Tag: ironie

  • “Les Services compétents” d’Iegor Gran

    “Les Services compétents” d’Iegor Gran

    Ancré dans l’histoire de la Russie post stalienienne des années 1950-1960, Les Services compétents d’Iegor Gran plonge le lecteur dans une aventure drôle et absurde comme le quotidien des Russes dans ces années là. Inspiré des faits réels, ce livre se lit d’un trait et déborde d’humour. Un titre à ne pas rater, comme nous le dit Mathieu Fabre, libraire chez Kyralina.

  • Humour littéraire roumain

    Humour littéraire roumain

    A travers leur histoire, ils s’en sont pris, par exemple, à des villes ou des régions, devenues la cible de moqueries nationalement connues. Au cours de la seconde moitié du 19e siècle et pendant une grande partie du 20e, les blagueurs ont jeté leur dévolu sur la petite ville de Mizil, dans le département de Prahova, sise presque à mi-chemin entre les villes plus importantes de Ploieşti et de Buzău du sud-est de la Romanie. Le pays vivait à l’époque sous le signe d’une modernisation accélérée, mais aussi compliquée par endroits. Or, dans l’imaginaire populaire, la ville de Mizil s’est vite convertie en un symbole de cette ambition de modernisation précipitée et, dans certains cas, inachevée. La ville « tête de Turc » est citée aussi dans des œuvres littéraires, tels les volumes d’aphorismes de Cilibi Moise.

    Commerçant juif bucarestois, dont l’éventaire rempli d’un bric-à-brac de marchandises se trouvait dans la zone marchande de la rue Lipscani, dans le centre-ville de la Capitale, Cilibi Moise ne savait ni lire ni écrire. Il dictait tout simplement ses blagues à un travailleur de la typographie qui les a d’ailleurs publiées jusqu’en 1870, l’année de sa mort. Le journaliste chroniqueur Eugen Istodor a fait quelques recherches sur les références littéraires et humoristiques de la ville de Mizil et il a découvert des choses intéressantes sur le commerçant juif : « Ce personnage, Cilibi Moise, était non seulement un conteur très doué, mais il avait compris que ses histoires drôles pouvaient être imprimées. Il s’y est donc trouvé un typographe qui lui a imprimé, sans relâche, les propos blagueurs dans des brochures, jusque vers 1870. De ses propos rieurs et mordants à la fois, inspirés par la ville de Mizil, il y en a un qui est resté célèbre et qui dit « Mizil, pont grandiose, eau absente ». Une phrase qui est toujours d’actualité, je vous le confirme. Puisque, étant récemment de passage dans cette ville, j’ai vu, de mes propres yeux, un pont qui enjambe un ruisselet de rien du tout, trop anémique pour justifier les dimensions dudit pont. On peut, donc, conclure, que notre personnage avait fait une blague. »

    Au début du 20e siècle, plusieurs écrivains revisitent les blagues qui circulaient sur le compte de la ville de Mizil. En 1900, le grand dramaturge Ion Luca Caragiale – né, lui aussi, dans le département de Prahova – publie son très connu récit « O zi solemnă/Une journée solennelle », où il était question non seulement de la bourgade, mais aussi du maire de l’époque, Leonida Condeescu de son nom, en fait une connaissance de Caragiale. Le journaliste Eugen Istodor parle de la parution dudit récit. « Peut-on dire Thermopile sans dire Léonidas ? Bien sûr que non. Eh bien, de la même manière, qui dit Léonidas dit Mizil. On ne peut pas imaginer Mizil autrement et Léonidas non plus. Il est impossible de détailler dans un cadre tellement étroit ce que Léonidas a fait pour son bourg. Par conséquent, je me contente de noter seulement quelques-uns de ses faits les plus importants, dont le mobile a toujours été le désir ardent d’affirmer l’importance de Mizil, d’accélérer l’e développement de Mizil, de réaliser l’essor de Mizil », écrit Caragiale. Voici la liste des faits. Le problème semble avoir été l’ambition démesurée de Léonidas qui s’était mis en tête de résoudra le problème historique de la distance entre les villes de Ploiești et de Buzău, et surtout de statut et d’identité de la bourgade de Mizil. Il fait de son mieux, il va même à la Cour où il dit au roi : Sire, tout a été fait pour les autres villes et rien pour Mizil ! Nous ne sommes pas chef-lieu du département, nous n’avons pas de tribunal, pas d’évêché, pas de 32e régiment, pas de lycée, pas de faculté de médecine, pas de théâtre national, pas de pont sur le Danube – nous n’avons rien, absolument rien, Sire!… Nous prions Votre Majesté de nous donner aussi un petit bout de tout cela. » Et il finit par résoudre quelque chose. Une ligne de train express est créée, de Bucarest à Berlin, via Breslau. Léonidas regarde l’itinéraire officiel et remarque un oubli : le train ne s’arrête pas à Mizil. Au bout d’un an d’insistances et de supplications, le maire finit par obtenir quelque chose. Le 1er mai 1900, le train n° 5 Bucarest-Berlin et le train n° 6 Berlin-Bucarest marquent un arrêt dans la gare de Mizil. »

    C’est un happy-end qui a confirmé la renommée humoristique de la ville de Mizil, mais qui a aussi mis à l’épreuve l’amitié de Caragiale et du maire Leonida Condeescu. Les blagues sur Mizil se sont multipliées dans la presse de l’époque. L’écrivain avant-gardiste et journaliste très apprécié Geo Bogza lui consacre son reportage intitulé « 175 minutes à Mizil », résultat d’une escale faite par l’auteur, qui le publie en 1938. Eugen Istodor : « Geo Bogza nous suggère qu’il s’ennuie à mourir dans la bourgade de Mizil. Et il se met à rédiger une liste de ce qu’il a vu et fait là-bas. 20e minute: « Je retourne à pied sur la place. Une clôture en lattes. » 23e minute: « J’arrive au milieu de la place. Je ne bouge plus. » On pourrait même apercevoir Geo Bogza se tenir immobile pendant une minute, on aimerait le chronométrer. 24e minute : « Mizil! » 26e minute : « Un chien passe dans la rue. » 27e minute: « Je suis à Mizil. » A la 31e minute, le chien qu’il avait aperçu à la 26e minute revient, avec un air plutôt ennuyé. »

    Les blagues dont Mizil fait l’objet se moquent en fait d’un bourg de province trop ambitieux, qui ne prend pas la vraie mesure de sa réalité. Depuis le temps, dans l’imaginaire populaire et dans les œuvres littéraires, Mizil a laissé la place à d’autres bourgades telles Caracal, Vaslui ou Focşani. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • Gegenkultur im kommunistischen Rumänien: subtile Ironie und kontrollierte Subversion

    Gegenkultur im kommunistischen Rumänien: subtile Ironie und kontrollierte Subversion

    Diese Vorschriften wurden von den kommunistischen Aktivisten, die für Kultur und Zensur zuständig waren, geschrieben. Sie zielten zwar überwiegend auf die Hochkultur ab, doch die nicht herkömmlichen Kulturformen wurden an den Rand gedrängt und materialisierten sich meist in das, was wir als Gegenkultur kennen.



    Neben Klassik und Opernmusik manifestierte sich die Gegenkultur vor allem in den Bereichen Rock, Jazz, Blues und Volksmusik. Die Popmusik erwies sich damals als die konformistischste in der kommunistischen Zeit, streng nach dem Kanon. Künstler, die versuchten, Stile au‎ßerhalb des Kanons anzunehmen, gab es aufgrund des schwierigen Zugangs zu den Inspirationsquellen recht wenige. Aus diesem Grund waren Versuche, durch Musik Botschaften zu vermitteln, die nicht den offiziellen kulturellen Richtlinien entsprachen, damals eher selten.



    Dennoch entstand die Gegenkultur aus dem Bedürfnis der Menschen nach Freiheit im Schöpfungsprozess. Ihre Inspirationsquellen wie Beatmusik, Rock, Blues und Jazz aus dem Westen wurden zusammen mit anderen westlichen Produkten, die auf dem kommunistischen Markt wirklich schwer zu finden waren, wie Kleidung, Kosmetik und Schmuck, nach Rumänien geschmuggelt. Neben all diesen Gütern schmuggelten ausländische Studenten Vinylplatten nach Rumänien — mit Musik, die im Ausland produziert wurde.



    Eine weitere Inspirationsquelle für die musikalische Gegenkultur Rumäniens waren die Jazz- und Rockmusikprogramme von Willis Conover und Cornel Chiriac, die von den Sendern Voice of America bzw. Radio Freies Europa ausgestrahlt wurden.



    Noch wichtiger als die Musik war die Poesie, und die von der damaligen rumänischen Gegenkultur vorgeschlagenen Verse hatten die Ironie als Hauptmerkmal, um Ideen und kritisches Denken zu stimulieren. Der starke Lebensmittelmangel und die extrem düstere Atmosphäre der 1980er Jahre waren eine wichtige Inspirationsquelle für die nonkonformistischen Dichter der damaligen Zeit. Obwohl das kommunistische Regime schlie‎ßlich ein paar Zugeständnisse machte, die die Jazzfestivals von Sibiu (Hermannstadt) und Costineşti erlaubten, war die düstere Realität überall sichtbar. Der Historiker Sorin Antohi erinnert sich an diese düstere Zeit in der Geschichte Rumäniens.


    Ich erinnere mich an eine Episode aus der Zeit der schweren Nahrungsmittelknappheit, die Rumänien damals in der kommunistischen Epoche heimsuchte. Ich war gerade vom Jazzfestival in Sibiu im Jahr 1980 mit ein paar Freunden zurückgekehrt. Wir waren auf dem Weg nach Iaşi im Nordosten Rumäniens und mussten in Ploieşti, im Süden, umsteigen. Während wir die Stadt durchquerten, um zu einem anderen Bahnhof zu gehen, sahen wir Menschen in der Nähe eines der grö‎ßten kommunistischen Supermärkte, die sich drängten und schubsten, um Butter zu kaufen. Wir sahen kleine wei‎ße Pakete in der Luft fliegen und wussten zunächst nicht, was es war. Dann stellten wir fest, dass die Kommunisten die 200-Gramm-Pakete Butter in zwei Hälften geschnitten hatten, damit sie an so viele Kunden wie möglich verkaufen konnten. Die Leute, die wir sahen, kämpften also heftig für 100 Gramm Butter.“



    Im kommunistischen Rumänien führte die Zensur bestimmte Formen des musikalischen Ausdrucks ein, was einige der Künstler dazu veranlasste, zu versuchen, sie zu vermeiden. Einer dieser Künstler war der Architekt und Sänger Alexandru Andrieş, ein Aushängeschild der musikalischen Gegenkultur in den 1970er und 1980er Jahren. Zwei seiner Songs waren durchschlagende Hits, nämlich Was für eine schöne Stadt“ und In den Nachrichten“. Im ersten Song deutete Andrieş auf die allgegenwärtige Existenz von Fabriken und Industriewerken hin, die überall zu sehen waren und gegen die Prinzipien und Trends der modernen Städtebauplanung verstie‎ßen. Gleichzeitig enthielt der Text des Liedes ironische Kommentare, die sich an die Privilegierten des Regimes richteten, die in Stadtvierteln lebten, die weitaus besser versorgt waren als die Schlafstätten der Durchschnittsbürger. Der zweite Song, In den Nachrichten“, war kein subversiver Song, sondern ein Pastiche. Das Lied wurde später, in den 1980er Jahren, subversiv, als die Nahrungsmittelkrise die rumänische Bevölkerung traf. Im Text wird das Wort Telejurnal“ (Nachrichtensendung im Abendprogramm des damaligen Fernsehens) auf caşcaval“ (Gelbkäse nach Emmentaler Art) gereimt, den man nur noch in Propagandasendungen im Fernsehen erblicken konnte, denn in den Läden gab es fast nichts mehr zu kaufen.



    In einer kürzlich abgehaltenen Konferenz erinnerte sich Alexandru Andrieş daran, wie er eine Leidenschaft für die Musik entwickelte, die den Mainstream herausforderte oder verballhornte:



    Ich muss zugeben, dass es einerseits reines Glück war, als die Schwester meiner Mutter, meine Tante, 1966 durch Heirat in die USA auswanderte. Und so hatte ich Zugang zu Büchern und LPs, die hier unerreichbar waren. Ich erinnere mich, dass das Smithsonian Museum eine Art Vinylausgabe amerikanischer traditioneller Musik herausgegeben hat, eine Enzyklopädie, es gab Aufnahmen von 1900 bis heute, mit der Musik von Afroamerikanern, die Blues sangen, mit der Musik der Indianer. Ich wollte diese Enzyklopädie haben und ich wusste nicht, dass es sich tatsächlich um eine Box mit Vinyl-LPs handelte, die sehr schwer wog. Kein Wunder also, dass die Behörden mich herbeigerufen haben, um ihnen zu sagen, was das mit der gro‎ßen Kiste war, die ich aus den USA erhalten hatte.“




    Englisch war ein wichtiger Bestandteil der musikalischen Gegenkultur. Andrieş erinnerte sich, dass der Musiklehrer im Unterricht ziemlich oft einen Plattenspieler mitbrachte und die Musik von den Rolling Stones spielte. Für Andrieş sorgte jedoch die Tatsache, dass Englisch die Sprache der Lieder war, für gro‎ße Unzufriedenheit, und das beeinflusste den Künstler stark.



    Mich störte ungemein, dass ich nicht auf Rumänisch hören konnte, was ich in anderen Sprachen hörte. Und ich wurde deswegen sauer. Natürlich interessierte mich die rumänische Unterhaltungsmusik überhaupt nicht, mit all ihren langweiligen Texten und mit all den Leuten, die ihren Lebensunterhalt damit verdienten, solche Lieder zu schreiben, Songwritern und Sängern, die keine Probleme mit der Zensur hatten. In der damaligen rumänischen Unterhaltungsmusik gab es nur zwei Varianten: Entweder gab es Texte, die nichts Besonderes vermittelten, oder es gab Gedichte von klassischen rumänischen Dichtern, deren Werk veröffentlicht worden war. Und das war der Hauptgrund, warum ich mir sagte, warum nicht einige Songs so schreiben, wie ich sie gerne hören würde. Ich hätte nie gedacht, dass ich sie live vor dem Publikum singen würde.“




    Die Produkte der musikalischen Gegenkultur der 1980er Jahre waren eine Zeitlang auch nach 1989 noch beliebt. Und das nicht aufgrund der Relevanz, die sie heute — noch? — haben mögen, sondern wegen ihres damaligen subversiven Wertes.