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  • Tourisme spéléologique dans les Monts Aninei

    Tourisme spéléologique dans les Monts Aninei

    La Roumanie recense environ 12 000 grottes, ce qui la classe parmi les premiers pays d’Europe en termes de nombre et de diversité de celles-ci. D’une beauté rare, les grottes de Roumanie se distinguent par l’unicité de leurs formations karstiques et par la profondeur de leurs galeries, dont certaines dépassent les 10 km.

    D’ailleurs, c’est en Roumanie, au début du 20e siècle, que l’explorateur roumain Emil Racoviță a jeté les bases du premier institut de biospéologie au monde, commençant à déchiffrer les mystères de l’univers souterrain.

    Nous partons aujourd’hui à la découverte d’une des plus belles et plus sauvages grottes de Roumanie, qui se trouve dans l’ouest du pays, dans les monts Aninei. Il s’agit de la grotte de Comarnic. Longue de 6 203 m et avec un dénivelé de 100 m, elle s’étale sur 3 niveaux, dont seul le niveau supérieur est accessible aux touristes. Appelé le niveau « sec », celui-ci s’étend sur 1 750 m. Le niveau inférieur de la grotte est traversé par le cours souterrain du ruisseau Ponicova.

    Notre guide dans les profondeurs de la grotte de Comarnic est Bogdan Bădescu, président de l’Association de spéléologie « Exploratorii » (Les explorateurs) de Reșița. Il est aussi un spéléologue de renommée nationale et ancien président de la Fédération roumaine de spéléologie.

     

    Le calcaire, c’est son affaire !

     

    Pour qu’une grotte se forme, il faut avoir des roches solubles et notamment du calcaire, explique notre invité. Eh bien, la zone de Caraș-Severin (sud-ouest) abonde en calcaire, d’où ses nombreuses grottes. Bogdan Bădescu explique encore :

     

     « Le calcaire est formé sur le fond des mers ou des lagunes, là où vivent plein d’animaux marins. Quand ils meurent, ils restent au fond, leurs coquilles et leurs os formant une couche épaisse, déposée là pendant des millions d’années. Ainsi arrive-t-on à la situation actuelle dans les monts Aninei, hauts de plus de 1000 m et tous formés de calcaire. Trois conditions sont à remplir pour avoir une grotte : avoir des roches solubles, avoir de l’eau qui coule à travers les roches solubles pour les dissoudre et former ainsi des galeries. Et, enfin, il faut avoir la voie qui permette le passage de l’eau. Il ne suffit pas d’avoir des roches, il faut aussi quelques fissures qui permettent à l’eau de s’écouler. Au fil du temps, l’eau dissout progressivement le calcaire. Par conséquent, une galerie qui avait au début une fissure d’un centimètre, peut avoir aujourd’hui 10, voire 20 m d’épaisseur et de hauteur. » 

     

    Mais quid du calcite ?

     

    Voici un aspect particulier de la grotte de Comarnic : elle n’a pas de stalactites. En revanche, elle a des dépôts de carbonate de calcium, aussi appelé calcite. Bogdan Bădescu nous les décrit :

     

    « A mesures que l’on avance dans la grotte, on peut observer de plus en plus de formations de calcite de ce genre, à différentes étapes et formes, toutes très, très belles. Vers le centre de la grotte, à quelque 200 m de profondeur de la surface, on trouve des bassins marins remplis d’eau. Les gens les appellent « les murs chinois ». Ils ont un charme particulier. Autre caractéristique de cette grotte : les formations de silex, un matériau avec lequel les hommes primitifs confectionnaient leurs premiers outils. » 

     

    Bien que cet environnement paraisse peu hospitalier et que les conditions de vie dans les grottes soient très difficiles, on y trouve quand même des formes de vie qui se sont adaptées à ce milieu. En fait, il existe un véritable univers souterrain, dont nous parle Bogdan Bădescu, président de l’Association de spéléologie « Exploratorii » (Les explorateurs) de Reșița :

     

    « On y trouve toute une série d’invertébrés, d’un ou deux millimètres, voire moins d’un millimètre. Ces espèces vivent en permanence à l’intérieur de la grotte, se nourrissant les unes des autres ou des ressources trophiques apportées par l’eau venue de la surface. A part ces espèces-là, il y en a une centaine en fait, on retrouve aussi des espèces qui arrivent par accident dans la grotte. A haut débit, le ruisseau de Ponicova peut draguer avec lui des crabes ou des grenouilles. Tant qu’elles trouvent de la nourriture, ces espèces survivent dans la grotte, mais pas pour longtemps. S’y ajoutent des papillons et des araignées, à retrouver surtout sur les 10 premiers mètres de l’entrée. Mais les espèces emblématiques de ces lieux,  que tout le monde connaît, sont les chauves-souris. Et puis, il y a aussi des mammifères qui entrent constamment dans la grotte, soit pour y accoucher, soit pour hiberner ou pour trouver refuge. Ils sont assez nombreux notamment pendant l’hiver. » 

     

    Comment se renseigner avant de se lancer ?

     

    Comment faire pour visiter cette grotte pas comme les autres ? Pour des informations pratiques nous passons le micro à Nicolae Ifca, le directeur du Parc National de Semenic-Cheile Carașului, dont la grotte de Comarnic fait partie :

     

    « Je recommande aux touristes de visiter d’abord le site officiel du parc www.pnscc.ro, pour se renseigner sur les horaires de visite de toute attraction se trouvant sur son territoire. Pour cette grotte qui comporte plusieurs salles, des plus petites aux plus grandes, les visites guidées commencent à 10h30. Suit une autre à 13h et le dernier tour est à 15h30. On organise des visites guidées en semaine, mais uniquement sur demande préalable, alors que les samedis et les dimanches un guide est disponible en permanence ». 

     

    Somme toute, le Parc National de Semenic-Cheile Carașului réunit 11 réserves naturelles étalées et 65 000 hectares de forêts de hêtres vierges et séculaires, inscrites depuis 2016 au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est ici que l’on trouve entre autres un rare exemplaire de sequoia, ayant 5,7 m d’épaisseur et un âge estimée à 200 ans. Pour le voir, un tour de randonnée part directement de la grotte de Comarnic, précise Nicolae Ifca, le directeur du Parc :

     

    « Les touristes qui choisissent de passer la journée dans les alentours de la grotte de Comarnic, peuvent se rendre à l’arbre Sequoiadendron giganteum. C’est l’arbre de Roumanie aux dimensions les plus impressionnantes. Pour y arriver il faut parcourir 4 km en partant de la grotte, un itinéraire de randonnée que nous avons balisé et doté de panneaux informatifs sur tous les phénomènes karstiques à retrouver sur le chemin et qui comptent d’ailleurs pour 45 % de la superficie du parc ».

     

    Avant de terminer notre visite, ajoutons que cet itinéraire du sequoia géant n’est pas le seul du Parc National de Semenic-Cheile Carașului. Au total, 7 programmes touristiques de randonnée guidée sont proposés par l’administration du parc et les guides qui vous raconteront tout sur l’histoire et la culture des lieux, sur la flore et la faune locales et sur tous les écosystèmes. Tout cela pour la modique somme de 14 euros par personne. Alors, à vos bagages !  (trad. Valentina Beleavski)

  • Les Chaudrons du Danube

    Les Chaudrons du Danube

    Considérés comme l’une des régions les plus belles de Roumanie, les Chaudrons du Danube vous attendent en toute saison pour les découvrir. En empruntant le défilé du fleuve, on aura l’occasion d’admirer les Petits et les Grands Chaudrons, où l’eau, coincée entre les parois abruptes, semble bouillonner. Dans cette partie du sud-ouest de la Roumanie, la nature est particulièrement sauvage et pittoresque. Des forêts séculaires et des oiseaux rares feront la joie des touristes qui s’aventureront au fil de l’eau ou sur les sentiers des montagnes. Le potentiel touristique du Danube est immense, opine Marius Simion Stoica, maire de la ville d’Orşova, du département de Mehedinţi. « Une fois dans cette région, les touristes sont invités à emprunter les sentiers de randonnée qui sillonnent les pentes des collines de Ciucarul Mare et Mic dont la hauteur ne dépasse pas les 318 mètres. Une fois en haut, on pourra admirer le magnifique paysage qui s’offrira à nos yeux, aussi bien sur la rive roumaine que sur la rive serbe du fleuve, puisque le Danube sépare ces deux pays. A l’entrée du fleuve en Roumanie, le paysage est magnifique, avec des formes de relief spectaculaires et de nombreux sentiers de randonnée. S’y ajoutent des grottes, telle la Grotte de Ponicova, à une vingtaine de km d’Orşova, près de la localité de Dubova. Longue de 1600 mètres, cette grotte est la plus longue du Défilé du Danube et elle traverse le massif de Ciucarul Mare avant que sa cavité ne s’ouvre au bord du Danube. L’accès se fait aussi bien à pied qu’en canoë. A l’entrée, l’eau a formé de petites gorges et un pont naturel de 25 mètres de long et de 6 à 7 mètres de haut. La grotte sert d’abri à de nombreux animaux sauvages. »

    Une variété d’embarcations naviguent sur les eaux du Danube, en invitant les touristes à découvrir cette région au fil de l’eau. Par exemple, une fois traversés les Petits Chaudrons, vous arrivez dans le golfe de Mraconia, où se trouve le monastère homonyme, surnommé « le Monastère sous les eaux ». Ensuite, vous pourriez continuer à naviguer vers les Grands Chaudrons et implicitement vers la Grotte de Ponicova. Marius Simion Stoica affirme : « Pas très loin de la Grotte de Ponicova, une deuxième grotte, appelée Veterani, se trouve à 27 km d’Orşova. On dit que c’est la première grotte de Roumanie à avoir été cartographiée. Des milliers de visiteurs s’y rendent chaque année. D’ailleurs, selon les représentants du Parc naturel des Portes de Fer, la Grotte de Veterani est l’attraction touristique la plus visitée, après la côte roumaine de la mer Noire. Pas très loin des localités de Dubova et d’Orşova, on peut également admirer le portrait du roi dace Décébale, taillé dans la paroi rocheuse. Il mesure 55 m de haut et compte pour la plus haute sculpture en pierre d’Europe. La réalisation de cette sculpture a été financée par le plus riche homme d’affaires de l’époque, Iosif Constantin Drăgan. Seuls les yeux de cette sculpture mesurent chacun 4,3 mètres, tandis que le nez est long de 7 mètres. Pas très loin du portrait de Décébale, sur l’autre rive du Danube, on peut observer Tabula Traiana, un édifice vieux de presque 2000 ans, taillé en pierre par les Romains vers l’an 101. »

    Dans cette partie de la Roumanie, la population est majoritairement roumaine et serbe. S’y ajoutent une communauté tchèque et une autre d’origine allemande. D’où la grande diversité culinaire, aux influences méditerranéennes, mais aussi germaniques. A la fin, disons que chaque année, fin août, la localité de Sviniţa accueille le Festival des figues. L’occasion de découvrir une variété de recettes à base de ce fruit méditerranéen dont on peut faire même une délicieuse eau-de-vie. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Tourisme au département de Buzău

    Tourisme au département de Buzău

    Les locaux appellent fièrement cet endroit « une petite Roumanie », en raison de la diversité de son relief, mais aussi des formes de tourisme qui peuvent y être pratiquées. Nicoleta Gâlmeanu, conseillère en tourisme au Conseil départemental de Buzău, opine qu’il faudrait environ un mois au touriste pour vivre et voir tout ce que le comté de Buzau offre. Elle propose de commencer notre voyage à partir du chef-lieu du département, dont l’attestation documentaire remonte à plus de cinq siècles.



    « Nous partirions d’ici, du Musée départemental, qui accueille des collections tout à fait inédites, pour rejoindre ensuite d’autres endroits du comté. Bien entendu, tout dépend de l’intérêt du touriste. Si c’est une personne plus active, qui souhaite visiter les zones de montagne ou les zones vallonnées, le département de Buzău est très attrayant de ce point de vue. Nous avons des destinations uniques au niveau européen et même mondial – les Volcans de boue, par exemple. L’unicité de ce paysage est donnée, tout d’abord, par la présence de terres sans vie, comme on les appelle. Vous verrez des cônes volcaniques qui apportent à la surface de la lave froide et de la lave noire. C’est là que la terre « bout à froid ». La partie centrale des Subcarpates de Courbure est un territoire assez vaste. Il y a plus de 40 hectares de terres sur lesquels on retrouve des cratères de forme circulaire, avec de la boue liquide ; c’est un paysage très spécial, lunaire. Il a été découvert et mis en valeur vers 1860, à la suite d’études pétrolières. Cette zone a été déclarée zone naturelle d’intérêt géologique, floristique et faunistique au niveau national depuis 1924. »



    Poursuivant notre voyage, nous arrivons dans la Contrée de Buzău. Nicoleta Gâlmeanu, conseillère en tourisme au Conseil départemental de Buzău, explique :



    « C’est une aire géographique dont nous assurons une promotion intense ces derniers temps, parce qu’elle garde certaines des attractions touristiques, des objectifs historiques et des traditions que je qualifierais d’inaltérés. Je vous emmènerais à Bozioru, voir les trovants, un phénomène naturel particulier. L’image et le microrelief sont spectaculaires. En fait, ce sont des roches aux formes bizarres, moins connues. Les gens les appellent souvent « des pierres qui poussent » parce qu’en raison de l’érosion et des phénomènes météorologiques, elles se transforment et prennent d’autres formes et d’autres dimensions au fil des ans. D’un point de vue scientifique, ce sont des dépôts de sable et des stratifications de grès cimentés, façonnés par des agents naturels : vent, pluie etc. De là, de l’autre côté de la colline, vous pouvez atteindre le Feu vivant. C’est une autre attraction touristique et réserve géologique, dans le village de Lopătari, à environ 70 km de Buzău. Des colonnes de feu jaillissent des profondeurs de la terre, et brûlent continûment. En fait, la terre recèle des gisements de gaz ; dans leur parcours vers la surface, des cristaux de quartz font le gaz prendre feu. »



    Non loin de là, vous pouvez rejoindre la commune de Mânzăleşti. Là, vous pouvez voir le Grunj de Mânzăleşti ou la « pierre blanche ». C’est un véritable phénomène naturel, les cendres pétrifiées des volcans en activité il y a plus de dix millions d’années. Et de cette « pierre blanche », vous pouvez monter sur le Plateau de Meledic. Nicoleta Gâlmeanu, conseillère en tourisme au Conseil départemental de Buzău, poursuit :



    « Un paysage spectaculaire vous attend sur le Plateau de Meledic. En plus d’être déclarée réserve naturelle, c’est aussi une réserve spéléologique et zoologique. Sur ses 60 hectares de terres on retrouve les plus grands gisements de sel de Roumanie. Sous l’effet de la pluie, la dissolution du sel créée une forme de relief spectaculaire. Vous y trouverez aussi des grottes creusées dans le sel par les eaux souterraines, dont l’une des grottes de sel les plus longues au monde, avec ses 3 190 mètres, la Grotte Şase Iezi. La réserve du Plateau Meledic comporte aussi deux lacs : le lac Mare et le lac Castel. L’eau de ces lacs est très froide en toute saison. Un festival folklorique bien connu a lieu chaque année sur ce plateau et il y a également un camp de sculpture en bois avec 25 œuvres exposées. »



    La Contrée de Buzău attire ses touristes aussi grâce à sa gastronomie, à son offre de vins et au grand nombre d’artisans. Nicoleta Gâlmeanu précise :



    « Nous avons beaucoup de caves à vin qui peuvent être visitées et où les vins peuvent être dégustés. Côté gastronomie, Buzău excelle par trois produits traditionnels non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international : les saucisses de Pleşcoi, les covrigi (bretzels) de Buzău et le babic de Buzău (sorte de saucisson sec très piquant). Ces derniers sont complétés par nos vins. Quant aux artisans, il y en a dans tout le département. Nous avons deux trésors humains vivants : Amelia Papazisu pour les tissus en poil de chèvre et Mircea Micu, pour la fabrication d’instruments de musique, des cors des Alpes en particulier. En même temps, nous avons beaucoup d’artisans qui créent des tissus en toile, nous avons des potiers, des tailleurs de pierre, des tailleurs en bois et beaucoup de peintres sur bois et sur verre. »



    Le département de Buzău est également recherché par les amateurs de tourisme d’aventure, car on y pratique l’escalade, les découvertes en tout-terrain, le rafting, le parapente ou le canyoning. D’ailleurs, un championnat du monde de rafting est organisé chaque année dans la région. Raison de plus pour laquelle le Conseil départemental de Buzău a plusieurs projets dans le domaine du tourisme. Nicoleta Gâlmeanu, conseillère en tourisme au Conseil départemental de Buzau, précise :


    « Notre projet le plus important à l’heure actuelle, c’est le Géoparc Ţinutul Buzăului (la Contrée de Buzău). Fin 2020, l’Association Ţinutul Buzăului, dont le Conseil départemental est membre, a présenté sa demande d’obtention du statut de Géoparc mondial UNESCO. C’est un territoire qui rassemble environ 18 communes et comprend de nombreux éléments d’intérêt géologique, écologique, archéologique, historique et culturel. En obtenant ce titre, nous serions en mesure de promouvoir et de valoriser beaucoup mieux les éléments naturels spéciaux de la région, mais aussi son patrimoine culturel et historique. »



    Et non dernièrement, nous vous recommandons une visite au Musée de l’ambre de Colţi, rouvert l’année dernière. Là, vous pouvez voir les plus beaux exemplaires de pierres ambrées, car il en existe environ 300, allant des nuances de jaune translucide au noir opaque. Bonne visite !


    (Trad.: Ligia)

  • La grotte de Ialomita

    La grotte de Ialomita

    C’est un endroit surprenant et fascinant à la fois, selon la plupart des touristes qui s’y rendent. A l’entrée dans la grotte se trouve le monastère de Ialomita, érigé au 16e siècle, par les soins du voïvode valaque Mihnea le Méchant. La grotte prend son nom de la rivière Ialomita, dont la source est à retrouver à une dizaine de kilomètres de là, tout près du cirque glaciaire Obârsia Ialomitei, situé sous le sommet de Gavanele, à une altitude de 2479 mètres.

    Manole Topoliceanu, un des guides de la Grotte de Ialomita, nous propose une brève présentation des lieux. La grotte, qui est traversée par un ruisseau, est formée de galeries et de salles. Ecoutons Manole Topoliceanu : « La grotte de Ialomita se trouve dans la localité de Moroieni, du comté de Dâmbovita, à 1560 mètres d’altitude. Sa longueur totale est de 1208 mètres, dont 480 mètres sont accessibles et aménagés pour accueillir des visiteurs. La grotte est composée de plusieurs salles et galeries. Parmi les plus importantes, mentionnons la salle de Mihnea Voda, où se trouve une petite église datant des années 1508, vouée aux Saints apôtres Pierre et Paul. Puis, les touristes peuvent visiter la Salle de Décébale et la Salle des lacs. Dans cette dernière, se trouve une chute d’eau, baptisée la cascade à l’eau vivante. La suivante est la Salle des ours, la plus imposante et la plus belle de toutes. Elle s’étale sur 70 mètres. Ce fut ici que l’on a trouvé des squelettes entiers de l’espèce de l’ours des cavernes, Ursus spelaeus. Enfin, je mentionnerais le « Chemin des eaux » et l’autel, soit le point terminus de la visite.

    Ce site touristique est chargé de légendes. En contrebas de l’entrée dans la Grotte de Ialomita, se trouve un ancien sépulcre des moines ayant vécu sur ces lieux, il y a plusieurs siècles. On dit qu’une des dalles funéraires est constamment chaude. Par ailleurs, le point final de la visite, à savoir l’autel où officiaient les moines, est d’une rare beauté. C’est ici que se trouve la source du ruisseau qui alimente la Salle des lacs et une très belle cascade, à l’eau pure, sans aucune bactérie, considérée comme l’eau bénite des Daces, le peuple qui habitait l’espace roumain avant la conquête romaine. La température de l’air dans les galeries varie de 4 et 16 degrés, alors que l’humidité est de 85 à 100%.

    La grotte en est actuellement à sa dernière étape d’évolution, les phénomènes de formation des structures calcaires s’étant achevés. Cet aspect, ainsi que la structure presque plane, avec de très petites différences de niveau, ont permis aux autorités d’aménager entièrement la grotte pour qu’elle puisse accueillir des touristes. Des allées et des escaliers en bois ont été construits et le système d’éclairage est tout à fait spectaculaire. La grotte de Ialomita est visitable n’importe quel jour de l’année, de 9 heures à 16 heures, en compagnie d’un guide spécialisé.

    Autant de bonnes raisons pour visiter la grotte de Ialomita et même pour prévoir un séjour dans la contrée. Déjà la neige est au rendez-vous dans le sud de la Roumanie et notamment dans les montagnes. Quoi de mieux que d’attendre l’arrivée de Père Noël dans un décor féerique dans la région de la grotte de Ialomita?

  • Christian Ghibaudo (France) – Le monastère de Polovragi

    Christian Ghibaudo (France) – Le monastère de Polovragi

    Il est vrai que lOlténie, cette région du sud de la Roumanie, dispose d’un nombre remarquable de couvents historiques, et on peut même réaliser tout un itinéraire pour les voir. Nous avons déjà eu l’occasion de vous parler de celui de Hurezi, très connu et qui figure au patrimoine mondial de l’UNESCO, de celui de Tismana ou du monastère Dintr-un lemn (D’un seul bois). Aujourd’hui, je voudrais t’emmener, Christian, toi et tous ceux qui souhaitent nous accompagner, visiter le monastère de Polovragi, un couvent de nonnes du département de Gorj. Pour mieux situer l’endroit, je dirai que la commune de Polovragi est située sur la route reliant les villes de Târgu Jiu, chef-lieu du comté de Gorj, à Râmnicu Vâlcea, chef-lieu du département de Vâlcea, dans la dépression délimitée par les Monts Parâng et les Monts Căpăţânii des Carpates Méridionales, au bord de la rivière Olteţ. On ignore d’où provient le nom de Polovragi ; il pourrait être d’origine dacique.



    C’est un monastère historique, dont la construction a commencé en 1505 ; il a été érigé par deux frères d’Olténie : Radu Comis et Petru Spătaru. L’église actuelle est bâtie en 1643, à l’aide du prince régnant Matei Basarab. Le couvent a été ensuite refait de 1693 à 1712, pendant le règne du prince Constantin Brancovan – Saint Constantin Brancovan, puisqu’il a été canonisé. Ce dernier a fait restaurer la muraille d’enceinte, l’église, avec une peinture intérieure, a élevé sa tour et refait les cellules et le clocher, et a ajouté un exonarthex en style brancovan. Les visiteurs parcourent un chemin bordé de sapins pour arriver aux bâtiments religieux qui semblent former une forteresse. L’église du monastère de Polovragi, consacrée à la Dormition de la Mère de Dieu, est en style byzantin, de forme trilobée, avec des absides latérales. La tour est polygonale, avec une ornementation dans sa partie supérieure. Le côté ouest émerveille le regard, grâce à son style brancovan, à ses pavillons et terrasses décorées de fleurs. L’exonarthex et la tour de veille sont de style brancovan.



    La peinture originale, de tradition byzantine, a été conservée ; il s’agit de fresques datant de 1698-1712, selon différentes sources, réalisées par des peintres issus de l’école brancovane. Ils étaient en fait les premiers élèves à avoir suivi l’école du monastère de Hurezi : Andrei, Simion, Hranit, Istrate et Constantinos. Constantinos était Grec. Il a peint sur la façade de l’exonarthex des monastères roumains du mont Athos. A noter aussi la fontaine couverte du côté nord. Il existe également une autre église dans la même enceinte, un vrai bijou, bâtie au XVIIIe. Le couvent dispose d’une riche collection d’icônes sur bois et sur verre, des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que de 3000 livres anciens en roumain, en vieux slave et en grec.



    Sur l’église du monastère de Polovragi, la reine Marie de Roumanie disait que c’était une des plus belles qu’elle connaissait. Ce lieu de culte de proportions parfaites a également conquis la reine par sa peinture ancienne, inaltérée, et elle disait de l’iconostase que c’est « un chef-d’œuvre en bois ». « Nul emplacement ne peut être plus agréable que celui de Polovragi. Le petit couvent est tapi au pied même des montagnes tel un oiseau géant caché entre les arbres. Les mots ne peuvent pas décrire la merveilleuse harmonie de ces intérieurs d’église dont les siècles ont atténué les couleurs », écrivait la reine Marie dans son livre « Mon pays », sorti en 1916.



    A proximité, vous trouverez la grotte de Polovragi, longue de 11 km. Les touristes peuvent visiter ses 800 premiers mètres ; la légende dit que c’était la grotte du dieu suprême des Daces, Zalmoxis. N’hésitez pas non plus à faire une promenade dans les Gorges de l’Olteţ. Voilà pour notre visite virtuelle cette semaine.

  • Les fêtes d’hiver aux pieds du Massif de Piatra Craiului

    Les fêtes d’hiver aux pieds du Massif de Piatra Craiului

    Passer les fêtes de fin d’année à l’écart du bruit et du mouvement incessants de grandes villes, dans un décor de rêve et en pleine nature, est un rêve à portée de main. Notre destination d’aujourd’hui : les Gorges Dâmbovicioarei. Cette région n’est jamais à court d’attractions, et les traditions ancestrales autour de la fête de Noël ont un charme et une saveur tout à fait particuliers.

    Pour en savoir un peu plus, nous sommes allés à la rencontre de Raluca Busuioc, du Centre Info Tourisme de Dâmbovicioara, dans le département d’Argeș (sud). « La commune de Dâmbovicioara est à cheval entre les départements d’Argeș et de Brașov. Elle est située à l’extrémité nord de notre département d’Argeș, et ce qui est bien connu ici, ce sont le massif de Piatra Craiului, les Gorges Dâmbovicioarei, mais aussi la grotte du même nom. Pourtant, on est loin d’avoir épuisé tous les présents que la nature nous a faits, car notre région regorge de trésors naturels. Aussi, pour les passionnés de randonnées, c’est surtout du côté des Gorges Dâmbovicioarei qu’ils vont aller voir, alors que la grotte de Dâmbovicioara détient la palme en termes de nombre d’entrées ».Sur le territoire de la réserve naturelle de Piatra Craiului l’on dénombre 50 grottes.

    La fameuse Grotte de Dâmbovicioara a été découverte en 1579, et elle a été électrifiée, pour le plus grand bonheur des visiteurs, en 1980. Actuellement, une passerelle en métal, illuminée, permet la visite de l’entièreté des 250 mètres qui sont ouverts au public. Certaines galeries demeurent bien évidemment fermées au public, car difficiles d’accès. Mais qu’y aurait-il de si spécial à voir dans cette grotte ? Raluca Busuioc : « Des stalactites de différentes formes et dimensions. Certaines ressemblent à s’y méprendre à une tête de serpent ou à une patte d’ours, par exemple. Une légende prétend que dans la grotte aurait vécu un ermite, Pavel, qui avait sculpté dans la pierre une bibliothèque, un lit et ainsi de suite. Et il est vrai qu’avec un peu d’imagination, on reconnaît ces éléments-là. Les enfants du village de Dâmbovicioara font du bénévolat à la grotte, et ce sont eux, vos guides. Ils adorent raconter aux touristes cette légende de l’ermite. Une autre aussi, celle de deux haïdouks qui trouvaient refuge dans la grotte, après avoir spolié les riches et donné de leur butin aux pauvres. Et les touristes raffolent de ces histoires, surtout qu’elles sont contées par les enfants du coin ».

    La région est connue pour ses itinéraires de randonnée, poursuit Raluca Busuioc, du Centre Info Tourisme de Dâmbovicioara : « Nous comptons des sentiers très faciles d’accès, praticables même en hiver. Il s’agit de ceux qui mènent à la Réserve naturelle de Piatra Craiului ou vers Leaota, parfaitement adaptés aux petits randonneurs. Mais nous avons aussi un musée qui recèle des objets anciens, traditionnels, de la région. Et puis, n’oublions pas les traditions toujours vivantes. Telle celle de Brezaie, où les jeunes du village s’organisent en groupent et partent à la chasse aux bonbons à la veille de Noël, accompagnant la « Brezaia», une sorte de chèvre en bois, parée par de jeunes filles de toutes sortes de foulards colorés. Il s’agit d’une tradition ancestrale et nous, on essaye d’aider les jeunes à la promouvoir et la poursuivre, génération après génération. Après la chasse aux bonbons, un bal est organisé, le soir même de Noël. C’est le bal de Brezaia. Selon la tradition, les jeunes filles et les jeunes hommes se rencontrent, ils vont jouer la ronde, mais là, tous les gens du village sont invités. Et puis, cette année, parce que c’est celle du Centenaire, nous avons organisé un événement particulier, le 1er Décembre, le jour de la Fête nationale. Mais nous avons d’autres surprises dans notre besace ».

    Raluca Busuioc promeut la pratique du tourisme organisé, pour pouvoir atteindre tous les objectifs d’intérêt de la zone, et s’informer à leur sujet au préalable. «Nous disposons de brochures et de livres d’information sur Dâmbovicioara, Rucăr et Lerești, les trois communes touristiques de la région. Et puis, vous avez accès à notre site, où vous trouverez notre contact, le numéro de téléphone de notre Centre Info Tourisme. Je vous convie là, au Centre, où dans un cadre très à propos, vous allez pouvoir obtenir très vite l’ensemble de renseignements dont vous aurez besoin pour un séjour inoubliable. »

    Selon notre interlocutrice, la plupart de touristes viennent de l’étranger : « Surtout d’Israël, de France, du Canada, des Etats-Unis. Tous, sans exception, adorent découvrir cette région, où la nature est divine et où les gens ont gardé bien vivantes leurs traditions ancestrales. Les Israéliens en raffolent. On pourrait dire : Voir Dâmbovicioara, et puis mourir, tant cette région est belle. Il s’agit dune petite commune, avec des gens simples et hospitaliers, et qui peut en plus se targuer de disposer d’une cuisine du terroir exceptionnelle ». Vous voilà donc informés pour prévoir votre séjour aux environs de Dâmbovicioara, une région aux traditions ancestrales vivantes et à la beauté naturelle à couper le souffle. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le Parc national de Piatra Craiului

    Le Parc national de Piatra Craiului

    Notre destination du jour s’étend sur 15.000 ha et abrite environ 1200 espèces de plantes, soit un tiers de la totalité des espèces présentes en Roumanie. Le Parc national de Piatra Craiului se trouve à environ 200 km au nord de Bucarest et il comporte des paysages spectaculaires. Et ce n’est pas du tout étonnant. Il s’étend dans la zone d’un des massifs montagneux les plus spectaculaires de Roumanie et couvre deux départements : Braşov et Argeş. Vu la richesse de la faune et de la flore sur le territoire du parc, la zone a été déclarée réserve naturelle dès 1938. Il est aujourd’hui reconnu par les touristes et aussi par les spécialistes comme un des parcs naturels les plus beaux de Roumanie.

    Mircea Vergheleţ, directeur de l’administration du Parc national de Piatra Craiului, précise: « C’est l’unique zone où l’on atteint des altitudes supérieures à 2000 m, avec des roches calcaires. Le calcaire crée un relief très spectaculaire dans tous les massifs de Roumanie, mais à Piatra Craiului, les dimensions sont impressionnantes. Il y a des parois abruptes en calcaire, notamment sur le versant ouest. Les itinéraires à visiter les plus spectaculaires s’y trouvent, aussi. Il existe également un trajet unique en Roumanie, sur les crêtes, qui offre au touriste des satisfactions à mesure de l’effort consenti pour le parcourir. »

    Le Centre de visites du Parc national de Piatra Craiului est pratiquement un musée du massif, où l’on peut trouver des informations sur la zone du parc, sur les espèces de flore et de faune du parc, sur les traditions locales, nous dit Mircea Vergheleţ, directeur de l’administration du Parc national de Piatra Craiului: « Le Centre de visites a beaucoup d’éléments interactifs. Il y a des dioramas interactifs. Le corps est scanné, et avec la paume on peut lancer la projection d’un film, on peut changer des diapos, faire un puzzle. Nous avons également une maquette du massif en trois dimensions, animées par un projecteur installé au plafond. Nous disposons tout premièrement de plans avec les itinéraires touristiques et les refuges du Parc, avec la distribution des sols et des habitats et ainsi de suite. Absolument toutes les informations sont également présentées en anglais. L’information numérique affichée sur les écrans ainsi que les panneaux installés dans le Centre de visites sont bilingues, roumain – anglais. »

    L’attraction touristique la plus visitée de la zone du Parc national de Piatra Craiului, c’est une cité médiévale, bâtie au XIVe siècle, dans un état exceptionnel – le Château de Bran. Il est érigé sur un éperon rocheux, à 40 m au-dessus du niveau du sol. La construction a quatre niveaux, quatre tours et elle est complètement asymétrique.

    Bogdana Balmuş, manager des relations publiques au Château de Bran: « L’attraction touristique la plus visitée de Roumanie, c’est le château de Bran. C’est un lieu vivant, qui raconte ses histoires avec passion et professionnalisme. Il s’agit des belles histoires avec des chevaliers et des princesses de l’époque médiévale, jusqu’à la belle histoire écrite par la reine Marie, à qui nous devons le château de Bran tel qu’il est aujourd’hui, son apparence donc. C’est à son époque que les plus grandes rénovations ont été réalisées. Pratiquement, c’est elle qui a transformé le château de Bran en ce que nous voyons aujourd’hui. Et il y a, bien sûr, la légende du comte Dracula qui attire beaucoup de touristes étrangers. Nous avons essayé d’y ajouter chaque année des éléments nouveaux, de nouvelles histoires et de nouveaux événements, très attractifs. Nous avons récemment ouvert la Maison du thé. Elle a été rénovée de la manière dont la reine Marie l’avait conçue. C’est un endroit à part, où les gens peuvent passer de merveilleux moments. Nous continuons les travaux de rénovation du château. Nous avons finalisé la restauration de la façade sud-est, celle qui nous a révélé les inscriptions appelées « les serments du châtelain ». Et pas en dernier lieu, nous préparons une très grande surprise à nos visiteurs. Il s’agit de l’ascenseur du château, en pleine rénovation et restauration. Tout ce que nous pouvons vous dire maintenant, c’est qu’il fournira un spectacle multimédia unique dans le sud-est de l’Europe. »

    D’autre part, à Dâmbovicioara, une des portes d’entrée au Parc national de Piatra Craiului, vous rejoindrez la Grotte de Dâmbovicioara. Raluca Busioc recommande aux touristes de pratiquer le tourisme de manière organisée dans la zone de Dâmbovicioara. Nous apprenons de notre interlocutrice, du Centre d’information touristique de Dâmbovicioara, ce qui nous attend une fois arrivés au bout de l’escalier qui mène à l’entrée de la grotte.

    Bogdana Balmuş: « Toutes les informations officielles sur le moment où elle a été découverte, le fait que des fossiles d’ours y ont été découverts. Nous avons un ensemble de 50 grottes sur le territoire de la Réserve de Piatra Craiului. La grotte de Dâmbovicioara est connue parce qu’elle a été aménagée. Elle dispose d’une passerelle métallique, éclairée, sur laquelle les touristes peuvent parcourir les 250 mètres qu’il est possible de visiter à l’intérieur. La grotte dispose aussi d’autres couloirs fermés au public. »

    Les Gorges de Zărneşti sont un autre point d’accès au Parc national de Piatra Craiului. Le défilé aux parois hautes de plus de 200 m est idéal pour les amateurs d’alpinisme et d’escalade. C’est là que des dizaines de trajets sont aménagés, le plus long ayant 115 m. Ceux d’entre vous qui sont moins enclins à l’aventure peuvent visiter le sanctuaire des ours de Zărneşti. Unique en Roumanie, la réserve d’ours bruns de Zărneşti s’étale sur 70 ha, et c’est la plus grande de ce genre en Europe de l’Est. Les ours qui y arrivent sont sauvés dans plusieurs régions du pays, pris dans des zoos ou des abris inappropriés où ils étaient gardés par certaines personnes. (Trad. Ligia Mihaiescu)

  • Les couleurs de Tismana

    Les couleurs de Tismana

    Nous poursuivons notre voyage radiophonique à travers la contrée natale du célèbre sculpteur roumain Constantin Brâncuşi. Aujourdhui, nous allons faire halte à Tismana, un endroit chargé de spiritualité. Le principal point dattraction reste sans doute le monastère du même nom. Situé au cœur dune vaste forêt et érigé au 14e siècle, il doit sa renommée aux objets de culte quil abrite et à sa peinture sur fond rouge oriental. Une fois à Tismana, vous pourrez également vous régaler de la bonne cuisine du terroir, dont les produits phare sont ceux à base de truite de montagne.



    Le monastère de Tismana a été dressé en une seule année et tire son nom des ifs qui recouvraient jadis toute la région. La construction de ce lieu de culte, comme de tant dautres dailleurs, nous la devons au moine Nicodim, canonisé pour ses mérites. Les techniques de construction utilisées étaient novatrices pour ces temps-là. En plus, la chromatique de léglise du monastère est dominée par le « rouge de Tismana », dont le secret de fabrication na jamais été dévoilé. Dans lenceinte du monastère, entouré de hautes murailles, on retrouve les cellules des nonnes et un petit musée.



    Le monastère mis à part, la contrée se remarque par son histoire et son folklore, ainsi que par la richesse de ses coutumes et traditions, précise Ovidiu Popescu, secrétaire général de lAssociation pour la promotion et le développement du tourisme « Dans la contrée natale de Brâncuşi » : « Une de nos localités a été primée, en 2016, au concours Eden des destinations européennes dexcellence, dans la section tourisme et gastronomie. Nous nous enorgueillissons aussi de nos tapis traditionnels et de certains autres objets dartisanat. Je ne saurais oublier de mentionner la proximité du Parc national Retezat et le fait quune bonne partie du Parc national Domogled Valea Cernei sétend sur notre contrée, ce qui explique labondance du gibier.



    Nous accueillons aussi de nombreux festivals, dont celui de la musique, de la danse et des costumes traditionnels spécifiques de la région de Gorj. Cet événement date de 1966 et, à quelques exceptions près, il sest tenu chaque année. Un autre festival représentatif de notre contrée est celui de la truite, un poisson qui vit dans les rivières de nos montagnes et dont lélevage est très répandu dans la zone. Chaque automne, nous organisons le festival du châtaigner et celui des aspics. Lunicité de ce dernier réside dans la combinaison gastronomique entre aspics et « sarmale », choux farcis traditionnels. »



    Toujours à Tismana, le visiteur peut se rendre dans un musée unique en Europe. Baptisé le musée du Trésor, il se trouve dans une grotte, près du monastère. Cest là quavaient été cachées près de deux cents tonnes dor du trésor national, par crainte quelles ne tombent entre les mains des Soviétiques. Cette grotte a temporairement abrité trois autres tonnes dor appartenant à la Pologne et qui transitaient par la Roumanie. Des documents puisés dans les archives de la Banque nationale témoignent des moments les plus importants de la période 1944-1947. De nombreux colloques et symposiums y sont organisés au sujet du rôle de largent et de la Banque centrale de Roumanie.



    Deux ou trois jours par mois, Ioan Lesenciuc, employé de la Banque centrale de Roumanie, fait office de guide pour les visiteurs du musée : « Plusieurs représentants de marque de la Banque centrale, du ministère des Finances et du gouvernement se sont occupés du transport, de la gestion et de la garde du trésor caché dans cette grotte. Pour des raisons de surveillance, on la isolé en érigeant un mur en béton très épais ».



    Les travaux daménagement de ce musée ont démarré en 2013, précise notre interlocuteur, avant de reprendre ses explications sur le trésor de la Roumanie : « En ces temps-là, il y avait deux types de lingots: conformes aux normes internationales, pesant 12 kg chacun, et respectivement aux normes nationales, dun poids de 6,65 kg. Dans les années 1944-1947, on y a caché 191 tonnes dor pur. Hormis cette quantité, la Roumanie détenait aussi 40,7 tonnes dor, conservées dans les banques du Royaume-Uni. A cela sajoutaient près de 2,7 tonnes dor du trésor polonais, confiées temporairement au gouvernement roumain en 1939, et qui devaient être acheminées vers la Grèce. La Banque nationale de Roumanie a accepté quune petite partie du trésor polonais soit abritée à Tismana. »



    Selon Ovidiu Popescu, secrétaire général de lAssociation pour la promotion et le développement du tourisme, pour bon nombre de visiteurs, Tismana est une des étapes dun itinéraire plus long : « Cette grotte, près du monastère de Tismana, est un véritable témoignage dun pan de notre histoire. La région dans son ensemble est très fréquentée par les touristes de passage, en route vers les localités de Peştişani et de Hobiţa, celle où a vu le jour le célèbre sculpteur roumain Constantin Brâncuşi. Ce trajet touristique part de Târgu Jiu, passe par Hobiţa, où se trouve la maison – musée de Brâncuşi, puis par Tismana, Baia de Aramă et aboutit à Herculane les Bains. Où que lon aille, le paysage est magnifique. »



    Ici prend fin notre périple à travers une contrée idéale pour la détente, mais où vous aurez également la chance de prendre part à différents événements tout au long de lannée. Histoire de découvrir lunivers de lart traditionnel ou moderne et une partie de lhistoire récente de la Roumanie. (trad. : Mariana Tudose)

  • Découverte de Dâmbovicioara

    Découverte de Dâmbovicioara

    Aujourdhui nous mettons le cap sur la porte dentrée au Parc national Piatra Craiului : les Gorges de la Dâmbovicioara, une région ouverte à toutes les catégories de touristes. Cest ici que lon peut pratiquer lescalade, le VTT et lagritourisme. Dailleurs, le centre dinformation touristique Dambovicioara met à la disposition des personnes intéressées un calendrier dévénements qui inclut aussi des défilés de costumes traditionnels et de festivals de promotion de la gastronomie locale.





    Cest une zone de montagne dans laquelle les touristes peuvent choisir nombre ditinéraires, en fonction des préférences de chacun. Et une partie de ceux-ci ont été marqués à nouveau dans le cadre dun projet appelé Remarking Romania, coordonné par Octavian Bodron, de lAssociation Arttour.





    Octavian Bodron : « Nous avons souhaité promouvoir cette région du point de vue touristique. Nous avons suivi huit itinéraires balisés à différents degrés de difficulté. Il sagissait de deux itinéraires faciles, soit des routes forestières que tout le monde peut parcourir pendant deux ou trois heures. Nous avons aussi des itinéraires à degré de difficulté moyen. Ils sont destinés à ceux qui ont déjà voyagé à travers les montagnes, qui ont un bon physique et disposent de certains équipements spécifiques. Nous avons également abordé des circuits à haut degré de difficulté, qui traversent les crêtes du Massif de Piatra Craiului. Il sagit dun trajet de huit – neuf heures qui nécessitent une bonne condition physique et de léquipement spécialisé. »





    Cela fait 9 ans déjà que Raluca Busioc fait la promotion des Gorges de la Dâmbovicioara. Initialement administratrice dun gîte rural, elle travaille actuellement au sein du Centre dinformation touristique.



    Raluca Busioc: « Nous avons un éventail très varié de structures daccueil : hôtels, gîtes ruraux, chalets, soit au total 650 places dhébergement. Elles sont classées pour la plupart trois et quatre étoiles. La station de montagne de Dâmbovicioara vient dêtre déclarée station dintérêt national. Donc, côté hébergement, la situation est plutôt bonne. Même cas de figure côté objectifs touristiques. Nombre de touristes choisissent cette région parce quils souhaitent visiter le Massif de Piatra Craiului, et surtout la Réserve homonyme. Elle a beaucoup de choses à offrir. Nous avons beaucoup despèces de flore endémique et rare et même unique au monde, comme lœillet de Piatra Craiului qui ne pousse que dans cette région. »





    Afin datteindre tous les objectifs touristiques de la région, il vaut mieux opter pour les tours guidés, recommande Raluca Busioc à tous ceux qui franchissent le seuil du Centre dinformation et de promotion touristique de Dâmbovicioara : « Ils nous demandent des renseignements sur les itinéraires en montagne et il est mieux quils soient accompagnés par un guide spécialisé, surtout sil sagit de trajets plus longs et plus difficiles. Il existe aussi des randonnées plus faciles, où les touristes sont accompagnés par un habitant de la zone. Ce sont des itinéraires de courte durée, à parcourir sans difficulté même par les enfants. Il existe aussi un parc daventure qui sadresse aux groupes denfants ou dadultes. Nous pouvons leur proposer aussi un repas à la bergerie, composé de produits spécifiques pour la période estivale. Et il faut aussi préciser que Dâmbovicioara est la meilleure zone pour pratiquer le VTT. »





    Une attraction touristique à ne pas rater, cest la grotte de Dâmbovicioara. Elle a été découverte il y a plus de 4 siècles, en 1579, et elle dispose déclairage électrique depuis 1980. Vous ferez la connaissance de guides dexception. Il sagit denfants de la région qui ont appris lhistoire de cette grotte, qui sont prêts à raconter les légendes des lieux. Dès lentrée dans la grotte se trouve un restaurant à menu traditionnel.



    Raluca Busioc du Centre dinformation touristique Dâmbovicioara explique ce que vou trouverez au bout de lescalier qui mène à lentrée dans la grotte : « Toutes les informations officielles de lépoque de sa découverte indiquent le fait que des fossiles dours y ont été découvertes. Il sagit dun complexe de 50 grottes qui sétale sur le territoire de la Réserve de Piatra Craiului. La grotte de Dâmbovicioara en est la plus connue parce quelle a été aménagée à des fins touristiques. On la découvre en parcourant une passerelle éclairée, en métal, qui couvre les 250 mètres visitables de la grotte, puisquelle a aussi dautres couloirs fermés au public. »



    Raluca Busuioc nous invite à découvrir une autre zone intéressante de Roumanie, tout près de la grotte de Dâmbovicioara : « Il sagit des gorges Brusturetului. Cest une zone qui na pas encore été goudronnée. Sans doute, le tourisme dépend surtout de linfrastructure, mais, à mon avis, les routes sans asphalte sont idéales pour les randonnées dans la nature. Certes, il y a des avantages et des désavantages. En ce qui me concerne, ce qui compte le plus, cest la promenade à pied en toute tranquillité. Pour ce faire, les gorges Brusturetului sont une véritable oasis de verdure pour les amateurs de randonnées au cœur de la nature. »





    Cest toujours dans ces parages qua trouvé refuge Carmen Victoria Bârloiu, la première femme reporter sur le front dAngola. Née à Timisoara, elle a décidé de sétablir à Dâmbovicioara, où elle a ouvert un parc daventure et un Club de lAmitié, dont la mission est dapprendre aux enfants à protéger lenvironnement.



    Pourquoi a-t-elle choisi Dâmbovicioara ? Carmen Victoria Bârloiu répond : « A mon avis, les zones dont on a fait une promotion intense, telles la Vallée de la Prahova, sont trop peuplées. Cest la région voisine de Rucar – Bran qui deviendra le futur pôle dattraction pour les vacanciers. On y trouve de tout : histoire, paysages, une riche gastronomie, traditions, coutumes, métiers anciens. Et noublions pas que la ville de Câmpulung, qui a été la première capitale de la Valachie, est tout près. Il suffit de franchir la porte de lhôtel pour se retrouver dans une zone chargée dhistoire. On découvre ainsi le Pont de Dâmbovicioara, construit il y a plus de 400 ans par le prince valaque Constantin Branconvan. Il existe aussi quelques croix en pierre datant de la même époque. On peut visiter aussi léglise qui porte le nom des Saints Constantin et Hélène, toujours une construction en pierre. Et puis, la source de la rivière Dâmbovita, qui arrive jusquà Bucarest, est à retrouver dans les gorges de la Dâmbovicioara. On ne saurait oublier non plus les ruines de la cité dOratia, qui figure sur la liste de monuments nationaux, ni le parc culturel Everac (un musée de statues en plein air). »





    Voilà donc une destination où lon peut se promener en toute tranquillité dans la nature et découvrir des monuments inédits ou tout simplement se reposer et faire la connaissance de gens très aimables. (Trad. Alex Diaconescu, Valentina Beleavski)

  • Mangalia

    Mangalia

    Mangalia est une ville dont l’histoire commence il y a deux
    millénaires, connue pour ses cures qui peuvent être suivies tout au long de
    l’année.

    Les touristes peuvent choisir entre une multitude de cures de
    rajeunissement et de lutte contre les effets de la vieillesse. L’établissement
    de cure de Mangalia est renommé pour les traitements à base d’eaux sulfurées et
    de boue sapropélique. Et, en tant que loisir, vous pouvez prendre des bains de
    soleil et de mer et pratiquer des sports nautiques. Mangalia dispose également
    d’un port de plaisance. Les 3 et 4 étoiles vous offrent des conditions modernes
    d’hébergement. La station bénéficie d’un climat similaire à celui
    méditerranéen. Les vastes plages au sable fin s’étalent parfois sur une largeur
    de 120 mètres. Pendant les longues soirées d’été, vous pouvez parcourir la
    promenade en bord de mer. Le matin, vous pouvez admirer un magnifique
    spectacle – celui du soleil qui se lève sur l’eau.




    A ne pas rater, non
    plus, le Musée d’Archéologie de la ville et sa mosquée, datant du XVIe siècle.




    C’est toujours près
    de Mangalia que se trouve la grotte de Movile, une des plus fameuses au monde.
    Il faut dire que cette contrée située entre le Danube et la mer Noire appelée
    la Dobroudja est plutôt pauvre en grottes. Sur les 12 mille que compte la
    Roumanie, la Dobroudja en détient moins de 1%.




    Découverte
    accidentellement en 1986, pendant des travaux de forage, cette grotte ne
    semblait offrir rien de spécial. Pourtant, elle a ébloui le monde scientifique
    par son écosystème, complètement isolé de l’extérieur. Le milieu souterrain est
    riche en hydrogène sulfuré, pauvre en oxygène, sa teneur en dioxyde de carbone
    est élevée – soit 3,5%, – tout comme celle en méthane, qui va jusqu’à 2%.




    Les recherches démarrées par les spéléologues roumains au début des
    années 1990 ont mené à la découverte d’espèces inconnues de colimaçons, de
    vers, d’araignées, de sangsues et de scorpions qui vivaient dans ce milieu
    propice pour elles, mais hostile pour d’autres espèces existant sur la Terre.
    La grotte n’est ouverte qu’aux spécialistes. Les équipes sont limitées à 2 ou 3
    membres et la durée d’une visite ne peut dépasser deux heures. La grotte de
    Movile fait encore l’objet de films documentaires diffusés par d’importantes
    chaînes spécialisées de télévision.




    On ne saurait
    parler de Mangalia sans mentionner son fameux haras. Son directeur, l’ingénieur
    zootechnicien Antal Istvan, nous en parle :« Le haras de
    Mangalia a un passé impressionnant. Il a été fondé il y a plus de 85 ans et on
    y élève des pur-sang arabes. Notre principale activité est la reproduction et
    la conservation du fonds génétique hérité. Parallèlement, nous développons des
    programmes pour les touristes. Lors des visites organisées, nous leur
    présentons les étalons et leur faisons voir les poulains, tout en leur donnant
    les explications nécessaires. Nous proposons également des cours d’équitation -
    surtout de loisirs. De temps à autre, nous avons des visiteurs. C’est que des
    bateaux de croisière mouillent dans le port de Constanţa et les passagers
    souhaitent visiter le haras. Ils sont très contents de ce qu’ils voient, car,
    en Occident, les chevaux de race sont élevés par des personnes privées. Et
    puis, notre haras compte plus de 250 chevaux. Les touristes sont toujours
    impressionnés. »




    La municipalité
    de Mangalia a aménagé dans la forêt de Comorova des trajets de randonnée pour
    les carrosses du haras. En 2013 encore, on organisait des promenades. Antal
    Istvan espère que cette activité sera reprise. D’ici là, vous êtes invités à
    admirer ces beaux chevaux pur-sang.






    Antal Istvan :
    « La Roumanie compte un nombre impressionnant de chevaux par
    rapport à d’autres pays: plus de 750 mille. Pourtant, sur ce grand nombre de
    chevaux, très peu sont de race, soit moins de 1,5%. Le cheval est de plus en
    plus utilisé pour les loisirs. Nous mettons à la disposition des personnes
    intéressées des chevaux de race mis en vente. Nous avons des pur-sang arabes
    d’une très grande valeur. Je vous invite d’ailleurs à Mangalia, c’est une belle
    ville très accueillante, avec son port de plaisance, ses musées et son
    établissement de cure, avec les forêts de Comorova et de Hagieni, tout près. Il
    y a plein de belles choses à voir. »





    Une invitation à ne pas
    ignorer. A la prochaine, pour une nouvelle destination de vacances en Roumanie!
    (Trad. : Dominique)

  • Movile – “la grotte hors du temps”

    Movile – “la grotte hors du temps”

    « La grotte hors du temps », c’est par ces mots que le spéléologue Cristian Lascu décrit un endroit quasi unique sur la Terre, qu’il a eu l’occasion de dévoiler au monde entier. Située dans le sud-est de la Roumanie, à proximité de la mer Noire, la grotte de Movile se distingue par son écosystème tout à fait à part, formé d’organismes qui ont dû s’adapter à une vie pratiquement sans oxygène. Et pour cause : la grotte n’ayant aucune communication avec le monde extérieur, l’oxygène n’y est présent qu’en proportion de 7%. D’où l’unicité des organismes qui y vivent… à l’aide de la chimiosynthèse. C’est-à-dire, ils transforment les molécules avec atomes de carbone en éléments nutritifs.



    Toutefois, ce ne fut pas une grotte découverte par hasard, on soupçonnait déjà qu’il pouvait en exister une, affirme Cristian Lascu, spéléologue et rédacteur en chef du magazine National Geographic Roumanie : « Ici on voulait bâtir une centrale thermique fonctionnant à base de lignite. J’ai été contacté pour y faire une expertise spéléologique karstique. Je mattendais déjà à ce quil y ait des grottes dans la zone et alors je leur ai demandé de creuser 4 puits pour y faire des investigations géologiques. Ma mission était d’établir le niveau de karstification de la zone, de voir sil y avait des fosses dans le sol. Bref, jy suis allé pour trouver une grotte et je lai trouvée ».



    Certes, ce fut un mélange de bonne intuition professionnelle et de chance, ajoute Cristian Lascu. Car on aurait pu très bien faire des forages juste à côté de la grotte sans jamais la trouver. 3:18 La grotte de Movile nest pas très grande, mais elle contient de leau sulfureuse mésothermale. Cest autour de ces eaux, entre les petites chambres isolées par des passages inondés, que vit une riche faune. Ce sont des invertébrés pour la plupart : sangsues, scorpions, araignées, myriapodes. Au total 35 espèces dont la science ignorait l’existence.



    Un univers caché pendant des millénaires. Des insectes qui n’ont plus eu besoin d’ailes une fois piégés sous la terre. Des organismes dont la pigmentation a disparu et qui sont devenus complètement aveugles en l’absence de toute source de lumière. Comment se nourrit une telle population, si nombreuse d’ailleurs ? Surtout quil ny avait aucun indice que de la matière organique ait pu pénétrer à lintérieur de cette grotte qui navait pas eu dentrée naturelle, elle avait été ouverte par un puits minier. Cétait ça le mystère: comment vivent ces animaux? Cest alors que les chercheurs roumains ont lancé l’hypothèse dune nourriture produite in situ par des réactions chimiques, par la chimiosynthèse et non pas par la photosynthèse. En fait, les bactéries sont devenues la source d’alimentation de ces organismes, remplaçant les végétaux.



    Cristian Lascu raconte : « Le principal défi était de démontrer que la nourriture ne provenait pas de lextérieur. Ce qui nétait pas du tout facile à faire. Cest mon collègue Serban, notre biologiste, qui a réussi à prouver que le métabolisme des organismes de la grotte de Movile comportait un seul type disotope de dioxyde de carbone, spécifique aux eaux profondes, et non pas lisotope qui circule dans latmosphère. Il a fallu 10 ans pour le prouver, on a fait plusieurs tests dans des laboratoires américains renommés, donc les résultats ont eu un plus de de crédibilité. L’effort financier a lui aussi été considérable. Mais cest uniquement de cette manière que notre découverte a fait lobjet dun article du prestigieux magazine Science. Une semaine plus tard, nous avons reçu la visite des spécialistes de la Nasa ».



    Au début, l’hypothèse de la chimiosynthèse a été reçue avec beaucoup de scepticisme, se souvient Cristian Lascu. En témoigne le fait quà une seule exception près, son équipe na pas eu de financement roumain pour dérouler des recherches. Heureusement, la National Geographic Society a approuvé deux bourses pour les scientifiques roumains, ce qui a ouvert les portes à dautres financements, notamment de la part de lAcadémie des sciences des Etats Unis, de la fondation Wolkswagen et de différentes institutions françaises et allemandes.



    La grotte de Movile a été associée à la planète Mars, par ceux qui espèrent trouver de la vie dans les grottes volcaniques qui abondent sur la planète rouge. D’où l’intérêt de la Nasa. Les exo biologistes avaient le modèle en théorie et tout d’un coup ils ont vu dans le magazine Science que leur théorie existait effectivement dans une petite grotte roumaine. Cette comparaison est un peu exagérée, explique Cristian Lascu. Mais une chose est sûre : la découverte de cet endroit a obligé les scientifiques à repenser leurs théories :



    Cristian Lascu: « A lheure actuelle, la grotte de Movile fait partie dun “club privé” de grottes et sources deau très chaude ayant les mêmes caractéristiques, où la vie est possible grâce à la chimiosynthèse. Cest notamment dans ces sources deau très chaude que lon a découvert des formes très primitives de vie. En plus, il y a une hypothèse selon laquelle la vie est apparue en fait dans ces eaux hyper chaudes, dans des milieux riches en dioxyde de carbone, hydrogène sulfuré, méthane, semblables à différentes planètes telles que Vénus par exemple. Peu à peu, ces organismes ont commencé à produire de loxygène et lon est parvenu à avoir une planète riche en oxygène où les organismes vivent à laide de loxygène et de la photosynthèse. De ce point de vue, les découvertes comme celle de la grotte de Movile nous donnent du fil à retordre, apportant des arguments en faveur de scénarios nouveaux sur lorigine de la vie. Elles nous incitent à avoir une nouvelle approche de la vie dans lespace, et nous rendent conscients du fait que sous nos pieds, à quelques milliers de mètres de profondeur, il existe pratiquement une seconde biosphère représentée par de tels microorganismes vivant dans des eaux hyper thermales riches en gaz. Une autre hypothèse très audacieuse est que la biomasse de ces organismes dépasserait lensemble de la biomasse terrestre connue ».



    Il n’y a que quelques grottes au monde semblables à celle trouvée par le spéléologue Cristian Lascu à Movile. A l’heure actuelle, des programmes de recherche sont en déroulement aux côtés des scientifiques britanniques et tchèques. Presque 20 années après sa découverte, cette grotte « hors du temps » reste une source inépuisable de recherche.

  • A la une de la presse roumaine – 17.10.2014

    A la une de la presse roumaine – 17.10.2014

    Aujourdhui, dans la presse de Bucarest: des articles sur la campagne des présidentielles; dernières évolutions dans les plus grosses affaires de corruption du moment; manque dinvestissements étrangers dans le sud et lest de la Roumanie; départ du coach de la sélection roumaine de football; concerts de musique classique dans une grotte de louest de la Roumanie.


  • Jean-François Meile (France) – la grotte de Movile

    Jean-François Meile (France) – la grotte de Movile

    Cette grotte unique en Roumanie, vous allez voir pourquoi, se trouve près de Mangalia, station sur la côte roumaine à la Mer Noire. Par quoi cette grotte est-elle tellement spéciale ? Eh bien par le fait qu’elle abrite un écosystème complètement inconnu sur Terre. La grotte a été découverte par pur hasard, en 1986. Au début, elle n’avait qu’une seule galerie d’une longueur totale de 200 mètres qui débouchait sur un petit lac sulfureux.



    Pourtant, l’équipe des spéléologues qui s’est aventurée à l’intérieur a remarqué à part la galerie principale, plusieurs autres, très étroites où vivaient pas mal d’organismes non vertébrés apparemment des plus ordinaires : vers, limes, escargots. Pourtant, au moment où les chercheurs se sont mis à examiner de plus près ces organismes, ils ont fini par recenser 35 espèces jusqu’alors inconnues qui diffèrent totalement des celles existantes déjà sur Terre. Ces organismes manquent de pigment et d’yeux, mais en revanche, ils ont tous de longues antennes et sont parfaitement adaptés au milieu des cavernes.



    En plus, les chercheurs ont découvert aussi plusieurs bactéries qui utilisaient la chimiosynthèse. Selon Wikipedia, la chimiosynthèse est la conversion biologique de molécules contenant un ou plusieurs atomes de carbone (généralement du dioxyde de carbone ou du méthane) en éléments nutritifs utilisables pour constituer de la matière organique. Les organismes qui la pratiquent utilisent loxydation de molécules inorganiques (hydrogène, sulfure dhydrogène) ou le méthane comme source dénergie, plutôt que la lumière du Soleil utilisée par les organismes photosynthétiques pour produire des composés réducteurs. La conclusion en fut des plus surprenantes : la plupart des organismes découverts dans la grotte de Movile survivaient grâce au dioxyde de carbone. Les spécialistes se sont déclarés étonnés de constater que les organismes découverts dans la grotte vivaient dans un environnement totalement dépourvu d’oxygène.



    En plus, les biologistes se sont longtemps interrogés sur le mode de nutrition de ces organismes, vue que la grotte était complètement isolée de l’extérieur et que l’eau de surface ne s’infiltrait pas du tout.



    La grande découverte de Movile a constitué sujet de documentaire aussi bien sur la BBC que sur les chaînes National Geographic et Discovery. En plus, même les chercheurs de la NASA s’y sont intéressés, en comparant l’environnement de la grotte à celui de la planète Mars.



    A l’heure où l’on parle, rien de spectaculaire ne s’est passé à Movile. Faute d’argent, les exploitations ont bien stagnées et donc on n’a pas appris davantage sur les micro-organismes qui y existent. On sait pourtant qu’il n’existe qu’en Amérique une grotte similaire où l’on a découvert tout autant de micro- organismes inconnus, mais à la différence de la grotte roumaine qui ne mesure que 200mètres, celle américaine s’étend sur 550 kilomètres.