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  • Les archives d’architecture et leurs pépites

    Les archives d’architecture et leurs pépites

    Lorsque le temps et les temps, avec leurs restrictions sanitaires,
    le permettent, les Bucarestois explorent leur ville et ses environs grâce, en
    partie, aux actions de l’association Istoria artei (L’Histoire de l’art). Le
    plus récent projet de l’ONG vise à retracer l’histoire du Corps des
    architectes, une institution de l’entre-deux-guerres qui accordait aux diplômés
    de la Faculté d’architecture et d’ingénierie l’autorisation d’exercer leur
    métier. Cela a surtout été l’occasion pour Istoria artei de présenter au grand
    public les membres de cette institution, à travers de biographies bien
    documentées, fruit de minutieuses recherches dans les archives.

    Oana Marinache,
    la directrice exécutive de l’association, explique : « Nous avons commencé par
    faire une recherche documentaire, car ce fonds n’a pratiquement jamais été
    accessible aux spécialistes. Dans un premier temps, nous avons sélectionné
    quelques dossiers, surtout d’architectes hommes, mais de quelques femmes aussi.
    Cette phase du projet s’est principalement déroulée en ligne. Nous avons
    numérisé des études de cas et beaucoup de photos, que nous avons ensuite utilisées
    pour faire des présentations, en ligne, à l’intention d’élèves de Ploiești et
    de Bucarest. C’est ce que nous faisions auparavant aussi, mais tous ces
    ateliers qui ne peuvent plus avoir lieu en présentiel, nous les organisons maintenant
    à l’aide d’outils numériques. Plus tard, nous avons organisé des tours guidés
    thématiques. A Bucarest, nous avons évoqué les architectes Statie et Iorgu
    Ciortan et un autre, moins connu aujourd’hui, Alexandru Zaharia. A Sinaia, nous
    avons présenté toute une série de créations architecturales de personnalités
    qui travaillaient principalement à Bucarest, mais qui ont aussi reçu des
    commandes dans cette station de montagne. »




    Les tours guidés de Bucarest ont visé de grands bâtiments, bien
    connus aux habitants de la capitale roumaine, mais qui, finalement, savent peu
    de choses sur ceux qui les ont conçus. Néanmoins, aux dires de Oana Marinache,
    la situation est en train de changer : « En suivant les traces
    de Statie Ciortan, nous avons découvert, avec les participants au tour,
    l’histoire de l’immeuble construit pour accueillir le Journal officiel et sa typographie.
    Aujourd’hui, le palais en question, situé en face du Jardin de Cișmigiu, abrite
    les Archives nationales et traverse un ample processus de restauration. Nous
    avons regardé, ensuite, le bâtiment monumental qui sis derrière le Palais de la
    Caisse des dépôts et consignations de l’avenue Victoriei, appartenant à présent
    à la Police roumaine. Mais au départ, cet édifice avait été conçu pour
    accueillir le bureau des Douanes de la Poste. L’architecte Statie Ciortan a
    également été, pendant de longues années, professeur des universités, mais
    aussi architecte en chef du ministère des Finances. C’est pourquoi à Bucarest,
    comme dans d’autres villes, ses bâtiments ont principalement accueilli le Trésor
    ou d’autres institutions en lien avec les taxes et les impôts. »




    Les guides de Istoria Artei sont aussi allés dans le nord de la
    capitale afin de retrouver les créations de l’architecte Alexandru Zaharia.
    Dans les années 30, il a été à l’origine de deux styles très prisés, proches du
    modernisme : le cubisme et l’éclectisme méditerranéen. Ce dernier est très
    exotique et attire encore les regards, avec son mélange d’éléments décoratifs mauresques
    et vénitiens. Mais Sinaia, qui se trouve à deux heures de Bucarest, mérite elle
    aussi le détour. Située au pied des Monts Bucegi, cette station est
    principalement composée de résidences secondaires, dont beaucoup sont conçues
    par des architectes célèbres.

    Oana Marinache raconte : « A Sinaia, il y a
    nombre d’architectes à découvrir : Petre Antonescu, Duiliu Marcu,
    Henrietta Delavrancea-Gibory ou encore Paul Smărăndescu. En prime, à travers
    nos recherches, nous en avons découvert un autre : Jean Krakauer, connu à l’étranger
    sous son pseudonyme John Kryton. »




    Né en 1910 à Bucarest, d’une famille juive, Jean Krakauer a quitté
    la Roumanie dans les années ’40 pour s’établir et travailler au Royaume-Uni et,
    plus tard, il s’est installé au Canada. Mais on trouve encore, dans les rues de
    Bucarest et de Sinaia, les maisons au charme à part que John Kryton ou Krakauera dessinées dans sa jeunesse. (Trad.
    Elena Diaconu)