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  • Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021

    Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021


    Bucarest fond sous la canicule, et cea ne fait que commencer. En fin de semaine, la ville est désertée de ses habitants qui vont se rafraîchir, notamment au bord de la mer Noire. Ainsi, la semaine dernière, 150 000 touristes avaient investi la côte roumaine, un record pour cet été. D’ailleurs, c’est la saison des vacances ; d’autres, et j’en fais partie, ont choisi de faire un tour en Roumanie. Un tour de 2 000 km en 9 jours, qui a été très apprécié par ceux qui ont vu les photos ou qui connaissent déjà les endroits. Je me propose de vous le raconter pour vous donner des idées de voyage, vu que nous l’avons imaginé aussi pour un membre de la famille qui est étranger.



    Partis de Bucarest, nous avons rejoint Dunavăţu de Jos, une commune du delta du Danube, dans le département de Tulcea (sud-est). En chemin, vous pouvez également visiter la ville-port de Constanţa, Mamaia, la perle de la côte roumaine de la mer Noire, et l’ancienne cité de Histria, fondée par les colons grecs au 6e s. avt. J.-C. Cette dernière est aussi la ville la plus ancienne attestée sur le territoire de la Roumanie. Sachez que la Dobroudja est, à cette époque, pleine de champs de tournesol d’une très grande beauté ; nous nous sommes arrêtés pour faire un nombre impressionnant de photos. Le delta nous a accueillis avec une météo très agréable, ce qui nous a permis de faire deux promenades en barque. L’une à partir de Dunavăţu de Jos, pour aller jusqu’à la plage sauvage de Perişoru, à la mer Noire, à travers plusieurs canaux de toutes les dimensions, dont certains – minuscules. Nous avons eu la joie de voir pélicans, cormorans, aigrettes, cygnes, foulques, grèbes huppés, hérons cendrés et autres évoluer parmi les nénuphars et les roseaux. Le lendemain, nous avons pris un petit bateau de Jurilovca pour aller jusqu’à Gura Portiţei, une langue de terre où vous avez d’un côté le lac Goloviţa et de l’autre — la mer Noire. Pour ceux qui souhaitent assaisonner leurs vacances d’histoire, ne passez pas sans visiter la citadelle médiévale d’Enisala, construite dans les années 1300 en haut d’une colline empierrée. Les fouilles archéologiques qui y ont été pratiquées ont permis de mettre au jour deux logements du premier âge du fer. De là, vous avez une superbe vue sur les environs.



    Nous avons quitté à regret le delta, traversé le Danube en bac à Brăila et mis le cap sur une autre attraction dont nous vous avons souvent parlé à l’antenne : les Volcans de boue de Berca, au département de Buzău. Un paysage lunaire, tout à fait inédit, avec de petits cratères bouillonnants et des coulées de boue nous attendait — contrastant avec les forêts avoisinantes. Je n’ai jamais rien vu de semblable, je peux dire qu’il vaut bien le détour. Le lendemain, nous avons visité le camp de sculpture en plein air de Măgura, dans le même département. En effet, c’est sur ces collines qu’un camp de sculpture pour artistes émoulus de l’Académie d’architecture de Bucarest et même pour des lycéens avait été organisé, entre 1970 et 1985. Les sculpteurs ont laissé leurs 256 œuvres monumentales là, et aujourd’hui l’exposition s’étale sur 21 ha. On dit que des phénomènes paranormaux se produisent à proximité, dans la forêt ; je ne les ai pas expérimentés. A l’hôtel où nous avons passé la nuit, en pleine forêt, nous avons eu un visiteur tout à fait inattendu le matin : un renard qui a pris son petit déjeuner avec nous. Les hôteliers le connaissent depuis trois ans et il vient se faire servir des victuailles tous les jours ; il en emporte pour nourrir aussi sa famille.



    Nous avons de nouveau pris la route pour aller à Şirnea, un petit village éparpillé sur des collines, au département de Braşov (centre). Jusque-là, nous avons admiré le paysage et le superbe lac de Siriu, à l’eau turquoise. Aux environs de Braşov, nous avons visité l’église médiévale fortifiée de Prejmer, du XIIIe siècle, incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est toujours un plaisir de la revoir, surtout quand il fait beau. Bien entendu, nous ne pouvions pas passer à côté de Braşov sans faire un tour au centre-ville. La rue piétonne était très animée, nous y avons pris du bon temps. Nous sommes passés par Poiana Braşov et sommes arrivés à Şirnea, dans un paysage bucolique, avec beaucoup d’animaux. Nous y sommes allés pour faire des randonnées dans les alentours. Un trajet trouvé sur une application semblait séduisant ; 15 km par monts et par vaux, partiellement à travers la forêt, s’est avéré très très beau, mais aussi particulièrement fatigant. Nous l’avons parcouru en 6 heures ; on se reprend de la fatigue, on ne garde que les bons souvenirs. Néanmoins, il convient d’y aller avec un équipement approprié, et aussi d’emprunter un itinéraire adapté à sa condition physique.



    Il existe au département de Braşov un site rupestre très intéressant, qui est aujourd’hui un monastère, celui de Şinca Veche, creusé dans les Monts Făgăraş. Il est présumé par certains être vieux de 7 000 ans et avoir des origines daciques ou même plus anciennes. Un lieu très calme, très beau et très intéressant que les gens visitent pour ses légendes et ses mystères. Il comporte cinq pièces, et une sorte de tour haute de 10 m, par laquelle la lumière naturelle pénètre dans ce lieu étrange. Il a deux autels, ce qui indique ses origines préchrétiennes. On dit que cet endroit de recueillement est béni de Dieu et plein d’énergie positive. On y a découvert un symbole similaire au Yin et Yang et aussi l’étoile de David. Selon d’autres, c’est un lieu où des phénomènes paranormaux se passeraient, aussi. Au-delà de tout, un endroit vraiment intéressant à visiter.



    En route ! Avant de rejoindre notre gîte à Viştişoara, dans le département de Braşov, en pleine nature, nous avons visité le monastère Brâncoveanu (XVIe siècle), à Sâmbăta de Sus. A proximité, vous avez aussi un lieu appelé La Vâltori, dans le village de Lisa. Les vâltori, ce sont des tourbillons construits sur un cours d’eau, où les villageois lavaient leur linge par la seule force motrice de l’eau, sans lessive. Des machines à laver traditionnelles, si vous voulez. Il y avait aussi un métier associé, qui pouvait ou non être en rapport avec le traitement de la laine. Nous avons ainsi vu tous ces équipements des années 1900, et aussi des équipements pour traiter et filer la laine datant de la même époque et toujours fonctionnels. Là encore, très intéressant !



    Pas loin, au département de Sibiu, je vous recommande de voir l’Abbaye cistercienne de Cârţa, unique en Roumanie, une construction d’art roman et gothique fondée par les moines bourguignons et érigée d’abord en bois, vers 1202-1209, et ensuite en pierre, par des tailleurs de pierre français. Sa première attestation documentaire remonte à 1225. Les moines avaient un style de vie ascétique et leur activité était vouée à l’intérêt de la communauté. On y voit des chapiteaux, des clés de voûte, des fenêtres ainsi que le portail ouest, du XVe siècle. Vous verrez aussi l’église évangélique du XIIIe s. Cette abbaye a eu un rôle majeur dans l’histoire politique, économique et culturelle de la Transylvanie.



    Ne passez pas à côté de la citadelle de Făgăraş, dans la ville homonyme. Même si l’extérieur est en rénovation pour lui rendre l’aspect d’il y a 200 ans, présenté dans les gravures d’époque, l’intérieur est visitable. Forte d’une histoire de 600 ans, elle a conquis les tenanciers du site de voyages Hopper qui l’ont déclarée le deuxième plus beau château du monde voici quelques années — article présenté par le Huffington Post. Faire quelques pas dans l’ancien centre-ville de Sibiu est aussi un must ; laissez-vous envoûter.



    En quête de beauté, nous avons emprunté la Transalpina, la route la plus haute de Roumanie, qui traverse les Monts Parâng du nord au sud, et qui culmine à 2 145 m. Une route construite d’abord par les Romains, semble-t-il. En tout cas, les bergers des alentours de Sibiu l’empruntaient avec leurs moutons pour se rendre en Valachie. Modernisée à compter de 2009, elle est spectaculaire aujourd’hui. La beauté des paysages est à couper le souffle. 138 km parfois à travers des forêts et parfois même à travers les nuages, avec des lacs, et des paysages bucoliques. Une fois arrivés à Horezu, vous pouvez visiter le monastère de Hurezi du XVIe s., figurant au patrimoine mondial de l’humanité, et aussi les ateliers des potiers. Nous avons terminé le tour par les Cule, ces maisons fortifiées de Măldăreşti, au département de Vâlcea (sud).



    Chers amis, pour ceux qui seraient intéressés, je peux révéler les noms des hôtels et des gîtes que j’ai choisis, et qui se sont avérés excellents. Voilà, j’ai été un peu longue, mais j’espère que mon récit vous donne des idées de vacances en Roumanie.

  • La Nuit des idées … porte conseil !

    La Nuit des idées … porte conseil !

    Les quatre antennes de l’Institut français de Roumanie – Bucarest, Cluj-Napoca, Iaşi et Timişoara – ont proposé des affiches généreuses, contenant débats, expositions, ateliers créatifs. S’y est jointe l’Alliance française de la ville de Ploieşti, avec également plusieurs débats et ateliers interactifs. Cette année, la Nuit des idées a eu pour thème « l’être vivant », une ambiguïté voulue entre le verbe et le nom, puisque l’événement est avant tout une invitation à la réflexion, loin des traditionnelles rencontres avec des experts détenteurs de la vérité qu’ils révèlent aux autres mortels.

    Quelle est notre place dans le monde vivant ? Comment le fait d’être vivant nous oblige-t-il à passer à l’action ? Comment l’acte créateur peut-il sauvegarder l’environnement? Cristian Neagoe, responsable des relations publiques à Greenpeace Roumanie, explique: « La nature et la culture vont main dans la main ; sans la nature, il n’y aurait pas de culture et réciproquement. La manière dont nous réussissons à comprendre ce qui se passe à présent est, je crois, vitale pour ce se passera plus tard. »On dit qu’à l’intérieur de chaque être humain se cache un artiste. Suzana Dan, manager culturel de la Résidence BRD Scena9, a reformulé cette phrase, disant que: « Aujourd’hui, il faudrait que chaque être humain soit un activiste. A mon avis, que l’on soit artiste ou acteur dans un autre domaine d’activité, il est très important d’avoir le courage d’assumer une réaction, ce qui est en fait une forme d’activisme par rapport à nos problèmes, qui sont communs. Les artistes ont effectivement un fort atout, celui d’être présents et visibles. L’image a une grande richesse et une force de communication qui transmettra un message très fort. J’aimerais que nous soyons aussi réactifs que possible.»

    Mihai Stoica, directeur exécutif de l’Association 2Celsius, a élargi l’activisme à d’autres acteurs du quotidien: « J’ai un ami photographe qui est en même temps doctorant en biologie, à l’Université de Hambourg, où il étudie les algovirus et la transmission des virus de différents organismes hôtes à l’homme. Il disait, récemment, que le changement climatique a commencé à modifier l’aire de dissémination des virus. Et il a choisi de documenter sa recherche en exposant des photos. Est-il un scientifique ou un photographe? A-t-il une responsabilité de communiquer ? Ses photos sont généralement très poétiques, sans aucun rapport avec le fait qu’il est un homme de science. Mais il a assumé aussi ce rôle, de nous dire quelque chose aussi sur les virus, et de le dire d’une manière qui fasse réfléchir au changement climatique. »

    Cristian Neagoe, responsable des relations publiques de Greenpeace Roumanie, a ajouté: « A mon sens, le grand problème de l’humanité est le fait qu’elle ne s’est jamais considérée comme une partie de la nature, qu’aux yeux de tous nos ancêtres, jusqu’il y a cent ans, la nature devait être conquise, soumise, exploitée. Toutes les religions, toutes les croyances nous disent que la nature nous est donnée par Quelqu’un, pour l’utiliser à nous développer et nous multiplier. Platon et Aristote la voyaient immuable, impossible à détruire et infinie. Eh bien, nous sommes arrivés au point où nous constatons qu’elle très fragile et que nous autres humains, nous nous sommes multipliés beaucoup plus qu’il ne le fallait. Nous sommes devenus une société de la consommation excessive. Aux yeux de Greenpeace, les plus grands problèmes sont la nature et la paix. Nous essayons de les protéger, nous essayons de convaincre aussi d’autres de se joindre à nous. »

    Présente dans 55 pays, Greenpeace se bat en Roumanie pour la protection des forêts, le poumon vert de l’Europe, puisque nous détenons deux tiers des forêts séculaires du continent tandis que le bois est coupé à un rythme effréné, a rappelé Cristian Neagoe. « L’art réussit à rendre accessibles des choses apparemment très éloignées de nous. Il est donc différent de l’activisme, qui est plus acharné ; l’art nous conquiert en douceur. C’est d’ailleurs pour ça que l’art et l’activisme, ensemble, pourraient faire des miracles en matière de protection de l’environnement. »

    La Nuit des idées ne produit pas que des débats, l’échange d’idées peut prendre d’autres formes aussi – danse, photographie, bande dessinée, peinture, caricatures, installations artistiques. Cette année, la responsabilité écologique a occupé le devant de la scène : la BD en tant que manifeste, des projets innovants dans la protection de l’environnement et l’utilisation efficace des ressources, l’implication des jeunes dans la protection de l’environnement, l’engagement citoyen à l’époque des urgences climatiques. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • La Nuit des idées 2020 en Roumanie

    La Nuit des idées 2020 en Roumanie

    L’Institut français de Roumanie donne
    rendez-vous à tous « les aficionados » de débats et d’échanges
    incitants à une nouvelle édition de la Nuit des idées. Le jeudi 30 janvier, à
    Bucarest, Cluj, Timişoara, Iaşi et Ploieşti. Xavier Leroux, directeur délégué
    de l’Institut français – l’antenne de Bucarest, et Romane Robert, responsable
    du Bureau Livre, en détaillent le programme, au micro d’Ileana Ţăroi.




  • La Nuit des idées 2018

    La Nuit des idées 2018

    « Célébrer la circulation des idées entre les pays et les cultures, les disciplines et les générations : chaque année, la Nuit des idées est une invitation à découvrir l’actualité des savoirs, à écouter celles et ceux qui font avancer les idées dans tous les domaines, à échanger sur les grands enjeux de notre temps. (…). Au fil des fuseaux horaires, les échos de la Nuit des idées se répercutent via les réseaux sociaux, faisant de la Nuit des idées un événement global ».Institut français de Paris – initiateur du projet « La Nuit des idées ».

    Imaginer, c’est rêver mais aussi réfléchir. La Nuit des idées, le 25 janvier, mettra passé, présent et avenir au risque de l’imagination, pour tenter de décrypter le premier, comprendre le deuxième et préparer le troisième. L’imagination au pouvoir est le thème de cet événement présenté simultanément dans la totalité des pays accueillant des Instituts français. En Roumanie, ce sera à Bucarest et Cluj, sous la houlette de l’Institut français de Roumanie.
    A Bucarest, la Nuit des idées abordera nos lendemains, la vie virtuelle, l’imagination responsable, mais aussi les leçons de l’histoire récente.

  • L’histoire pluraliste de l’Union européenne.

    L’histoire pluraliste de l’Union européenne.

    On reproche souvent à l’Union européenne une sorte de pensée unique. Il est vrai qu’à plusieurs reprises l’institution s’est montrée rigide dans ses choix, notamment au cours de l’épisode grec. Pourtant il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 1970, autour de l’Union européenne existaient plusieurs idées, plusieurs idéaux et plusieurs plans de développement en jeu. C’est de cette histoire que nous allons parler avec notre invité, l’historien et professeur des universités Laurent Warlouzet.



  • Discours public et débâts d’idées

    Discours public et débâts d’idées

    Les débats scolaires sont une très bonne méthode en ce sens, en tout cas c’est une méthode qui donne de très bons résultats depuis longtemps déjà aux Etats-Unis. Ces dernières années, ce type d’exercice intellectuel s’est répandu aussi dans les lycées roumains. 5 clubs de débats existent actuellement en Roumanie, qui organisent différentes compétitions. Parmi elles, une compétition qui s’intitule « Pache Open » et qui s’est déroulée au Collège national Mihai Viteazul de Bucarest, réunissant 200 participants, des élèves de différents coins du pays, arbitres, enseignants et organisateurs. D’où vient le nom de « Pache Open » ? Du nom du boulevard Pache Protopopescu, où se trouve le lycée Mihai Viteazul. C’est là qu’est né le Club de débats Pache. Son fondateur, Andrei Petre, est aujourd’hui étudiant en Droit : «Nous avons déjà plus de 15 années d’expérience, nous sommes donc un des clubs à tradition en Roumanie. Nous organisons des débats, notamment entre lycéens. Nous avons deux équipes : l’une représente les autorités ou le gouvernement, l’autre représente l’opposition. Chacune compte 3 membres. Au début, c’est-à-dire il y a 8 ans, il n’y avait que des compétitions de week-end avec une trentaine de participants tout au plus. A l’époque, notre club comptait 4 personnes. A l’heure actuelle nous avons des compétitions qui réunissent plusieurs centaines de personnes, donc c’est un phénomène qui gagne en ampleur. »

    A part le goût de la compétition, quels sont les autres éléments qui attirent les lycéens à une confrontation d’idées ? Andrei Petre répond : «Beaucoup de choses nous attirent. Premièrement, l’ambiance. Deuxièmement, nous aimons le fait que cela nous oblige d’être au courant des informations, à apprendre de nouvelles choses, à nous développer. En fin de compte, je pense que nous devenons de meilleures personnes par ces débats, en tout cas des personnes mieux instruites. Nous aimons dire que tout sujet peut faire l’objet d’un débat. La plupart de nos compétitions portent sur des sujets de politique extérieure ou économiques. D’habitude nous tentons d’avoir un peu de chaque domaine. »

    Mais quels sont les sujets soumis au débat par ces jeunes? Par exemple, lors de la compétition Pache Open, ils ont trouvé des arguments pour et contre le Brexit ou bien pour et contre une taxe sur le vice dans les restaurants au lieu de l’interdiction totale de fumer dans les espaces publics. Ou bien faut-il permettre aux sportifs ayant des prédispositions médicales dangereuses de participer aux compétitions sportives, même sous leur propre responsabilité? Ou encore faut-il incriminer les femmes qui tombent enceintes sans l’accord de leur partenaire? « Ce n’est pas une simple querelle », c’est un débat sérieux qui nous sera utile dans la vie, vu que c’est une pratique très répandue, notamment parmi les hommes politiques, lit-on sur un site de presse jeunesse.

    Alice Kempf, élève en terminale au lycée Gheorghe Lazar de Bucarest et la gagnante du concours de débats mentionné, souhaite s’inscrire à la Faculté de relations internationales. L’exercice de l’argumentation et la participation aux concours de débats peuvent constituer un atout important dans son avenir professionnel : « Je suis en général très passionnée de l’art du discours. Il me semble fondamental dans une société qui cherche à progresser, mais avoir un bon discours ne suffit pas, il faut aussi avoir des arguments sérieux et des sources d’information qui puissent l’appuyer. Je pense que c’est plutôt toute cette série d’éléments qui m’intriguent le plus et me passionnent. Tout ce processus de documentation est devenu pour moi une sorte de technique de détente. J’aime beaucoup lire des sujets de politique internationale et d’économie qui sortent de la sphère des choses que nous apprenons d’habitude à l’école. »

    Mais les débats peuvent s’avérer utiles non seulement du point de vue professionnel, affirme Luca Mihailescu, élève en troisième année de lycée au Collège Mihai Viteazu, membre du club de débats « Pache ». Ecoutons-le : « Je crois que cela me sera utile quel que ce sera mon choix de vie à l’avenir. Pratiquement il s’agit d’une aptitude nécessaire, celle de savoir parler devant un public, trouver des arguments pour appuyer son point de vue, penser autrement que la majorité. Je crois que toutes ces aptitudes sont très appréciées dans nombre de facultés étrangères et roumaines. Et même après la fac, elles sont utiles, quel que soit le chemin que vous décidiez de prendre. Moi, par exemple, je veux étudier la physique et je crois que les débats me serviront. C’est grâce à eux que j’ai développé une manière de penser qui m’aidera à trouver du travail plus facilement. »

    Les débats développent non seulement une manière de penser, mais aussi de s’exprimer poliment, étayée sur des arguments bien documentés, chose qui semble manquer dans les polémiques de l’espace public roumain. C’est la remarque de Mihai Stavastre, membre de l’équipe qui a remporté le deuxième prix de la compétition Pache Open, élève en seconde au Collège Mihai Viteazu de Bucarest : «C’est très rare que l’on puisse entendre des arguments corrects du point de vue logique ou qui soient basés sur des prémisses correctes. Souvent on entend des sophismes et d’autres choses qui ne devraient pas se retrouver dans un débat. Si plus de personnes avaient accès à des cours de débats, je crois qu’elles pourraient apprendre plus de choses utiles pour la société civile. Si plus de monde avait accès aux débats et si ceux-ci pouvaient se répandre davantage, alors les bénéfices seraient encore plus visibles. »

    Avant d’avoir la chance de s’exprimer dans l’espace public, les lycéens de Roumanie s’entraînent dans le cadre de ces compétitions de débats extra-scolaires. Ces activités auront sans nul doute un impact positif dans le parcours professionnel et personnel des actuels lycéens roumains. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

  • Idées politiques roumaines en 1918

    Idées politiques roumaines en 1918

    La Première guerre mondiale s’est achevée par la victoire de l’Entente et par la modification radicale de la carte géopolitique de l’Europe. De nouveaux Etats sont nés sur les ruines des anciens empires, d’autres ont réussi à élargir leur territoire au détriment de certains autres Etats.



    Pour sa part, la Roumanie a figuré dans le camp des vainqueurs. Le 1er décembre 1918, suite à l’union du Royaume de Roumanie avec les provinces de Bessarabie, de Bucovine et de Transylvanie, habitées majoritairement par des populations roumaines, le Royaume de la Grande Roumanie fut créé.



    Les idées les plus importantes ayant porté cette construction politique furent crayonnées au cours des années précédant la Grande Guerre, notamment parmi les Roumains d’Autriche-Hongrie. L’historiographie d’après 1918 a insisté sur le caractère monumental de cet événement et souligné le sacrifice de la Nation roumaine pour réaliser l’Union de tous les Roumains en un seul Etat, au centre duquel se trouvait le Roi. Le régime communiste a fortement altéré la perception de l’événement du 1er décembre 1918, le transformant dans le résultat d’un combat millénaire du peuple entier pour la création d’un « Etat national unitaire ».



    Mais les idées ayant accompagné la lutte pour les droits nationaux des Roumains d’Autriche-Hongrie ont suivi un itinéraire beaucoup plus complexe et sinueux. Loin d’être unis dans leurs buts et moyens, les Roumains de Transylvanie se situaient souvent sur des positions divergentes dans des questions relatives à la politique et aux droits nationaux. Un tel exemple était la lutte entre le quotidien « Tribuna » / « La Tribune » et le Parti national roumain, considérée comme fratricide du point de vue de la tactique électorale. Le cas de la Tribune était représentatif pour le climat social et politique des années 1890, marquées par le début du radicalisme d’une nouvelle génération d’intellectuels menées par Octavian Goga et Octavian Taslauanu. Selon une idée qui commençait à se répandre à l’époque, c’étaient les partis qui semaient la discorde au sein de la nation, alors que la culture était celle qui l’unissait.



    Le fédéralisme a également compté parmi les idées les plus répandues à l’époque. Paru durant la première moitié du 19e siècle, le fédéralisme a attiré les intellectuels qui cherchaient la modernisation. En Autriche-Hongrie, l’idée a connu un succès considérable puisque la structure de la monarchie dualiste rendait possible une telle réforme.



    L’historien Razvan Pârâianu, de l’Université “Petru Maior” de Târgu Mures, explique : « Aurel C. Popovici était un des nationalistes les plus importants de la fin du 19e siècle, notamment en raison sa théorie de la fédéralisation de l’Empire de l’Autriche-Hongrie, qui devait reposer sur des fondements nationaux. Selon son modèle théorique, toutes ces nations d’Europe centrale et de l’Est ne pouvaient pas survivre seules entre ce qu’il appelait « la grande race allemande » et « la grande race slave ». Tôt ou tard, affirmait Popovici, ces deux races allaient s’affronter et toutes les autres nations, dont les Roumains et les Hongrois, seraient pratiquement écrasées par ces deux forces. Popovici est décédé, en exil, en 1917, avant la fin de la première guerre mondiale, à un moment où la Roumanie traversait une situation très difficile. Ce n’est qu’à la fin qu’il fut enfin convaincu de l’absence de tout espoir pour l’Empire à cause des politiques particulièrement mal-inspirées du gouvernement d’Istvan Tisza. »



    Comme la fin de la guerre approchait, les choses se sont précipitées de sorte que les solutions radicales avaient de plus en plus d’adeptes. Răzvan Pârâianu: «Il convient de mentionner qu’au début de la guerre, le gouvernement de Tisza a eu une position relativement favorable aux Roumains, surpris par leur enthousiasme de se mobiliser pour la guerre. Par conséquent, Tisza était enclin à prendre en compte certaines revendications nationales. Mais la situation change dramatiquement après l’entrée de la Roumanie en guerre contre l’Autriche — Hongrie. A ce moment-là, de nombreuses personnalités roumaines de la région de Brasov (centre) ont accueilli les bras ouverts l’armée roumaine. Dans ces conditions, au moment où l’armée roumaine a été forcée à se retirer, le gouvernement hongrois a mené une politique de revanche non seulement contre les personnes qui avaient fait preuve d’enthousiasme pour l’entrée de l’armée roumaine dans l’empire, mais aussi contre les Roumains en général.


    Par exemple, le gouvernement Tisza a suspendu l’autonomie des écoles confessionnelles, en les transformant en écoles d’Etat. Il a tenté d’accélérer la politique de magyarisation de la population roumaine. De nombreux prêtres et enseignants ont été envoyés dans des camps de concentration ou dans d’autres régions pour ne pas alimenter le mécontentement de la population. Dans ce contexte, vers la fin de la guerre, lorsque les choses ont pris une tournure de plus en plus défavorable aux armées des Habsbourg et allemandes, il était évident que le mécontentement en était à son maximum. Et c’était un mécontentement général. Des révolutions bolcheviques éclataient à Budapest, à Vienne et en Allemagne. Sur cette toile de fond, les Roumains de Transylvanie ont considéré la Roumanie comme une solution à tout ce chaos à cause duquel la société et l’Etat s’effondraient. »



    La Grande Roumanie s’est formée le 1er décembre 1918, par la volonté et le vote, lors du rassemblement national d’Alba Iulia, de leaders des Roumains de Transylvanie, dont Iuliu Maniu, Alexandru Vaida-Voevod et Vasile Goldiş, et des hauts prélats orthodoxes et grecs-catholiques. Tous ont vu dans l’édifice politique de la nouvelle Roumanie la sortie de l’incertitude et l’entrée pleine d’espoir dans un nouveau type d’Etat et de société. (trad.: Alex Diaconescu, Valentina Beleavski)