Tag: forêts vierges

  • Les forêts vierges de Strâmbu Băiuț

    Les forêts vierges de Strâmbu Băiuț

    Remontant dans l’histoire, le Maramures s’érigeait en une véritable forteresse naturelle, recouverte presque entièrement de bois millénaires, difficilement pénétrables. Les natifs du Maramureș observaient même des rituels avant de pénétrer dans ses bois, et le lien que l’homme du pays avait développé avec la forêt était loin d’être purement utilitaire, la forêt étant partie intrinsèque de leur spiritualité. Mais les gens du coin savaient aussi mettre à profit au mieux cette richesse naturelle dont ils disposaient. Ils choisissaient de couper, par exemple, les arbres qui se trouvaient au milieu de la forêt, situés sur les versants baignés par le soleil, célèbres pour leur résistance, pour ériger les églises en bois bien connues de la région. Aussi, les coupes se pratiquaient-elles les deux premiers mois de l’année, lorsque l’humidité est faible et que le bois est protégé des attaques de caries.

    A présent, les forêts vierges du Maramures rétrécissent comme une peau de chagrin. Selon les estimations, seuls 3% de la superficie boisée du pays, soit 250 milliers d’hectares, seraient encore recouverts par des forêts d’origine. A Strâmbu Băiut, dans les Monts Tibleș, l’on retrouve une telle zone, recouverte des bois séculaires, qui abrite une flore et une faune particulièrement riches. En effet, les arbres séculaires protègent la vie de plus de dix mille espèces, depuis les organismes unicellulaires et jusqu’aux grands mammifères, en passant par les insectes et les plantes. Selon Calin Ardelean, responsable de projet chez WWF Roumanie, les autorités locales envisageraient de développer le tourisme dans la région pour mettre à profit sa richesse.

    Călin Ardelean : « Les forêts vierges de Strâmbu Băiuț recouvrent une superficie de 3000 hectares. Pendant des millénaires, l’intervention de l’homme a été comme inexistante. Elles ne sont pas exploitées et ne subissent aucun travail d’aménagement. Les processus naturels se déroulent aujourd’hui de la même façon qu’il y a mille ans. Cela nous offre un espace de recherche inouï, par exemple pour comprendre la manière dont le réchauffement climatique impacte sur les écosystèmes naturels, les dérèglements qu’il provoque sur des écosystèmes pratiquement isolés. »

    Strâmbu Băiuț fait partie d’une ancienne région minière. L’on atteste l’existence des exploitations aurifères dès 1315 dans la région des sources Lăpuș. Après 1989, avec la chute du régime communiste, l’activité minière de la zone a progressivement diminué, les anciens mineurs quittant parfois la région pour trouver du travail ailleurs. L’année dernière, les autorités ont lancé un vaste projet pour assurer la conservation de la biodiversité, en promouvant les ressources et les valeurs locales au bénéfice de la communauté qui vit dans la région des Monts Lapus. Cela représente le passage obligé d’une exploitation minière peu soucieuse de la préservation de l’environnement au développement durable que pourrait assurer le tourisme.

    Călin Ardelean : « L’idée, c’est de faire de la forêt vierge la nouvelle ressource d’or pour les habitants de la région. WWF Roumanie a démarré un projet de planification du développement local de la zone de Strâmbu Băiuț et du village Poiana Botizi, les deux villages qui se trouvent à proximité de l’aire naturelle protégée. Nous avons concentré nos recherches sur le potentiel qu’offre l’environnement. En fait, si l’on pratiquait l’exploitation brute des ressources naturelles, du bois et de l’eau minérale, les retombées financières s’élèveraient à 250 mille euros par an. En revanche, si la région est judicieusement exploitée en termes de recherche scientifique, tourisme, éducation et ainsi de suite, l’on pourrait arriver à des retombées financières avoisinant les dix millions d’euros par an, ce qui est complètement différent. Mais pour cela, il faudrait ériger une infrastructure adaptée, afin d’accroître le nombre des touristes, qui pourraient aller à terme jusqu’à dix mille visiteurs par an ».

    Le tourisme constitue très certainement l’un des moyens privilégiés pour valoriser l’aire naturelle protégée, arguent les spécialistes. Des événements censés promouvoir l’aire naturelle protégée ont déjà été mis en route. Le planning prévoit par la suite la construction de la petite infrastructure, indispensable au développement du tourisme durable. Des aires de parking et des aires de camping attendent d’être aménagées, tout comme les sentiers et la signalétique appropriée. Enfin, l’étape de la construction de l’infrastructure touristique proprement dite, destinée à l’accueil des touristes, est envisagée pour la suite. Les randonnées organisées à travers les forêts vierges de Strâmbu Băiuţ se feront par groupes de 20 personnes au grand maximum, accompagnés par des guides locaux, et en suivant des parcours strictement délimités, pour éviter d’empiéter sur la quiétude de la faune locale.

    Călin Ardelean : « Il s’agit des forêts vierges où l’on retrouve des arbres très vieux, arrivés au terme de leur vie biologique, des arbres de 400 ou 500 ans, certains qui sont tombés et qui sont entrés dans le processus de décomposition, régénérant en cela le sol et constituant le riche terroir de nouvelles générations. En automne et au printemps, il y a une telle richesse de couleurs, c’est carrément spectaculaire ! Au printemps, le hêtre se pare d’un vert très cru, qui se transforme en jaune doré. La variété du relief fait en sorte que les sentiers thématiques traversent des paysages très divers. Cette forêt, énormément riche, surprend. Il est facile de s’y perdre dès que l’on s’écarte du sentier. L’on y perd facilement ses repères. »

    Les forêts vierges de Strîmbu-Băiuț et de Groșii Tibleșului ont rejoint en 2017, avec les autres forêts vierges de Roumanie, la liste du Patrimoine mondiale de l’UNESCO. Cela fait que les règles pour régir leur conservation doivent être strictement observées. A mentionner aussi, élément notable, que la Roumanie compte plus d’un quart des forêts de hêtre du continent européen. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les forêts vierges de Roumanie

    Les forêts vierges de Roumanie

    Certes, bien moins grande de nos jours que par le passé. Il suffit pour s’en convaincre de lire la chronique datée de 1717 du voïvode Dimitrie Cantemir, où l’on retrouve une description de ces forêts, je cite, « peuplées de cerfs, de biches, d’aurochs et de bisons d’Europe ». Malheureusement, le déboisement sauvage a détruit une bonne partie de ces forêts légendaires. Des près de 2 millions d’hectares recouverts de forêts que comptait la Roumanie aux alentours de l’an 1900, il n’en reste qu’à peu près un dixième de nos jours. En dépit de cela, la Roumanie peut encore se targuer d’être le pays le plus riche d’Europe en termes de superficie boisée, mais aussi pour la qualité de ces forêts. Car, aujourd’hui encore, d’immenses arbres qui peuvent atteindre jusqu’à 60 mètres de hauteur dominent le paysage des forêts recouvrant les Carpates roumaines. Les fauves et autres grands carnivores, tels le loup, l’ours ou le lynx dominent toujours de leurs présences impressionnantes la plupart de ces régions.

    Pour mieux protéger ces bois séculaires, certaines régions des Carpates ont rejoint la liste de l’UNESCO recensant le patrimoine naturel mondial. C’est bien la situation des forêts situées dans les zones Izvoarele Nerei, les gorges de la Nera-Beușnița, les régions de Domogled – Valea Cernei, Cozia, les forêts primitives de Șinca, de Strîmbu-Băiuț, de Slătioara, ou encore Groșii Țibleșului.

    Quant à la valeur de ce patrimoine, nous avons approché à ce propos Gheorghe Mihăilescu, directeur général de Romsilva, la Régie nationale des forêts : « Les forêts primitives demeurent essentielles pour comprendre la manière dont une forêt naît, se développe, la manière dont elle subit les changements et le passage du temps. Elles vivent leur vie sans la moindre intervention humaine. Elles représentent des modèles aussi, en termes de diversité notamment. Car la mixité intergénérationnelle de diverses espèces d’arbres qui coexistent, c’est bien cela, la richesse d’une forêt. Des générations entremêlées, où l’on retrouve des arbres de 10, 20, 30 ou 180 ans. Mais, souvent, la plus grande variété est à retrouver sur des sites où coexistent des forêts vierges et des forêts cultivées, entrecoupées par des clairières et des pâturages, des zones préservées dans leur état naturel. C’est parce que dans les forêts vierges il n’y a souvent que des arbres centenaires, et que l’on constate donc une diminution de la variété en termes de générations. Or, là où il y a une prééminence massive d’exemplaires d’arbres vieux de deux ou trois cents ans, les jeunes pousses ont peu de chances de survie. Ce genre de forêts mixtes, forêts vierges et forêts cultivées, représente une véritable richesse. Et la Roumanie compte encore 28.000 hectares de forêts vierges, c’est rarissime pour notre continent, très peu de pays peuvent se vanter d’en avoir autant. »

    C’est en 2016 qu’a été créé le Catalogue des forêts vierges et quasi-vierges, un instrument de choix pour les spécialistes. Ces forêts bénéficient d’un niveau élevé de protection, les activités humaines et les travaux d’aménagement du territoire étant strictement défendus. Près de 7.000 hectares de forêts vierges et 22.100 hectares de forêts quasi-vierges ont été recensés et inscrits jusqu’à maintenant dans ce catalogue, et ce n’est pas fini. Malgré tout, certaines associations écologistes accusent les autorités de complicité dans la destruction des forêts séculaires, appelant à l’intervention des institutions européennes. Les activistes environnementaux accusent la Régie des forêts, Romsilva, de procéder à des travaux d’aménagement sur certains sites protégés, même si ces derniers font partie du réseau Natura 2000, et cela en l’absence d’une analyse d’impact adéquate.

    Gheorghe Mihăilescu, le directeur de la Régie Romsilva, répond aux accusations : « Les forêts sont protégées. C’est le cas des forêts dont nous avons la charge du moins. On n’y touche pas. Les organisations écologistes ont, en effet, déposé des plaintes auprès de la Commission européenne. Là où le bât blesse, c’est que ces gens mélangent tout. Ils comparent les résultats issus de l’étude Pin Matra, réalisée en 2004, avec la cartographie des forêts vierges, réalisée par nous, pour les inscrire dans ce catalogue. Alors qu’il est farfelu de comparer ce qui n’est pas comparable, des données issues d’un modèle théorique avec les données concrètes. Dans les faits, toutes ces forêts sont surveillées et strictement contrôlées. D’ailleurs, dans le patrimoine naturel enregistré auprès de l’UNESCO, il existe des erreurs matérielles. On y retrouve des routes nationales, des zones où il y a eu des interventions, des travaux d’aménagement, mais c’est parce que l’étude sur laquelle s’est fondée la liste des sites protégés et reprise dans le patrimoine de l’UNESCO a été une étude théorique, il n’y a pas eu de recherches concrètes sur le terrain. Or, nous sommes actuellement en train de corriger ces erreurs matérielles. Et certaines ONGs s’y opposent. Mais, sachez que beaucoup d’autres ONGs sont à nos côtés, et viennent nous donner un coup de main. Evidemment, nous aussi, on fait parfois des erreurs. Notre crédibilité est souvent en jeu, dans ces cas-là. Toutefois, nous faisons de notre mieux pour rétablir la confiance en la fiabilité du travail réalisé par notre Régie. On dit aujourd’hui, en Europe, que la Roumanie se fiche de protéger ses forêts, alors que nous comptons les forêts de hêtres les plus impressionnantes d’Europe. Pensez aussi à la richesse de notre flore, à la biodiversité de nos forêts. Alors, pour ce qui est de la protection de la nature, parlons-en ».

    La Roumanie compte 6,5 millions d’hectares de forêt, dont la Régie nationale Romsilva, compagnie publique donc, gère 3,14 millions d’hectares, soit 48% du fonds forestier national. La Régie administre en outre 22 parcs naturels, dont certains d’intérêt national, et dont la superficie cumulée dépasse les 850.000 hectares, dont 245.000 strictement protégés, et où l’activité humaine est limitée et contrôlée. Cet automne, la Régie est en train de marquer les 22 parcs naturels à l’aide d’une signalétique différentiée en fonction du niveau de protection dont chacun bénéficie.

    Gheorghe Mihăilescu : « Nous avions procédé au marquage, pour bien identifier et délimiter les différentes zones, pour savoir ce que l’on fait, et où on le fait. Parce qu’autrement, on ne sait pas si l’on se trouve dans une zone de protection intégrale ou dans une zone bénéficiant d’un statut différent. Jusqu’à maintenant, sur le terrain, on l’ignorait. Et pour ce faire, nous utilisons les coordonnées fournies par GPS, donc des outils précis, car sinon, en l’absence de repères concrets, les gens qui travaillent sur le terrain risquent de se tromper ».

    Aussi, les zones strictement protégées seront identifiées par un carré jaune entouré d’une bande de couleur rouge. Les zones intégralement protégées sont signalées par un carré bleu entouré d’une bande blanche, alors que les réserves naturelles seront marquées par un carré jaune entouré de blanc. Les limites des parcs naturels seront également marquées d’un carré rouge, entouré de blanc. Avis aux amateurs. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Protéger les forêts vierges des Carpates

    Protéger les forêts vierges des Carpates

    Les forêts vierges des Carpates roumaines sont les plus étendues des régions à climat tempéré de l’UE. Elles sont en fait des vestiges des bois qui recouvraient jadis plus de 80% de la superficie du pays. Malheureusement, ces écosystèmes risquent de péricliter en l’absence de mesures appropriées de préservation, mettent en garde les spécialistes. C’est justement pour protéger ces forêts que l’on a créé le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges. Il s’agit d’un instrument utile pour l’inventaire et la protection stricte des forêts séculaires, précise Radu Vlad, coordinateur des projets régionaux au sein de la branche roumaine du Fonds mondial pour la nature.

    Radu Vlad : « Ces forêts vierges ont disparu dans la plupart des pays développés d’Europe et ce avant même que l’on n’en saisisse l’importance. Les forêts séculaires, vierges et quasi-vierges, de Roumanie font partie des derniers écosystèmes terrestres encore présents en Europe à s’être formés au cours de plusieurs millénaires et en l’absence d’une influence humaine significative. Cette évolution avait commencé il y a 17.000 ans, les hêtres et les autres espèces d’arbres ayant commencé à se répandre du sud au nord, depuis la Méditerranéenne jusqu’à la mer Baltique et de l’ouest à l’est, soit de l’Océan Atlantique aux confins des Carpates Occidentales ».

    Les 8 zones de Roumanie où il existe de vieilles forêt de hêtres totalisent plus de 24.000 hectares. Le processus d’identification de ce type de forêts continue. Radu Vlad, coordinateur des projets régionaux au sein de la branche roumaine du Fonds mondial pour la nature, poursuit la description des forêts séculaires.

    Radu Vlad : « Les forêts vierges sont apparues et se sont développées exclusivement sous l’action des facteurs naturels et leurs écosystèmes sont nés en l’absence de l’influence anthropique directe ou indirecte. On y rencontre des arbres de tous âges. On dirait une communauté où enfants, parents et grands-parents vivent ensemble et s’entraident. Dans les forêts vierges, les vieux arbres meurent de vieillesse. Ils se rompent ou sèchent, mais le bois mort reste là à nourrir et à enrichir l’écosystème. C’est un véritable héritage pour les générations à venir. Certains arbres mesurent même 50 m de haut et plus de 2 m de diamètre. Plus de 10 mille espèces de plantes et d’animaux vivent sous les couronnes de ces géants, depuis les organismes unicellulaires (champignons, végétaux, insectes) jusqu’aux espèces emblématiques telles l’aigle, le loup ou l’ours brun, qui ont disparu dans d’autres régions du monde ».

    En juillet 2017, le Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO a décidé d’inscrire sur la liste plusieurs forêts séculaires de hêtre de Roumanie et de 11 autres pays d’Europe. (Trad. Mariana Tudose)

  • Plus de 2000 ha de forêts vierges ont été sauvées de la destruction

    Plus de 2000 ha de forêts vierges ont été sauvées de la destruction

    Les écologistes ont identifié 2000 ha qu’ils ont ajoutés au Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges de Roumanie. Gérées par le Centre sylvicole Baia de Aramă du comté de Gorj, ces forêts-là se trouvent dans le Parc national Domogled et Vallée de la Cerna. Après les contrées de Maramureş, où l’on en a recensé 4.700 ha et de Braşov, 4.300 ha, le département de Gorj occupe la troisième place au classement des régions couvertes de forêts séculaires. Une telle superficie de forêt vierge, située sur le territoire de la commune Padeş et qui fait partie intégrante du Parc national Domogled – Vallée de la Cerna, figure depuis l’an dernier sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

    Radu Melu, coordinateur du programme forestier de l’organisation écologiste WWF Roumanie, explique : « La Roumanie bénéficie de superficies considérables, à l’échelle européenne, de forêts vierges et quasi-vierges. Nous pensons donc que ce trésor doit être identifié et protégé, d’autant plus que la plupart d’entre elles risquent de péricliter, en raison de l’intervention humaine. Nous tâchons de finaliser ce processus aux cotés des autres facteurs intéressés, à savoir les représentants de la Régie nationale des forêts, les propriétaires personnes physiques, les administrateurs privés, dans le but d’identifier le plus grand nombre possible de forêts de ce type. Pourtant, pour atteindre cet objectif, les autorités et le ministère de tutelle doivent s’y impliquer eux aussi. Des fonds ont d’ailleurs été alloués à cette fin. Il est absolument nécessaire de dresser l’inventaire exact des forêts vierges et quasi-vierges de Roumanie pour pouvoir les protéger. Cette identification est un processus complexe. On part d’une analyse au bureau, après quoi des équipes de spécialistes se rendent dans les forêts censées rentrer dans cette catégorie. Suite à l’évaluation sur le terrain, les forêts qualifiées comme telles sont introduites dans une base de données. En dernière étape, on organise une consultation publique avec tous les facteurs concernés et démarre la procédure légale visant à inscrire ces forêts dans le catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges ».

    La branche roumaine du Fonds mondial pour la nature (WWF) a évalué sur le terrain plus de 250.000 ha de forêts potentiellement vierges, soit des restes des bois séculaires qui couvraient jadis le sol roumain. Sur ce total, plus de 35.000 ha ont été qualifiés de forêts vierges, cartographiés et seront désormais protégés. 9000 ha figurent déjà au Catalogue des forêts vierges et quasi-vierges, ce qui fait qu’ils seront soumis à un régime de protection strict. (Trad. Mariana Tudose)

  • Protéger les forêts séculaires de Roumanie

    Protéger les forêts séculaires de Roumanie

    La Roumanie continue davoir des forêts vierges, dépourvues de routes ou de sentiers, aux espèces autochtones darbres de tous âges, allant dun an à des centaines dannées. Dans ces écosystèmes stables, vu quils pourrissent, les arbres tombés réintègrent le circuit naturel par labondance de vie créée. Dans ces forêts, personne ne chasse, personne ne cueille des fruits des bois ou des plantes médicinales. Les forêts quasi-vierges sont celles où des coupes ont été pratiquées, mais lintervention a été très limitée ; cest pourquoi la forêt sest rapidement régénérée. Jusquil y a peu, le sol de 80% des forêts roumaines navait jamais été foulé par les êtres humains.





    Aujourdhui, seuls 2/3 dentre elles sont vierges et quasi-vierges. Même ainsi, la Roumanie détient la plus grande superficie de forêts séculaires dEurope. Les hêtraies du bassin de la rivière Nera, les mélanges de sapin et de hêtre de Sinaia, les mélanges de hêtre, de sapin et dépicéa commun de Bucovine, la forêt séculaire Slătioara, les rouvraies des Monts Zarand (ouest) ou de Cozia (sud) ne sont que quelques-unes des forêts les mieux conservées de Roumanie. Une partie dentre elles sont portées sur la liste avancée à lUNESCO en vue de figurer au Patrimoine mondial.




    Valentin Sălăgeanu, coordinateur de campagnes de Greenpeace, nous a déclaré : «En 2005, une étude faite au niveau national a indiqué que nous avions environ 218.000 ha, et létude nétait même pas complète. Les 10 années suivantes, à peu près la moitié de ces forêts auront été détruites. Malheureusement, une grande partie de cette destruction a eu lieu de manière légale, parce que jusquen 2012, il ny avait aucune disposition légale qui reconnaisse la valeur de ces forêts. Et alors, ces écosystèmes de si grande valeur ont été détruits ou coupés, le tout étant conforme à la loi. Depuis 2012, une série de critères et dindicateurs ont été introduits pour que ces forêts soient faciles à identifier. Une mesure de protection a été prise, mais elle nétait que partielle, et absolument insuffisante. De ce fait, même après 2012, lorsque la reconnaissance légale de ces forêts existait, une partie dentre elles ont encore été détruites. Aujourdhui, en 2017, nous avons, selon les estimations optimistes des ONGs denvironnement, Greenpeace comprise, le plus probablement 120.000 ha. La moitié ont donc été détruites.»





    Pour que ces forêts séculaires qui nous restent soient protégées sur le long terme, à la fin de lannée dernière, la création dun Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges a été décidée. Ce processus présuppose plusieurs étapes de travail, disait Valentin Sălăgeanu : « La première chose à faire, cest que la loi de lannée dernière, en vertu de laquelle une forme légale de protection est instituée – à savoir ce Catalogue – soit améliorée. Il y a certains blocages dans la procédure didentification et de reconnaissance de ces forêts qui font que les efforts des ONGs ne connaissent pas le succès. La deuxième chose quil faut nécessairement faire, cest que largent mis de côté dans le Fonds pour lenvironnement, à savoir 2,5 millions deuros pour identifier et cartographier ces forêts, soit utilisé par un appel doffres public, pour que le process soit rapide et que nous puissions inventorier ce quil reste. Le 3e aspect, extrêmement important, cest que tout le monde, à commencer par le ministère des Eaux et des Forêts, Romsilva, les propriétaires privés, les ONGs, arrive à la conclusion que la coopération est nécessaire. A défaut, nous perdons un patrimoine pour toute lEurope. Et cest dommage, car de tels écosystèmes une fois perdus, sont impossibles à refaire. »





    La vaste majorité de ces forêts appartient à lEtat, mais aussi à des propriétaires privés. Cest pourquoi les propriétaires de forêts se verront accorder des compensations, assure Valentin Salageanu : « Jusquici – quelques oppositions de la part des propriétaires privés, parce quune fois classées dans ce catalogue, ces forêts ne pourront plus être exploitées économiquement. Donc les propriétaires navaient plus rien à gagner une fois leurs forêts étaient inscrites dans ce registre. En échange, nous avons à compter de la fin de lannée dernière une décision de la Commission européenne par laquelle les propriétaires qui perdent des rentrées potentielles générées par les forêts se voient accorder des compensations. Donc le gouvernement en place doit tout simplement appliquer cette décision de la Commission européenne pour que les propriétaires privées soient dédommagés et pour quaucun obstacle à la protection de ces bois nexiste plus. Ces compensations sélèveraient à 500 euros par hectare et par mois. »





    Les forêts incluses au Catalogue seront soumises à un régime plus strict de protection, aucun chantier ni nulle autre activité humaine ne sera plus permise dans un bois séculaire. Les seules activités permises seront la recherche, léducation et les visites touristiques.



    Valentin Salageanu : « En fait, ce catalogue est une base de donnés, disponible au grand public qui inclut toutes les informations liées à ces bois. Une fois les forêts incluses dans ce catalogue, leur statut change, on ne peut plus opérer aucune intervention forestière. Donc, on introduit chaque hectare, avec son emplacement précis, ses coordonnées GPS, avec leur nom, tout bois ayant ce statut de bois vierge ou quasi-vierge. Jusquici, 13 mille hectares de telles forêts ont été répertoriés. Dans la deuxième phase, les 24 mille hectares de forêts de hêtre proposés sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO seront réévalués et inclus au Catalogue puisquils sont également en train de disparaître. Puis, dans la troisième phase, par un effort commun, tous les facteurs intéressés commenceront à rédiger des cartes avec les forêts vierges que nous possédons et dont on ne connaît pas encore lemplacement ».





    Selon des estimations, en une année, le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges sera complet et disponible sur le site du ministère des Eaux et des Forêts de Roumanie. (Trad. Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)

  • Le Parc national Buila Vânturarita

    Le Parc national Buila Vânturarita

    Il s’agit du parc Buila Vânturarita, situé dans le comté de Vâlcea, dans le sud du pays, dans le Massif Căpătânii des Carpates Méridionales. Cette aire protégée s’étale sur les 14 km de crête qui unit les sommets Buila (1849 m) et Vânturarita (1885 m).



    Au fil du temps, plusieurs rivières y ont creusé des gorges spectaculaires — dont celles de Bistrita, très étroites, s’étendent sur 1 km et peuvent être traversées en empruntant une route forestière qui a remplacé l’ancienne voie ferrée. Le paysage est fabuleux. Les pentes abruptes sont parsemées de grottes, dont certaines sont déjà des aires protégées — il s’agit, entre autres, de la grotte de Saint Grégoire le Décapolite — ou grotte des Chauves-souris. Le parc national Buila Vânturarita comptera bientôt parmi les sites naturels du Réseau européen Natura 2000. Qu’est-ce qui a déterminé la création, il y a 10 ans, de cette aire protégée ? Nous écoutons le directeur du parc, Cosmin Botez : «Au fil des années, les gens des parages ont remarqué les particularités de la végétation et de la faune de cette zone. Dans les années ’60 furent créées la réserve d’ifs des Gorges de Cheia et la réserve des Monts Stogu. La grotte Arnăutilor et la grotte des Chauve-souris ont été déclarés, à leur tour, zones protégées. On a pu remarquer une importante population de chamois, des exemplaires de lynx, de loup, d’ours, de chevreuil, pour ne plus parler des sangliers, des coqs de bruyère et j’en passe. Pour ce qui est de la flore de cette zone, parmi les espèces les plus précieuses figurent le Dianthus tenuifolius — sorte de petit œillet sauvage. Parmi les arbres et les arbustes, il convient de mentionner l’if, qui est une espèce protégée et le genévrier, qui pousse à plus de 1600 mètres d’altitude. Le Parc national Buila Vânturarita, compte 17 habitats reconnus et protégés. Mention spéciale pour les 6 espèces de chauve-souris, strictement protégées, ainsi que pour l’aigle royal et l’aigle pomarin. »



    La création du Parc national, on la doit notamment aux membres de l’Association Kogayon — une ONG qui a mis en œuvre de nombreux projets visant à développer l’infrastructure, à aménager des espaces destinés au camping et des itinéraires de randonnée ainsi qu’à promouvoir l’éducation écologique.



    Cosmin Botez: « Nous avons développé de nombreux projets, dont le plus important a coûté 100 mille euros, en 2008. Dans le cadre de nos projets d’éducation écologique, nous avons organisé des rencontres avec les communautés locales situées dans les deux vallées qui assurent l’accès au Parc. Nous souhaiterions lancer un projet — financé par LIFE Plus — en collaboration avec l’ONG « Batlife », qui est une association de protection des chauves-souris. Cette ONG siège dans l’ouest du pays, pourtant, ses membres, qui ont de l’expérience dans le domaine, souhaitent élargir leur activité à cette zone du Parc Buila Vânturarita, riche de plus de 150 grottes. »



    Le Parc national Buila Vânturarita compte 500 hectares de forêts vierges d’une grande valeur, en raison de leur biodiversité : arbrisseaux de différentes espèces qui poussent parmi des arbres séculaires, clairières parsemées de fleurs rares, espèces animales de toute la pyramide écologique. Quel que soit l’endroit où se pose notre regard, on découvre un décor surprenant : forêts de bouleaux, de hêtres et d’épicéas, traversées de ruisseaux formant de petites chutes d’eaux, pics en calcaire, pentes rocheuses, sommets arrondis couverts de prés fleuris et de pâturages. Des bergeries surgissent, ça et là, rendant le paysage encore plus pittoresque. Dans les forêts sauvages de Buila poussent des espèces végétales rares et protégées, dont la fameuse rose de Cozia, ainsi que le lys martagon. S’y ajoutent plusieurs espèces d’orchidées — 28 sur les 58 recensées sur le territoire roumain. Il faut dire que les orchidées comptent parmi les plantes les plus menacées au niveau mondial. Plus haut, vers les sommets, s’étend le paradis des prés alpins et des rochers.



    Du printemps à l’automne on peut y admirer les fleurs de montagne les plus rares et les plus délicates : tout d’abord, le trolle de montagne, pareil à une rose jaune; dans les endroits humides et ombragées des forêts, se hisse l’angélique officinale, une fleur d’un magnifique blanc verdâtre; les dianthus spiculifolius, s’étalent, eux, en magnifiques taches de couleur, au bord des sentiers. Dans les prés alpins, on rencontre la dryade à huit pétales, avec sa tige couchée et ses grandes fleurs blanches ainsi qu’une autre plante, spécifique des Balkans, Daphne blagayana, au parfum vanillé. Pourtant, c’est l’edelweiss qui demeure le symbole des crêtes. Cette reine des fleurs est protégée par la loi depuis 1931.



    Les animaux viennent compléter ce décor sauvage. Ils sont tous là, depuis le plus petit insecte jusqu’à l’ours des Carpates — roi des forêts — et au chamois — roi des hauteurs, qui figure, lui aussi, parmi les espèces menacées. Le ciel est également peuplé notamment d’oiseaux rapaces : diurnes — le milan royal, l’aigle pomarin et le faucon komez — ou nocturnes — notamment le Grand-duc d’Europe, communément appelé « hibou ». S’y ajoutent le thicodrome échelette — peut-être un des plus beaux oiseaux de Roumanie. On le rencontre dans la zone des gorges, voligeant entre les parois rocheuses. C’est un oiseau de petite taille, dont les ailes ressemblent à celles d’un papillon.



    Et puis, ces montagnes ont, depuis toujours accueilli de saintes demeures, dont seul quelques pèlerins connaissaient l’existence. En témoignent les ermitages et les monastères situés à la périphérie du parc, ainsi que les vieilles légendes qui racontent leur histoire.


    ( Trad. : Dominique)