A un moment où les relations franco- roumaines traversent une période de
plein essor, voilà qu’une jeune historienne a choisi de raconter aux enfants
roumains et francophones l’histoire d’un général français qui joua un rôle essentiel
dans l’histoire de la Roumanie moderne. Lancé le 26 mars à Brasov, le livre « Henri
Mathias Berthelot, l’ami de la Roumanie », signé par Mihaela Simina, est
paru en édition bilingue roumano-française, grâce à la traduction réalisée par
la journaliste Iulia Badea Guéritée, de l’Institut culturel roumain de Paris.
Tag: Henri Mathias Berthelot
-
Henri Mathias Berthelot, l’ami de la Roumanie
-
La France et la Grande Roumanie
Cent ans après la fin de la Grande Guerre, nous revivons la période tumultueuse comprise entre la fin du conflit de 14/18 et la signature du Traité de Trianon, au Banat et en Transylvanie, territoires censés passer sous souveraineté roumaine. Mais aussi le rôle joué par un officier d’exception, le général Henri Mathias Berthelot, et par les troupes françaises dans la pacification de la zone pendant cette période de toutes les incertitudes et de tous les dangers.
Souvent, les études et les cours d’histoire des relations internationales ont mis sur le compte de la France l’architecture des frontières dessinées en Europe Centrale et de l’Est, après la Grande Guerre. Ce qui est parfaitement vrai, en bonne partie du moins. C’est parce que les Etats qui se forment à l’issue de la première guerre mondiale doivent, en effet, leur existence à la France. La Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie sont les Etats qui naissent, renaissent ou se redessinent, après que l’Entente a défini les conditions par lesquelles la Grande Guerre prend fin.
Fin 1918, rien n’est encore joué. Des territoires, situés encore en Autriche-Hongrie, majoritairement roumanophones ou historiquement habités par d’autres ethnies, se trouvent toujours en dispute. Ce n’est que l’habileté de chaque « joueur » politique, les arguments qu’il saura trouver, qui feront la différence. Dans ce contexte d’incertitude, la France aura un rôle décisif, par la personne du général Henri Mathias Berthelot qui plaida sans relâche la cause roumaine.
L’historien Aurel Ardelean de l’Université de l’Ouest « Vasile Goldiș », de la ville d’Arad, nous fait revivre la complexité de ces jours fébriles de 1918: « Cela remuait ferme à la fin de l’année 1918 et au début de 1919, dans la région occidentale de la Roumanie. Car, si au début de la guerre, le royaume de Roumanie avait acquit des garanties fermes quant à la souveraineté de cette zone, une bonne partie de cette dernière se trouvait de facto sous l’occupation militaire serbe à la fin de la guerre. Ion C. Brătianu, qui concentrait à l’époque aussi bien les prérogatives de premier ministre que ceux de ministre des Affaires étrangères, envoya, le 22 décembre 1918, un télégramme à l’ambassadeur français, le comte de Saint-Aulaire, où il faisait état des exactions commises par l’armée serbe à l’encontre des Roumains du Banat. Par ailleurs, la ville d’Arad était assaillie de réfugiés. L’administration serbe de la ville de Timișoara avait ordonné la dissolution du Conseil national roumain du département de Timiș, ainsi que des gardes nationales roumaines. « Le peuple roumain tout entier est terriblement vexé par l’attitude de l’armée serbe, qu’il avait tant admirée aux heures sombres de la Grande Guerre », écrivait Bratianu »
Arrivé en Roumanie au mois d’octobre 1916, à la tête de la mission militaire française, le général Berthelot fut obligé de rentrer en France en mars 1918, au moment où la Roumanie venait de signer l’armistice largement défavorable de Buftea, avec les Puissances centrales. Il revient en Roumanie en octobre 1918, à la tête d’une mission militaire française renouvelée, et se déplace sans tarder dans la région du Banat et dans la Transylvanie de l’Ouest, pour constater sur place la réalité des faits réclamés.
L’historien Aurel Ardelean explique: « L’installation de l’administration roumaine dans ces zones rencontre de la résistance. « Le martyre des Roumains de Transylvanie ne m’est que trop connu. Que l’amour fraternel qui nous unit vous rassure. Nous vous assurons de tout notre appui, et nous ferons de notre mieux pour asseoir, une fois pour toutes, les frontières de la Grande Roumanie », résonnaient les paroles adressées par le général Berthelot, commandant des troupes de l’Entente sur le Danube, et chef de la mission militaire française en Roumanie, à Vasile Goldis, qui se trouvait à Bucarest, à la tête de la délégation roumaine, venue remettre au roi Ferdinand de Roumanie, les patents de l’Union. Ces paroles caractérisent bien l’esprit de la visite du général français à Arad et dans l’Ouest de la Roumanie dans les années 1918 et 1919. La presse du temps, et notamment le journal « Le Roumain », « Românul », relate la visite du général, déroulée dans une période où l’administration roumaine peine à asseoir son autorité à Arad, en Transylvanie et dans le Banat. »
La visite du général Berthelot était censée pacifier une zone profondément marquée par les années de guerre, les animosités accumulées, les frustrations des populations mélangées.
Aurel Ardelean : « A la veille de l’arrivée de général français, des irrédentistes magyars ont attaqué les Roumains venus accueillir le général. Des coups de feu ont éclaté, les drapeaux roumains ont été jetés à terre et des bousculades ont provoqué de nombreuses victimes. « Que ces énergumènes le sachent : Ce ne seront pas les démonstrations de ces cinglés qui décideront du sort politique des Roumains et des Magyars, mais le Congrès de Paix. D’ici là, les uns et les autres devront garder leur sang froid. La Cour internationale fera justice ». C’est la position officielle, pacifiste, des Roumains, qu’exprime en ces termes le journal « Le Roumain ». D’ailleurs, le général français n’en demandait pas mieux et, pour pacifier la zone et afin d’éviter les conflits ethniques, les troupes françaises ont occupé la zone ».
Le rôle de ces troupes n’était autre que de calmer les esprits, et le général Berthelot, leur commandant, l’accomplit brillamment. Selon l’historien Aurel Ardelean : « En feuilletant la presse du temps, on remarque la détermination du général français. Dans l’édition du 23 décembre 1918, dans la revue « L’Eglise et l’Ecole », on apprend que : « Les troupes françaises sont au Banat. Suite à des manifestations sanglantes, les troupes françaises du général Berthelot sont arrivées à Arad hier, pendant la nuit, pour assurer l’ordre public mis en péril par les agissements des éléments irrédentistes. Des sentinelles françaises montent actuellement la garde au siège de la rédaction du journal « Le Roumain ». » Plus loin l’on pouvait lire encore : « L’armée roumaine occupera Oradea Mare, Arad et Sighetul Marmației. Un colonel français a remis au gouvernement hongrois une mise en garde de la part du général Berthelot, signifiant que l’Armée roumaine était en droit de passer outre la ligne de démarcation actuelle et qu’elle pouvait occuper les villes de Cluj, Dej, Satu Mare, Oradea, Radna, Arad, Marghita ainsi que Sighetul Marmației. » Cette opération se déroulera avant l’arrivée des troupes françaises ».
Les traités de paix ultérieurs ont consacré des frontières tracées conformément aux aspirations des nations assoiffées de liberté et aux contours du mosaïque ethnique de l’époque. La Roumanie assit ses frontières à la fin de la Grande Guerre sur leur emplacement actuel grâce à l’aide indéfectible de son grand allié, la France. (Trad. Ionut Jugureanu)
-
Großrumänien: Frankreich unterstützte Anschluss Siebenbürgens und des Banats an Altreich
Laut Studien für Geschichte und Völkerrecht sei Mittel- und Osteuropa nach dem Jahr 1918 eine Schöpfung Frankreichs. Die Staaten, die nach dem ersten Weltkrieg gegründet wurden, verdanken gewissermaßen Frankreich ihre Existenz. Polen, Rumänien, die Tschechoslowakei und Jugoslawien sind die Staaten, die nach 1918 eine neue Form annahmen, nachdem die siegreiche Entente die Friedensbedingungen des 4-jährigen Krieges festlegte.
Am Ende des Jahres 1918 herrschte europaweit eine düstere Stimmung, die von Rumänen und anderen Ethnien besiedelten Territorien unter der Habsburgermonarchie waren umstritten und die Kontrolle über die jeweiligen Territorien hing mit der Fähigkeit der politischen Akteure zusammen, bei den Friedensverhandlungen eine starke Position einzunehmen. Im westlichen Teil des heutigen Rumäniens spielte Frankreich eine wichtige Rolle bei der Friedenserhaltung und eine entscheidende Rolle bei der Grenzziehung des Königreichs Rumäniens. Der französische General Henri Mathias Berthelot war der stärkste Befürworter der rumänischen Causa. Der Historiker Aurel Ardelean von der Universität Vasile Goldiș“ in Arad beschreibt die komplizierte Situation der Zeit:
Am Ende des Jahres 1918 und Anfang des Jahres 1919 war die Situation im Westen Großrumäniens nicht gerade ideal. Rumänien zog in den Krieg gegen das Versprechen, dass nach Kriegsende das westliche Territorium befreit wird, insbesondere das Banat, das de facto unter serbischer Militärbesetzung stand. Der rumänische Premier und Außenminister Ion C. Brătianu richtete am 22. Dezember ein Telegramm an den französischen Botschafter Saint Aulaire, in dem er dem Botschafter mitteilte, dass die serbische Armee in Banat hunderte Rumänen in Belgrad hinter Gitter brachte. Im westrumänischen Arad gab es zahlreiche Menschen, die vor dem Terror der serbischen Armee im Banat flüchteten. Die serbische Armee im westrumänischen Timișoara hatte den Rumänischen Nationalrat des Kreises Timiș und alle rumänischen Nationalgarden aufgelöst.“
Der General Berthelot traf in Rumänien im Oktober 1916 an der Spitze seiner Mission ein, die im März 1918 abgebrochen werden musste, als Rumänien nach seiner Niederlage einen Waffenstillstand mit den Mittelmächten vereinbarte. Berthelot kehrte im Oktober 1918 an der Spitze einer neuen französischen Mission nach Rumänien zurück. Aurel Ardelean kommt erneut zu Wort mit Einzelheiten:
Die Amtseinführung der rumänischen Verwaltung in Siebenbürgen und im Banat erfolgte nicht reibungslos. »Das Martyrium der Rumänen in Siebenbürgen ist mir völlig bekannt. Ich empfinde eine besondere Liebe gegenüber Ihrem Volk und ich versichere Ihnen meine volle Unterstützung und mein starkes Engagement für die territoriale Integrität Großrumäniens« — das waren die Worte des französischen Generals, Stabchefs der Donau-Armee und Leiters der französischen Mission in Rumänien an die vom Politiker Vasile Goldiş geleitete Delegation, die in Bukarest dem König Ferdinand I. die Urkunden der Großen Vereinigung aushändigen sollte. Die damaligen Zeitungen im westrumänischen Arad, insbesondere die Publikation »Românul«, berichteten wie folgt über den Besuch des französischen Generals im Westen des Landes in den Jahren 1918-1919, in einer Zeit, in der Arad, Siebenbürgen und das Banat mit Schwierigkeiten und Zwischenfällen unter rumänische Verwaltung kamen: »Der Besuch des französischen Stabchefs sollte über eine vom Krieg erschütterte Region, in der noch starke Spannungen herrschten, wieder Frieden bringen.« Ungarische Provokateure haben die Rumänen beschossen, die den französischen General in Arad empfangen wollten, traten ihre Flaggen mit den Füßen, es gab zahlreiche Opfer. »Die Ungarn müssen sich dessen bewusst werden, dass nicht die Demonstrationen dieser verrückten Menschen die politische Situation der Rumänen und der Ungarn entscheiden werden, sondern der Friedenskongress. Bis zu dem Zeitpunkt, in dem dieser zusammenkommt, müssen sowohl die Rumänen als auch die Ungaren ruhig Blut bewahren, das internationale Gericht wird Gerechtigkeit widerfahren lassen« — das war die offizielle und pazifistische Stellungnahme der Rumänen, die in der Zeitung »Românul« erschien. Der französische General selber hatte allerdings eine praktische Lösung gefunden, die den interethnischen Konflikten ein Ende setzen sollte: die Besetzung der ganzen Region durch französische Truppen.“
Die Rolle der französischen Truppen war, die Gemüter zu beruhigen, und der General Berthelot habe seine Aufgabe erfüllt, glaubt Aurel Ardelean:
Wie die Presse damals berichtete, überzeugte der General Berthelot nicht nur durch Worte, sondern auch durch Taten. In der Zeitung »Kirche und Schule« vom 23. Dezember 1918 stand: »Französische Truppen im Banat. Als Folge der blutigen Auseinandersetzungen wurden vorige Nacht auf Befehl des Generals Berthelot französische Truppen eingesetzt, um die öffentliche Ordnung wiederherzustellen und die Sicherheit der Bevölkerung zu garantieren.« Laut einer anderen Nachricht »wird die rumänische Armee Oradea (Großwardain), Arad und Sighetul Marmaţiei im Norden des Landes besetzen. Ein französischer General hat die ungarische Regierung benachrichtigt, dass die rumänische Armee das Recht hat, die Trennlinie zu überschreiten und die folgenden Städte zu besetzen: Cluj, Dej, Satu Mare, Oradea, Radna, Arad, Marghita und Sighetul Marmației.«“
Die militärische Operation hat bis zur Ankunft der französischen Truppen gedauert. Die westliche Grenze des heutigen Rumänien wurde mit der Unterstützung seines großen Verbündeten Frankreich erreicht.