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  • Les fortifications de Bucarest

    Les fortifications de Bucarest

    Jusqu’à la moitié du 19e siècle, à l’instar d’autres villes de l’espace qui s’est trouvé pendant des siècles sous la domination de l’Empire ottoman, Bucarest ne disposait pas de fortifications. L’art militaire et la philosophie de guerre du 19e siècle exigeaient qu’une ville stratégique, une capitale, soit dotée d’un système de défense contre l’ennemi. C’est ainsi qu’est née l’idée de fortifier Bucarest, devenu centre politique et administratif de la Roumanie suite à l’union, en 1859, des principautés roumaines de Valachie et de Moldavie.

    Nous remontons le fil de l’histoire avec Sorin Cristescu, professeur à l’Université bucarestoise «Spiru Haret» :

    « Cette idée se fait jour dès l’époque d’Alexandru Ioan Cuza (1859-1866), le premier prince régnant des deux principautés réunies. Il souhaite fortifier Bucarest, mais les moyens lui manquent. Le roi Carol I allait reprendre cette idée après la guerre d’indépendance de 1877-1878. Grâce à ses relations privilégiées avec la Belgique, Carol réussit à faire venir en Roumanie, par le biais d’une invitation personnelle, le général Henri Alexis Brialmont, spécialiste de ce genre de constructions. Le général avait érigé en Belgique des fortifications similaires, d’une très bonne qualité. La forteresse d’Anvers en est un exemple. On procéda donc à la construction de ces fortifications, qui comportaient 18 forts, situés à une quinzaine de km de distance, sur 72 km autour de la ville. Des batteries intermédiaires, dotées de canons de 57 millimètres, avaient été installées, tous les deux kilomètres. »

    Cette ceinture de forts de la capitale, considérée d’une grande importance stratégique, fut donc confiée au général belge. Sorin Cristescu. « La construction des fortifications a duré 17 ans. Elle a commencé en 1883 et a été considérée comme achevée en 1900 ; pourtant, certains travaux ont continué jusqu’en 1910-1911. Pour la construction proprement-dite, on a utilisé des briques habituelles. Un appel d’offre a été lancé pour 300 millions de briques. Finalement, on en a eu besoin de 500 millions. Le grand problème fut celui du choix des canons pour la coupole. Deux constructeurs étaient en compétition : le Français « Creusot » et l’Allemand « Gruson ». Ce sont les Français qui ont fini par avoir gain de cause, parce qu’ils ont affirmé que les soldats français pouvaient rester à l’intérieur, sous les tirs ennemis. Les Allemands ont refusé cette approche et ont très bien fait : ils savaient parfaitement qu’un soldat n’avait rien à chercher dans la coupole quand celle-ci essuyait les tirs ennemis. »

    Trois types de forts ont été érigés autour de la capitale roumaine. Les plus puissants se trouvaient dans le nord de la ville alors que des fortifications légères ont été placées dans le sud. Sorin Cristescu explique : « Les forts de type 1 étaient ceux de Chitila et d’Otopeni, dans le nord et l’ouest. Longs de 463 mètres, ces forts étaient armés de deux canons de 150 millimètres et de deux obusiers de 210 mm. Les forts du type 2 étaient placés à Mogosoaia (nord-ouest) et à Jilava (sud). Longs de 448 mètres, ils étaient dotés de 4 cannons de 150 mm, et de trois obusiers de 210 mm. Enfin les forts du troisième type, érigés dans la partie sud, (près des localités de Pantelimon, Cernica, Catelu, Leordeni, Popesti, Berceni, Broscărei, Măgurele, Bragadiru, Domneşti, Chiajna et Tunari), étaient des forts simples, de 400 mètres, avec des murs très épais. A l’intérieur, il fait très froid, il y a beaucoup d’humidité, un environnement très propice à des maladies comme la tuberculose. Il y a aussi un fort à Stefanesti, entouré d’une tranchée inondée, large d’une cinquantaine de mètres et d’une profondeur de 6,6 mètres. A Afumati, il y a un fort unique. Les gros forts, des deux premiers types, possédaient à l’intérieur une construction circulaire appelée réduit, qui permettait aux défenseurs de continuer à combattre, même après la prise de la fortification principale par l’ennemi. Les 18 batteries intermédiaires étaient elles aussi dotées d’un canon de 150 mm et de deux obusiers de 210 mm. »

    Sorin Cristescu explique combien ont coûté les forts bucarestois et s’ils avaient rempli leur mission:

    « Celui qui veut avoir une forteresse véritable durant une guerre, doit prévoir de ne pas utiliser les canons dont elle est équipée durant les premières phases d’une campagne militaire. Les canons, la munition et les militaires doivent rester à l’intérieur de ces fortifications. Or, cela n’a pas été le cas. Lorsque la Roumanie est entrée dans la première guerre mondiale, avant la signature de la convention militaire et politique avec l’Entente du 17 août 1916, les rapports austro-hongrois du 8 août 1916 indiquaient le fait que les fortifications de Bucarest avaient été abandonnées. Tous les canons avaient été démontés et envoyés aux régiments déployés sur les frontières du pays, qui en avaient besoin. Dans de telles conditions, la forteresse Bucarest était devenue inutile. Les coûts de construction avaient été estimés à 111 millions de lei-or. Et si nous pensons qu’un gramme d’or coutait 3 lei et 10 bani et que le pont ferroviaire de Cernavoda avait coûté 35 millions de lei, on se rend compte que cet argent aurait pu être utilisé pour acheter des pièces d’artillerie. »

    Durant la deuxième guerre mondiale, des canons antiaériens ont été installés dans certains de ces forts, pour défendre Bucarest contre les raids de l’aviation américaine. A la fin de la guerre, ces constructions ont été utilisées à d’autres buts et ont fait partie du patrimoine de différentes entreprises. A l’époque communiste, le fort 13 de Jilava a été transformé en prison politique. A l’heure actuelle, la vaste majorité de ces constructions est dégradée, abandonnée et inondée. L’accès des visiteurs n’est pas permis puisque les vestiges des forts se trouvent à l’intérieur de bases militaires et d’entreprises. Seul le Fort de Jilava est classé monument historique et accueille un musée consacré à la mémoire des détenus politiques de l’époque communiste. (Trad. Alex Diaconescu, Dominique)

  • A la redécouverte du comté de Sibiu

    A la redécouverte du comté de Sibiu

    Aux alentours de la cité, les Monts Făgăraş et Cindrel composent la scène du spectacle qu’offre cette destination touristique incontournable.



    Gyongyi Takacs, coordinateur de projet à l’Association de tourisme Sibiu, détaille les raisons pour lesquelles Sibiu vaut bien le détour. « L’automne est la saison des trajets touristiques à travers les 5 zones ethno – géographiques du comté de Sibiu. Nous vous invitons à découvrir la Route du fromage, dans le sud de notre contrée, plus précisément dans la célèbre région appelée Mărginimea Sibiului. Le 19 septembre, les troupeaux sont descendus des alpages pour rejoindre les bergeries d’hiver, plus proches des villages. Un autre itinéraire vous emmène dans les vergers qui regorgent de pommes et de noix, autant d’endroits qui offrent de très belles vues sur les collines couleur de rouille accroupies au pied des Monts Cindrel. Vous pouvez aussi visiter le musée Zosim Oancea de Sibiel, le plus célèbre musée d’icônes sur verre ou bien la Collection de Jina, qui recèle des objets de la vie quotidienne pastorale. D’autres offres s’adressent aux passionnés de vélo. Ils peuvent tester les circuits cyclo-touristiques qui partent de Mărginimea Sibiului et mènent au cœur des Monts Cindrel. Pour satisfaire à toutes les demandes, on vous propose une large variété d’itinéraires et un centre de location de vélos dans la localité de Cristian. Ne manquez pas non plus de passer au moins une journée à respirer l’air frais de la station de montagne de Păltiniş et à vous offrir une bonne dose d’adrénaline dans le parc d’aventure Arka Park ».



    En amont de la rivière Olt, vous attendent le Palais entouré de jardins du baron Samuel von Brukenthal, à Avrig et puis l’abbaye cistercienne à Cârţa. L’image des crêtes du Massif de Făgăraş ne vous quittera pas de sitôt. Et si, une fois arrivés à la cascade Bâlea, vous montez dans une télécabine, vous aurez une vue imprenable sur l’autoroute Transfăgărăşan, la plus spectaculaire de Roumanie.



    La contrée de Sibiu est également réputée pour sa cuisine traditionnelle, précise encore Gyongyi Takacs: « Au bout du chemin qui longe la rivière Hârtibaci, les gourmands seront servis, lors des nombreux événements gastronomiques mémorables: prévoyez donc un pique-nique écolo, un festin avec des produits du terroir, sur le belvédère des Monts Fagaras. N’oubliez pas de faire une étape à Moara Veche (Le Vieux Moulin) de Hosman, histoire de goûter aux délicieux plats de la région. Dirigez-vous ensuite vers Agnita. Une fois là, après être montés dans la tour de l’église fortifiée, n’hésitez pas à déguster le « hencleş », sorte de brioche inspirée de la cuisine saxonne ».


    Dans la Vallée des Târnave, également appelée « La Route des fortifications », le charme des églises fortifiées est rehaussé par le coloris du paysage automnal. Les citadelles de Valea Viilor — la Vallée des Vignes – et Biertan, deux sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, vous attendent elles aussi pour vous raconter des histoires, comme celle de la tour de la réconciliation, de la sacristie au portail le plus inédit ou encore du plus beau polyptyque de Transylvanie.



    La ville de Sibiu dont la première attestation documentaire remonte à 1191, conserve une forte empreinte médiévale. Du 13e au 16e siècles, y ont été dressées pas moins de 4 ceintures fortifiées. Le centre-ville, qui regroupe 3 places historiques, à savoir la Place Huet, la Petite et la Grande Place, est devenu le site médiéval le plus important de Roumanie. Sur la Grande Place, s’élèvent des bâtiments majestueux portant les armoiries des principales familles des 15e — 18e siècles. Un bâtiment représentatif de Sibiu est le Palais du baron Samuel von Brukenthal, qui abrite le premier musée d’art ouvert au public roumain en 1817. Construit en style baroque entre 1778 et 1788, le palais a été la résidence officielle du baron Brukenthal. Les éléments originels ont été conservés, tout comme les intérieurs des salons.



    Si vous préférez visiter Sibiu sans guide, alors sachez qu’il y a plusieurs centres d’information touristique dans la ville, certains appartenant à la municipalité, d’autres — privés. Leurs employés sont là pour vous renseigner en anglais, allemand, espagnol et français.



    Ou bien vous pouvez vous rendre à Sibiu à l’occasion des différents événements qui y sont organisés. Gyongyi Takacs nous donne quelques exemples : «Vous pouvez opter pour un séjour plus complexe comportant dégustations de produits traditionnels dans la Tour au Lard de l’église fortifiée de Mosna. Vous pouvez passer la nuit à l’église fortifiée d’Axente Sever. Et il ne faut absolument pas rater les dégustations de vins de la cave de Traube, se trouvant dans le centre historique de la ville, ni les eaux à effets thérapeutiques de la station thermale de Bazna. Voici quelques événements qui auront lieu à Sibiu cet automne : une nouvelle saison du Théâtre National Radu Stanca, la 46e édition du festival de Jazz de Sibiu prévue pour la fin octobre et le Festival Mozaic Jazz, qui se déroulera à la mi-novembre. S’y ajoute le festival des chorales traditionnelles de Saliste, principale ville de la région de Marginimea Sibiului, un événement prévu toujours pour la mi-novembre. Enfin, vous pouvez visiter le Musée de la civilisation traditionnelle ASTRA, un musée du village en plein air. L’occasion aussi de vous rendre au Bistrot à l’ancienne, pour y déguster le moût fraîchement tiré et découvrir les traditions vigneronnes».


    Autant de raisons pour vous convaincre que Sibiu est une des villes les plus touristiques de Roumanie. Bon voyage ! (Trad. Mariana Tudose, Valentina Beleavski)