires par rapport à celles qui ont déjà été présentées par les médias, ni dautres renseignements indiquant que les élections de 2009 auraient été fraudées. Consultant politique du président Traian Basescu, qui avait remporté à lépoque son deuxième mandat présidentiel, M Andronic a affirmé que le soir du deuxième tour de lélection présidentielle de 2009, il avait rencontré dans un cadre informel la procureure générale Laura Codruta Kövesi, lex directeur du Service roumain de renseignements George Maior et son premier adjoint, Florian Coldea. Tous ces responsables semblaient participer à une cellule de crise, parce quils risquaient tous dêtre destitués en cas de victoire de Mircea Geoana, a déclaré Dan Andronic.


    Economie – Le modèle économique roumain dans lUnion européenne est le thème des débats daujourdhui dune conférence organisée au Palais du Parlement de Bucarest par lAssociation détudes et de prévisions économiques et sociales. Représentants du gouvernement, du milieu des affaires, du milieu académique et de la société civile présentent leur vision sur lévolution durant les 10 prochaines années du niveau de vie, de léducation et de la main dœuvre. Selon les statistiques les plus récentes, la Roumanie connaît la croissance économique la plus importante de lUnion. Dautre part, la Commission européenne a envoyé au gouvernement de Bucarest un avertissement sur le dépassement des objectifs budgétaires à moyen terme.



    Voyage – Le navire-école roumain Mircea est parti aujourdhui dans un voyage dinstruction à travers le monde qui durera 122 jours, soit jusquau 22 septembre. Le navire fera des escales dans 11 ports de 9 pays et naviguera en Méditerranée, en mer du Nord, en mer Baltique et dans lOcéan Atlantique. Aux côtés des 163 membres de léquipage, dont 70 étudiants et élèves roumains, le navire accueille aussi 8 cadets étrangers des académies navales de Bulgarie, Chine, Grèce et Pologne. Léquipage fera des visites officielles aux académies navales des Pays-Bas, dAllemagne, du Portugal et dEspagne. Au cours de ces escales, le voilier-école participera aussi à deux prestigieux événements nautiques. Cette année, les forces navales roumaines et la marine militaire allemande ont conclu en première un accord de coopération dans le domaine de la formation des futurs officiers de marine, qui se déroulera durant ce voyage international. Pas moins de 110 cadets et 143 instructeurs allemands embarqueront à bord du voilier-école Mircea cet été.



  • Haushaltsvorlage 2017: Kann Regierungskoalition Wahlversprechen einhalten?

    Haushaltsvorlage 2017: Kann Regierungskoalition Wahlversprechen einhalten?

    Die Regierung in Bukarest ist an diesen Tagen intensiv mit der Haushaltsvorlage für 2017 beschäftigt. Das aktuelle Kabinett möchte den Entwurf bis am 25. Januar dem Parlament vorlegen. Die Bereiche Gesundheit, Bildung und Transport sollten mehr Geld erhalten. Zusätzliche Finanzmittel wären auch für das Verteidigungsministerium vorgesehen. “Wir müssen unsere Engagements als NATO-Mitglied erfüllen, das heißt 2% des BIP müssen an die Verteidigung gehgen, sagte Ministerpräsident Sorin Grindeanu in einem Fernseh-Interview.



    Indes sollen den Ressorts Kommunikation und Energie, dem Generalsekretariat der Regierung, dem Senat und der Abgeordnetenkammer weniger Geld zur Verfügung gestellt werden. Regierungschef Grindeanu erklärte, dass die Haushaltsstrategie auf Daten der Nationalen Prognose-Kommission basiere und die Defizitgrenze von 3% des BIP eingehalten werde.



    Wir sprechen für 2017 von einem BIP von 815 Milliarden Lei, wir gehen von einem Wachstum von 5,2% und einer Inflation von 1,4% aus, sowie 180.000 neuen Arbeitsplätzen. Dabei berücksichtigen wir auch die Maßnahmen, die wir bei unserer Regierungssitzung vor einer Woche getroffen haben. Für 2017 haben wir Einkommen von 253,1 Milliarden Lei errechnet, die Ausgaben belaufen sich auf 277,2 Milliarden Lei. Hier entsteht eine Differenz von 24,1 Milliarden zwischen Einkommen und Ausgaben und das bedeutet ein Defizit von unter 3%



    Ein Teil der Opposition zeigte sich skeptisch gegenüber den Chancen, dass die Sozialdemokraten ihre Wahlversprechen einhalten, ohne die 3%-Grenze zu überschreiten. Man müsse sich noch genauer mit der Vorlage auseinandersetzen, glaubt der Vorsitzende der Union Rettet Rumänien, Nicuşor Dan.



    Wir werden erst dann eine Entscheidung treffen, wenn wir die gesamte Vorlage sehen. Eine Sache möchte ich vorwegnehmen und zwar glauben unsere Ökonomen, dass es unmöglich ist, die Wahlversprechen der PSD einzuhalten, ohne über die Defizitgrenze von 3% hinaus zu schießen. So wie die Sozialdemokraten ihre Arbeit angegangen sind, scheint es, als ob sie mit Geld um sich werfen wollen. Und das kann nur entweder zu einem sehr hohen Defizit oder zu einer sehr hohen Verschuldung führen, oder zur Inflation.“



    Die Sozialdemokraten versichern jedoch, dass die für die im Wahlkampf angekündigten Maßnahmen notwendigen Finanzmittel vorhanden sind. Die Exekutive hatte unlängst die Erhöhung des Bruttomindestgehalts von circa 280 Euro auf etwa 320 Euro ab dem 1. Februar gebilligt. Außerdem wurden die Gehälter von Künstlern und des Personals aus Kultureinrichtungen um 50% angehoben. Die Regierung hat auch den sogenannten Rentenpunkt um 9% ab dem 1. Juli erhöht – dieser soll nunmehr etwa 220 Euro betragen.

  • Les salaires du secteur public, en débat public

    Les salaires du secteur public, en débat public

    Le projet d’ordonnance d’urgence a été mis en débat public par le ministère de l’Emploi. Les principales modifications par rapport à l’état de choses actuel portent sur la restructuration complète du système des salaires dans la Santé et l’Education et l’introduction d’un système de primes fondé sur des critères de performance pour les personnels des deux domaines, qui devraient bénéficier de bonus à partir du 1er janvier 2017. Le projet prévoit aussi l’élimination des différences de salaires à fonctions égales et travail égal dans un même établissement, en hissant les salaires au niveau maximum payé dans cet établissement pour tous les groupes de métiers, apparentés ou pas, pour lesquels la formation est commune.

    Le Premier ministre Dacian Cioloş a précisé que le projet corrigerait certains dysfonctionnements du système, avec un accent sur le domaine de la Santé, mais pas tous, vu que le gouvernement est tenu d’agir dans les contraintes budgétaires fixées. Selon le ministre de l’Emploi, Dragoş Pîslaru, suite à la mise en œuvre de ces mesures, plus de 1,2 millions de personnes toucheront des salaires majorés et à coup sûr, personne ne verra son traitement diminuer. Dragoş Pîslaru: « Nous nous sommes assurés que les salaires que nous ferons figurer dans la grille pour la Santé, par exemple, sont plus grands que les salaires maximum actuellement payés dans ce système. Et dans l’autre type de correction, comme vous allez le voir, il s’agit d’aligner tous les salaires du même établissement au niveau maximum payé maintenant. Il n’y a donc plus de soupçon que le salaire de quelqu’un pourrait baisser. »

    En réplique, le président du Bloc National Syndical, Dumitru Costin, affirme que seuls 400.000 employés du secteur public verront leurs salaires augmenter, alors que le reste de 800.000 personnes n’en bénéficieront pas. Le projet portant sur les salaires dans le secteur public a suscité le mécontentement des syndicats, de l’Education surtout, qui estiment qu’il ne solutionne que les problèmes de la Santé et de l’Administration centrale. Anton Hadăr, président de la Fédération syndicale de l’enseignement supérieur Alma Mater: « Ce sont des rafistolages. En ce qui concerne le système d’éducation, les ravaudages, même si cela pouvait tenir lieu de quelque chose de bon, ne peuvent couvrir même pas le centième de ce dont nous avons besoin dans le système. »

    Les syndicalistes de l’administration publique locale menacent de déclencher le conflit de travail et de boycotter les élections municipales. Pompiliu Buzduga, vice-président de la Fédération nationale des syndicats de l’administration : « Il n’est pas normal que sept ministères touchent des augmentations salariales de 70%, et que l’administration locale ne touche aucun leu de plus. »

    L’impact budgétaire généré par les modifications apportées au système des salaires des personnels publics s’élèvent à près de 2,3 milliards de lei, dont 1,2 milliards seront alloués pour corriger les iniquités et 1,022 milliards pour la réforme dans le domaine de la Santé.

  • La ministre du Travail démissionne

    La ministre du Travail démissionne

    La ministre roumaine du Travail démissionne dans le contexte où les syndicats du secteur budgétaire se déclarent mécontents du projet de loi visant les salaires dans le secteur public, un document qu’Ana Costea ne soutient plus. Selon les représentants des syndicats, ce projet creuse l’écart entre les hauts et les bas revenus. De plus, aux termes du document, les enseignants se verront diminuer les salaires, alors que dans le secteur sanitaire les rémunérations n’augmenteront que de quelques lei.

    De l’avis du président du Bloc National Syndical, Dumitru Costin, la ministre Ana Costea aurait pu faire davantage mais on ne le lui a pas permis. Dumitru Costin : «Nous nous attendions à de bonnes choses de la part du ministre du Travail. Nous avons pourtant constaté que, peu à peu, on a supprimé des attributions importantes de son mandat, comme par exemple la démarche d’écrire un projet de loi pour les salaires du secteur public. Nous avons appris que depuis presque deux mois, cette responsabilité avait été transférée au Secrétariat général du gouvernement. Par ailleurs, lorsque j’ai demandé à Mme la ministre de retirer ce projet, elle l’a conditionné par sa démission. Pour moi ce fut plus qu’évident que le projet en question ne lui appartenait pas. Elle a été obligée de l’assumer. En fin de compte, elle a bien fait de partir. Elle aurait pu faire de bonnes choses mais on ne l’a pas laissée. »

    Ancienne ministre du Travail, actuellement vice-présidente du PSD, Rovana Plumb déclare que la démission d’Ana Costea ne fait que prolonger les déséquilibres du système des salaires dans le secteur public. En revanche, la co-présidente du PNL, Alina Gorghiu, estime qu’il s’agit d’un geste normal, vu que, par ses actions, la ministre Costea aurait porté atteinte à l’image du gouvernement. Entre temps, le premier ministre Dacian Ciolos, qui a accepté la démission de Mme Costea, a fait savoir que l’Exécutif poursuivrait la semaine prochaine les débats avec ses partenaires sociaux sur les salaires du secteur public, dans l’espoir de trouver une solution acceptable et faisable tant d’un point de vue budgétaire que légal.

    Le porte-parole du gouvernement, Dan Suciu, a précisé devant la presse que le débat autour de la hausse salariale dans ce secteur devait nécessairement prendre en compte les ressources financières existantes. Dan Suciu: Ce gouvernement a repris un budget 2016 déjà élaboré par l’ancienne équipe exécutive. Or dans ce budget, il n’y a pas d’éléments qui étayent des majorations salariales. Si l’on aboutit à un accord avec les syndicats, nous allons essayer de trouver des ressources supplémentaires. Nous allons revoir la structure du budget pour savoir s’il y a des sources complémentaires qui permettent d’éventuelles modifications budgétaires, a expliqué le porte-parole du Cabinet de Bucarest.

    Pour sa part, le ministère du Travail a indiqué que pas moins de 10 versions de la loi des salaires avaient été élaborées par ses experts. C’est justement en raison du manque de fonds supplémentaires et dans le but de rendre plus facile la mise en œuvre d’une future loi des salaires, que l’on a choisi la solution d’un décret d’urgence, a encore fait savoir le ministère du Travail.

  • A la Une de la presse roumaine 15.07.2015

    A la Une de la presse roumaine 15.07.2015

    La presse roumaine commente amplement un échange verbal et de regards survenu lors de la réception à Bucarest à loccasion de la Fête nationale de la France, mais aussi le sort du programme dassistance financière pour la Roumanie convenu avec le FMI et la Commission européenne.