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  • Les enfants à besoins éducatifs particuliers

    Les enfants à besoins éducatifs particuliers

    Aujourd’hui nous parlons d’engagement personnel et
    collectif pour améliorer les choses à l’échelle de la communauté, lorsque cela
    est nécessaire. Si cela fonctionne, cela peut produire un effet boule de neige
    et prendre de l’ampleur.


    Diplômée en biochimie, Alina Dina-Tănasie a décidé de reprendre
    des études de psychologie. Aujourd’hui, elle travaille comme professeure pour
    les élèves à besoins éducatifs particuliers et préside l’association Autenticitate,
    Varietate, Acceptare (AVA) de Râmnicu Vâlcea, dans le sud de la Roumanie. Elle
    est aussi mère de deux enfants dont l’un est autiste. C’est ainsi qu’elle s’est
    penchée sur la question pour comprendre les besoins spécifiques de son fils et
    de l’aider au mieux. Qu’est-il advenu ensuite ? « C’est
    mon fils qui m’a donné envie de m’impliquer. Il m’a donné la motivation
    nécessaire, m’a poussée à en apprendre davantage, à trouver de nouvelles
    solutions pour lui venir en aide. Je voulais tellement l’aider ! Je n’arrivais
    pas à croire qu’une telle chose puisse m’arriver à moi. Je n’arrivais pas à
    accepter, j’étais dans le déni. Jusqu’au moment où j’ai pris conscience que c’était
    ma réalité, et que si je n’agissais pas pour mon enfant, en plus de sa
    thérapie, j’allais m’en mordre les doigts. Je me suis renseignée, j’ai beaucoup
    appris, j’ai beaucoup lu sur le sujet, j’ai appris comment travailler avec lui,
    j’ai été en contact avec ses thérapeutes à qui j’ai demandé la permission d’observer
    comment ils travaillaient avec mon fils. Ensuite j’ai commencé à comparer les
    informations et je suis progressivement revenue à mes premiers amours : la
    psychologie. J’ai été transportée par l’envie d’aider autrui lorsque j’ai
    constaté tout ce que je pouvais déjà faire pour mon propre enfant. Je me suis
    dit « je suis sûre de pouvoir aussi aider les autres ! ». Je
    disposais de tout le matériel didactique et pratique chez moi. Il y a cinq ans,
    alors que j’attendais que mon fils sorte de sa séance de thérapie, je me suis
    prise à rêver d’un centre qui pourrait s’occuper des enfants à besoins
    particuliers. C’est comme ça que tout a commencé ! »



    Cinq ans plus tard, le rêve d’Alina Dina-Tănasie s’est
    réalisé. D’ici quelques jours, le Centre multifonctionnel pour les enfants à
    besoins éducatifs particuliers ouvrira ses portes à Râmnicu Vâlcea. Ces enfants
    pourront bénéficier d’un accompagnement psychologique, physique et émotionnel, et
    leurs familles retrouver le sourire, la sérénité et l’équilibre. « Ce centre souhaite
    offrir un accompagnement aussi bien aux parents qu’aux enfants atteints de
    troubles. Dans un premier temps, cela implique une évaluation correcte des
    troubles en question, un accompagnement adéquat pour les parents, la mise en
    place d’ateliers parents-enfants ou avec d’autres enfants, ainsi que de la
    kinésithérapie, de l’orthophonie et de la thérapie 3C. La thérapie 3C permet au
    patient de récupérer ses capacités psychomotrices, à savoir la concentration, la
    conscience et la coordination. Les enfants qui intègrent ce programme gagnent
    en autonomie sur le plan psychomoteur. En d’autres termes, ils vont prendre
    conscience de leur propre corps, vont être davantage concentrés, vont être
    mieux coordonnés, et donc mieux s’adapter à leur environnement. En fait, ils
    vont retrouver leurs facultés neuro-psychomotrices.
    »


    Selon Alina Dina-Tănasie, sur l’année scolaire 2019-2020,
    près de 7 700 enfants à besoins éducatifs particuliers, et près de 1 500
    enfants en situation de handicap ont été inscrits rien que dans la région de l’Olténie,
    dans le sud de la Roumanie. Soit une diminution de 4 % par rapport à l’année
    précédente, en raison de leurs difficultés d’intégration dans le système
    scolaire roumain. Et la pandémie a aggravé la situation ! Or, le Centre multifonctionnel
    pour les enfants à besoins éducatifs particuliers a pour objectif l’intégration
    de ces enfants à la communauté scolaire, et plus largement à la société. Alina
    Dina-Tănasie nous raconte : « Nous
    accueillons les enfants à bras ouverts, quel que soit leur handicap. Les
    enfants atteints de troubles psychiques ou moteurs, les tétraplégiques, ceux
    qui se déplacent en fauteuil roulant, mais aussi les autistes, les enfants
    souffrant de trisomie 21, de retard mental etc. Nous dispensons aussi des soins
    orthophoniques, car même les autres enfants ont parfois des difficultés à
    prononcer certaines lettres ou syllabes… Eux aussi sont les bienvenus aux côtés
    des enfants à besoins particuliers que nous accueillons. »



    Quid des parents ? Quels conseils viennent-ils
    chercher dans votre centre ? « Il n’y a pas de honte à demander de l’aide. Ni à admettre que l’on
    est dépassé. Les parents des enfants à besoins particuliers passent par
    différentes étapes. La première, très claire, c’est l’état de choc. Vient
    ensuite le déni, puis la dépression, suivie de la révolte. « Pourquoi moi ? »
    Puis, petit à petit, lorsqu’ils commencent à nous poser des questions, les
    réponses apparaissent à leur tour. Et si l’on est attentif, alors quelqu’un
    vient nous tendre la main pour nous aider. Voilà la première étape pour ne pas
    sombrer dans le déni et le refus, et, très important, pour apprendre à s’accepter
    en tant que parent, mais aussi en tant que parent d’un enfant à besoins
    spécifiques. »



    Alina Dina-Tănasie n’est pas la seule – heureusement !
    – à avoir fait de son rêve d’aider les enfants à besoins éducatifs particuliers
    de Vâlcea une réalité. Nous évoquions au début l’effet boule de neige des
    bonnes actions menées au sein des communautés locales, et de ceux et celles qui
    décident de prendre leur rôle de citoyen au sérieux et d’agir. Râmnicu Vâlcea
    accueille l’une des vingt Fondations communautaires de Roumanie. Ces fondations
    sont nées de la générosité de certains habitants, et de leur volonté de voir
    changer les choses pour améliorer la vie de leur communauté, grâce à la mise en
    place de projets dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’environnement
    ou de la culture. Ces fondations connaissent les enjeux des communautés
    locales. Leur objectif est de tisser des liens entre leurs fondateurs et leurs
    bénéficiaires, d’apporter des solutions aux problématiques locales. C’est le
    rôle qu’a joué la Fondation communautaire de Râmnicu Vâlcea lorsqu’ Alina
    Dina-Tănasie a partagé son rêve de créer son centre : « Ils nous ont
    beaucoup aidés au début. Ils étaient nos anges gardiens, ils nous ont beaucoup
    soutenus à l’époque et ils ont cru en notre projet. La Fondation communautaire
    de Vâlcea est de tout cœur avec nous,
    c’est vrai. Grâce à son aide, nous avons pu coopérer avec l’association Zi de
    Bine, dont Melania Medeleanu (ancienne vedette de télévision) fait partie. Elle
    aussi a cru, et croit toujours, en notre projet. C’est grâce à leur soutien à
    tous que nous en sommes là aujourd’hui
    . »


    Depuis la création des premières Fondations
    communautaires en Roumanie en 2008, des dizaines de millions de lei ont permis
    le financement de projets contribuant à l’amélioration des conditions de vie
    des communautés locales. Parmi eux, le Centre multifonctionnel de Râmnicu
    Vâlcea pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, rêvé puis créé par Alina
    Dina-Tănasie. (Trad : Charlotte
    Fromenteaud)



  • Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    En fait, lintérêt de lhéritier de la Couronne britannique pour la Roumanie ne date pas d’hier, puisqu’il créait une fondation déjà en 1987, pour aider les intellectuels roumains à être en contact avec des universités occidentales — notamment Oxford et Cambridge. En avril 1989, à Londres, il a tenu un discours sur la situation dramatique des villages roumains — vous vous souvenez peut-être, pour Ceauşescu, l’heure était à la systématisation. Les villages étaient rasés pour faire des terrains agricoles ou les maisons des gens étaient démolies pour céder la place à des immeubles collectifs.



    Le prince de Galles est venu pour la première fois en Roumanie en 1998 et il est tombé sous le charme de la Transylvanie, cette région du centre du pays, de sa nature, de l’habitat, des traditions et des gens de l’endroit. Il déclare avoir pour ancêtres Vlad l’Empaleur, mais aussi la comtesse Claudine Rhédey de Kis-Rhéde, née sur le territoire de notre pays au XIXe siècle. Depuis lors, il vient chaque année, même plusieurs fois par an en Roumanie pour y séjourner, mais ce n’est pas tout.



    On ne sait pas exactement combien de propriétés le prince Charles a acquises en Roumanie, mais il s’agit d’au moins une dizaine. Et quand je parle de propriétés, il faut entendre des maisons traditionnelles, anciennes, certaines plus que centenaires, qu’il a achetées. Ainsi, à Valea Zălanului, un hameau de 150 habitants du département de Covasna (centre), où le temps s’est arrêté et les gens vivent au rythme de la nature, il achète une, puis deux, puis trois et, selon certains, même une quatrième maison de plus de cent ans. Préoccupé par la conservation du patrimoine, des traditions et par la promotion du tourisme durable, il les a rénovées avec les mêmes matériaux que ceux qui avaient été utilisés à l’origine et les mêmes techniques, les a aménagées avec des objets traditionnels authentiques, mais les a aussi équipées de salles de bains tout confort et elles peuvent être louées. Le magazine Vanity Fair a fait un classement des plus belles maisons du monde parmi lesquelles figure une de ces propriétés. Le prince Charles a aussi quelques maisons à Breb, un village traditionnel du Maramureş (nord).



    Il a créé une fondation pour soutenir les communautés rurales du pays. En 2015, l’héritier de la Couronne britannique a créé une autre fondation avec pour mission de protéger le patrimoine architectural du pays et de soutenir le développement rural et le développement durable. Cette fondation offre des programmes gratuits de formation aux métiers traditionnels qui avaient quasiment disparu.



    Le prince a également acheté des maisons traditionnelles aussi dans le village de Viscri, listé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce village a une église fortifiée saxonne dont la construction a commencé au XIIe s. Il entendait ainsi sauver le patrimoine architectural transylvain, mais aussi le style de vie et les métiers traditionnels. Viscri est maintenant hautement touristique, et son église a été listée parmi les plus belles du monde par la publication The Telegraph.



    Il s’est beaucoup investi dans la conservation des monuments historiques, dans des villages saxons de Transylvanie, fondés au XIIe siècle, dont certains figurent aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais non seulement. Ainsi, en trois ans, la fondation a investi dans ces activités un million de livres sterling, rénovant des édifices représentatifs avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques. Un exemple, c’est l’Eglise de la Dormition de la Mère de Dieu de Strei, un monument historique de l’art roman du XIVe s.



    Lorsqu’il vient en Roumanie, l’héritier de la Couronne britannique aime se balader en pleine nature, rencontrer les villageois, et se donne pour tâche de promouvoir les produits traditionnels de ces villages. L’idée, c’est de créer un circuit économique autour de ces monuments pour permettre aux habitants d’avoir des emplois. Ainsi, les chaussettes traditionnelles tricotées par les femmes de Viscri sont exportées en Allemagne et de là, ailleurs en Europe occidentale.



    La fondation du prince se propose de sauver une église vieille de 800 ans, celle de Drăuşeni, au département de Braşov ; à cet effet, un plan a été élaboré. Il prévoit la rénovation de l’église, la construction d’un café, de places d’hébergement et d’ateliers de métiers traditionnels. C’est un projet pilote. S’il fonctionne, il sera étendu à d’autres monuments médiévaux en péril. Il finance par ailleurs la rénovation d’une église en bois du département d’Arad, celle de Luncşoara, mais aussi de deux autres dans le département de Mureş : celles de Curtelnic et celle de Bălăuşeri.



    Nombre de ces projets sont sélectionnés par l’Association L’Ambulance des monuments, dont nous vous avons déjà parlé sir nos ondes, et qui bénéficie du soutien financier du prince Charles. Une maison fortifiée du département de Gorj a également été restaurée ainsi. Ce ne sont que quelques exemples des activités des fondations du prince de Galles en Roumanie.



    En 2011, le prince Charles commente le documentaire Wild Carpathia, du réalisateur britannique Charlie Ottley — un documentaire fabuleux sur la Roumanie. Pour la petite histoire, entre temps, Charlie Ottley a acheté une maison traditionnelle et a emménagé en Transylvanie ! En 2020, en pleine pandémie, dans un autre film commenté par lui, le prince Charles a exhorté les Roumains à passer leurs vacances en Roumanie et à y découvrir « les richesses incroyables » de ce pays. Il avoue être venu pour la première fois en Roumanie une vingtaine d’années auparavant et y avoir découvert un pays « étonnant », qui occupe depuis lors une place à part dans son cœur, et qu’il « se sent chez lui ici » à chaque visite. « La Roumanie est un pays étonnamment divers, dit-il, du delta du Danube, la zone humide la plus grande et la plus sauvage d’Europe, aux forêts, aux sources et aux monastères de Bucovine, de Moldavie et du Maramureş, aux collines des Apuseni ou aux étendues inhabitées de Harghita, aux précieuses collections des musées de Bucarest ou à la beauté sauvage du défilé des Portes de fer, aux châteaux, aux montagnes et aux villages saxons de Transylvanie ou aux vallées reculées du Banat et de la Crişana. Une si riche diversité naturelle et culturelle réunies sous le même drapeau est remarquable et c’est une des caractéristiques qui font de la Roumanie un coin à part de l’Europe. »



    Et le prince Charles déclare qu’il regrette que la pandémie ne lui ait pas permis de voyager en Roumanie, mais il continuera à plaider pour la protection des « trésors uniques » de la Roumanie. Bien entendu, la presse roumaine parle de chaque voyage ou séjour du prince en Roumanie, et de toutes ses activités.

  • L’entrepreneuriat social, entre assistance sociale et efficacité économique

    L’entrepreneuriat social, entre assistance sociale et efficacité économique

    L’entrepreneuriat social et l’économie sociale et solidaire, ce sont des notions assez récentes en Roumanie. Elles ont été plutôt bien accueillies dans le pays, surtout qu’elles se superposent, au moins partiellement, sur un type d’organisation connu ici : les petites coopératives d’artisans. L’entrepreneuriat social explore l’idée qu’un besoin social peut être satisfait à travers une activité économique qui n’est pas profitable au sens classique. Autrement dit, le but d’une entreprise sociale n’est pas de produire des bénéfices financiers, mais plutôt des bénéfices humains. Il y a, par exemple, plusieurs ateliers sociaux en Roumanie, où des personnes défavorisées – des gens qui vivaient auparavant à la rue, des mères célibataires au chômage, d’anciennes victimes de la traite d’êtres humains – sont embauchées et formées pour pratiquer un métier. Cela va de la couture à la boulangerie ou à la réparation d’équipements électroniques. Les salariés touchent le salaire minimum et ils commencent, petit à petit, à retrouver la stabilité. Voilà pour les gains immatériels, alors que du côté des gains matériels, ils doivent être suffisants pour rendre l’entreprise rentable. Du point de vue de l’entraide, donc, l’activité des entreprises sociales, des ONG ou des associations caritatives se superpose. La plupart des entrepreneurs sociaux ont d’ailleurs commencé leur carrière dans le domaine associatif.

    C’est aussi le cas de Raluca Chișu, à présent coordinatrice de l’Association Kinetobebe : « Nous sommes une organisation non gouvernementale avec 40 salariés, avec une équipe de management et de coordination. Pour ce qui est de nos ressources, il y a les ressources économiques, donc nous proposons des services, que nous vendons sur le marché et qui nous rapportent des fonds, et puis la ressource sociale qui vient des donations et du sponsoring. Nous avons trois centres de soins pédiatriques qui répondent à des besoins spéciaux – kinésithérapie, orthophonie, psychologie. Nous recevons 150 patients par jour et avons une équipe de thérapeutes qui travaillent à plein temps. Il faut donc équilibrer les rentrées d’argent et les dépenses. L’argent qui vient des sponsors peut être disponible aujourd’hui, et demain pas. Comme nous ne pouvons pas fermer nos établissements qui répondent à un besoin social, nous devons compenser nos dépenses par des activités économiques. Mais on ne peut pas non plus faire du bénéfice ou, si on en fait, il faut le réinvestir dans l’activité sociale. »

    Toute entreprise sociale s’engage à satisfaire un besoin qui se fait sentir dans la société. Dans le cas de celle fondée par Raluca Chișu, il s’agit de problèmes médicaux des enfants : « Le fait que 25% des enfants nés en Roumanie ont besoin de rééducation est déjà une hypothèse de travail. L’Etat apporte quelques solutions à cela, mais ne couvre pas le besoin. De tout ce qui est rééducation motrice – récupération physique et cognitive – l’Etat couvre 5% des besoins existants. Par exemple, un enfant qui a des troubles ou des déficiences neurologiques a besoin de 365 jours de rééducation par an, et l’Etat vient couvrir, sur un an, deux heures de soins durant dix jours. »


    Il est normal, pense Raluca Chișu, que les entreprises sociales ou les ONG assument des tâches que l’Etat n’a pas la possibilité de mener à bien. La condition, c’est de ne pas exploiter un manque qui existe dans la société pour obtenir des bénéfices financiers. Un autre besoin qui se fait ressentir en Roumanie est celui d’aider les jeunes talentueux à se lancer dans une carrière artistique.

    C’est le but de l’association coordonnée par la musicienne Doina Saliu, organisatrice de festivals de musique et d’ateliers de formation pour les jeunes, animés par des musiciens consacrés. Doina Saliu : « J’ai lancé un festival en ligne, avec mes collègues. Je n’ai pas eu d’autre solution que de demander une taxe ou une donation pour pouvoir couvrir mes dépenses. Je travaille avec une comptable et avec un informaticien qui offre ses services de manière bénévole, mais cela ne peut pas durer. Oui, j’offre la possibilité à des artistes de se produire sur scène tous les mois, mais ça aussi c’est bénévole et ça ne peut pas continuer à l’infini. Récemment, j’ai commencé à rémunérer mes collaborateurs, ces musiciens ne peuvent pas continuer à nous aider à titre gracieux. Il s’agit de grands noms, connus aussi à l’étranger. »

    Voilà un exemple qui mélange activité charitable et économique pour donner un coup de pouce à des jeunes qui, sans ce soutien, ne se feraient peut-être pas remarquer. En plus de cet enchevêtrement entre philanthropie et affaires – qui est, parfois, source d’ambiguïtés – l’entrepreneuriat social implique aussi d’interagir avec les autorités. Le but, c’est, surtout, de promouvoir des politiques publiques favorables au domaine dans lequel agit l’entreprise sociale. Raluca Chișu revient au micro : « En tant qu’ONG ou fondation, nous comptons beaucoup sur les politiques publiques. Souvent, elles devraient partir de nous. Par exemple, Mme Saliu devrait concevoir une politique publique de promotion des jeunes artistes. Nous frappons aux portes des ministères depuis un moment avec plusieurs propositions de politiques publiques, c’est le côté lobbying de notre activité. »


    La loi relative à l’entrepreneuriat social a été promulguée en Roumanie en 2016 ; fin 2015, les entreprises sociales employaient plus de 136 000 personnes et elles avaient plus de 3 millions de bénéficiaires enregistrés. Aujourd’hui, il est à supposer que les chiffres de l’économie sociale et solidaire ont cru en Roumanie, sans que cela soit appuyé par de nouvelles statistiques. (Trad. Elena Diaconu)

  • La pandémie et les personnes en situation de rue

    La pandémie et les personnes en situation de rue

    En février 2020, Valentina Beleavski invitait
    Ionuţ Jugureanu à participer à une édition de notre émission RRI Special pour
    parler de son travail avec la fondation Parada. Une année est passé depuis et
    nos vies se retrouvent chamboulées. Mais qu’en-est-il des plus fragiles, de
    ceux qui vivent dans la rue, enfants, familles, qui sont dans la précarité, pandémie ou non. J’ai invité à mon tour Ionuţ Jugureanu pour témoigner de
    l’activité de Parada au bout d’un an de pandémie.



  • Le projet scientifique “Ştiinţescu”

    Le projet scientifique “Ştiinţescu”

    Avez-vous l’impression que les sciences, c’est toujours sérieux ? Ou pensez-vous qu’elles peuvent aussi être sympathiques ? Un projet destiné aux élèves et aux professeurs passionnés de sciences a été lancé il y a quelques années, reposant sur l’idée que ça vaut la peine de rendre ces disciplines plus attrayantes. Il s’agit du Fonds Ştiinţescu – Sciençard, si vous voulez – nom de famille inventé pour désigner une personne « accro » à la science, pour ainsi dire.

    Le Fonds Ştiinţescu a été développé par la Fédération des Fondations communautaires de Roumanie, avec le concours de la Fondation roumano-américaine. A mi-chemin entre le financement et la philanthropie, ce programme suppose une collecte de fonds, la somme recueillie étant par la suite doublée par le donateur.

    Luiza Zamora, coordinatrice des programmes Ştiinţescu, explique : C’est en 2015 que nous avons lancé ce projet visant à familiariser les enfants avec les sciences et aider les professeurs à les rendre plus attrayantes pour leurs élèves. Il s’adressait aux fondations communautaires de 4 villes roumaines: Bucarest, Iaşi, Cluj Napoca et Sibiu. Il n’est pas exclusivement destiné à financer des initiatives venant de la communauté, il encourage également la philanthropie, pour venir en aide aux enseignants qui mènent des activités censées rendre les sciences plus accessibles à leurs élèves. Il crée une synergie autour de l’éducation. » Et le projet n’a cessé de se développer depuis. Luiza Zamora: «12 fondations ont opté pour le projet Ştiinţescu. Des enseignants ou d’autres personnes envoient aux fondations communautaires des propositions de projets grâce auxquels les sciences peuvent être très agréables, très « cool ».

    A quoi ressemblent ces projets ? Luiza Zamora : Je mentionnerais, par exemple, le projet Sparks. Sparks est un petit robot très sympa qui apprend aux enfants ce qu’est un langage de programmation et comment on peut être créatif en l’utilisant. D’autres projets concernent la météorologie. Par exemple, une station météo avec tous les équipements nécessaires a été mise en place dans un collège de la ville d’Oradea. Chaque jour, les élèves font des mesures et émettent un bulletin météo. « Infocaleid » est un excellent projet développé à Braşov qui a eu pour but la construction de 3 karts avec lesquels les élèves ont participé à des compétitions internationales. De nombreux projets concernent la robotique ou encore la biologie. « Les petits horticulteurs » est le premier projet de ce genre qui me vient à l’esprit. Il a été mis en œuvre dans le Pays de Făgăraş. Dans le cadre de ce projet, les élèves ont mis sur pied un tunnel de jardin, où ils ont planté des légumes et ont pu observer l’évolution d’une plante, depuis la semence jusqu’au fruit.

    L’année prochaine, 16 fondations organiseront des concours de projets. Luiza Zamora se réjouit de constater que l’idée porte ses fruits. « On assiste à une plus grande participation des communautés locales à ce projet. Des personnes physiques et des sociétés ont offert des sommes d’argent pour que les élèves des collèges et des lycées puissent bénéficier de programmes d’éducation informelle destinés aux sciences. »

    A présent, le projet est mis en œuvre par les fondations communautaires des villes de Bucarest, Sibiu, Iaşi, Cluj-Napoca, Oradea, Târgu Mureş, Bacău, Galaţi, Prahova, Odorheiul Secuiesc, Braşov, ainsi que du Pays de Făgăraş. Chaque fondation communautaire annonce sur son site son propre calendrier d’activités. Sur le site national Ştiinţescu figurent les appels à projets de chaque fondation. Sur sa page Facebook sont à retrouver les projets réalisés dans chaque communauté.

    Ştiinţescu attend des projets créatifs, susceptibles d’aider les élèves à découvrir les miracles de la nature, à jeter un regard sur l’avenir, à comprendre l’importance des découvertes scientifiques et des technologies modernes, à apprendre avec passion les sciences exactes et à développer le savoir-faire nécessaire aux générations d’innovateurs du 21e siècle. (trad. Dominique)

  • Allô Senior!

    Allô Senior!

    Le vieillissement de la population est un phénomène en train de prendre de plus en plus de vitesse sur lensemble du continent européen. Certes, la Roumanie ny fait pas exception avec ses plus de 3 millions de personnes de plus de 65 ans. Des effectifs importants qui supposent autant dhistoires de vie que de cas de figure spécifiques – certains seniors vivent au sein de leurs familles, dautres en maisons de retraite, tandis quune troisième catégorie doit composer avec la solitude et le manque de toute aide à domicile. Afin de venir en aide à ceux qui se trouvent dans cette dernière situation, la Fondation de la Princesse Margarita de Roumanie a créé un numéro vert et confidentiel qui peut être appelé par toute personne de plus de 65 ans cherchant de laide ou des solutions à ses problèmes.



    De fait, ce numéro vert sinscrit dans toute une série de programmes mis en place par cette Fondation visant à améliorer la qualité de vie des gens âgés. « Allô Senior » ou le Numéro vert du senior est un projet qui tente de répondre aux différents besoins des personnes intéressées, quil sagisse de la dimension informative ou de celle psychologique. Les spécialistes se trouvant à lautre bout du fil sont formés à proposer un soutien émotionnel qui vienne adoucir le sentiment de solitude, précise Mugurel Enescu, directeur exécutif de la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie »: « Les seniors peuvent appeler le 0800 460 001 et ils bénéficieront dun accueil chaleureux. Nos collègues ont beaucoup dexpérience dans le travail avec les personnes âgées, ils ont tous suivi une formation assistance sociale. Ils déploient tous les efforts nécessaires pour aider les seniors à surmonter les difficultés, car ce numéro tente de faire le lien entre eux et les services dédiés. Les personnes âgées ne sont pas toujours aussi bien informées que les jeunes. Voilà pourquoi nous avons créé une base de données très bien structurée qui assure un accès immédiat aux services dautres ONGs ou dautres institutions à même des leur fournir de laide ».



    Des milliers de seniors sont victimes de lisolement social et ne savent pas vers qui sorienter pour être aidés. Cest pourquoi le numéro vert qui leur est dédié a vite gagné en notoriété, précise Mugurel Enescu: « Durant les trois mois écoulés depuis louverture nous avons reçu quelque 1100 appels. Cela veut dire plus de 500 personnes qui ont sollicité de laide ou ont cherché de lappui afin de dépasser un moment de solitude. Les gens nous appellent parce quils souhaitent obtenir une aide financière ou médicale, parce quils ont besoin dinformations pratiques ou encore pour nous signaler un abus commis contre une personne âgée. Nous les avons tous orientés vers des ONGs ou vers les services sociaux dont la mission est de prendre en charge les seniors en difficulté ».



    Mme Elisabeta, 62 ans, habite la ville de Baia Sprie, dans le nord – ouest de la Roumanie. Ce numéro vert lui a été très utile, dit-elle: « Lorsque Radio Roumanie, que jécoute beaucoup, a annoncé la mise en place de cette facilité, en début dannée, jai tout de suit appelé, parce que jétais très curieuse de voir ce que cétait. Cest mademoiselle Roxana qui ma répondu, une jeune fille très aimable. Je lui ai parlé de ce dont javais besoin et elle ma beaucoup aidée en me donnant le numéro de téléphone approprié. Jappelle de temps en temps “Allô Senior” et je me sens accueillie comme dans une famille. Ca me donne beaucoup de confiance. Les conseils que lon peut y trouver sont très utiles et toujours les bienvenus ».



    Lucia Felicia a 77 ans. Elle habite la ville de Galati. Pour sortir de la solitude, elle sadonne à la peinture. Pour des conseils et des solutions concrètes à ces problèmes, elle appelle de temps en temps Allo Senior. Au bout du fil, il y a toujours une voix douce et chaleureuse prête à lui offrir du soutien : « On ma donné différents conseils. Vous savez, nous, les personnes âgées on a plein de choses à dire et à raconter. Jétais bien triste le jour où la factrice est venue me laisser dans la boîte aux lettres le dépliant avec le numéro vert. Jétais triste car il faisait très froid dans mon appartement et comme moi jaime bien peindre, il métait impossible de men occuper, vu le gel. Jai donc appelé Allô Senior et on a su morienter vers un service compétent. Comme vous voyez, cest un service très utile! Ils mont même encouragée, ils se sont intéressés à mes tableaux. Pour moi, cest important! Depuis que mon mari est mort, je me sens très seule et jai besoin daide et dencouragements! »



    Fin 2015, la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie » a également parrainé lassociation de bénévoles « Jamais seul », qui se propose daméliorer le niveau de vie des personnes âgées de plus de 65 ans à travers des services mis à leurs disposition. Explication avec Mugurel Enescu, directeur exécutif de la Fondation : « Notre association regroupe plus de 200 bénévoles qui font des visites de convivialité dans les foyers pour les seniors ou bien au domicile des ceux-ci pour lutter contre leur solitude et leur isolement. Lassociation aide les personnes âgées à rester actives. En plus, on profite des dons offerts par différentes compagnies pour leur offrir des cadeaux à Pâques et à Noël ».



    La nouvelle association a été lancée suite à une étude effectuée par lInstitut GFK, qui a mis en évidence les principaux problèmes auxquels sont confrontées les personnes âgées de Roumanie. Selon lenquête, environ 1 million et demi dentre elles souffrent à cause de la solitude. Mugurel Enescu nous dit davantage sur les conclusions de cette étude : « Il en résulte quune sur deux personnes âgées est touchée par la solitude. En plus, la plupart ressentent vivement le sentiment dinutilité. Pratiquement, elles nont plus aucun rôle dans la communauté où ils vivent et cela les affecte profondément. De même, les seniors ne veulent pas être dépendants des autres, ils éprouvent un sentiment de honte, car ils se considèrent comme un fardeau pour les autres. Cela nous fait réfléchir au fait que la société où nous vivons est en train de vieillir et quelle doit absolument changer. Nous devons nous adapter à ce problème, au fait que nous vieillissons et nous devons aussi offrir aux seniors la possibilité davoir un rôle actif au sein de la communauté. Il faut leur donner la possibilité de faire du bénévolat, de simpliquer dans la vie civique, de travailler à mi-temps même après la retraite sils souhaitent arrondir leurs fins de mois ».



    Notons pour terminer que le numéro vert «Allô senior» a été ouvert par la Fondation « Princesse Margarita de Roumanie » dans le cadre dun projet déroulé en partenariat avec la Fondation Vodafone Roumanie. (Trad. Andrei Popov, Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)

  • La Fondation et la famille Dalles

    La Fondation et la famille Dalles

    Située près de l’Université, sur l’une des deux grandes avenues en plein cœur de Bucarest, la fondation Dalles est un endroit bien connu des Roumains. Toutefois, peu nombreux sont ceux qui font la liaison entre son nom et celui de ses fondateurs, à savoir la famille Dalles.



    Invité au micro de RRI, l’historien Dan Falcan nous propose une incursion dans le passé de cette famille: « Ioan Dalles était d’origine grecque. A l’instar de tant d’autres compatriotes, ses parents s’étaient établis dans les Principautés roumaines à l’époque des princes phanariotes. Né en 1816, Ioan Dalles avait choisi de gagner sa vie en tant que commerçant. L’argent, il l’a par la suite investi dans l’acquisition de plusieurs domaines, dont le plus important est celui de Bucşani, du comté de Dâmboviţa, près de la ville de Târgovişte. Ce très beau domaine, il l’avait acheté à la princesse Cleopatra Trubetskoï, propriétaire d’une célèbre maison sise Avenue de la Victoire et que l’on peut admirer aujourd’hui encore. Le domaine de Bucşani s’étendait sur une centaine d’hectares. Ioan Dalles a épousé Elena Anastasescu, fille de propriétaires fonciers du comté de Dâmboviţa. Ensemble, ils ont engrangé une grosse fortune. Avant 1918, les Dalles passaient pour une des familles les plus riches du pays. C’étaient des gens très laborieux et dévoués aux habitants des lieux. Ils ont pris soin des paysans qui travaillaient leurs terres. »



    Voilà pourquoi le domaine de Bucşani et la famille Dalles n’ont pas eu à souffrir pendant la révolte paysanne de 1907. Toutefois, la diligence et l’honnêteté des Dalles n’ont rien pu contre le sort qui les a durement éprouvés, affirme l’historien Dan Falcan: « Ioan G. Dalles et Elena ont eu trois enfants. Malheureusement, George, l’aîné, est mort à seulement trois ans. D’ailleurs, en ces temps-là, la mortalité infantile était très élevée. Un autre malheur allait s’abattre sur eux en 1892, lorsque leur fille, Dora, mourra à cause d’un amour non partagé. Entre temps, plus précisément en 1886, Ioan Dalles, de 33 ans plus âgé que sa femme, avait lui aussi rendu l’âme. Cette différence d’âge ne les avait pas empêchés de former un couple heureux et bien soudé. Enfin, le dernier enfant, Ioan I. Dalles ou Jean Dalles, qui emprunta d’ailleurs son nom à la fondation actuelle, allait quitter ce monde dans la fleur de sa jeunesse, à 40 ans ».



    Après la mort de Jean Dalles, la fortune et les affaires familiales seront gérées par Elena Dalles, la mère. C’est grâce à elle que le nom de la famille entrera dans l’histoire. Elle a survécu à toutes les tragédies de sa vie, n’a pas perdu ses idéaux et n’a jamais abandonné les œuvres caritatives. La Fondation Dalles est le fruit de sa volonté, explique Dan Falcan: « En dépit des grands coups du destin, elle a trouvé bon de mettre son immense fortune au service du bien-être de ses semblables. Après la mort de Jean Dalles, Elena a décidé de créer une fondation portant le nom de son fils et ayant pour but de promouvoir les valeurs culturelles roumaines. Elena Dalles est morte en 1921. Toute sa fortune, qui se montait à plus de 20 millions de lei – une somme énorme pour cette époque-là -, elle l’a léguée par testament à l’Académie roumaine pour que celle-ci crée la fondation Dalles. Malheureusement, des imprécisions juridiques et la crise économique mondiale qui venait d’éclater allaient reporter jusqu’en 1932, soit 11 ans après la mort d’Elena, la naissance de la fondation. Cette université ouverte à tout le monde se proposait d’instruire les Roumains. N’importe qui pouvait suivre les cours dispensés par des personnalités de la culture et des sciences de l’entre-deux — guerres, dont l’historien Nicolae Iorga, les compositeurs George Enescu et Mihail Jora, les écrivains Camil Petrescu et Mihail Sadoveanu ».



    La construction du siège de la fondation Dalles, nous la devons à l’architecte Horia Theodoru et à l’ingénieur Emil Prager. Dans les années ’50, les communistes l’ont rehaussé de plusieurs étages, destinés au logement. La fondation Dalles a toujours gardé sa vocation d’université populaire et sa célébrité demeure intacte aujourd’hui encore. (trad.: Mariana Tudose)

  • 02.06.2015 (mise à jour)

    02.06.2015 (mise à jour)

    Bilan – La Roumanie traverse une période économique extrêmement propice ce qui rend possible un taux de croissance économique de 3 à 4% avant la fin de l’année, a précisé mardi, le premier ministre Victor Ponta, devant le plénum de la Chambre des Députés. A ses dires, avec une hausse de 4,2% du PIB durant le premier trimestre de l’année, la Roumanie se situe première parmi les 28 pays membres. Cette croissance économique ne renvoie pas à des aspects conjoncturels, mais à la consommation intérieure, au niveau des exportations, à la croissance dans les secteurs des industries, des services et du bâtiment, a encore précisé le premier ministre qui a dressé le bilan économique sur le premier trimestre 2015 durant « L’heure du premier ministre », introduite, le mois dernier, dans le règlement de la Chambre des Députés. Tous les premiers lundi du mois, le chef du cabinet de Bucarest doit être présent à la réunion des députés pour un débat sur un sujet décidé par les groupes parlementaires.

    Economie – L’économie roumaine a connu en 2014 une hausse de 2,8% par rapport à 2013, en surclassant aussi bien le niveau de 2,2% prévu par le budget que celui de 2,1% estimé en automne 2013 par la Commission Européenne. La Roumanie s’est donc classée quatrième en Europe selon son taux de croissance économique, un résultat dû, selon un rapport publié par le Ministère des Finances de Bucarest, à la montée inattendue de la consommation privée. Le même document relève que la Roumanie a clôturé 2014 avec un déficit budgétaire de 1,5% du PIB, en dessous de la cible de 2,2%. Le déficit s’est situé également en dessous de la moyenne affichée par la zone euro de 2,4% et de celle de l’UE de 2,9%.
    Charles – En visite privée en Roumanie, le prince Charles a lancé mardi sa fondation en Roumanie – La fondation du Prince de Galles. Selon l’ambassade du Royaume-uni à Bucarest, cette ONG est une organisation caritative à but éducatif qui vise à préserver le patrimoine et l’agriculture traditionnelle et à contribuer au développement durable de la Roumanie. Depuis plusieurs années, l’héritier de la Couronne britannique passe plusieurs journées de vacances en Roumanie, où il détient plusieurs propriétés. Une d’entre elles, une maison saxonne du village de Viscri, du comté de Brasov, sera restaurée et transformée en Centre de formation. Celui-ci sera doté d’une salle de conférences et d’unités d’hébergement pour les milliers de visiteurs qui s’y rendent chaque année. La fondation proposera aussi des cours pour les villageois, mais aussi pour les étudiants et apprentis étrangers qui souhaitent apprendre des métiers tels la restauration des maisons anciennes. Le prince Charles se passionne pour l’architecture médiévale saxonne du centre de la Roumanie – cités, églises fortifiées et maisons bâties par les colons allemands venus en Transylvanie au Moyen Age.
    Météo- La météo s’annonce des plus chaudes dans les 24 heures à venir. Les températures grimperont jusqu’à 33 degrés. Des orages menacent notamment le sud-est du territoire où des pluies à verse risquent de faire leur apparition.

  • Les 15 ans de la Fondation “Un coup de main d’Emmaüs-Iaşi”

    Les 15 ans de la Fondation “Un coup de main d’Emmaüs-Iaşi”

    Vingt-cinq ans après la chute dun régime communisme qui avait annulé tout penchant pour une quelconque action civique, les Roumains ont-ils appris à donner de leur temps, de leurs moyens et deux-mêmes pour venir en aide à dautres compatriotes moins chanceux ? Les étrangers qui leur ont fait découvrir laction caritative sont-ils toujours en première ligne ? Il y a quinze ans, les habitants de la ville de Iaşi, ancienne capitale princière, apprenaient lexistence dune fondation caritative française, arrivée chez eux avec lidée de les convaincre quaider ses semblables est un devoir et un épanouissement personnel de tout être humain. Retour sur ce parcours avec Carole Chemin, volontaire à la Fondation “Un coup de main dEmmaüs-Iaşi”


  • La population de la Roumanie en voie de vieillissement

    La population de la Roumanie en voie de vieillissement

    Le vieillissement de la population est un phénomène qui va en s’accentuant, révèlent les études de spécialité. Elles mettent en garde contre le fait que le nombre croissant des personnes âgées pose des défis significatifs pour les systèmes de sécurité sociale, de pensions de retraite et de santé, aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés. Les jeunes, toujours moins nombreux, auront à soutenir financièrement de plus en plus de seniors. Selon Eurostat, dans les décennies à venir, plus d’un tiers de la population de l’Europe aura dépassé la soixantaine.



    En Roumanie aussi, le rythme du vieillissement des habitants s’accentuera, sous l’effet de la baisse de la natalité et de la hausse de l’espérance de vie, apprend-on dans le rapport « La Roumanie vieillit — Défis et solutions », récemment lancé par la Fondation Friedrich Ebert România. Selon des données qui remontent à 2011, date du dernier recensement, les plus de 65 ans représentent 16,1% de la population roumaine et on estime que leur nombre s’accroîtra à l’horizon 2050. Par le biais du projet « La Roumanie vieillit » (réalisé par les journalistes Laurenţiu Diaconu Colintineanu et Ioana Moldovan), la Fondation Friedrich Ebert a tenté d’apprendre la réalité cachée derrière les chiffres et les données statistiques ou encore quelles sont les histoires de vie des seniors.



    Ioana Păunescu, 101 ans, a été la première femme ingénieur électromécanique de Roumanie. Elle a survécu aux deux guerres mondiales et à 73 ans s’est mariée pour la deuxième fois pour chasser la solitude: « Comme nous étions veufs tous les deux, nous avons décidé de nous marier pour ne plus être seuls. Nous avons déjà 28 ans de mariage et le même âge: 101 ans. Jusqu’il y a peu, nous avons mené une existence normale. Ce n’est plus le cas depuis que je dois prendre soin de mon mari, atteint de la maladie d’Alzheimer. Puisqu’il ne parle plus, on a du mal à communiquer. C’est très dur. C’est vrai que j’ai aussi des aides, car je ne peux plus cuisiner. Mes mains et mes jambes sont devenues très faibles. J’ai du mal à garder mon équilibre; je n’arrive pas à marcher toute seule, sans appui ».



    Une autre catégorie est celle des personnes âgées prises en charge par leurs proches. Laura Tudor a 52 ans. Sa vie a complètement changé depuis que sa mère, 89 ans, est grabataire. Celle – ci s’est cassé le col du fémur, après une chute. N’ayant pas les moyens d’embaucher une aide-soignante, Laura est obligée de concilier vie familiale et devoir filial: « Ce n’est pas facile du tout de gérer mon temps, m’occuper de ma mère, de mon travail et de ma famille en même temps. Heureusement que ma mère et moi nous habitons des appartements situés au même étage du même immeuble. J’ai pensé recourir à un service d’aide et de soins à domicile, mais, après un calcul rapide, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me le permettre. Je me débrouille comme je peux. J’aide ma mère d’un point de vue physique, mais je sais qu’elle aurait besoin de quelqu’un qui lui fasse la conversation plus longtemps, parce que je n’ai ni la patience ni le temps de le faire. Cette situation me touche surtout sur le plan psychique, parce que je suis contrainte d’assister à une dégradation progressive, lente et irrémédiable… »



    La Roumanie dénombre seulement 131 centres d’accueil pour personnes âgées. Petru Rotarciuc, 63 ans, est un des 7.152 pensionnaires de ces établissements. Situé à Leorda, commune du comté de Botoşani, dans le nord-ouest de la Roumanie, cet établissement abrite 70 personnes. Le personnel de spécialité est formé d’une infirmière et de deux aides-soignantes. Petru Rotarciuc est content de sa vie au centre: « Je suis resté sans emploi. Partout où j’allais chercher du travail, on me refusait tout poste en raison de mon âge. Complètement fauché et dans l’impossibilité de payer les charges communes, je me suis retrouvé dans la rue… J’ai vécu plus d’une année comme SDF, avant qu’un employé du Conseil local ne m’emmène au centre d’accueil. Je m’y sens bien. Ce n’est pas comme dans la rue. Ici on est à l’abri du mauvais temps. Quand j’aurai ma retraite, j’habiterai toujours au foyer et ce jusqu’à la fin de mes jours. Ma femme est morte. Mes trois enfants sont partis je ne sais où. J’ai essayé de les trouver, mais sans succès. Ils me manquent. Je n’ai pas besoin qu’ils m’aident. Je veux seulement les voir et leur parler… »



    Le Rapport « La Roumanie vieillit » présente aussi des données optimistes : le taux de pauvreté affectant les personnes âgées (soit les plus de 65 ans) a baissé en Roumanie, de 65% en 2007 à 35% en 2013. Néanmoins, il continue d’être presque double par rapport à la moyenne de l’UE qui est de 18%. Autre élément positif : l’introduction, en 2009, de la retraite minimale garantie qui est de 356 lei, soit environ 80 euros. Le pays compte presqu’un demi-million de bénéficiaires, dont 123.000 sont des retraités de l’agriculture, qui étaient à la limite de la subsistance.



    Malgré cela, nous avons encore des raisons de préoccupation, considère Victoria Stoiciu, coordinatrice de programmes à la Fondation Friedrich Ebert: « Le pays continue d’avoir une des retraites d’Etat les plus basses de l’Union européenne et un des taux de remplacement le plus faible (soit le rapport entre la retraite moyenne et le salaire moyen). Une autre raison d’inquiétude, c’est une polarisation très importante à l’intérieur des catégories de retraités. 81% de l’ensemble des retraités touchaient en 2009 des pensions inférieures à 1.000 lei par mois (227 euros). Un quart des retraités se sont vu attribuer des pensions inférieures au panier de consommation mensuel qui est de 444 lei (100 euros). 40% des retraités, donc deux millions de personnes, ont des retraites en dessous du seuil minimum de subsistance, calculé par l’INS en 2014 à 587 lei (133 euros). Une autre catégorie particulièrement vulnérable, ce sont les retraités agriculteurs : 98% d’entre eux ont des retraites en dessous du niveau minimum de subsistance. »



    Le problème de l’absence des soins à domicile, le manque de places dans les centres de placement pour les personnes âgées, mais aussi celui du personnel spécialisé dans les centres d’Etat, les tarifs élevés pour les retraités malades qui souhaiteraient résider dans un tel centre, mais un centre privé, ne sont que quelques aspects qui caractérisent le niveau de vie des personnes âgées de Roumanie. (trad.: Ligia Mihaiescu, Mariana Tudose)