Tag: Institut français de Bucarest

  • Centenaire de l’Institut français de Bucarest

    Centenaire de l’Institut français de Bucarest

    L’institution a célébré cette année son centenaire par toute une série d’événements, dont on a déjà parlé sur les ondes de RRI. S’y ajoute un autre en ce début juillet, consacré justement au bâtiment qui accueille l’Institut français de Bucarest, situé aujourd’hui au cœur de la Capitale roumaine. Et désormais ceux et celles qui passent le seuil de cet immeuble chic de la ville peuvent savoir qui l’a conçu, puisqu’une plaque commémorative avec le nom de l’architecte roumain d’origine allemande Oscar Maugsch, vient d’être installée. Elle fut dévoilée dans le cadre d’une cérémonie réunissant l’Ambassadeur de France en Roumanie, Nicholas Warnery, le directeur de l’Institut français, Julien Chiappone – Lucchesi, le maire général de la Capitale roumaine, Nicusor Dan et la petite – fille de l’architecte, Edith Stan.

     

     

  • L’année 1989 et la reconstruction de l’esprit démocratique citoyen

    L’année 1989 et la reconstruction de l’esprit démocratique citoyen

    L’histoire de la Roumanie, ainsi que celle de l’ensemble du continent européen, ont retenu l’année 1989 comme un formidable tournant. L’ouverture des frontières et la chute du Mur de Berlin, qui ont marqué la fin de la guerre froide, auxquelles s’est ajoutée la vague de manifestations populaires ont entraîné la chute des régimes communistes d’Europe Centrale et de l’Est.

    A la différence des autres pays de l’ancien bloc soviétique, la Roumanie a payé sa rupture d’avec le communisme au prix du sang, de plus de mille victimes. Revenue à la démocratie après des décennies de répression idéologique, la société roumaine a eu du mal à trouver les ressources qui lui permettent de combler son écart par rapport à l’Occident, à travers la prise de conscience et l’acceptation de son passé sous le régime totalitaire.C’est un travail de mémoire et d’analyse des évolutions des trois dernières décennies que l’Institut français de Bucarest a proposé à travers le cycle de débats « L’année 1989 – un tournant historique » (« 1989. Punct de cotitura »). Elena Calistru, présidente de l’organisation non gouvernementale « Funky Citizens », considère que le recours à la mémoire n’est pourtant pas facile parmi les jeunes roumains : « Je vois les jeunes avec lesquels nous travaillons sur l’éducation civique et je voudrais vous dire que ce n’est pas leur faute s’ils manquent d’éducation en matière d’histoire récente, pour compenser le fait de ne pas avoir vécu ces temps-là. Il se peut que nous vivions les meilleurs temps possibles, mais pour beaucoup de ces jeunes, ce n’est pas une évidence, puisqu’ils n’ont pas de termes de comparaison. Je pense donc que, si nous n’agissons pas, ils seront perdus. Il est fort possible de les retrouver devant un ordinateur portable, sur lequel ils ont réalisé un clip-vidéo débordant de haine et de discrimination. »

    Dans l’espace virtuel, les messages sont de plus en plus difficiles à contrôler. L’assaut des « fake news » semble avoir pris au dépourvu aussi bien la société occidentale que celle roumaine. De plus, les médias se confrontent pour la première fois aux effets inattendus des infos sur la conscience d’une société démocratique, explique le journaliste Liviu Tofan, ancien membre de la rédaction roumaine de Radio Free Europe, à l’époque communiste: « Par rapport au populisme, nous devrions faire attention aux nuances, car, souvent, les médias, notamment commerciaux comme ceux de Roumanie, tendent à avoir un discours critique et même négatif. C’est précisément la méthode utilisée par les populistes qui veulent provoquer des émotions négatives, en parlant de dangers qui n’existent pas en réalité. C’est ce qui se passe aussi dans le cas du terrorisme, quand la presse met en avant la terreur, devenant ainsi, sans le vouloir, la complice des terroristes. »

    Pourtant, la société démocratique contemporaine semble avoir un discernement croissant. En tant que citoyens de l’Union européenne, les Roumains acceptent de moins en moins de se laisser influencer par le discours politique et analysent leur position par rapport aux autres Européens, considère Elena Calistru, présidente de l’organisation non gouvernementale « Funky Citizens ».: «Les gens s’intéressent à des sujets plus larges que leur vie quotidienne, leur porte-monnaie et l’argent disponible chaque jour. C’est ça la vérité. La société change et son regard va plus loin. Le problème c’est que la société a plusieurs pas d’avance par rapport à la classe politique, et cette distance s’agrandit constamment. La société change en mieux, à mon avis. Nous n’avons jamais eu autant de gens éduqués. »

    Après la crise économique, c’est l’euroscepticisme qui est aujourd’hui la plus forte menace que doit affronter l’UE. Parfois, cet euroscepticisme s’accompagne du désir de préserver la souveraineté et l’identité des nations, au détriment d’un Etat européen fédéral. Toutefois, la société roumaine ne semble pas suivre cette tendance, croit le politologue Robert Adam: « Pourquoi le discours eurosceptique ne « fait pas mouche » en Roumanie ? Parce qu’il contredit l’ethos national roumain. Autrement dit, toute la narration fondatrice de la nation roumaine, depuis 1848 jusqu’à présent, s’appuie sur la modernisation et l’alignement sur l’Occident. A la différence de la Hongrie, de la Pologne, ou d’autres Etats, nous n’avons pas de contre-proposition. Nous avons vécu, nous aussi, des moments de tentation identitaire, qui n’ont pas bien fini. Par conséquent, pour rendre populaire un tel discours, il faudrait aller à contre-courant de tout ce que les gens ont appris à l’école ou en famille, un contenu souvent faux, exagéré. Mais c’est ça la raison principale. »

    Au-delà des raisons relatives à l’historiographie ou à la recherche sociologique, la société roumaine semble intégrer de plus en plus les valeurs européennes et démocratiques qui la définissent. Selon un Eurobaromètre réalisé en 2017, une dizaine d’années après son adhésion à l’UE, la Roumanie affichait une confiance croissante dans le bloc communautaire. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • Le Festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania 2019

    Le Festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania 2019

    La 12ème édition du Festival international du film documentaire et des droits de l’Homme One World Romania se déroule à Bucarest entre le 15 et le 24 mars. Cette année, One World marque 30 ans depuis la révolution anticommuniste et depuis la chute du mur de Berlin, ainsi que les premières élections libres en Tchécoslovaquie et en Pologne. Les films sélectionnés pour cette édition explorent des thèmes comme le totalitarisme, le post-socialisme et la transition vers la démocratie. Les quelques 80 documentaires de l’édition 2019 sont repartis dans plusieurs sections thématiques, qui complètent le thème principal. Ce sont des films du monde entier qui traitent de la justice, des réfugiés, des migrants, des familles « non-traditionnelles », des droits des femmes ou des personnes handicapées ou des conditions de travail des travailleurs autour du monde.

    Le Festival international du film documentaire et des droits de l’homme One World Romania a prévu, cette année encore, des rétrospectives dédiées à des cinéastes internationaux reconnus : l’Autrichienne Ruth Beckermann, l’Israélien Avi Mograbi et le Palestinien Michel Khleifi. Les trois réalisateurs de film documentaire seront présents à Bucarest pour discuter avec le public roumain, à la fin des projections, sur les enjeux des thématiques présentes dans les productions et sur l’impact social et historique de leurs films.

    Vanina Vignal, réalisatrice d’origine française, responsable de la sélection de cette édition du Festival aux côtés du critique de cinéma Andrei Rus, nous a parlé du film d’ouverture : « C’est le plus récent documentaire du réalisateur chinois Wan Bing, qui dure 8 heures et demi et s’appelle Ames mortes / Dead Souls. Wang Bing fait à nouveau un film sur la répression lancé par Mao Zedong en Chine dans les années ’50, lorsqu’il a ordonné l’emprisonnement de toutes les personnes « de droite », notamment des jeunes et des professeurs – considérés comme étant des intellectuels. La plupart de ces prisonniers sont décédés dans les centres de rééducation du désert de Gobi, de véritables camps de la mort. C’est un film qui nous rappelle la situation des années ’50 en Roumanie, après l’installation au pouvoir du régime stalinien dirigé par Gheorghe Gheorghiu-Dej. Ce régime politique envoyait ses ennemis faire du travail forcé au « Canal », un énorme chantier qui visait à faire communiquer le Danube et la mer Noire à travers la région de Dobroudja. C’est pour ça que j’ai choisi ce film pour ouvrir le Festival. D’habitude, les films d’ouverture sont assez faciles et s’adressent au grand public plutôt qu’aux passionnés de cinéma. Avec ma propre expérience de spectatrice en tête, j’évite les films choisi habituellement pour l’ouverture d’un festival. C’est aussi mon expérience de cinéaste qui parle. Lors d’une projection d’un de mes documentaires en France, un paysan de 90 ans est venu me parler, il n’avait pas vu beaucoup de films dans sa vie, mais il avait été touché par le mien, il en avait parfaitement saisi le sens. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que les gens sont très intelligents et qu’il serait dommage de les sous-estimer et de ne pas leur donner à voir de bons films. »

    Onze documentaires réalisés en Roumanie ces deux dernières années figurent à l’affiche du Festival international du film documentaire et des droits de l’homme One World Romania. L’occasion pour projeter en salles le déjà célèbre « Touch Me Not », premier film de la réalisatrice roumaine Adina Pintilie, Ours d’Or à Berlin en 2018. Totalement non conventionnel, le film, imaginé à la frontière entre la réalité et la fiction, invite le spectateur à remettre en question ses idées préconçues sur l’intimité, la sexualité ou le corps.

    Toujours dans le cadre de cette édition One World Romania est projeté un fragment du long métrage signé Andrei Ujică, « Things We Said Today ». Le film reconstitue le week-end du 13 au 15 août 1965, quand les Beatles montaient en première sur une scène new-yorkaise, tandis qu’à Los Angeles avaient lieu les violentes émeutes du quartier noir de Watts. L’édition de cette année du festival présente aussi quelques films de réalisateurs débutants. C’est le cas de Victor Bulat qui participe au Festival avec son projet « Notre maison », qui raconte l’histoire d’une famille de Bălţi, en République de Moldova.

    Victor Bulat : « Je me suis lancé dans ce projet comme dans une sorte d’exercice pendant lequel je filmais des gens en situations diverses, histoire de mieux les observer. C’était un exercice qu’on nous avait demandé de faire pendant nos années d’études à l’Université de cinéma. Du coup, j’ai commencé à filmer avec ma caméra les habitants de ma ville natale. Là-bas je ne risquais pas de me faire admonester par les gens si j’osais les filmer. J’ai donc filmé deux années durant et mon film, qui n’est pas encore fini, reprend les séquences que j’ai obtenues pendant les vacances d’hiver des années 2016-2017. Ce ne fut qu’après avoir vu les scènes enregistrées que je me suis rendu compte qu’il serait possible d’en faire un film. Je me suis donc mis au montage et j’ai commencé à chercher une structure. Pour ce film, j’ai attaché beaucoup d’importance aux réactions de mes proches auxquels j’ai demandé l’accord de montrer le résultat, d’inscrire le film à des festivals. Ils ont accepté, mais ils avaient du mal à comprendre par quoi ils pourraient intéresser le public. Dernièrement, j’en ai parlé avec ma sœur aînée, qui apparaît aussi dans le film. Elle se rappelait les moments où elle se moquait de moi, à me voir muni de ma caméra, sauf que là, voilà, elle avoue aimer regarder le film, avec tous ces moments que j’ai surpris. »

    Le festival se déroule dans cinq endroits parmi lesquels figure aussi le cinéma Elvire Popesco de l’Institut français de Bucarest. Parallèlement aux projections, les organisateurs ont prévu une série de rencontres avec les cinéastes, des débats et des ateliers. (Trad. Elena Diaconu, Ioana Stăncescu)

  • Stanislas Pierret, fin de mandat à la tête de l’Institut Français de Bucarest

    Stanislas Pierret, fin de mandat à la tête de l’Institut Français de Bucarest

    L’Institut français de Roumanie est une présence incontournable dans le paysage culturel local ; mais l’Institut est aussi un repère de qualité dans les domaine universitaire et de la coopération francophone de Roumanie.


    Le directeur de l’Institut français et conseiller culturel à l’ambassade de France à Bucarest, Stanislas Pierret, conclut sa mission dans notre pays. A cette occasion, il a eu l’amabilité d’accorder une interview pour RRI Spécial, le magazine de l’actualité alternative, proposé par la rédaction française de Radio Roumanie Internationale.