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  • Jean Barbat (France) – Comment les Roumains se chauffent-ils ?

    Jean Barbat (France) – Comment les Roumains se chauffent-ils ?

    Conformément aux chiffres publiés par Eurostat en 2020 et valables pour l’année 2018, environ 9,6% des habitants de la Roumanie ne se permettaient pas de chauffer suffisamment leur logement. Cela peut sembler beaucoup, néanmoins, ce chiffre est à la baisse pour les Roumains. Disons qu’en 2007, 33,3% d’entre eux déclaraient avoir du mal à assurer ces coûts, alors qu’en 2012, le chiffre était encore à 11%, mais a continué de baisser depuis. Le taux enregistré par la Roumanie est supérieur à la moyenne européenne, qui est de 7%, mais sa situation n’est pas la pire. Ainsi, au niveau européen, le taux le plus important de personnes qui déclarent ne pas se permettre de chauffer leur logement est à retrouver en Bulgarie, avec 34%, suivie par la Lituanie avec 28%, la Grèce avec 23%, Chypre avec 22%, le Portugal avec 19% et l’Italie avec 14%. A l’opposé, on retrouve des pays tels que l’Autriche, la Finlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Estonie et la Suède, où seulement 2% de la population a ce genre de problèmes.



    La plupart des Roumains utilisent un poêle à bois pour se chauffer en hiver : 45,7% de la population, soit 3,415 millions de foyers, selon l’Institut national de la statistique. Le charbon ou le gaz sont également utilisés. A la campagne, 2,773 millions de foyers se chauffent au bois, soit 85% de l’ensemble des logements enregistrés en milieu rural. Et ce même si le rendement de transformation du bois en source de chaleur est faible, se situant entre 20 et 40%, ce qui fait du bois une matière chère. Par rapport au bois, le gaz a un meilleur rendement pour obtenir une giga calorie (entre 200 et 349 lei, soit entre 40 et 70 € pour le premier et de 35 à 37 € pour le second). En plus, les poêles à bois sont généralement inefficaces et polluants et ne chauffent qu’une partie de l’habitation – donc un faible confort.



    Selon un sondage national, 35,7% des Roumains ont une chaudière à gaz par logement, 13,5% emploient le réseau de chaleur, 1,8% font appel à un système électrique et 5,5% – à d’autres sources, notamment des centrales à bois, par exemple. La fréquence de l’utilisation du poêle comme système de chauffage est plus élevée parmi les personnes entre 45 et 59 ans, parmi ceux qui ont un faible niveau d’éducation, les personnes inactives et les cols bleus, mais aussi par ceux qui gagnent moins de 1200 lei (environ 245 €), par les personnes résidant en milieu rural, notamment dans les régions Nord-Est, en Munténie et en Olténie et par ceux qui habitent dans des maisons. Les centrales individuelles à gaz sont utilisées surtout par les personnes ayant des études supérieures, par les plus de 60 ans, par les cols gris et blancs, par celles qui gagnent plus de 2000 lei (soit plus de 410 euros) par mois, celles qui résident dans les régions Centre et Ouest, et aussi à Bucarest et en milieu urbain et par ceux qui habitent dans des immeubles collectifs.



    Selon le Conseil de la concurrence, entre août 2016 et août 2018, la demande en bois de chauffage a dépassé l’offre ; de ce fait, le prix du bois ayant cette destination a augmenté de près de 50%, et cela a créé des dysfonctionnements dans l’assurance du bois de chauffage pour la population. L’institution mentionnée a constaté après une étude faite dans quatre départements du pays que les prix moyens pour ce type de bois étaient de 220 lei/tonne (45 €) auprès des producteurs de masse ligneuse, de 300 à 450 lei/tonne (donc de 62 à 93 €) dans les entrepôts des commerçants et de 600 à 650 lei/tonne (donc de 125 à 135 €) dans les réseaux de bricolage. La Direction sylvicole de Vrancea (est) annonce vendre du bois de chauffage avec des prix allant de 55 lei (11 €) à 291 lei (60 euros) le mètre cube. Voilà un peu où en est la Roumanie en ce moment.



    L’Union européenne fait des plans pour éliminer les combustibles fossiles. Le Conseil de la concurrence de Roumanie recommande l’élargissement du réseau gazier, de manière à renoncer progressivement au chauffage au bois. Ainsi, la pollution serait réduite, elle aussi, cette matière première pourrait être économisée et il y aurait moins de coupes illégales.



    La plupart des usagers des centrales à gaz — 42% – sont très satisfaits de ce système de chauffage. Parmi ceux qui utilisent le chauffage urbain, près de 27% en sont très satisfaits, mais parmi ceux qui se chauffent au poêle à bois, à charbon ou à gaz, 25,6% seulement sont très satisfaits.



    Selon un sondage national, 35,4% des Roumains préféreraient utiliser l’énergie produite par les panneaux solaires, 18,5% l’énergie éolienne, 12,6% – celle produite par les centrales hydrauliques et 10,2% donneraient la préférence au gaz. 75% de ceux qui emploient un poêle à bois/charbon/gaz changeraient de système de chauffage, 44,6% des usagers du chauffage urbain le feraient aussi s’ils en avaient les moyens, et également près de 37% de ceux qui ont une centrale à gaz. La plupart, soit plus de 60% de ceux qui sont mécontents du système de chauffage qu’ils utilisent à présent, feraient choix d’une centrale thermique individuelle à gaz.

  • Bucarest au début de la réforme de l’habitat

    Bucarest au début de la réforme de l’habitat

    Bourg marchand, développé de manière chaotique sur les rives de la Dâmbovița autour de la zone des auberges, des tavernes et des boutiques, connue de nos jours comme le centre historique de la ville, Bucarest a commencé à se moderniser et à se mettre au diapason de l’Occident à peine durant la seconde moitié du 19e siècle. Pourtant, au début du 20e, les banlieues étaient encore insuffisamment urbanisées, les habitations y étaient insalubres et la tuberculeuse faisait des ravages parmi les habitants de la périphérie.

    C’est pourquoi, en 1910, la municipalité, par le maire Vintilă Brătianu, crée une « Société communale pour les habitations à prix modique », à l’époque la seule de ce genre en Roumanie. La Société a fonctionné entre janvier 1911 et le 11 juin 1948, date de la nationalisation opérée par les communistes. Son but était de construire et de vendre aux couches sociales moins nanties des habitations modernes, salubres, à des prix relativement accessibles. La Société achetait des terrains détenus par l’Etat, qui les avait achetés, à son tour, aux boyards propriétaires de domaines autour de la capitale. Ensuite, elle y faisait construire des habitations et les vendait à terme au menu peuple – du moins théoriquement, car en réalité il n’en fut pas tout à fait ainsi : ce n’est pas la catégorie des ouvriers qui bénéficia avant tout de ces habitations, mais la classe moyenne, constituée de fonctionnaires, de professeurs, d’ingénieurs et de ceux qui pratiquaient des professions libérales. Certes, la ville en a bénéficié aussi, car elle s’est agrandie et s’est modernisée.

    L’historien Andrei Răzvan Voinea a étudié l’activité de la Société pour les habitations à prix modique et il nous en parle : « Le prix maximum de ces maisons était fixé par la loi à 8.000 lei. On ne pouvait pas vendre une telle maison à plus de 8.000. Durant l’entre-deux-guerres, un ouvrier gagnait 100 lei par mois tout au plus. Dans ces conditions, 8.000 lei était un prix plutôt décourageant. Le grand avantage de l’existence de cette Société était le fait qu’au moment où elle entrait en possession d’un terrain, elle le divisait en parcelles égales et elle y faisait tous les travaux d’aménagement : assainissement, eau courante, électricité, éclairage et pavage des rues, service de propreté urbaine, pratiquement tout ce qui concernait la modernisation de la ville. Quand le bénéficiaire, après avoir acheté la maison, y entrait, tout était prêt, depuis les poêles à la toiture en tuiles, la rue était goudronnée et la clôture déjà installée. C’est pourquoi les ventes ont explosé les premières années, tout le monde s’empressant d’acheter. Pourtant, malheureusement, peu après le début des constructions, la loi a changé et le prix d’une maison a été porté à 15.000 lei. Par conséquent, ces habitations sont devenues inaccessibles aux ouvriers – déjà déçus par le prix antérieur de 8.000 lei, qu’ils ne pouvaient pas se permettre. Aussi, ces maisons allaient-elles devenir la propriété d’autres catégories professionnelles. »

    Entre 1911 et 1948, la Société a fait 25 lotissements et construit des habitations – selon le même modèle – pour environ 4.000 familles. Le premier réalisé à l’époque fut appelé Clucerului, dans le nord de la ville, à l’extrémité de la très connue Avenue Victoria. Le quartier érigé en 1918 est encore debout.

    Andrei Răzvan Voinea précise : « Les habitations y ont toutes été élevées en 1918. Les travaux ont démarré au printemps, et ont été achevés avant la fin de l’année. La Société disposait de quatre types d’habitations : A, B, C, D. Sur les terrains issus du parcellement Clucerului on construisit pourtant un seul type de maisons, le type C, qui comportaient un seul étage. Les habitations du type C étaient doubles, bi-familiales. Elles étaient constituées de deux parties identiques, une famille occupant la partie gauche de la maison, l’autre la partie droite. Toutes les maisons étaient entourées d’arbres ou d’un jardin de fleurs ou bien d’un potager. L’intention des architectes était de faire de Bucarest une ville-jardin. »

    L’architecte en chef de la Société pour les habitations à prix modique a été Ion Trajanescu. Ancien étudiant du grand architecte Ion Mincu, qui a créé le style architectural néo-roumain, Trajanescu utilisait ce style dans la construction des maisons. A la fin des travaux, l’architecte Trajanescu allait ériger sa propre maison sur une parcelle restée libre dans cette zone de Clucerului.

    Răzvan Andrei Voinea : « C’est un fait particulièrement important, car Trajanescu devient ainsi une sorte de symbole du quartier, mais il est aussi représentatif de ce qu’allait devenir la réforme des habitations sociales à Bucarest. Trajanescu, qui en 1911 avait un peu plus de 30 ans, avait été l’étudiant de Ion Mincu à la Faculté d’architecture. Les éléments du style néo-roumain créé par Mincu et utilisé par Trajanescu indiquent le fait que ces habitations étaient destinées à des couches sociales qui comprenaient quelque chose à l’architecture. En outre, posséder une maison construite par la «Société communale pour les habitations à prix modique» faisait monter quelqu’un sur l’échelle sociale, car, paradoxalement, une telle maison ne pouvait pas être achetée par n’importe qui. Par conséquent, cette Société n’a pas été, en fin de compte, ce qu’elle s’était proposé d’être, au début.»

    Une petite partie des héritiers des premiers propriétaires habitent encore ces maisons construites suite au parcellement Clucerului. Entre temps, la zone est devenue très chère et très recherchée, en raison justement de son charme rétro et du fait qu’elle avoisine un des quartiers les plus chics de Bucarest, qui commence place Victoria, là où, dans les années ’30, a été érigé l’actuel siège du gouvernement. (Trad. : Dominique)

  • Le chauffage des habitations en Roumanie selon Eurostat

    Le chauffage des habitations en Roumanie selon Eurostat

    Une statistique préoccupante, et qui enregistre un taux bien pire chez nos voisins bulgares : 36,5%. Notons que les chiffres sont valables pour l’année 2017. Sommes-nous dans la moyenne européenne ? Même ainsi, c’est un phénomène inquiétant, il s’agit en fait de la survie de ces personnes, au-delà des chiffres froids, eux aussi. Eh bien, voici deux ans, 7,8% de la population de l’UE ne se permettait pas de chauffer suffisamment son foyer, un taux qui a connu un pic à 11% en 2012 et qui connaît une baisse constante depuis. En deuxième position, après la Bulgarie, et son chiffre effrayant, on retrouve la Lituanie, qui n’est pourtant pas un pays chaud, avec 29%, et la liste se poursuit par la Grèce, 26%, Chypre, 23%, le Portugal avec 20,4%, et l’Italie, 15,2%. Derrière la Roumanie, mais toujours au-dessus de la moyenne européenne, on retrouve la Lettonie (9,7%) et l’Espagne (8%). Au pôle opposé, les Etats où ce problème n’est connu que de 2% de la population sont le Luxembourg, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et l’Autriche.



    La Roumanie accorde chaque année des subventions pour le chauffage aux personnes vulnérables. Ainsi, les personnes seules ou les familles ne pouvant pas couvrir ces frais qui peuvent être très importants dans le budget de telles personnes et même en général peuvent demander une aide en argent à l’Etat. Le revenu net d’une personne dans une telle famille doit être de 786 lei tout au plus (l’équivalent de 165 euros) ou de 1082 lei tout au plus (228 euros) dans le cas d’une personne seule. Cela dans le cas du chauffage centralisé. Pour le chauffage au gaz, au bois, au charbon et avec des combustibles dérivés du pétrole, le revenu net par membre de la famille ne doit pas dépasser les 615 lei (130 euros). Cette subvention est accordée entre novembre et mars.

  • Le Courrier des auditeurs du 01.03.2019

    Le Courrier des auditeurs du 01.03.2019

    On dit en Roumanie que le printemps arrive le 1er mars. Las de l’hiver, quand les hivers étaient encore longs et rudes, les Roumains ont sans doute inventé ce dicton pour leur tenir chaud au cœur. Toutefois, en réalité, dans ce pays, même avec le réchauffement climatique, mars n’est pas — pas toujours ou pas tout à fait – un mois de printemps. Même si en principe le soleil se montre plus souvent, il faut encore chauffer.



    Découvrez ici les détails sur le chauffage des habitations en Roumanie: https://www.rri.ro/fr_fr/le_chauffage_des_habitations_en_roumanie_selon_eurostat-2594835


    Chers amis, en tout cas, même du point de vue des autorités, mars est le dernier mois d’hiver ; je vous propose donc d’oublier le froid en pensant à une coutume très sympathique. Vous l’avez deviné, il s’agit du mărţişor.



    Découvrez les détails ici: https://www.rri.ro/fr_fr/la_fete_du_martisor-2527855



    Passons maintenant à la lecture de vos lettres et messages. Histoire de nous dépayser et de nous réchauffer, nous faisons maintenant un grand saut en Indonésie, pour connaître notre auditeur M Hazairin Junep. Il nous avouait : « Je suis un auditeur de Radio Roumanie Internationale depuis 50 ans. Je souhaite recevoir des publications, un programme et un guide de fréquences, un fanion, un badge, un souvenir etc. pour agrandir la collection de notre musée et bibliothèque. » 50 ans, c’est impressionnant ! Merci pour votre fidélité. Vous recevrez ce qui est disponible pour vous faire des souvenirs.



    Cela fait plaisir de lire une telle phrase dans un message d’auditeur : « Que du bonheur de pouvoir vous écouter aussi bien, et découter une émission aussi complète. Je vous lai déjà dit, cest un régal que découter les chansons folkloriques roumaines, cela ne dure pas assez longtemps, mais ce nest que mon avis », nous disait Gilles Gautier, de France. Merci beaucoup, Gilles.



    C’est contagieux, car notre auditeur de l’Île de la Réunion, M René Grondin, s’exclame à son tour : « Jai vraiment eu plaisir lécoute à RRI. » Nous aussi, à vous l’entendre dire ; merci, M Grondin, et bonne continuation.



    Nous cherchons le dépaysement cette semaine, et faisons un saut au Japon, d’où nous vient ce message de M Osamu Aikawa : « Mon fils, Yuta Aikawa, sest rendu en Roumanie lété dernier. Il est resté en Roumanie comme routard pendant une semaine. Il sest rendu en Roumanie ici et là, bien sûr, dans les palais devenus des attractions touristiques. Il a dit que les Roumains étaient très gentils avec lui et très amicaux lorsqu’il a dit quil venait du Japon. Il a eu les expériences les plus intéressantes lété dernier, je suppose. Jespère que je pourrai bientôt aller en Roumanie. » Venez, c’est tout un pays à découvrir, certainement très différent du vôtre. D’autant plus que vous connaissez tant et tant de choses maintenant sur la Roumanie, depuis le temps que vous suivez nos émissions. Et surtout après le récit que votre fils vous en a fait. Venez à la belle saison, c’est encore mieux.



    Sur ce s’achève notre rencontre bimensuelle. A très bientôt sur RRI !