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  • “Clara”, un drame social

    “Clara”, un drame social

    Un film impactant

     

    Un nouveau film roumain impactant et consacré à un sujet majeur et nécessaire, vient de sortir en salles à travers le pays. « Clara », un long-métrage du réalisateur Sabin Dorohoi, s’inspire du vécu des millions de Roumains, partis à l’étranger à la recherche d’une vie meilleure pour leurs familles. C’est pour la première fois qu’un long-métrage roumain aborde le sujet de l’émigration sous l’angle de la problématique sociale représentée par les enfants que les parents laissent en Roumanie et qui sont élevés par les grands-parents ou autres membres de leurs familles respectives.

     

    Le film raconte l’histoire de Clara, une enseignante qui s’occupe de la fillette et de la maison d’une famille en Allemagne, ressemblant ainsi à d’autres millions de femmes roumaines qui travaillent à l’étranger pour nourrir leurs familles restées au pays. Quand son fils, qui vit chez le grand-père, s’enfuit de la maison pour aller la chercher, Clara revient dans son village natal de Roumanie, où elle doit affronter son échec en tant que mère et tenter de récupérer la confiance de son fils.

     

    Sabin Dorohoi : « Le sujet du film est né il y a très longtemps. J’ai eu cette idée en 2012, environ, lorsque l’émigration était très forte et j’avais remarqué qu’elle était en train de gagner aussi dans les régions du nord de la Roumanie. C’était à la même époque que j’avais lu dans la presse une info sur un petit garçon qui s’était suicidé parce que ses parents lui manquaient. Cette info terrible m’a énormément touché et j’ai pensé que ça méritait d’en faire un film. Et c’est comme ça qu’il y a eu le court-métrage « Calea Dunării / La route du Danube », sortie en 2013. Après, j’ai ressenti le besoin de développer l’histoire et ça a mené au scénario du long-métrage, écrit par Ruxandra Ghițescu. »

     

    De nombreux prix

     

    « Clara » a eu sa première projection mondiale au Festival international du film de Cottbus, en 2023, où la production a été récompensée du prix du public. D’autres prix, nominations, chroniques positives et accueils chaleureux s’y sont ensuite ajoutés à des festivals internationaux tels que celui de Kolkata, en Indie, le South East European Film Festival de Los Angeles, l’Internationales Donaufest Ulm/Neu-Ulm, le Ceau Cinema de Timișoara, les Soirées du film roumain à Iasi et le BIFF (Bucharest International Film Festival).

     

     

    Dan Burlac, un des producteurs du film « Clara », explique : « C’est un film qui exprime un problème important. Mais nous ne nous sommes jamais proposé d’attrister les gens avec l’histoire de Clara ni d’en tirer des larmes. Notre but a été de nous pencher sur un problème important et qui a gagner de l’importance partout dans le monde, pas qu’en Roumanie ou en Europe. La preuve est la réaction du public lors de la projection en Inde, quand un millier de spectateurs ont montré énormément d’empathie, percevant le film comme une expérience personnelle. C’est pourquoi je dis que l’histoire de Clara n’est pas liée à un certain endroit, elle exprime l’histoire de tous ceux qui vivent une situation similaire en Amérique latine, en Europe ou en Inde, et qui sont forcés par un certain contexte de partir loin de chez eux. Je crois que la très grande qualité de ce film découle avant tout de son honnêteté et de son traitement en finesse d’un sujet important. Nous avons voulu provoquer le plus grand nombre de réactions pour trouver des solutions à un problème qui nous concerne tous. Car ce problème de la migration concerne l’ensemble de la société que nous essayons de construire, puisqu’il s’agit de la génération future qui construira la Roumanie. Ce problème nous concerne tous – parents, grands-parents, enfants ; c’est un problème important pour toute la communauté. C’est un sujet qui ne touche pas qu’une seule couche de la société. C’est notre problème à nous tous. »        

                   

    Un film itinérant

     

    Après la projection de gala à Bucarest, l’équipe du film est allée en tournée à travers le pays, pour participer à des séances de projection spéciales lors desquelles les membres de la production et les acteurs ont répondu aux questions du public. Certaines rencontres ont également bénéficié de la présence d’experts en pédagogie et en psychologie, grâce à un partenariat entre l’équipe du film et l’organisation « Sauvez les enfants », qui soutient le débat sociétal initié par la sortie en salles de « Clara ».

     

    Sabin Dorohoi explique : « Lors de la projection que nous avons eue à Timișoara, j’ai été très ému car j’étais pratiquement revenu chez moi. Vous le savez déjà, la majorité des acteurs est originaire de Timișoara et plus généralement de la région du Banat, à l’exception d’Ovidiu Crișan, le père de Clara et le grand-père d’Ionuț dans le film, qui lui est de Cluj. Lors de la séance de projection à Timișoara, la salle a été comble, ce qui nous a énormément réjouis, tous comme nous ont aussi réjouis les réactions des spectateurs et leurs questions très pertinentes. Mais les questions les plus intéressantes et même les disputes et les débats constructifs, nous les avons eus à Iași. Ce qui n’est pas un hasard, la Moldavie étant la région la plus touchée par l’émigration en Roumanie. Cela a été visible aussi bien dans le grand nombre de spectateurs que dans les échanges très intéressants. »

     

    Ruxandra Ghițescu a écrit le scénario du film « Clara », Lulu de Hillerin en est le directeur de la photographie, les décors sont signés par Anca Miron Sonia Constantinescu, Mircea Lăcătuș a assuré le montage, tandis que la musique a été composée par Eduard Dabrowski. Les principaux personnages sont interprétés par Olga Török (Clara), Ovidiu Crișan (Nicolae), Luca Puia (Ionuț) Elina Leitl (Johanna). (Trad. Ileana Ţăroi)

     

     

     

     

  • Deux festivals prestigieux cette automne en Roumanie

    Deux festivals prestigieux cette automne en Roumanie

    Le Festival national de théâtre

    Le théâtre et le film documentaire dominent actuellement l’actualité culturelle roumaine. Le Festival national de théâtre (FNT), événement culturel qui en est à sa 34e édition, se poursuit à Bucarest sur le thème des « Dramaturgies du possible ». Jusqu’au 28 octobre, les amateurs de théâtre peuvent assister à des spectacles sélectionnés pour le festival. La sélection officielle comprend plus de 30 spectacles de Bucarest et du reste du pays, dont « Anthologie de la disparition », écrit et mis en scène par Radu Afrim, « Twelfth Night » de William Shakespeare, mis en scène par Andrei Șerban ou encore « Hedda Gabler » d’Henrik Ibsen, mis en scène par Thomas Ostermeier. L’édition de cette année comprend également des spectacles invités de l’étranger – Allemagne, Irlande, Pologne et Belgique. L’événement est produit par UNITER – l’Union du théâtre roumain. Le FNT est un projet culturel financé par le ministère de la Culture.

    Le festival international Astra du film documentaire

    Le festival international Astra du film documentaire a quant à lui débuté ce dimanche à Sibiu, dans le centre du pays. Plus de 100 documentaires seront projetés tout au long de la semaine, jusqu’au 27 octobre. Les projections ont lieu dans plusieurs lieux de la ville – cinémas, théâtres et dans le New Cinema Dome, un espace situé sur la place principale de Sibiu, qui offre aux spectateurs une expérience spéciale en utilisant des technologies modernes, leur permettant de faire partie intégrante du monde artistique qu’ils sont invités à observer. Les prix du festival seront décernés par des jurys composés de prestigieux professionnels du cinéma documentaire dans quatre catégories : « Europe centrale et orientale », « Roumanie », « Voix émergentes du cinéma documentaire » et « Compétition étudiante ». Cette année encore, le festival offre aux jeunes cinéastes européens des opportunités uniques. Huit projets de réalisateurs et de producteurs européens bénéficieront de séances de mentorat avec des professionnels reconnus de l’industrie cinématographique. Les étudiants bénéficieront également d’un programme spécial, le DocStudent Hub, où ils participeront à des ateliers, des masterclasses et des activités pratiques sur l’art, la production et la distribution de film documentaire. Des étudiants et professeurs des prestigieuses universités de Prague, Zagreb, Vilnius, Bratislava, Zlin, Cluj-Napoca et Bucarest y participeront – ont annoncé les organisateurs. Le festival international du film documentaire Astra de Sibiu, inauguré en 1993 en tant que projet novateur, est l’un des plus importants festivals de documentaires d’Europe. Il a été inclus par l’Académie européenne du cinéma dans la liste des festivals pouvant faire l’objet de nominations directes pour les prix du cinéma européen.

  • Niko Becker, Jeune espoir de Gopo

    Niko Becker, Jeune espoir de Gopo

    L’acteur Niko Becker s’est vu attribuer, cette année, le Prix Gopo du meilleur espoir du cinéma roumain pour le rôle « Dumitru » dans le film « Spre nord / Vers le Nord », réalisé par Mihai Mincan. La carrière de Niko Becker a débuté sur la scène du Théâtre allemand d’Etat de Timișoara, après avoir déjà participé à l’âge de seulement 15 ans à la production « Un pas în urma serafimilor/Un pas derrière les séraphins » de Daniel Sandu. En 2021, le metteur en scène Eugen Jebeleanu lui a confié le rôle Treplev dans sa version de la Mouette de Tchékhov, au Théâtre national I.L. Caragiale de Bucarest. Le jeune acteur a également collaboré avec Carmen Lidia Vidu, qui a mis en scène la pièce « Sentimentul fragil al speranței/Le fragile sentiment d’espoir », dans laquelle Niko Becker a interprété un jeune homme schizophrène, qui se bat contre la maladie et la stigmatisation sociale. En 2023, Becker rejoint la troupe du Théâtre Odeon de Bucarest, où il fait ses débuts dans la pièce « O casă deschisă/Une maison ouverte », mis en scène par Teodora Petre. « Spre nord », premier long-métrage de Mihai Mincan réalisé grâce à une coproduction européenne réunissant cinq pays, raconte l’histoire de Joël, un marin philippin très croyant, qui travaille sur un bateau transatlantique à bord duquel il découvre Dumitru, passager clandestin caché parmi les conteneurs. Joël se retrouve ainsi dans une situation – limite, qui l’oblige à réévaluer ses liens avec ses amis et sa foi. Selon le réalisateur Mihai Mincan, « Spre Nord » est « un film qui parle de la peur, de la confiance, de la capacité à mettre sa vie entre les mains d’un inconnu, de notre relation avec Dieu ».

     

    Le métier d’acteur, une passion                                    

    Dans une interview à RRI, Niko Becker s’est penché sur sa passion pour le métier d’acteur, en s’appuyant sur le rôle qu’il a endossé dans le thriller psychologique « Spre Nord », gagnant du prix Bisato D’Oro de la section Horizons, au Festival du film de Venise, et présent dans les sélections des festivals internationaux importants.

     

    « J’ai eu une très bonne relation avec toute l’équipe, pas seulement avec les acteurs. C’est aussi mon début dans un rôle principal et donc j’avais plein d’incertitudes, de doutes. Mais en même temps, je visais très haut et mon expérience théâtrale m’aidait, certes, beaucoup, sauf que le film et le théâtre sont des arts différents et ne se rejoignent pas entièrement. La différence très concrète réside dans la matérialisation finale, puisque le film reste enregistré sur pellicule. Or, ça met de la pression sur l’acteur, car son travail, son jeu, est enregistré, alors qu’au théâtre il existe toujours la possibilité de dépasser une mauvaise soirée, un mauvais spectacle, et de recréer le rôle. Le théâtre a lui aussi des risques, bien-sûr, parce que nous pouvons tous traverser des moments moins fastes. Moi, par exemple, je suis rarement content de ce que j’ai fait à la fin d’un spectacle ; le plus souvent, j’ai l’impression d’avoir pu faire mieux, avoir un jeu plus en nuances. Je pense que c’est normal de vouloir faire mieux, car si nous nous contentons de ce que nous avons-nous finissons par ne plus progresser du tout. Pour revenir au film, si je sais que la scène que je suis en train de jouer – après plusieurs prises – est enregistrée, je réussis à mieux utiliser mon intuition et mes autres qualités. Je trouve que je peux donner davantage de moi-même sous la pression du moment. »

    Niko Becker a aussi raconté son travail sur le rôle interprété dans le film « Spre Nord » du réalisateur Mihai Mincan.

     

    Un scénario inspirant et à couper le souffle

    « Quand j’ai préparé le rôle, je me suis concentré sur les éléments séparés qui composaient l’état d’esprit du personnage. J’ai pensé à tout ce que Dumitru éprouve, la faim, la soif, le froid, la peur qui le réveille quand il entend un bruit fort. J’ai essayé d’exprimer tout ça à l’aide de mon corps et des techniques utilisées par l’acteur Mihail Cehov. J’ai beaucoup travaillé aussi sur la psychologie du personnage. Le scénario m’a évidemment beaucoup aidé aussi, tout commence avec le scénario, car pour moi il est essentiel de bien comprendre le texte, l’action, les situations, les buts des personnages, le conflit qui les oppose et le conflit avec eux-mêmes. Je crois qu’on arrive ainsi à connaître le mieux en profondeur son propre personnage, sur la base du conflit de l’histoire et le conflit de chaque séquence. Après, je vais compléter mon personnage en utilisant mon imagination et ma propre expérience. »

    L’un des rôles les plus récents interprétés par Nico Becker est celui du journaliste Krzysztof Zieliński, de la pièce « Neliniște/Inquiétude », d’Ivan Vîrîpaev, mise en scène par Bobi Pricop. Ce spectacle, dans lequel joue aussi l’extraordinaire comédienne Dorina Lazăr, parle avant tout  « de la relation entre l’art et la vie, entre la création et son créateur, entre l’amour, Dieu et toutes les choses auxquelles nous essayons de donner un sens justement par la foi, l’art ou l’amour. Tout comme la vie, le théâtre éveille de l’inquiétude; chacun de nous est un paquet d’inquiétudes que l’art sous toutes ses formes essaie et peut-être aide à calmer », a déclaré le metteur en scène Bobi Pricop. (Trad. Ileana  Ţăroi)

     

  • 09.09.2024 (mise à jour)

    09.09.2024 (mise à jour)

    Ecoles – Les écoles doivent offrir un environnement sur aux élèves, aux enseignants et au personnel auxiliaire de l’Enseignement national a déclaré lundi, le président Klaus Iohannis, invité à la cérémonie organisée dans un collège de Bucarest à l’occasion de la nouvelle rentrée des classes. Présent à l’événement, aux côtés de la ministre de l’Education nationale, Ligia Deca, le chef de l’Etat a souligné qu’un des objectifs prioritaires du projet « la Roumanie éduquée », transposée dans les lois de l’Education de 2023, a été la création d’un milieu scolaire et universitaire non seulement propices à l’éducation, mais aussi sécurisant. Ce lundi, la Roumanie a marqué la rentrée des classes pour quelque trois millions d’élèves roumains. Selon les données fournies par le ministère de l’Education nationale, en ce moment, sur les 6000 écoles et lycées de Roumanie, au moins 800 sont concernées par des travaux de réparation ce qui les a obligées de relocaliser leurs heures de classes.

     

    Police – Les forces de l’ordre ont été présentes ce lundi dans chaque établissement scolaire à l’occasion de la rentrée des classes afin de maintenir un climat d’ordre et de sécurité publique – a annoncé la porte parole du ministère de l’Intérieur, Monica Dajbog. Elle a précisé que pas moins de 25 000 cadres du ministère avaient été mobilisés au niveau national ce lundi avec quelque 8 000 policiers et gendarmes présents dans les écoles. Les agents de la police routière ont renforcé leur présence autour des écoles et des lycées en raison d’une intensification du trafic routier. Aux dires de Monica Dajbog, les actions de prévention et de lutte contre le trafic et la consommation de drogue parmi les jeunes demeurent prioritaires pour les autorités.

     

    Exercices – Les soldats roumains et alliés participent du 9 au 13 septembre à des exercices communs près de la ville de Sfantu Gheorghe, dans le département de Covasna. Les manœuvres ont le but d’instruire les soldats pour lutter sur un terrain boisé, en montagne. Plusieurs exercices se sont déroulés depuis l’année dernière dans cette région, avec la participation des troupes terrestres et aériennes des forces du Ministère roumain de la Défense et des structures similaires des pays membres de l’OTAN.

     

    Film – Le film roumain « Le Nouvel An qui n’est jamais venu » réalisé, écrit et produit par Bogdan Mureşanu, a été primé au Festival international du film de Venise. Le prix du jury de la Fédération internationale des critiques de cinéma et le prix du meilleur film de la catégorie Orizzonti, ne sont que deux des prix que le film roumain a remportés à la Mostra de Venise. Boróka Biró, la directrice de photographie, a été récompensée d’une mention spéciale. C’est le premier long-métrage réalisé par Bogdan Mureşanu, et l’action du film se déroule en un seul jour, avant la Révolution anticommuniste roumaine de décembre 1989.

     

    Tennis – La joueuse roumaine de tennis, Irina Begu a remporté le tournoi WTA 125 à Montreux (en Suisse), après avoir battu en finale la croate Petra Marcinko, 1-6, 6-3, 6-0. Irina Begu (34 ans, 130e WTA) s’est imposée à l’issue d’une heure et 33 minutes de match. Pour Begu c’est le troisième titre WTA 125 de sa carrière, après ceux d’Indian Wells (2020) et Bucarest (2022). Begu a remporté 5 titres WTA dans la compétition de simple et joué quatre finales, ayant 9 titres WTA au double, hormis 7 autres finales.

     

    Météo – Le temps se refroidit dans les 24 prochaines heures, à l’exception du sud et de l’est où les températures continueront à dépasser les moyennes pluriannuelles. Le ciel demeure couvert et des pluies tomberont sur les sommets des Carpates et sur l’ouest du territoire. Par endroits, les pluies seront torrentielles, avec des quantités d’eau cumulées de 30 à 40 litres par mètre carré. Le vent soufflera légèrement sur le pays. Mardi, nous aurons entre 20 et 29 degrés.

  • “Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde”, Queer Palm 2024

    “Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde”, Queer Palm 2024

    Un prix pour la thématique LGBTQ

     

    Créé en 2010, ce prix est attribué à un long-métrage qui aborde des personnages ou une thématique LGBTQ, une production mémorable qui reflète la diversité. Le prix a été remis au réalisateur Emanuel Pârvu par le cinéaste Lukas Dhont, qui a cité la motivation du jury: « Une rupture dure et précieuse d’un système de violence. Sa perspective révèle lentement le monde patriarcal dans lequel nos personnages ont grandi, où l’espace pour exister pleinement est rendu impossible par des structures d’idées profondément enracinées. Dans ce film fascinant, les gens semblent retenus par des ficelles qui les maintiennent à l’écart de la lumière, jusqu’à ce que certains d’entre eux commencent à se libérer ».

     

    Emanuel Pârvu : “un cercle qui se referme”

     

    Sur le tapis rouge, le réalisateur Emanuel Pârvu était accompagné par les acteurs Bogdan Dumitrache, Valeriu Andriuță, Ciprian Chiujdea et Ingrid Micu-Berescu. La première roumaine du film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » aura lieu au TIFF le Festival international du film Transilvania (du 14 au 24 juin, à Cluj-Napoca). Cette production conclut la trilogie ouverte par le premier long-métrage d’Emanuel Pârvu « Meda sau Partea nu prea fericita a lucrurilor / Meda ou La partie moins heureuse des choses » (prix du meilleur réalisateur et prix de la meilleure interprétation masculine pour l’acteur Șerban Pavlu, au Festival du film de Sarajevo en 2018), et continuée par « Marocco » (sélection officielle du Festival de San Sebastian 2021). Emanuel Pârvu précise au micro de RRI : « Et pourtant, je ne pourrais pas dire que c’est la conclusion définitive, que je ne toucherai plus à ce sujet. Pour moi, c’est un cercle qui se referme par ce débat, mais la discussion que je lance peut continuer indéfiniment. L’amour qui unit les enfants et les parents, le type d’amour le plus fort à mon avis, reste un territoire à explorer sans limites. Mais j’ai du mal à voir si un futur travail sur ce thème s’accorderait avec les films que j’ai déjà réalisés. Je peux vous dire que j’ai pris ces sujets à bras le corps, je les ai aimés. Il est évident que je resterai attaché à cette zone, aux liens entre les gens, que mes films continueront à aborder, mais en cherchant des modalités différentes. Le lien parent-enfant n’a jamais été un sujet facile, bien le contraire ; il m’a beaucoup travaillé, m’a empêché de dormir, a tourmenté ma vie intérieure. D’où le besoin de prendre une pause. Je crois que ces périodes ont un sens, nous ne pouvons pas consommer sans arrêt. »

     

    Emanuel Pârvu a mis en scène de nombreuses pièces de théâtre avant de se lancer dans la réalisation de film.

     

    Pour sa première mise en scène il a été nommé aux Prix UNITER de l’Union théâtrale de Roumanie. Il est aussi un acteur plein de talent, se faisant remarquer dans des productions cinématographiques telles que « Baccalauréat » (de Cristian Mungiu), « Portretul luptătorului la tinerețe / Portrait de jeunesse du combattant » (de Constantin Popescu), « Aniversarea / L’Anniversaire » (de Dan Chișu), « Miracolul / Le Miracle » (de Bogdan Apetri), « Familiar / Familier » (de Călin Peter Netzer). Sa thèse de doctorat est consacrée aux structures dramaturgiques et cela fait plusieurs années qu’Emanuel Pârvu enseigne à la Faculté des Arts de l’Université Ovidius de Constanța (sud-est).

     

    Emanuel Pârvu : « Je ne mène jamais deux projets en même temps. Je ne peux pas me concentrer sur un rôle et réaliser simultanément un projet de mise en scène. Certains de mes collègues peuvent maîtriser ça, mais pas moi. J’aime me concentrer sur une seule chose à la fois et m’investir complètement dans un projet. J’aime aussi beaucoup mon activité enseignante. Avec l’acteur Adrian Titieni et Daniela Vitcu, doyenne de la Faculté des arts de l’Université Ovidius de Constanța, on a créé le premier et jusqu’à présent le seul master d’art de l’acteur de cinéma qui existe en Roumanie. Le fait qu’il soit créé dans une université d’Etat me semble très important, je tiens beaucoup à cœur tout ce qu’il se passe ainsi que les rencontres avec les étudiants. Peut-être aussi parce que j’ai un enfant de quatorze ans, je m’intéresse beaucoup aux générations qui nous suivent. Nous ne devrions pas oublier que ces vingt dernières années seuls le sport et le cinéma de Roumanie ont eu du succès international. Simona Halep, Cristina Neagu, David Popovici et les réalisateurs de film ont rencontré le succès international au plus haut niveau. C’est la raison pour laquelle je me propose même d’investir dans mon activité didactique, parce que l’avenir du pays me tient à cœur. Je m’intéresse beaucoup à l’évolution des jeunes, je voudrais que ne soyons pas vus comme des citoyens de seconde zone, bons uniquement pour cueillir des fraises ou des asperges. Personnellement, je suis très fier d’être roumain et l’avenir du pays et de son système d’éducation m’intéresse. Je crois que les gens sont capables de construire beaucoup de bien, je crois que c’est le moyen de nous développer en tant que société. »

     

    Le film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » est produit par l’Association FAMArt, sur un scénario d’Emanuel Pârvu et Miruna Berescu, avec la photographie de Silviu Stavilă, le montage de Mircea Olteanu, le décor et les costumes de Bogdan Ionescu. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Nouveaux rôles au cinéma pour Bogdan Dumitrache

    Nouveaux rôles au cinéma pour Bogdan Dumitrache

    Bogdan Dumitrache, un des acteurs les plus talentueux et les plus primés de la nouvelle vague du cinéma roumain, est le protagoniste de deux films récents: « Băieții buni ajung în Rai / Les bons garçons vont au Paradis » (du réalisateur Radu Potcoavă) et « Trei kilometri până la capătul lumii / Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » (réalisé par Emanuel Pârvu), la production gagnante de la Palme Queer à Cannes, cette année. Depuis sa création en 2010, la Palme Queer du Festival de Cannes a récompensé des films mémorables, qui reflètent la diversité et l’importance des thèmes abordés. Le prix a été remis au réalisateur Emanuel Pârvu par le cinéaste Lukas Dhont, qui a cité la motivation du jury: « Une rupture dure et précieuse d’un système de violence. Sa perspective révèle lentement le monde patriarcal dans lequel nos personnages ont grandi, où l’espace pour exister pleinement est rendu impossible par des structures d’idées profondément enracinées. Dans ce film fascinant, les gens semblent retenus par des ficelles qui les maintiennent à l’écart de la lumière, jusqu’à ce que certains d’entre eux commencent à se libérer ». Sur le tapis rouge, le réalisateur Emanuel Pârvu a été accompagné par les acteurs Bogdan Dumitrache, Valeriu Andriuță, Ciprian Chiujdea et Ingrid Micu-Berescu. La première roumaine du film « Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde » aura lieu au Festival international du film Transilvania TIFF (du 14 au 24 juin, à Cluj-Napoca), « Les bons garçons vont au Paradis » a déjà rencontré le public roumain. Dans cette comédie romantique, Bogdan Dumitrache joue le rôle d’un homme qui meurt et va au Paradis, où, sur une plage déserte, il rencontre Laura, la fille dont il était amoureux au lycée. C’est grâce à ces deux récents films que RRI a réussi à interviewer Bogdan Dumitrache sur sa carrière au cinéma, sur le choix des rôles et sur l’influence que la nouvelle vague de la cinématographie roumaine a eu sur lui.

    «  « Les bons garçons vont au Paradis » est un film qui interroge le public d’une manière accessible, mais non sans profondeur. C’est en même temps un film qui essaie de ramener le public dans les salles obscures en l’invitant à une escapade d’une réalité que nous n’aimons pas tout le temps. Je dirais que ce film emploie une recette américaine qu’il tente d’adapter à un environnement roumain. Radu Potcoavă est un artiste, et son film est une tentative honnête d’utiliser le langage cinématographique pour traiter agréablement une question incommode et déplaisante comme la mort. Concernant le choix des scénarios, la première lecture est essentielle pour moi, car c’est là que je regarde l’histoire à travers mon propre philtre. C’est là que je me rends compte des éventuels problèmes, si le personnage est cohérent, si ses actions sont normales, naturelles. Ça c’est mon premier philtre. Quand j’ai lu le scénario des Bons garçons qui vont au Paradis, écrit par Radu Potcoavă, j’ai justement aimé la logique du personnage, tellement vivant et humain. Il refuse d’accepter sa mort et ne peut pas croire non plus qu’il soit arrivé dans un autre monde, tellement similaire à celui qu’il vient de quitter. Même les erreurs et les petites mises au point, qui pourraient lui alléger la situation, se ressemblent.  Donc, à mon avis, « Les bons garçons vont au Paradis » est un beau pari de ramener le public dans les cinoches, et c’est un pari que j’ai accepté. Je crois que ce nouveau type de cinéma – le film grand public, comme nous l’appelons – a réussi à faire cela et c’est une très bonne chose. Les gens viennent voir des films roumains, une occasion aussi de passer du temps en famille et entre amis. J’espère que nous allons faire revivre cette habitude sociale d’aller au cinéma. »             

    Bogdan Dumitrache a gagné trois trophées Gopo, du cinéma roumain

    Bogdan Dumitrache a gagné trois trophées Gopo, du cinéma roumain: en 2011 pour le « Portrait de jeunesse du combattant » (de Constantin Popescu), en 2012  pour « Par amour avec les meilleures intentions » (d’Adrian Sitaru) et en 2019 pour « Pororoca » (de Constantin Popescu). Ce dernier film lui a fait gagner le Prix d’interprétation masculine au Festival du film de San Sebastian. Sur la trentaine de rôles joués, Bogdan Dumitrache pense que celui endossé dans la production « Portrait de jeunesse du combattant » a été essentiel. Il croit aussi que le fait de s’être formé en même temps que la nouvelle vague cinématographique roumaine a été une chance pour sa carrière.

    « Ce rôle me paraît essentiel, parce que d’habitude je me rapporte aux périodes où j’ai joué plutôt qu’aux rôles interprétés. Moi j’ai commencé à jouer dix ans après la fin de mes études et « Portrait de jeunesse » a été mon premier rôle important. Et même si c’était un rôle secondaire, j’ai réussi à créer un personnage vivant et authentique. Il m’a aussi apporté mon premier prix ainsi que d’autres rôles et opportunités de travailler, de me développer, de montrer aux autres ce que je sais faire. Quant à la nouvelle vague du cinéma roumain, je considère que c’est une chance pour moi d’évoluer simultanément avec ce mouvement, de faire du cinéma au moment du lancement de la production de Cristi Puiu « Le Matos et la thune ». J’ai été très content que mon ami, l’acteur Dragoș Bucur, ait joué dans ce film, qu’il ait été impliqué dans ce nouveau mouvement, qui a voulu faire changer des choses et qui a même réussi à le faire. J’en suis plein d’enthousiasme et de reconnaissance. »

    Bogdan Dumitrache fait également partie des fondateurs du théâtre indépendant Apollo 111 et il a joué dans les productions HBO « À la dérive/ În derivă » (2010) et « Ruxx » (2022). (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « Familiar » – le nouveau film de Călin Peter Netzer

    « Familiar » – le nouveau film de Călin Peter Netzer

    03« Familiar », le plus récent long-métrage du réalisateur Călin Peter Netzer, est sorti en salles en Roumanie à la fin du mois de janvier. Sélectionné à la 27ème édition du Festival international du film Black Nights de Tallinn, « Familiar » raconte l’histoire d’un réalisateur de cinéma qui fait de sa propre famille l’objet de son investigation artistique et qui force ainsi l’accès à l’instant de la plus grande fragilité de l’existence de celle-ci: l’émigration en Allemagne dans les années 1980, réalisée dans des circonstances suspectes, qui dévoile d’anciens secrets de famille et vieilles blessures, des liens avec la Securitate.« Le film est construit avec la minutie d’une investigation policière, le spectateur étant invité à être lui-même le détective », a déclaré Călin Peter Netzer.

     

    Le scénario est le résultat du travail commun du réalisateur et de Iulia Lumânare.

     

    Barbu Bălăşoiu et Andrei Butică ont assumé la responsabilité de l’image tandis que la distribution rassemble les acteurs Emanuel Pârvu, Iulia Lumânare, Ana Ciontea, Adrian Titieni, Victoria Moraru et Vlad Ivanov. Iulia Lumânare, gagnante du Prix Gopo de la meilleure interprétation en 2019, est fortement impliquée dans la réalisation du film « Familiar », qui est le résultat de sa relation renouée avec Călin Peter Netzer. Elle y est co-scénariste, actrice, directrice du casting et acting coach. Iulia Lumânare explique son implication dans la réalisation du long-métrage et les raisons de la reprise de sa collaboration avec le réalisateur Călin Peter Netzer: « Le film est inspiré par le processus que moi-même et Călin Peter Netzer avons parcouru et vécu, et sur lequel nous nous sommes appuyés quand nous avons commencé à écrire le scénario. Car, initialement, le film racontait l’émigration de sa famille en Allemagne à l’époque communiste, dans les années 80. Au bout de trois mois d’examen de l’histoire sur toutes les coutures, nous avons mieux compris ce que nous cherchions. Nous avons donc décidé que l’histoire allait commencer avec le moment vécu en 2019, c’est-à-dire notre réflexion sur le film. Tout ce que nous voulions dire avait comme point de départ ce présent-là. A propos de la raison de cette collaboration avec Călin Peter Netzer, je dirais que son film antérieur, « Ana, mon amour », reste une expérience essentielle dans ma carrière, car, en plus d’être actrice et professeure, je suis aussi scénariste. Je savais, j’avais cette intuition que je pouvais écrire, mais Călin Peter Netzer a été celui qui m’a fait confiance et je lui en serai éternellement reconnaissante. Et nous voilà maintenant à notre deuxième collaboration, car la première a vraiment été très spéciale, libre de tous les orgueils ou conflits qui peuvent surgir pendant les collaborations des artistes. Lui et moi sommes tous les deux passionnés par la vérité jusqu’au point où nous pouvons nous faire du mal à nous-mêmes. Or, c’est de ça que parle le film « Familiar », il parle de la vérité, des choses que nous ne supportons pas de voir chez nous, ces choses que nous aimerions voir ignorées de tous. C’est pour ça d’ailleurs que le film parle aussi, d’une certaine façon, de nous, bien qu’il y ait, certes, beaucoup de fiction. »

     

    L’ours d’or à Berlin pour Călin Peter Netzer

     

    « La position de l’enfant/Poziția copilului » (2013), le troisième long-métrage de Călin Peter Netzer après les moult fois récompensés « Maria » et « Médaille d’honneur/Medalia de onoare », a remporté l’Ours d’or au Festival du film de Berlin, étant la première production roumaine à avoir jamais reçu cette récompense. En 2017, Călin Peter Netzer est revenu à la Berlinale, dans la Sélection officielle, avec « Ana, mon amour » et il s’est vu attribuer l’Ours d’argent pour la contribution artistique remarquable. Ses films aussi ont été bien reçus par le public, les chiffres du box-office national le prouvant largement.

     

    Trois long-métrages réliés

     

    Co-auteure des scénarios des productions « Ana, mon amour » et « Familiar », Iulia Lumânare s’est attardée sur le lien qui unit les trois derniers longs-métrages du réalisateur Călin Peter Netzer: « « Familiar » peut être regardé, avec« Ana, mon amour » et « La position de l’enfant », dans quelque chose qui pourrait être une trilogie. Les trois productions décrivent un univers que Călin Peter Netzer connaît très bien et qu’il a rendu avec beaucoup de réalisme. Ces films parlent d’identité, de ce que préoccupe notre être. Tous leurs personnages, quelle que soit l’histoire racontée, sont en quête d’identité. Et ces quêtes, qui durent parfois toute la vie, ajoutent une dimension universelle à ces histoires, aussi spécifiques soient-elles. Dans le film « Familiar », un réalisateur veut faire un film et pour cela il explore le passé familial, afin de reconstruire les liens entre les membres de sa famille, mais il constate que c’est un but impossible à atteindre. La difficulté vient du fait que personne ne choisit sa famille, il faut faire avec ce que l’on a. Or, le personnage principal de « Familiar » se bat contre sa famille, contre ses parents chez lesquels il essaie de provoquer une prise de conscience concernant des choses qu’ils ne peuvent ni comprendre ni accepter. »

     

     

    Le film « Familiar » est produit par Călin Peter Netzer et Oana Iancu, pour la maison de production « Parada Film ». Le long-métrage est coproduit par « Cinéma Defacto » et « Gaïjin », les deux de France, et « Volos Films » de Taiwan. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

     

     

  • La semaine du 6 au 12 mai 2024

    La semaine du 6 au 12 mai 2024

    La Semaine Lumineuse touche à la fin

     

    C’est la fin de la Semaine Lumineuse, qui suit la fête de Pâques, célébrée le 5 mai par les Chrétiens orthodoxes, majoritaires et grecs-catholiques de Roumanie. Ce furent deux semaines de grande ferveur religieuse pour les fidèles qui ont entamé une période spéciale, qui s’achèvera le 23 juin par la Petecôte.

     

    Agitation politique accrue dans le mois à venir

     

    Le calme des fêtes pascales a rapidement été remplacé, le 10 mai par le lancement officiel de la campagne électorale pour les élections au Parlement européen et locales, prévues, les deux, le 9 juin prochain. D’ailleurs c’est une première de ces trois décennies et demie de démocratie post-communiste en Roumanie que les Roumains doivent élire le même jour tant les 33 eurodéputés que les maires des quelque 3 200 communes et villes, les présidents des Conseils départementaux, les conseillers locaux et départementaux. Un mois durant, jusqu’à la veille du scrutin, les candidats pourront faire leur campagne électorale partout : à la télé, à la radio, mais aussi dans des endroits publics, dont certains plutôt inédits : marchés, stades et même arrêts de bus. Le Bureau Electoral Central recommande fermement aux candidats de respecter les règles générales de la campagne, d’avoir un discours équilibré, honnête et constructif et d’éviter de dénaturer ou de manipuler les informations. Les électeurs méritent bien d’avoir accès à des informations objectives, réelles et correctes, afin de se faire une opinion et de décider pleinement informés, affirme encore le Bureau électoral central. A l’étranger, c’est pour la première fois plus de 900 bureaux de vote que seront organisés pour le scrutin européen. Afin d’élire leurs futurs députés européens, les Roumains peuvent se rendre à n’importe quel bureau de vote de Roumanie et de l’étranger. Pourtant, pour l’élection locale, les Roumains peuvent exercer leur droit de vote uniquement dans les circonscriptions de leur domicile. A Bucarest, neuf candidats aspirent au fauteuil de maire général de la capitale, une fonction qui attire d’habitude le plus grand nombre de voix, après celle de président de la Roumanie.

     

    L’Union européenne sous la loupe des Roumains

     

    Pour presque la moitié des Roumains, l’adhésion du pays à l’UE en 2007 a eu plutôt des avantages, soit un taux à la hausse par rapport aux baromètres d’il y a dix ans. Un sondage de l’institut INSCOP constate que plus de 60 % des personnes qui partagent cet avis sont des jeunes et environ 73 % ont fait des études universitaires. Selon la même étude, plus de la moitié des personnes qui pensent que l’intégration européenne a été bénéfique au pays vivent à Bucarest, le moteur économique national. 42% des personnes interviewées affirment que les futurs eurodéputés devraient œuvrer en priorité pour que les Roumains aient les mêmes droits que les autres citoyens européens, dont le droit à la liberté de circulation à l’intérieur de l’Union, conférée par l’adhésion complète à l’espace Schengen, y compris avec les frontières terrestres.

     

    Festival du Film Européen

     

    La 28e édition du Festival du film européen (FFE) a commencé ce jeudi, le 9 mai, à Bucarest, à l’occasion de la Journée de l’Europe et s’achèvera à Chişinău, en République de Moldova voisine, le 8 juin prochain, soit le weekend des élections européennes. Selon l’Institut culturel roumain, cette année, le Festival propose un programme riche avec à l’affiche plus de 40 longs-métrages, dont 34 diffusés en première en Roumanie et deux sélections de courts-métrages.

     

    Visite à la Maison Blanche

     

    La situation en Ukraine, envahie par les troupes russes a dominé mardi la réunion à la Maison Blanche entre le président américain Joe Biden et roumain, Klaus Iohannis. Les deux hommes ont réitéré l’appui immuable pour Kiev. La Roumanie pourrait céder à l’Ukraine un de ses systèmes de défense antiaérienne Patriot, selon les déclarations faites par le président Iohannis à l’issue de la rencontre avec son homologue américain.

    Par ailleurs, le lendemain de sa rencontre avec le leader de la Maison Blanche, également à Washington, le responsable roumain a reçu une distinction de la part du Conseil atlantique des Etats-Unis en reconnaissance de sa carrière et de son rôle de leader transatlantique et européen. Fondé en 1961, le Conseil atlantique des Etats-Unis est une prestigieuse organisation américaine, qui mène une riche activité dans le domaine des affaires internationales. A noter aussi que M Iohannis achève en 2024 son second mandat de cinq ans à la tête de l’Etat roumain et brigue un mandat de Secrétaire général de l’OTAN.

     

    Victoire pour le handball roumain

     

    La sélection nationale masculine de handball de Roumanie a battu la République Tchèque 31 à 30, mercredi, à Baia Mare, dans le nord du pays, dans le match-aller du barrage pour le Championnat du monde 2025. Le match décisif est prévu pour le dimanche 12 mai à Brno. Jusqu’ici, la Roumanie a participé à 14 éditions de la Coupe du monde de handball et dans les années 1960 – 1970 elle a même remporté quatre trophées. L’année prochaine, le tournoi final de la compétition aura lieu du 14 janvier au 2 février en Croatie, au Danemark et en Norvège.

  • « Horia » – premier long-métrage d’Ana-Maria Comănescu

    « Horia » – premier long-métrage d’Ana-Maria Comănescu

    « Horia », premier long-métrage de la réalisatrice roumaine Ana-Maria Comănescu

    « Horia », premier long-métrage de la réalisatrice roumaine Ana-Maria Comănescu, est récemment sorti dans les salles de cinéma de Roumanie. « Horia » a été projeté en première mondiale au Festival du film Black Nights de Tallinn, en Estonie, en novembre 2023. Le public roumain a pu le voir en avant-première nationale lors du festival Les Films de Cannes à Bucarest, où il a été présenté dans la section Les Avant-premières de l’automne, remportant le Prix du public.

    Ce road-movie et un coming of age (donc un film sur l’errance et le passage à l’âge adulte), sur un scénario également écrit par Ana-Maria Comănescu, raconte l’histoire de Horia, un adolescent de 18 ans qui vit dans un village roumain et qui est amoureux d’une jeune fille habitant à l’autre bout du pays. Une querelle de trop avec son père pousse Horia à se rebeller et à quitter la maison familiale sur un coup de tête et… sur la vieille mobylette de son père. Sur son chemin, il fait la rencontre d’une gosse très intelligente, Stela, qui l’accompagnera dans son voyage et aux côtés de laquelle il surmontera plusieurs obstacles.

     

    Avant « Horia », Ana-Maria Comănescu avait réalisé trois courts-métrages

    Avant « Horia », Ana-Maria Comănescu avait réalisé trois courts-métrages (In the House, Te mai uiți și la om/On regarde aussi la tête de la personne et Pipa, le sexe et l’omelette), qui ont été récompensés de prix et de sélections à des festivals étudiants et internationaux ainsi que de deux nominations aux Prix Gopo du cinéma roumain. Avec chacune de ces productions, la réalisatrice a voulu sortir de sa zone de confort et assumer des risques. C’est ce qu’elle a fait avec « Horia » aussi, en choisissant deux acteurs débutants, Vladimir Țeca et Angelina Pavel, pour endosser les principaux rôles et traverser le pays sur une moto Mobra, fabriquée en Roumanie dans les années 1970.

    Ana-Maria Comănescu explique: « J’avais réalisé un road-movie quand j’étais à la fac, mais là les personnages roulaient en voiture, pas à moto, ce qui a été techniquement plus facile. J’aime beaucoup ce genre de production, toujours en mouvement et en déplacement d’un endroit à un autre. En effet, c’est compliqué, mais aussi mémorable et ça laisse un souvenir en même temps fou et agréable. J’ai toujours voulu débuter avec un road-movie, qui est un de mes genres cinématographiques préférés. C’est un plaisir de jouer avec un genre qui existe déjà, car on peut l’épicer avec des tas d’éléments venus de genres divers. Je suis donc partie de cette idée et puis j’ai pensé à la transformation de Horia, le personnage principal, à travers son voyage. Puisqu’il fait évidemment   preuve de moins de maturité d’action au début qu’à la fin de son périple. Ce voyage, qui s’étend sur une semaine, l’aide à mûrir et c’est précisément cet aspect de l’histoire qui m’a semblé très intéressant à explorer: Horia sort pour la première fois de son petit village perdu de la Dobroudja, en pensant qu’il ne s’absentera pas au-delà d’une journée. Sauf que son voyage acquiert une dimension initiatique et s’avère être plus long et plus compliqué qu’il ne le pense. Et puis, chose très importante, une fois sorti de son village, Horia découvre le monde, or moi j’ai voulu que nous, les spectateurs, le découvrions avec lui et l’accompagnions dans ce voyage tellement important pour lui. Je l’ai déjà dit, le film fait aussi appel à la nostalgie et je crois que le personnage de Horia nous fait revivre avec lui ce passage de l’adolescence à l’âge adulte. Je suis sûre que la plupart d’entre nous ont fait quelques folies à l’adolescence, ont pris des risques quand ils étaient amoureux, en espérant un amour partagé. Il m’a semblé que nous sommes nombreux à nous identifier avec l’histoire de Horia. »

     

    Les deux acteurs principaux sont Vladimir Țeca et Angelina Pavel   

    Ana-Maria Comănescu, qui a écrit et réalisé le film « Horia », a raconté son choix des deux acteurs principaux – Vladimir Țeca et Angelina Pavel – ainsi que la construction de la relation qui se tisse entre leurs personnages.  « J’ai planché plusieurs années sur le scénario, à l’écrire et réécrire, ce qui m’a fait comprendre que la relation entre  Horia et Stela est en réalité le noyau du film. C’est sa relation avec  Stela qui aide Horia à changer et à aller jusqu’au bout de ce chemin initiatique. C’était donc important qu’il y ait des différences entre les deux, qui les rendent quelque peu complémentaires. Horia est introverti et anxieu, effrayé par le monde autour, tandis que Stela est tout son opposé, ouverte d’esprit et adaptable à toute situation. Et je crois que chacun d’eux peut apprendre des choses de l’autre. En plus, j’ai beaucoup voulu éviter de tomber dans un piège romantique, ce qui m’a fait choisir un écart d’âge important entre Horia et Stela. Il arrive souvent qu’une jeune fille de treize ans comme Stela soit bien plus mûre qu’un garçon de dix-huit ans comme Horia. »     

     

    Le tournage a eu lieu dans des décors naturels spectaculaires de Roumanie

    Liviu Cheloiu, Daniela Nane, Mihaela Velicu, Dragoș Olaru et Robert Onofrei font eux-aussi partie de la distribution du film « Horia ». Le tournage a eu lieu dans des décors naturels spectaculaires de Roumanie, des sites que le public aura l’occasion de découvrir sous une nouvelle lumière. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • 30.04.2024

    30.04.2024

    Elections – En Roumanie, ce mardi c’est le dernier jour d’inscription des candidats aux élections locales du 9 juin. Les Roumains élisent leurs maires, leurs conseillers locaux, municipaux et départementaux et les présidents de conseils départementaux. La campagne électorale devrait commencer le 10 mai. Rappelons-le, les élections pour le Parlement européen se déroulent en même temps que les élections locales.

     

    Bureaux de vote – Plus de 900 bureaux de vote seront ouverts à l’extérieur des frontières nationales aux élections pour le parlement européen a annoncé la ministre roumaine des AE Luminita Odobescu.  « Nous organisons, par le biais des missions diplomatiques et des offices consulaires de Roumanie à l’étranger 916 bureaux de vote, soit  presque le double par rapport aux 417 aménagés aux élections pour le Parlement européen en 2019 » a déclaré la cheffe de la diplomatie roumaine. Et à elle d’ajouter qu’il s’agira du plus grand nombre de bureaux de vote jamais aménagés à l’étranger, un chiffre supérieur au nombre maximum de bureaux de vote aménagés jusqu’ici, de 835, toujours en 2019 pour les élections présidentielles.

     

    Mini-vacances – Le ministère de l’Intérieur de Bucarest a introduit des mesures supplémentaires pour assurer l’ordre et la sécurité publiques à l’occasion des mini-vacances du 1er mai, date à laquelle commence traditionnellement la saison estivale et des Pâques orthodoxes, le 5 mai. Les forces de l’ordre agiront surtout sur les principales artères routières et à proximité des lieux de culte. Le trafic sera suivi aussi à l’aide d’hélicoptères. Des mesures visant à réduire les temps d’attente aux postes frontières ont également été adoptées et des missions de patrouille conjointes roumano-bulgares se déroulent constamment. Plus de 80 000 personnes sont attendues sur la côte roumaine de la mer Noire, où plusieurs concerts et un festival de musique électro sont prévus.

     

    TAROM – La Commission européenne a donné son aval ce lundi à l’aide d’Etat dont bénéficiera la compagnie aérienne nationale de Roumanie, Tarom. L’aide chiffrée à 95 millions d’euros sera accordée en échange de la restructuration de la société. Selon un communiqué de l’exécutif communautaire, les subventions permettront à la compagnie de rétablir sa viabilité à long terme. Après l’annonce de la Commission européenne, le premier ministre  Marcel Ciolacu a déclaré que Tarom pourrait redevenir durant les deux prochaines années un transporteur aérien « capable de soutenir son développement par ses propres performances économiques ». Il a dit avoir le devoir, en tant que premier ministre de soutenir « une compagnie nationale roumaine à tradition ».

     

    Gopo – Le film « Libertate » / « Liberté », réalisé par Tudor Giurgiu a remporté le trophée du meilleur long-métrage du Gala des prix Gopo qui s’est déroulé lundi soir à Bucarest. Le film repose sur une histoire réelle : à savoir un épisode de la Révolution anticommuniste roumaine de 1989, déroulé à Sibiu dans le centre de la Roumanie. Le film a également remporté le prix de la meilleure réalisation, Tudor Giurgiu, du meilleur acteur dans un rôle principal, Alex Calangiu, et du meilleur acteur dans un rôle secondaire, Iulian Postelnicu. Cecilia Stefanescu et Tudor Giurgiu ont remporté aussi le prix du meilleur scénario toujours avec « Libertate », tout comme Radu Jude, avec « N’attends pas trop la fin du monde ». Pour son rôle dans ce film, Ilinca Manolache a été récompensée du prix de la meilleure actrice dans un rôle principal. Le prix du meilleur documentaire a été décerné à la production « Între revoluţii »/ « Entre révolutions », réalisé par Vlad Petri. Enfin « Anatomie D’une Chute » par Justine Triet (France) a été déclaré meilleur film européen au Gala du film Gopo.

     

    Handball – Le club de handball masculin champion de Roumanie affronte aujourd’hui les danois de Skjern Handbold, dans le match retour des quarts de finale de l’EHF European League. Dinamo a remporté le match aller à domicile sur le score de 28-27. Le vainqueur des deux match se qualifie aux demi-finales de la Ligue européenne masculine de handball à Hambourg en Allemagne. Côté handball féminin, les championnes de CSM Bucarest se sont inclinées dimanche à domicile contre le club français de Metz Handball, sur le score de 27 à 24, dans le match aller des quarts de finale de la Ligue des Champions. Le match retour est prévu pour le 4 mai à Metz.

     

    Météo – Températures assez élevées sur la majorité des régions de Roumanie, avec des maximas allant de 16 à 26 degrés. Pourtant, l’instabilité est au rendez-vous, surtout sur le sud, où il pleut et le vent est assez présent. C’est aussi le cas dans la Capitale roumaine, Bucarest, où les maximas monteront jusqu’à 20 degrés. Pour l’instant il fait 14 degrés sous un ciel de plomb.

  • Film O’Clock International Festival

    Film O’Clock International Festival

    Pour la compétition de courts-métrages, l’équipe du festival avait choisi 10 productions des 8 pays mentionnés, certaines en étant déjà nommées et/ou récompensées à des festivals du film tels que ceux de Berlin, Sarajevo, Jihlava ou bien San Sebastian.

     

    Des prix accordés par le public et par le jury respectivement.

     

    Mirona Radu, directrice du Festival Film O’Clock, a expliqué le processus de sélection de cette quatrième édition: « Chaque année, nous avons essayé de consolider le festival en y ajoutant un nouveau pays. Nous avons commencé avec cinq pays et nous en sommes arrivés à huit. Et notre rêve est bien-sûr de nous attaquer aussi à d’autres fuseaux horaires, d’atteindre d’autres zones, car les gens sont d’abord et avant tout intéressés par le concept. Ce qui est spécial c’est que le même film est projeté en même temps dans des pays très différents et très éloignés les uns des autres. Des projections simultanées il y en a déjà eu en Europe, mais cette fois-ci nous avons ajouté ces deux films africains, ce qui nous a permis d’aller au-delà des frontières de notre continent. Cette année, la sélection a été difficile, parce que nous avons reçu un grand nombre de bons films … nous en avons regardé une bonne centaine. Ce qui est une bonne chose, qui montre un gain de visibilité pour nous, ainsi que la confiance faite par les gens à notre concept, à notre sélection. Cela nous a réjouis, évidemment, mais, comme je viens de le dire, le processus a été difficile. Nous avons été trois sélectionneurs et, parfois, nous avons eu des échanges assez vifs, peut-être aussi en raison de nos backgrounds différents. En plus de moi-même, il y a eu Andrew Mohsen d’Egypte et Zhana Kalinova de Bulgarie. De toute évidence, il ne nous a pas été facile de trouver une formule commune ni de réaliser une sélection satisfaisante pour toutes les catégories de public, surtout que notre public est assez particulier, car originaire de tant de pays. En même temps, le processus de sélection a été intéressant, vu qu’il a permis à chacun de nous d’apprendre quelque chose de nouveau. Nous ne privilégions pas un genre ou un autre, ce qui fait que notre programmation contient aussi bien des films de fiction que des films animés. Cette année, nous avons aussi accueilli un film documentaire. En plus, nous ne nous proposons pas de choisir un nombre précis de films. Nous aurions aimé choisir davantage de productions pour l’édition 2024, mais cela a été impossible à cause de la durée de 20, 25 et même 30 minutes de la plupart des films. »

     

    Trois des productions inscrites dans la compétition internationale venaient de Roumanie.

     

    Il s’agit de « Suruaika » de Vlad Ilicevici et Radu C. Pop, « When The MIGs Fly » de Philip Găicea et « Hypatia » d’Andrei Răuțu. Une autre production est arrivée de République de Moldova – « Bad News » de Liviu Rotaru.

     

    Le Festival international Film O’Clock a également inclus  deux conférences, a précisé Mirona Radu: « À chaque édition, nous ajoutons au programme du festival deux conférences dédiées plutôt aux professionnels de l’industrie cinématographique. Je dis ça parce que les invités sont d’habitude de tels professionnels et les thèmes débattus sont plutôt de niche. Mais le grand public peut évidemment y assister. Cette année, l’une des conférences s’est concentrée sur la relation entre le patrimoine et l’intelligence artificielle. Notre intention a été de mettre en relation le passé et le présent, avec un regard explorateur vers l’avenir. L’intelligence artificielle, un sujet très débattu d’ailleurs, peut s’avérer utile pour la sauvegarde du patrimoine. Je me réfère spécifiquement à la préservation des films d’archives ou des films parlés dans des langues moins connues. En Afrique du Sud, par exemple, où il existe 11 langues officielles, une compagnie a mis en œuvre un projet très intéressant, déroulé avec l’aide de l’IA. L’idée est de recourir à l’IA pour sauvegarder le film et la langue dans laquelle il est parlé, dans le contexte actuel, d’une mondialisation toujours plus forte. La seconde conférence a eu pour thème la santé mentale, sujet important et très débattu. En matière de santé mentale, il faut reconnaître que, si l’on ne réussit pas à se maintenir dans un cadre et dans des limites bien définis, l’industrie cinématographique est ou peut devenir un environnement toxique. »

     

    Chaque court-métrage projeté au Film O’Clock International Festival a offert une perspective unique sur la culture du pays d’origine ou bien il a essayé de faire voyager le spectateur dans un espace imaginaire, sans rapport avec un quelconque État réel. Les liens de famille, les changements sociétaux, le réalisme émouvant et l’imagination sans frontières, font partie des thèmes explorés dans les courts-métrages présentés cette année, a précisé Zhana Kalinova, critique de film et membre de l’équipe de sélectionneurs du Film O’Clock International Festival. (Trad. Ileana Ţăroi)