Tag: femme

  • La forêt désormais de l’intérieur, d’Irina Teodorescu

    La forêt désormais de l’intérieur, d’Irina Teodorescu

    Née à Bucarest, mais résidant en France, Irina Teodorescu a une plume pleine de musicalité et de poésie. Elle fait ses débuts avec « La Malédiction du bandit moustachu » qui sera suivi par cinq autres volumes dont le dernier en date, « La forêt désormais de l’intérieur», publié en octobre dernier par les Éditions La Grange Batelière, le coup de cœur de la semaine de Charlotte Fromenteaud, notre collègue et libraire chez Kyralina.

  • L’Hôtel particulier de Mitza la Cycliste

    L’Hôtel particulier de Mitza la Cycliste

    Devenue,
    depuis longtemps, une héroïne du folklore urbain bucarestois, notamment d’une
    très connue chanson grivoise, dame Miţa Biciclista (Miţa la Cycliste) a
    toujours bénéficié d’une auréole énigmatique: son existence a constamment été
    mise en doute. Ce doute a disparu il y a tout juste quelques années, lorsqu’un
    immeuble grandiose de la zone historique de Bucarest, monument classé
    appartenant au patrimoine de la ville, a été rénové. C’était l’ancien hôtel
    particulier de Miţa Biciclista (Miţa la Cycliste), une courtisane de luxe qui
    avait réussi à faire fortune dans la première moitié du XXème siècle. Maria
    Mihăescu, de son vrai nom, naquit en 1885 dans une famille très modeste, d’un
    village du département de Prahova. Elle se serait lancée dans la carrière de
    courtisane à l’âge de 14 ou 15 ans, devenant rapidement la coqueluche de la
    capitale: artistes plasticiens, écrivains, hommes politiques, membres de
    l’aristocratie locale, ils furent nombreux à tomber sous son charme. Maria
    Mihăescu a donc réussi à grimper l’échelle sociale, marquant même quelques
    premières dans la capitale.

    Son hôtel particulier, complètement restauré et
    rouvert au public, est tout aussi remarquable que la personnalité de sa
    première propriétaire, raconte Edmond Niculuşcă, président de l’Association
    roumaine pour la culture, l’éducation et l’état de normalité ARCEN.

    L’immeuble a été construit entre 1908 et 1910, donc avant le début de
    la Grande Guerre. C’était un cadeau du prince Ferdinand (le futur roi de
    Roumanie) à la belle, extravagante et très connue, à l’époque, Maria Mihăiescu.
    L’architecte Nicolae Mihăescu, sans aucun lien de parenté avec Maria Mihăescu,
    a imaginé un immeuble atypique pour Bucarest, en y insérant des éléments Art
    Nouveau, une rareté dans la capitale. C’est un édifice impressionnant, de
    grandes dimensions, érigé en face de l’église Amzei, au croisement de la zone
    commerciale de la Place et du marché Amzei, où se dressaient les Halles
    construites à l’époque du roi Carol I, et le quartier aristocratique, habité
    par des familles de l’élite bucarestoise: Kretzulescu, Monteoru, Brătianu et
    bien d’autres. A seulement 23 ans, Maria Mihăescu était déjà célèbre. Quelques
    années auparavant, elle était sortie victorieuse d’une bataille de fleurs sur
    la Côte d’Azur, en France, ensuite d’un concours de couvre-chefs à Monaco. Elle
    doit sa célébrité aussi à la presse française, qui avait porté aux nues la
    beauté et l’extravagance de cette demi-mondaine, comme l’appelait la presse de
    Bucarest.




    A cette époque-là, des filles de
    milieux pauvres se voyaient contraintes de pratiquer la prostitution afin de
    pouvoir survivre, car, outre le mariage, les femmes avaient peu de chances de
    gagner leur vie. Il parait qu’en 1927, environ 12.000 femmes pratiquaient la
    prostitution en Roumanie, la plupart dans des conditions précaires. Les
    courtisanes de luxe, telles Maria Mihăescu, n’étaient pas nombreuses. Lorsqu’il
    y en avait une avec courage et beaucoup de charme, elle se faisait rapidement
    remarquer, comme ce fut le cas de celle surnommée Miţa Biciclista/ Miţa la Cycliste.

    Edmond Niculuşcă ajoute : C’est la même presse bucarestoise satyrique
    qui lui donne ce surnom Mița Biciclista, car elle est la première femme à
    monter à vélo, à porter des pantalons à Bucarest, à s’exposer seins nu sur la plage au bord du lac Herăstrău, un
    exploit qui lui vaut une interpellation policière. Une personne extravagante,
    certes, mais aussi une féministe avant la lettre, qui fait tourner la tête de
    beaucoup d’hommes dans la capitale, mais pas que. Elle a failli épouser le roi
    du Portugal, Manuel. Et même si ce mariage n’a pas eu lieu, elle a été une
    reine ou une princesse de son temps. Son hôtel particulier, Place Amzei, a
    accueilli un grand nombre d’événements mondains, qui ont vu naître des liens
    politiques, des alliances politiques et commerciales, et ainsi de suite.




    Dans les années 1940, Maria Mihăescu
    épouse le général Alexandru Dimitrescu, mais des problèmes financiers
    apparaissent assez vite. Plus tard, le régime communiste décide de nationaliser
    sa maison. Maria est décédée en 1968, à un âge vénérable, de plus de 80 ans. Quant
    à la légende de Miţa Biciclista, celle-ci continue. (Trad. Ileana Ţăroi)



  • L’exposition « Shaving the Caterpillar »

    L’exposition « Shaving the Caterpillar »

    La
    Galerie d’art contemporain Mobius, de Bucarest, accueille,entre la mi-octobre
    et la mi-novembre, l’exposition intitulée « Shaving the Caterpillar »
    et signée par Ileana Pașcalău. Née dans la ville de Caransebeș (à l’ouest de la
    Roumanie), mais établie à Berlin, Ileana
    Pașcalău est une artiste visuelle et historienne de l’art particulièrement
    intéressée par l’histoire du corps humain, notamment du corps de la femme.
    Voici comment elle a mise en page son expo: J’ai réalisé cette expo, « Shaving the Caterpillar », ensemble
    avec la commissaire Valentina Iancu, à l’invitation de la Galerie Mobius.
    L’exposition, dont le titre « Smulgând părul omizii » se traduirait
    par « Arracher les poils de la chenille », est une incursion dans
    l’histoire médicale du corps féminin. Le point de départ du projet est une
    recherche plus ample, que je suis depuis 2017 déjà, quand j’essayais de choisir
    un thème pour ma thèse de doctorat. Il s’agit donc d’une investigation
    théorique, déroulée sur plusieurs années et axée sur l’anatomie de la femme, vue
    par les médecins, des hommes pour la plupart, entre les XVIIème et XIXème
    siècle. J’ai souvent souligné, en parlant de cette expo, le poids de mon
    environnement familial dans le développement de ces idées. Ma mère, médecin
    interniste, m’offrait des tas d’instruments et d’accessoires médicaux en guise
    de jouets. Mes grands-mères, infirmières dans des cliniques
    d’obstétrique-gynécologie, m’ont transmis cet intérêt pour l’anatomie de la
    femme, tout comme une espèce de curiosité à l’origine de l’investigation de
    type artistique. »



    En
    quoi consiste sa démarche créatrice ? Quelles sont les questions à
    l’origine de cette démarche ou qu’elle veut éveiller chez le public ?
    Ileana Pașcalău a répondu: « Mes ouvrages parlent d’histoires assez douloureuses. Ma démarche
    artistique repose sur les informations comprises dans une étude, des
    informations que j’ai souvent ressenties comme choquantes, douloureuses, et
    leur présentation au public pourrait s’avérer traumatisante à nouveau. Loin
    d’être scientifique dans un sens médical, psychiatrique, psychologique ou
    autre, ma recherche est artistique, une étude de l’histoire qui ouvre le sujet
    de l’anatomie féminine, sans la capacité ni la prétention de tout dire. Et
    puisque j’utilise un vocabulaire médical tout au long de ma démarche théorique
    et pratique, j’espère que l’expérience des visiteurs ressemble à celle
    ressentie quand on touche une cicatrice de grandes dimensions. Éveiller des
    questions et le désir d’obtenir des réponses: Que s’est-il passé dans la
    construction de l’anatomie de la femme par des médecins et des hommes? Combien
    douloureuses les théories médicales ont-elles été pour les femmes? Avec quelles
    conséquences? Ou bien des questions telles « cette cicatrice est-elle
    guérie »? Qu’est-ce qu’il en reste? Même cette expression très courante
    « elle est hystérique » n’est qu’une fiction de type XIXème siècle. Il
    faut donc faire attention lorsqu’on traite quelqu’un d’hystérique, car c’était
    un instrument de manipulation et de torture. Enfin, mais pas en dernier lieu,
    une question du genre: comment éviter des blessures avec de tels effets? Qu’est-ce
    qu’on en apprend? Comment devenir de plus en plus fortes? »



    Ileana
    Pașcalău a aussi analysé l’exposition, les ouvrages présentés et le parcours
    proposé aux visiteurs: «Un premier fil narratif de l’expo s’appuie
    sur la question: «Comment le deuxième sexe est-il né? » Une première
    partie de l’expo inclut des dessins rappelant les discours et les illustrations
    de médecine des traités scientifiques des XVIIème et XVIIIème siècles, des
    dessins qui retracent une histoire de l’anatomie féminine marquée par les
    obsessions des médecins liées à son appareil de reproduction. Il s’agit donc de
    montrer comment les médecins ont construit l’image anatomique de la femme en
    partant de l’utérus, considéré comme le principal élément de différenciation
    entre les sexes. Plus encore, l’utérus était considéré comme un organe
    capricieux, dangereux, capable de déclencher la folie et des déviations
    comportementales majeures. Dans la seconde partie de l’expo, on parcourt le
    siècle des Lumières, lorsqu’il y a eu la première représentation d’un squelette
    féminin. C’est le moment où le second sexe acquiert une cage thoracique et une
    colonne vertébrale. C’est un moment important, que j’ai marqué artistiquement
    par des installations réalisées en cuir artificiel et métal. D’ailleurs, le
    cuir, par ses connotations organiques, est un matériau que j’ai spécialement
    utilisé dans cette exposition. J’ai coupé, perforé, collé des couches de cuir,
    tel un médecin chirurgien. D’où cette comparaison entre l’artiste et le
    médecin, qui m’a guidée durant ma démarche créatrice. L’exposition culmine avec
    le moment final, de l’ « hystérie », et j’y mets des guillemets
    car j’insiste sur le fait que l’hystérie a été une fiction, avec l’espoir que
    le public garde au moins cette idée, de ne plus utiliser ce mot. »
    (Trad. Ileana Taroi)

  • Le jeune homme

    Le jeune homme

    Auteure de 17 livres, parus chez Gallimard, prix Nobel de la Littérature en 2022, Annie Ernaux brise, encore une fois, les tabous dans son dernier roman « Le jeune homme » où elle raconte la relation amoureuse qu’elle a vécue, il y a plusieurs décennies, avec un homme beaucoup plus jeune. Un micro roman comme un coup de poing dont Radio Roumanie Internationale a fait son coup de coeur.

  • Jacques Augustin (France) – Une femme peut-elle choisir librement son mari?

    Jacques Augustin (France) – Une femme peut-elle choisir librement son mari?

    Oui, Jacques, une femme est tout à fait libre de choisir son mari. Le mariage est le deuxième grand événement dans la vie d’une personne, après la naissance. Dans la vision traditionnelle roumaine, le mariage ou les noces s’entendent comme un passage à une autre étape de la vie, qui marque l’accès des époux dans la vie sociale, leur intégration à la communauté. Le mariage est précédé ou non par des fiançailles. La tradition veut que le futur marié aille avec ses parents chez la future mariée pour demander sa main aux futurs beaux-parents. Une fête peut être organisée pour les fiançailles ou pas. Aujourd’hui, chacun fait comme il l’entend.



    Une obligation particulièrement importante, c’est de choisir les témoins de mariage, qui sont considérés les guides spirituels des futurs époux dans le mariage. Selon la tradition, les témoins ont un rôle essentiel d’abord dans le mariage civil, qui ne peut pas avoir lieu à défaut, ensuite dans le mariage religieux, s’il est organisé, à la noce, et dans toute la vie des futurs époux. Il convient de tenir compte d’une série de critères dans le choix des témoins, mais aussi des devoirs financiers qui leur incombent, et qui ne sont pas des moindres.



    Pour pouvoir célébrer le mariage civil, les futurs époux doivent satisfaire à certaines conditions, par exemple que l’homme ait au moins 18 ans, et la femme au moins 16, qu’ils ne soient pas déjà mariés — eh oui ! La femme peut seulement se marier à 16 ans « pour des motifs justifiés ». La bigamie et la polygamie sont des infractions conformément au Code pénal roumain. A noter également qu’en Roumanie, les mariages entre des personnes du même sexe sont interdits. En vue de passer devant l’officier d’état civil, les futurs mariés sont tenus de soumettre des certificats médicaux sur leur état de santé et de faire personnellement une déclaration de mariage à la mairie, qui est affichée et devient publique. Ils obtiennent alors une date et une heure pour la célébration du mariage civil. Deux témoins doivent nécessairement être présents. A Bucarest, la cérémonie dure très peu, peut-être 2-3 minutes, et vu la pandémie, seules 8 personnes ont le droit d’accéder à la salle où le mariage est célébré : les mariés, leurs parents et les témoins. L’officier d’état civil demande à chaque futur marié s’il souhaite prendre pour époux/épouse l’autre ; une fois qu’ils ont dit oui, ils sont déclarés mariés, signent dans le registre et obtiennent l’acte de mariage. Ce document crée des obligations légales entre les mariés. Le capitaine d’un bateau ou d’un avion a aussi le droit d’unir deux personnes. Le texte de la célébration du mariage est fixé par le Code de la famille. Toutefois, si l’officier d’état civil connaît le couple, il peut aussi tenir un discours, par exemple.



    En sortant de la salle où le mariage civil est célébré, la coutume veut que les invités apportent des fleurs et qu’ils fassent une voûte avec ces fleurs, sous laquelle passent les mariés. Les invités chantent « La mulţi ani » – c’est un souhait que l’on fait à beaucoup d’occasions en Roumanie — aux anniversaires, à la Nouvelle Année et après, quand on se voit, aux mariages… Au moment où les mariés passent sous la voûte de fleurs, il est coutume que les invités jettent des poignées de riz ou de blé pour la fertilité du couple. Cela vaut aussi pour le moment où les mariés sortent de l’église après la célébration du mariage religieux. Selon les régions, les familles des mariés offrent aux invités de petits gâteaux secs sucrés et salés et du champagne/vin mousseux. Toutefois, avec la pandémie, l’alcool n’est plus autorisé dans ces enceintes. Au regard de la loi, c’est le mariage civil qui est reconnu par l’Etat.



    La nouvelle famille peut choisir de célébrer un mariage religieux aussi ou pas. Il faut avoir l’acte de mariage civil en vue du mariage religieux. Ce dernier s’accompagne de différents rituels et d’éléments festifs, selon les régions, selon la culture et la position des époux dans la société. Dans les villages, il y a toute sorte d’us, coutumes et superstitions à observer à cet effet, notamment pour la chance, la bonne entente, la prospérité, la réussite et le bien-être des époux dans leur mariage. En Roumanie, les noces sont célébrées avec beaucoup de faste et de joie. Certaines des traditions à respecter sont très anciennes, certaines visent à amuser les mariés, mais aussi les convives. Je vous parlais des témoins ; ils devront payer le voile de la mariée, les cierges et le prêtre qui va célébrer le mariage. Et ce sont encore les témoins qui offriront le plus grand cadeau de noces.



    Si les futurs époux choisissent de respecter les traditions, il y en a dès l’habillement des mariés dans les vêtements de cérémonie jusqu’à la fin de la noce, et d’autres à observer toute la vie. La témoin de mariage fixe le voile à la mariée. La mariée porte une robe blanche si c’est le premier mariage et un bouquet qui normalement est offert par le marié. La témoin de mariage est censée offrir un gâteau de la mariée (turta miresei) à ceux qui sont présents. A l’église, la célébration du mariage dure 3 heures en Transylvanie, alors qu’à Bucarest, j’ai même assisté à un mariage en 20 minutes ! C’est dire que ça m’a marquée, j’ai même été choquée ! Le prêtre unit les jeunes et leur accorde la bénédiction du Seigneur. Le service religieux commence par la messe de fiançailles. Les époux vont porter des couronnes à un moment donné — symboles de la dignité et de l’honneur. Les témoins allument des cierges spéciaux et ornés pour l’occasion. Chaque moment a une signification. Bien sûr, à un moment donné, les alliances sont passées aux doigts des époux. Le prêtre fait déguster du vin aux mariés de la même coupe, ce qui symbolise la douceur de l’amour et de la joie qu’ils vont partager.



    Après le mariage à l’église, on va au restaurant. Les noces durent d’habitude jusqu’au matin, avec des moments et des superstitions à observer — ou pas. A l’entrée, on offre le champagne. Le menu, très riche, est choisi d’avance par les mariés. Ces derniers doivent danser une danse, ils doivent l’avoir exercée à l’avance aussi. Au moment de servir le gâteau des mariés, la mariée lance son bouquet en direction des jeunes filles célibataires, en se tenant le dos vers ces dernières, et on dit que celle qui l’attrape sera la prochaine mariée. A minuit, la mariée change de tenue. Aussi, la témoin enlève le voile et lui met un fichu — elle est désormais mariée. A certains endroits, des noceurs volent la mariée et alors le témoin et le marié doivent faire ce qu’on leur demande — parfois des choses drôles – ou leur donner de l’argent pour qu’ils la rendent.



    En fonction du degré de parenté et d’amitié avec les mariés, de l’endroit choisi pour la célébration (soit le coût du menu et de la musique), mais aussi des revenus de l’invité en question, les invités offrent aux mariés, au moment de se retirer de la fête, une enveloppe contenant une somme d’argent conséquente. Il y a même un site pour ne pas se tromper ! Par exemple, pour un mariage célébré à la campagne, nettement moins cher qu’en ville, si c’est votre meilleur ami, un couple offrira 300 euros. Les témoins de mariage – au moins 600 euros à Bucarest, et du reste, on a entendu tous les chiffres, pas de limite supérieure.



    Voilà, je vous ai parlé, en grand, du mariage civil et aussi du mariage orthodoxe en Roumanie. Je vous disais qu’une femme choisit librement son mari, sauf peut-être dans le cas des mariages forcés qui sont pratiqués par certains Roms, qui ont l’habitude de marier leurs enfants en bas âge, sous couvert de faire une fête. C’est interdit, bien sûr. Je ne m’attarderai pas plus, car les pratiques sont très différentes d’une région à l’autre, et chaque couple choisit celles qu’il entend respecter, mais je pense vous avoir quand même donné une bonne idée de la manière dont le mariage se célèbre en Roumanie.

  • Référendum pour redéfinir la famille

    Référendum pour redéfinir la famille

    Le plénum du Sénat roumain, en tant qu’organisme décisionnel, a adopté mardi, à une large majorité, le projet de loi sur la révision de la Constitution afin de redéfinir la famille comme fondée sur le mariage entre un homme et une femme et non entre les époux, comme stipulé à présent. En mai 2017, le projet était approuvé par la Chambre des Députés. Cette initiative citoyenne a été lancée par une large coalition d’organisations et associations chrétiennes, soutenue de manière enthousiaste par l’Eglise orthodoxe, majoritaire en Roumanie. La coalition ne cache pas le fait qu’elle souhaite la modification de l’article constitutionnel définissant la famille pour bloquer toute possibilité de légalisation du mariage entre personnes de même sexe.

    Les promoteurs ont recueilli 3 millions de signatures en faveur de la proposition. Après avoir parcouru le trajet législatif habituel, l’initiative doit être validée par référendum en octobre prochain. Les débats du Parlement ont reconfirmé le statut de la Roumanie comme espace des paradoxes. Sur l’échiquier politique, plusieurs partis importants se sont prononcés en faveur de l’initiative, dont le Parti Social Démocrate (PSD), appartenant à une famille idéologique sensible plutôt aux problèmes des minorités ethniques et encline à la tolérance et à l’inclusion, mais aussi son allié au pouvoir, l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE), d’orientation libérale, attaché, théoriquement, aux droits et libertés civils, ainsi que le Parti National Libéral (PNL) principal parti d’opposition, dans les rangs duquel plusieurs sénateurs se sont abstenus. L’Union Démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR) a également voté pour. L’Union Sauvez la Roumanie (USR) est la seule formation politique à s’être prononcée contre, avertissant que ce référendum était inutile au pays, qu’il n’améliorerait nullement la vie des Roumains et risquait de diviser la société.

    Une manifestation de petite ampleur contre la redéfinition de la famille s’est déjà déroulée au centre de la capitale. Les représentants de l’association ACCEPT, qui milite pour les droits des minorités sexuelles, ont réagi, accusant le Sénat – je cite – « d’élever l’homophobie au rang de valeur d’Etat et de sacrifier la protection constitutionnelle de nombreuses familles de Roumanie » – fin de citation. Selon l’association ACCEPT, ce vote représente une violation du droit à la vie privée et familiale, doit inaliénable de toutes les personnes, quel que soit leur genre et leur orientation sexuelle, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme. C’est un avertissement sérieux.

    Récemment, la projection, dans une salle de cinéma de Bucarest, d’un film primé sur la lutte pour les droits des minorités sexuelles en France dans les années ’80 a été interrompue par un groupe fondamentaliste orthodoxe, qui a manifesté de manière agressive son homophobie. Le débat qui précèdera le référendum montrera si la société roumaine est, oui ou non, capable de changement et de modernisation, sans l’abandon des traditions invoquées trop souvent dans un but de manipulation et de propagande. C’est aussi un examen pour les hommes politiques roumains, qui sont en train de le rater. Le vote exprimé par les sénateurs a prouvé clairement que les confusions idéologiques, les tentatives de confisquer les sujets sensibles pour les utiliser dans un but populiste, électoral, la contradiction entre les choix ponctuels et les valeurs et principes déclarés sont devenus monnaie courante. (trad. Dominique)

  • Egalité des genres en Roumanie – ce rose inférieur au bleu…

    Egalité des genres en Roumanie – ce rose inférieur au bleu…

    En 2014, un cas particulièrement grave focalisait l’attention des médias et de l’opinion publique: une élève de 18 ans de la localité de Văleni, dans l’est du pays, avait été violée par 7 jeunes. Après l’arrestation des agresseurs décidée par les magistrats, les réactions n’ont pas tardé. Paradoxalement, de nombreuses voix se sont élevées pour défendre les coupables, affirmant que la victime « avait détruit 7 familles » et qu’elle aurait « incité les jeunes au viol ».



    Des attitudes sexistes et des discriminations de ce genre sont à rencontrer partout, même là où l’on s’attendrait le moins. Un député polonais déclarait au Parlement européen que « les femmes devraient être moins bien payées que les hommes, car elles sont plus faibles, plus petites et moins intelligentes. » Un neurochirurgien et homme politique roumain très connu a manifesté une attitude similaire, affirmant que les femmes n’étaient pas faites pour la chirurgie.



    Puisqu’au mois de mars les femmes jouissent de plus d’attention, en Roumanie les différentes chaînes de magasins ont préparé des surprises. Par exemple, les devantures des boulangeries Paul offraient aux clients les spécialités : « Croque-servante » et « Croque-monsieur ».



    Voici l’avis d’un sociologue, Andreea Bragă, du centre FILIA — une ONG qui lutte contre les inégalités de genre, militant pour les droits des femmes et déroulant une activité de recherche dans ce domaine : « Je pense que toutes ces choses-là sont possibles parce que nous n’avons pas une éducation respectueuse de l’égalité des genres, une éducation fondée sur le respect entre hommes et femmes, qui mette en évidence la contribution des femmes dans la société et nous apprenne combien la discrimination peut être nocive.



    A part ces messages discriminatoires lancés par des formateurs d’opinion, on se heurte également à des attitudes conservatrices, qui contestent les droits des femmes. C’est le cas de la récente marche contre l’IVG, déroulée dans de nombreuses villes roumaines, occasion de blâmer publiquement les femmes pour leur droit de prendre des décisions concernant leur propre corps. De telles attitudes prouvent que l’histoire récente de la Roumanie ne nous a rien appris. Rappelons que l’interruption volontaire de grossesse a été interdite pendant la période communiste et que plus de 10 mille femmes sont mortes à cause des IVGs clandestines — selon les statistiques officielles, leur nombre réel ayant été beaucoup plus grand.



    Il est évident qu’en ce moment les droits des femmes sont minés par ces valeurs conservatrices et qu’en même temps nous n’avons pas une alternative au niveau de l’éducation. Nous avons des lois, nous avons une Constitution qui affirme que nous sommes égaux, pourtant, en réalité, il y a encore beaucoup d’inégalités — et les données statistiques sont là pour le prouver. »



    Selon les statistiques, en Roumanie, une femme sur quatre a subi une agression physique ou sexuelle de la part de son conjoint ou compagnon au moins une fois dans sa vie. Et selon les récents rapports élaborés par le ministère Public en 2013, 2014 et 2015, le nombre des victimes ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. Sur le marché roumain de l’emploi, les femmes sont moins bien payées et moins promues que les hommes. La Roumanie enregistre le 3e taux d’occupation de la main d’œuvre féminine le plus bas de l’UE — selon les données publiées par la Banque Mondiale.



    De l’avis d’Andreea Bragă, c’est l’éducation qui devrait offrir une alternative aux mentalités et aux attitudes sexistes. Pourtant, l’analyse des illustrations — plus de 1600 — présentes dans les manuels scolaires ne semble pas favoriser l’égalité de genre, même s’il s’agit de manuels récents — estiment les sociologues.



    Cosima Rughiniş, qui a lancé cette ample recherche, et les sociologues de son équipe ont pris en compte deux aspects: la façon dont le genre y est représenté et la présence de la technologie dans les illustrations. Conclusion: les filles sont belles, sages, habillées de rose, tenant un miroir ou une poupée. Quand elles grandissent, un enfant prend la place de la poupée et une casserole remplace le miroir.



    En échange, on permet aux garçons d’être rebelles, de manier une épée, de conquérir l’espace ou de découvrir des formules chimiques. Cosima Rughiniş : « Le problème, c’est que la réalité est tout autre: il y a autour de nous des femmes électriciens, ingénieurs, chauffeurs de taxi. Les manuels ne reflètent pas la réalité, ils la rétrécissent. Les livres de classe n’aident pas les enfants à voir le monde tel qu’il est, un monde où leurs mères ont une occupation, une profession, au contraire, ils leur forment une perception erronée, leur proposant une grille d’interprétation qui ne correspond pas au monde dans lequel nous vivons.



    Les manuels devraient aider les jeunes à enrichir la perception du monde où ils vivent, encourager les filles à avoir des aspirations. Or, ces livres non seulement n’aident pas les enfants de ce point de vue-là, ils ne les aident même pas à observer le monde réel qui les entoure. Et si ces constatations ne nous ont pas étonnés quand il s’est agi des manuels plus anciens, il faut dire que les livres de classe récents, notamment ceux publiés ces dernières années, ont trompé nos attentes. »



    Le contenu des manuels vient soutenir les images. Et pour réaliser un changement au niveau du contenu, si on se limitait aux manuels de littérature, leurs auteurs devraient commencer par découvrir qu’il y a des femmes écrivains et même des écrivaines contemporaines. Cosima Rughiniş explique : « Quand il s’agit des manuels, les sources de l’inégalité des genres sont multiples. Il y a, d’une part, le sexisme générique et général dans la culture, qui n’est pas problématisé en Roumanie. D’autre part, si l’on procède à une analyse à la structure des livres scolaires, on constate qu’ils comportent beaucoup de textes littéraires du 19e siècle. Ce dont des textes écrits d’habitude par des hommes et redevables aux points de vue — toujours du 19e siècle — de leurs auteurs. Le passé devient ainsi une source pour la réalité de nos enfants. Une solution possible serait l’intégration aux manuels scolaires de textes écrits par des femmes, dont certaines soient des écrivaines contemporaines.



    A part les représentations sexistes, ces livres offrent aussi nombre de représentations patriarcales, propres à la Roumanie d’il y a un siècle et demi. Prenons, par exemple, les manuels d’éducation civique. La leçon sur le leader laisse voir clairement la différence entre les genres. Tous les manuels — à deux ou trois exceptions près — présentent des garçons leaders, comme on s’y attendait. »



    Les mentalités du 19e siècle qui se dégagent de la plupart des manuels scolaires correspondent-elles à la législation actuelle? Andreea Bragă : « Nous disposons d’une loi et d’une stratégie dans le domaine de l’égalité des chances entre hommes et femmes, mais tant qu’il n’y a pas une volonté politique et des gens qui considèrent l’égalité de genre comme une priorité, on ne remédiera pas grand-chose. Et en parlant de priorité, je pense également à certaines formes de violence auxquelles les femmes sont confrontées, dans l’espace aussi bien public que privé. Nous sommes tous conscients de ces problèmes, ils demeurent pourtant toujours en dehors du discours public.



    Ainsi, on voit rarement des débats sur les possibilités de financer des centres d’hébergement pour femmes victimes de la violence familiale, alors que plus de 13 comtés ne disposent pas d’un seul centre de ce genre. Ou bien nous avons des propositions législatives qui encouragent la discrimination ou le harcèlement au lieu de travail, selon lesquelles qu’au premier délit, l’agresseur ne se voit infliger qu’un avertissement.



    Il est évident que pour déterminer un changement profond au niveau de la société, on a besoin avant tout d’éducation. Une éducation qui commence le plus tôt possible. Et on a également besoin d’une information et d’une sensibilisation au sein de la classe politique. » (trad.: Dominique)

  • Entrepreneuse, nom féminin

    Entrepreneuse, nom féminin

    Manifestation de l’indépendance chez les femmes contemporaines, l’esprit entrepreneurial féminin est en plein essor. Selon les statistiques, à l’heure actuelle, en Roumanie, 29% des entrepreneurs sont des femmes, soit une croissance de 7% par rapport aux années précédentes. De même, selon les calculs de l’Institut pour l’Entrepreneuriat et le Développement Global, la Roumanie occupe la 33e place parmi les 77 pays examinés, avec 49 points sur 100 pour le climat du milieu des affaires et les conditions générales qui encouragent les affaires initiées par les femmes.



    Qui sont ces Roumaines ? Ce sont des femmes qui ont accumulé une riche expérience professionnelle en tant qu’employées dans différentes compagnies et qui souhaitent monter leurs propres affaires. Ce sont des femmes qui, une fois devenues mères, préfèrent travailler de chez elles pour gérer elles-mêmes le temps de travail et celui destiné au foyer. Ou bien, tout simplement, ce sont des femmes qui transforment leur hobby ou leur passion en affaire.



    Pour apprendre davantage sur les spécificités de l’entrepreneuriat féminin en Roumanie nous avons discuté avec quelques-unes de ces femmes. Parmi elles, Adina Filculescu, qui détient un atelier de fleuriste. Elle nous a parlé des domaines préférés par les Roumaines qui souhaitent monter une affaire : « Les services qu’elles offrent tiennent de l’industrie créative — éducation, activités médicales, tourisme, commerce, organisation d’événements. En général, elles partent de leur passion pour un certain domaine. Selon les recherches, les femmes ont tendance à opter pour le domaine de leurs études. Certes, l’aspect financier y compte pour beaucoup, mais je connais des femmes qui ont renoncé à des emplois très rémunérateurs dans différentes compagnies pour ouvrir leurs propres business, avec tous les risques afférents. »



    Des risques et difficultés qui surviennent dès le début. Par exemple, dès le premier essai d’obtenir un crédit, car les banques sont toujours réticentes lorsqu’il s’agit de financer des business gérés par les femmes. Cela tient plutôt aux domaines choisis par les femmes, explique Adina Filculescu : « Les femmes s’orientent vers les domaines plus créatifs, pour elles, l’entrepreneuriat est fondé sur une passion et elles ne visent pas forcément les modalités de faire croître leur profit. Par conséquent, le remboursement d’un crédit est vu comme un risque. »



    Peut-être bien que c’est une des raisons pour lesquelles il existe plusieurs initiatives des institutions de l’UE qui encouragent et financent l’entrepreneuriat féminin ou les PMEs dirigées par les femmes. Ces sources s’avèrent-elles utiles pour les Roumaines ? Réponse avec Adina Filculescu : «Oui, elles sont utiles, surtout les fonds accessibles via les programmes structurels et de cohésion de l’UE. Il existe aussi le programme SRLD (société pour les débutants), qui offre un financement de 10.000 euros à ceux qui souhaitent démarrer une affaire, et différentes aides, telles l’exemption de la contribution à la sécurité sociale pour les employeurs. Mais tous ces programmes sont difficiles d’accès à cause de la bureaucratie. Cest pourquoi, de nombreuses Roumaines préfèrent démarrer un business avec leurs propres forces. »



    Bibiana Stanciulov est une de ces braves dames, patronne d’une compagnie qui fabrique le premier produit roumain inclus au catalogue européen des produits de qualité protégés : la marmelade de prunes de Topoloveni, qui depuis 2011 a été labélisée avec une «indication géographique protégée». Bibiana Stanciulov nous parle des débuts marqués d’optimisme de ce business, mais aussi des difficultés auxquelles elle s’est heurtée en cours de route : « En 2001, nous avons racheté ce qui restait d’une fabrique à Topoloveni suite à une procédure de liquidation judiciaire. En restait le département de marmelades déshydratées et d’eaux-de-vie. Ce fut un démarrage extrêmement difficile, parce que j’avais espéré qu’au moins quelque chose fonctionne de ce que j’avais acheté. Avec un effort que je n’imaginais même pas, j’ai réussi. C’était peut-être la peur que quelque chose de grave ne m’arrive qui m’a déterminée à poursuivre ce chemin et à transformer cette fabrique, dans les conditions où moi, j’étais diplômée de la Faculté de Sociologie et de philosophie et je ne connaissais rien aux affaires, ni à l’industrie alimentaire. »



    Bibiana Stanciulov a eu la chance de retrouver sa passion pour les traditions et de découvrir une recette d’il y a un siècle de la marmelade de prunes spécifique à la région de Topoloveni. Toutefois, l’amour pour la tradition n’était pas suffisant. Il a fallu avoir aussi de l’argent pour que la marmelade soit produite conformément aux normes qu’elle s’était imposées elle-même et qui étaient aussi nécessaires pour obtenir « l’indication géographique protégée ». Un financement pas facile à obtenir. Bibiana Stanciulov raconte : « On m’avait promis que grâce aux fonds appelé « Le fermier » nous allions réussir à accéder aux fonds européens avec un intérêt de 2 — 3%. Mais comme j’étais un producteur indépendant, qui n’appartenait à aucun parti ou groupe d’intérêts, je n’ai plus bénéficié du fonds «Le fermier». Alors, la banque m’a proposé un crédit en euros avec un intérêt de 7-8%, m’obligeant à avoir une contribution de 20%. Ce fut un effort surhumain pour moi. Cela n’avait rien à voir avec le fait d’être une femme. En Roumanie, ce qui compte, c’est appartenance, ou non, à un parti ou à un groupe d’intérêts. Paradoxalement, j’ai réussi sans en faire partie. C’est vrai que ce crédit a été un véritable fardeau financier pour moi, mais je n’avais jamais envisagé exclusivement d’avoir un profit. Avant toute chose, moi, je voulais continuer une tradition vieille de 100 ans. »



    A l’heure actuelle ces difficultés ont été surmontées, mais d’autres ont pris leur place. N’empêche, Bibiana Stanciulov encourage les Roumaines à ne pas renoncer à l’entrepreneuriat, si c’est la voie qu’elles souhaitent suivre : « Si jamais elles décident de monter leur propre affaire, cette affaire doit leur appartenir. Elles doivent y mettre leur empreinte personnelle et croire à ce qu’elles font. Si elles n’y croient pas, il vaut mieux ne pas commencer. Les affaires ne sont pas quelque chose de facile, mais elles donnent la satisfaction de l’indépendance totale. Bref, « je fais ce que je veux de mon argent.» » (trad. : Valentina Beleavski)

  • “Skirt Bike” – pédaler au féminin

    “Skirt Bike” – pédaler au féminin

    Accessoires en dentelle, modèles à fleurs ou chapeaux romantiques – cela semble plutôt des détails de défilé de mode. En fait, ce sont les éléments d’attractivité d’une parade à vélos, « Vintage Chic », organisée par l’Association féminine des cyclistes, SkirtBike.

    SkirtBike, c’est la plus grande communauté féminine des cyclistes, une manifestation culturelle et de mode par laquelle ses représentantes donnent libre cours à leur imagination chromatique et au bon goût vestimentaire. L’événement promeut tant l’émancipation des femmes qu’un moyen de transport alternatif, donnant une tendance pour une vie saine et amicale avec l’environnement. Par son but même, SkirtBike fait partie du mouvement cycliste international, contribuant à l’effort de changer la perception des gens sur la vie urbaine et d’offrir un modèle durable de transport, facile à reprendre dans d’autres villes.

    Oana Deliu, organisatrice SkirtBike, nous a présenté l’historique de ce mouvement : « SkirtBike est une communauté de femmes à vélo qui a commencé avec des promenades en ville. Notre visée, c’est de faire prendre conscience que rouler à vélo est bénéfique pour nous, en tant que femmes, et que nous pouvons pédaler dans toute tenue commode et dans laquelle on se sent bien. Nous avons commencé il y a huit ans par une promenade à vélo destinée à ces dames, et nous avons évolué jusqu’à cette année, tant et si bien que nous sommes arrivées à mettre en place un festival pour les femmes à vélo. »

    Cette année, la parade SkirtBike est arrivée à sa 8e édition. Comment ces dames cyclistes ont-elles commencé la saison et que se proposent-elles ?

    Oana Deliu : « SkirtBike a organisé cette année une première édition à Miercurea Ciuc, qui a surpris les habitants de la ville par la multitude de représentantes du sexe féminin à vélo. Il s’est ensuite poursuivi à Bucarest, où plus d’un millier de femmes ont célébré le fait de rouler à vélo. Des éditions de SkirtBike vont être organisées dans d’autres villes du pays, à Constanţa le 18 juin, Alba Iulia, Drobeta Turnu Severin, Iaşi, Suceava, Botoşani, vous allez retrouver toutes les dates sur notre site. »

    Le festival SkirtBike Bucarest est entraînant. Il s’agit de prendre de l’exercice sur deux roues, avec la musique pour compagnie, mais c’est aussi un moment de mode chic et un bazar de vélos, avec des concours, des prix et des accessoires fait main, des expos et des réparations de vélos.

    Oana Deliu, organisatrice, nous a raconté comment la parade SkirtBike est accueillie dans les différentes villes : «La parade SkirtBike est très bien reçue, tous les chauffeurs attendent que ce magnifique convoi passe, c’est un groupe de femmes très jolies, avec des fleurs dans le panier du vélo ou dans les cheveux, et habillées en robes ou en jupes. C’est notre manière de célébrer cette ville, de l’embellir, par notre passion de pédaler. »

    A la dernière édition de SkirtBike, la participation a été de 5000 femmes à Bucarest ; nous avons demandé à Oana Deliu s’il y a des personnes qui viennent à chaque fois aux événements de l’organisation : « Les filles viennent chaque année à SkirtBike parce qu’elles apprécient nos valeurs. Nous croyons en un style de vie sain, nous pensons que la ville bondée peut être sauvée par la présence d’un plus grand nombre de cyclistes dans les rues. Nous croyons que nous faisons partie de la circulation et nous devrions bénéficier du même respect de la part des chauffeurs que les autres participants. Cette fois-ci, nous n’avons plus reçu autant de remarques inappropriées que les années précédentes ; les chauffeurs sont attentifs et conscients de notre présence sur la partie carrossable et nous accordent la priorité si c’est le cas. Il y a aussi des incidents, mais qui deviennent l’exception. »

    Nous avons appris de Oana Deliu que plusieurs événements sont organisés par l’association tout au long de l’été, en dehors du Festival SkirtBike : « La veille du 24 juin, Journée mondiale de la blouse roumaine, nous ferons une parade à vélo en blouse roumaine. Et nous aurons le meilleur cozonac, cette brioche roumaine, apporté de Bucovine. Nos parades sont sans frais d’inscription, nous les organisons et les annonçons sur notre site ou sur notre page Facebook Skirtbike. Vous pouvez nous rejoindre à tout moment. »

    Militant pour l’amélioration de la qualité de la vie en ville, SkirtBike s’associe aussi à des actions connexes : lors de la parade de cette année, l’association a milité pour la mise en place d’un système de tri sélectif des déchets d’emballage ou pour la participation au Festival Femmes dans la rue de Mătăsari, qui est également devenu une tradition. (Trad. Ligia Mihaiescu)

  • Le harcèlement sexuel à université

    Le harcèlement sexuel à université

    Pour les Roumains, le harcèlement sexuel est plutôt une notion tirée des films américains, quune réalité du quotidien. Toutefois, conditionner des services, des promotions professionnelles ou de meilleurs résultats d’études par des faveurs sexuelles, cela sinscrit dans le cadre des délits de nature pénale. En plus, bien que la loi roumaine condamne le harcèlement sexuel, les cas dénoncés restent isolés. En fait, il ny a pas de statistiques exactes de ce phénomène en Roumanie, ni en ce qui concerne l’ampleur, ni en ce qui concerne les formes.



    Le centre FILIA est une organisation féministe qui lutte contre l’inégalité des sexes. Il a démarré une enquête sur la présence du harcèlement sexuel dans le milieu universitaire. Suite à cette initiative, plus de 600 personnes de 42 universités roumaines – étudiants, doctorants, masterands, professeurs et personnels auxiliaires – ont complété les questionnaires en ligne. Bien que ce soit une recherche partielle, les réponses témoignent dun phénomène plutôt ample, tout en mettant en lumière lattitude générale en ce qui le concerne.



    Une première conclusion est que le problème existe dans le milieu universitaire et que la peur de dénoncer quelquun est tout aussi réelle. De plus, lavis des participants à lenquête est unanime: il est nécessaire davoir une définition plus claire du harcèlement sexuel dans le code d’éthique des universités et dintroduire des sanctions proportionnelles aux faits.



    Pour davantage de détails sur les conclusions de cette recherche, nous nous sommes adressés à la présidente du centre FILIA, Andreea Bragă: « Le harcèlement sexuel est défini par la loi de 2002 de légalité des chances entre hommes et femmes. Il sagit dun acte normatif appliqué souvent sur le marché du travail. Le harcèlement sexuel est également défini par le Code pénal, mais il ny a pas de définition claire applicable à toutes les universités. Les codes d’éthique diffèrent dune université à lautre. Dans certains établissements, la définition est plus claire, plus nuancée, alors que dautres se limitent à interdire le harcèlement sexuel. Une définition plus ample, qui offre des exemples plus concrets, pourrait simplifier les procédures de déposition des plaintes et encouragerait les personnes confrontées à ce problème à faire des réclamations. 20% des personnes interrogées dans le cadre de notre enquête ont avoué avoir eu affaire au harcèlement sexuel. Mais en leur donnant des exemples concrets, le nombre des réponses affirmatives augmente. Ceux qui répondent initialement « non », cochent souvent un exemple précis de harcèlement sexuel présent sur une liste. Par conséquent, le pourcentage des réponses affirmatives approche les 50%. On constate aussi que le harcèlement sexuel est le plus souvent associé aux cas très graves, traités par les médias et qui comportent des contraintes liées à des rapports sexuels en échange de meilleurs résultats académiques. Par contre, on a tendance à perdre de vue les cas moins graves. »



    Par « cas moins graves » on comprend par exemple les blagues et appellations à connotations sexuelles. Evidemment, ces situations ne se limitent pas au milieu universitaire, on en trouve partout dans la société, même dans les moyens de transport en commun. Il ne faut pas minimiser limportance de ces faits, met en garde Andreea Bragă: « On nous a reproché quil est désormais impossible de faire une blague sans être accusé de harcèlement. Mais ces blagues aux nuances sexuelles peuvent aller jusquà des blagues sur le viol et justifier un certain comportement ultérieur. Il en va de même pour un attouchement non souhaité. On me dit : « Allez, quest-ce quil ta fait, en fin de compte? Cest pas grand chose. » Mais en définitive, cest mon corps, cest mon intimité. Je me trouve dans un espace où je dois étudier, mépanouir et non pas me renfermer et penser que ce qui m’arrive c’est peut-être de ma faute, parce que j’ai mis une blouse qui donnait à un homme l’impression qu’il pouvait me toucher. »



    Mais qu’est-ce qui se passe plus exactement dans cet espace voué à l’éducation et au développement personnel qu’est l’université, au moment où la situation dégénère? Voici ce que constate l’étude du centre FILIA. Andreea Bragă : « A première vue, 380 personnes sur 668 ont affirmé que le harcèlement sexuel existe en général dans les universités. Parmi ces 380 personnes, 165 ont été exposées au moins une fois à des blagues à connotation sexuelle qui les ont rendues mal à l’aise. 129 participants ont été sujets de commentaires à caractère sexuel et ont reçu des surnoms aux connotations sexuelles. 13 personnes ont eu affaire à des menaces et des contraintes, liées à leur évaluation académique ou professionnelle si elles n’acceptaient pas des relations de nature sexuelle.»



    Qui est l’agresseur, dans la plupart des cas? Andreea Bragă: « Pour la majorité des répondants, c’est un étudiant ou un enseignant. Certes, ils indiquent aussi un/une doctorant(e)” ou bien une enseignante”, mais ces réponses sont moins fréquentes. La conclusion c’est que le problème existe tant au niveau des relations collégiales, que dans les rapports avec l’autorité. Dans ce dernier cas, on a parfois peur de contrer la personne dont dépend son avenir. »



    Ceci étant, il incombe aux universités de condamner le plus explicitement possible le harcèlement sexuel et de créer les conditions pour que ce soit la personne agressée et non pas l’agresseur qui obtienne gain de cause. Andreea Bragă. « Ce qui importe c’est la culture ou l’environnement d’études ou de travail, mais aussi et surtout la réaction des collègues devant les faits de harcèlement sexuel que l’on subit. Or, on constate, parfois, que certaines violences faites aux femmes sont minimisées. Il est d’autant plus difficile d’en parler et de dépasser le malaise, quand il s’agit de harcèlement sexuel. Plusieurs facteurs entrent en jeu. Il faut tout d’abord faire en sorte que les gens croient en la réparation d’une éventuelle injustice. Pour cela, les universités devraient apporter des modifications au code d’étique et adopter des politiques qui montrent clairement leur volonté d’améliorer les normes de conduite à l’intérieur des facultés. A cela s’ajoute la nécessité de mettre en place des programmes et d’organiser des sessions d’information sur les droits et obligations régissant les rapports humains en milieu universitaire. »



    Le centre FILIA espère que l’étude exploratoire sur le harcèlement sexuel dans les universités tirera la sonnette d’alarme et permettra de mener des recherches exhaustives sur ce phénomène. (trad. Valentina Beleavski, Mariana Tudose)

  • Femmes en affaires

    Femmes en affaires

    L’égalité des chances et l’encouragement des PMEs comptent parmi les priorités de l’UE et les politiques visant à les promouvoir pourraient offrir des solutions de sortie de la crise. Sortir d’une crise — globale ou personnelle — dépend des opportunités et du courage des futurs entrepreneurs, ce qui peut être un défi, notamment pour les femmes. Selon les statistiques de l’UE, en 2013, parmi les entrepreneurs européens menant une activité indépendante, 34,4% seulement étaient des femmes. Celle-ci détenaient 30% des entreprises nouvellement créées. Pourtant, leur nombre ne cesse d’augmenter.



    Fin 2014, Bucarest accueillait la première foire des femmes d’affaires de Roumanie — « B-Fair » – organisé par l’association « Femmes en affaires ». Fondée en 2009 par une jeune femme entrepreneur, cette organisation était censée soutenir les femmes qui souhaitent démarrer une affaire. La foire était en quelque sorte une extension de ce réseau rendant possible un plus ample échange d’expérience.



    Adina David, responsable de communication de l’organisation « Femmes en affaires », explique : « La foire « B-Fair » a eu lieu en 2014 pour la première fois. Jusqu’ici nous avons organisé uniquement des rencontres de réseautage d’affaires où les intervenants étaient des femmes. La foire a réuni des affaires gérées par des femmes dans un cadre plus officiel et plus général, qui, à part le réseautage, leur a permis de présenter leurs produits. »



    20 exposants ont participé à cette première édition de B-Fair, dont les stands ont été visités par 200 à 300 personnes pendant le week-end. Les sociétés présentes n’étaient pas uniquement des PMEs. Y ont également participé de grandes compagnies, voire des multinationales dirigées par des femmes et dont les produits sont destinés aux femmes.



    Faut-il conclure que les sociétés gérées par des femmes doivent s’orienter vers le marché féminin ou vers un domaine d’intérêt pour les femmes ? Adina David: « J’ai remarqué une tendance des femmes d’affaires à s’orienter vers des domaines typiquement féminins, tels le conseil ou la cosmétique. Pourtant, nombre de femmes commencent à démarrer des affaires dans les domaines informatique ou automobile. »



    Présente à la foire « B-Fair » et membre de l’organisation « Femmes en affaires », Adina Filculescu est la patronne d’une société active dans un domaine où les femmes excellent : les arrangements floraux et l’organisation d’événements. Elle s’est lancée à la fin de ses études universitaires. Elle ne s’est jamais sentie discriminée face à la concurrence masculine et n’a pas eu de difficultés supplémentaires parce qu’elle est femme. En échange, elle a dû travailler dur, mais elle aime son travail.



    Adina Filculescu: « Le travail ne manque pas, parfois je bosse 17 heures par jour sans me sentir fatiguée, parce que je pense au résultat, à la satisfaction des autres et à la mienne. Si j’avais travaillé pour quelqu’un d’autre, je ne l’aurais probablement pas fait avec autant de plaisir et de succès. J’ai passé des nuits blanches, des week-ends à la maison au lieu d’aller à la montagne avec mes amis. Quant à la bureaucratie, nous savons tous comment cela se passe : on fait la queue aux guichets, il y a toujours un nouvel impôt à payer. Il faut s’y faire. »



    En tant que membre de l’Association « Femmes en affaires », Adina Filculescu a suivi attentivement les tendances des dernières années et elle a fait plus d’une découverte : « De nombreuses femmes se sont orientées vers une carrière dans les affaires, renonçant à leurs emplois dans les multinationales ou dans les institutions publiques. Elles se sont tournées vers des domaines qui leur font plaisir. J’ai remarqué que c’était la passion qui se trouvait à l’origine de leur choix. A part un certain capital, elles ont eu besoin aussi de beaucoup de courage pour changer de vie — échanger, en fait, leur vie d’employée contre une vie de femme entrepreneur. »



    Leur courage trouve son origine dans le désir d’être indépendantes et dans un changement de leurs priorités. Adina David: « Quand elles travaillaient pour une multinationale, elles n’avaient plus de temps pour leur famille. Et si un enfant arrivait, le temps qu’elles pouvaient lui consacrer était très limité. C’est pourquoi elles ont préféré devenir femmes entrepreneurs, ce qui leur permet un emploi du temps très flexible. Même si, dans un premier temps, elles gagnaient davantage lorsqu’elles travaillaient pour la multinationale, une affaire peut se développer et assurer avec le temps des revenus substantiels. Que le début puisse être difficile, cela ne les effraie pas. »



    Nombre d’employées de compagnies publiques ou privées qui souhaitent devenir à un moment donné leurs propres patronnes gardent leur emploi un certain temps et s’occupent parallèlement de leur nouvelle affaire. Ce n’est pas facile ; pourtant, le désir d’indépendance l’emporte, dans ce cas. Et cette tendance est encouragée par les institutions de l’UE, qui ont déjà créé un réseau européen de mentors destiné aux femmes entrepreneurs, rattaché à la Direction générale pour les PMEs. (trad.: Dominique)

  • “Etre une femme dans la Roumanie d’aujourd’hui”

    “Etre une femme dans la Roumanie d’aujourd’hui”

    LInstitut français de Bucarest a organisé un concours de rédaction d’essais pour célébrer à la fois la francophonie et la femme. Le thème : Etre une femme dans la Roumanie d’aujourd’hui. Victorita Tudor est une des gagnantes de cette compétition…


    src=http://media.3netmedia.ro/player/player.php?file=76681&p=&player=2>