Tag: ethnie

  • A la recherche du Roumain pur

    A la recherche du Roumain pur

    Le racisme, l’eugénisme, le sang, la langue, la culture et la religion, voici l’arsenal idéologique fondateur du nazisme. Pour autant, chacun de ces dogmes de la haine a puisé dans le bagage des connaissances, plus ou moins scientifiques, de la première moitié du vingtième siècle, pour étayer ses thèses sur les différences constatées entre les ethnies ou entre les nations. C’est que la science ethnique essayait ainsi de trouver et de définir par ce biais l’essence même de la nation. L’on voit ainsi apparaître dans ce contexte, durant les premières décennies du XXe siècle, une science ethnique roumaine, partie, pas moins que cela, à la recherche du Roumain pur, à la recherche de cette race du Roumain parfait et idéal. La biologie, l’anthropologie et la médecine se joignent à l’époque, dans toute l’Europe, à ce grandiose dessein de la science ethnique, dans une démarche volontariste, suivant une approche que les scientifiques d’aujourd’hui regarderaient avec une stupéfaction infinie.

    En Roumanie, ce seront surtout les médecins qui s’attacheront à créer les instruments de la recherche ethnique. L’on peut ainsi citer en vrac des noms qui s’investissent dans ce domaine, tels Gheorghe Popoviciu, Francisc Rainer, Olga Necrasov, O. C. Lecca, Ion Chelcea, ou encore Iordache Făcăoaru. L’historien Marius Turda, spécialiste de ce que l’on appelle les études raciales à l’Université Oxford Brooks et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, précise le climat et le contexte culturel européen dans lesquels la science ethnique prend son essor dans la Roumanie de l’époque : « Il s’agit de ce que l’on appelle la Grande Roumanie, sortie de la Grande Guerre. Il s’agit d’un Etat entouré de pays revendiquant des territoires roumains. Les temps étaient difficiles, et ces gens, à diverses niveaux et de différentes manières, essayent de garder le pays tel quel. Pour eux, la Grande Roumanie était là, et il fallait la peupler de Roumains. Et en effet, il y avait des régions ou des villes où les Roumains n’étaient pas la population majoritaire. Alors, d’une part, il fallait trouver un moyen pour encourager la population roumanophone à coloniser ces régions et, d’autre part, stimuler la natalité des roumanophones, pour qu’ils aient des familles nombreuses, des enfants sains. Et puis, enfin, il fallait trouver un moyen infaillible pour identifier les Roumains, surtout dans les régions caractérisées par une mixité linguistique et culturelle marquée ».

    C’est qu’à un certain moment, la science ethnique semble déboucher sur un résultat : trouver l’essence de la nation, le sang et, avec, le faciès racial. Marius Turda souligne l’importance accordée à ces deux éléments par les médecins, les anthropologues et les biologistes roumains, spécialistes de la science ethnique :« La science anthropologique, telle qu’elle était définie dans les années 1920, pouvait déterminer par des analyses des groupes sanguins ou du faciès racial et des caractéristiques physiques si un individu appartenait, au-delà de tout doute raisonnable, à un certain groupe ethnique. Prenons par exemple la langue. Cette dernière, on peut l’apprendre facilement, et beaucoup de gens peuvent s’identifier aux Magyars ou aux Roumains, tout simplement parce qu’ils maîtrisent l’une ou l’autre de ces langues. La langue ne constitue donc pas un élément pertinent de distinction. Mais pour autant qu’un individu appartient mettons à un groupe ethnique d’un point de vue racial, la langue ou la culture apprise n’y peut rien, ne peut changer ce que l’individu est réellement. Le sang et les caractéristiques physiques révélaient donc aux spécialistes de la science ethnique l’origine d’un individu, de sa famille, sa région de provenance, car l’individu garde selon cette science la particularité des groupes sanguins et des zones raciales. Dans les années 1930, ceci est devenu un argument prépondérant pour définir l’essence de la roumanité, du Roumain. Le Roumain était déjà défini d’un point de vue linguistique, culturel ou religieux. Mais il manquait un élément : à quoi il ressemblait. Il fallait donc identifier ses caractéristiques physiques, qui le distinguent, qui le séparent du Grec ou de l’Allemand, par exemple. Mais il était aisé pour ces scientifiques de mettre en exergue les éléments distinguant le Roumain de l’Allemand. Ce fut autrement plus difficile en revanche de distinguer les caractéristiques du Roumain par rapport au Grec ou au Bulgare, car là, les différences étaient minimales. »

    Nous avons demandé à Marius Turda dans quelle mesure ces recherches ont pu mettre en évidence l’unité biologique d’une supposée race roumaine : « Très peu ont poussé le bouchon aussi loin que pour prétendre avoir identifié des zones roumaines racialement identifiables et distinctes au sein même de la Grande Roumanie. Mais ils l’ont fait dans deux autres domaines. D’une part, l’image d’une supposée continuité daco-romaine, et puis roumaine, en Transylvanie. C’était une véritable obsession : essayer de démontrer l’existence d’un noyau ethnique et racial roumain pur en Transylvanie, dans le dessein de mettre à mal les théories magyares, qui faisaient état d’une immigration roumaine tardive dans la région. D’autre part, il y a eu la question de la pureté de la race, posée entre les trois régions historiques de la Grande Roumanie : la Transylvanie, la Moldavie et la Valachie. Les Roumains de Transylvanie appartenaient aux groupes raciaux prédominants en l’Europe Centrale et Occidentale, alors que les Roumains de Moldavie et de Valachie, et surtout ceux de Dobroudja, appartenaient aux groupes raciaux dominants dans les Balkans. Ils avaient été forcément influencés par les invasions asiatiques, par les occupations tartares et turques, par l’élément grec. Il fallait donc, dans cette optique, décider laquelle de ces régions avait gardé les traits roumains les plus purs. La réponse n’est pas difficile à deviner. Il s’agissait bien de la Transylvanie, là où le processus de mixité avait été d’une faible envergure, car les Roumains de Transylvanie vivaient surtout dans les montagnes, à l’écart de grandes vagues migratoires ».

    Mais, au fond, à quoi ressemblait le Roumain pur, du moins dans l’imaginaire de l’époque ? Marius Turda affirme que: « Les recherches ont été ciblées sur la population des Moţi, concentrée dans la région des Monts Apuseni. C’était un choix déterminé par plusieurs raisons. D’abord, Avram Iancu, l’un des personnages symboles de la renaissance roumaine en Transylvanie et de la lutte contre l’occupation hongroise était Moţ. Puis, les Moţi vivaient isolés, à l’écart, et les chercheurs pouvaient, selon la théorie anthropologique de l’époque, identifier des groupes qui avaient vécu isolés pendant longtemps. Alors l’image type du Roumain idéal était ce Roumain qui vivait dans les Monts Apuseni. Il y avait en outre une unité linguistique assez marquée dans tout le territoire de la Grande Roumanie, même si, dans les années 1930, les régionalismes étaient encore assez présents. Quant à l’unité religieuse, elle était moins évidente à saisir, surtout que, à l’époque, les uniates, les gréco-catholiques, comme on les appelle, étaient nombreux en Transylvanie et dans le Maramures. Il y avait aussi dans les mêmes régions un certain nombre de protestants. Mais ces différences religieuses entre les régions historiques n’ont pas donné lieu, à une seule exception près, à des théories qui interprètent ces éléments en termes de supériorité ou d’infériorité ».

    Pour conclure, on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que le Roumain pur demeure un fantasme pseudo-scientifique, concept prisonnier d’une époque où la raison, sans avoir été complètement bannie, s’est tout simplement trompée. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • «Ne pas mourir en rêve»

    «Ne pas mourir en rêve»

    Conçu au début comme un projet social, «Ne pas mourir en rêve» a gagné en lyrisme, en intimité avec chaque nouvelle personne que les réalisatrices ont rencontrée et intégrée à leur film si vivant, si réel. Nous parlons de ce projet avec Ana Ciutu, chargée de communication à Active Watch : « C’était en 2014, lorsque l’organisation Active Watch achevait un ample programme de bourses académiques accordées aux jeunes roms étudiant la médecine. Les histoires de boursiers qui en avaient bénéficié depuis 2008 étaient plutôt méconnues. Les gens étaient même surpris d’apprendre qu’il y avait des Roms qui faisaient des études de médecine. Alors, je me suis dit que c’était le moment de le faire savoir, de monter qu’il n’y avait là rien d’anormal. Nous devions tous devenir conscients du fait que nous assistions à un phénomène sans précédent la société roumaine : l’apparition de la première génération de médecins roms qui ne considéraient plus nécessaire de cacher leur identité ethnique. »

    Un film pas comme les autres, en fait. Ana Ciutu explique pourquoi : « Ce film est né d’un sentiment de curiosité. Nous avons démarré ce projet avec une curiosité extraordinaire. Ceux qui ont vu le film l’ont remarqué et ils ont eu de la peine à croire que ses héros n’avaient pas été choisis selon la procédure habituelle, qu’ils n’avaient pas passé un casting. Nous n’avons pas organisé de casting pour ce film, bien que les gens aient été choisis un à un. Nous avons eu une seule manière de les chercher : la carte de la Roumanie devant nous, nous avons choisi des communautés de tous les coins du pays et nous nous sommes mis en route. Tous les héros du film sont des gens que nous avons rencontrés sur notre chemin. »

    «Ne pas mourir en rêve » n’est pas un documentaire, mais il aurait pu le devenir, à ses débuts. Anelise Sălan, directrice d’image, explique : « J’ai approfondi le sujet et j’ai en quelque sorte changé de style. En 2016, c’était plutôt un reportage. Cette année nous nous sommes documentées en détail, nous avons passé beaucoup plus de temps avec les gens, plus personne ne nous demandait de faire vite. Nous prenions le train, nous restions dans un endroit autant qu’il fallait et à présent le film est plus posé, plus lyrique. Cette année le thème concernait plutôt la crainte que nous inspire le médecin, l’expérience de la première consultation, dont nous gardons tous le souvenir – bon ou mauvais. Le film parle aussi de ce qu’entreprennent les gens pour rester en bonne santé – un sujet qui nous intéresse tous – et il raconte, bien sûr, les histoires des 4 étudiants en médecine fidèles à leur rêve et qui ont réussi à surmonter leurs difficultés financières, familiales ou liées à leur appartenance ethnique. »

    En cours de route, le projet a également changé de nom. Ana Ciutu : « Au début, l’ensemble du projet s’appelait « Mon docteur rom » car tout notre voyage d’information a commencé par les histoires des médecins roms que nous connaissions. Cette année, les choses ont changé, notre documentation n’était plus focalisée sur les médecins roms. Cette fois, il s’agissait d’intégrer leurs histoires à un contexte, ce qui nous a amenées dans des communautés rom où nous avons découvert des histoires de vie et des conclusions existentielles tout à fait surprenantes. C’était des leçons importantes aussi pour nous, au niveau individuel. Alors nous avons compris que nous devions retourner à la sagesse que nous avions découverte dans les communautés rom et y puiser un titre. »

    « Ne pas mourir en rêve » est une histoire collective qui met en évidence les ressemblances et les dissemblances entre la vie, telle que la plupart d’entre nous la connaissent et la vie des Roms au sein de leurs communautés. Ana Ciutu: « La santé des Roms pourrait sembler ne pas être un sujet à part, car finalement nous sommes tous confrontés à des problèmes de santé. Pourtant, en regardant ce film, on se rend compte combien on est semblables et en même temps combien il y a de disparités entre nous du point de vue des ressources, de l’accès au médecin, de l’accès à l’éducation, de l’accès à l’infrastructure, qui nous aident d’habitude à résoudre nos problèmes. On se rend compte que ce n’est pas pareil pour nous tous, qu’il y a des gens pour lesquels aller voir un médecin n’est pas du tout facile, car celui-ci se trouve à une ou deux heures de marche à pied. Ces gens sont obligés de trouver moyen de se débrouiller. Et alors on se rend compte qu’en fait, oui, entre nous il y a une différence et cette différence est parfois une question de vie ou de mort. »

    Anelise Sălan nous assure qu’en regardant ce film, on découvre la vie d’une communauté, chez elle : «A en juger d’après le retour d’information que nous avons reçu de ceux qui ont vu le film, celui-ci ne semble pas être un documentaire, mais un film tout court. Le style de tournage et le style de montage en sont très personnels, la quintessence des personnages a pu être rendue par le tournage. Le film nous amène dans des communautés rom, dans leurs maisons, auprès de leurs enfants. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir quelque chose de plus personnel. »

    Emotions, histoires de vie et un rêve accompli : « Ne pas mourir en rêve ».(Trad. : Dominique)

  • Le Romantisme et l’idée nationale

    Le Romantisme et l’idée nationale

    Le Romantisme a été le courant littéraire et artistique qui a placé l’ethnicité et la langue d’un peuple au centre de l’existence humaine. Produit de la pensée européenne occidentale, le romantisme a souvent été interprété comme une réaction à l’universalisme et au cosmopolitisme du classicisme. La tradition, le passé et la langue d’une communauté ont été les points d’appui de la vision romantique du monde, tandis que l’Etat national a été l’expression politique des idées romantiques.



    Le romantisme roumain n’y a pas fait exception, étant la première mise en accord de l’espace roumain avec les idées venues d’Occident. Les influences du courant romantique dans les trois principautés roumaines ont connu deux origines : française en Moldavie et en Valachie, allemande en Transylvanie.



    L’historien de la littérature Ioan Stanomir explique le projet romantique et sa réception dans l’espace roumain : « Dans l’espace européen et dans celui roumain, le romantisme projette une nouvelle image des communautés ethniques, qui est une réinvention de leur identité. L’exploration d’un patrimoine archéologique et culturel est le point de départ d’un parcours qui aboutit à la création d’un panthéon des pères de la nation et des modèles de celle-ci. C’est un type de démarche produit à l’Ouest de l’Europe, qui arrive particulièrement tard dans l’espace roumain.



    Du point de vue de la pureté esthétique, le romantisme roumain est éclectique et composite. Parmi nos hommes de lettres romantiques, il y en a qui ont écrit aussi des pages classiques — Grigore Alexandrescu en est un exemple. D’autres commencent par le romantisme et finissent dans le classicisme, comme ce fut le cas de Vasile Alecsandri. Les vrais romantiques ne sont pas nombreux et souvent leur démarche est dissonante et illisible pour les lecteurs actuels — à l’exemple de CA Rosetti. Le romantisme roumain suit la recette européenne de la réinvention de soi, avec tout un inventaire d’images, ruines, ancêtres et faits d’armes passés. »



    Pour la construction et la modernisation de l’Etat, les élites de Valachie et de Moldavie ont choisi le romantisme français comme solution, tandis que les Roumains de l’Empire autrichien ont fait le choix du modèle romantique allemand : «La principale différence entre les deux romantismes réside dans la définition de la nation. Le romantisme allemand était organiciste, conservateur et xénophobe, son influence étant visible moins chez les révolutionnaires de 1848 que chez Eminescu.



    En Transylvanie, ce qui se fait sentir ce sont l’influence de l’illuminisme de type joséphiniste et la contamination avec l’idéologie révolutionnaire. Mais, en Transylvanie, la révolution est paradoxale, car, en termes européens, c’est une contre-révolution en réaction aux excès xénophobes d’une révolution européenne par excellence, comme ce fut celle hongroise. »



    La révolution de 1848 a été le point culminant des manifestations du romantisme roumain. Elle a donné le coup d’envoi des réformes et de la modernisation de l’espace roumain. L’historien Ioan Stanomir explique : « Le romantisme roumain s’exprime à travers le mouvement de 1848, et tous les personnages présents dans ce tableau de famille ont fait de la politique, avec plus ou moins de panache. Ils ont créé des sociétés culturelles et littéraires, des sociétés secrètes actives en exil, et puis, de retour d’exil, ils s’impliquent dans ce qu’il restait encore à faire au pays, cette génération s’épuisant vers les années 1860-1870.



    Certains romantiques entrent dans un cône d’ombre, comme c’est le cas par exemple de Heliade Radulescu. Nicolae Balcescu, celui qui allait être utilisé par la propagande du régime communiste roumain, connaît lui, une mort héroïque; d’autres romantiques abandonnent la carrière littéraire pour se dédier entièrement à la politique, comme ce fut le cas de C.A. Rosetti. Il y en a aussi qui suivent l’exemple de Cezar Bolliac, est plutôt journaliste que poète. C’est une image de famille qui se confond avec ce que l’historien et critique littéraire roumain Paul Cornea appelait les hommes du début du chemin. »



    Le romantisme est devenu entre temps un modèle culturel, un point de repère. C’est ainsi qu’est née la culture standardisée ou la norme : « Si nous parlons d’une certaine perception mécanique et déformatrice, je mentionnerais Dimitrie Bolintineanu. Il est connu surtout pour ses légendes historiques, petit manuel de patriotisme à l’usage de la génération de ’48. Les légendes historiques ont réussi à être un précis de conduite et à immortaliser certaines figures de l’histoire, leur conférant une image mythologique.



    Ce que l’on a oublié c’est justement l’œuvre romantique la plus profonde et vibrante de Bolintineanu, le poème « Conrad », petit équivalent roumain du « Pèlerinage de Childe Harold » de Byron. D’ailleurs, la création de Byron a donné naissance à tout un courant auquel les romantiques roumains n’ont pas pu échapper.»



    L’Unité nationale a été la clé de voûte de la modernisation et de l’émancipation nationale proposée par le romantisme, affirme Ioan Stanomir : « L’Unité nationale est un concept qui doit son existence au discours de la génération de 1848. La figure emblématique et devenue aussi canonique du prince Mihai Viteazu, celui qui a réalisé la première Union des trois principautés roumaines, est l’invention de Florian Aaron et de Nicolae Balcescu et de Gheorghe Bibescu, celui qui utilisait la cape du voïévode lors des cérémonies officielles. La conscience nationale est une formule anachronique que nous utilisons pour nous expliquer des comportements sans aucun rapport avec le poids qui leur a été conféré ultérieurement.



    Les romantiques de 1848 ont sans nul doute voulu une union des principautés roumaines. Mais pour ce qui est de la Transylvanie et du Banat, les choses étaient compliquées parce que dans ces deux régions il y avait un courant fédéraliste tourné plutôt vers l’Europe Centrale et moins vers les Carpates. N’oublions pas que la relation des romantiques de Transylvanie et du Banat avec l’Empire autrichien a été plutôt compliquée. Nombre d’entre eux ont servi l’empire afin de tenir tête au républicanisme hongrois. »



    Le romantisme a été un courant artistique, un modèle politique et une tendance sociale basée sur des émotions. Ces traits lui ont conféré une image positive, qui perdure de nos jours encore, près de deux siècles après son apparition. (trad. : Ileana Taroi)

  • Priorités de Bucarest pour les Roumains vivant à l’étranger

    Priorités de Bucarest pour les Roumains vivant à l’étranger

    Après 1989, les relations avec les Roumains vivant à l’étranger se sont constamment retrouvées au cœur des préoccupations des autorités de Bucarest. Cela s’explique tant par le renforcement des rapports bilatéraux avec les pays accueillant des communautés roumaines, que par le fait que la protection des droits des minorités nationales est devenue une priorité permanente aussi bien des gouvernements roumains successifs que des institutions européennes.



    Ainsi, la préservation, le développement et l’affirmation de l’identité ethnique, linguistique, culturelle et religieuse des Roumains vivant hors des frontières nationales ont-elles compté, ces trois dernières décennies, parmi les objectifs stratégiques de politique étrangère de la Roumanie. “Le nouveau ministère en charge de la relation avec les Roumains de l’étranger s’est fixé des objectifs ambitieux. Il va essayer de dépasser le modèle du travail par les seuls projets menés avec les associations de la diaspora et d’adapter la thématique en fonction des particularités de chaque communauté” — faisait savoir, en début de mandat, la ministre de tutelle, Andreea Păstârnac.



    Chaque communauté a ses propres problèmes, extrêmement importants, parfois vitaux, comme c’est le cas des Roumains qui vivent dans les pays avoisinants ou au Royaume-Uni, précisait la ministre. Elle plaidait, en outre, en faveur d’un dialogue entre ces communautés, permettant d’échanger leurs expériences et d’identifier les projets qui méritent d’être pris pour modèles.



    Invitée au micro de Radio Roumanie, quelques mois après sa prise de fonction, la ministre Andreea Păstârnac a passé en revue les problèmes qui se posent devant la diaspora roumaine : « Quand on parle des Roumains de l’étranger, qui représentent un tiers de la population active du pays, on parle d’une multitude de problèmes et de problématiques. Il y a tout d’abord la question identitaire, autrement dit ce qui nous définit en tant que Roumains, et bien sûr la question de la langue. Ensuite, nous nous penchons sur les droits de nos ressortissants, dont la plupart sont partis travailler à l’étranger. Nous sommes surtout préoccupés par le sort des nombreux Roumains du Royaume-Uni, car le Brexit ne sera pas sans affecter leur statut professionnel, social, leur place sur le marché de l’emploi. Ce qui pire est, c’est qu’ils ne sont pas les seuls Roumains de l’étranger dont les droits péricliteront. Il importe donc de poursuivre les campagnes, menées conjointement avec les ministères de l’Emploi, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, afin d’informer les ressortissants roumains sur leurs droits. Ils doivent savoir qu’ils n’ont pas à renoncer à leurs droits pour se faire respecter des autres. »



    Il est difficile d’établir le nombre total des Roumains partis travailler à l’étranger. Toutefois, selon les données fournies par les Etats membres de l’UE et suivant certaines études menées à ce sujet, il s’agit de plusieurs millions de personnes. La plupart d’entre eux ont choisi comme pays de destination l’Italie ou l’Espagne, suivies par le Royaume-Uni. D’après Andreea Păstârnac, le principal problème auquel est confronté son ministère c’est que bien des enfants roumains nés dans d’autres pays n’apprennent plus le roumain : « Nous nous sommes proposé d’appuyer les associations de bénévoles et les écoles paroissiales où l’on enseigne le roumain à titre volontaire. D’autant plus que très peu de jeunes scolarisés, surtout dans les deux grands pays européens où vivent les communautés roumaines les plus nombreuses, réussissent à maîtriser le roumain. Voilà pourquoi, nous nous appliquons, au travers d’un projet conjoint avec le ministère de l’Education nationale, à faire en sorte que l’abécédaire, c’est-à-dire le livre élémentaire servant à apprendre la langue, parvienne à ces écoles tant sous sa forme consacrée, qu’en format numérique. Je dirais que c’est là une nécessité, car, dans bien des cas, les jeunes apprennent à lire en s’aidant des pages télécopiées par le bénévole, qui fait de son mieux pour leur donner un coup de main. »



    Le ministère de la relation avec les Roumains de l’étranger envisage d’élaborer le programme d’enseignement de la langue maternelle à l’intention des jeunes de la diaspora. Un instrument utile pour les écoles dominicales ou de fin de semaine activant auprès des églises et au sein des associations représentatives des Roumains de l’étranger. (trad. : Mariana Tudose)

  • Nachrichten 18.07.2017

    Nachrichten 18.07.2017

    Rumäniens Staatschef Klaus Iohannis hat sich am Dienstag für administrative Dezentralisierung aber gegen die Autonomie von ethnischen Gruppen geäußert. Die letztere könnte die Entwicklung verhindern, sagte der rumänische Präsident während seines Besuches in den von Ungarischstämmigen bewohnten Landkreisen Harghita und Covasna. Im Anschluß zeigte sich der rumänische Präsident für die Zukunft der Jugendlichen in den besagten Gebieten besorgt, die kein Rumänisch sprechen und daher gleiche Chancen auf dem rumänischen Arbeitsmarkt nicht haben können. Die Intoleranz und die Diskriminierung rumänischer Staatbürger anderer Ethnien, egal ob seitens der Minderheit oder der Mehrheit, versperren den Weg zum Fortschritt, fügte Klaus Iohannis hinzu. Selbst wenn die besagten Landkreise ein bedeutendes Potential aufweisen, vor allem im Tourismusbereich, bleiben Harghita und Covasna für Investitionen unattraktiv, stellte im Anschluß Klaus Iohannis fest. Die ungarische Minderheit in Rumänien lebt vorwiegend in der zentralgelegenenen Region Transilvania/Siebenbürgen und zählt rund 1,5 Millionen Menschen. Die wichtigste Partei der ungarischen Minderheit, der Demokratische Verband der Ungarn in Rumänien, schafft es seit der Wende kontinuierlich, ins rumänische Parlament einzuziehen und galt als Partner mehrerer Regierungskoalitionen im postkommunistischen Rumänien.



    Der rumänische Premier, Mihai Tudose, hat seinem bulgarischen Gegenüber, Boiko Borisov, einen Plan für die Verknüpfung der Hauptstädte Rumäniens, Bulgariens und Griechenlands durch einen Schnellzug vorgeschlagen. Tudose und Borisov haben am Montag in einem Telefonat auch über Lösungen diskutiert, die die Bauprojekte zwei neuer Verkehrsknoten an der Donau beschleunigen könnten. Der rumänische Ministerpräsident und sein bulgarischer Gegenüber haben sich im Anschluß auf ein gemeinsames Treffen beider Regierungen geeinigt, das im September stattfinden soll. Laut einer offiziellen Mitteilung des Kabinetts Tudose, soll dabei auch über ein trilaterales Abkommen zwischen der Regierung Rumäniens, Bulgariens und Griechenlands diskutiert werden. Einen Themenschwerpunkt dürfte bei den geplanten Gesprächen auch die Förderung des Tourismus bilden.



    Der rumänische Premier Mihai Tudose hat am Dienstag Mirela Călugăreanu zur Chefin der Nationalen Agentur für Steuerverwaltung ANAF ernannt. Der ehmalige ANAF-Präsident war am Montag durch einen Beschluß des Ministerpräsidenten aus seinem Amt entlassen worden. Ebenfalls am Montag erklärte der Vorsitzende der Sozialdemokratischen Partei, der wichtigsten Partei der Bukarester Regierungskoalition, Liviu Dragnea, er habe Premierminister Mihai Tudose aufgefordert, eine gründliche Untersuchung der Aktivität der ANAF durchzuführen und die notwendigen Maßnahmen zur Verbesserung der Aktivtität dieser Einrichtung zu treffen. Dragnea erklärte sich unzufrieden mit dem Eintreiben der Steuern und Gebühren in Rumänien.



    Für die größte US-geführte Militärübung Saber Guardian 17 kommen diese Tage rund 8.000 Soldaten der NATO-Streitkräfte in Rumänien, Bulgarien und Ungarn zusammen. 10 Kampf- und Logistikschiffe, 12 Boote und 18 Landfahrzeuge der Marine sind daran beteiligt. Die Übung sieht zahlreiche Manöver auf See, am Land und in der Luft vor. Dabei wird auch die planspielartige Übung zum Massenanfall von Verletzten MASCAL durchgeführt. An der von der US- amerikanischen medizinischen Brigade 30th Medical Brigade geführte Übung beteiligen sich ebenfalls auch 2 Krankenhäuser NATO ROL 2, die auf dem Militärstützpunkt im südostrumänischen Mihail Kogălniceanu stationiert werden.



    Das rumänische Fußballteam Astra Giurgiu trifft am Donnerstag in Aserbaidjan im Rückspiel der zweiten Qualifikationsrunde der Europe League auf Zira FK. Im Hinspiel hatte Astra 3-1 gewonnen. Sollte die rumänische Mannschafft in die dritte Runde einsteigen, wird sie auf die Ukrainer von FK Oleksandria treffen. In der dritten Qualifikationsrunde der Europe League trifft das rumänische Team CS Universitatea Craiova auf AC Mailand und und die Mannschaft Dinamo Bukarest auf die Spanier von Athletic Bilbao. In Champions League soll der rumänische Meister FC Viitorul Constanţa gegen APOEL Nikosia und der Vizemeister Steaua Bucuresti auf die Tschechen von FC Viktoria Plzen antreten.

  • Les Minorités ethniques dans la culture visuelle – un regard tourné vers la Roumanie

    Les Minorités ethniques dans la culture visuelle – un regard tourné vers la Roumanie

    Exposé du 20 août au 4 octobre, à Bruxelles, le projet «Les Minorités ethniques dans la culture visuelle – un regard tourné vers la Roumanie», de l’Association PostModernism Museum, s’est donné pour but de marquer les cent ans écoulés depuis la formation de la grande Roumanie et qui seront célébrés le 1 décembre 2018. Un accent particulier a été mis sur les concepts d’identité ethnique, diversité culturelle et nationalité, dans le contexte des actuels débats européens liés à l’intégration des migrants et du fait que la Roumanie recense 18 minorités représentées au Parlement.

    Cosmin Nasui, commissaire de l’exposition: «En tant que chercheurs, on ne s’est pas proposé de coller de nouvelles étiquettes aux minorités, mais plutôt de dénicher le facteur multiculturel et sa contribution à la formation de notre jeune nation. Il est important de voir dans quelle mesure cette contribution s’est avérée décisive dans les grands moments de la création de l’identité roumaine. Un deuxième facteur d’intérêt a été celui de connaître les minorités ayant traversé la terre roumaine ces cent dernières années et surtout de voir combien d’entre elles ont eu un caractère européen. Et je pense, par exemple, aux Juifs et aux Tziganes. Au pôle opposé, on trouve les minorités dites de proximité, dont l’existence découle des contractions ou des dilatations du territoire roumain. Je pense à ces moments historiques où la Roumanie a englobé différentes populations voisines ou quand des populations voisines ont fini par vivre aux côtés d’importantes communautés roumaines. Ce fut le cas des Magyars, des Allemands de la Dobroudja, des Saxons du Banat- autant de communautés intéressantes, dont la contribution à la culture visuelle a été des plus importantes.»

    Fruit d’un long travail de recherche, l’exposition de Bruxelles a présenté les contributions à la culture visuelle aussi bien des minorités historiques telles les Juifs, les Grecs, les Russes, les Magyars, les Tatares, les Turcs ou encore les Tziganes que des minorités actuelles, d’après 1989, à savoir les Chinois, les Français, les Anglais, les Indiens ou les Libanais.

    Repassons le micro à Cosmin Nasui: «L’exposition présente aussi bien des ouvrages originaux, de peinture, sculpture et photo, que des infographies. Concrètement, on a essayé de mettre ensemble, sous une forme visuelle, tous les éléments de nos recherches, transférés par la suite dans 14 infographies, chacun ayant un thème différent: exotisme, discrimination, autonomie, exile, colonisation. Il s’agit d’images accompagnées de textes et censées faciliter la compréhension d’une situation historique des cent dernières années.»

    Prises souvent pour source d’inspiration par les grands classiques de la peinture roumaine, tels Iosif Iser, Nicolae Tonitza, Octav Băncilă, Nicolae Grigorescu, les minorités historiques apparaissent également sur des cartes postales et des photos d’époque. En revanche, la situation change quand il s’agit des minorités actuelles, d’après 1990.

    Cosmin Năsui: «Ces minorités apparaissent plutôt dans la culture visuelle, notamment dans la cinématographie. Il est très intéressant de suivre la nouvelle vague du cinéma roumain qui reprend différents thèmes inspirés par les minorités ethniques. Pour les Chinois, on a, par exemple, le film «L’année du dragon» des réalisateurs Adina Popescu et Iulian Manuel Ghervas, pour les Saxons je pense notamment aux productions de Radu Gabrea – «Gants rouges» et «Le coq décapité», et pour les Tziganes, on a le documentaire d’Alexander Nanau «Toto et ses sœurs» qui traite de la problématique d’une famille tzigane vivant dans la capitale. D’ailleurs, il faudrait mentionner l’organisation à Bucarest d’une série d’expositions consacrées à la discrimination. Et puis, n’oublions pas les monuments érigés à Bucarest et à Cluj, à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Je voudrais vous rappeler que les premiers signes visuels censés témoigner de la reconnaissance de l’Holocauste en terre roumaine ont été les petits écriteaux placés dans les gares, d’où sont partis les trains de la mort.»

    Le projet «Les minorités ethniques dans la culture visuelle- un regard tourné vers la Roumanie» a également une composante de recherche permanente. Les commentaires et les témoignages des visiteurs se retrouveront dans le catalogue de l’exposition. Après Bruxelles, l’exposition est arrivée à Bucarest où elle restera en place jusqu’au 3 novembre, à la section « Villa Minovici » du Musée de la capitale roumaine. Ensuite, ce sera le tour des villes de Brasov, Cluj et Craiova d’accueillir l’exposition avant que celle-ci ne s’installe au Benelux, en 2017. (Trad. Ioana Stancescu)

  • La roumanisation de la Roumanie

    La roumanisation de la Roumanie

    La Roumanie n’a pas été une exception à la règle de l’Etat-nation, caractérisé notamment par cette tendance à l’assimilation et à l’homogénéisation. Le processus par le biais duquel un Etat devenait national, c’est-à-dire homogène du point de vue ethnique, a pris le nom de la nation majoritaire. En Roumanie on parle donc de « roumanisation ». L’historien Lucian Boia est le plus controversé de la Roumanie contemporaine puisqu’il s’est attaqué à tous les clichés et préjugés de l’histoire nationale de la Roumanie. Dans son volume le plus récent « La roumanisation de la Roumanie », l’auteur parle du mécanisme par le biais duquel la Roumanie est devenue plus homogène du point de vue ethnique. Ses propos ont déjà suscité de nombreuses controverses.

    Lucian Boia évoque les éléments constitutifs et la définition de la nation : « Si l’on se rapporte au 19e siècle, il y a, généralement parlant, deux types de nation, d’idéologie nationale : le type français et le type allemand. La nation française, inaugurée par la Révolution française, est une nation politique, on appartient au corps politique de la nation, l’origine, la langue etc. ne comptent pas. La nation allemande est d’ordre ethnique. On est Allemand parce que l’on est né Allemand. Donc, on naît Allemand et on devient Français. Les Roumains ont choisi, eux, la variante allemande de la nation. Il est évident que pour un très grand nombre de Roumains, la nation est un concept fondé sur l’ethnicité. Comment être Roumain si l’on est Allemand ? Comment expliquer à une grande partie des Roumains qu’un Allemand peut être Roumain ? Ils ont leur logique. Pourtant, cette conception de la nation commence à perdre du terrain. C’est que la tendance générale, dans le monde civilisé, favorise le type français, le type politique : nous sommes Roumains quelle que soit notre origine. »

    Que signifie la roumanisation de la Roumanie ? Lucian Boia compare ce processus à ce qui s’est passé dans d’autres pays : « Je me suis rapporté au processus de roumanisation, mais de quelle façon ? Je l’ai déjà dit dans d’autres livres. Il ne faut pas s’imaginer qu’un tel phénomène a eu lieu uniquement en Roumanie. Je ne veux absolument pas critiquer ce qui s’est passé en Roumanie – ni louer cet état de choses non plus. Je constate, tout simplement, que les choses se sont passées d’une façon ou d’une autre, avec une intensité ou une autre, avec un effet ou un autre… Pourtant, ce genre de choses sont arrivées dans la quasi-totalité des Etats-nations. Comprenez-moi bien ! Nous ne devons pas être hypocrites et croire que l’Etat-nation défend les minorités ethniques. Certes, on peut trouver un point d’équilibre pour ce qui est du traitement appliqué aux minorités. Pourtant, il est évident qu’en principe, l’Etat national n’est pas favorable aux minorités. L’objectif de l’Etat-nation est justement de consolider la nation respective, de rassembler les gens autour d’une certaine culture nationale, y compris autour d’une langue. Et le meilleur exemple en est la très démocratique France. Les Français ont tout simplement éradiqué leurs minorités. Ils ne l’ont pas fait par le génocide, ni de manière brutale, pourtant, ce fut l’anéantissement parfait. Même ceux qui ont pratiqué le génocide n’ont pas réussi à mener cette tâche comme les Français l’ont fait. Jusqu’au seuil de la Révolution française, la plupart des habitants de la France ne parlaient pas le français. Par un caractère très centralisé de l’Etat, par l’administration, l’école et l’armée, la France s’est francisée. »

    Selon Lucian Boia, la nationalisation des Etats-nations d’Europe centrale et orientale a été un processus beaucoup plus compliqué et souvent plus violent : «En Europe centrale et orientale, les choses se sont passées d’une tout autre manière, compte tenu de la perméabilité de cette zone, des migrations qui ont continué jusqu’à une époque tardive, des empires qui ont divisé la région, avec tout le va-et-vient ethnique. Au moment où les Etats-nations se sont constitués, des majorités et des frontières se sont créés, pourtant, ces frontières ont englobé aussi des minorités ethniques et religieuses. Il a été impossible de tracer des frontières idéales, susceptibles de contenter tout le monde. Le résultat a dépassé ce qui a été réalisé en Roumanie. La Roumanie compte encore des minorités, pourtant, il y a des pays comme la Pologne, qui, pendant l’entre-deux-guerres, enregistrait plus de minorités que la Roumanie. Ce qui s’est passé, on le sait déjà : l’extermination des Juifs – dont les Polonais ne sont nullement responsables, ensuite ils ont perdu les territoires de l’est et ont reçu des territoires allemands dans l’ouest. Les territoires allemands ont été évacués. Actuellement, en Pologne, le nombre de minorités est nettement inférieur à celui de Roumanie. En République Tchèque, ce fut pareil. Pendant l’entre-deux-guerres, un tiers de la population de ce pays était allemande. »

    Lucian Boia s’attarde également sur l’évolution des rapports entre les Roumains et les autres ethnies, qui ont mené à la formation de la nation politique roumaine : « On a là une zone frontalière, disons, où les Roumains sont entrés en contact avec un grand nombre d’ethnies, de cultures, cette zone est une sorte de creuset ethnique et culturel d’une richesse extraordinaire. C’est d’ailleurs ce qui a fait la richesse de l’histoire roumaine, une richesse que les historiens roumains ont préféré éviter. Lorsqu’ils ont écrit l’histoire des Roumains, ils ont adopté une attitude concessive vis-à-vis des minorités. Les ethnies ont des traits culturels et religieux distincts, qui ont souvent joué un rôle très important. Ion Luca Caragiale est un exemple célèbre : ce grand dramaturge n’avait pas une goutte de sang roumain dans ses veines. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas Roumain. Ce qui nous ramène, une fois de plus, à la définition du Roumain, au problème de la nation. C’est quoi, finalement, être Roumain ? Cette question est d’ordre culturel et non pas biologique. Du point de vue culturel, Caragiale est Roumain, du point de vue biologique, il ne l’est pas. »

    De nos jours, la Roumanie est « plus roumaine », du point de vue ethnique qu’elle ne l’était il y a 70 ans. Pourtant, ceux qui ont choisi d’être Roumains n’ont pas été moins Roumains que les autres.

  • A la Une de la presse roumaine 15.07.2014

    A la Une de la presse roumaine 15.07.2014

    La plupart des Roumains voudraient un président expérimenté, jeune et d’origine roumaine, selon un sondage d’opinion paru dans l’édition électronique de Adevarul.


  • Régionalisation et développement

    Régionalisation et développement


    Le ministre du Développement Régional, Liviu Dragnea, a annoncé ce mercredi dernier, le démarrage du processus de régionalisation, un des projets de la plus grande envergure en Roumanie après 1989. Selon le ministre, les coûts de ce processus seront nuls et, en même temps, on fera des économies en matière de dépenses de personnel et de services publiques, précisant que les partis politiques, les syndicats, les ONG, les experts roumains et européens sont invités à participer à l’implémentation de ce projet national. Les objectifs stratégiques de la régionalisation et de la décentralisation envisagent attribuer des compétences aux régions dans les domaines de l’économie, des affaires, des fonds européens, d’infrastructure, d’éducation, de santé, d’environnement, d’agriculture, de protection sociale, de culture, de tourisme, de situations d’urgence, d’aménagement du territoire, de jeunesse et de sport.


    Pour gérer et dérouler ce processus, le gouvernement a institué un Conseil Consultatif et un Comité technique inter-ministériel. Aux termes du projet, les futures régions auront un Conseil et un président désigné par suffrage populaire qui vont gérer les budgets locaux, l’argent européen et les fonds du gouvernement ayant des compétences accrues vis-à-vis des actuelles autorités départementales car on préconise que ces transformations soient effectives jusqu’à la fin 2013. La direction des régions sera intérimaire, trois années durant, jusqu’aux prochaines élections locales. Le nombre, la configuration et la manière de fonctionnement des nouvelles entités de territoire seront peaufinées par consultations publiques. Le ministre Liviu Dragnea : « Aucun citoyen ne devra faire des déplacements supplémentaires, n’aura à supportes des coûts supplémentaires après l’achèvement du processus de régionalisation. Au contraire, aucune compétence départementale ne sera pas enlevée. En échange, les compétences qui existent, maintenant, à l’échelon central, au niveau du gouvernement, seront transférées au niveau des régions, des départements, ou, selon le cas, aux autorités locales. »


    Par ailleurs, le ministre précise qu’à travers la régionalisation, l’exécutif ne veut pas une séparation territoriale selon des critères ethniques. Il a donné l’exemple des départements du centre du pays, Harghita, Mures et Covasna à population majoritaire à ethnie hongroise : « J’ai dit que la régionalisation n’est pas un processus politique, ni un processus ethnique. Harghita, Covasna, Mures, je ne pense pas que ce sera une des régions de la Roumanie. »


    Les observateurs politiques remarquent qu’au sein de l’UE, de nombreuses démarches de re-centralisation se remarquent ainsi que des processus de décentralisation, comme dans le cas de la Roumanie et que, selon leur opinion, la responsabilité pour le choix du modèle d’organisation territoriale, comme prémisse pour assurer un développement plus dynamique, incombe à chaque Etat. (trad.: Costin Grigore)