Tag: Interférences

  • “L’étranger c’est moi”

    “L’étranger c’est moi”

    Personne n’y échappe – nous sommes tous des étrangers; par rapport à un endroit, à quelqu’un ou à quelque chose. Des bibliothèques entières sont remplies de tomes sur la peur qu’inspire l’autre et les mécanismes de cette peur. En revanche, on connaît un peu moins sur le ressenti de cet autre, cet étranger, par rapport à nous, ceux qui l’accueillent, ceux qu’il rejoint. C’est ce que se propose précisément, cette année, le 5e Festival international de théâtre Interférences, organisé par le Théâtre Magyar d’Etat de Cluj (centre ouest). Une vingtaine de spectacles de 13 pays sont venus dans la quatrième ville roumaine pour raconter ce grand saut dans le vide qu’est la condition de l’étranger, au-delà des grands mots et des beaux discours. Quand est-ce qu’on se rend compte qu’on est un étranger? Quels gestes quotidiens cela modifie? Pourquoi devenir un étranger? En définitive, ce mot n’est-il pas un peu obsolète, de nos jours? En marge du Festival Interférences, nous vous proposons aujourd’hui trois témoignages, trois dimensions de l’autre. Nos invités d’aujourd’hui sont Solène Brunet, membre de l’équipe de préparation du festival
    Interférences, Vasile Sirli, un
    des meilleurs auteurs roumains de musique de théâtre, Mathieu Hudelot, étudiant à Cluj,
    représentant de la section de médecine dentaire de la Corporation médicale de
    la ville.




  • Le festival Interférences

    Le festival Interférences

    Dans un monde qui plus dun veulent dessiner en noir et blanc, le défi est de montrer et surtout de convaincre quil existe une multitude de nuances de gri dans nos sociétés. Depuis une décennie, le festival “Interférences” et son organisateur, le Théâtre magyar dEtat de Cluj (centre-ouest), sobstinent à braquer les projecteurs sur la différence, aussi bien artistique que sociale. Deuxième festival international de théâtre de Roumanie pour ce qui est de lampleur, mais certainement le plus audacieux en matière de programmation, dans le secteur public, la biennale “Interférences” nest pas forcément une suite de spectacles daujourdhui pour demain. Il est surtout un espace de dialogue et de rencontre des cultures vivant dans cette ville multiethnique qui est Cluj, avec ses deux communautés traditionnelles, roumaine et magyare, mais aussi avec les nombreuses communautés dexpats des quatre coins de lEurope, qui y vivent. Avec quel succès ce dialogue est-il facilité? Comment est-ce dêtre un théâtre dont la langue nest pas celle de la majorité de la population? Comment “Interférences” a-t-il dynamisé la création et les échanges sur la scène théâtrale roumaine? La réponse à ces questions se trouve ici, dans la quatrième ville roumaine doù cette émission est réalisée, en partenariat avec Radio Roumanie Cluj.




  • Paper Music

    Paper Music

    Nous restons dans l’ambiance du festival « Interférences », organisé par le Théâtre magyar d’Etat de Cluj, dans le centre-ouest de la Roumanie. Grâce à une programmation internationale à 90%, 12 jours durant, le public roumain a eu droit à une synthèse exhaustive des tendances théâtrales du moment, en Europe et dans le monde.


    Parmi les spectacles qui ont séduit, mais qui ont aussi suscité le plus de débats au sein de l’assistance, figure « Paper music », musique de papier, présenté par un collectif d’artistes d’Afrique du sud, d’Australie et d’Europe. Ce ciné-concert, comme il est modestement défini par le programme, fait travailler ensemble plusieurs arts, qui laissent de côté leurs égo et orgueils. Le résultat est une expérience sensorielle complète, du dernier cru de la modernité, tout en renvoyant au bon vieux temps de la radio faite en direct, en présence d’un public. « Paper music » est le coup de cœur de RRI au Festival “Interférences” 2014. Un reportage par Andrei Popov, présenté par Valentina Beleavski



  • Le metteur en scène Thomas Ostermeier au Festival « Interférences » de Cluj

    Le metteur en scène Thomas Ostermeier au Festival « Interférences » de Cluj

    Présent pour la première fois à Cluj, le célèbre théâtre Schaubühne de Berlin a offert au public un spectacle considéré comme le plus important moment du Festival international de théâtre « Interférences » accueilli par cette ville du centre de la Roumanie. Il s’agit de la pièce « Un ennemi du peuple » d’Henrik Ibsen, mise en scène par Thomas Ostermeier. Selon Tompa Gabor, directeur du Festival et du Théâtre magyare de Cluj, on ne pouvait trouver meilleur endroit pour présenter ce spectacle, en raison de la polémique créée autour du projet d’exploitation aurifère à base de cyanures à Roşia Montana, près de Cluj. Le thème abordé par Ibsen dans cette pièce peut se résumer ainsi: on vient de découvrir que l’eau potable de la ville est polluée, ce qui pourrait priver la ville de sa principale source de revenu: le tourisme. Faut-il dire ou taire cette vérité?



    Le spectacle a été suivi d’un dialogue avec ses créateurs, avec pour thème « Ibsen, notre contemporain. Ecologie et capitalisme : depuis un ennemi du peuple à Roşia Montana ».



    A cette occasion, Thomas Ostermeier a expliqué les modifications apportées au texte d’Ibsen, écrit en 1882. La plus importante décision a été de « rajeunir » le personnage principal, le docteur Stockmann et sa femme, pour les intégrer à la plage d’âge de 30-35 ans, alors que les personnages originels sont beaucoup plus âgés. La raison de ce choix a été l’intention de déplacer le centre d’intérêt de la lutte politique vers une analyse psychologique de la jeune génération.



    Thomas Ostermeier : « Nous avons utilisé un couple jeune et j’ai mis dans un seul personnage le rôle de la fille et de l’épouse du docteur Stockmann de la version d’origine puisque honnêtement cette pièce ne compte pas parmi les plus fortes pièces d’Ibsen;, elle est très banale. J’ai essayé de la rendre plus difficile en ajoutant certaines contradictions dans le personnage de Katherine Stockmann, l’épouse. Elle est, d’une part, solidaire avec son mari. D’autre part, elle est énervée par un homme qui se prend pour celui qui porte le flambeau de la vérité dans la société. Ce même individu qui inflige à son épouse de mauvais traitements, qui s’avère donc mauvais partenaire. Cet aspect a été très important pour moi : avoir un côté psychologique de l’activiste politique, de celui qui souffre d’un complexe d’infériorité par rapport à son frère aîné. C’est d’ailleurs en raison de ce complexe, qu’il devient activiste. Il existe donc une raison psychologique aussi, à part celle politique qui explique son chois de devenir activiste. J’ai également opéré de nombreux changements lors du dernier acte du spectacle, dont la situation tout à fait inhabituelle du chantage que le père exerce sur le jeune couple. Même cas de figure pour le maire qui lui dit que s’il poursuit sur cette voie, il sera emmené devant le juge et accusé d’avoir ruiné la réputation de l’entreprise … Toutes ces choses ne se trouvent pas dans la version d’origine de la pièce d’Ibsen. Et pourtant, cette situation est valable dans plusieurs pays : si on est confronté à un ennemi politique, on ne lutte pas par des moyens politiques, mais juridiques. »



    De plus, la fin du spectacle est complètement différente du texte d’origine. Si dans le cas d’Ibsen, le médecin est le héros qui décide de fonder une école, Ostermeier choisit de le piéger, lui donnant la possibilité de choisir une vie meilleure, avec une grosse somme d’argent. Selon le metteur en scène allemand, cette fin est beaucoup plus réaliste.



    On pourrait dire que Thomas Ostermeier est plus cynique, mais l’artiste a avoué durant le débat qu’il était très fâché en raison de l’arrogance de la jeune génération, de sa génération : «C’est une génération ambivalente, schizophrénique. D’une part, nous pensons que notre génération est beaucoup plus avancée pour ce qui est des droits des femmes et de notre comportement envers les autres. Nous tendons aussi à croire que nous prêtons beaucoup plus d’attention à notre attitude envers l’environnement… Et ainsi de suite.. Mais, en même temps, notre génération est responsable pour l’Holocauste écologique et les générations à venir nous demanderont pourquoi nous n’avons rien fait en ce sens. D’où cette véritable schizophrénie. Parce que, dans le même temps, nous prétendons avoir une vision beaucoup plus avancée du monde par rapport à nos parents. D’autre part, nous n’agissons pas, nous ne changeons rien côté politique. J’ai voulu parler de tout cela, de cette génération qui se rend à vélo au travail le matin, qui fait du yoga, qui ne fume pas, qui cherche à mener une vie saine, qui s’occupe beaucoup des enfants… Etre un bon parent ne signifie pas uniquement être à la maison et prendre soin de son enfant. Il faut aussi lui assurer un monde meilleur, un monde qui ne soit pas entièrement empoisonné. C’est ça la schizophrénie de notre génération et ça se voit dans tous les mouvements politiques récents, dans tous les échecs de ces mouvements ».



    Pour le metteur en scène Thomas Ostermeier, le spectacle « Un ennemi du peuple » par l’Ibsen n’est pas un manifeste révolutionnaire: « Je ne crois pas que l’on puisse changer quelque chose par le théâtre. Le rôle du théâtre n’est pas de déclencher des révolutions. Pour moi, ce spectacle est plutôt une confession, une image du moment présent”, avoue Ostermeier. (Trad. Dominique, Alex Diaconescu, Valentina Beleavski)


  • “Une plate-forme culturelle européenne nécessaire”

    “Une plate-forme culturelle européenne nécessaire”

    Le Festival international de théâtre “Interférences” bat son plein à Cluj, deuxième ville roumaine située dans le centre-ouest du pays. Douze jours durant, le Théâtre magyar dEtat de cette métropole universitaire et culturelle a invité une vingtaine de spectacles ainsi que des dizaines dartistes et de spécialistes issus dune quinzaine de pays pour débattre dune thématique contemporaine des plus complexes – “les récits du corps” humain. Avec une programmation à 90% étrangère, conçu tel une exposition géante par un commissaire – en la personne du metteur en scène Gabor Tompa – “Interférences” est un phénomène inédit en Roumanie. Aura Corbeanu est la vice-présidente de lUnion théâtrale de Roumanie, UNITER, organisme regroupant les professionnels du secteur. Elle parle de la réalité du public roumains ainsi que des mutations que ce festival, se trouvant à la quatrième édition, est en train dopérer dans le paysage théâtral du pays.


  • Le festival de théâtre “Interferences”

    Le festival de théâtre “Interferences”

    Il est jeune, mais déjà mûr, très courtisé et carrément convoité. Alors qu’il n’est qu’à sa quatrième édition, le Festival de théâtre « Interférences » est à ce jour un événement singulier en Roumanie. Et ce pour nombre de raisons que nous allons survoler tout au long de cette émission, mais surtout parce qu’il est le terrain d’une des plus riches rencontres des cultures à laquelle on a la chance d’assister sur notre continent. Des cultures qui ouvrent mieux leurs yeux, qui se découvrent, qui défient le repli sur soi, mais aussi qui s’interrogent sur leur place dans le monde contemporain, leur devenir et les épreuves du temps présent. Cela se passe à Cluj, dans le centre-ouest de la Roumanie. Au micro dAndrei Popov, Oana Grigorescu, journaliste culturelle de Radio Roumanie Cluj, Mihaela Marin, artiste photographe, auteure d’une exposition provocatrice sur le corps du comédien, entre autres, et Vasile Sirli, un des meilleurs compositeurs roumains de musique théâtre, qui vit entre la France et la Roumanie, créateur des bandes son et des ambiances de plusieurs spectacles-repères du théâtre roumain et continental.