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Le film roumain « Illégitime », du réalisateur Adrian Sitaru, a été élogié par la presse étrangère. Le Figaro apprécie ce film qui figure dans la section « Forum » de la Berlinale de cette année, estimant que le réalisateur ne tombait pas dans les pièges d’un film à thèse, ne jugeait pas ses personnages et signait un film provocateur ». Aux yeux du critique du site Cineuropa, « le spectateur est entraîné dans un drame familial percutant qui montre que même s’il est très facile de juger les gens de l’extérieur, les choses changent lorsque l’on doit affronter soi-même une situation difficile ».

Le réalisateur Adrian Sitaru décrivait son film comme un hybride entre le documentaire de fiction et le scénario imaginé, car il a improvisé quand il a choisi les séquences, afin de refléter la vérité et le vécu authentique des personnages. « Illégitime », un des films les plus provocateurs des dernières années, raconte l’histoire de deux jumeaux, frère et sœur interprétés par Alina Grigore et Robi Urs, et de leur amour illégitime. Une famille où la frontière entre ce qui est moral et ce qui est légal n’a jamais existé.

Le réalisateur Adrian Sitaru se rapporte aux réactions que son film a provoquées jusqu’à présent: « Le retour a été en général très positif. En fait, le film doit en grande mesure sa sélection à la Berlinale à nos co-producteurs français, qui ont vu l’étape de début du film, il y a près d’un an, ils en sont tombés amoureux, ils nous ont aidé avec le montage et ont même trouvé un distributeur international. Et ce sont toujours eux qui ont eu l’idée d’envoyer le film à Berlin. La sélection nous a pris au dépourvue, surtout que le film n’était pas achevé. Nous avons reçu d’autres réactions favorables, mais notre plus grande joie a été la sélection à la Berlinale. »

« Illégitime » est un mélange d’humour et de drame, une tragi-comédie sur l’amour (conjugal, fraternel, charnel), sur la dissolution des relations, sur les choix pour ou contre la vie. C’est également un film sur l’amour charnel entre frère et sœur, un sujet trop rarement évoqué, malgré une abondance de recherches spécialisées là-dessus. Voilà pour l’histoire que ce film raconte.

Adrian Sitaru explique comment tout a commencé: « C’est un projet un peu spécial, il n’est pas fondé sur un scénario classique ni sur un dialogue écrit, nous avons travaillé dessus plutôt comme sur un documentaire. Cette formule hybride, entre film documentaire et film de fiction, a été un véritable défi pour moi, car il fallait faire un autre type de cinéma et je n’étais pas sûr de ce que ça allait donner. D’ailleurs, pendant le tournage, les acteurs ont traversé des tas de phases, il y a eu des aspects qui nous ont imposé d’imaginer des solutions particulières. Alina Grigore est venue me proposer l’idée d’un spectacle de théâtre avec des personnages très bien définis, le vécu émotionnel s’est ajouté en cours de route. Un ami qui a vu le film l’a comparé à un morceau de jazz et, d’une certaine façon, ce rapprochement m’a plu, car c’est vraiment ainsi que le film a été créé : la musique naît à mesure qu’elle est jouée, elle ne s’appuie pas sur une partition et personne ne sait d’où elle sort ni où elle aboutira. Et il en a été de même avec le travail sur ce film, la partie créative a été réalisée avec la contribution de tous, moi j’ai essayé de garder un fil narratif jusqu’à la fin. J’ai peut-être orienté l’histoire vers une zone qui m’intéressait, celle de l’amour impossible, discutable d’un point de vue moral. Et tout s’est très bien agencé et c’est ainsi que l’on a abouti à ce film « Illégitime ».

Le tournage de ce film a été complètement atypique. Adrian Sitaru: « Nous avons filmé comme si c’était un documentaire d’observation, je suggérais aux acteurs de se proposer un certain but et ils improvisaient. Ils ont donc essayé de se débrouiller avec leurs propres principes et convictions et ils ont fait leur propres choix. Je ne leur ai jamais imposé la fin d’une scène ou la réplique à donner. Je crois que cela ressemble beaucoup à la façon dont nous fonctionnons dans la vie, lorsque c’est toujours dans notre première réplique que nous sommes les plus authentiques. Et il en fut ainsi pour ce film, j’ai considéré que la première prise est la meilleure. Les acteurs sont très crédibles. »

Le film « Illégitime » a été joué par des acteurs professionnels — Adrian Titieni, Bogdan Albulescu et Alina Grigore — et par des acteurs non-professionnels, étudiants de l’école d’art dramatique InLight – Robi Urs, Cristina Olteanu, Miruna Dumitrescu, Liviu Vizitiu et Mihaela Perianu. « Illégitime » est le 4e long métrage d’Adrian Sitaru, auteur également de « Picnic » (2008) qui avait été sélectionné dans les festivals de Toronto, Palm Springs et Angers, et avait reçu lAlexandre dargent au festival de Thessalonnique en 2008. Adrian Sitaru signe aussi des courts-métrages et films de télévision, dont le plus connu, Vagues (2007). En 2010, son court métrage « La Cage » a remporté le Prix du Service Allemand des Échanges Académiques, à la Berlinale de cette année-là.

La présence roumaine à la Berlinale de 2016 inclut aussi le court-métrage de la réalisatrice Roxana Stroe, intitulé « Une nuit à Tokoriki », dans la section « Generation 14plus » ; dans la section « Berlinale Talents », nous retrouvons les noms de la comédienne Iulia Ciochină et de la scénariste Ruxandra Ghiţescu ; enfin, le documentaire de fiction « Hotel Dallas », de Livia Ungur et Sherng-Lee Huang, est présenté dans la section Panorama Dokumente. (trad.: Dominique, Ileana Ţăroi)