Tag: immeuble

  • Le compostage en ville

    Le compostage en ville

    L’esprit civique de
    la ville ne se manifeste pas uniquement par l’expression du mécontentement ou
    la saisine des autorités quand les choses vont mal. Par exemple, le Groupe
    d’initiative civique Cismigiu a invité les habitants de l’immeuble Liric, situé
    à la bordure du célèbre parc bucarestois a formé ensemble une communauté, par
    le biais du compostage. Cette collaboration a mené à l’installation de trois
    bacs spéciaux dans la cour intérieure de l’immeuble où chacun peut venir
    déposer ses restes alimentaires afin d’en faire de l’engrais naturel. Alex
    Oprița, le coordonnateur de ce groupe d’initiative civique considère que cette
    action collective peut aider les gens à socialiser et peut-être même par la
    suite à passer du bon temps ensemble. Alex Oprița explique: Nous avons commencé à nous occuper du jardin de l’immeuble en 2017. Il y a une
    parcelle dans la cour intérieure et une parcelle devant l’immeuble. Nous avons
    amené des plantes et nous avons essayé de penser l’ensemble afin qu’il soit le
    plus résilient possible face au changement climatique, qu’il nécessite peu
    d’eau et un faible niveau d’intervention. Une partie du compost va surement
    être utilisée dans les espaces publics, les jardins du quartier, et l’autre
    partie sera utilisée par les habitants pour leurs plantes d’appartement parce
    que c’est un très bon engrais naturel.

     

    L’installation des
    bacs à compost a été suivi d’une leçon de compostage dispensée par Gabriela
    Iordan, la coordonnatrice des projets Académie du compost et Livada Comunitară
    Mărțișor. (le Verger communautaire martisor). Voici ce qu’elle nous a dit: Le compostage, c’est-à-dire le fait de collecter les
    déchets organiques séparément du reste des déchets que nous générons chaque
    jour, les déchets végétaux, fait que chaque type de déchet sera plus propre et
    arrivera plus rapidement dans la zone où il va pouvoir être transformé de
    nouveau en matériau utile pour le processus de production. Concernant la
    collecte séparée des déchets végétaux en zone urbaine où nous pratiquons le compostage
    communautaire, nous encourageons une recette très simple. Nous séparons les
    épluchures de légumes, de fruits, les pelures, le marc de café, les restes de
    thé ou les fleurs d’intérieur du reste et nous les broyons soigneusement au
    moins une fois par semaine. Il s’agit d’un processus respectueux de
    l’environnement, car nous réduisons la quantité de déchets envoyés dans les
    décharges qui ne sont pas conformes et qui devraient être fermées de toute
    façon. Deuxièmement, les déchets végétaux deviennent un engrais naturel que
    nous utilisons à la fois dans nos jardinières et dans nos jardins d’immeubles
    en tant qu’apport vitaminique et minéral pour les plantes et les arbres afin de
    les maintenir en vie.

     

    A l’heure actuelle,
    sept autres lieux de compostage existent dans les immeubles de Bucarest. Mais
    le phénomène s’est aussi étendu jusqu’aux quartiers résidentiels. Gabriela
    Iordan affirme que: Il y a beaucoup de bacs de compostage
    désormais, et bien sûr que les gens qui habitent dans des maisons ont commencé
    à réaliser leur propre compost, notamment les gens qui ont un petit bout de
    terrain où ils peuvent transformer ces restes végétaux en compost en quelques
    mois seulement. C’est sûr que c’est plus compliqué dans les immeubles, ainsi
    les stations de compostages situées dans les immeubles ne sont pas
    exclusivement réservées aux habitants de l’immeuble mais à tous les gens du
    quartier qui souhaitent participer et n’ont pas encore dans leur immeuble ce
    type de station. Nous souhaitons vraiment étendre le réseau. Dans le cadre du
    projet l’Académie de compost, nous allons créer un prix pour les communautés
    qui désirent ouvrir une station de compostage. Plus il y en a, mieux c’est. Les
    personnes qui compostent commencent à se poser certaines questions, à réduire
    leur gaspillage alimentaire. Il faut comprendre qu’on ne résout pas la question
    du gaspillage par le biais du compostage. C’est un problème qui vient avant le
    compostage, au moment où on fait sa liste de course, où on évalue quelle
    quantité cuisiner par rapport à sa consommation. Comme je l’ai déjà dit, le
    compostage communautaire n’intègre que les restes de légumes et de fruits, le
    marc de café et les coquilles d’œufs.

     

    A quel point est-il
    facile de mobiliser une communauté autour d’un projet de ce genre ? Alex
    Oprița du Groupe d’initiative civique de Cismigiu précise que: Ce
    n’est pas simple. J’aimerais pouvoir dire que c’est simple mais nous vivons de
    fait dans une société dans laquelle nous ne sommes pas encouragés à nous
    intéresser à nos voisins ou aux personnes de notre entourage. Tout se passe
    tellement vite que nous nous rendons compte que nous n’avons même pas le temps
    de voir nos amis proches ou notre famille. C’est pour cette raison qu’il n’est
    pas facile de réunir les gens. Chez nous, dans l’immeuble Liric, ça s’est fait
    petit à petit. Ça fait 5 ans que nous organisons des événements communautaires
    dans le quartier, du jardinage, de l’ornithologie ou d’autre. Je crois que le
    fait d’avoir un canal de communication au sein de l’immeuble a constitué un
    point clé pour nous, depuis le début nous avons un groupe Facebook et
    progressivement les voisins se sont joints à nous. Il a commencé à y avoir des
    interactions entre nous, les gens connaissaient leur voisin de palier, se
    saluaient et échangeaient quelques mots. Les ateliers organisés pour la
    communauté sont une excellente occasion de rassembler les gens en dehors du
    cadre professionnel.

     

    Il y a actuellement 10 ménages au sein de l’immeuble
    Liric qui utilisent les bacs de compostage et les voisins des autres immeubles,
    entendant parler de cette initiative, ont commencé à venir eux aussi composter
    leurs déchets organiques.

     

  • Le Petitjournal radio 08.03.2016

    Le Petitjournal radio 08.03.2016

    Cest le moment de votre synthèse dactualité proposée par RRI et Le Petit Journal de Bucarest. Cette semaine, cest Benjamin Ribout, co-rédacteur en chef de LPJB, qui nous passe en revue la Une de la version locale de la plus importante publication en ligne destinée aux Français et aux francophones de l’étranger. Au menu – lannonce de la ministre indienne des Affaires étrangères selon laquelle les Roms du monde entier pourraient bientôt obtenir la nationalité indienne; le marché des immeubles de bureaux connaît un essaor inattendu dans la capitale roumaine; Bucarest pourrait avoir bientôt une conseillère municipale française pour le premier arrondissement – Clotilde Armand, manager.


  • Bâtiments classés, en danger

    Bâtiments classés, en danger

    De nombreux bâtiments classés de la capitale roumaine sont fortement délabrés. Labsence dune stratégie de remise en valeur des zones historiques et de conservation des constructions architecturalement importantes, la pression dun secteur immobilier à évolution chaotique menacent la survie du Bucarest historique. Cest lavertissement lancé par le rapport sur le patrimoine de Bucarest réalisé par plusieurs ONG actives dans la protection de ce patrimoine et qui prend en compte les 4 dernières années.



    Roxana Wring est la vice-présidente de lAssociation pour la protection et la documentation du patrimoine de Roumanie. « Nous assistons à une destruction systématique du tissu historique et architectural de la ville de Bucarest, cest quelque chose que ses habitants remarquent quotidiennement et sy sont habitués, je crois. Nous nous sommes habitués à vivre dans une ville en pleine destruction. A mon avis, si ça continue comme ça, lidentité architecturale et culturelle de la capitale de la Roumanie sera définitivement compromise. On voit que les 20 dernières années ont été néfastes pour le patrimoine historique, déjà mis à rude épreuve par le régime communiste. »



    Selon les experts, les destructions daprès 1990 du patrimoine sont plus graves que celles du temps du communisme. Le rapport susmentionné montre que des centaines de joyaux darchitecture ont été abattus, dautres sont menacés de démolition. Le président de lAssociation “Sauvez Bucarest !”, Nicuşor Dan, affirme que tout cela nest que le résultat dun mécanisme purement économique : « Sur lensemble de Bucarest, Ceauşescu a démoli environ 15% de la vieille ville ; ce qui a été abattu après 1990 représente grosso modo 5% des constructions des zones historiques, mais cette destruction est aggravée par ces implantations inappropriées qui touchent toutes les zones historiques. Dans tout Etat civilisé, quand un investisseur arrive dans une ville, il a le choix suivant: il se rend au centre-ville où il achète un bâtiment classé, le fait restaurer pour y installer son siège, faisant ainsi la preuve de son prestige social ou bien il se rend à la périphérie où il construit en hauteur et fait du profit. Mais lorsque ladministration publique est faible, linvestisseur achète un bâtiment de patrimoine et le démolit pour mettre à sa place une construction haute, car tout bâtiment ou immeuble classé est 10 fois moins cher que le terrain au-dessous et la pression spéculative de démolir, de vendre ce terrain, est permanente. »





    Le moulin d’Assan est un exemple de dégradation. Construit en 1853, le bâtiment a été mis à feu, saccagé par les voleurs de ferraille ou de matériaux de la structure de résistance. Et la liste pourrait continuer, selon le rapport sur le patrimoine de Bucarest. Prenons l’exemple d’un bâtiment d’une rare beauté architecturale construit boulevard des Aviateurs, dans un quartier résidentiel de la capitale. Les murs de cette maison, de nos jours délabrée, continuent pourtant à attirer les regards des passants par les feuilles sculptées et les Cupidons en pierre. Des décorations néobaroques sont à découvrir à chaque coin du bâtiment et à chaque fenêtre. Ou plutôt des restes de décorations, car à l’heure où l’on parle, la maison est définitivement tombée en ruines : les ornements s’entrevoient à peine, la toiture est effondrée, bien que l’édifice, création d’un célèbre architecte roumain du début du XXème siècle, figure sur la liste des monuments historiques de Bucarest.





    A force d’avancer vers le cœur de la capitale, le nombre des bâtiments dégradés augmente, pour culminer avec ceux du centre-ville, un endroit qui attire par ses rues piétonnes et ses bistros et intrigue par les nombreuses constructions historiques délabrées. Les autorités n’ont rien fait pour elles, bien que des travaux de réhabilitation urbaine aient été faits dans la zone, ces 5 dernières années. Roxana Wring : « On n’a fait que quelques rénovations superficielles, pour la plupart inadéquates et en l’absence de toute expertise historique. Ou bien, on a démoli des maisons, comme par exemple une, de la rue Selari, ce qui contrevient à tout concept de développement urbain. Le centre historique est très important car il offre le potentiel d’un investissement à long terme. Mais pour cela, il faut que la Municipalité assume ses responsabilités et mette en pratique un projet cohérent qui, pour l’instant, n’existe pas. »





    Le rapport sur le patrimoine présente Bucarest comme une ville unique parmi les autres capitales européennes grâce aux nombreux éléments architecturaux modernistes datant de l’entre-deux-guerres. Lors de l’Union de 1918, toute une génération de jeunes architectes roumains diplômés des grandes universités européennes a regagné son pays natal pour y construire les premiers immeubles modernes. Des édifices qui figurent dans les manuels internationaux d’architecture, mais que les Roumains voient à présent agoniser, en attendant, vainement, que des programmes de rénovation commencent. Et lorsque de tels travaux commencent, ils sont parfois si mal réalisés qu’ils finissent par annuler l’importance architecturale de la construction. Roxana Wring: « Ce patrimoine est quasi méconnu. Soit il est en ruines, comme par exemple l’immeuble Aro qu’une secousse sismique plus forte pourrait complètement terrasser, soit il est enveloppé, comme c’est le cas de l’immeuble Turist, Place Romana. Or, au moment où l’on décide d’envelopper une construction moderniste, celle-ci aura par la suite l’air d’un bâtiment communiste, avec une façade peinte en jaune ou rose et les fenêtres modifiées. Il suffit de vous promener le long du boulevard Magheru pour voir à quoi ressemblent actuellement ces immeubles. »



    La dispute entre les autorités et les ONG au sujet des constructions historiques a été portée à plusieurs reprises devant les tribunaux. L’association « Sauvez la ville de Bucarest » a essayé à maintes reprises de sauver des édifices tombés entre les mains des agences immobilières. Les ONG qui militent en faveur du patrimoine architectural de la capitale roumaine appellent les institutions publiques à le protéger et conserver, et recommandent une série de mesures pour améliorer la situation. (trad.: Ileana Taroi, Ioana Stancescu)

  • Les bâtiments du futur, toujours plus verts

    Les bâtiments du futur, toujours plus verts

    Il existe en Roumanie 65 projets d’immeubles efficients du point de vue énergétique et avec un faible impact sur l’environnement, selon un rapport réalisé récemment par le Conseil roumain pour les bâtiments verts en partenariat avec la société NAI Roumanie. Sur ces 65, 17 sont certifiés à l’international, alors que 48 immeubles, qui bénéficient d’un audit énergétique, sont de classe A. Les immeubles identifiés représentent, par leur surface construite, 5% de l’ensemble des bâtiments réalisés entre 1990 et 2013. Ils sont à Bucarest et aussi en province, notamment dans les grandes villes.



    La mairie du 1er arrondissement a une contribution importante au développement des bâtiments verts à Bucarest. Ion Brad, président du Conseil local, précise : « Nous avons promu, dès 2006, le lancement de l’isolation thermique des immeubles locatifs et 410 ont déjà été finalisés. 200 sont en travaux, et 200 autres seront terminés jusqu’à la fin 2013 et encore 200 pour 2014. En tout et pour tout — 1000 immeubles. L’idée, c’est de réduire les consommations énergétiques et la hausse du niveau de gaz carbonique dans l’atmosphère. Le mois dernier, nous avons adopté un projet de décision suite auquel toutes les écoles du 1er arrondissement — là où cela est possible — auront des panneaux photovoltaïques afin d’assurer l’éclairage, soit d’autres panneaux censés produire l’énergie thermique nécessaire soit pour l’eau chaude, soit pour le chauffage… »



    Une grande partie des bâtiments verts de Roumanie sont à retrouver à Bucarest. Crystal Tower est à coup sûr un des plus intéressants, étant primé par l’Association des professionnels Green Building d’Europe Centrale et de l’Est pour la certification BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method). C’est l’instrument le plus ancien et le plus important d’évaluation des bâtiments verts au niveau international, lancé en 1990, au Royaume Uni.



    Mihaela Dràghici, représentante de Crystal Tower : « Le projet Crystal Tower est le premier du pays certifié BREEAM au niveau Excellent. Avec un design architectural moderne, sophistiqué et élégant et un accent particulier mis sur la protection de l’environnement, et la faible consommation d’énergie. Le bâtiment dispose d’éléments spéciaux de technologie, la plupart introduits en première en Roumanie. Je mentionnerais ici le mur double avec système intelligent de jalousies contrôlé par des témoins solaires incorporés. Ce système est conçu pour la protection solaire et l’isolation thermique. Ensuite, le système de ventilation VRV2 ou encore le système BMS (Building Management System) de dernière génération qui contrôle, assure le suivi et optimise les facilités du bâtiment. Le projet Crystal Tower n’est pas seulement une construction verte, c’est aussi une construction très sûre, la structure de résistance étant de type BAR, en béton à armature rigide. C’est même un des bâtiments les plus sûrs de Roumanie, conçu pour résister à des séismes allant jusqu’à 8,5 sur l’échelle ouverte de Richter. »



    Conçu de manière à satisfaire aux besoins et exigences aussi bien des compagnies que des particuliers, le bâtiment offre un large éventail de services et facilités: espaces de bureaux, de conférences, restaurant, bars et cafés, au 15e étage, centre de remise en forme, au 14e, parkings, quatre niveaux souterrains et un héliport sur le toit. Crystal Tower est, d’ailleurs, l’unique édifice privé de Roumanie à disposer de cette dernière facilité. La législation roumaine autorise la diminution de la taxe sur les immeubles dont la construction ou la reconstruction reposent sur les technologies vertes.



    La représentante de RoGBC, Luiza Manolea, envisage de solliciter la réduction de ces impôts justement pour stimuler la construction de ce type de bâtiments : « Nous proposons deux types de réduction d’impôt : principale et supplémentaire. Les réductions principales sont accordées sur la base de la certification internationale et de la classe de performance énergétique. Celles supplémentaires visent d’autres critères tels les émissions d’oxyde d’azote des centrales de chauffage, la consommation d’eau potable – car moins on en consomme, et plus on engrange de points de réduction de la taxe sur les immeubles -, la gestion des eaux pluviales ou encore l’inspection thermographique indiquant le niveau de sécurité de l’immeuble ».



    Les spécialistes affirment que la libéralisation du prix de l’énergie est susceptible de stimuler la construction de bâtiments verts. En théorie, d’ici la fin 2020, tous les nouveaux édifices devraient rentrer dans la catégorie zéro-énergie, ce qui se traduit par zéro consommation d’énergie et zéro émission de dioxyde de carbone. (trad. : Ligia Mihaiescu, Mariana Tudose)