Tag: histoires

  • Des biscuits personnalisés

    Des biscuits personnalisés

    Offrir
    et recevoir des cadeaux est une tradition qui
    remonte à la nuit des temps. Offrir un cadeau peut procurer une joie
    immense, lorsque l’on voit les yeux de celui qui le reçoit se mettre à pétiller
    de plaisir et parfois de surprise. Certains détestent chercher des cadeaux pour
    les autres par peur de ne rien trouver qui convienne. Pour chacune des
    situations mentionnées, il est de plus en plus facile de trouver une solution,
    en offrant un cadeau original, prêt à l’emploi et fabriqué par d’autres. Lorsque
    vous faites le choix de vous tourner vers ce genre de cadeau, alors vous vous
    transformez en petite fée du bonheur. La jeune bucarestoise Raluca Matei s’est
    inspirée de cette idée, et a d’abord créé des biscuits peints que sa fille
    pouvait emmener à l’école pour son goûter.


    Une initiative qui a été
    accueilli avec un tel enthousiasme que notre interlocutrice a décidé de se
    lancer, en créant la marque « récit de biscuit » dont elle est venue
    nous parler. Raluca Matei : « Il
    s’agit en fait de pain d’épice. Au départ, je fabriquais des biscuits, mais
    petit à petit je n’ai fait que du pain d’épice, car j’ai découvert une recette
    vraiment délicieuse. La texture est moelleuse, et spongieuse à la fois, et
    surtout très parfumée. Les clients ont adoré, c’est la raison qui m’a poussée à
    ne faire que ça. L’idée m’est venue avec les biscuits que je faisais pour ma fille
    en guise de martisor qu’elle distribuait ensuite à l’école. Le concept a
    rencontré un franc succès. J’ai ensuite offert plusieurs modèles en cadeaux
    pour des anniversaires, pour les professeurs, les autres enfants, les adultes,
    les grands parents, bref, pour tout le monde ».





    De création en création, voilà
    maintenant quatre ans que l’activité de Raluca se déploie, et l’équipe semble
    optimiste pour l’avenir. Comme chaque vie raconte une histoire, nous avons
    demandé à Raluca quels étaient les récits qu’elle choisissait de raconter sur
    ses biscuits :« Chaque
    biscuit raconte une histoire différente. Les clients font des cadeaux à leurs proches,
    à leurs amis. Ils nous parlent de la personne à qui ils souhaitent faire
    ce cadeau, et en fonction de cela nous allons parler de ses loisirs, de ce
    qu’ils aiment. Le récit finit alors par s’écrire tout seul sur le biscuit. La
    personne reçoit donc, un cadeau personnalisé, adapté rien que pour elle.
    »




    Raluca Matei nous raconte en
    détail l’aventure de cette entreprise originale : « Nous avons réussi à inaugurer un
    laboratoire. Nous sommes une équipe composée de 5 femmes, que nous espérons
    agrandir. Aujourd’hui nous travaillons dans toute la Roumanie, et même dans
    d’autres pays européens. Nous avons envoyé de nombreux cadeaux pour de nombreux
    clients. Des pains d’épice sous différentes formes : bouquet de fleurs,
    boîte d’anniversaire, puzzle, sachets pour les mariages, pour les baptêmes,
    etc. Tout est fabriqué et peint à la main par nos soins. Chaque pièce est
    unique. Tout est fabriqué main en fonction de la demande du client, avec des
    colorants alimentaires, sur tous les thèmes possibles et imaginables. Les
    clients nous ont poussés à envisager tous les thèmes de la cuisine, du
    café, du voyage, de la passion. Nous avons absolument tout exploré, les
    personnages des dessins animé, des films, des paysages, tout ! »





    Des biscuits en forme de cœur,
    ornés de fleurs, de clés, de pétales, de feuilles, des pains d’épice en forme
    de galet peint à la manière des martisor traditionnels, décorés pour Halloween
    avec des citrouilles et des chapeaux de magicien, ou tout simplement, des
    biscuits qui ressemblent à s’y méprendre à des fleurs, disposées en un
    savoureux bouquet. On trouve vraiment de tout dans ces ateliers magiques !


    Victime de son succès, il est
    important de passer commande bien à l’avance pour que Raluca vous envoie ses
    merveilles en temps et en heure : « Nos clients savent qu’il est
    nécessaire de commande deux à trois mois à l’avance pour être certains de
    recevoir les biscuits dans les temps. Les très gros bouquets avec des messages
    tels que « je t’aime » ou « joyeux anniversaire », ou les
    biscuits pour enfants sur lesquels on peint des personnages, ou ceux pour
    adultes sur lesquels on dispose de jolis ornements originaux afin de rendre
    leur cadeau unique. Tout est fait avec une grande passion et beaucoup de joie.
    Nous sommes convaincues de faire quelque chose d’exceptionnel et d’unique et
    nous espérons que cela vous aura convaincu de passer commande chez nous afin de
    goûter à nos délices, car c’est surtout la saveur qui nous importe avant toute
    chose.
    »




    C’est
    donc l’occasion de profiter de la fête des mères, de l’arrivée du printemps, ou
    simplement du prochain anniversaire dans votre calendrier pour franchir le pas
    et commander un savoureux pain d’épice fait maison ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Des super-contes de Bucarest

    Des super-contes de Bucarest

    Il s’agit des « Superpovești din București/Des Super-contes de Bucarest », un volume qui rassemble des histoires ou des contes signés par les gagnants du concours homonyme, lancé au début de l’année dernière. Tirée à plusieurs milliers d’exemplaires, l’anthologie a vu le jour grâce à la Compagnie des librairies Bucarest (CLB), la chaîne de boutiques spécialisées la plus ancienne et la plus durable de Roumanie, avec l’appui de la Mairie générale de la capitale et de son Centre culturel ARCUB. Le livre est distribué gratuitement dans toutes les quarante librairies de la chaîne CLB, afin d’encourager la lecture.

    D’ailleurs, la Compagnie des librairies Bucarest et la société Headsome Communication se trouvent à l’origine du projet, expliqué par Oana Boca Stănescu, présidente de Headsome Communication : « Le livre est né lors d’un événement organisé par la Compagnie des librairies Bucarest. Pour moi, les activités de la compagnie sont une source d’inspiration et j’avoue être impressionnée par cette réussite. Présente depuis plus de soixante-dix ans sur le marché, la CLB réussit à rester proche de tous les amoureux du livre de la capitale. En 2020, la Compagnie des librairies Bucarest se préparait à fêter le soixante-dixième anniversaire de sa fondation et, comme nous organisons des projets culturels ensemble depuis un certain temps, nous avions des plans assez ambitieux. Mais la pandémie est venue occuper la scène et il nous a été impossible de tenir tous les événements prévus, sauf quelques-uns, dont une initiative de planter des arbres dans la ville, l’idée étant que la CLB est proche des lecteurs de Bucarest depuis près de trois générations et qu’elle pense avec affection à la prochaine génération. Cet événement a eu lieu dans le Parc Tineretului (de la Jeunesse), c’est là que nous avons planté des arbres, que nous avons écouté des histoires sur Valea Plângerii (la Vallée des lamentations), sur une église engloutie par les eaux, sur le lac Cocioc du Parc Tineretului. Moi et des gens plus jeunes que moi nous sommes rendus compte que nous ne savions pas beaucoup de choses à propos de ces lieux. Nous avons aussi compris que les nouvelles générations ne connaissaient pas vraiment les histoires et les légendes de Bucarest. C’est ainsi que l’idée nous est venue de les ramener à la vie, ce qui aurait été impossible en l’absence de l’appui et de l’enthousiasme de la Compagnie des librairies Bucarest, car les Super-contes de Bucarest sont un projet de la marque CLB. Heureusement, depuis quelques années, nous assistons à un revirement de la littérature pour enfants, de nombreux auteurs roumains contemporains écrivent pour les enfants. Je crois que c’est la chose la plus merveilleuse qui puisse arriver sur un marché du livre plutôt pauvre, car si l’on veut former de nouvelles générations de lecteurs, il faut commencer tôt. »

    Marieta Seba, directrice générale de la Compagnie des librairies Bucarest, reprend les éléments d’information déjà mentionnés, en y ajoutant quelques précisions supplémentaires : « Comme Oana Boca Stănescu vient de le dire, ce projet est né lors de l’événement pour planter des arbres, organisé par nous, la CLB. En 2020, pour les soixante-dix ans de la compagnie, nous avons voulu organiser plusieurs événements et mettre l’accent sur le public, sur la communication. Puisque la pandémie nous a empêchés de le faire, nos collaborateurs ont eu cette idée de planter des arbres dans le Parc Tineretului. Beaucoup d’enfants y ont participé et ça nous a donné l’idée de marqué aussi notre anniversaire par un petit livre. Nous espérons tout simplement que ce projet perdure et qu’il gagne en ampleur, en impliquant le plus grand nombre d’élèves. Tout ce que nous avons réalisé jusqu’à présent a été fait par passion, de tout cœur, suivant notre devise « Par amour du livre ».

    Pour nous, la CLB, le côté financier n’a jamais occupé le premier plan. À chaque fois, nous avons essayé de faire des choses intéressantes et créatives, même quand le budget était insuffisant. »Ioana-Alexandra Anastasiu, élève à l’École générale n° 280, fait partie des gagnants du concours « Des super-contes de Bucarest ».

    Son texte sur la Maison Capșa se retrouve dans les pages de la récente anthologie publiée par la Compagnie des librairies Bucarest (CLB) : « Avec notre professeure de religion, j’ai participé à un cours optionnel intitulé « Flâneurs à travers Bucarest/Călători prin București », durant lequel nous apprenions les légendes et les histoires des bâtiments de la ville. Quand j’ai entendu parler du concours Super-contes de Bucarest, j’ai tout de suite décidé d’y participer, parce que je suis passionnée par la langue roumaine et par l’histoire et parce que le concours m’a paru une bonne occasion de me mettre à l’épreuve. J’ai choisi d’écrire un texte sur la Maison Capșa car c’est un des bâtiments les plus élégants et les plus somptueux de Bucarest. En plus, il a accueilli un tas de personnalités, notamment durant la Belle Epoque. J’ai toujours admiré cet édifice et j’ai été très contente de pouvoir écrire quelque chose sur lui. »

    Vu la réussite du projet et l’intérêt éveillé parmi les enfants et les adolescents, les organisateurs se propose de l’inscrire dans la durée, en lançant la deuxième édition au début de cette année. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Contes de fées

    Contes de fées

    Aujourd’hui, Lunia et Azalée nous entrainent dans une aventure qui s’appelle « l’école des fées ». Nous avons parlé avec Georgeta Poiana, alias la fée Lunia, et l’histoire qu’elle nous raconte est, bien sûr, celle de cette idée. « L’école des fées est née de notre désir de créer des contes pour enfants, mais des contes sains, issus d’un amour pour la vie et du respect pour tout ce qui nous entoure. Nous avons voulu offrir une alternative aux contes traditionnels, qui comportent de nombreux personnages négatifs et même beaucoup de violence. Nous estimons qu’il n’est pas nécessaire d’inculquer la peur aux enfants à un âge très tendre. Nous apprécions les contes traditionnels roumains et nous savons qu’ils contiennent certaines vérités – même initiatiques – mais nous ne jugeons pas nécessaire de les proposer aux tout petits. Nous avons souhaité leur offrir, par contre, des contes fondés sur d’autres valeurs, plus correctes, à notre avis, pour cet âge-là, qui cultivent le respect de la nature, des autres et de tout ce qui nous entoure. »

    C’est ainsi qu’est né, par exemple « Le Rêve dans les chaussettes », qui apprend aux enfants comment évaluer leur journée et la rendre meilleure, mais aussi être empathiques avec leurs parents et leur demander, à eux aussi, quelle note ils accorderaient à leur journée. C’est de la même façon qu’est né le conte « Le Vent curieux », qui raconte l’histoire du bébé-vent, qui tâche de comprendre ce qu’écrit dans son cahier un enfant assis à son bureau, pour découvrir enfin, en même temps que le lecteur, la joie que chacun de nous peut puiser dans son monde intérieur. Les fées Lunia et Azalée se sont donc associées, elles ont cherché ensemble des idées pour éduquer tout d’abord leurs propres enfants et elles ont mis sur pied ce projet. Elles se sont demandé, par exemple, comment apprendre aux enfants à ne pas arracher les fleurs des jardins et des prés ? La fée Lunia explique : « Nous nous sommes demandé derrière quel conte cacher cette idée et alors nous avons expliqué aux enfants qu’une fée prend soin de chaque fleur, que cette fée est toute petite et entourée de beaucoup de couleurs, qu’elle protège la fleur et la réchauffe quand il fait froid et qu’elle ne serait pas heureuse si quelqu’un arrachait cette fleur. Et cette histoire a eu un grand effet – du moins sur nos enfants. Alors la fée Azalée m’a répété sans cesse que nous devions nous mettre à écrire, elle m’y a poussée. Et c’est ainsi que sont nés ces contes, l’un après l’autre. Ensuite, la fée Azalée a mis ces contes en vers, de sorte que chaque conte est suivi par une poésie qui raconte à nouveau l’histoire, d’une autre façon. »

    Au début, il n’y a eu qu’un site : şcoaladezâne.ro, pourtant les mamans qui l’ont visité ont souhaité vivement que les contes qui y figuraient soient également disponibles en format papier. Et c’est ainsi qu’ils furent réunis dans un livre, publié aux Editions Coresi. Les deux fées se proposent de sortir également un volume de prose et un autre de poésie. C’est qu’en lisant ces contes, les parents deviennent, eux aussi, les élèves d’une véritable école accréditée des fées. La fée Lunia précise : « Oui, en effet, nos contes sont pleins de sens ; les parents, les grands-parents et tout lecteur peut y trouver un sens caché. Pour donner une image, je dirais que chaque conte est comme la pointe d’un iceberg et que le lecteur peut plonger dans les profondeurs pour l’explorer aussi loin qu’il le peut. A n’importe quel âge, on y trouve quelque chose à comprendre. C’est ce qui nous séduit, car, en relisant les contes, nous avons été surprises d’y découvrir de nouveaux sens. Par exemple, dans notre livre il y a un conte qui s’appelle « L’Arbre sage », dont nous avons compris la profondeur après l’avoir lu une dizaine de fois. »Sur le site des fées figure une trentaine de contes et un grand nombre de poésies, ainsi que des pensées ayant mené à leur création. « Une lectrice nous a dit, par exemple, qu’après la lecture du conte « Le Voyage de l’akène de pissenlit » qui se trouve dans notre livre, ses enfants lui avaient posé des questions auxquelles elle a répondu et que ce dialogue avait duré plus d’une demi-heure. Les questions portaient aussi sur les sujets plus sensibles, comme par exemple celui des personnes qui nous quittent. Et la lectrice s’est sentie comme la mère-pissenlit du conte, elle a senti qu’elle préparait ses enfants pour leur chemin dans la vie. Et elle nous a écrit combien il avait été important d’apprendre à ses enfants ces choses qu’autrement elle n’aurait pas su comment exprimer. En lisant ça, nous avons, évidemment, été émerveillées ! Les chroniques sont très bonnes, les retours sont positifs, les mamans sont enchantées et elles souhaiteraient écouter plus de contes. »

    Pour terminer, la fée nous donne un avant-goût de ces contes. « Le livre déjà sorti réunit entre autres les contes « L’Arbre sage », « Le Voyage de l’akène de pissenlit », « La Petite robe enchantée ». Le conte « L’Alchimiste » est né, par exemple, du désir d’une mère de susciter la curiosité de ses enfants pour les légumes et les fruits. Le conte « Le Collier » raconte l’histoire d’un garçon qui veut faire un cadeau tout à fait spécial à sa mère et qui ne sait pas où aller le trouver.

    Ce sont des contes utiles et bénéfiques, qui favorisent une pratique du respect. »Sur leur site, les deux fées – Lunia et Azalée – nous offrent aussi un guide d’utilisation des contes – je cite : « Les contes naissent bercés par les oreilles des tout petits. On les sert arrosés de rêves et saupoudrés d’une poussière sucrée d’étoiles. » (Trad. : Dominique)

  • La 11e édition du Festival de film et d’histoires de Râșnov

    La 11e édition du Festival de film et d’histoires de Râșnov

    L’atterrissage sur la Lune, la révolution de ’89, l’éducation, l’homme politique Iuliu Maniu ou la liberté économique — ce sont quelques-uns des thèmes de discussion abordés lors du dernier Festival de film et d’histoires de Râșnov. Cette onzième édition s’est déroulée dans la deuxième moitié du mois de juillet, près de Brașov, dans le centre du pays. D’ailleurs, les débats prennent chaque année plus d’ampleur dans l’économie de l’événement. Mihai Dragomir, directeur exécutif du Festival : « La onzième édition a représenté pour nous un saut en avant pour ce qui est de la qualité de la programmation. Pour commencer, nous avons inauguré un nouvel espace, conçu spécialement pour les débats, dans l’école Peter Thal. Nous souhaitions ainsi donner plus d’importance à ces discussions publiques, et surtout mettre l’accent sur les activités menées avec les élèves et les étudiants qui participent à l’École d’été du Festival. L’année dernière il y a eu 43 débats, cette année 68. C’est aussi une manière d’atteindre le public jeune par notre message. »



    En plus des étudiants, des lycéens de Roumanie et de République de Moldova ont participé cette année à l’École d’été de Râșnov. La réputation du Festival de film et d’histoires, construite dans le temps, est celle d‘un événement qui se penche avec sérieux sur les problèmes du moment. C’est ainsi qu’il se démarque parmi les nombreux festivals organisés chaque année en Roumanie. Mihai Dragomir, directeur exécutif du Festival, sur la place de la Moldova dans cet événement : « Cette collaboration a démarré il y a déjà 5 ans. Au début, c’était une initiative de l’Institut culturel roumain, mais le partenariat s’est élargi entre temps. Maintenant, il y a des entreprises privées qui soutiennent le partenariat. Cette année, nous avons accueilli 15 participants de la République de Moldova. Notre expérience montre que c’est très pertinent pour eux de participer à ces activités. C’est un endroit où ils ont la possibilité de faire des rencontres intéressantes et où ils peuvent parler beaucoup plus librement que dans leur pays. »



    Le succès du Festival de Râșnov a fait apparaître l’idée d’un élargissement de l’événement sur le territoire. L’équipe, soucieuse de réfléchir en termes de développement durable, s’est surtout concentrée sur les petites communautés des alentours de la ville de Râșnov.


    Mihai Dragomir : « Cette décision est survenue naturellement. Après dix éditions, on s’est rendu compte qu’il était dommage de ne pas utiliser nos ressources pour faire voyager nos activités dans les communautés proches de Râșnov. L’idée était justement d’investir ces milieux où la culture est habituellement absente. C’est ainsi qu’en 2019 nous avons décidé d’aller à Codlea et Crizbav. Il y a aussi une dimension de mobilité, car notre public de Brașov s’est déplacé avec nous. Crizbav, par exemple, est un petit village saxon. Notre volonté était aussi de montrer aux habitants de Brașov et aux touristes de la région d’autres points d’intérêt qui attendent d’être découverts. »



    Le Festival de film et d’histoires de Râșnov montre, une fois de plus, que découverte compte parmi ses maîtres-mots. (Trad. Elena Diaconu)

  • «Nous sommes nos propres histoires», festival

    «Nous sommes nos propres histoires», festival

    «Que l’on veuille y croire ou pas, on est tous des histoires». Voilà l’une des phrases sous lesquelles s’est déroulée la première édition du Festival international de narration – l’art de raconter une histoire – «Nous sommes nos propres histoires», accueilli récemment par Bucarest. A l’affiche de l’événement: ateliers, conférences, sessions et soirées de narration, un spectacle de musique et de poésie et un marathon du récit déroulé dans plusieurs hôpitaux pédiatriques de la capitale.

    Selon l’organisatrice du festival, Adriana Ene, chaque individu est une histoire qui mérite d’être racontée: «Comme son nom l’indique, le festival de narration fut à lui seul une très belle histoire. On est tous des histoires, car chaque individu a ses propres récits de vie. La première édition du festival a réuni à Bucarest des conteurs sud-coréens, britanniques, marocains, géorgiens, turcs et roumains. Un agenda bien chargé, comme vous pouvez le constater».

    L’idée de mettre sur pied une telle manifestation, Adriana Ene l’a eue depuis l’année dernière quand elle fut invitée à participer à la quatrième édition d’un festival similaire organisé à Arad.

    Une expérience extraordinaire qu’Adriana a voulu répéter à Bucarest aussi: « L’année dernière, je fus la seule à représenter la Roumanie au festival d’Arad. A mes côtés, il y a eu des conteurs de Hawaï, du Portugal, du Danemark et de Thaïlande. Et puisque la manifestation m’a semblé vraiment magnifique, je me suis dit qu’il faudrait en faire une à Bucarest aussi. Et voilà qu’une année plus tard, on a eu cette première édition du Festival de narration de Bucarest. Pour la deuxième édition, prévue l’année prochaine, on a déjà invité plusieurs conteurs kenyans, on espère faire venir à Bucarest des noms célèbres de cet art tels John Mukeny, Claude Delsoll de France, Eric Wolf du Royaume Uni, Jeff (Meyer) de Hawaï. On voudrait accueillir de nouveau la Sud-coréenne Alicia Dongjoo Bang. Comme vous pouvez le remarquer, on a déjà démarré les préparatifs pour la prochaine édition».

    Les histoires racontées durant le festival ne sont jamais dépourvues de message. Que ça soit l’amour, la pauvreté, la bonté, l’espoir, le bonheur, le courage ou la tristesse, les messages inspirent et sont toujours et pleins de sagesse, affirme Adriana Ene: «Tout le monde sait que lorsqu’on raconte des histoires aux enfants, on leur transmet des messages de confiance, de bonté ou de courage. Mais les histoires racontées durant un festival de narration diffèrent de celles traditionnelles car elles proviennent des quatre coins du monde et sont donc peu connues. Les histoires pour enfants se construisent toujours autour d’une interaction. La plupart d’entre elles comportent des passages musicaux invitant les enfants à chanter avec les personnages. Elles vous laissent souvent deviner la suite ou la véritable nature du protagoniste. Souvent, ces histoires laissent leurs messages se mêler à la participation du public. Elles sont pour la plupart des histoires qu’il faut raconter, mais pour cela il faut du talent. Par exemple, le conteur turc a enfilé son costume traditionnel qu’il a tenu à présenter au public avant de se lancer dans son histoire. Tatiana Montic de Géorgie est une journaliste qui nous a fait part d’une de ses expériences professionnelles vécues à Noël, à Kiev. Il y a des conteurs qui mettent en lumière l’importance de la mère dans la vie d’un enfant ou celle de l’indulgence dans telle une telle circonstance. Les histoires sont extrêmement variées, mais toutes se proposent de faire passer leur petit message. Toutes débutent par « il était une fois », que ça soit formulé en anglais ou en n’importe quelle autre langue de la planète. Bien sûr qu’avant de se lancer, le conteur doit s’arranger un peu avec l’interprète pour l’aider à trouver la meilleure adaptation».

    On a voulu savoir si parmi tant d’histoires écoutées et racontées, Adriana Ene en a des favorites: « Oui, j’en ai une. Ce n’est pas une histoire roumaine et elle traite de la sagesse et de l’indulgence. J’aime beaucoup cette histoire car elle nous ramène aux principes essentiels de notre esprit humain, souvent balayés par le tumulte quotidien. Cette histoire s’appelle «C’est par la sagesse que l’on peut pardonner les erreurs». C’est une histoire asiatique originaire de ces petits villages que les marchands traversent sur leurs chameaux pour rejoindre Bagdad. Et la route est parsemée de toute sorte d’aventures. C’est une histoire qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Je l’ai découverte il y a quelques années lors d’une session de narration à l’étranger et depuis, je la raconte à mon tour, car c’est pour cela que les conteurs se réunissent: pour écouter le plus d’histoires possibles et les raconter, à leur tour, en y ajoutant leur touche personnelle. A chaque conteur, sa façon de raconter».

    Le Festival de narration «Nous sommes nos propres histoires» a pris fin. Derrière cette incursion dans un univers propre aux enfants, le public a eu la chance de se connecter à l’âme de chaque conteur. Couronnée de succès, l’expérience d’une telle rencontre se répétera l’année prochaine à l’occasion d’une deuxième édition du même festival. (Trad. Ioana Stancescu)

  • La Roumanie et la Corée du Nord

    La Roumanie et la Corée du Nord

    Les relations entre la Roumanie et la Corée du Nord ont été très serrées à commencer par les années 1970. Les deux leaders, Nicolae Ceausescu et Kim Ir Sen, se sont rendus en Corée du Nord et respectivement en Roumanie dans une tentative de réaliser un rapprochement entre les deux pays. Le fondement de ces relations était une interprétation très rigide de l’idéologie marxiste-léniniste et le désir d’émancipation de sous la tutelle soviétique et respectivement chinoise. C’est de cette façon que la Roumanie et la Corée du Nord ont trouvé des moyens pour favoriser le dialogue et la collaboration bilatérale.

    En 1970, le colonel Emil Burghelea était nommé attaché militaire à Pyongyang et en 2000, il racontait au Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine les conditions dans lesquelles il avait été nommé à cette fonction, même s’il ne parlait pas le coréen et il n’était pas préparé à la remplir.

    Emil Burghelea : « Ils m’ont expliqué que j’étais un officier qui pouvait s’adapter facilement en toute circonstance. Je parlais bien le russe, langue connue aussi de nombreux Coréens. Qui plus est, de nombreux Coréens connaissaient le roumain, donc il était possible pour moi de mener à bien ma mission en Corée. Durant la guerre de Corée, plusieurs milliers d’enfants avaient été évacués en Roumanie, sur la Vallée de la Prahova. Ils ont appris le roumain parce que les enfants arrivent à apprendre une langue étrangère très vite. Les enfants d’attachés militaires coréens en Roumanie sont tous rentrés chez eux parlant le roumain. Et je me permets de raconter une petite anecdote : durant une des visites gouvernementales et militaires en Corée du Nord, notre délégation était dirigée par Emil Bodnaras. Il a été reçu en grande pompe par la direction du parti et de l’Etat de Corée. Il fut hébergé dans des conditions formidables et accompagné à chaque pas par un interprète de roumain. Il racontait avec humour qu’il voulait voir qui étaient ceux qui parlaient le roumain puisqu’il était entouré de toute sorte de personnes : du tailleur jusqu’au cordonnier. Durant un moment de détente, Bodnaras a dit une blague plutôt cochonne. Et l’interprète n’est pas arrivé à la traduire puisqu’une dizaine de personne ont éclaté de rire. Comment parlaient-ils le roumain ? Ils le parlaient mal. Ce qui plus est, ils utilisaient une expression « mon père paternel ». J’ai compris ensuite qu’ils essayent d’éviter la confusion avec le dirigeant de la Corée qui pour eux était aussi leur « père ».

    Entre temps, les relations entre la Roumanie et la Corée du Nord sont devenues très serrées, même privilégiées, comme l’affirme Emil Burghelea: Les relations entre nos pays étaient excellentes au niveau des chefs d’Etat, des chefs de parti et de ce point de vue j’étais un attaché militaire privilégié en Corée. J’avais accès à des endroits inaccessibles aux autres attachés militaires, russe ou chinois. Ils avaient leur politique de retenue face aux grandes puissances, même si deux millions de Chinois sont morts durant la guerre de Corée. Ce qui plus est, les échanges étaient assez importants, notamment dans le domaine de l’armement. A ceux-ci s’ajoutaient une commission économique et de nombreux organismes censés renforcer la coopération bilatérale à tous les niveaux. »

    La Roumanie exportait en Corée des camions, des voitures, des machines et des produits industriels.

    Emil Burghelea : « Toutes mes demandes étaient satisfaites, même mes demandes personnelles. J’ai eu des ennuis avec un de mes enfants qui était encore en Roumanie et le ministre même est intervenu pour que mon épouse puisse rentrer en Roumanie. Ils étaient très aimables, j’avais accès à des endroits inaccessibles : usines d’armement souterraines et même fortifications. Ils s’efforçaient à se doter d’une industrie d’armement. Ils travaillaient dans des conditions similaires à celles du Moyen Age, mais ils réussissaient à produire des armes. Les conditions étaient très très très difficiles, c’était comme à l’époque d’Etienne le Grand quand les premiers canons étaient confectionnés en bois de cerisier. Ils ont réussi à produire des aciers spéciaux dans des conditions primitives alors que chez nous on disait qu’il fallait aller en Occident pour trouver des informations et faire ensuite des investissements colossaux. Et il y a aussi la question du pouvoir de mobilisation du Coréen, qui se trouve actuellement entre quatre empires : les Russes, les Chinois, les Japonais et les Américains. Ils importaient de Roumanie des tours automatiques, produits à Arad ou à Brasov. Puis ils enlevaient les étiquettes ou il était écrit en roumain « produit à … » et mettaient d’autres étiquettes en langue coréenne avant de les exporter au Sud et affirmer qu’ils étaient produits par eux-mêmes. On savait ce qu’ils faisaient, mais on ne leur disait rien ; en fin de compte, on n’était pas les seuls à être volés de cette manière. »

    De l’avis de certains historiens, le dictateur communiste roumain Nicolae Ceausescu a été fortement influencé par le style de vie et par la manière de travailler des Coréens. L’année 1989 a marqué la fin de la légendaire amitié roumano-coréenne, puisque les relations entre les deux pays ont été considérablement réévaluées. (Trad. Alex Diaconescu)