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  • La collection et le musée « Dr George Severeanu »

    La collection et le musée « Dr George Severeanu »

    Un des vieux quartiers chics du centre-ville de
    Bucarest abrite la maison du médecin George Severeanu, transformée en musée et
    en filiale du Musée de la ville. Ce qui n’est pas étonnant, puisque le médecin
    radiologue Severeanu avait été le premier directeur du musée d’histoire de la
    capitale roumaine et aussi l’un des plus connus collectionneurs d’artefacts archéologiques
    de son temps.

    Né en 1879 dans une famille de médecins, George Severeanu a
    hérité certaines de ses passions – dont la médecine et les voyages – de son
    père, le chirurgien Constantin Dimitrescu Severeanu, lui-même médecin célèbre à
    l’époque, raconte Dan Pârvulescu, muséographe à la Maison-musée George
    Severeanu: Il avait réussi à voyager assez souvent à
    l’étranger, inoculant ainsi à son fils, le médecin George Severeanu, cette
    passion des voyages à l’étranger, des visites de musées. C’était d’ailleurs une
    activité à la mode à cette époque-là. Il a parachevé ses études à Berlin et Vienne.
    Il a rencontré de nombreux autres collectionneurs passionnés. C’était la mode
    en Europe et chez nous aussi, c’est donc ainsi qu’il a commencé à ramasser
    petit à petit différents objets, menant en parallèle une carrière médicale
    d’exception. Il a enseigné à la Faculté de médecine et il a pratiqué la
    médecine à l’Hôpital Brâncovenesc, de Bucarest. Il a également écrit un très
    grand nombre d’articles de médecine et des livres, alors que sa passion était
    de collectionner des artefacts archéologiques.



    Une grande partie de ces
    artefacts sont d’origine gréco-romaine, ayant été découverts dans l’espace
    roumain, en Dobroudja, et dans le bassin méditerranéen. Mais la collection du
    docteur Severeanu contient aussi des surprises archéologiques, telles des
    objets préhistoriques découverts dans la région de Bucarest, qui ont aidé à
    compléter l’histoire de la capitale roumaine. Pourtant, le radiologue George Severeanu avait surtout apprécié la
    numismatique, affirme Dan Pârvulescu: La numismatique a été sa plus grande
    passion, sa collection comprenant près de 9.000 monnaies grecques, romaines et
    médiévales, dont il a d’ailleurs fait don au musée. C’est ce qu’il a fait aussi
    avec l’ensemble de la collection, entrée graduellement au patrimoine du Musée
    de la Ville. Là aussi, il y a eu quelques surprises, notamment concernant
    l’époque médiévale. Par exemple, des monnaies frappées durant le règne du
    prince valaque Radu I, un personnage historique qui ne nous a pas laissé beaucoup
    de traces, mais cette importante collection de monnaies a permis de mieux
    documenter des aspects liés à l’économie, au commerce et à la circulation
    monétaire de son époque.



    Compte tenu de l’importance de
    la collection du docteur Severeanu, ce n’est pas étonnant qu’il fût nommé
    directeur du musée d’histoire de la Capitale lors de la création de cette
    institution à l’entre-deux-guerres, explique Dan Pârvulescu: Ce fut le souhait de la municipalité de créer ce musée, qui est devenu
    une réalité une bonne dizaine d’années après la décision prise en 1921. Le
    noyau de la collection du musée s’est coagulé d’une part autour de la
    collection du docteur Severeanu. D’autre part, des fouilles archéologiques
    étaient en cours dans la région de Bucarest, les objets découverts venant
    compléter le patrimoine du nouveau musée. A cela sont venues s’ajouter des dons
    faits par la population, car de nombreux gens ont suivi l’exemple du docteur
    George Severeanu.


    Malheureusement, le sort de la
    maison du docteur – elle aussi un objet du patrimoine architectural de la ville
    – n’a pas été heureux, surtout au début du régime communiste, quand elle a été
    nationalisée et occupée par des apparatchiks communistes, comme le raconte Dan
    Pârvulescu: Différentes personnes y ont habité. Le docteur George Severeanu était
    décédé en 1939, mais son épouse lui avait survécu près de 18 ans. La maison a
    été nationalisée et des personnes envoyées par le parti communiste y ont habité
    par la suite. Pendant ce temps, la collection a été envoyée à l’étranger. Une
    bonne partie en est arrivée à Paris, une autre en Belgique. Des documents
    manquent toujours des archives du musée, de celles de la maison et même des
    Archives nationales. Nous sommes en train de mettre en page une monographie de
    cette famille, qu’elle mérite fortement. Il y a une période vide, sur laquelle nous
    n’avons aucune information. Ce que l’on sait c’est qu’en 1956, la maison a été
    ouverte sous la forme d’un musée à caractère principalement numismatique,
    jusqu’au moment où elle a été refermée au début des années 1990 à cause de son état
    de dégradation avancée. Certes, la composante archéologique était présente,
    notamment grâce aux vases grecs. La structure de l’exposition permanente,
    ouverte en 1956, était numismatique.



    Heureusement,
    en 2017, au bout de longs travaux de restauration et de réorganisation, le
    Musée George Severeanu a été ouvert dans la maison du docteur, sa collection
    étant mise en valeur de façon moderne et interactive. (Trad. Ileana Ţăroi)