Tag: Grande Roumanie

  • Le drapeau de la Roumanie

    Le drapeau de la Roumanie

    Selon la Constitution, le drapeau national de la Roumanie comporte trois couleurs de dimensions égales rangées verticalement : bleu (à gauche), jaune (au centre) et rouge (à droite). Néanmoins, à chaque fois que l’on parle du tricolore national on le décrit comme étant rouge, jaune et bleu. Il est très semblable au drapeau civil d’Andorre et au drapeau d’Etat du Tchad. C’est en fait la nuance de bleu qui fait la différence entre les trois. Le drapeau roumain et le celui de la République de Moldova sont presque identiques aussi. C’est le blason qui fait la différence dans ce cas. Selon des chroniques historiques et des légendes, dans l’espace roumain ces trois couleurs – rouge, jaune et bleu ont été utilisées depuis des siècles. On les retrouve par exemple sur les diplômes émis par le prince valaque Michel le Brave. Mais vu que jusqu’au 19e siècle il y a eu 3 principautés roumaines distinctes sans une conscience nationale roumaine qui les réunisse, ces trois couleurs n’étaient pas utilisées pour identifier les Roumains.

    C’est à peine au 19 siècle que ces trois couleurs deviennent un symbole de l’identité nationale roumaine. On les retrouve en 1821 sur le drapeau de la révolte menée en Valachie par Tudor Vladimirescu pour renverser le régime phanariote. C’est à ce moment-là que l’on donne les premières significations aux les couleurs du drapeau : le bleu du ciel, symbole de la liberté, le jaune des champs de blé, symbole de la Justice et le rouge du sang, symbole de la fraternité. C’est la Valachie qui adopte la première ce tricolore comme drapeau de lutte, en 1834. Toutefois, sur ce premier drapeau les couleurs avaient un autre ordre – rouge, bleu et jaune. Par la suite, en juin 1848, le drapeau valaque a trois couleurs horizontales – bleu, jaune et rouge – et l’inscription Justice et Fraternité. Un mois plus tard seulement, un décret du gouvernement provisoire valaque précisait que le drapeau roumain devait avoir des couleurs verticales, étant peut-être inspiré du drapeau français. En Transylvanie, les révolutionnaires avaient utilisé en mai 1848 un drapeau bleu-blanc et rouge, le blanc étant remplacé plus tard par le jaune, pour témoigner du désir des gens se joindre aux autres Roumains. La Moldavie aussi avait utilisé un drapeau ayant les mêmes couleurs, sans pourtant l’adopter officiellement.

    Le drapeau change à plusieurs reprises au cours du 19e siècle, de fois on utilise des drapeaux différents au cours de la même année. Soit on revient aux couleurs horizontales, soit on met le rouge en première position, puis le bleu, etc. Une chose est sûre, en 1861, le prince Alexandru Ioan Cuza décide que le tricolore soit le drapeau civil officiel des principautés réunies de Moldova et de Valachie. C’est en 1866 que l’on précise dans la Constitution que les couleurs sont disposées verticalement, à commencer par le bleu. Les symboles restent les mêmes : liberté, justice, fraternité. En 1918, lorsque la Transylvanie se joint à la Roumanie formée auparavant par l’union de la Valachie et de la Moldavie, le drapeau de la Grande Roumanie reste le même. Depuis c’est le blason qui a changé à plusieurs reprises. Mais je vous en parlerai une prochaine fois.

  • Célébration du Centenaire au Parlement de Bucarest

    Célébration du Centenaire au Parlement de Bucarest

    Réunis, mercredi, au Parlement de Bucarest, les chefs des principaux partis roumains ont transmis leurs messages à l’occasion de la célébration du centenaire de la Roumanie moderne. Ils ont tenté de dresser le bilan, entre les attentes des Roumains d’il y a un siècle et celles d’aujourd’hui. Au centre de tous les discours, les leçons à tirer de de l’histoire, sous un éclairage plutôt politique. Le président Klaus Iohannis a invité le gouvernement à se reconnecter aux intérêts nationaux. La première ministre, Viorica Dancila a quant à elle plaidé pour l’apaisement au sein de la classe politique roumaine.

    Bien que les Roumains souhaitent que ce moment historique soit marqué par l’unité, les remarques acides ont fusé entre la coalition au pouvoir formée du Parti Social Démocrate (PSD) et de l’Alliance des Libéraux et des Démocrates (ALDE), l’opposition de droite et le président.

    Dans son discours, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a déclaré que le respect de la loi et la liberté des individus sont les valeurs qui ont animé les Roumains il y a un siècle et qui les mobilisent encore de nos jours. A l’heure actuelle, la Roumanie est une société libre, elle a des institutions stables, elle est membre de l’UE et forte d’un partenariat stratégique avec le pays le plus fort au monde, les Etats-Unis, a-t-il encore ajouté. Il a ensuite invité la classe politique et le gouvernement à écouter la voix des Roumains et à s’élever à la hauteur du Centenaire que nous célébrons ces jours-ci. Klaus Iohannis : «Tout comme il y a un siècle, les gens d’aujourd’hui ont de grands espoirs pour l’avenir de notre pays et des attentes justifiées face à ses dirigeants. D’autant plus que c’est l’année du Centenaire, les Roumains attendent une gouvernance à la hauteur de l’héritage qui nous a été légué, ils veulent avoir des leaders politiques responsables, honnêtes et qui proposent des objectifs politiques ambitieux pour la Roumanie et non pas pour leurs intérêts à court terme. », a déclaré le président.

    De l’autre côté de la barricade politique, la première ministre Viorica Dancila, et le chef du PSD, Liviu Dragnea, ont appelé à l’unité. Viorica Dancila estime que c’est le moment de retrouver un consensus, et le calme, notamment pour défendre les intérêts de la Roumanie en Europe : « J’adresse un message pour la paix politique au président de la Roumanie, M Klaus Iohannis. Je suis persuadée que, quels que soient les enjeux politiques ou électoraux qui nous attendent, moi en tant que premier ministre et lui en tant que président, nous avons le devoir de coopérer. Ce devoir va au-delà de tout enjeu personnel. C’est notre devoir face aux Roumains et face à la Roumanie ».

    Du côté de l’opposition, le député libéral, Gigel Ştirbu a précisé que le Centenaire devrait être un moment de réflexion sur les réussites de ces 100 dernières années : « La Roumanie d’aujourd’hui est – elle la Roumanie que nos prédécesseurs, auteurs de ce grand acte historique de 1918, ont imaginée ? Quelle Roumanie laissons-nous en héritage à nos successeurs ? ».

    A son tour, le leader de l’Union Sauvez la Roumanie (USR) a dressé un parallèle entre le passé et le présent. Dan Barna : « Une génération avant la Grande Union, Anghel Saligny concevait le système des ponts de Cernavoda. Le projet d’ingénierie le plus spectaculaire en Europe était à l’époque en Roumanie. Les politiciens qui ont dirigé pendant 30 ans la Roumanie après la Révolution anticommuniste n’ont pas été capables de terminer une seule autoroute, pour relier les régions historiques. »

    A cette séance solennelle du parlement, ont participé, entre autres, les anciens présidents de la Roumanie Emil Constantinescu et Traian Băsescu, les membres du gouvernement et les chefs des missions diplomatiques accrédités à Bucarest. Le président de l’Académie roumaine, le président de l’Association nationale des anciens combattants, le patriarche de l’Eglise orthodoxe roumaine et des représentants de l’Eglise catholique et de l’Eglise gréco-catholique comptaient également parmi les invités. (Trad. Valentina Beleavski)

  • La France et la Grande Roumanie

    La France et la Grande Roumanie

    Cent ans après la fin de la Grande Guerre, nous revivons la période tumultueuse comprise entre la fin du conflit de 14/18 et la signature du Traité de Trianon, au Banat et en Transylvanie, territoires censés passer sous souveraineté roumaine. Mais aussi le rôle joué par un officier d’exception, le général Henri Mathias Berthelot, et par les troupes françaises dans la pacification de la zone pendant cette période de toutes les incertitudes et de tous les dangers.

    Souvent, les études et les cours d’histoire des relations internationales ont mis sur le compte de la France l’architecture des frontières dessinées en Europe Centrale et de l’Est, après la Grande Guerre. Ce qui est parfaitement vrai, en bonne partie du moins. C’est parce que les Etats qui se forment à l’issue de la première guerre mondiale doivent, en effet, leur existence à la France. La Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie sont les Etats qui naissent, renaissent ou se redessinent, après que l’Entente a défini les conditions par lesquelles la Grande Guerre prend fin.

    Fin 1918, rien n’est encore joué. Des territoires, situés encore en Autriche-Hongrie, majoritairement roumanophones ou historiquement habités par d’autres ethnies, se trouvent toujours en dispute. Ce n’est que l’habileté de chaque « joueur » politique, les arguments qu’il saura trouver, qui feront la différence. Dans ce contexte d’incertitude, la France aura un rôle décisif, par la personne du général Henri Mathias Berthelot qui plaida sans relâche la cause roumaine.

    L’historien Aurel Ardelean de l’Université de l’Ouest « Vasile Goldiș », de la ville d’Arad, nous fait revivre la complexité de ces jours fébriles de 1918: « Cela remuait ferme à la fin de l’année 1918 et au début de 1919, dans la région occidentale de la Roumanie. Car, si au début de la guerre, le royaume de Roumanie avait acquit des garanties fermes quant à la souveraineté de cette zone, une bonne partie de cette dernière se trouvait de facto sous l’occupation militaire serbe à la fin de la guerre. Ion C. Brătianu, qui concentrait à l’époque aussi bien les prérogatives de premier ministre que ceux de ministre des Affaires étrangères, envoya, le 22 décembre 1918, un télégramme à l’ambassadeur français, le comte de Saint-Aulaire, où il faisait état des exactions commises par l’armée serbe à l’encontre des Roumains du Banat. Par ailleurs, la ville d’Arad était assaillie de réfugiés. L’administration serbe de la ville de Timișoara avait ordonné la dissolution du Conseil national roumain du département de Timiș, ainsi que des gardes nationales roumaines. « Le peuple roumain tout entier est terriblement vexé par l’attitude de l’armée serbe, qu’il avait tant admirée aux heures sombres de la Grande Guerre », écrivait Bratianu »

    Arrivé en Roumanie au mois d’octobre 1916, à la tête de la mission militaire française, le général Berthelot fut obligé de rentrer en France en mars 1918, au moment où la Roumanie venait de signer l’armistice largement défavorable de Buftea, avec les Puissances centrales. Il revient en Roumanie en octobre 1918, à la tête d’une mission militaire française renouvelée, et se déplace sans tarder dans la région du Banat et dans la Transylvanie de l’Ouest, pour constater sur place la réalité des faits réclamés.

    L’historien Aurel Ardelean explique: « L’installation de l’administration roumaine dans ces zones rencontre de la résistance. « Le martyre des Roumains de Transylvanie ne m’est que trop connu. Que l’amour fraternel qui nous unit vous rassure. Nous vous assurons de tout notre appui, et nous ferons de notre mieux pour asseoir, une fois pour toutes, les frontières de la Grande Roumanie », résonnaient les paroles adressées par le général Berthelot, commandant des troupes de l’Entente sur le Danube, et chef de la mission militaire française en Roumanie, à Vasile Goldis, qui se trouvait à Bucarest, à la tête de la délégation roumaine, venue remettre au roi Ferdinand de Roumanie, les patents de l’Union. Ces paroles caractérisent bien l’esprit de la visite du général français à Arad et dans l’Ouest de la Roumanie dans les années 1918 et 1919. La presse du temps, et notamment le journal « Le Roumain », « Românul », relate la visite du général, déroulée dans une période où l’administration roumaine peine à asseoir son autorité à Arad, en Transylvanie et dans le Banat. »

    La visite du général Berthelot était censée pacifier une zone profondément marquée par les années de guerre, les animosités accumulées, les frustrations des populations mélangées.

    Aurel Ardelean : « A la veille de l’arrivée de général français, des irrédentistes magyars ont attaqué les Roumains venus accueillir le général. Des coups de feu ont éclaté, les drapeaux roumains ont été jetés à terre et des bousculades ont provoqué de nombreuses victimes. « Que ces énergumènes le sachent : Ce ne seront pas les démonstrations de ces cinglés qui décideront du sort politique des Roumains et des Magyars, mais le Congrès de Paix. D’ici là, les uns et les autres devront garder leur sang froid. La Cour internationale fera justice ». C’est la position officielle, pacifiste, des Roumains, qu’exprime en ces termes le journal « Le Roumain ». D’ailleurs, le général français n’en demandait pas mieux et, pour pacifier la zone et afin d’éviter les conflits ethniques, les troupes françaises ont occupé la zone ».

    Le rôle de ces troupes n’était autre que de calmer les esprits, et le général Berthelot, leur commandant, l’accomplit brillamment. Selon l’historien Aurel Ardelean : « En feuilletant la presse du temps, on remarque la détermination du général français. Dans l’édition du 23 décembre 1918, dans la revue « L’Eglise et l’Ecole », on apprend que : « Les troupes françaises sont au Banat. Suite à des manifestations sanglantes, les troupes françaises du général Berthelot sont arrivées à Arad hier, pendant la nuit, pour assurer l’ordre public mis en péril par les agissements des éléments irrédentistes. Des sentinelles françaises montent actuellement la garde au siège de la rédaction du journal « Le Roumain ». » Plus loin l’on pouvait lire encore : « L’armée roumaine occupera Oradea Mare, Arad et Sighetul Marmației. Un colonel français a remis au gouvernement hongrois une mise en garde de la part du général Berthelot, signifiant que l’Armée roumaine était en droit de passer outre la ligne de démarcation actuelle et qu’elle pouvait occuper les villes de Cluj, Dej, Satu Mare, Oradea, Radna, Arad, Marghita ainsi que Sighetul Marmației. » Cette opération se déroulera avant l’arrivée des troupes françaises ».

    Les traités de paix ultérieurs ont consacré des frontières tracées conformément aux aspirations des nations assoiffées de liberté et aux contours du mosaïque ethnique de l’époque. La Roumanie assit ses frontières à la fin de la Grande Guerre sur leur emplacement actuel grâce à l’aide indéfectible de son grand allié, la France. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les minorités ethniques de la Grande Roumanie

    Les minorités ethniques de la Grande Roumanie

    La cohabitation de ces communautés avec les Roumains majoritaires était régie tant par la loi que par les coutumes et les usages. Malheureusement, près d’un demi-siècle durant, en raison de l’histoire tourmentée du 20e siècle, les rapports entre population majoritaire et minoritaire ont connu maints avatars, allant de la tolérance au génocide.

    L’historien Ioan Scurtu passe en revue ces rapports tels qu’ils se sont manifestés en Roumanie, dans la première moitié du 20e siècle, plus précisément jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. A quelques exceptions près, les Roumains ont entretenu de bonnes relations avec les ethniques minoritaires. Ioan Scurtu explique les circonstances dans lesquelles a été conclue la paix mettant fin à la Grande Guerre : « La Conférence de paix de Paris, des années 1919-1920, a décidé de respecter le principe national. En clair, les nouveaux pays nés sur les ruines de l’Empire des Habsbourg et de celui des tsars allaient devenir autant d’entités nationales. La réalité a toutefois démontré l’impossibilité de créer un Etat pur d’un point de vue ethnique. A l’instar des autres Etats, la Roumanie a dû englober dans sa structure des minorités nationales, il est vrai, moins nombreuses que celles de pays tels la Tchécoslovaquie, la Pologne ou la Yougoslavie. Plusieurs minorités ethniques se sont établies, au fil du temps, sur le territoire de la Roumanie actuelle et de celle de 1918. Pendant la domination ottomane, qui s’est étendue de 1417 à 1878, la contrée de Dobroudja (sud-est) a été colonisée par des Turcs, des Tartares et des Bulgares. Dans la province de Bessarabie, l’Empire russe a emmené des colons russes, juifs, ukrainiens, bulgares et gagaouzes. Enfin, la Transylvanie a été colonisée de Saxons et de Sicules, tandis que des Allemands, des Juifs et des Ukrainiens sont arrivés en Bucovine. Bref, une structure nationale complexe. Les Roumains ont accepté d’accueillir des minorités persécutées dans leur pays d’origine. C’est le cas des Juifs, victimes de véritables pogroms organisés en Pologne ou en Russie. Dans cette mosaïque, une minorité nationale ne comptait même pas pour 10% de la population ».

    Une des minorités à avoir fait l’objet de disputes a été la minorité magyare. Ioan Scurtu a détaillé le problèmes des « optants » de Transylvanie: « Entendez par optants les Magyars de souche vivant en Transylvanie auxquels le traité de Trianon a conféré le droit d’opter pour la nationalité hongroise et qui ont déménagé en Hongrie. La réforme agraire de Roumanie a entraîné l’expropriation des grands propriétaires terriens, roumains, mais aussi magyars. Leurs terres ont été distribuées tant aux paysans roumains qu’à ceux appartenant aux minorités nationales. Se considérant lésés dans leurs droits, les optants ont introduit une action en justice contre l’Etat roumain, avec l’appui du gouvernement de Budapest, et déposé plainte auprès des Nations Unies. Ce n’était en fait qu’une modalité dont le gouvernement hongrois s’était servi pour agiter les esprits et faire croire aux Européens qu’il y avait un problème en Transylvanie. La Convention de La Haye de 1932 allait décider que les optants reçoivent des dédommagements de la part de Budapest, les sommes respectives devant être déduites du montant que la Hongrie avait à verser à la Roumanie à titre de dette de guerre ».

    La minorité ethnique bulgare a constitué un autre exemple d’exception à la règle de bonne cohabitation, précise l’historien Ioan Scurtu : « Après le Traité de Bucarest, de 1913, qui mettait un terme à la seconde guerre balkanique, la Roumanie a annexé les deux comtés connus sous le nom Quadrilatère, habités par une importante communauté bulgare. Dans cette région du sud de la Dobroudja, aucune population n’était majoritaire, qu’il s’agisse des Roumains, des Bulgares ou des Turcs. On avait donc affaire à une mosaïque d’ethnies. Seulement voilà, les Bulgares ont prétendu que non seulement le Quadrilatère, mais la Dobroudja tout entière aussi devait leur appartenir. Pour alimenter l’esprit revendicatif, ils ont fait appel aux paysans bulgares. Le Parti communiste bulgare a lui aussi mené une campagne de propagande, par le biais de la IIIe Internationale et dans laquelle Gheorghi Dimitrov a joué un rôle de premier ordre. Il y avait convergence d’intérêts entre les révisionnistes hongrois et bulgares, car ils visaient tous le démantèlement de l’Etat roumain, ce qui allait d’ailleurs arriver en 1940. De son côté, l’Etat roumain a assuré aux différentes minorités maints droits et libertés d’expression, y compris la représentation au Parlement ».

    C’est la minorité juive qui a le plus souffert à cause du climat politique de l’entre-deux-guerres. L’historien Ioan Scurtu affirme pourtant que, jusqu’au milieu des années 1930, Juifs et Roumains ont eu une cohabitation normale : « A mon avis, on a tendance à exagérer quand on parle des conflits, des pogroms etc. Moi, personnellement, je n’accepte pas l’idée – et les documents en témoignent – selon laquelle des conflits ont opposé les Juifs aux Roumains, pendant l’entre-deux guerres. C’est vrai qu’après 1934-1935 le courant nationaliste s’est intensifié, avec la montée de l’extrême droite et surtout l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933. Ce courant envisageait à consolider la nation roumaine et à éliminer les minorités, affirmant que la Roumanie devait appartenir aux seuls Roumains. Ce qui allait se passer dans les années ’40 ne s’inscrivait plus dans la logique d’une évolution naturelle de la société roumaine. En 1941, le régime du maréchal Antonescu a adopté un plan d’actions visant à exterminer les Juifs. Ce sont là les actes les plus condamnables de ce gouvernement, qui a ordonné la déportation en Transnistrie des Juifs de Bucovine et de Bessarabie, sans justification aucune ».

    Pour conclure, disons que, durant l’entre-deux-guerres, les relations de la population roumaine majoritaire avec les minorités nationales ont été plutôt normales, excepté certains dérapages, bien évidemment.

  • La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    Dans ce deuxième volet des émissions sur la Première Guerre mondiale, nous nous penchons plus particulièrement sur la commémoration de la Grande Guerre en Roumanie. En effet il existe des variations très sensibles entre les premières années du communisme pendant lesquelles cette tragédie est considérée comme le produit d’un impérialisme occidental et les dernières années où elle n’est plus qu’un événement parmi d’autres dans une logique de glorification de Ceausescu et de sa rhétorique.