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  • Le Musée des jouets

    Le Musée des jouets

    Pour cette
    période des fêtes de fin d’année, le Musée national d’histoire de Roumanie, en
    partenariat avec l’Association « Le Musée des Jouets », a préparé
    quelque chose d’inédit pour les enfants et pour tous les adultes qui aimeraient
    remémorer leur enfance : une exposition temporaire de jeux, jouets, photos
    de l’enfance d’autrefois et d’objets qui ramenaient le sourire sur le visage
    des petits du passé. D’autant plus que, dans les années 1960, il y avait, en
    Roumanie, 8 fabriques de jouets en bois ou en métal, des livres pour enfants et
    d’autres jouets. Les fabriques de Bucarest (sud), d’Oradea et d’Arad (ouest) en
    étaient les plus connues. En parcourant cette exposition, les visiteurs font un
    véritable voyage dans le temps, à la découverte de milliers d’objets provenant
    de ces fabriques, mais pas seulement.






    Notre guide à
    travers cette exposition fascinante et nostalgique est l’ingénieur Cristian
    Dumitru, président de l’Association « Le Musée des Jouets ». Pour
    commencer, il nous parle des origines de ce projet et de son évolution dans le
    temps : « L’exposition est en plein déroulement, elle ne cesse de s’agrandir.
    Cette fois-ci, elle est accueillie par le Musée national d’histoire, pouvant
    être visitée, d’ici la fin de l’année, pendant les heures d’ouverture du musée.
    Au départ, il s’agissait de jouets que j’avais commencé à collectionner dans
    les années 80. A cette époque-là, tous les garçons collectionnaient quelque
    chose : timbres, maquettes de voitures, de trains, ou d’avions. Mes frères
    et moi, on collectionnait n’importe quoi. Du coup, on avait plein de jouets.
    Nous avons décidé par la suite de garder cette collection, voire de l’enrichir avec
    des jouets de nos amis ou trouvés dans des librairies. Petit à petit, à la fin
    des années 80, nous avions déjà réuni une collection assez vaste pour l’époque.
    Puis, une fois que le marché est devenu libre, nous avons réussi à l’agrandir
    davantage. Ce sont des objets qui ont fait la joie de plusieurs générations. De
    nos jours, il est très facile de trouver un jouet ancien, surtout à l’aide
    d’Internet. Mais tous nos objets ont été trouvés aux différentes foires, dans des
    greniers ou chez des gens qui voulaient y renoncer. Des fois, on ramassait des
    jouets dans la rue. Donc cette exposition est à 100% une image de l’enfance
    roumaine des dernières décennies. Nous avons organisé les premières expositions
    de ce type il y a 12 ans et nous avons été un peu déçus par la réaction des
    enfants qui ne s’y retrouvaient pas. En revanche, la réaction des parents, des
    adultes ou des grands-parents a été très forte, car ils ont pu revoir les
    jouets de leur enfance. La chose la plus intéressante c’est de voir
    l’interaction enfant – grand-parent, ou enfant – parent. L’adulte décrit et
    montre les jouets de son enfance au petit, qui, à son tour, comprend que ces
    objets ne sont pas apparus il y a 10 ans et qu’une poupée fabriquée il y a 100
    ou 150 ans peut avoir la même forme qu’aujourd’hui. Ou bien que les petites
    grenouilles qui sautent à l’aide d’un ressort, existaient aussi il y a un
    siècle. »






    Cela a été
    prouvé : un jeu d’enfants peut devenir une expérience de vie et un pont
    entre les générations. D’ailleurs, certains jouets exposés cet hiver à Bucarest,
    au Musée national d’histoire, sont très, très anciens. Certains remontent à la
    fin du 19e siècle et sont uniques de par leur ancienneté, comme nous
    le dit Cristian Dumitru : « Cette collection réunit des jouets fabriqués
    en Roumanie ou qui étaient vendus dans les magasins roumains ces 100 dernières
    années. Les plus anciens datent de 1880-1890. Nous les avons trouvés sur les
    sites de leurs fabricants. Ce sont des jouets mécaniques ou bien un petit
    moteur à vapeur qui servait à propulser d’autres jouets vers l’année 1880. Nous
    avons ici peut-être les premiers jouets électriques jamais réalisés en
    Roumanie, datant de 1910-1920 ou encore les premières voitures à télécommande
    produites dans les années 1960-70. L’exposition couvre donc une multitude
    d’époques. Elle montre comment les
    jouets ont évolué au fil du temps, d’un simple petit cheval rempli de pailles,
    qui ne bougeait pas et qui obligeait l’enfant à imaginer une histoire,
    jusqu’aux jouets actuels qui ont de nombreux éléments électroniques. Si bien
    que, maintenant, on a l’impression que les rôles ont changé, que c’est le jouet
    qui joue avec l’enfant, lui offrant beaucoup plus d’options que sa propre
    imagination. Est-ce bien, est-ce mauvais ? On le saura en regardant les générations
    futures et leurs jouets. »






    En fait, toute
    cette histoire n’est pas un simple jeu d’enfants. C’est une passion qui a
    grandi pour devenir une collection, pour devenir ensuite une exposition, pour
    se transformer en fin de compte en une association dont la principale mission est
    de créer un musée et de proposer différentes activités pour garder vive la
    mémoire de ces objets qui marquent tellement fortement le début de notre vie.






    Cristian Dumitru
    nous parle des activités de son Association : « On a organisé plus de
    100 expositions ces 12 dernières années dans les grands musées à travers le
    pays. Cela nous a permis d’étudier la réaction du public. Nous avons eu de très
    bons retours tant de la part des enfants, que des adultes. Nous avons enrichi
    nos collections avec des jouets trouvés aux 4 coins du pays. Nous avons aussi
    commencé à réaliser un catalogue des jouets roumains. Malheureusement, nous
    avons dû ralentir un peu, à cause de la pandémie. Si en 2019 on avait organisé
    une vingtaine d’expositions, cette année nous avons fait environ la moitié de
    ce chiffre. Actuellement, à Bucarest, plus de 3000 jouets, jeux et objets de
    notre enfance sont exposés, mais notre collection est beaucoup plus vaste.
    Plein d’autres jouets attendent patiemment dans des boîtes leur tour d’être
    exposés. A un moment donné, 6 ou 7 expositions circulaient simultanément à
    travers le pays. »







    Il faut dire que
    la collection de Cristian Dumitru et de son Association ne se limite pas aux
    jouets. Ce sont de véritables archives de l’enfance roumaine, formée de
    plusieurs collections. Parmi elles, des fournitures scolaires d’antan, y
    compris des bancs scolaires, qui forment une exposition consacrée à l’école
    d’autrefois. Une autre exposition est consacrée aux boîtes de bonbons
    fabriquées en Roumanie, soit plus de 500 tels objets réalisés entre 1900 et
    1980. Une autre collection réunit des illustrations pour enfants et des bandes
    dessinées. Et puis, on ne saurait oublier une riche collection de photographies
    témoignant de l’enfance en terre roumaine : des images des années 1900,
    1920, jusqu’aux années 1980. On y découvre les vêtements et les jouets d’antan.
    Ces photos accompagnent d’habitude les expositions pour mieux illustrer les
    différentes époques. On y découvre aussi les techniques de la photographie du
    début du 20e siècle, et on comprend pourquoi une photo était un
    objet de luxe à l’époque. Tout le monde n’avait pas accès à un photographe et
    tous les enfants n’avaient pas l’occasion d’être pris en photos, conclut notre
    invité.






    Voilà donc, une
    belle occasion de remémorer notre enfance, de la partager avec nos enfants et
    de réfléchir un peu sur l’évolution de notre vie ces 100 dernières années.
    (traduction et adaptation : Valentina Beleavski)

  • Le musée des jouets

    Le musée des jouets

    Nous racontons aujourd’hui l’histoire de plusieurs milliers de jouets rassemblés avec soin par des personnes qui ont compris que ce « capital émotionnel » ne devait pas être gaspillé. Une des expositions de l’Association « Le Musée des Jouets », est accueillie en ce moment par « La Maison des Mureşanu » de Braşov.

    L’ingénieur Dumitru Cristian, initiateur du « Musée des jouets », nous dit comment cette idée est née: « Le point de départ en a été pratiquement ma collection de jouets. Comme tout enfant roumain des années ’60-’70, j’ai dû prendre grand soin de mes jouets, car je savais que si je les abîmais, je n’en recevrais plus d’autres. J’ai donc gardé les miens, j’ai aussi gardé ceux de mes frères et peu à peu, dans les années ’80 je possédais déjà une petite collection réunissant, évidemment, des jouets en vente dans les magasins, dans les librairies de Roumanie. Quiconque a vécu à cette époque-là se rappelle que l’offre de jouets était limitée. Dans le meilleur des cas, vous pouviez recevoir un jouet japonais grâce à une personne de votre entourage qui était chauffeur de poids lourd ou bien travaillait sur un bateau ou à l’étranger. Peu à peu ma collection s’est agrandie et il y a une vingtaine d’années je me suis rendu compte qu’elle était assez riche pour que je puisse envisager d’en faire quelque chose de sérieux. Seulement, j’ai constaté à regret que c’était une collection de jouets pour garçons, constituée uniquement d’avions, de petits trains, de bateaux, de voitures et que je n’avais aucune poupée et aucun personnage ayant enchanté l’enfance des filles. Je devais pallier ce manque et depuis 20 ans je ne fais que compléter ma collection ».

    Dumitru Cristian a souhaité que cette collection représente une partie de l’enfance des Roumains : « En fait, c’était ça, mon idée : collecter des jouets s’étant trouvés entre les mains des enfants de Roumanie. De nos jours, c’est simple, avec les nouvelles possibilités de communication, on peut mettre sur pied un musée des jouets en quelques mois, en cherchant sur Internet. Pourtant, moi, j’ai voulu à tout prix retrouver ces jouets dans les foires, dans les marchés, chez de vieilles personnes et qu’ils soient fabriqués à 95% en Roumanie ou avoir fait les délices d’enfants roumains. Notre collection n’est pas d’une grande valeur, elle n’est pas estimée à des milliers d’euros, c’est plutôt une collection personnelle, à valeur sentimentale, censée illustrer une partie de l’enfance roumaine. Elle compte environ 14 mille jouets – je n’en connais déjà plus leur nombre exact : voitures, petits trains, poupées, jeux et jouets pour les bébés, jouets en caoutchouc, jeux didactiques et j’en passe. Nous avons également une petite collection de plusieurs dizaines de plumiers et quelques centaines de taille-crayons. Pour que le panorama soit complet et représentatif de l’enfance roumaine, nous y avons ajouté des livres, des cahiers et des cahiers de souvenirs de filles entre 1900 et 1980 ainsi que des globes terrestres utilisés dans les écoles roumaines ».

    Cette collection est connue et appréciée. Aussi, à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance ou à l’approche de Noël, l’Association « Le Musée des jouets » est invitée à organiser des expositions. Leur succès a déterminé les différents musées à accueillir des expositions de jouets pendant le reste de l’année aussi. C’est le cas de l’exposition organisée en ce moment à Braşov.

    Dumitru Cristian : « De temps à autre, nous choisissons plusieurs centaines de jouets de notre collection pour en faire une belle exposition et répondre à l’invitation d’un musée ou d’une autre institution culturelle du pays. Une sélection de jouets représentant environ 30% de la collection est exposée à Braşov. Certains d’entre eux ont été restaurés et y sont présentés pour la première fois. L’exposition est ouverte, jusqu’au 26 mai, Place du Conseil, au Musée La Maison des Mureşanu. Après, elle se mettra en route pour Arad, ville de l’ouest du pays où elle doit être accueillie par le Musée Preparandia. Nous espérons qu’elle jouira du même succès que ces jours-ci à Braşov. »

    A qui s’adresse cette collection ? Dumitru Cristian : « Tous ceux qui nous ont invités jusqu’ici ont pensé que cette exposition s’adressait surtout aux enfants – et c’est vrai. Seulement, les enfants y viennent accompagnés de leur maman, de leur papa, de leurs grands-parents, qui y retrouvent une partie de leur enfance. Il est intéressant d’entendre leurs commentaires. Car les enfants n’ont peut-être pas eu un jouet d’il y a 30 ou 40 ans; certains disent en avoir vu un chez leur grand-mère, placé sur une table ou une étagère ou encore oublié dans un coin de la maison qu’ils ont à la campagne. La réaction des adultes est elle aussi intéressante et nous a rassurés dans notre démarche, car notre collection de jouets d’il y a 30 ou 40 ans, nous la présentons en fait à des enfants qui, à 4 ans, possèdent déjà une tablette. Et nous ne pouvons pas faire de concurrence à la technologie moderne. »

    Pourtant, même les enfants qui ont des tablettes pour jouer se laissent séduire par le charme de ces vieux joujoux. Dumitru Cristian : « Ils se réjouissent, ça les fait sortir un peu de leur quotidien et c’est peut-être une bonne chose. Les enfants de chaque nouvelle génération pensent que tout a été inventé quand ils sont nés. Et les enfants d’aujourd’hui, c’est pareil. Ils n’imaginent pas que des jouets complexes ont pu exister du temps de leur grand-mère. » (Trad.: Dominique)

  • L’hôpital des jouets

    L’hôpital des jouets

    Les jouets ont leur propre vie, dit-on. Et si vous doutez encore, je vous suggère de penser à la révolte des jouets maltraités du dessin animé « Toy Story ». Alors, pourquoi pas un hôpital des joujoux où les poupées, les nounours, les robots ou les dinosaures abîmés soient nettoyés, réparés et remis à neuf avant de se voir offrir en cadeau aux enfants pauvres ou aux orphelins des foyers de la capitale roumaine. Depuis son lancement en mars 2013, le projet de l’Hôpital des jouets a soigné plus de 20 tonnes de patients, raconte Valentin Dinu, docteur spécialiste en joujoux : «L’idée d’un tel hôpital appartient à la Municipalité de Bucarest et renvoie à la nécessité de doter la capitale d’un centre de collecte des jouets usés ou abîmés qui pourraient continuer pourtant à faire la joie d’enfants défavorisés. Démarré il y a deux ans, le projet n’implique pas de financement, mais uniquement un endroit pour ramasser les jouets et un autre pour y aménager les ateliers de réparation. Dans une première étape, on s’est mis à collecter des jouets provenant de toutes les régions du pays avant de faire leur tri et d’organiser les ateliers. Placés sous la coordination de la Direction générale de la sécurité sociale, les ateliers ont offert une chance d’embauche aux SDF.»

    Ils sont nombreux ceux qui se disent prêts à sacrifier un peu de leur temps pour apprendre à soigner les jouets malades, car dans cet hôpital, tout le monde peut devenir médecin et épauler les assistants sociaux à guérir les jouets avant de les offrir aux enfants démunis. Nous avons voulu savoir quels sont les traitements que les jouets usés subissent normalement : «Les traitements différent beaucoup. Dans le cas des peluches, par exemple, il faut généralement les laver ou les coudre. Sinon, on fait aussi des opérations plus compliquées, telles coller des pièces impossibles à réparer. On a reçu des colis de tous les coins de la Roumanie et sur l’ensemble des jouets offerts, ceux trop abîmés ont trouvé leur place au Musée des jouets ouvert au Centre de soins et d’éducation précoce «L’arc en ciel magique». C’est un musée où les enfants peuvent fêter gratuitement leur anniversaire à condition de laisser le lieu en bon état.»

    Les jouets exceptionnels, impossible à réparer, seront exposés au premier Musée des jouets de la capitale, tandis que les jouets trop abîmés et dépourvu d’intérêt seront mis en pièces, en fonction du matériel de fabrication et donnés par la suite aux opérateurs en charge de la collecte des déchets. Aux dires des docteurs de l’hôpital, les manœuvres les plus difficiles s’avèrent celles mécaniques ou électriques. C’est la raison pour laquelle l’Hôpital est en quête d’un électricien qui ranime les joujoux que les autres bénévoles n’arrivent pas à réparer. La quantité impressionnante de jouets donnés par les familles roumaines démontre leur souhait d’aider leurs proches. La preuve? Sur l’ensemble des jouets offerts, il y en a eu pas mal des complètement neufs. Valentin Dinu nous parle de l’impact que le projet de l’Hôpital de jouets a eu sur la communauté : «Les gens ont salué notre initiative. Après avoir ramassé les premiers jouets et après les avoir réparés, on a organisé différents événements en présence des bénéficiaires, c’est-à-dire des enfants qui mangent à notre cantine. Leurs réactions ont été des plus impressionnantes, surtout que pour certains d’entre eux c’était le premier jouet jamais reçu en cadeau. Leur bonheur a été impressionnant.»

    Et parce que l’Hôpital des jouets est un projet qui mérite sa place, Valentin Dinu a lancé un appel : «Si vous avez des jouets abîmés ou en bon état, avec lesquels vos enfants ne jouent plus, apportez-les au siège de la Direction générale d’assistance sociale de la Municipalité de Bucarest. De cette manière, un enfant démuni se verra la chance d’avoir un jouet et une enfance normale.»

    Comme tout hôpital qui se respecte, l’Hôpital des jouets fonctionne 24 heures sur 24 aussi bien dans les locaux de la Direction d’assistance sociale qu’au Musée des jouets. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Michel Beine (Belgique) -Les jouets des jeunes enfants roumains et l’autorité des parents

    Voici un sujet proposé par Michel Beine de Belgique. Il s’intéresse aux jouets des jeunes enfants roumains jusqu’à l’âge de 6 ans, filles et garçons. Comme c’est l’univers dans lequel je vis depuis 4 ans déjà, j’ai souhaité profiter de l’occasion pour vous en parler. Eh bien, les peluches sont très prisées par les enfants roumains. Oursons, chiens et chats en tout genre, mais aussi des personnages célèbres de dessins animés – Mickey, Minnie, Daisy etc. Tout enfant roumain – fille ou un garçon – doit avoir absolument au moins un exemplaire de Mickey. Puis, on trouve dans les magasins des jouets « animés » : des chats et chiens qui marchent, qui aboient etc…. C’est un autre must, surtout pour les filles. Puis toute famille avec enfants doit avoir au moins un coffre de Legos. C’est le passe-temps idéal pour toute la famille durant les jours pluvieux d’automne ou les matinées trop froides pour sortir de l’hiver.

    Côté poupées, les garçons se passionnent pour les robots en tout genre, surtout pour la série des Transformers, alors que les filles adorent toutes les princesses Disney – que ce soit Belle, Ariel, Cendrillon, Merida ou leur préférée, la princesse Elsa. Les magasins roumains abondent d’ailleurs en accessoires appartenant à la série des princesses. C’est une véritable folie. Mais comment peut-on refuser cela à nos enfants ? On peut tenter d’éviter toute cette folie qui risque de devenir obsession en orientant les petits vers des jeux éducatifs – puzzles, jeux de rôles, jeux de société, devinettes, et autres. Moi personnellement, j’adore peindre avec ma fille, Dasha. Elle aime bien colorier et moi je me suis procuré un livre de coloriage pour adultes et lorsque je n’ai pas suffisamment d’énergie pour des jeux plus actifs, on s’assoit à la table toutes les deux et on colorie, chacune son livre. C’est vraiment thérapeutique. C’est ce que j’appelle joindre l’utile à l’agréable. Je passe du temps avec Dasha, elle met son imagination à profit, et moi j’ai aussi le temps de réfléchir à d’autres choses et de me reposer. Sinon, on a toujours la pâte à modeler pour créer des brioches et des biscuits. Voilà pour les jeux d’enfants.

    Michel Beine s’intéresse aussi à l’autorité des parents roumains vis-à-vis de leurs enfants. Comment les incitent-ils à ranger leurs jouets, comment est limité le temps de jeu, quelles sont les sanctions appliquées par les parents si les enfants n’obéissent pas ? Ma réponse se fonde sur mon expérience personnelle et sur ce que j’ai constaté en discutant avec les autres parents d’enfants de maternelle. Eh bien, je constate que l’autorité n’est pas le point fort des parents d’aujourd’hui, à la différence des générations précédentes. Il y a même un courant d’éducation parentale très à la mode surtout à Bucarest selon lequel il ne faut jamais punir l’enfant, mais il ne faut pas le récompenser non plus. Et pour cause : les punitions ne servent à rien, elles ne font qu’accroître la frustration du petit qui ne comprend pas très bien la situation. Puis, les récompenses trop fréquentes lui donnent l’impression que tout est possible, permis et facile à obtenir. Il y a des parents qui appliquent cette règle. Mais pour la plupart, une seule chose fonctionne pour sanctionner l’enfant : lui interdire l’accès aux dessins animés et aux tablettes, ordinateurs, portables. C’est valable à commencer par les plus petits, jusqu’aux lycéens. Sinon, on essaie d’appliquer des règles générales : il faut ranger ses jouets avant d’aller se coucher, laver ses mains une fois rentré à la maison etc. Personnellement j’applique aussi la méthode du réveil qui sonne à une certaine heure pour marquer la fin d’une activité ou le départ d’une visite ou du parc. Et ça marche très bien.

  • Brancusi pour enfants

    Brancusi pour enfants

    La petite ville de Târgu Jiu (située dans le sud de la Roumanie) accueille les sculptures monumentales du célèbre artiste d’origine roumaine Constantin Brâncuşi: la Colonne sans fin, la Porte du Baiser, la Table du Silence et l’Allée des chaises. Toutes ces sculptures monumentales sont en pierre, à l’exception de la Colonne sans fin, construite de 17 modules en fonte superposés et qui s’élève à une trentaine de mètres. Ces oeuvres en miniature peuvent s’avérer des jouets très attrayants.



    Ainsi, pour commencer, la Porte du Baiser a-t-elle été transformée en un anneau de dentition. Ensuite, la Colonne sans Fin en miniature a été démontée et ses pièces, peintes chacune dans une couleur différente, ont été mises à la disposition des petits qui souhaitent jouer aux batisseurs ou guerriers de l’infini, muni d’une épée sans fin.



    La Table du Silence leur a suivi. Les 12 chaises — figurant les 12 heures d’une journée ou les 12 mois de l’année – ont été enfilées sur son pied central.


    Taillées en bois laqué et peint en couleurs pastel, les répliques miniaturisées des sculptures monumentales de Constantin Brâncuşi à Târgu Jiu, sont désormais un jeu pour enfants. C’est qu’en 2013, deux artistes ont tenté d’amener l’art plus proche des mains des gamins, de briser les barrières d’accès, de le découper des couvertures luisantes des albums. C’est du moins ce qu’affirme Gabriel Boldis, un des initiateurs du projet Minitremu. « Minitremu est une démarche visant à ramener l’art à la portée des enfants. Quand j’étais petit, les visites guidées, agrémentées de mises en garde du type « ne touche pas », ou « fais attention » représentaient mon seul accès à l’art. Il y avait aussi les albums dont les pages devraient être tournées toujours très soigneusement. Or, les enfants ont besoin de faire d’expérimenter, de toucher, de déchirer, d’interagir avec les objets d’art. De ce point de vue, Minitremu essaie de faire sortir l’art de la zone sacrée pour la ramener au niveau des enfants. L’idée m’est venue alors que je regardais des enfants jouer dans un bac à sable. Les parents essaient de compenser leurs longues absences de la vie de leurs enfants en leur offrant des jouets chers qui, en théorie, enchantent les enfants. On peut remarquer assez souvent des enfants qui jouent tout seuls, qui n’entrent pas en contact avec les autres. Bien qu’ils soient entourés d’objets, ils en demeurent en quelque sorte isolés. Ainsi, avons –nous conçu ces objets qui gagnent une signification plus intense, bien que dépourvus de sens à une première vue, des objets qui aident les parents à entrer en relation avec leurs enfants. »



    L’ensemble modulaire n’est pas une première dans l’univers des jouets design. Frank Lloyd Wright et Le Corbusier ont été élevés avec les présents” du psychiatre Fröbel et autres jeux de construction. La fameuse apprentie Bauhaus, Alma Siedhoff-BuscherIn, a imaginé une série de jouets reposant sur des principes pédgogiques et utilisant des couleurs primaires, de la géométrie simple et des abstractions.



    Le pari des artistes de Minitremu avec les parents roumains a été gagné. Les jouets s’inspirant des œuvres de Brancusi sont suffisamment chers pour attirer l’attention des acheteurs. Ils sont réalisés avec soin, les couleurs en sont très belles et les laques dont ils sont enduits, non–toxiques. Chaque pièce en bois est manufacturée, car ce sont des produits fabriqués sur commande. Ce sont de véritables jouets métaphysiques, estime l’artiste: «L’œuvre de Brancusi est monumentale; elle nous donne accès à des concepts métaphysiques: le temps, l’espace et l’axe du monde. Nous avons segmenté et coloré ces concepts. Lorsqu’ils jouent avec la petite Table du silence, les enfants peuvent caresser le temps. A première vue, ces jouets sont dépourvus de sens, ce qui n’est plus le cas lorsqu’ils sont mis ensemble. Ils ne suggèrent pas à l’enfant un certain rôle, tels le prince ou le chevalier, ils n’imposent pas de délimitations claires. C’est pourquoi ils stimulent l’imagination. Je n’ai jamais suggéré un certain jeu aux enfants. Mais, à ce que j’aie vu, hormis le plaisir qu’ils prennent à les toucher, en raison de leurs formes rondes et très équilibrées, les enfants finissent invariablement par ériger une colonne à partir de petites chaises. Il s’agit aussi d’un plaisir esthétique qui relève du mélange des couleurs visant à parvenir à un équilibre chromatique. Nous avons privilégié la dimension artistique, ce n’est qu’à présent que l’on se rend compte de ce côté pédagogique. Le plaisir de construire et de contempler la notion d’équilibre est bien évident. »



    En 2013, les artistes de Minitremu ont lancé une campagne de collecte de fonds, qui leur permette de fabriquer un milliers d’unités de chaque jouet. L’argent aurait fait baisser leur prix de moitié, et aidé les artistes à atteindre leur objectif : celui de créer des œuvres d’art à la portée des enfants et non pas des jouets exclusivistes. Déroulée sur le site Indiegogo, la campagne visait à obtenir des donations qui allaient de 5 à 250 dollars. Malheureusement, les artistes n’ont pas réussi à ramasser les 17 mille dollars nécessaires. N’empêche, la campagne les a aidés à développer leur notoriété: «La campagne a du succès parce qu’elle compte sur des personnes qui font circuler l’information, qui nous encouragent à continuer. Le soutien reç me fait m’interroger si la collecte d’argent est encore importante ou non. »



    L’idée de donner aux enfants l’occasion de jouer avec des œuvres d’art, de les connaître et de les aimer, est une initiative qui mérite notre attention. D’ailleurs, les artistes de Minitremu ne s’arrêteront pas là: ils envisagent de transformer en jouets les créations d’autres artistes roumains renommés, et les premiers pas ont déjà été franchis. Il s’agit d’un livre d’activités pour enfants et de coloriage comprenant les dessins de l’illustrateur Dan Perjovschi. (trad. : Dominique, Alexandra Pop)