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  • La fabrique du Père Noël

    La fabrique du Père Noël

    Le sapin, un symbole à part depuis l’antiquité

     

    Noël oblige, aujourd’hui nous parlons traditions et décorations. Et quelle joie d’admirer en cette période de l’année les superbes décorations qui envahissent nos villes, nos villages et nos maisons ! Mais quelle est l’histoire de ces objets qui créent l’atmosphère magique à la fin de chaque année et d’où vient cette tradition ? Eh bien, peu de monde le sait, mais avant l’apparition du christianisme, les plantes et les arbres qui restaient verts toute l’année avaient une signification à part pour les gens, surtout pendant l’hiver.

     

    Les origines des sapins décorés remontent à la nuit des temps, à commencer par l’utilisation de ces arbres dans l’Egypte antique, dans l’empire romain aussi et jusqu’aux traditions allemandes des sapins de Noël décorés de bougies au 17e siècle, une coutume arrivée jusqu’aux Etats-Unis dans les années 1800.

     

    Les débuts de la décorations des sapins en Roumanie

     

    Quant à la Roumanie, ici la tradition de décorer le sapin à Noël apparaît après 1866, suite à l’arrivée au trône de la dynastie de Hohenzollern. En fait, le premier sapin roumain mentionné dans les documents historiques est celui décoré par le roi Carol Ier. Après, la tradition se répand et se diversifie, et les décorations faites pour le sapin deviennent un véritable art, car la plupart sont fabriquées manuellement et sont uniques.

     

    La fabrique du Père Noël, ouverte en 1989, ne cesse de grandir

     

    C’est aussi le cas des boules réalisées à Curtea de Arges, dans une petite usine intitulée tout simplement : « La fabrique du Père Noël ».

     

    Son manager, Sandu Nichita, nous raconte l’histoire de cette affaire qui met à l’honneur les fêtes de fin d’année et nous explique pour commencer d’où vient son nom :

    « C’est plutôt une métaphore, si vous voulez. Elle appartient à notre fabrique de Curtea de Arges qui produit des boules pour le sapin de Noël. Son activité a démarré en 1989, à l’initiative d’un entrepreneur américain. L’affaire a grandi grâce aux investissements roumains et américains, si bien qu’en l’an 2000 ses produits avaient conquis tans les Etats-Unis que le Japon, la fabrique produisant à l’époque environ un million de boules par an. Nos produits se sont diversifiés aussi. On a commencé par des décorations plus simples, en 1989, pour arriver aujourd’hui à des produits très complexes qui se sont fait remarquer sur le marché européen et américain. A compter de 2006-2007, nous avons commencé à organiser aussi des visites guidées de la Fabrique du Père Noël, pour montrer aux visiteurs comment ces boules sont produites. Ils assistent à l’ensemble du processus, à commencer par le moment où l’on souffle dans le verre pour lui donner une forme, en passant par la peinture faite manuellement et jusqu’à la mise en boîte des produits ou directement dans le sapin de Noël ». 

     

    Visites guidées et ateliers pour les enfants

     

    Les visites et les ateliers proposés par la Fabrique du Père Noël s’adressent notamment aux enfants, précise Sandu Nichita :

    « C’est une activité intéressante pour les enfants et les jeunes, surtout qu’elle les fait sortir du milieu en ligne et les ramène dans la vie réelle, pour ainsi dire. Ici, ils n’utilisent leur portable que pour prendre en photo les différentes étapes de la fabrication des décorations en verre ».

     

    Les décorations roumaines ont fait le tour du monde

     

    Comme notre invité vient de le mentionner, les boules pour le sapin ne sont pas les seules décorations qui sortent de la Fabrique du Père Noël. Sandu Nichita nous en parle :

    « On a au moins 2000 modèles, qui se différencient en fonction de la peinture, de la forme et autres éléments. Plus encore, cette année on a fait une rétrospective des modèles créés depuis 1989 et nous avons mis sur pied une exposition réunissant 5 600 exemplaires d’ornements. Les commerçants qui visitent l’exposition ont choisi pour la plupart des modèles rétro qui leur rappellent leur enfance. Et pour cause. Le marché est carrément submergé par les produits appelés génériquement du « kitch ». Or nous, nous tenons beaucoup à la forme artistique de nos objets. D’ailleurs, Martha Stewart, connue dans le milieu éditorial aux Etats-Unis, a commandé à plusieurs reprises des boules de Noël de notre fabrique et a écrit une belle histoire sur les fêtes d’hiver de Roumanie, où les enfants sont impliqués dans les traditions. Ce fut une grande source de joie et de fierté pour nous, ici à la Fabrique du Père Noël, que de savoir que le Sapin de Noël de la Maison Blanche, à Washington, est décoré de nos boules, ou encore celui des empereurs du Japon. » 

     

    Et ce n’est pas tout. Ces mêmes boules de Noël ont pu être admirées ces 7 dernières années dans les sapins de la Foire de la Représentation de la Roumanie à Bruxelles.

    Quant à notre invité, il vous fait un dernier voeu :

    « La Fabrique du Père Noël vous souhaite Joyeuses fêtes à toutes et à tous ! » 

     

    Et si notre histoire de la Fabrique du Père Noël a suscité votre curiosité, alors n’hésitez pas à entrer sur son site Internet, pour vous procurer en ligne des boules roumaines uniques, faites à la main. (trad. Valentina Beleavski)

     

    https://www.fabricaluimoscraciun.ro/

     

     

  • L’histoire du champagne en Roumanie

    L’histoire du champagne en Roumanie

    Lannée 1859, année de lunion des Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie, est aussi le début de leuropéanisation de la société roumaine. Génération après génération, au fur et à mesure que les Roumains réalisaient leurs objectifs politiques de consolidation et dindépendance de lÉtat, cette dernière obtenue en 1878, le modèle roumain de développement économique et social sest constamment plié sur le modèle européen. Les élites donnaient le ton des changements, adoptés par la suite par les autres classes sociales.



    Le champagne a été un tel exemple de mise à lheure européenne des mœurs locales. Une bonne partie de lhistoire roumaine de ce vin mousseux sest écrite à la fabrique de la petite localité dAzuga, dans la Vallée de la Prahova, dans les Carpates méridionales. Les premiers essais de fabriquer du champagne datent des années 1840-1841, lorsque le juriste et agronome Ion Ionescu de la Brad fabriquait un tel vin pour le prince régnant de Moldavie, Mihail Sturdza. Quarante-trois ans plus tard, en 1884, la ville de Brăila voyait souvrir une fabrique de champagne Müller-Rhein, destinée à couvrir la demande locale. Mais la production industrielle du vin mousseux sera liée au nom des frères dorigine saxonne Wilhelm August et Heinrich Rhein, marchands de draps de la ville de Braşov, qui sinstallent à Azuga où ils ouvrent une fabrique de tissus en 1885. En 1890, ils mettent sur pied une fabrique de meubles, puis, en 1892, un entrepôt de vins, le noyau de la future fabrique de champagne. Encouragés par la politique du roi Carol I, le grand bâtisseur de la Roumanie moderne, les deux frères ouvriront une brasserie en 1898, raconte lhistorien Dorin Stănescu.



    « Carol I a mené une politique intelligente. Il a offert à tous ces investisseurs une concession des terrains à long terme, il leur a donné la possibilité de construire des fabriques pour un loyer très abordable, léquivalent approximativement du salaire mensuel dun ouvrier. Et puis, le roi a aussi donné un chèque en blanc à ces entreprises, érigées lune après lautre dans la Vallée de la Prahova, en y achetant des actions. Carol I et toute la famille royale ont été des actionnaires de toutes les fabriques dAzuga. »



    Le champagne était ainsi en pleine offensive pour conquérir le goût e lappréciation des Roumains. Lentrepôt de vins des frères Rhein se portait très bien et les prix obtenus à de grandes expositions internationales, telles Paris 1900, ont fortement encouragé les deux entrepreneurs. Le champagne gagnait de plus en plus en popularité, la publicité dans la presse de lépoque en étant la preuve, et les frères Rhein font construire à Azuga une cave à vins pour y stocker la production entière, une cave qui existe de nos jours encore. Un premier stockage de 40 000 bouteilles y est déposé en 1902. Trois ans plus tard, en novembre 1905, après la période de temps nécessaire pour la fabrication du champagne, la compagnie Rhein mettait sur le marché son premier champagne fabriqué industriellement. Lannée suivante, en 1906, la qualité de son vin mousseux était reconnue à lExposition universelle de Bucarest, qui marquait les 40 ans de règne de Carol I. Lhistorien Dorin Stănescu revient au micro.



    « Dans le cadre de cette exposition, la compagnie Rhein a son propre pavillon, visité par le roi lui-même, ainsi que par énormément de monde. Lexposition a accueilli deux millions de visiteurs et la compagnie Rhein a reçu une médaille dor pour la qualité de son produit, le champagne dAzuga. Cest à partir de ce moment que le champagne Rhein a tout simplement conquis le marché roumain, devenant le vin mousseux le plus populaire dans lAncien Royaume. »



    La page la plus professionnelle de lhistoire de la fabrication du champagne en Roumanie sécrivait donc à Azuga. Le raisin venait des meilleurs vignobles du pays, la qualité du vin était assurée par des experts, la présentation nétait pas non plus laissée de côté. Les bouteilles étaient faites sur commande en Allemagne, les meilleures imprimeries fabriquaient les étiquettes, et le papier-aluminium pour les bouchons était commandé en Occident. Lexpansion de la compagnie Rehin continuait à grands pas. En 1909, elle se transformait en société par actions, dont le roi Carol I était un des actionnaires. Le souverain apprécie la performance des frères Rhein, quil récompense de décorations et quil nomme fournisseurs de la Maison royale.



    La première guerre mondiale bouleverse le monde. À lautomne 1916, larmée allemande prend Azuga, à la suite de combats meurtriers dans la Vallée de la Prahova. Les soldats allemands fêtent la victoire sur les troupes roumaines avec du champagne, dont chaque homme reçoit six bouteilles. Après 1918, lentreprise naffiche pas une bonne situation financière, mais elle sen remet petit à petit. Elle est pourtant fortement concurrencée par dautres fabricants, notamment par la compagnie Mott, fondée par un autre Allemand, Wilhelm Mott, ancien maître-ouvrier chez Rhein, quil quitte en 1913 pour ouvrir sa propre fabrique à Bucarest. À la fin des années 1930, Rhein perd devant Mott la première place sur le marché. Après la deuxième guerre mondiale, en 1948, les compagnies Rhein et Mott sont nationalisées sous le nom de « Zarea ». Les deux marques sont ressuscitées après 1989 et renouent avec la tradition de la fabrication du vin mousseux local. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • 70 ans de jeunesse

    70 ans de jeunesse

    HORA, la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin (est de la Roumanie), est la plus grande d’Europe. Elle fête cette année son 70e anniversaire. Défiant les bouleversements causés par la pandémie, HORA a réussi à lancer sur le marché trois nouveaux produits. Quel que soit le domaine d’activité, il faut s’adapter à l’économie de marché, affirme Dorin Man, le directeur technique de la fabrique, qui explique comment fonctionne la production d’instruments de musique à Reghin: Notre fabrique a développé trois grandes chaînes de production. Il y a tout d’abord celle consacrée à la fabrication de guitares d’une très grande variété, dont les dimensions vont de 1/4 à 4/4. La variété concerne aussi les essences de bois utilisées, la qualité, la structure, le registre. Vient ensuite la ligne de production d’instruments à archet: violons, violes, violoncelles, contrebasses et éventuellement certains autres instruments de ce type, tel le psautier. Là aussi la gamme est très large, en fonction des essences de bois utilisées, de la structure, des couleurs et de la qualité. Cette dernière varie suivant que les instruments s’adressent à des joueurs débutants, avancés ou professionnels. La troisième chaîne de production, créée dans le but d’accroître la diversité dans le contexte du marché international, est celle des instruments spécifiques des différentes communautés ethniques. C’est le cas de la balalaïka et de la domra (instruments traditionnels russes), du psautier allemand, du bouzouki irlandais, de la mandoline, des flûtes de Pan roumaine et péruvienne ou encore des instruments de musique pour personnes en situation de handicap. Ce qui nous a poussé à développer cette gamme d’instruments c’est la baisse des achats de guitares et de violons, sur toile de fond de la crise sanitaire et la forte concurrence des fabricants d’Asie. Nous avons donc fabriqué l’instrument à percussion appelé cajon, ainsi que le violon trompette ou à pavillon, spécifique à la région de Bihor. Nous avons également amélioré les guitares électriques et lancé sur le marché deux types de guitares solo électriques.

    Dorin Man nous a parlé de chacun de ces produits de niche: Le violon trompette a une histoire à part. Un certain monsieur Stroh a combiné la vibration de la corde avec celle d’un dispositif spécial. Cette vibration a par la suite été amplifiée grâce à une trompette et non pas par le biais d’une caisse de résonance, comme cela se passe pour le violon. C’est ce pavillon qui confère timbre et volume à la vibration. La fabrication en série de cet instrument est assez rare.

    Dorin Man, le directeur technique de la fabrique d’instruments de musique de Reghin, nous a également raconté l’histoire du cajon, instrument à percussion spécifique de la musique latino-américaine. Le cajon est une boîte en bois sur laquelle on tape. Il a la forme d’un parallélépipède rectangulaire à six faces et n’est pas plus haut qu’un tabouret. La personne qui veut jouer du cajon s’assoit dessus et tape sur la plaque prévue de cordes dont la structure à part permet de produire un certain son. Ce n’est pas qu’une simple vibration du bois, mais une vibration du bois touché par des cordes. On peut obtenir différentes combinaisons de sons.

    HORA fabrique également des guitares électriques à 6 cordes, avec des finitions très spéciales, qui lancent une nouvelle mode. Ces instruments, aux formes plus complexes, créées avec des machines à commande numérique à haute mobilité, répondent aux dernières exigences des grands guitaristes.

  • Les Poêles à bois, de véritables objets d’art

    Les Poêles à bois, de véritables objets d’art

    Il y a plus de 100 ans, en 1906, le Saxon Gref Iulius créait la fabrique de terre cuite de Mediaș, en Transylvanie. Entre 1938 et 2015, la fabrique a changé plusieurs fois de propriétaire, étant détenue, entre autres, par l’Etat roumain. Depuis 2015, elle appartient à nouveau à un entrepreneur saxon, Uwe Draser. Après 111 ans, la fabrique Teracota Mediaș produit, selon le mode traditionnel, les mêmes carreaux peints utilisés dans la construction des poêles en terre cuite des temps jadis. La fabrique a gardé les fours anciens, la même technologie et le même nombre d’employés et elle respecte la recette originale pour les mélanges de terre servant de matière première. A part les 5 éléments importants qui constituent l’extérieur d’un poêle, on y produit aussi des pièces strictement ornementales – piliers, arcades, médaillons, étagères, bordures, frontons – dont on embellissait jadis les poêles des manoirs ou des maisons de boyards.

    Radu George Stelian, directeur de la fabrique de Mediaş, nous raconte l’histoire de ce métier artisanal d’autrefois, ravivé de nos jours: « Nous essayons de perpétuer la tradition, nous utilisons de nos jours comme matière première le même mélange qu’en 1906 et les mêmes fours. Nous faisons un travail artisanal, les carreaux sont fabriqués par pressage manuel, alors que les autres producteurs sur le marché utilisent le pressage mécanique. Ce fut un pari fou, car, dans ces conditions, il est difficile de faire face à la concurrence sur le marché. Pour vous faire une idée des différences entre les deux technologies, je vous dirai que chez nous un ouvrier fabrique par pressage manuel environ 800 carreaux par mois, alors que, si l’on avait utilisé le pressage mécanique, on aurait réalisé 7 à 8 mille carreaux par jour. La différence est énorme. »

    L’art de fabriquer manuellement des carreaux en terre cuite a été presque oublié au début du 20e siècle, lorsque les poêles ont été remplacés par des systèmes modernes de chauffage. Malgré leurs nombreux avantages, ces systèmes n’ont pourtant pas réussi à remplacer la beauté des poêles ou des cheminées en terre cuite peinte, ni l’ambiance particulière qu’ils créent dans une maison. Radu George Stelian nous explique comment ils ont réussi à résister sur le marché. « Nous avons voulu faire quelque chose de différent ; nous avons eu des clients qui ont souhaité contribuer à la réalisation de leur poêle, mettre dans les carreaux quelque chose d’eux-mêmes et alors nous leur avons offert la possibilité de faire eux-mêmes le pressage des carreaux et de les peindre. Si une famille constituée de la mère, du père et de trois enfants viennent pour se faire construire un poêle tout à fait particulier, nous pouvons faire le pressage et vernir les carreaux, qu’ils peuvent peindre eux-mêmes dans notre fabrique et ils sauront par la suite quels carreaux ils ont réalisé chacun. Nous avons de nombreux clients qui choisissent de le faire. Il y a aussi des clients qui apportent le dessin d’un carreau sur une feuille de papier. Nous coulons le carreau dans des moules en plâtre et quand le poêle est prêt, ils emportent le poêle et les moules et leur poêle sera une pièce unique. Nous pouvons également restaurer de vieux poêles, pour ceux qui souhaitent les garder – et c’est là une autre différence par rapport à d’autres producteurs. C’est la niche que nous avons trouvée pour faire face à la concurrence. Ce n’est pas facile, mais nous avons eu la chance de collaborer avec de bons partenaires de Bucarest, de Viscri, du Musée Astra de Sibiu, du musée de la ville de Mediaş. A présent nous avons ouvert une exposition à l’église fortifiée de Viscri, pour essayer de montrer aux gens qu’un poêle en terre cuite n’est pas uniquement un objet utilitaire, il peut être aussi un objet d’art. »

    L’archive de la fabrique réunit des carreaux et des moules de carreaux transylvains, y compris des reproductions de poêles anciens exposés au Musée Astra de Sibiu. Radu George Stelian: « Nos archives comptent plus de 300 modèles de carreaux. Une de nos collègues, Iulia Costescu, fait un mastère en peinture et nous produisons donc nos propres carreaux, ainsi que des répliques de carreaux anciens provenant du musée Astra ou d’autres musées du pays. Alors, l’offre est très variée. Le client peut choisir en fonction de la région où il habite. A nos clients de Bucovine, par exemple, nous proposerons des carreaux anciens spécifiques de cette contrée, à ceux de Transylvanie, de même. En Transylvanie, les carreaux sont blancs, avec des peintures en bleu, en Bucovine, les ornements sont plus chargés et ils sont en rouge, en vert et même en jaune. Si le client souhaite des carreaux modernes, nous pouvons leur proposer un tel design. Il faut dire qu’à présent, un poêle en terre cuite n’est plus ce qu’il était jadis. A un poêle que nous vendons peuvent être connectés 10 à 15 calorifères, il est une véritable mini-centrale thermique. »

    La fabrique vend une trentaine de grands poêles et une centaine de poêles préassemblés par mois. Elle compte une trentaine d’ouvriers et elle peut être visitée. Les touristes peuvent participer à la fabrication des carreaux, ils peuvent faire eux-mêmes le pressage de carreaux en miniature, qu’ils peuvent emporter. Tous ceux qui le souhaitent peuvent ainsi connaître ce vieil art traditionnel, perpétué à Mediaş. (Trad. : Dominique)

  • L’industrie aéronautique roumaine

    L’industrie aéronautique roumaine

    Se targuant déjà d’une brève mais conséquente tradition d’avant 1914, le développement de l’aviation roumaine commence alors à bénéficier du soutien actif de l’Etat. En effet, suite aux découvertes d’inventeurs tels Traian Vuia, Aurel Vlaicu, Henri Coandă, ou Gogu Constantinescu, l’Etat roumain comprend tout le bénéfice qu’il peut tirer du contexte, prend le relais et investit massivement dans la construction d’une véritable industrie nationale d’aviation, aussi bien civile que, surtout, militaire. Et c’est dans ce contexte qu’est née la plus importante société roumaine de construction d’aéronefs, intitulée « L’Industrie aéronautique roumaine » – IAR, fondée à Brasov en 1925 et devenue propriété de l’Etat roumain en 1938. Dans son histoire d’une vingtaine d’années, depuis sa création et jusqu’en 1944, IAR a fabriqué pas moins de 19 modèles d’avions et 9 modèles de moteurs, sous licences française, allemande et italienne. Les appareils les plus connus, et qui ont été retenus par l’histoire de l’aviation, demeurent sans doute les chasseurs IAR-80 et IAR-81.



    L’ingénieur Eugen Manolescu est entré à l’IAR en 1938, comme ingénieur stagiaire. A l’époque, la société « L’Industrie aéronautique roumaine » comptait la fabrique de moteurs et les hangars. Interviewé en 1995 par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Eugen Manolescu se souvient de la manière dont la société dénichait ses futurs techniciens et ingénieurs d’élite:



    « Lorsque j’y avais été embauché, IAR ne comptait que 70 ingénieurs. Chaque nouvelle recrue devait passer une certaine période d’essai. Pour ma part, cela a pris trois mois. La fin de cette période s’accompagnait d’une analyse, et la direction de la compagnie décidait du maintien du candidat, et aussi de son salaire. A l’époque, un ingénieur débutait avec un salaire d’environ 10.500 lei par mois. C’était pas mal. Imaginez, à titre de comparaison, un chef de travaux à l’Université polytechnique, qui recevait environ 4.500 lei. Tout le personnel passait par des tests, mais, à mon avis, les plus durs concernaient les ouvriers qualifiés, qui travaillaient sur un tour par exemple. Ils devaient être de véritables artistes pour qu’ils se fassent embaucher. Le niveau de leur salaire était aussi en relation directe avec le degré de maîtrise de l’outil ».



    L’IAR était sans doute un petit chef d’oeuvre en matière d’organisation du travail, un bijou technologique pour l’époque, ainsi qu’elle est décrite par Eugen Manolescu :



    « La fabrique de moteurs comprenait un atelier de production de pièces détachés pour les moteurs, où travaillaient environ 600 ouvriers, ensuite un atelier d’assemblage des moteurs, une fonderie des pièces en aluminium, un atelier de traitement des matériaux et, enfin, un banc d’essais. Un atelier à part était celui censé réaliser des matrices et des machines spécialement conçues pour la fabrication de chaque modèle de moteur. Et puis, chaque atelier comprenait une unité de recherche et de développement, censé dessiner les machines dont on avait besoin pour fabriquer les moteurs et les cellules des moteurs. On travaillait déjà tout dans le métal, avec des alliages, alors qu’encore peu de temps auparavant, les avions étaient fabriqués à l’aide d’un mix d’éléments en métal, en bois et en tissu. »



    Au début de la guerre, les moteurs d’avions fabriqués à Braşov rencontraient les exigences les plus pointues en la matière, de leur époque. Et la guerre n’a fait qu’amplifier cette recherche de la performance. Ecoutons à cet égard Eugen Manolescu :



    « A cette époque, l’usine fabriquait des moteurs de 1000 et de 1700 chevaux, des moteurs à carburateur, censés donner un rendement optimum à 4.500 mètres d’altitude, qui était considérée l’altitude d’engagement. Plus tard, vers la fin de la guerre, les bombardiers américains, à cabine pressurisée, sont arrivés à voler à 7.000 mètres d’altitude, pour éviter les tirs de la DCA ».



    Mais les usines IAR n’ont pas été épargnées par les bombardements alliés. Le 6 juillet 1944, la capacité de production de l’usine a été ainsi totalement annihilée. Eugen Manolescu remémore les deux raids qui ont mis à mal la production des usines:



    « Les usines ont subi deux vagues de bombardements sévères. Je me souviens bien celle du jour de Pâques 1944, qui a détruit la façade de l’usine où étaient placées les batteries de la DCA, ainsi que les abris. Tout a été détruit, il y a eu plus de mille morts, surtout les gens qui sont descendus s’abriter là. Le second bombardement a eu lieu le 6 juillet, et c’est à ce moment-là que la production a été arrêtée. Ils ont quand même eu de la chance de toucher l’usine. Ils avaient employé des bombes classiques, mais aussi des bombes incendiaires. Alors, suite au second bombardement, l’usine a dû être évacuée et les chaînes de production dispersées. L’atelier qui fabriquait les machines-outils a été transféré dans un hangar à Satul Lung, la fabrique de moteurs a été relogée à Ucea, là où était en train d’être érigée une usine d’explosifs, fabriqués sous licence allemande, une usine qui n’avait pas encore été mise en exploitation. Le 23 août 1944, lorsque la Roumanie a changé de camp, abandonnant son alliance avec l’Allemagne nazie et se rangeant du côté des Alliés, nous étions dispersés sur plusieurs sites. Le changement des alliances a bloqué la production, et tout s’est arrêté par la suite ».



    Après 1944, pourtant, l’IAR se reconvertit dans la construction d’avions de petites dimensions, utilisés surtout par les écoles de pilotage, ou encore dans la construction d’hélicoptères. Après la chute du communisme survenue en 1989, et en dépit de ses nombreux atouts et de sa longue histoire industrielle, l’entreprise tarde toujours à trouver résolument sa voie.


    (Trad. : Ionut Jugureanu)

  • Histoires de fabriques

    Histoires de fabriques

    Ils sont gris, déserts, souvent délabrés, la végétation brisant planchés et plafonds. Les restes dusines, de fabriques, dentrepôts rythment les paysages urbains roumains, vestiges de temps révolus, dindustrialisation graduelle ou forcée. Que lon sen souvienne avec nostalgie, effroi ou indifférence, ces bâtiments gênent le plus souvent. Finissant par être démolis pour le plus grand nombre, ces bâtiments laissés en friche, à travers la Roumanie, retrouvent rarement une nouvelle vie, culturelle ou non. Une cartographie alternative des anciens espaces industriels dune ville et de sa région – tel a été lenjeu du projet “Histoires de fabriques de Timisoara”, une recherche photographique, artistique et historique ayant abouti à une exposition provocatrice, qui peut être vue, ce mois-ci, dans cette grande ville de louest de la Roumanie. En définitive, pourquoi garder cette catégorie dhéritage architectural? Y a-t-il vraiment de la beauté dans lanodin et lutilitaire? Pourquoi la reconversion des friches industrielles roumaines est souvent évitée?



    Nouvel épisiode de la série patrimoine de RRI en français, avec Floriane Spinetta, artiste photographe, auteure (avec lhistorien Aymeric Jeudy) de cette recherche sur les “Histoires de fabriques de Timisoara”; Ingrid Diac, chargée de mission culture et communication à lInstitut français de Timisoara, organisateur de cette résidence artistique et scientifique; Stejara Timis, architecte, spécialiste du patrimoine industriel.




  • Samir Beshka (Algérie) – les fabriques de papier de Roumanie

    Samir Beshka (Algérie) – les fabriques de papier de Roumanie

    Les débuts de l’éducation dans le domaine de la cellulose et du papier se confondent avec l’apparition de cette industrie sur les territoires des Principautés roumaines. C’était vers 1835. Dans son ouvrage « L’histoire de la forêt roumaine des temps les plus reculés jusqu’à nos jours », l’historien C. G. Giurescu précise que l’enseignement technique a été, à cette époque, impulsé par l’esprit progressiste des jeunes formés dans des universités européennes, et le développement de la petite industrie dans les pays roumains imposait un enseignement spécialisé.



    Les fabriques de papier sont signalées dès les XVIe – XVIIIe siècles en Transylvanie et dans les XVIIe — XVIIIe s. en Valachie et elles utilisaient comme matière première les chiffons en chanvre, en lin et en coton. C’est dans les XIXe — XXe s. que les fabriques utilisant le bois apparaissent. En 1867 il y avait 14 fabriques et moulins à papier, dont deux pour papier continu et douze pour du papier à écrire à la main et à la machine. En 1857, deux autres fabriques modernes sont créées, qui utilisaient les chiffons comme matière première, puis la paille, et plus tard le bois. Deux autres s’y ajoutent en 1880. Dans l’une, les outillages étaient apportés de Belgique, dans une autre, d’Angleterre. En 1881, une loi est promulguée pour encourager l’industrie du papier et la fabrique Letea de Bacău commence à produire en 1885 sur des machines modernes. Enfin, des entreprises de papier ouvrent les unes après les autres.



    En 1900, à l’Exposition universelle de Paris, l’industrie du papier de Roumanie est représentée aussi, précise Ioana Parvulescu dans un ouvrage paru aux Editions Humanitas.



    Le papier comme discipline d’étude apparaît dans l’année scolaire 1918/1919 à l’Université de Iasi (nord-est). A compter de 1923, la durée des études est de 4 ans (Chimie industrielle). En parallèle, des recherches sont faites, qui se concrétisent par des ouvrages scientifiques ou des thèses de doctorat. Entre 1946 et 1948, les universitaires de l’Institut polytechnique de Iasi ont accordé des conseils pour la réfection de l’industrie du papier de Roumanie. Par les contributions de professeurs connus, une école de valeur a été créée en Roumanie, reconnue aussi à l’international.