Tag: fascisme

  • Les jeunesses légionnaires, ou les confréries de Croix

    Les jeunesses légionnaires, ou les confréries de Croix

    Le XXe siècle a fait le lit de ces deux formes terribles de totalitarisme qu’ont été le communisme et le fascisme. Ce fut le siècle qui a mis la démocratie à rude épreuve, alors que les totalitarismes florissaient, et se voyaient embrassées par des foules enthousiastes. La Roumanie n’avait pas été épargnée par la tendance totalitaire qui n’allait pas tarder d’embraser le monde. Le mouvement légionnaire roumain, d’extrême droite, et son bras politique, la Garde de Fer, se sont rangés parmi les courants idéologiques et politiques les plus radicaux dans leur genre. Les confréries de Croix firent leur apparition dès 1923, à l’initiative de Corneliu Zelea Codreanu, futur leader de la Garde de Fer, sous la forme d’associations de jeunesse regroupant les jeunes nationalistes. Ces organisations devinrent très vite le creuset du fanatisme totalitaire, version extrême droite.

    Le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a récolté après 1990 plusieurs témoignages d’anciens membres de ces organisations. Aussi, en 1997, Alexandru Băncescu, originaire de la ville de Câmpulung Moldovenesc, se rappelait, avec une certaine nostalgie, du sentiment de solidarité qui unissait les membres de son mouvement :« L’idéologie légionnaire constituait notre lient. Nous priions souvent ensemble, et puis il y avait ce que l’on appelait « la minute de l’amitié », une sorte de confession publique, de thérapie de groupe. C’était le moment où chacun regardait en soi, et confessait ses défauts, ses travers, et il se faisait aider par ses camarades pour s’en affranchir. Et puis il y avait aussi les camps, organisés par nos confréries dans des régions montagneuses, à Rarău, à Moara Dracului, le Moulin du Diable en français, où nous nous réunissions pour vivre ce sentiment de fraternité, de partage, de communion, et en profiter pour nous raffermir le corps et l’esprit. On se réunissait, et on parlait de notre nation, de notre histoire, on chantait, et on communiait ensemble ».

    C’est en 1999 que Mircea Dumitrescu, originaire de Bucarest, racontait son initiation, à 13 ans, dans les Jeunesses légionnaires : « J’avais approché le mouvement par la lecture, et grâce aux échanges que j’avais avec des collègues d’école et des copains. J’avais lu le manifeste intitulé « Aux membres de la Légion », écrit par Corneliu Zelea Codreanu. Et aussi, la « Confrérie de Croix », de Gheorghe Istrate, et « Foi de ma génération » d’Ion Mota, ou encore « Du monde légionnaire », et bien d’autres fascicules encore. Ces livres paraissaient souvent en samizdat, et étaient distribués en douce. Je connaissais certains de leurs éditeurs. L’un d’entre eux a été tué par la police du roi Carol II en 1939. Je le connaissais bien, je connaissais son père aussi. Il y avait aussi les frères Stan, détenteurs d’un doctorat en économie. Je les avais rencontrés grâce à mon père, par l’intermédiaire de ses amis ».

    Ces fratries devinrent bien vite le creuset de la spiritualité légionnaire, le creuset de cette homme nouveau, pur et héroïque, vanté par la propagande légionnaire. Mircea Dumitrescu :« Pour y parvenir, il fallait tout d’abord embrasser intensément la pratique religieuse orthodoxe. Il fallait dédier à Dieu une quarantième de sa journée. Sur 24 heures, cela fait 36 minutes. Il fallait donc dédier ces minutes à sa relation avec Dieu. Lire le Nouveau Testament, par exemple ; Repasser en revue sa journée, les actions accomplies, et les jauger à l’aune des Saintes Ecritures, pour comprendre ses errements, ses erreurs, ses péchés éventuels. Puis, l’on nous disait que l’on ne pouvait nouer une véritable relation avec Dieu, à moins de nouer d’abord une relation de confiance, de sincérité et de partage avec notre prochain. Alors, une quarantaine de nos dépenses, il fallait les réserver pour aider son prochain. Prenez, si l’on a mangé une glace qui avait coûté 40 francs, il fallait mettre de côté 1 franc pour celui qui se trouve dans le besoin. Et c’est ce qu’on faisait. Parce qu’il y avait des contrôles, cela ne rigolait pas. Il fallait noter dans un calepin ses dépenses, son emploi de temps. Et ce calpin, on l’appelait « notre carnet » ».

    L’éducation chrétienne instillée dans le chef de cette jeune génération, sous-tendue d’une exigence éthique permanente, était vouée à forger la nouvelle élite du pays. Dans son interview de 1994, le prêtre Ilie Ținta, ancien membre de la fratrie, détaillait la manière dont le processus de sélection et d’embrigadement se déroulait : « En règle générale, l’on ne sélectionnait que les bons élèves, au comportement exemplaire. Des cancres, on n’avait que faire. À la suite de la répression des années 38, 39, nos rangs s’étaient quelque peu clairsemés. La Sûreté de l’Etat nous avait à l’œil, et nous prenait en chasse. Mais le mouvement était parvenu à survivre. Et puis, en 1940, le mouvement a pris le pouvoir, pour un bref laps de temps, à l’occasion de la constitution du gouvernement national-légionnaire, dirigé par le général Antonescu. A l’époque, je dirigeais l’organisation de la Fratrie de Croix du Séminaire Nifon, de Bucarest ».

    Le fascisme, défait en 1945, laissara la place au communisme. Un totalitarisme chassa l’autre. La plupart des survivants des Jeunesses légionnaires passèrent de longues années dans les geôles communistes. Malgré tout, certains parvinrent toutefois à constituer l’une des branches les plus combatives de la résistance anticommuniste de l’après-guerre. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 23.08.2022 (mise à jour)

    23.08.2022 (mise à jour)

    23 Août – La Journée de la Commémoration des Victimes du
    Fascisme et du Communisme s’avère la meilleure occasion pour rendre hommage à
    ceux ayant subi les horreurs des régimes totalitaires, tout en réitérant notre
    engagement ferme à rejeter toute forme d’extrémisme, d’intolérance et de haine.
    C’est ce qu’a affirmé le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, dans un
    message. Le 23 août 1939, toute l’humanité a été condamnée, non seulement
    l’Europe centrale et de l’est. Le Pacte Ribbentrop-Molotov a été une conspiration
    criminelle suite à laquelle des générations entières ont connu les effets
    toxiques et barbares des idéologies totalitaires aux graves conséquences à long
    terme, a ajouté Iohannis. Et lui de rappeler la décision du roi Michel I de
    Roumanie qui, le 23 août 1944, a décidé que le pays quitte l’alliance avec
    l’Allemagne nazie pour rejoindre les Nations Unies, un geste qui a certainement
    contribué au racourcissement de la Seconde Guerre mondiale. Le Parlement
    européen a décidé en 2008 que le 23 Août soit désigné comme le Jour européen de
    commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme, deux régimes nocifs en
    Europe au siècle dernier. La résolution du PE rappelle que lors de ceux-ci ont
    eu lieu des génocides, les droits et les libertés de l’homme ont été violés,
    des crimes de guerre et contre l’humanité ont été commis.




















    Ukraine – Le Palais du Parlement de Bucarest et celui de
    Victoria, siège du gouvernement, ont été éclairés mardi en bleu et jaune pour
    marquer la Journée du drapeau ukrainien, fêtée le 23 août et celle de
    l’indépendance de l’Ukraine, marquée le 24 août. De cette manière, la Roumanie
    réitère sa solidarité envers ce pays, victime « d’une agression militaire
    non provoquée, illégale et irrationnelle déclenchée par la Russie. La
    solidarité de Bucarest envers l’Ukraine est alimentée non seulement par la
    position géographique, mais aussi par les principes et les valeurs
    démocratiques que nos voisins, Ukrainiens, défendent face à la menace russe »
    a affirmé le premier ministre roumain, Nicolae Ciuca, dans un communiqué. La
    Roumanie continuera à soutenir l’Ukraine et à offrir refuge aux Ukrainiens
    obligés de quitter leur pays pour fuir la guerre, a-t-il ajouté.

    Réfugiés – Presque 315.000
    voyageurs, Roumains et étrangers, ont rempli lundi les formalités pour entrer
    ou sortir du territoire roumain, a fait savoir l’Inspection générale de la
    Police roumaine des frontières. Sur ce total, plus de 12 000 étaient des
    réfugiés ukrainiens, de 14% de moins que la veille. Depuis le 10 février
    dernier, soit deux semaines avant le début de l’invasion russe de leur pays,
    plus de 2 millions d’Ukrainiens sont entrés en Roumanie, la plupart juste pour
    la transiter.






    Prix– Le gouvernement roumain a décidé de majorer de 50%
    les enveloppes destinées aux sportifs roumains médaillés aux compétitions
    internationales, a annoncé le premier ministre roumain, Nicolae Ciuca. Et lui
    de préciser que l’acte normatif sera adopté par l’Exécutif de Bucarest la
    semaine prochaine. « C’est tout ce que le budget nous permet de faire pour
    l’instant. Du coup, on espère que vos performances nous inspirent nous aussi afin
    qu’on obtienne de meilleurs résultats économiques et financiers qui nous
    permettent à reconnaître vos efforts » a affirmé Nicolae Ciuca dans un
    discours adressé aux sportifs. Les athlètes médaillés aux Championnats
    européens de tennis de table, d’aviron et de kayac, tout comme ceux présents
    sur le podium des Championnats du monde d’escrime et de judo ont été félicités
    par les membres du gouvernement lors d’une cérémonie déroulée au Palais de
    Victoria.



  • 80 ans depuis l’assassinat de Nicolae Iorga

    80 ans depuis l’assassinat de Nicolae Iorga

    Le 6 septembre 1940, le régime dextrême droite formé par lalliance entre les légionnaires du parti de la Garde de Fer et le général Antonescu prenait le pouvoir, et déclarait la Roumanie Etat national-légionnaire. Le modèle dEtat et de société imaginé par la Garde de Fer serait dorénavant inspiré par le fascisme italien et le nazisme allemand. Fervent partisan de la théorie des races, le fascisme roumain sest synchronisé avec les mouvements européens similaires de lépoque, pour frapper à coups de boutoir lordre démocratique en vigueur.



    Mais un tel régime na pu percer que dans le contexte de la forte crise politique et de légitimité qui a secoué la fin du règne de Carol II. En effet, dès 1938, Carol II instaure son régime personnel, supprimant du coup la Constitution de 1923, avec lensemble de ses garanties, en termes de droits et de libertés civiles. Pour ne rien arranger aux choses, au mois de juin 1940, la Roumanie se voyait contrainte de céder, devant lultimatum soviétique, les provinces de Bessarabie et de Bucovine du Nord. Au mois daoût de la même année, lhistoire se répète, avec la Transylvanie du Nord, annexée cette fois par la Hongrie, suite au Deuxième arbitrage de Vienne, concocté par lAllemagne et lItalie. Face à la débâcle et sous la pression de la rue, le 5 septembre 1940, le roi se voit contraint de nommer à la tête du gouvernement le général Ion Antonescu, son ennemi juré. Ce dernier ne tardera pas à déposer le souverain en faveur de son fils, le roi Michel, 18 ans à lépoque, et de proclamer lEtat national-légionnaire. La coalition dextrême droite nouée entre le général Antonescu avec ses militaires et le parti de la Garde de Fer ne fera pas long feu, car elle na duré que 4 mois et demi, jusquau 23 janvier 1941. Mais le régime restera dans toutes les mémoires pour son caractère particulièrement répressif, notamment à lencontre des anciens partisans du roi déchu. La vengeance des légionnaires contre les anciens dignitaires carlistes, notamment contre ceux qui sétaient impliqués dans la répression et les assassinats perpétrés contre les dirigeants de la Garde de Fer, dont celui de son leader, Corneliu Zelea Codreanu, sera particulièrement féroce.



    Et dans ce contexte de quasi guerre civile, lune des victimes des légionnaires sera lhistorien Nicolae Iorga. Né en 1871, Iorga sera considéré comme lhistorien roumain le plus marquant, notamment par la frange nationaliste de la profession. Prolifique, auteur de 1 250 livres et de plus de 25 000 articles de presse, la personnalité de Nicolae Iorga a pénétré dans la conscience publique, frappée à la fois par létendue de son activité intellectuelle et politique et par la tragédie de sa mort violente. Avant de tomber sous les balles des fascistes de la Garde de Fer, Iorga était le modèle même de lintellectuel. Ironie de lhistoire : Iorga a été le promoteur du nationalisme dans la vie politique, avant de devenir la cible de sa furie. Ecoutons lhistorien Ioan Scurtu remémorer la personnalité du savant :



    « Iorga était un nationaliste convaincu. Il fonde dailleurs, en 1910, avec A. C. Cuza, le Parti nationaliste démocrate. Il a cultivé lidée que les Roumains devaient saffirmer dans tous les domaines, en ce y compris dans les activités économiques, à un moment où, à la fin du 19e siècle, les principaux domaines dactivité économique, les entreprises industrielles, les banques, les commerces constituaient lapanage des minorités nationales et des étrangers. Et Iorga était davis quil fallait que lélément national remplace lélément allogène, il voulait promouvoir une sorte de nationalisation. Mais il sagissait selon lui dune nationalisation pacifique, qui devait se dérouler grâce à un processus progressif démancipation et déducation nationale, par lequel les Roumains arriveraient à être les meilleurs, et pourraient reprendre les rênes dans ces domaines. Certes, les légionnaires avaient repris ses idées à leur compte, pour les amener jusquà leurs dernières conséquences, allant jusquà assassiner ceux qui semblaient sopposer à leur politique. »



    Le divorce entre Iorga et ses émules de la Garde de Fer se consommera au milieu des années 30. Le caractère orgueilleux et difficile du grand historien y a été pour quelque chose dans ce désamour.



    Cétait au mois de mars 1938, après que lactivité des partis politiques eut été mise hors la loi. Lactivité publique du mouvement légionnaire avait été déjà mise en sommeil par une circulaire de son leader, Corneliu Zelea Codreanu, le 24 février 1938. Mais lactivité du mouvement se poursuivait en cachette, par exemple par lintermédiaire des magasins gérés par des légionnaires, et qui vendaient leurs produits à des prix bradés, à leurs prix de revient en fait. Ioan Scurtu détaille :



    « Nicolae Iorga soupçonnait que ces commerces légionnaires étaient devenus subrepticement des locaux où lactivité politique légionnaire, qui visait à déstabiliser lEtat, se poursuivait impunément. Il exige donc la fermeture de ces commerces. Alors, Codreanu lui donne la réplique dans une lettre, dans laquelle il accuse Iorga de forfaiture. Parce que, disait-il dans cette lettre, alors que Iorga avait dabord lancé lidée dencourager les activités commerciales des ethniques roumains, censés progressivement remplacer les commerces des allogènes, des Juifs notamment, il exigeait maintenant la fermeture de ces mêmes commerces. Iorga, outré, montre cette lettre à Armand Călinescu, le premier ministre de lépoque. Ce dernier la porte à la connaissance du roi. Enfin, Carol II suggère alors à Iorga de traduire Zelea Codreanu en justice. Et cest ainsi que lon arrive au procès. Pendant le procès, Iorga comprend cependant le danger de sa démarche, et retire sa plainte. Mais le procès poursuit son cours malgré tout, et Codreanu se voit condamner à 6 mois de prison ferme. Aussi, durant cette période, plusieurs perquisitions se sont déroulées au siège du mouvement légionnaire, à la Maison verte, ainsi que chez plusieurs de ses leaders. Suite aux perquisitions, un nouveau procès sera intenté à Codreanu, à lissue duquel il se voit condamner, au mois de mai 1938, à dix années de travaux forcés, pour des agissements contre la sécurité de lEtat et possession de documents à caractère secret. Il sagissait de chefs daccusation complètement farfelus. Enfin, Codreanu sera assassiné alors quil se trouvait sous garde policière, lors de son transfert entre les prisons de Râmnicu Sărat et de Jilava, dans la nuit du 29/30 novembre 1930, dans la forêt de Tâncăbeşti. »



    Le 27 novembre 1940, Nicolae Iorga sera enlevé par une équipe de légionnaires, emmené dans le bois de Strejnicu, et tué ensuite, de 9 coups de revolver. Lhistorien Nicolae Iorga payera ainsi ses opinions politiques au prix de sa vie, à une époque où le pire était encore à venir.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 80 ans depuis l’arrivée au pouvoir du régime fasciste roumain

    80 ans depuis l’arrivée au pouvoir du régime fasciste roumain

    La date du 6 septembre 1940 voyait l’instauration du régime fasciste en Roumanie, régime issu de la coalition conclue entre le mouvement légionnaire de la Garde de Fer et le général Ion Antonescu. Ce régime allait très vite supprimer les libertés individuelles et les garanties démocratiques, transformant la Roumanie en un « Etat national-légionnaire », selon l’appellation officielle. Le roi Carol II, aventurier et autoritaire, a été considéré le principal responsable de la débâcle soufferte par la Roumanie en 1940.

    En effet, les provinces historiques de Bessarabie et la partie nord de la Bucovine se voyaient annexées par l’Union soviétique au mois de juin, suivies au mois d’août par la perte du Nord de la Transylvanie en faveur de la Hongrie, conséquence directe des clauses secrètes du Pacte Ribbentrop-Molotov et suite au Diktat de Vienne. Suite à ces évènements, le 5 septembre 1940, sous la pression de la rue, le roi Carol II se voyait acculé de nommer à la tête de son gouvernement le général Ion Antonescu, son ennemi juré. Le lendemain, ce dernier força l’abdication du roi en la faveur de son fils, le futur roi Michel Ier, et se déclara le « Dirigeant de l’Etat », titre ad hoc, équivalent du Führer allemand.

    Le général Antonescu, deuxième acteur de la tragédie, coupable d’avoir vilipendé le roi Carol II dans une lettre au vitriol envoyée lors de la cession sans résistance de la Bessarabie aux Soviétiques, s’était vu arrêter et mis sous bonne garde dans un monastère sur ordre du roi. Ce fut pour lui une bonne occasion pour gagner un énorme prestige populaire, notamment aux yeux de l’Armée. Le troisième acteur de la tragédie, c’était le Mouvement légionnaire. Organisation fasciste aux accents religieux, fondée par Corneliu Zelea Codreanu en 1927, le mouvement légionnaire avait pris part à la vie politique roumaine tout au long des années 30, sous différents noms, dont le plus connu demeure celui de Garde de Fer. Le régime personnel instauré par le roi Carol II de février 1938 et jusqu’à son abdication en septembre 1940 a représenté la période la plus noire du mouvement qui s’est vu interdire, alors que ses leaders ont été arrêtés, voire assassinés, tel son fondateur même, Zelea Codreanu.

    Après l’abdication du roi Carol II, et suite au refus des leaders des partis démocratiques, Dinu Brătianu, président du Parti national libéral, et Iuliu Maniu, chef de file du Parti national paysan, de se joindre au mouvement légionnaire pour former la coalition gouvernementale, Ion Antonescu arrive à construire finalement son gouvernement, en coalition avec les légionnaires, et à l’aide des militaires et d’une poignée de ses partisans civils. C’est ainsi qu’était fondé ce que l’historiographie retiendra sous l’appellation d’Etat national-légionnaire. L’historien Ioan Scurtu :« C’était pour la première fois dans son histoire que la Roumanie se voyait diriger selon une idéologie bien définie. Les légionnaires sont arrivés au pouvoir afin de sculpter les traits du pays à leur image, pour m’exprimer ainsi. L’Etat roumain avait été remplacé par l’Etat soi-disant national-légionnaire. Et ils ont commencé à transformer l’économie, en y introduisant le critère ethnique. Ils ont ainsi nommé des commissaires à la roumanisation de l’économie, par exemple. Ils étaient censés reprendre les entreprises détenues par les Juifs, parfois par des Roumains aussi, de ceux qui n’adhéraient pas au nouveau régime, comme cela a été le cas à Brasov, avec l’entreprise Letea, dirigée par Dinu Brătianu. Et ils devaient organiser ces entreprises selon l’idéologie légionnaire, en donnant la priorité à l’agriculture par exemple, car ils partaient du principe que l’agriculture était le domaine prioritaire, vu que la Roumanie d’alors comptait à 80% de population rurale. »

    Les bouleversements dans le domaine de l’éducation de la culture vont suivre de près la révolution légionnaire de l’économie. Ioan Scurtu : « Les légionnaires détenaient les portefeuilles du ministère de l’Education nationale, mais aussi celui de la Propagande. Et ils avaient pour principe que l’individu n’est qu’une pièce dérisoire, partie d’un engrenage beaucoup plus vaste, qu’est celui de l’Etat. L’individu devait donc s’y soumettre, sacrifier sa volonté propre sur l’autel des intérêts de l’Etat légionnaire. Les droits et les libertés individuels passaient forcément à la trappe, au profit de l’intérêt collectif, au profit des priorités décrétées par le mouvement légionnaire. Quant à la politique étrangère, elle s’orientait résolument vers l’Allemagne et l’Italie. Déjà, au mois de décembre 1937, Corneliu Zelea Codreanu s’était engagé à sceller l’alliance avec Rome et Berlin 48 heures après l’arrivée au pouvoir du mouvement légionnaire. C’est sur les instances des ministres légionnaires, mais sans doute par sa volonté propre, que Ion Antonescu fait adhérer la Roumanie au Pacte tripartite, soit à l’Axe Rome-Berlin-Tokyo, le 23 novembre 1940. »

    L’historien Ioan Scurtu croit que le régime national-légionnaire transforme rapidement l’Etat roumain, déjà vacillant, en un Etat en déroute. « Un tel changement de cap, de paradigme, ne pouvait pas se passer sans heurts. Changer la direction des entreprises, en mettant à leur tête des légionnaires fanatiques, mais sans aucune expertise et compétence économique, ne pouvait que gripper la machine économique. Ensuite, l’Education nationale s’est vu du jour au lendemain priver de toute une série d’enseignants, des professeurs et des universitaires de prestige, pour laisser la place à des idéologues légionnaires. L’appareil de propagande avait pour seule mission de chanter des louanges à la gloire des chefs légionnaires, d’encenser feu Codreanu ou Sima, le leader de l’époque, de faire l’éloge de l’Allemagne et de l’Italie, et ainsi de suite. Et cela dans le contexte où la Roumanie avait été alliée de la France et de la Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale et par la suite, jusqu’à ce que l’Etat national légionnaire n’advienne. Ces pays étaient les garants des frontières roumaines, alors que nul ne pouvait ignorer que la perte du Nord de la Transylvanie à la faveur de la Hongrie était l’œuvre d’Hitler et de Mussolini. Et alors, toute cette folie, cette violence que les légionnaires faisaient subir à l’Etat, ne pouvait pas ne pas avoir d’effets pervers. Parce que l’Etat est aussi une machine énorme, avec son inertie, et cela ne change pas de cap du jour au lendemain. Remplacer le directeur d’une entreprise sur des critères ethniques ne va certainement pas assurer sa réussite industrielle ou commerciale. Ça ne marche pas comme ça. »

    L’Etat national légionnaire allait s’effondrer après moins de 5 mois depuis sa création. En plein délire, entre le 21 et le 23 janvier 1941, les légionnaires tenteront un coup d’Etat, censé renverser le général Antonescu, et leur assurer les pleins pouvoirs. Ce dernier, appuyé par l’Armée, mettra de l’ordre, avec l’accord tacite et bienveillant de l’Allemagne nazie. (Trad. Ion Jugureanu)

  • 23.08.2020

    23.08.2020

    Le 23 août – Célébrée en Roumanie, pendant l’époque communiste, par des défilés militaires impressionnants, la date du 23 août est devenue depuis plusieurs années, , la Journée européenne de la commémoration des victimes du nazisme et du communisme. La condamnation ferme du fascisme et du communisme n’est pas une formalité, mais un acte nécessaire, affirme le président roumain Klaus Iohannis dans son message transmis à cette occasion. Avant, le 23 août, était la journée qui marquait la signature du Pacte Ribbentrop-Molotov, alors qu’aujourd’hui c’est une occasion pour les jeunes générations d’en savoir davantage sur les horreurs, les répressions en masse et les souffrances causées par les régimes totalitaires, ajoute le chef de l’Etat roumain. A son avis, la démocratie authentique est renforcée au sein d’une société qui connaît et assume son histoire. Klaus Iohannis rappelle aussi et rend hommage à « l’acte courageux du Roi Michel Ier et l’héroïsme de l’Armée roumaine, qui ont réussi, le 23 août 1944, à redonner la dignité à la nation roumaine et à remettre la Roumanie dans la voie qui la menée vers la victoire des alliés, il y a 76 ans. A son tour, le premier ministre roumain Ludovic Orban affirme que les témoignages sur ces temps douloureux sont une véritable plaidoirie pour la condamnation des régimes totalitaires et autoritaires. Pour rappel, signé le 23 août 1939, le Pacte Ribbentrop-Molotov partageait l’Europe entre deux sphères d’influence néfaste : celle nazie et celle stalinienne, menant au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale.


    Coronavirus en Roumanie – 961 cas d’infection au coronavirus ont été confirmés ces 24 dernières heures en Roumanie, a fait savoir dimanche à midi le Groupe de communication stratégique. S’y ajoutent 39 décès ce qui porte le nombre total des personnes décédées à cause du coronavirus à 3272. De même, 480 personnes sont en soins intensifs en ce moment. Au total 78.505 cas de contamination ont été confirmés en Roumanie depuis le début de la pandémie. Dernièrement, la plupart des cas ont été recensés à Bucarest, la capitale, mais aussi dans les départements de Mures et Sibiu (centre). Pour ce qui est des Roumains vivant à l’étranger, 5920 ont été dépistés positifs, la plupart en Allemagne, en Italie et en Espagne, alors que le nombre des décès arrive à 124. A Bucarest, plus de 200 personnes travaillant sur un chantier ont été isolées, vu qu’une trentaine d’entre elles, des ouvriers indiens, ont été dépistées positives au nouveau coronavirus. Une enquête y a été démarrée par l’Inspection territoriale du travail, a fait savoir la ministre du Travail Violeta Alexandru. Pour sa part, le ministre de la Santé, Nelu Tătaru, a déclaré que la Roumanie était en voie de stabiliser l’évolution de l’épidémie de Covid-19, mais que les règles doivent être respectées pour arriver sur une pente descendante. Si le nombre des cas rapportés d’un jour à l’autre est à la baisse pendant deux semaines, alors les restaurants pourront à nouveau accueillir des clients à l’intérieur, a encore ajouté le ministre.

    Coronavirus dans le monde – L’épidémie de coronavirus semble revenir dans un nombre croissant de pays, certains rapportant des bilans quotidiens plus grands qu’au cours de la vague du printemps. Un quart du total de cas confirmés au niveau mondial est à retrouver aux Etats-Unis. Le Brésil occupe la 2e place du classement des contaminations. En Asie, c’est toujours l’Inde qui le pays le plus touché, alors que sur le continent africain, l’Afrique du Sud a franchi le seuil des 600.000 cas. En Europe aussi, les craintes d’une 2e vague de la pandémie sont à la hausse, dans le contexte où l’Espagne, l’Allemagne, la France, la Grande Bretagne, l’Italie ou encore la République tchèque ont rapporté des plus en plus de cas d’infection ces derniers jours. Pour sa part, la Croatie réintroduira à compter du 24 août plusieurs restrictions afin de limiter la propagation du virus.

    Commerce – Au cours des 5 premiers mois de cette année, les exportations de fruits comestibles de Roumanie se sont chiffrées à 19,6 millions d’euros, soit 43% de plus par rapport à la même période de l’année dernière, constate l’Institut national de la statistique. Elles ont visé surtout les Etats-membres de l’UE, à hauteur de 17,2 millions d’euros, notamment la France, l’Italie et la Bulgarie. Les importations de fruits ont atteint les 330,4 millions d’euros, soit une hausse de 13,4% par rapport à la période janvier-mai 2019. La plupart provenaient de l’UE (chiffrés à près de 261 millions d’euros), principalement d’Allemagne, de Grèce et des Pays-Bas.

    Logement – Le programme gouvernemental « Un nouveau logement » entre en vigueur la semaine prochaine en Roumanie. Les Roumains qui souhaitent en bénéficier pour se procurer un logement d’au maximum 70.000 euros devront présenter une avance de 5% du prix, alors que l’Etat couvrira la moitié des garanties demandées par les banques. Il sera désormais possible de se procurer une habitation plus chère par ce programme, en contractant des crédits allant jusqu’à 140.000 euros. Dans ce cas, l’Etat couvrira 60% des garanties, alors que l’acheteur devra présenter une avance de 15%. Ce programme est destiné aux personnes qui n’ont jamais possédé de logement d’une superficie supérieure à 50 m².

    Tennis – Le double roumano-néerlandais Horia Tecau/Jean-Julien Rojer s’est qualifié dans les 8e de finale de l’épreuve de double du tournoi ATP Masters 1000 de Cincinnati, accueilli cette année par les arènes de Flushing Meadows, à New York, aux Etats Unis. Ils ont vaincu, dans le premier round, les Français Jérémy Chardy/ Fabrice Martin. Leurs prochains adversaires seront Raven Klaasen (Afrique du Sud) et Oliver Marach (Autriche), tête de série n° 7. Rappelons aussi que le double roumano-néerlandais a déjà joué une finale à Cincinnati, en 2016, contre le couple croato-brésilien Ivan Dodig/Marcelo Melo, qui a fini par gagner. De même, le Roumain Horia Tecău a obtenu un titre à Cincinnati, en 2012, aux côtés du Suédois Robert Lindstedt.

    Météo Après un dimanche caniculaire, l’instabilité
    atmosphérique accentuée s’installe sur les montagnes, l’ouest, le nord et le
    centre du territoire de la Roumanie. On attend des pluies à verse avec des
    précipitations qui pourraient dépasser par endroits les 40-50 litres/m² ainsi
    que des orages et de la grêle. Les températures maximales resteront élevées et iront
    de 26 à 35 degrés.

  • 23.08.2018 (mise à jour)

    23.08.2018 (mise à jour)

    Fascisme — Dans un message transmis ce jeudi, à l’occasion de la Journée de commémoration des victimes du Fascisme et du Communisme, le président roumain Kaus Iohannis affirme que les victimes des régimes totalitaires devraient être commémorées constamment et que la génération actuelle devrait œuvrer activement pour défendre la démocratie et l’Etat de Droit. Aux dires du président, aucune utopie ne s’est avérée plus sanglante que le fascisme et le communisme. Qui plus est, les régimes inspirés par ces idéologies, opposés au libéralisme et à la démocratie ont eu des conséquences majeures sur le développement politique des Etats d’Europe centrale et de l’Est, ayant détruit les vies de millions de personnes. Ceux qui se sont opposés aux dictatures ont été privés de liberté, torturés et humiliés. Nombre d’entre eux ont même été tués pour avoir eu l’audace de militer en faveur d’une société libérale, construite sur des principes sains, en accord avec les valeurs fondamentales de l’Humanité, a affirmé Klaus Iohannis. A son avis, oublier les victimes du fascisme et du communisme et la falsification de l’Histoire constituent des coups durs à l’Humanité. Dans son message, le président mentionne aussi que le 23 août 1939, soit le jour de la signature du pacte Ribbentrop-Molotov, est une journée fatidique, car elle a entraîné les pertes territoriales de 1940 et précipité la calamité totalitaire qui allait régner en Roumanie pendant plusieurs décennies.



    Equipement — Le gouvernement de la Roumanie a approuvé, jeudi, un nouveau programme d’équipement de l’armée, appelé « Système d’installations mobiles de lancement de missiles antinavire ». Selon le Cabinet de Bucarest, le contrat de fourniture, qui sera pluriannuel et se déroulera entre 2018 et 2022, a une valeur d’au moins 137 millions d’euros. Parmi les documents adoptés jeudi figure aussi une ordonnance simple du ministère du Développement régional et de l’Administration publique par laquelle les pouvoirs publics locaux sont encouragés à finaliser les projets financés de fonds européens. C’est un mécanisme de soutien qui permet à l’administration locale d’accéder dans le courant de cette année à des crédits à partir de revenus de la privatisation enregistrés au Trésor, inférieurs à 800 millions de lei (environ 170 millions d’euros). Le gouvernement a également approuvé une ordonnance en complément de plusieurs actes réglementaires du domaine de l’éducation.



    Réaction — La première ministre roumaine, Viorica Dancila, a accusé ce qu’elle a appelé un assaut sur les institutions étatiques et la tentative de diviser le pays et a demandé aux membres de son cabinet d’éviter l’escalade du conflit. C’est la première réaction de la cheffe de l’exécutif de gauche du Parti social-démocrate et de l’Alliance des libéraux et des démocrates après les violences qui ont émaillé le 10 août, le meeting de la diaspora, antigouvernemental et contre le PSD. Des centaines de personnes, des participants à la manif pour la plupart, mais aussi des gendarmes, ont eu besoin de soins médicaux. Des centaines de plaintes ont été déposées au Parquet au sujet de la manière dont les forces de l’ordre sont intervenues. L’opposition de droite a exigé la démission de la ministre de l’Intérieur, Carmen Dan ; elle estime que c’est elle qui porte la responsabilité politique pour l’intervention des gendarmes, qu’elle considère disproportionnée. Pour sa part, le PSD a accusé une tentative de renversement du gouvernement légitime par la force.



    Ambassadeur — Le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Meleşcanu, a reçu ce jeudi le nouvel ambassadeur désigné à Bucarest par le Royaume-Uni, Andrew Noble. Selon un communiqué du ministère, les deux officiels ont abordé l’état des relations bilatérales et leurs perspectives dans le contexte du Brexit. Ils ont par ailleurs souligné l’importance de l’approfondissement du Partenariat stratégique reliant les deux pays, et ce y compris dans la perspective de la prochaine présidence roumaine du Conseil de l’UE, à partir du 1er janvier 2019.



    AmCham — La Chambre de commerce américaine en Roumanie, AmCham, a fait, jeudi, un appel à la responsabilité tant dans les déclarations que dans les actions de la part des décideurs et de ceux qui occupent des fonctions publiques en Roumanie et à la cessation de la discrimination des Roumains selon leur employeur. Au nom de la communauté d’affaires qu’elle représente — plus de 430 compagnies américaines, internationales et roumaines — AmCham précise, dans un communiqué, que cela fait 25 ans qu’elle sert de médiateur dans le dialogue avec les pouvoirs publics des compagnies qui ont contribué au développement de l’économie roumaine par des investissements supérieurs à 22 milliards de dollars et qui ont créé plus de 250.000 emplois en Roumanie. Le secteur privé a placé la Roumanie sur la carte globale des investissements et c’est le contributeur le plus important au budget de l’Etat, indique le communiqué. Rappelons que le président du PSD, Liviu Dragnea, a déclaré à une chaîne de télévision qu’une partie des multinationales financent les protestations de Roumanie et que certaines compagnies ont des intérêts économiques contraires à ceux de l’Etat roumain.



    Justice – La Cour d’appel de Belgrade a confirmé la décision de la Haute Cour de Justice de Serbie de rejeter définitivement la demande d’extradition de la Roumanie à l’endroit de Sebastian Ghiţă, citoyen roumain et ancien parlementaire, visé par plusieurs chefs d’accusation dans plusieurs dossiers de corruption, fait savoir la presse serbe. En juillet, la Haute Cour de Justice de Belgrade a décidé que M Ghita était éligible pour obtenir l’asile politique en raison « d’une menace de persécution dans son pays d’origine, due à ses opinions politiques ». Cette décision définitive visant l’extradition sera transmise au Ministère serbe de l’Intérieur qui devra la notifier aux autorités de Bucarest. Sebastian Ghiţă a quitté la Roumanie en décembre 2016. Sous la coupe d’un mandat d’arrêt international, il s’est fait arrêter à Belgrade en avril 2017, après s’être légitimé à l’aide d’un faux passeport slovène.



    Migration — La migration nette annuelle des citoyens de l’Union européenne au Royaume Uni est descendue, en mars, à son plus bas niveau après 2012, les Roumains et les Bulgares représentant plus de la moitié du nombre total, selon les données communiquées jeudi par l’Office national britannique de la statistique. Pour la première fois en 10 ans, le nombre de citoyens à avoir quitté la Grande Bretagne est supérieur à ceux qui l’ont intégrée. Dans l’ensemble, la migration nette est arrivée à 271.000 personnes, soit 28.000 de plus par rapport à l’année antérieure, une situation engendrée par la migration nette record de citoyens hors UE. La migration nette des ressortissants de l’Union au Royaume Uni a connu une baisse importante après l’option des votants britanniques en faveur du Brexit, au référendum de juin 2016. Les associations patronales sont préoccupées que les compagnies auront des difficultés de recruter les personnels dont elles ont besoin.



    West Nile — Le nombre de personnes infectées par le virus West Nile transmis par les moustiques a doublé ces deux dernières semaines, selon le Centre roumain de surveillance et de contrôle des maladies transmissibles. 56 cas de méningites et de méningo-encéphalites ont été enregistrés, ainsi que 6 décès. Selon les départements, c’est à Dolj (sud) que l’on a enregistré le plus grand nombre d’infections, suivi par Iasi (nord-est) et Bucarest (sud). Pour rappel, le virus n’est pas transmissible entre les humains, la seule voie de transmission étant la piqûre de moustique. Aussi, le ministère de la Santé annonce que des précautions supplémentaires seront prises dans les centres de transfusion, et demande par ailleurs aux autorités locales de procéder à des démoustications.



    Peste porcine — Le nombre des départements de Roumanie touchés par l’épidémie de peste porcine africaine est désormais monté à 10. Les plus de 700 foyers du virus ont été identifiés par les autorités dans le sud-est et le nord-ouest, notamment dans des élevages individuels. Plus de 120 mille cochons ont été confisqués et tués. La Fédération nationale des fermiers Pro Agro demande au gouvernement d’analyser au sein d’un Conseil suprême de défense de la Roumanie la situation générée par la propagation du virus de la peste porcine qui influence la production de viande en Roumanie. Selon les représentants de la fédération, dans les départements touchés un état d’urgence devrait être institué, puisque les entreprises ayant investi dans l’élevage des cochons sont en train de déposer le bilan.



    Danube — Le Danube est à son niveau le plus bas des dernières années à l’entrée sur le territoire de la Roumanie. Sur les autres secteurs du fleuve les débits sont inférieurs à la moyenne pluriannuelle du mois d’août. A Galati, ville — port du sud-est du pays, en raison du niveau très bas du fleuve un îlot de sable est apparu au milieu du Danube. Il ne gêne pourtant pas la navigation. Le débit du fleuve baissera dans les jours à venir jusqu’à la moitié de la moyenne pluriannuelle du mois d’août, prévoient les hydrologues. En Hongrie, le niveau des eaux a baissé jusqu’à des minimas historiques sur trois secteurs. En Bulgarie aussi, les autorités affirment que la navigation est mise en difficulté par le niveau très bas du fleuve et les propriétaires des navires enregistrent des pertes financières parce qu’ils ne peuvent pas utiliser leurs navires d’une manière efficace.

  • 23.08.2018

    23.08.2018

    Fascisme – Dans un message transmis ce jeudi à l’occasion de la Journée de commémoration des victimes du Fascisme et du Communisme, le président roumain Kaus Iohannis affirme que les victimes des régimes totalitaires devraient être commémorées constamment et que la génération actuelle devrait œuvrer activement pour défendre la démocratie et l’Etat de Droit. Aux dires du président, aucune utopie ne s’est avérée plus ensanglantée que le fascisme et le communisme et les régimes inspirés par ces idéologies, opposés au libéralisme et à la démocratie ont eu des conséquences majeures sur le développement politique des Etats d’Europe centrale et de l’est, ayant détruit les vies de millions de personnes. Ceux qui se sont opposés aux dictatures ont été privés de liberté, torturés et humiliés. Nombre d’entre eux ont même été tués pour avoir eu l’audace de militer en faveur d’une société libérale, construite sur des principes sains, en accord avec les valeurs fondamentales de l’Humanité, a affirmé Klaus Iohannis. A son avis, oublier les victimes du fascisme et du communisme et la falsification de l’Histoire constituent des coups durs à l’Humanité. Dans son message, le président mentionne aussi que le 23 août 1939, soit le jour de la signature du pacte Molotov-Ribbentrop, est une journée fatidique, car elle a entraîné les pertes territoriales de 1940 et précipité la calamité totalitaire qui allait régner en Roumanie pendant plusieurs décennies.

    Peste porcine – Le nombre des départements de Roumanie touchés par l’épidémie de peste porcine africaine est désormais monté à 10. Les plus de 700 foyers du virus ont été identifiés par les autorités dans le sud-est et le nord-ouest, notamment dans des élevages individuels. Plus de 120 mille cochons ont été confisqués et tués. La Fédération nationale des fermiers Pro Agro demande au gouvernement d’analyser au sein d’un Conseil suprême de défense de la Roumanie la situation générée par la propagation du virus de la peste porcine qui influence la production de viande en Roumanie. Selon les représentants de la fédération, dans les départements touchés un état d’urgence devrait être institué, puisque les entreprises ayant investi dans l’élevage des cochons sont en train de déposer le bilan.

    Ghita – La Cour d’Appel de Belgrade a confirmé la décision de la Haute cour de Justice de Serbie de rejeter définitivement la demande d’extradition de la Roumanie à l’endroit de Sebastian Ghiţă, citoyen roumain et ancien parlementaire, visé par plusieurs chefs d’accusation dans plusieurs dossiers de corruption, fait savoir la presse serbe. Au mois de juillet, la Haute Cour de Justice de Belgrade a décidé que M Ghita était éligible pour l’obtention de l’asile politique en raison « d’une menace de persécution dans son pays d’origine, due à ses opinions politiques ». Cette décision définitive visant l’extradition sera transmise au Ministère serbe de l’Intérieur qui devra la communiquer aux autorités de Bucarest. Sebastian Ghiţă a quitté la Roumanie au mois de décembre 2016. Sous la coupe d’un mandat d’arrêt international, il s’est fait arrêter à Belgrade au mois d’avril 2017, après s’être légitimé à l’aide d’un faux passeport slovène.


    Foot – Les champions de football de Roumanie, CFR CLUJ et les vice-champions de FCSB évoluent aujourd’hui dans les matchs aller du play-off de la Ligue Europa. CFR Cluj affronte les luxembourgeois de Dudelange, alors que le FCSB jouera contre le Rapid Vienne. Les matchs retour sont prévus pour le 30 août. CFR Cluj et FCSB sont les seules équipes roumaines toujours présentes dans les compétitions continentales.


    Moldova – L’OTAN respecte pleinement la souveraineté, l’intégrité territoriale et la neutralité de la République de Moldova, a souligné à Chisinau le général Odd Egil Pedersen, l’adjoint au chef de l’Etat-major de la Direction des partenariats militaires du Commandement suprême des forces alliées en Europe. Les déclarations du général Pedersen interviennent après sa rencontre avec le ministre moldave de la Défense, Eugen Sturza, avec lequel il a évoqué entre autres la poursuite du programme d’assistance dans le domaine. L’actuel président pro-russe de cette ex-république soviétique, Igor Dodon, a évoqué à plusieurs reprises des propos contre l’Alliance de l’Atlantique nord, soulignant que la République de Moldova était un Etat neutre, notent les médias de Chisinau. Jusqu’ici quelque 2000 militaires moldaves ont participé à des exercices militaires sous l’égide du programme de l’OTAN « Partenariat pour la paix ». Les militaires moldaves ont suivi des cours de formation à de prestigieuses écoles militaires de l’OTAN.

    Danube – Le Danube est à son niveau le plus bas des dernières années à l’entrée sur le territoire de la Roumanie. Sur les autres secteurs du fleuve les débits sont inférieurs à la moyenne pluriannuelle du mois d’août. A Galati, ville – port du sud-est du pays, en raison du niveau très bas du fleuve un îlot de sable est apparu au milieu du Danube. Il ne gêne pourtant pas la navigation. Le débit du fleuve baissera dans les jours à venir jusqu’à la moitié de la moyenne pluriannuelle du mois d’août, prévoient les hydrologues. En Hongrie, le niveau des eaux a baissé jusqu’à des minimas historiques sur trois secteurs. En Bulgarie aussi, les autorités affirment que la navigation est mise en difficulté par le niveau très bas du fleuve et les propriétaires des navires enregistrent des pertes financières parce qu’ils ne peuvent pas utiliser leurs navires d’une manière efficace.

    Tennis – Le double roumano-néerlandais Horia Tecău/Jean-Julien Rojer s’est qualifié dans les demi-finales de l’épreuve de double du tournoi ATP de Winston – Salem en Caroline du nord, aux Etats-Unis, suite à une victoire 6-4, 6-3 contre le double Marcus Daniell (Nouvelle Zélande) / Wesley Koolhof (Pays-bas). Tecău et Rojer, affronteront les britanniques Joe Salisbury/Neal Skupski.

    Météo – La vague de chaleur persistera sur la majorité des régions de Roumanie avec des températures allant de 27 à 34 degrés. 28 degrés en ce moment à Bucarest. L’instabilité sera de retour durant l’après-midi avec des pluies et autres phénomènes orageux sur l’ouest, le sud-ouest, le centre et sur le relief.

  • La Radiodiffusion Roumaine et le fascisme

    La Radiodiffusion Roumaine et le fascisme

    La radio, aussi bien comme institution de presse que technologie de pointe, était une nouveauté absolue dans le paysage médiatique de lentre-deux-guerres. A commencer des années 1930, la Radio sest trouvée au centre des événements les plus importants, ce qui justifie sa qualité actuelle de source dinformation historique exceptionnelle pour lépoque contemporaine.



    A la fin des années 1930, des régimes fascistes ou autoritaires de droite étaient installés dans la quasi-totalité des Etats européens. La radio y était utilisée comme un instrument de propagande, de légitimation et de consolidation de ces régimes. Ce fut aussi le cas de la Radiodiffusion de Roumanie. Fondée en 1928, elle a dû surmonter des obstacles difficiles, dont la politisation qui allait impacter son objectivité et son équidistance. Les témoignages recueillis par le Centre dhistoire orale de la Radiodiffusion roumaine dans les années 1990 et 2000 ont confirmé la difficulté de garder un équilibre entre la conscience professionnelle et la pression du régime politique. Les infos nont jamais occulté lactualité, comme ce fut le cas du meurtre, en 1938, du patron de la Légion, la Garde de fer, Corneliu Zelea Codreanu.



    En 2001, le professeur Olimpiu Borzea se souvenait de cet épisode quil avait appris par la Radio. “Chaque année, le 29 novembre, la veille de la Saint André, lapôtre Andrei était commémoré dans la grande salle de lAcadémie théologique, où se rassemblait la crème de la crème de lintelligentsia de Sibiu. Nous, nous venions dune école neuve, très moderne ; cétait déjà ma deuxième année là-bas. Nous étions arrivées à la Place du fromage, qui était pleine de bergers, quand nous entendîmes un “Attention, attention !”, lancé par les haut-parleurs installés dans les rues. Cétait une annonce de la radio : un groupe de légionnaires, mené par Corneliu Codreanu, avait tenté de sévader lors dune escorte, les gardiens leur avaient tiré dessus et les avaient tous tués. Nous, on était resté figé sur place. “Comment ?!” Les gens sur la place du fromage étaient comme paralysés !”



    Vasile Blănaru a commencé à travailler dans la rédaction théâtre de la Radio en 1938, avant doccuper des postes de direction. En 1999, il racontait la présence du fascisme dans linstitution. “A la radio, les légionnaires constituaient une section. Ils étaient membres de lOrganisation “Răspândiţi”, autrement dit ils travaillaient à la Radiodiffusion, au futur ministère de la culture, dans des imprimeries et autres. Il y avait 5 ou 6 sections, siégeant toutes rue Esculap, près de la Radio. De par ma fonction mais aussi en tant que représentant politique, je participais aux réunions du conseil dadministration dont le président était Nichifor Crainic. Un décret de lépoque évinça les Juifs titulaires de fonctions dEtat. Moi, jétais également le responsable du service “salaires” et javais avancé une proposition : si nous licencions des gens, il faudrait leur payer au moins six mois de salaire. Il y eut un Juif, travaillant aux programmes de la Radiodiffusion ; il fut le seul limogé et reçut six mois de salaires.”



    Lassassinat du premier ministre Armand Călinescu, le 21 septembre 1939, par un commando de légionnaires, avait été un autre événement. Les assassins avaient annoncé leur “exploit” à la radio. Vasile Blănaru se trouvait là au moment où les légionnaires de la Garde de fer avaient fait irruption dans le studio. “Jétais à la radio, complètement par hasard. Parmi ces personnes, il y en avait 6 de ceux qui avaient exécuté Armand Calinescu à Cotroceni. Ils étaient montés à la salle démission, où jouait lorchestre. Ils étaient tous armés de fusils, de pistolets et de grenades. Les musiciens, effrayés, sétaient levés et lun des autres, Traian Popescu, a annoncé à lantenne quune équipe de légionnaires avait exécuté lennemi du peuple, enfin, tout ce qui sétait passé. Les autres avaient déposé leurs armes près de la porte du studio, pour aller se rendre au commissariat de police de la Société de radio. Moi-même, je les avais vus se rendre.”



    La Radiodiffusion roumaine sétait trouvée en première ligne pendant la rébellion de la Garde de fer, entre le 21 et le 23 janvier 1941, évincée du pouvoir par le général Ion Antonescu, appuyé par larmée roumaine et par lAllemagne nazie.



    Lingénieur Gheorghe Crisbăşanu a travaillé aux émetteurs de Bod en 1934. En 1997, il se souvenait de ces moments-là : “Moi, je venais en voiture depuis Bucarest, mais on ne mavait pas laissé entrer, de peur dapporter de larmement aux légionnaires. Le colonel qui maccompagnait à dit à la sentinelle dappeler le commandant de la garde légionnaire pour discuter. Celui-là arrive et le colonel lui demande de rendre toutes leurs armes, lassurant que chacun allait pouvoir partir sans aucune difficulté, que rien nallait leur arriver. Le gars sabsente pendant quelques instants pour revenir ensuite accompagné par la garde entière ; ils ont tous défait leurs ceintures et déposé leurs pistolets; ils étaient une douzaine, et on les a tous enfouis dans une fourgonnette qui les a emmenés à la prison de Braşov. Ce nest quaprès que jai pu entrer dans la cour où jai subi un contrôle pour voir si je ne transportais pas darmement.”



    La Radiodiffusion roumaine recouvrait sa liberté après le 23 août 1944, mais ce fut pour peu de temps, car lhistoire avait dautres plans. Lautre totalitarisme, le communisme, allait la soumettre pendant plusieurs dizaines dannées. (trad. : Ileana Taroi )