Tag: film documentaire

  • Un film documentaire consacré à l’écrivaine Nora Iuga

    Un film documentaire consacré à l’écrivaine Nora Iuga

    En
    2023, Carla-Maria Teaha a signé le scénario et la réalisation d’une des
    meilleures productions roumaines de l’année – le documentaire « De ce mă
    cheamă Nora, când cerul meu e senin/Pourquoi je m’appelle Nora, si mon ciel est
    toujours clair », le titre jouant sur le rapprochement entre le prénom
    féminin Nora et le mot roumain « nor », nuage en français. Ce film,
    qui marque le début dans le genre documentaire de la comédienne et journaliste
    radio Carla-Maria Teaha, met en lumière Nora Iuga, une des plus importantes
    écrivaines roumaines, qui a fêté ses 93 ans le 4 janvier 2024.

     

    Un portrait émouvant

     

    Lancé en 2023 au
    Festival international du film et projeté aussi aux festivals Anonimul et Astra,
    le documentaire peint un portrait émouvant de cette autrice charismatique, dont
    le début littéraire remonte à 1968, lorsqu’elle a publié le volume de poèmes
    « Vina nu e a mea/La faute ne m’appartient pas ». Depuis, Nora Iuga a
    reçu plusieurs prix de l’Union des écrivains et elle continue à écrire, ayant
    publié le roman autobiographique « Hipodrom » (éd. Polirom) en 2020
    et le recueil de poèmes « Fetiţa strigă-n pahar/La fillette crie dans le
    verre » (éd. Nemira) en 2023. Filmé pendant quatre ans, le documentaire capte
    le monde intérieur fascinant de Nora Iuga, sa jeunesse et son exubérance
    contagieuse, ainsi que l’amitié très spéciale qui l’attache à la réalisatrice,
    celle-ci l’accompagnant à la Foire du livre de Francfort. Carla-Maria Teaha a
    expliqué pour RRI la naissance de son film et les incroyables réactions du
    public: « Je n’ai
    pas pensé à un scénario, surtout pour
    notre voyage à Francfort. Dès le début, j’ai voulu avoir un dialogue libre avec
    Nora et, à travers ces conversations apparemment sans prétentions, je m’étais
    proposé d’obtenir, disons, des confessions de Nora Iuga, car au-delà de ses
    nombreuses qualités, elle est aussi une raconteuse fascinante, que la caméra
    adore. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai ressenti le besoin d’introduire d’autres personnages pour parler
    d’elle. Puisque c’est mon premier film et puisque mon expérience en la matière ne
    déborde pas, j’ai beaucoup misé sur l’intuition. J’ai donc pensé qu’il faudrait
    montrer la Nora que je vois, moi, et que c’est elle que le film devrait mettre
    en lumière, même si c’est raté. Je me suis donc appuyée sur l’alchimie qui
    existe entre nous deux et sur les choses qui m’émeuvent. Et c’est fascinant de
    voir que les gens raisonnent avec ma version. Il est vrai que, dans un coin
    caché au plus profond de mon esprit, j’ai espéré que le charme de Nora Iuga produise
    cet effet aussi sur les spectateurs, pas seulement sur moi. Sachant que c’est
    un film qui a impliqué énormément de travail, la réaction du public à la fin de
    la première projection au TIFF, le 14 juin de l’année dernière, m’a beaucoup
    touchée. Les gens sont restés aussi pour la session Q&R. Et d’une certaine
    façon cet effet du film sur les spectateurs n’a rien perdu de sa force, car à
    la fin de chaque projection, les spectateurs ne quittent pas leurs sièges et
    applaudissent, même si ce n’est pas un événement spécial et nous ne participons
    pas au débat. Je suis donc heureuse de constater cet effet du film sur les gens.
    Bien-sûr, je m’attendais à la présence des fans de Nora, mais je suis tout
    aussi heureuse de voir que même ceux, qui ne la connaissaient pas ou qui n’avaient
    pas lu ses livres, tombent amoureux d’elle. Ils sont nombreux à m’avoir dit qu’après
    avoir vu le documentaire ils ont acheté ses livres ou cherché des interviews et
    des informations sur elle. C’est magnifique d’avoir pu rassembler, à travers ce
    film, les cinéphiles et les lecteurs. »

     

     

    Avant de devenir écrivaine, Nora Iuga a rêvé d’une
    carrière d’actrice et le documentaire de Carla-Maria Teaha l’a aidée à réaliser
    son rêve: « En fait, je voulais être actrice déjà
    quand j’étais lycéenne. J’ai voulu faire ça depuis toujours, c’est
    probablement quelque chose de génétique, car mes parents ont été des artistes
    et mes grands-parents aussi. Ma mère a été danseuse, mon père – violoniste, une
    grand-mère chanteuse d’opérette, un grand-père metteur en scène et donc il m’était
    impossible de m’imaginer faire autre chose que le métier d’actrice. Le comble c’est
    que je n’ai jamais cessé d’en rêver, ni même après avoir essuyé le refus du
    grand acteur Radu Beligan de m’accepter à la faculté de théâtre ; il m’a
    dit que ma diction n’étais pas à la hauteur. Moi je ne crois pas avoir des
    problèmes de diction, personne d’autre ne me l’avait fait remarquer, mais je ne
    pouvais pas non plus contester l’opinion de Radu Beligan. Pour revenir au film
    de Carla Maria-Teaha, je suis de plus en plus convaincue, avec chaque jour qui
    passe, que c’est un miracle, un rêve si ancien est devenu réalité maintenant,
    après toute une vie. »

     

    L’écrivain Mircea
    Cărtărescu a eu des propos élogieux au sujet du dernier en date recueil de
    poèmes de Nora Iuga: « Fetița strigă-n pahar/La fillette crie dans un
    verre » est le sommet de la création poétique de Nora Iuga jusqu’à présent
    et l’un des plus puissants recueils de vers que j’aie lus dernièrement. Il est
    pareil à un shrapnel qui vous fait explosion en plein visage, en projetant
    fragments de balles, éclats, morceaux bruts de métal, de mémoire, de matière
    grise et de citations, de tout matériau capable d’écrire sur votre peau la
    sentence d’une beauté fragmentée et outragée. » (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « Mrs. Buică » – un documentaire réalisé par Eugene Buică

    « Mrs. Buică » – un documentaire réalisé par Eugene Buică

    Présent
    dans la compétition nationale de la trentième édition du Festival international
    du film documentaire ASTRA, le documentaire « Mrs. Buică », du
    réalisateur Eugene Buică, est sorti dans les salles de cinéma de Roumanie à la
    fin de l’année dernière. Après avoir fui la Roumanie à l’époque communiste, une
    famille vit son Rêve américain, sans pour autant pouvoir se débarrasser des
    tares de son âme balkanique. Amour, scandale, tragédie et mariage échoué des
    parents sous le regard d’un fils qui documente tout. Lorsqu’une partie des
    membres de la famille Buică revient brièvement en 1998 dans leur pays natal,
    madame Buică attaque son mari en faisant des commentaires malveillants sur un ton badin. Leur fils, Eugene, réussit à capter la
    relation dysfonctionnelle de ses parents, alors que leur mariage se désintègre.
    En l’an 2000, Eugene arrive à filmer à New York des interviews professionnelles
    avec chacun de ses géniteurs.

    « Mrs. Buică » est un repère important pour
    la carrière d’Eugene Buică, qui se distingue par des réussites remarquable en
    tant qu’acteur, réalisateur, écrivain et professeur. Le documentaire dont il
    est question dans notre rubrique rassemble des images filmées en Roumanie et en
    Amérique durant 24 ans. Bien qu’il ait travaillé avec de nombreux acteurs qui
    ont été ses étudiants, Eugene Buică affirme qu’il a rarement rencontré des
    comédiens meilleurs que ses propres parents, dont il a voulu raconter
    l’histoire personnelle. « Quand j’ai commencé à travailler sur ce film en 1998,
    je m’étais rapidement rendu compte, que
    ces gens, mes parents, aimaient la caméra, qui, visiblement, les aimait aussi.
    C’est pour ça qu’ils oublient très vite la présence de la caméra et le fait
    qu’ils sont filmés. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’y a aucune
    censure quand ils parlent. Ils retrouvaient leur naturel en un rien de temps et
    c’est pour ça que, comme je l’ai déjà dit, ça ressemblait à un travail avec des
    acteurs professionnels, extrêmement dynamiques, en train de raconter une
    histoire. On m’a demandé si ce film a eu un côté thérapeutique pour moi et j’ai
    répondu que ce n’était pas mon intention, que moi j’étais bien. Mon idée a été
    de raconter une bonne histoire, de faire un bon film. Si j’avais trouvé une
    meilleure histoire à la fin des années 90, j’aurais fait un autre documentaire.
    L’histoire que je raconte est liée à ma famille, mais ce n’est pas pour ça que
    j’ai choisi de la raconter. J’ai fait ce film parce qu’il a un effet
    dramatique, les gens rient, les gens pleurent, c’est l’idée. J’ai toujours
    voulu raconter une bonne histoire et non pas ennuyer les gens qui passent deux
    heures dans une salle de cinéma. Je crois qu’il faut offrir aux spectateurs
    quelque chose qui les touche d’une manière ou d’une autre.
    », considère-t-il.


    Eugene
    Buică est né à Bucarest; sa famille s’installe à New York quand il a dix ans. Après des études à l’Université de Pennsylvanie, il obtient le diplôme de la Neighborhood Playhouse, à New York, où le légendaire Sanford
    Meisner lui a enseigné l’art de l’acteur. Il a joué dans plus de
    cinquante pièces de théâtre, films, séries télévisées et pubs. En réalisant le
    documentaire « Mrs. Buică », Eugene Buică raconte l’histoire
    personnelle, sincère et tendue, de ses propres parents, une histoire qui ressemble à une
    symphonie, malgré toutes leurs mésententes et querelles. « J’ai aussi pensé à ce film comme à un
    devoir envers mes parents. Je sais que c’est une histoire à risque, mais
    j’ai choisi de la raconter, car en fin de compte toutes les choses importantes
    portent en elles un élément de risque. Et je peux dire que je suis très content
    d’avoir réalisé ce documentaire. Les risques sont constamment présents, que ce soit théâtre, cinéma, mise en scène, écriture, art en général. De plus, tout
    le monde aura une opinion et il va y avoir des gens qui n’aimeront pas le
    résultat votre travail. Ce qui me fait plaisir c’est que la plupart de ceux qui
    ont vu mon documentaire ont exprimé des opinions particulièrement favorables.
    Si je n’ai pas réussi à répondre à toutes les attentes, eh bien, ça arrive, ce
    n’est pas un problème pour moi. J’aurais été plus déçu de réaliser un film
    conventionnel, qui ne fâche ni dérange qui que ce soit, un film ennuyeux dans
    lequel mes parents se parlent gentiment et se complimentent l’un l’autre. J’aurais
    pu faire ça aussi, mais une telle histoire n’aurait été ni la mienne ni la leur. »
    , affirme-t-il.


    Entre
    2000 et 2019, Eugene Buică a été le directeur artistique et fondateur de
    l’Académie d’art de l’acteur « The Acting Corps », où plus 4 700
    acteurs américains et internationaux se sont formés. (Trad. Ileana Ţăroi)




  • Le documentaire « Apropierea » est sorti en salles en Roumanie

    Le documentaire « Apropierea » est sorti en salles en Roumanie

    Le film documentaire « Apropierea/Too Close »,
    du réalisateur Botond Püsök, est
    sorti en salles en Roumanie le lundi 16 mai. Récompensé de nombreux prix
    internationaux, dont celui du meilleur film de non-fiction attribué dans la
    catégorie « Voix émergentes du documentaire », à la vingt-neuvième
    édition du Festival du film « Astra », de Sibiu, il a aussi été un
    des candidats aux Prix GOPO 2023 du cinéma roumain.

    Cette coproduction
    roumano-hongroise raconte l’histoire d’Andrea, qui essaie de construire une
    nouvelle vie pour elle-même et pour ses deux enfants, après la condamnation de
    son ancien compagnon à plusieurs années de prison pour abus sexuel. Mais la
    majorité des habitants de son village soutient ouvertement son ex et
    l’influente famille de celui-ci. Les gens refusent de croire les accusations à
    l’origine de sa condamnation, accusant à leur tour Andrea et sa fille d’avoir
    lancé des mensonges contre cet homme. Lorsqu’elle apprend la libération
    conditionnelle pour bon comportement de l’individu, Andrea se voit contrainte
    de se battre contre la mentalité de la communauté où elle vit, afin de protéger
    ses enfants et de guérir les blessures du passé. En 2016, le réalisateur
    Botond Püsök présentait son documentaire « Angela » à Astra Film
    Festival et au Festival DocuArt, où il décrochait le prix de la mise en scène.
    Le film est construit autour d’Angela, une jeune femme d’une communauté Rom,
    qui réussit à s’en sortir.


    RRI a interrogé le
    réalisateur Botond Püsök sur les sujets abordés dans ses films, des sujets
    difficiles, dont on parle peu ou pas du tout dans la société: « Les sujets dont nous choisissons,
    le plus souvent, de ne pas parler sont ceux qui me fascinent le plus.
    Ce qui m’attire c’est justement ce silence autour d’eux, qui m’incite à faire
    le film, j’essaie de comprendre pourquoi il y a ces tabous et pourquoi nous
    choisissons plutôt de ne pas en parler. C’est comme ça que je suis arrivé au
    motif du traumatisme et de la guérison. Ce thème, je l’aborde déjà depuis
    plusieurs années, j’ai réalisé des documentaires qui en parlent. La lutte menée
    par les personnages de mes films – une lutte qui nous définit en profondeur et
    qui ne connait pas de limites ni de censure – m’a énormément inspiré. Quand
    nous subissons des traumatismes d’une telle gravité, quand nous comprenons
    qu’il n’y a personne à nos côtés, que personne ne peut nous aider et que nous
    sommes nous-mêmes notre unique aide, nous découvrons des choses inattendues et
    inconnues. C’est pourquoi, à travers mes films, je ne me concentre pas sur le
    traumatisme proprement dit, mais plutôt sur le processus psychologiques de
    guérison traversé par les personnages. Si ces thèmes ou histoires ne
    contenaient pas tant de lumière, je ne pourrais pas les raconter. C’est cet
    espoir qui m’inspire moi et le public aussi, je l’espère. »

    Le réalisateur Botond Püsök a également
    présenté son documentaire « Too Close » au Festival du film
    documentaire et des droits de l’homme One World Romania. Cette production
    revient sur le phénomène des abus sexuels et des violences contre les enfants,
    ayant lancé une campagne de prise de conscience nationale. En Roumanie, 3% des
    adolescents ont déclaré avoir été victimes de viol en 2019, fait savoir une
    enquête de l’ONG Save The Children. Botond Püsök est confiant que la force
    de son documentaire le transformera en une plateforme où la pensée critique
    puisse s’exprimer librement, où l’action civique soit encouragée : « C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de faire
    des documentaires, bien que le cinéma de fiction ait été ma première matière
    d’étude. Je crois que le documentaire peut avoir un impact émotionnel plus fort
    que le film de fiction, malgré un public moins nombreux. Et si, à la fin de la
    projection, ce public a la possibilité d’échanger des idées et des opinions
    avec le réalisateur et les protagonistes, l’impact s’amplifie. C’est quelque
    chose d’incroyable, la connexion qui se crée est tellement intense que cela
    devient mon autre raison de continuer à réaliser ce genre de documentaire
    observationnel. Les statistiques européennes concernant les abus sexuels sur
    les enfants et les violences contre eux sont extrêmement inquiétantes, la
    Roumanie comptant parmi les pays qui enregistrent le plus grand nombre de cas.
    C’est pourquoi je crois qu’il est important d’aborder ces thèmes. Il est aussi
    de notre devoir de raconter ces histoires, de nous informer, de ne pas
    prétendre que ces choses n’existent pas ou que cela ne nous arrivera jamais. Je
    crois que nous pouvons avancer à petits pas, qu’il existe des solutions pour
    nous aider. Si nous en parlons, si nous brisons cette culture du silence autour
    du sujet de l’abus, sur les mineurs en premier lieu, à ce moment-là nous
    pourrons peut-être faire changer quelque chose. C’est ce que je pense. »



    Le film documentaire « Apropierea/Too Close »
    est une coproduction roumano-hongroise, réalisée par Luna Film, de Roumanie,
    Spot Productions et RTL Hongrie. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Un nouveau film documentaire d’Oana Bujgoi Giurgiu

    Un nouveau film documentaire d’Oana Bujgoi Giurgiu


    Oana Bujgoi Giurgiu, réalisatrice, productrice et directrice exécutive du Festival international du film Transilvania (TIFF), est de retour avec un nouveau documentaire (après « Aliyah DaDa », sorti en 2015). Le film « Spioni de ocazie/Espions par hasard » repose sur des faits et des témoignages réels et recrée l’histoire d’une série d’actions d’espionnage hors du commun, qui ont marqué de leur empreinte le déroulement de la deuxième guerre mondiale. C’est l’histoire du recrutement de jeunes sionistes en Palestine, pour être envoyés dans leurs pays d’origine dont la Roumanie, en Europe de l’Est, afin d’obtenir des informations sur les Allemands.



    Le documentaire a eu sa première projection au TIFF 2021 et il a reçu la Mention spéciale du jury de la compétition roumaine à l’Astra Film Festival Sibiu 2021. Invitée dans le studio de Radio Roumanie Internationale, Oana Bujgoi Giurgiu a précisé qu’elle s’était longuement documentée pour ce film, qui avait comme point de départ une séquence de son premier documentaire, « Aliyah DaDa ». « C’est une histoire de la deuxième guerre mondiale, de l’année 1944 plus précisément, une année secouée par de nombreux bouleversements et changements de situation, une année qui présageait la fin du conflit, mobilisant les chaînes de commande à trouver des solutions pour récupérer les prisonniers de guerre alliés en Europe de l’Est. C’est alors qu’un service secret a eu cette idée, hors du commun et fort audacieuse, de recruter des gens quelconque et de les envoyer là-bas, dans une mission impossible à assumer par des espions britanniques ou américains, qui se seraient fait attraper rapidement. L’idée a donc été de recruter pour ce travail des immigrants d’avant la guerre en Palestine. Pour résumer l’histoire d’ « Espions par hasard », je dirais que c’est une version vraie de « Inglourious Basterds », puisqu’il s’agit de faits réels et que j’avoue m’être inspirée de la bande-annonce du film de Quentin Tarantino. L’histoire de « Spioni de Ocazie » est assez peu connue en Roumanie, mais aussi dans les autres pays où se passe l’action. Malheureusement, nous avons l’habitude de placer notre histoire locale ou nationale dans un contexte international plus large, mais sans jamais savoir les effets de certaines décisions politiques ou militaires sur les pays voisins. », a-t-elle dit.



    Pour reconstituer les histoires des espions d’occasion, Oana Bujgoi Giurgiu recourt à des séries de photos réalisées par Alex Gâlmeanu. Letiția Ștefănescu assure le montage, Sebastian Zsemlye est en charge du sound design, tandis que Matei Stratan a écrit la musique de ce film tourné en Roumanie, Israël et Slovaquie. Oana Bujgoi Giurgiu raconte: « Moi, je suis une réalisatrice d’occasion. Avec mon premier film, c’était pareil, parce que je voulais raconter des histoires substantielles et savoureuses, qu’il serait dommage de ne pas connaître. Dans le cas des documentaires qui racontent des choses du passé, il y a le problème de la pauvreté des archives de film. Et puis, comme il s’agit d’une guerre, les images à utiliser, en plus de celles prises sur le front, proviennent des journaux de guerre ayant appartenu aux personnes impliquées. Pour illustrer les histoires personnelles de mes protagonistes, j’ai dû trouver une solution, les ramener à la vie à l’aide d’acteurs, et j’ai donc choisi de présenter ces séries de photos. Ce fut un travail énorme, que je ne referais plus jamais. Ma collaboration avec la monteuse Letiția Ștefănescu est de longue date et je partage avec elle beaucoup de la réalisation, donc je ne peux me présenter comme l’unique auteur du film. Dans ce cas précis, je dois mentionner tous ceux qui ont contribué au produit final : Alex Gâlmeanu, l’auteur des photos, est un artiste exceptionnel ; Matei Stratan, le compositeur de la musique originale du film ; Sebastian Zsemlye, responsable du sound-design, qui a reconstruit toute l’ambiance sonore. Je crois que « Spioni de Ocazie » est film qui montre ce qu’est un travail d’équipe. »



    À l’affiche du film « Spioni de Ocazie », l’on retrouve les acteurs Paul Ipate, Daniel Achim, Ioan Paraschiv, Mihai Niță, George Bîrsan, Istvan Teglas, Ionuț Grama, Radu Bânzaru. (Trad. Ileana Ţăroi)




  • Récompenses internationales pour un film documentaire roumain

    Récompenses internationales pour un film documentaire roumain

    Le film documentaire Pentru mine tu ești Ceaușescu/You
    Are Ceauşescu To Me/Pour moi, tu es Ceauşescu, du réalisateur roumain Sebastian Mihăilescu, a reçu, à la fin
    de l’année passée, des prix festivali
    ers importants : celui du meilleur
    film d’Europe centrale et orientale et celui de la meilleure photographie au
    Festival international du film documentaire de Jihlava, en République Tchèque,
    ainsi que le prix du meilleur premier long-métrage (New Talent Award) au Festival
    DocLisboa, au Portugal. Le jury du festival de Jihlava a motivé son choix par
    « la manière ludique dont le film recrée l’histoire de la Roumanie en
    utilisant la méthode de la reconstitution historique et en analysant ceux qui
    l’interprètent, dans une narration basée sur l’autoréflexion. ».


    Pentru
    mine tu ești Ceaușescu
    est un mélange expérimental de documentaire et de
    fiction, qui veut découvrir la motivation des actions du jeune Nicolae
    Ceaușescu, le dernier dictateur roumain et le chef de la République socialiste
    de Roumanie depuis 1967 jusqu’à la chute du régime communiste, le 22 décembre 1989.
    Dans le film expérimental de Sebastian Mihăilescu, des jeunes entre 15 et 22 ans,
    de milieux sociaux différents, participent à un casting pour le rôle de Nicolae
    Ceaușescu dans sa jeunesse des années 1930. Les adolescents prennent la pose
    imitant les photos d’archives, transformant en fiction des documents officiels
    et interagissant les uns avec les autres. Ils se rapportent à Nicolae Ceaușescu
    comme à un personnage fictif, sans idées préconçues et en s’appropriant ses
    caractéristiques en fonction de leurs passions, à travers les clichés véhiculés
    par le cinéma commercial.

    Le réalisateur Sebastian Mihăilescu explique: « Je voudrais souligner
    le fait que le personnage de mon documentaire n’a pas beaucoup de points
    communs avec le personnage historique Nicolae Ceaușescu. Celui-ci m’a tout
    simplement servi de prétexte, dans le sens d’avoir choisi de recourir à un
    personnage à la fois caricatural et iconique, à l’exemple du leader communiste
    chinois Mao Zedong et ses portraits réalisés par Andy Warhol – c’est un personnage
    sur lequel tout le monde a une opinion, même si on ne connaît pas beaucoup de
    choses sur lui ou même si on n’a pas
    connu la vie sous un régime communiste. Moi, j’ai eu la chance de collaborer
    avec un historien, ce qui m’a donné accès au dossier sur le jeune Ceaușescu de
    la Sûreté de l’État, le service secret de la Roumanie jusqu’au 13 novembre
    1940. Lorsque j’ai eu l’idée de faire ce film, j’avais en tête de montrer Nicolae
    Ceaușescu comme un personnage iconique, que nous pensons tous connaître, mais
    que nous tous ignorons en fait. Et, puisqu’il m’a été impossible d’imaginer un
    quelconque acteur interpréter ce rôle, j’ai eu l’idée d’un portrait collectif
    et j’ai choisi de m’arrêter sur la période de la vie de Ceauşescu d’avant 1945,
    quand il faisait de la politique dans l’illégalité, quand il est passé par la
    prison. J’ai trouvé que cette période était plus intéressante pour mon film,
    surtout qu’il n’existe pas du matériel filmé avec Ceaușescu dans les archives,
    puisqu’à l’époque, il ne présentait aucun intérêt. Mon défi a été de créer des
    images qui n’existent pas en réalité et de lancer cette interrogation sur la
    possibilité qu’un film construit à partir de cette idée puisse contenir un
    petit bout de vérité. J’ai pensé que le casting d’interprètes aussi jeunes que Ceaușescu
    à cette époque-là pourrait me permettre d’approcher la vérité. J’ai donc
    cherché des jeunes de milieux sociaux différents, plus éduqués, moins éduqués,
    des jeunes qui ont abandonné l’école avant le collège, tout comme Ceaușescu, mais aussi des gens qui ont
    continué leurs études. Par ce casting, j’ai essayé de voir si je pouvais
    trouver le jeune Ceaușescu, mais j’ai aussi essayé de me rendre compte quelle
    serait la graine du futur dictateur, la graine du mal, découvrir quand et
    comment un être humain change, ce qui se cache dans un homme tellement
    controversé. »




    La distribution du film Pentru mine tu ești Ceaușescu/You
    Are Ceauşescu To Me/Pour moi, tu es Ceauşescu
    , du réalisateur roumain Sebastian Mihăilescu, rassemble des
    acteurs professionnels et des non-professionnels. Le documentaire est produit
    par la maison de production Wearebasca, avec le soutien du Centre national de
    la cinématographie et de la Société roumaine de télévision. Sebastian
    Mihăilescu (né en 1983) est diplômé de l’Université d’art théâtral et
    cinématographique « I.L. Caragiale » (promotion 2013), où il a aussi
    fait un master. Son
    film de fin d’études, Appartement de
    l’entre-deux-guerres, dans une magnifique zone, ultra-centre-ville
    , (court-métrage
    sur un scénario de Sebastian Mihailescu et Andrei Epure, produit par la
    société de production HiFilm) a été présenté en première à l’édition 2016 du
    Festival international du film de Locarno – Pardi di Domani Competition. (Trad.
    Ileana Ţăroi)



  • L’art visuel, réinventé à Slon

    L’art visuel, réinventé à Slon

    On vit à une époque où l’art doit se réinventer pour survivre. Certains
    projets attendent encore un moment propice pour voir le jour, alors que
    d’autres ont été possibles malgré la pandémie, grâce à la technologie. C’est le
    cas de la résidence artistique de Slon, un projet qui se déroule depuis 5 étés
    dans un petit village situé pas très loin de Bucarest. Nous avons invité au
    micro de RRI les artistes et les organisateurs de cette résidence pour nous
    faire part de leur expérience artistique, dans le contexte atypique de la
    pandémie. Au micro de Valentina Beleavski : Raluca Doroftei, manager de projet au sein de la
    Fondation Culturelle Meta, les réalisateurs de films documentaires Ana Țăran et Mihai Dragolea et l’artiste visuel Vlad Dinu.

  • One World Roumanie

    One World Roumanie

    Le documentaire « Strada Deşertului nr.
    143 » / « 143 rue du désert », une coproduction Algérie, France,
    Qatar, a remporté cette année le trophée du Festival international du film
    documentaire et des droits de l’homme One World Roumanie. Le film, récompensé
    aussi du Prix des lycéens, est réalisé par le cinéaste algérien Hassen Ferhani
    et avait été sacré l’année dernière au Festival international de film de
    Locarno et aux Rencontres
    internationales du documentaire de Montréal. Quant au public de One
    World Roumanie, il a choisi pour gagnant le documentaire français « Ne croyez
    surtout pas que je hurle » de Frank Beauvais, récompensé lui aussi par le
    jury des lycéens avec une mention spéciale.








    La 13e édition du Festival international du
    film documentaire et des droits de l’homme One World Roumanie s’est déroulée
    fin août à Bucarest, mais aussi en ligne, cinq mois plus tard que prévu
    initialement. Fin mars, les cinémas et autres salles de spectacles de Roumanie
    fermaient, à cause de l’épidémie de coronavirus. Mais voilà que les
    organisateurs, avec l’appui de l’Institut culturel roumain, ont pu finalement
    reprogrammer le festival. L’édition de cette année a été dédiée à l’homme sans identité
    – sans identité claire aux yeux de la majorité. L’étranger, le membre d’une
    minorité, la marge, la périphérie, bref, tout ce qui n’est pas la norme. Cela peut
    désigner, en fonction du contexte, quelqu’un de la communauté rom ou LGBT, une
    personne pauvre, un réfugié, un immigré.






    Andrei Rus, le directeur artistique du
    Festival : « Un sondage
    commandé par le Conseil national de lutte contre la discrimination a été rendu
    public récemment. Il est très parlant sur le niveau de racisme, de xénophobie
    et d’homophobie de la société roumaine. Il a été réalisé en 2018 et contient
    des questions du type « Accepteriez-vous qu’une personne d’ethnie rom
    fasse partie de votre famille, soit votre ami, collègue de travail ou
    voisin ? » Ce qui est intéressant, c’est que pour la première fois en
    30 ans, les résultats ont été plutôt encourageants. Bien évidemment, nous
    sommes loin d’être une société inclusive, qui accepte la diversité à 100%. Mais
    c’est pour la première fois que plus de la moitié des personnes participant à
    l’étude ont répondu de manière positive à ces questions. C’était là notre
    point de départ, car One World Roumanie est un festival de film documentaire et
    des droits de l’homme. Et quand on parle droits de l’homme, on parle activisme
    et participation. Je veux dire par là que les documentaires que nous proposons
    attirent l’attention sur des problèmes, des aspects qui ne fonctionnent pas.
    Cette année, nous nous sommes dit qu’il serait peut-être bien d’avoir une
    attitude plutôt positive. En partant de la marginalisation de certaines
    catégories de personnes, montrer toutefois que nous avons remporté une sorte de
    victoire d’étape, si on peut l’appeler ainsi. Je crois qu’il est important de
    marquer les petites victoires aussi dans une lutte de longue haleine. Mais en
    cette période de crise sanitaire, certains discours se sont radicalisés, on a
    exagéré, on a cherché des raisons pour prolonger la pandémie et, comme toujours
    – et pas uniquement en Roumanie -, les marginaux ont été blâmés par une partie
    importante de la presse. Pour revenir à l’étude dont je parlais, je ne sais pas
    si les résultats de 2018 sont toujours valables aujourd’hui. Il suffit de
    penser au fait que les Roms ou les gens qui travaillaient à l’étranger et qui
    sont rentrés en Roumanie au début de l’épidémie, des gens plutôt pauvres pour
    la plupart, ont été les boucs émissaires dans beaucoup de reportages qui
    traitaient de la progression de la pandémie. »








    La section principale de l’édition 2020 du Festival
    One World, réunie sous le titre « Tu n’as aucune idée combien je
    t’aime », a été dédiée à la minorité rom. Les douze films de cette section
    ont été projetés à Verde Stop Arena, un ancien stade de Bucarest qui accueille aujourd’hui
    des événements.






    Andrei Rus, le directeur artistique du
    Festival, nous a parlé de la section principale et nous a fait quelques
    recommandations : « Nous avons
    choisi douze films toutes époques confondues, des documentaires sur les Roms.
    Nous avons également inclus des films biographiques dans cette catégorie, comme
    celui sur le célèbre musicien Django Reinhardt. Un autre film était sur Katarina
    Taikon, une sorte de version féminine de Martin Luther King, qui a vécu dans
    les années ’60 en Suède, une fervente activiste pour les droits civils des
    Roms. Parmi ces films, réalisés depuis les années ’50, une partie sont des
    productions des anciens pays communistes, comme « Le citoyen Gyuri »,
    le chef-d’œuvre de Pál Schiffer de Hongrie ou « Avant que les feuilles ne
    tombent » du Polonais Władysław Ślesicki. Mais nous avons aussi eu des
    documentaires très récents, par exemple « Acasă, My Home » / « Chez
    moi, My Home » de Radu Ciorniciuc. Ce film, qui a ouvert le festival,
    raconte l’histoire d’une famille rom qui vivait dans le Delta Văcărești de
    Bucarest avant sa transformation en parc naturel. Ou bien « A Lua Platz »,
    une production française sur des Roumains ethniques roms qui essaient de
    trouver un travail en France. Pour résumer, on a inclus dans cette section des
    films de 1957 à 2020. »








    L’édition 2020 du Festival One World est finie,
    après dix jours de projections, débats et autres événements à Bucarest. Toutefois,
    l’équipe One World continue son travail, ailleurs en Roumanie ou en ligne. Un
    travail bien nécessaire en Roumanie, car faire connaître ces documentaires peut
    entraîner, petit à petit, un changement des mentalités. (Trad. Elena Diaconu)

  • Jeunesse et film documentaire

    Jeunesse et film documentaire

    Aujourd’hui nous parlons jeunesse
    et film documentaire. Le village de Slon, au département de Prahova, est déjà
    célèbre pour les résidences artistiques qu’il accueille. De jeunes artistes de
    l’audio-visuel s’y rendent pendant l’été pour travailler et pour échanger.
    Cette année, ce fut une résidence plutôt spéciale, car déroulée dans le
    contexte de la pandémie, avec ses normes et ses limites. Nous avons invité au
    micro de RRI, Ana Taran, une jeune artiste de 28 ans passionnée de film
    documentaire. Elle nous raconte son expérience artistique et humaine, telle
    qu’elle l’a vécue, 3 semaines durant, dans le village de Slon.

  • Le festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania

    Le festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania

    La 11e édition du Festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania a eu lieu du 16 au 25 mars 2018 avec à l’affiche la projection des plus récents films documentaires dans huit espaces en plein centre de Bucarest. Cette édition du festival One World Romania est également ciblée sur des sujets amplement débattus dans l’espace public. Le fonctionnement de Justice, la mise à jour des méthodes éducationnelles et le repositionnement de la famille selon des critères contemporains sont des sujets souvent abordés par les médias, qui génèrent des débats en Roumanie et ailleurs.

    C’est pourquoi la 11e édition du Festival du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania accorde une attention à part à ces problèmes et leur consacre des sections spéciales. Alexandru Solomon, directeur du festival One World Romania. « Ces thèmes sont d’actualité en Roumanie et ailleurs. Le thème de la Justice, même s’il a commencé à nous ennuyer, semble être de plus en plus important. Cette idée de l’Etat de droit continue à déranger beaucoup de gens en Roumanie. Tout comme la question des droits de la communauté LGBTQ, question de plus en plus présente dans la société roumaine, surtout que nous nous sommes heurtés à des incidents malheureux ces derniers mois, lorsque des groupes de fondamentalistes ont tenté d’arrêter la diffusion de films avec ce thème. Pour ce qui est de l’éducation et de son importance dans la société roumaine, il y a tant de choses à dire ! Il est clair que si nous ne commençons les réformes par celle de l’éducation et si nous ne lui accordons pas une place plus importante, nous n’allons jamais progresser. »

    La 11e édition du Festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania prévoit aussi une section intitulée « La mémoire des archives de film », qui devrait compléter les tentatives d’éclaircir différents phénomènes historiques, afin de révéler les nuances du présent. En fait, une des préoccupations constantes de l’Association One World Romania a été la récupération du patrimoine documentaire de l’ancien Studio de production « Alexandru Sahia ». Andrei Rus, co-directeur du festival : « Il s’agit d’un concept plus ample. Cette section, la Mémoire des archives, est liée dans plusieurs sens à l’actuelle édition du festival One World Romania dans le sens où nous avons accordé davantage d’attention à la manière dont le passé influence le présent et implicitement l’avenir. Dans l’élaboration de cette section, nous avons commencé par l’idée du centenaire, mais nous nous sommes proposé de traiter cet aspect évitant les festivités et essayant d’engager les spectateurs dans un retour à la réalité. Ainsi s’explique le slogan de l’édition actuelle du festival : Get Real !, c’est-à-dire un retour à la réalité. Dans plusieurs sections du festival les films débattent, mettent en question différents aspects du passé et de la manière dont il influence le présent. Une des sections les plus consistantes s’appelle « Le passé présent » et elle comporte 10 titres, 10 films du monde entier qui traitent de toute sorte de sujets, à commencer par l’influence du communisme et du fascisme sur les sociétés. »

    La culture de la protestation, une autre section de la présente édition du Festival international du film documentaire et des droits de l’homme One World Romania, comprend 5 films documentaire sur différentes formes de la protestation par le biais d’histoires provenant de tous les coins du monde : le Cambodge avec « Le printemps cambodgien », Israël avec « Before My Feet Touch the Ground »/ « Avant que mes pieds ne touchent la terre », la France avec « l’Assemblée », les Etats-Unis avec « Whose Streets », « Les rues de qui ?» et enfin la Roumanie avec « Portavoce »/ « Porte-voix ». Le directeur du festival One World Romania, Alexandru Solomon, précise: « Bien qu’assez puissantes depuis deux ans déjà, les protestations de Roumanie se trouvent dans une sorte d’impasse et elles sont en quête d’un leader et d’une nouvelle direction à prendre. Du coup, j’ai trouvé fort intéressant de me pencher sur cette culture des protestations telle qu’elle se reflète dans différentes productions cinématographiques originaires des quatre coins du monde, aussi bien du Cambodge que de Roumanie qui se penche sur ce sujet grâce au film le Porte-voix. Je trouve qu’il est important de connaître les conséquences que les mouvements de protestation ont eues ailleurs dans le monde, pour connaître le type d’approche politique ou de discours qu’elles ont provoqués. Un seul exemple: le public du festival sera invité à visionner une production de Hong Kong qui traite de la transformation d’une vague de protestations en un véritable mouvement politique organisé. Après, on s’est donné pour tâche une mise en perspective historique de tous ces événements ayant servi de sources d’inspiration pour les films à l’affiche du festival, avec un accent particulier sur l’année 1968 et sur les protestations des années 60-70 de France, d’Italie et de Tchécoslovaquie. »

    Sur l’ensemble des sections du festival, celle nommée « 1968. Cinquante ans plus tard » se propose justement de raviver la mémoire de l’année susmentionnée qui a marqué aussi bien l’Ouest que l’Est de l’Europe par des mouvements de protestation très puissants. Andrei Rus, co-directeur du festival: « Cette section a permis la mise en place de toute une série d’événements connexes que j’ai à cœur. Parmi eux: celui consacré aux protestations estudiantines d’il y a 50 ans, censé nous permettre de mesurer l’impact de ces révoltes sur les changements sociaux intervenus par la suite. Un thème qui dominera deux débats. Le premier sera organisé le 24 mars, à ARCUB, en présence de Karel Kovanda et Monika MacDonagh-Pajerová, les protagonistes du film La révolte des étudiants tchèques, l’historienne Lavinia Betea et le président d’Alliance nationale des organisations estudiantines de Roumanie, Marius Deaconu. »

    Le deuxième débat se déroulera le dimanche, 25 mars, à l’Institut français de Bucarest. Sous le titre « 1968. Entre l’Est et l’Ouest », l’événement proposera au public une rencontre avec le journaliste français Bernard Guetta qui fera part de sa propre expérience des événements de 1968 à Paris. 12 films produits ou co-produits en Roumanie figurent à l’affiche de cette 11ème édition du Festival International du film documentaire consacré aux droits de l’Homme, One World Romania.

  • 15.10. 2013 (mise à jour)

    15.10. 2013 (mise à jour)

    Financement — La Commission européenne a repris ce mardi les paiements envers la Roumanie suspendus jusqu’il y a une semaine. Ceux-ci sont destinés aux projets financés par le biais du Programme opérationnel sectoriel «Croissance de la compétitivité». L’annonce a été faite mardi à Bruxelles par Shirin Wheeler, la porte-parole du commissaire européen chargé de la politique régionale, Johannes Hahn. Elle a précisé qu’il s’agit de 196 millions d’euros, dont le paiement avait été bloqué en décembre 2012. Cet argent ira notamment aux projets en vue dans les domaines de l’énergie et de la recherche, ainsi qu’aux PME.



    Privatisation – La vente de la compagnie ferroviaire roumaine de fret CFR Marfa, à capital d’Etat, reprendra à zéro après que la Commission de privatisation et le Groupe ferroviaire roumain, ayant remporté l’appel d’offre initial, ne sont pas arrivés à un accord visant le transfert des actions vers cette société privée. Considérée comme un objectif stratégique du Cabinet de Bucarest, la privatisation de CFR Marfa compte parmi les principaux engagements assumés par le gouvernement devant les experts du FMI et de l’UE, dans les deux accords de précaution conclus en 2011 et 2013. Toutefois, le processus a été en passe d’échouer à maintes reprises vu le faible intérêt des investisseurs et les contestations formulées par les très peu nombreux participants à l’appel d’offres à l’égard de la procédure.



    Négociations – Le ministre roumain de la Santé, Eugen Nicolaescu, s’est dit surpris par les protestations des personnels médicaux, tandis que syndicats et autorités négocient la nouvelle loi des salaires du secteur. Il n’y a aucun conflit entre les parties, a estimé le responsable. Depuis lundi, la plupart des salariés du système sont en grève japonaise pour affirmer leur mécontentement à l’égard des réformes proposées par le ministère. Ils exigent qu’au moins 6% du PIB soient alloués à la santé, ainsi que l’élaboration d’une loi leur garantissant l’indépendance professionnelle. Les personnels médicaux roumains menacent de faire la grève générale en novembre, si aucun accord n’est trouvé.



    Nomination – L’économiste Andrei Gerea, 45 ans, chef de file des députés du Parti national libéral (numéro deux de l’Union sociale-libérale, la coalition au pouvoir en Roumanie) a été désigné pour prendre le portefeuille de l’Economie. Il devrait ainsi remplacer son collègue Varujan Vosganian, qui a démissionné de son poste après que le Parquet près la Haute Cour de cassation et de justice a demandé à la chambre haute du Parlement de Bucarest son feu vert pour déclencher des poursuites pénales à son encontre. Varujan Vosganian est accusé de complot et sape de l’économie nationale. L’intérim au ministère de l’Economie est assuré par le titulaire des Finances, Daniel Chitoiu.



    Energie – Plusieurs projets énergétiques impliquant la Roumanie figurent sur une liste de la Commission européenne comportant près de 250 projets prioritaires pour l’infrastructure de transport énergétique transeuropéenne pour la période 2014-2020. Selon le commissaire européen chargé de l’énergie, Günther Oettinger, la Commission devrait allouer près de six milliards à leur mise en œuvre dans les sept prochaines années. Il s’agit, entre autres, du projet de gazoduc reliant la Bulgarie à l’Autriche via la Roumanie et la Hongrie.



    Séisme – La Roumanie est le pays de l’UE le plus exposé aux séismes, les experts évaluant à 4 milliards 400 millions d’euros les dommages maximaux estimés pour un tremblement de terre puissant, a fait savoir Nicoleta Neagu-Rosca, directrice générale de PAID, le consortium de compagnies autorisées à délivrer des assurances couvrant les risques de catastrophes naturelles. Ces évaluations prennent en compte un séisme comparable à celui de mars 1977, à savoir supérieur à 7 sur l’échelle de Richter. Considérée comme la plus importante de l’histoire récente de la Roumanie, cette secousse a fait plus de 1500 morts, la plupart des Bucarestois, les dégâts se montant à quelque deux milliards et demi de dollars.



    Film — Poursuite à Sibiu (au centre de la Roumanie) du Festival du film documentaire Astra. Au programme de ce mardi, la première de la production « Le Combinat » (The Unit), en présence de l’auteure, Maria- Cătălina Andrieş. La projection de Drill Baby Dril, de Lech Kowalski, a été suivie par une session de questions–réponses avec la participation du réalisateur. La présente édition du festival enregistre un record d’inscriptions: 1350 films de plus de 70 pays des 6 continents et des centaines d’auteurs et des professionnels du domaine.

  • Storiette

    Storiette


    Une équipe de professionnels de la télé, spécialistes du film documentaire, considère que tout être humain a une histoire à raconter aux gens qu’il ou elle aime, que ce soit l’histoire d’une famille ou celle d’une vie de famille avant l’arrivée d’un nouveau membre. Les personnes filmées se transforment ainsi en vedettes ou en chroniqueur, dans un film présenté par la suite à un public raffiné.«Ton père et moi nous nous sommes rencontrés il y a dix ans. Nous nous sommes mariés trois ans plus tard et en 2012 notre famille est devenue complète grâce à ta naissance, le plus beau cadeau jamais rêvé. Depuis ta venue, ton père et moi, nous vivons des émotions intenses et uniques, mais que nous voulons garder sur cette vidéo, pour que toi aussi tu puisses les connaître, quand tu seras grand. »



    Marilena Raţă, l’auteure de ce projet appelé « Storiette », raconte d’où cette idée lui est venue: «Dans un premier temps, j’ai voulu faire ça uniquement pour les personnes âgées, mais nous sommes allés vers d’autres publics aussi. Moi, je suis originaire de la ville de Iaşi, je ne vis à Bucureşti que depuis 5 ou 6 ans ; je ne retourne à Iasi qu’une ou deux fois par an et il ne me reste qu’une seule grand-mère qui aura bientôt 93 ans. Grand-maman me racontait souvent comment elle avait rencontré grand-papa, qui n’est plus de ce monde, et puis la naissance des enfants de la famille, la vie pendant la guerre, la vie de mon papi dans le goulag. Je me suis rendu compte que nous avons tous des grands-parents, des oncles, des parents qui vieillissent, inévitablement, et qui n’ont pas raconté tout ce qu’ils ont encore à dire. Qui n’ont peut-être pas raconté à leurs proches tout ce qu’ils avaient vécu. C’est comme ça que l’idée m’est venue d’enregistrer grand-maman et de regarder cette petite vidéo à chaque fois qu’elle nous manque. Donc, nous offrons aux gens notre aide pour qu’ils racontent leur histoire telle qu’elle est. Plus encore, nous les aidons à ouvrir leur cœur devant la famille et les amis. »



    Ceux qui décident de raconter leurs histoires, prennent contact avec l’équipe et, lors d’un premier rendez-vous, font une ébauche du futur film. Marilena Raţă considère que raconter une histoire comme le fait son équipe n’est pas à la portée de tout un chacun. «Les gens nous contactent, nous les enregistrons dans un produit de très bonne qualité: je pense à l’image, au montage, proche de la qualité d’un documentaire comme ceux diffusés sur Discovery ou sur d’autres chaînes de télévision. Les gens enregistrent leur histoire, nous assurons l’édition du film et ils pourront regarder le résultat final avec la famille et les amis lors d’un événement spécial, par exemple une fête d’anniversaire. »



    Parfois, ceux qui veulent créer une telle histoire souhaitent faire une surprise à quelqu’un ou laisser un message pour l’avenir. « C’est une preuve de reconnaissance, d’amour, d’appréciation de la famille envers un proche. La famille peut faire une surprise à quelqu’un qui fête son anniversaire. Nous pouvons enregistrer 5, 6, 7 personnes qui racontent des anecdotes sur le héros de la fête. Ce jour-là, il ou elle découvre ce petit film dans lequel ses proches parlent de lui ou d’elle avec affection, en lui rendant hommage. Ce que nous offrons c’est donc ce sentiment partagé. »



    La durée de ces vidéos varie de 15 minutes à une heure. Deux documentaires ont déjà été filmés, quatre autres sont en cours d’édition. Marilena Raţă parle des réactions surprenantes de ceux qui apprennent l’existence de ce projet. «Jusqu’à présent, les réactions ont été bonnes, nous recevons des e-mails, des messages sur nos compte Facebook. Les gens nous remercient mais nous ne comprenons pas très bien pourquoi, beaucoup d’entre eux ne veulent pas faire un film, ils nous disent tout simplement que nous faisons quelque chose d’extraordinaire. Ceux qui ont collaboré avec nous se disent très contents du résultat. J’ai rencontré des gens d’une grande beauté intérieure, qui ont prouvé que les Roumains restent très attachés aux valeurs de la famille, malgré tout ce que nous aurions pu pensé. Nous nous proposons d’apporter aux gens le sentiment de l’appréciation de chacun, le besoin de dire et de montrer par tous les moyens aux gens que nous les apprécions. »



    Storiette veut dire « petite histoire ». Chaque personne a sa propre histoire qu’il est important de raconter. Car, lorsque nous racontons notre vie, quelqu’un d’autre apprend quelque chose de nouveau ou de ce qu’il ou elle a besoin de savoir.( trad.:Ileana Taroi)