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  • L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle

    L’officiel du parti communiste roumain, le journal Scânteia /L’étincelle

    La presse à l’époque communiste

     

    Si la liberté de la presse était garantie depuis 1789 par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, force est de constater que les régimes totalitaires, qu’ils soient d’extrême droite ou d’extrême gauche, se sont évertués à n’en faire qu’une bouchée. Ainsi, la quasi-totalité de la presse des démocraties soi-disant populaires instaurées après 1945 par l’Armée rouge dans les Etats d’Europe centrale et de l’Est se soumettait aux ukases idéologiques du parti communiste. Mais ce dernier disposait souvent également de son propre quotidien, considéré comme la voix officielle du régime.

     

    Aussi, à l’instar du quotidien « Pravda », « La vérité », en URSS, l’on voit paraître « Rabotnichesko Delo », « Les Réussites ouvrières » en Bulgarie, « Rudé Právo » ou « La justice rouge » en Tchécoslovaquie, « Neues Deutschland » ou « La nouvelle Allemagne » en RDA, « Trybuna Ludu » ou la « Tribune du peuple » en Pologne, « Borba » ou « La lutte » en Yougoslavie. En Hongrie, la presse écrite sera dominée par le quotidien « Szabad Nép », les « Hommes libres » entre 1942 et 1956, puis par « Népszabadság » , « La liberté du peuple » entre 1956 et 2016. En Roumanie, la voix du Parti communiste roumain se faisait entendre grâce à son officiel Scânteia, « l’Eticelle ».

     

    La voix du Parti Communiste Roumain

     

    Fondé en 1931, alors que le Parti communiste roumain avait été mis hors la loi depuis un bon moment à cause de son programme résolument antinational, son officiel paraîtra de façon irrégulière jusqu’en 1940. Son nom s’inspirait du journal en exil de Lénine intitulé Iskra, l’Etincelle, paru entre 1900 et 1905. L’Etincelle des communistes roumains paraîtra pour la première fois au grand jour, officiellement, le 21 septembre 1944, après l’occupation le 30 août 1944 de Bucarest par l’Armée rouge. Le critique d’art Radu Bogdan, né en 1920, sympathisant communiste, fut l’un des membres de la première équipe de rédaction de L’étincelle roumaine lors de sa réapparition de 1944.

     

    Les débuts du journal Scânteia

     

    Dans son interview de 1995, conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Radu Bogdan se rappelait les premiers pas de cette nouvelle vie de l’officiel communiste roumain. :

     « Cinq personnes ont été chargées par le parti de la parution de ce premier numéro. Matei Socor a été nommé responsable de ce petit noyau de rédacteurs, dont faisaient encore partie Pavel Chirtoacă, l’ingénieur Solomon, Radu Mănescu et Iosif Ardelean. Ce dernier sera ultérieurement nommé responsable du département de censure. L’ingénieur Solomon avait pour sa part des responsabilités plutôt administratives. Quant à moi, j’avais certes à l’époque des velléités de journaliste. Mais j’avais du mal à trouver mes marques. Et c’est à ce moment que j’entends que Radu Mănescu allait lancer un journal. Je me présente et je postule. L’on m’invite sans peine à faire du bénévolat. C’était encore la période romantique, la période de grands idéaux. Mon premier travail a été celui de correcteur. Je travaillais avec Mirel Ilieşiu, metteur en scène. Et c’est ainsi que j’avais pris part à la parution du premier numéro de l’Etincelle. »

     

    Discréditer la démocratie et les partis historiques

     

    Mais l’officiel du parti communiste devient rapidement le fer de lance des pourfendeurs du régime démocratique roumain. Des intellectuels de gauche, idéalistes et opportunistes mélangés, faisaient de leur mieux pour discréditer la démocratie et les partis historiques. Parmi ces journalistes de la premières heure un personnage s’est démarqué entre tous par sa violence de langage. Il s’agit de Silviu Brucan, celui qui, après la chute du régime communiste fin 1989, s’érigera comme l’un des idéologues du régime postcommuniste de Ion Iliescu et de son Front du Salut national.

     

     

    Radu Bogdan se rappelait dans son interview de l’atmosphère d’effervescence qui était celle de la presse de l’après-guerre, une presse de plus en plus dominée par l’organe de presse du Parti communiste roumain, dirigé par le sociologue Miron Constantinescu :

     « Le compositeur Matei Socor n’est demeuré qu’un jour à la tête de l’Etincelle. Il prit ensuite ses fonctions à la tête de la Radio, devenant son directeur-général. Peu de jours après la parution du premier numéro de l’Etincelle, à sa tête fut nommé par le parti Miron Constantinescu, vieux communiste, récemment libéré. L’on travaillait dur au début, l’on passait nos nuits à la rédaction, l’on se reposait sur des matelas jetés à même le sol. Cette première rédaction du journal avait emménagé dans les locaux de l’ancien journal de Pamfil Seicaru, Curentul. Pendant tout un temps, j’ai aussi assuré la sécurité personnelle du nouveau rédacteur en chef, Miron Constantinescu. J’étais en quelque sorte sa garde de corps. Je n’avais pourtant pas d’arme sur moi, c’était plus pour faire semblant, pour se donner de l’importance. Mais comme il allait tous les jours au siège de la Confédération générale du travail et qu’il ne voulait pas circuler tout seul en rue en ces temps troubles, je l’accompagnais. J’avais une belle carrure, j’étais plutôt grand. Heureusement, on n’a jamais eu d’accroc avec qui que ce soit, mais j’ai été son ombre durant plusieurs mois. »   

     

    Durant les années qui ont suivi et jusqu’au mois de décembre 1989, l’Etincelle a été le porte-voix de la propagande communiste, le fer de lance de cette presse asservie, dont l’objectif principal était de cacher les malversations et les abus du régime et l’enfreinte régulière des droits fondamentaux. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 04.05.2024

    04.05.2024

    Diplomatie bilatérale – La ministre roumaine des Affaires étrangères, Luminița Odobescu, a eu vendredi à Paris une réunion bilatérale avec le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné. Les discussions ont reflété la solidité du dialogue bilatéral, l’étroite coordination diplomatique entre Bucarest et Paris sur les questions européennes, ainsi que la volonté commune d’avancer au niveau bilatéral comme au niveau européen, selon un communiqué de presse transmis à l’AGERPRES. Les chefs des deux diplomaties ont convenu de poursuivre les efforts conjoints pour façonner l’Agenda stratégique afin de faire avancer le projet européen et de renforcer la résilience de l’Union. La responsable roumaine a remercié la France pour sa contribution particulière au renforcement du Flanc Est et pour avoir assumé le rôle de nation cadre pour le groupement tactique de l’OTAN déployé en Roumanie. Il a également exprimé son appréciation pour l’intérêt croissant de la France pour la région de la mer Noire, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine et des défis régionaux qu’elle a engendrés. Les deux ministres ont souligné l’importance de poursuivre le soutien multidimensionnel à l’Ukraine et de coordonner les initiatives franco-roumaines en faveur de la République de Moldavie, confrontée à des risques multiples de la part de la Fédération de Russie.

     

    Guerre en Ukraine – La nuit dernière, la Russie a lancé une attaque de drone sur les régions de Kharkiv et de Dnipro, faisant au moins six blessés et touchant des infrastructures critiques, des bâtiments commerciaux et résidentiels, ont déclaré samedi des responsables régionaux, cités par Reuters. L’armée de l’air ukrainienne a déclaré que les forces russes avaient lancé 13 drones Shahed ciblant les régions du nord-est et du centre du pays. Les unités de défense aérienne ont abattu tous les drones, a déclaré le commandant de l’armée de l’air ukrainienne. Par ailleurs, le ministère de l’Energie de Kiev a indiqué qu’au cours des dernières 24 heures, les besoins des consommateurs ukrainiens ont été couverts grâce à leur propre production, aux importations commerciales, ainsi qu’à l’électricité d’urgence fournie par la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie.

     

     Cyberattaques – La Pologne a déclaré qu’elle avait également été la cible de cyberattaques attribuées à un groupe russe, qui aurait également visé l’Allemagne et la République tchèque, et a condamné ces attaques, a rapporté Reuters samedi. Varsovie a exprimé sa solidarité avec l’Allemagne et la République tchèque à la lumière des cyberattaques contre leurs institutions démocratiques et leurs partis politiques, a déclaré le ministère polonais des Affaires étrangères. L’Allemagne a accusé vendredi la Russie d’avoir lancé des cyberattaques contre le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, des entreprises de défense et d’aérospatiale, ainsi que des cibles dans d’autres pays, et a mis en garde contre les conséquences de ces attaques, sans entrer dans les détails.

     

    Samedi Saint – Les chrétiens orthodoxes et les gréco-catholiques de Roumanie célèbrent aujourd’hui le Samedi Saint, dernier jour de la semaine Sainte, une préparation silencieuse à la fête de la résurrection du Christ. A Jérusalem, le Samedi Saint est le jour durant lequel a lieu le service de la Sainte Lumière, un rituel orthodoxe unique au cours duquel le patriarche de Jérusalem sort du tombeau du Christ avec des cierges allumés et distribue de la lumière aux fidèles. Le Patriarche de Roumanie, Daniel, a exhorté les fidèles à accomplir de bonnes actions. Dans sa lettre pastorale aux fidèles gréco-catholiques, le cardinal Lucian a quant à lui déclaré que, bien que la tentation du découragement soit souvent présente, en raison des épreuves de la vie, des conflits, de la violence, des violations de la dignité et de la liberté humaines, la fête de la résurrection du Seigneur renforce la foi et redonne espoir.

     

    Handball – Le CSM Bucarest, championne de Roumanie de handball féminin, affronte ce samedi l’équipe française de Metz, à l’extérieur, dans le cadre des quarts de finale de la Ligue des champions. Au match aller à Bucarest, Metz s’était imposé 27-24. Pour rappel, chez les hommes, le champion Dinamo București est qualifié pour le Final Four de l’EHF European League, où il jouera pour une place en finale contre les Allemands de SG Flensburg-Handewitt. Le tournoi final de l’EHF European League aura lieu à Hambourg, en Allemagne, les 25 et 26 mai.

     

    Météo – Le ciel est variable, temporairement nuageux dans le sud et partiellement dans l’ouest et le centre de la Roumanie. Des averses, parfois accompagnées d’orages, sont attendues dans le sud-ouest, le sud et le sud-est. Les températures resteront proches des normales saisonnières, avec des maxima comprises entre 18 et 25 degrés. 21 degrés et un ciel variable aujourd’hui à Bucarest.

  • 03.05.2024

    03.05.2024

    Pâques – Les chrétiens orthodoxes et gréco-catholiques célèbrent le Vendredi saint, jour de commémoration de la mort du Christ sur la croix et de son ensevelissement dans le tombeau. Ce soir-là, les fidèles participent à la dernière Cène du Seigneur, au cours de laquelle des processions ont lieu avec le saint épitaphe, qui symbolise le transport du corps de Jésus de la croix à la tombe. La Sainte Lumière de Jérusalem sera apportée en Roumanie le samedi soir et distribuée à chaque paroisse. Elle est précédée par la Semaine Sainte, une période de prière au cours de laquelle les chrétiens orthodoxes et gréco-catholiques se remémorent les derniers moments de la vie du Christ avant sa crucifixion.

     

    Gaza – Les négociations se poursuivent en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’un nouvel échange de prisonniers. Ces pourparlers interviennent alors qu’Israël menace de lancer une opération dans la ville frontalière de Rafah, où seraient baséesles dernières unités du Hamas. Or, Rafah abrite la moitié de la population de Gaza et la communauté internationale a prévenu qu’une telle opération dans cette ville provoquerait une catastrophe humanitaire. Un haut fonctionnaire des Nations unies a déclaré que le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, déchirée par la guerre, pourrait s’élever à 40 milliards de dollars. Abdallah al-Dardari, sous-secrétaire général des Nations unies, a déclaré lors d’une conférence de presse que l’ampleur des destructions dans l’enclave était sans précédent. Pendant ce temps, les manifestations se poursuivent dans les universités américaines. La police a évacué un camp pro-palestinien à l’université de Californie (UCLA) à Los Angeles. Au moins 200 personnes ont été arrêtées. À Washington, le président Joe Biden a déclaré qu’il défendrait toujours le droit à la liberté d’expression, mais que l’ordre devait prévaloir.

     

    Agriculture – La Commission européenne a prolongé le cadre temporaire qui permet aux États membres de faciliter l’octroi d’aides publiques aux agriculteurs touchés par les conséquences de la guerre en Ukraine. Ce mécanisme a été adopté en mars 2022 après l’attaque de l’Ukraine par la Russie, un conflit qui a fait exploser les coûts de l’énergie et des engrais. Ce cadre de crise temporaire a permis aux États membres d’allouer jusqu’à 280 000 euros d’aides publiques aux entreprises agricoles touchées par la crise et jusqu’à 335 000 euros aux entreprises de pêche et d’aquaculture jusqu’à la fin du mois de juin 2024, ce qui constitue un net assouplissement des règles strictes de l’Union en matière d’aides d’État. Les ministres de l’agriculture de 15 pays ont également demandé que le montant maximal de l’aide pouvant être accordée à une entreprise soit porté de 20 000 à 50 000 euros, sans demander l’accord de Bruxelles, mais cette demande n’a pas été approuvée.

     

    Madrid – La communauté roumaine d’Espagne a reçu l’Ordre de la Grand-Croix de la Communauté de Madrid, la plus haute distinction décernée par le gouvernement régional, à l’occasion de la Journée de la Communauté, pour la manière dont ils se sont intégrés et pour la richesse culturelle et économique qu’ils représentent, étant les résidents étrangers les plus entreprenants de la région. “Les Roumains, en plus d’être très travailleurs, nous aident, par leurs efforts et leur courage, à créer des emplois et des opportunités pour les autres. Ils sont déjà plus de 144 000 à vivre parmi nous, luttant à la manière des Madrilènes, puisqu’ils sont ici chez eux”, a déclaré Isabel Diaz Ayuos, présidente de la Communauté de Madrid. “La communauté roumaine de Madrid n’est pas seulement la plus grande communauté étrangère ici, mais aussi celle qui contribue le plus au développement économique et social et au bien-être de la société locale”, a déclaré Raluca Mihăilă, chargée d’affaires à l’ambassade de Roumanie à Madrid. Plus d’un million de Roumains vivent en Espagne et il s’agit de la communauté la mieux intégrée.

     

    Gymnastique – L’équipe de Roumanie s’est classée quatrième dans les qualifications pour les Championnats d’Europe de gymnastique artistique féminine à Rimini (Italie), tandis que Sabrina Voinea s’est classée quatrième dans le concours individuel. L’équipe de Roumanie, composée de Sabrina Voinea, Ana Maria Bărbosu, Lilia Cosman et Amalia Ghigoarță, a été battue par l’Italie, la Grande-Bretagne et la France. Les Roumaines disputeront quatre finales dimanche – Ana Bărbosu au saut, Lilia Cosman à la poutre et Sabina Voinea à la poutre et au sol. Maria Ceplinschi n’a pas participé aux qualifications, ses entraîneurs l’ayant écartée de la compétition en raison de douleurs à la cheville.

     

    Tennis – La joueuse de tennis roumaine Irina Begu s’est qualifiée pour les quarts de finale du tournoi ITF de Wiesbaden (Allemagne), après avoir battu la Suisse Simona Waltert 4-6, 6-1, 7-6. En quart de finale, Begu affronte ce vendredi l’Ukrainienne Katarina Zavațka.

     

    Météo – En Roumanie, ciel temporairement nuageux, avec des averses, éventuellement accompagnées d’orages, dans l’ouest, le sud-ouest et le sud, le sud-ouest du Banat et l’Olténie. Les températures maximales seront comprises entre 15 et 27 degrés. Ciel nuageux et 19 degrés ce vendredi à Bucarest.

  • 17.04.2024

    17.04.2024

    Dette publique – Le ministre des Finances, Marcel Bolos, devrait participer à un débat politique sur la dette publique de la Roumanie à la Chambre des députés, lundi. La demande, initiée par le groupe parlementaire AUR (opposition nationaliste), a été approuvée mardi par le bureau permanent de la Chambre des députés. Selon AUR, la dette publique a atteint un seuil critique, dépassant 50% du produit intérieur brut, et le ministre doit expliquer les mesures que le gouvernement va prendre.

     

    Doha – Le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu, accompagné de six ministres de son cabinet, poursuit ce mercredi sa visite au Qatar, un important partenaire commercial de la Roumanie dans la région du Golfe. À l’ordre du jour des discussions figurent le développement de grands projets d’investissement en Roumanie, ainsi que le renforcement de la coopération dans des domaines clés tels que les nouvelles technologies et l’énergie. Le correspondant de Radio Roumanie rapporte que la signature de plusieurs documents bilatéraux est également prévue. Depuis le Qatar, la délégation du gouvernement roumain se rendra ensuite aux Émirats arabes unis.

     

    Bruxelles – Le président roumain, Klaus Iohannis, participe ces mercredi et jeudi à la réunion extraordinaire du Conseil européen à Bruxelles. Selon l’administration présidentielle de Bucarest, l’ordre du jour comprend des sujets tels que la perspective d’un nouveau pacte européen de compétitivité et les relations de l’Union avec la Turquie. Les dirigeants européens discuteront également de l’évolution de la guerre en Ukraine, de la situation au Moyen-Orient et du futur agenda stratégique de l’UE. Le président roumain participera également à une réception organisée par le roi Philippe de Belgique en l’honneur des chefs d’État et de gouvernement de l’UE.

     

    Bucarest – Les États-Unis travaillent de concert avec la Roumanie sur les risques sécuritaires posés par la guerre en Ukraine, a déclaré le secrétaire d’État adjoint américain aux affaires européennes et eurasiennes, James O’Brien. Le fonctionnaire américain a rencontré le ministre roumain de la Défense, Angel Tilvăr, à Bucarest, où il a fait l’éloge de la coopération entre la Roumanie et l’Ukraine, qu’il a qualifiée d’”essentielle pour le peuple ukrainien”. Selon lui, la coopération entre Washington et Bucarest vise les menaces cybernétiques et hybrides, ainsi que la surveillance aérienne, maritime et terrestre, afin de détecter et abattre les drones russes arrivant sur le territoire roumain. Pour sa part, Angel Tîlvăr a souligné la nécessité de renforcer la présence de l’OTAN sur l’ensemble du flanc oriental. James O’Brien effectue aussi des visites en Bulgarie, en Suisse et en Slovénie.

     

    Madrid – Près de 15 % des salariés espagnols ont une deuxième nationalité, un nouveau record pour le royaume ibérique. Depuis plus d’une décennie, la plupart d’entre eux sont des Roumains, plus nombreux que les Marocains, les Colombiens et les Chinois. Selon le correspondant de Radio Roumanie à Madrid, 2 785 000 ressortissants étrangers cotisent actuellement au système de sécurité sociale espagnol, dont  340 514 sont des Roumains, sur un total de 20,5 millions de cotisants. On dénombre 6,5 millions de ressortissants étrangers résidant en Espagne, dont près d’un million de Roumains.

     

    FMI – Le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses estimations de croissance pour l’économie roumaine en 2024, passant de 3,8 % en octobre à 2,8 %. Le FMI prévoit par ailleurs que le pays connaîtra une inflation annuelle moyenne de 6 % et de 4 % l’année prochaine. Dans le même temps, l’institution financière internationale s’attend à ce que le déficit des comptes courants de la Roumanie reste à 7,1 % du PIB en 2024, soit un niveau similaire à celui de l’année dernière.

     

    Météo – Temps instable ce mercredi en Roumanie où les températures sont en baisse sur l’ensemble du territoire. Des averses sont attendues, ainsi que des orages dans le sud-est du pays. Les maximas seront comprises entre 9 et 26 degrés. 20 degrés et un ciel couvert aujourd’hui à Bucarest

  • “L’Israélite roumain”

    “L’Israélite roumain”


    L’histoire des Juifs des Principautés roumaines a été marquée au XIXe
    siècle par la lutte pour les droits nationaux et civils. Le nouvel État issu de l’union de la Moldavie
    et de la Valachie en 1859 accordait la nationalité roumaine et les droits qui
    en découlaient uniquement aux individus de confession chrétienne. La Constitution
    de 1866 l’instituait sans équivoque à l’article 7, qui stipulait que: « La
    qualité de roumain s’acquiert, se conserve et se perd conformément aux règles
    définies dans les lois civiles. Seuls les étrangers de rites chrétiens peuvent
    acquérir la naturalisation. » Mais la loi introduisait aussi des
    exceptions à la règle, les personnes se mettant au service de la Roumanie
    pouvant ainsi se voir récompenser par l’octroi de la nationalité. Ce fut le cas
    de nombreux Juifs qui ont combattu dans la guerre d’indépendance menée par la
    Roumanie en 1877-1878.


    Les leaders des communautés
    juives de Roumanie ont cependant mis en avant des arguments forts en faveur de
    l’octroi de la nationalité roumaine aux Juifs « autochtones », nés
    donc en Roumanie. Un de ces porte-drapeaux les plus actifs fut le médecin et
    homme de culture Iuliu Barasch. Né en 1815 à Brody, à l’ouest de l’actuelle
    Ukraine, territoire qui à l’époque faisait partie de l’Empire autrichien, et
    mort à Bucarest en 1863, à l’âge de 48 ans, Iuliu Barasch avait reçu à sa
    naissance le nom de Iehuda ben Mordehai. En 1843, il s’installe en Valachie, à Călărași,
    ville danubienne à 120 km au sud-est de Bucarest. En 1851, il déménage dans la
    capitale valaque, où il va exercer la profession de médecin et fonder des
    établissements de santé publique, tels des hôpitaux, des quarantaines et des
    dispensaires. Il a obtenu un doctorat en médecine à Berlin en 1841, il a
    enseigné au lycée et dans des écoles supérieures de sciences militaires, de
    pharmacie et d’agriculture. Comme tout intellectuel de son époque, il s’est
    activement impliqué dans la vie de la communauté juive. Grand défenseur de la
    science, Iuliu Barasch a été un agent important de la modernisation de la
    mentalité collective juive. Son œuvre écrite inclut des textes scientifiques,
    certes, mais aussi de médecine, d’histoire, de philosophie ou d’hygiène.


    L’implication de Iuliu Barasch dans la presse
    communautaire juive et dans celle de vulgarisation scientifique est venue tout
    naturellement. Pour quelqu’un comme lui, qui avait une vocation de fondateur et
    de militant, le lancement de la première publication juive en langue roumaine a
    été quelque chose de parfaitement naturel. Iuliu Barasch et le Français Armand
    Lévy, avec Aaron Ascher et Isaac Leib Weinberg, ont rendu possible la parution
    de « L’Israélite roumain », marquée par seulement quelques numéros, faute
    d’argent. L’historienne Lya Benjamin, spécialiste de l’histoire des Juifs, a
    consacré une étude à cette publication, où elle a aperçu les idées qui
    circulaient ces temps-là. « Le journal est particulièrement
    intéressant, car il s’adresse aussi bien aux Juifs qu’aux Roumains, tout en
    étant une tribune de lutte pour l’émancipation des Juifs. Les Juifs de Roumanie
    n’avaient pas la nationalité du pays et Iuliu Barasch fut le premier à lancer
    le combat pour l’octroi de la nationalité, dans lequel il recourt aussi au
    journal. En 1856, il envoie au prince régnant valaque Barbu Știrbey les
    premiers mémoires sur le sujet. C’était l’année où une délégation des Grandes
    Puissances se rendait dans les Principautés roumaines pour préparer la
    Conférence de Paris de 1858, consacrée aussi à l’union des Principautés. Iuliu
    Barasch voulait présenter son mémoire au prince Stirbey et aux délégués
    étrangers, pour qu’ils s’expriment en faveur de l’émancipation des Juifs. Ses
    mémoires sont publiés pour la première fois dans « L’Israélite roumain ». »


    Ce qui est remarquable aussi
    bien chez Iuliu Barasch que chez les autres Juifs qui se battaient pour
    l’émancipation politique et civique des membres de leur communauté c’est qu’ils
    étaient parfaitement connectés aux idées de leur époque, dont celle de l’union
    des Principautés, premier grand projet romantique de l’État national roumain, a été
    la plus forte. Les Juifs autochtones étaient entièrement acquis à la cause et Barasch
    en fut le fer de lance. La mobilisation s’est à nouveau faite grâce à l’appel à
    l’histoire et avec la contribution des Juifs. Lya Benjamin raconte : « Les sujets étaient variés. Il y avait, par exemple, des articles
    sur l’histoire, celle de la Roumanie et celle commune roumano-juive, des articles
    soulignant l’ancienneté de la présence des Juifs dans l’espace roumain. Ou bien
    des articles qui se donnaient pour tâche de faire connaître aux Juifs les
    moments les plus importants de l’histoire de la Roumanie, tels le règne de
    Michel le Brave. Il y avait aussi, bien-sûr, des articles sur la tradition
    juive, sur la religion judaïque, pour familiariser les lecteurs roumains avec
    l’histoire et culture des Juifs. D’autres articles exprimaient le soutient des
    Juifs à l’union des Principautés et le respect qu’ils éprouvaient pour les
    Roumains, mais aussi leur dévouement pour les Roumains et la Roumanie ainsi que
    leur souhait d’avoir le respect des Roumains. »


    La publication
    « L’Israélite roumain » a eu une première série entre mars et
    septembre 1857. La seconde génération du journal apparaît onze ans plus tard. En
    1868, la Roumanie avait traversé de nombreuses et profondes transformations
    institutionnelles et sociétales. Après la mort de Iuliu Barasch, l’hebdomadaire
    « L’Israélite roumain »
    rencontre un monde complètement changé. (Trad. Ileana Ţăroi)



  • Un Roumain à Paris

    Un Roumain à Paris

    Déchu de sa nationalité roumaine en 1975, Dumitru Tsepeneag s’installe à
    Paris et commence une sorte de journal dans lequel il parle aussi bien
    de lui, que des autres. Roland Barthes, Alain Robbe-Grillet, Ionesco et
    Cioran figurent parmi les figures sur lesquelles Tsepeneag s’attarde
    dans son récit Un Roumain à Paris dont il sera question aujourd’hui.

  • Eva Heyman, cette Anne Frank de Roumanie

    Eva Heyman, cette Anne Frank de Roumanie

    Les
    enfants de la Roumanie méritent une place d’honneur dans la célébration du Centenaire
    de la Grande Union de la Roumanie célébrée en 2018. Ils ont souffert sur le front, dans les camps de concentration et dans les prisons aux cotés de leur famille, de leurs amis et compatriotes.

    Chaque année, le 9 octobre, la Roumanie commémore la Journée Nationale de l’Holocauste, une journée consacrée aux victimes d’Auschwitz et des autres camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale. Cette date a été choisie car c’est le 9 octobre 1941 qu’a commencé la déportation des Juifs de Bucovine vers la Transnistrie sous le régime du maréchal Ion Antonescu. Un des noms marquants de ce terrible souvenir et celui d’Eva Heyman.

    Elle est l’une de 1,5 millions d’enfants juifs morts lors de l’Holocauste. Elle a été surnommée Anne Frank de Transylvanie ou encore Anne Frank d’Oradea. Elle a laissé un journal intime dans lequel elle expliquait comment une adolescente de 13 ans percevait le monde qui l’entourait, la déshumanisation, la haine et le génocide. Dans sa courte vie, Eva Heyman a prouvé qu’elle aurait pu être une personne intelligente et méritoire, qui aurait pu se construire une vie et une carrière comme elle l’aurait désiré, mais les autres et leurs obsessions politico-idéologiques ont en décidé autrement. C’est le régime hongrois conduit par l’amiral Miklos Horthy, installé en Transylvanie du Nord après le 30 août 1940, qui a déclenché la déportation des Juifs à Auschwitz en 1944.

    L’historien Marius Popescu du Centre d’Étude de l’histoire des Juifs de Roumanie a décrit comment le ghetto d’Oradea a pris naissance : « Eva Heyman était une jeune fille d’origine juive d’Oradea, une ville où la population juive était très nombreuse. Point de vue taille, le ghetto d’Oradea était le deuxième le plus grand de Hongrie, après celui de Budapest. En plus, c’était un ghetto très restrictif, comme tous les ghettos de Transylvanie du Nord. Là, les gendarmes hongrois ont si bien fait leur « devoir » que même les nazis ont été étonnés. Je parle là de la rapidité avec laquelle les Juifs ont été transportés du Nord de la Transylvanie. En 2 semaines, la population juive a été déportée et les villes juives de Transylvanie n’étaient plus qu’un souvenir. »

    Eva Heyman a commencé à écrire dans son journal intime le 13 février 1944, le jour de ses 13 ans. Après que son amie Marta disparut, Eva s’est rendu compte que les conséquences ne seraient pas favorables. Le 17 octobre 1944, à 13 ans et demi, lorsqu’elle souffrait du typhus, Eva Heyman a été envoyée dans une chambre à gaz. (Andreea Suta)

  • Le journal d’Eva Heyman (1931-1944)

    Le journal d’Eva Heyman (1931-1944)

    Surnommée Anne Frank de Transylvanie ou bien Anne Frank d’Oradea, la jeune Eva Heyman a compté parmi les 1 millions 500 mille enfants Juifs victimes de l’Holocauste. Elle a écrit un journal qui nous aide à comprendre la réalité d’une adolescente de 13 ans, comment elle s’expliquait le monde qui l’entourait, un monde de la haine et du génocide.

    L’historien Marius Popescu, du Centre d’études de l’histoire des Juifs de Roumanie, a amplement analysé le journal d’Eva Heyman. Il a décrit l’apparition du ghetto d’Oradea, ville natale du médecin Nyszlu Miklos, auteur du célèbre volume « J’ai été médecin à Auschwitz ». Rappelons-le, toute la moitié nord de la région de Transylvanie, avec les villes d’Oradea, Cluj et Târgu-Mures, avait été occupée par la Hongrie, suite au Diktat de Vienne de 1940.

    L’historien Marius Popescu : « Eva Heyman est une fille d’origine juive d’Oradea, ville qui comptait une très nombreuse population juive. Du point de vue de ses dimensions, le ghetto d’Oradea a été le deuxième de Hongrie, après celui de Budapest ; ce qui plus est, son administration avait des règles beaucoup plus strictes, comme d’ailleurs tous les ghettos de la Transylvanie du Nord. Là, les gendarmes ont fait leur « devoir » avec un excès de zèle hors du commun, qui a surpris même les bourreaux nazis. Je pense notamment à la vitesse avec laquelle les Juifs de la Transylvanie du Nord ont été déportés. En deux semaines seulement, toutes les communautés juives des villes transylvaines, qui étaient d’ailleurs assez nombreuses, ont carrément disparu. »

    Eva Heyman a commencé son journal à l’âge de 13 ans, soit le 13 février 1944, à l’occasion de son anniversaire. Dès les premières pages du journal, on saisit l’inquiétude de la jeune adolescente.

    Marius Popescu : « On peut s’attendre à d’autres choses, lorsqu’on lit le journal d’un enfant ou d’un adolescent. Eh bien, ce journal ne fait qu’illustrer la situation absolument tragique de la population juive de l’époque. En parcourant le journal, on se rend immédiatement compte de l’inquiétude d’Eva, suite à la confiscation de la pharmacie de son grand-père, à cause de lois extrêmement restrictives qui obligeaient les Juifs à se déplacer dans la rue entre certaines heures. Une fois la pharmacie confisquée, la stabilité de la maison fut compromise. Eva raconte dans son journal qu’un homme d’ethnie hongroise est venu pour s’emparer, sans aucun remord, de la pharmacie de son grand-père. N’oublions pas que le 30 août 1940, toute la moitié nord de la Transylvanie avait été cédée à la Hongrie. Dans certains passages, Eva décrit l’expulsion des Roumains par les autorités hongroises. Elle affirme que de nouveaux visages s’affichaient dans les rues d’Oradea puisque de nombreux nouveaux habitants étaient venus de Hongrie. Une des raisons pour lesquelles le grand père d’Eva avait perdu sa pharmacie a été le fait qu’il était l’ami des Roumains, qu’il était un Juif qui ne soutenait absolument pas les Hongrois. C’était évidemment une raison aberrante. »

    Mais le grand choc allait suivre avec la disparition de sa meilleure amie, Marta, aux côtés de toute sa famille.

    Marius Popescu : « L’amitié avec Marta, une jeune fille du même âge, en compagnie de laquelle Eva passait son temps, marque également ce journal. Comme tous les enfants, les deux adolescentes se promenaient à vélo, s’achetaient des glaces qu’elles mangeaient soit chez Marta, soit chez Eva. Tout allait bien jusqu’en 1941. C’était l’année quand les autorités magyares ont expulsé tous les Juifs qui ne pouvaient pas prouver leur nationalité. Le père de Marta provenait de Bucovine, Marta était née à Oradea, parce que sa mère était originaire de cette ville. Le père de Marta devait être évacué. En 1941, les Juifs rassemblés par les autorités magyares ont été emmenés à Kamenetz-Podolsk et tués sur place. Marta et sa mère n’ont pas voulu quitter le père de famille et l’ont suivi dans le camp, où elles ont été tuées. Du point de vue psychologique, ce fut le moment où l’univers d’Eva Heyman connait un changement radical. Son monde n’avait pas été heureux avant non plus, mais l’image de son amie enlevée par les gendarmes dans la maison d’Eva pour être tuée à Kamenetz-Podolsk marque le début du calvaire d’Eva Heyman. Marta est évoquée dans tous les pages du journal. Trois ans plus tard, elle allait subir le même sort que Marta, dans le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. »

    Aux tragédies qui entouraient Eva Heyman est venu s’ajouter un chagrin personnel, un problème de famille.

    Marius Popescu explique : « Dans sa famille les choses étaient assez agitées. Sa mère avait divorcé de son père, pour se remarier avec Bela Zsolt, le père adoptif d’Eva, écrivain et journaliste de gauche. A l’époque, il n’était pas facile d’être Juif et de gauche. La mère d’Eva et « oncle Bela », comme la jeune fille l’appelait, vivaient cachés. Eva Heyman a été en grande partie élevée par ses grands-parents maternels. En lisant le journal, on remarque une attitude assez froide d’Eva envers sa mère ».

    « Je viens de fêter mon 13e anniversaire. Je suis née le 13, un vendredi ». C’est ainsi qu’Eva Heyman commence son journal le 13 février 1944. Le 17 octobre, à l’âge de 13 ans et demi, malade de typhus, Eva Heyman était envoyée dans les chambres à gaz nazies. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Le petit journal fait peau neuve

    Le petit journal fait peau neuve

    L’information de proximité, intéressante et vraie est l’objectif d’un nombre croissant de médias, dans un monde en proie aux soucis d’audimat et de publicité à tout prix. Lepetitjournal de Bucarest, notre partenaire, fait peau neuve. Nous accueillons Patrick Ouriaghli, directeur associé du nouveau petitjournal.



  • Le journal Universul

    Le journal Universul

    C’est en 1829, au début de la modernisation des Principautés roumaines, qu’est apparu à Bucarest le premier journal de langue roumaine – « Curierul Românesc » « Le Courrier roumain ». Ce retard de la presse roumaine par rapport à l’Europe Occidentale allait pourtant être rapidement récupéré. Le nombre des publications a vite augmenté en raison notamment de la modernisation et de l’émancipation sociale et culturelle. C’est vers la fin du siècle, soit le 20 août 1884, qu’est paru le premier numéro du journal « Universul », un quotidien qui allait devenir le journal roumain le plus lu jusqu’au début des années 1950. « Universul » a été fondé par Luigi Cazzavillan, journaliste italien, ancien combattant dans l’armée de Garibaldi, établi ensuite à Bucarest où il a enseigné l’italien et commercialisé des vélos de la marque italienne Bianchi. Pourtant, de nos jours, Luigi Cazzavillan est reconnu notamment pour ses contributions essentielles au développement de la presse populaire par la publication de journaux et revues de vulgarisation de la culture et des sciences.

    Qui a été Luigi Cazzavillan et quel était le contenu du quotidien « Universul » ? Ilie Rad, professeur à l’Université Babes-Bolyai de Cluj, répond : « Luigi Cazzavillan, journaliste de profession, fut le correspondant de publications italiennes en Roumanie à l’occasion de la Guerre d’Indépendance de 1877 – 1878. Initialement, il avait exploré le marché avec deux autres publications. En 1880 il a sorti « La Fraternité roumano-italienne » et « Le Trésor de la famille » et gagné ainsi l’expérience nécessaire pour fonder en 1884 le journal « Universul » dont le nom a peut-être été inspiré par un journal du même nom d’Italie. La publication était avant tout neutre du point de vue politique. Puis, c’était une sorte de magazine, avec de nombreuses nouvelles, la chronique des accidents et des crimes… C’était un journal pour tous, ce n’était pas ce que l’on appelle de nos jours un tabloïd, parce que l’acte journalistique n’avait pas régressé jusqu’à un tel point. Sa tenue et son objectivité comptaient pour beaucoup dans la politique de ce journal. C’est notamment sa technologie des grands tirages qui permettaient à Universul de paraître à un prix de seulement 5 bani, soit 5 centimes. La société roumaine était modernisée, le nombre de lecteurs avait augmenté. En 1828/29, lors de la publication des premiers journaux, les tirages ne dépassaient jamais les 300 exemplaires. Or, à la fin du 19e siècle, le tirage d’un tel quotidien atteignait des chiffres impressionnants, allant jusqu’à 40 mille exemplaires par jour. »

    Le long des années, le quotidien « Universul » a sorti toute une série de suppléments : « l’Univers des enfants », « l’Univers littéraire », « l’Univers illustré », « Le Dimanche de l’Univers », « Le journal des sciences populaires et des voyages ». Les suppléments, le prix, le tirage et la facilité d’accès aux informations faisaient d’Universul le journal le plus suivi avant la Première guerre mondiale, mais aussi entre les deux guerres.

    Ilie Rad poursuit l’historique du quotidien « Universul » : «Je crois qu’il était encore plus suivi que sa compétition de gauche, le journal « Adevarul », grâce notamment au prix, mais aussi en raison de la qualité des informations, des nouveautés publiées. « Universul » a été la première publication de l’histoire de la presse roumaine à avoir des agences et des correspondants à l’étranger. Par exemple, la célèbre affaire Dreyfus de France a été amplement reflétée dans les pages du journal parce que Luigi Cazzavillan s’est permis de payer un correspondant à l’étranger qui lui a envoyé des informations de dernière heure relatives aux évènements internationaux. Ce qui plus est, le journal a également réussi à impliquer des écrivains importants. Par exemple, le grand dramaturge ILCaragiale a publié une grande partie de ses « Moments », chroniques et récits satyriques dans les pages des ce quotidien. »

    Malheureusement, Luigi Cazzavillan est mort assez jeune, à l’âge de 52 ans, début 1904. Durant la première conflagration mondiale, entre 1916 et 1918, « Universul » a interrompu sa parution, qui a été reprise ensuite sous la direction d’autres patrons, dont le plus célèbre a été Stelian Popescu. Dans la plus grande partie de la période d’avant la Seconde Guerre Mondiale, soit avant 1943, Stelian Popescu a dirigé le quotidien « Universul », lui imprimant malheureusement ses options politiques, de centre-droit. Même si « Universul » n’a pas préservé sa neutralité politique, il a continué d’être le journal le plus répandu, survivant même quelques années après l’installation du régime communiste d’avant 1953. Sa rédaction se trouvait au cœur de la capitale, rue Brezoianu, près de l’Université et de l’Avenue Victoriei, dans un bâtiment imposant construit par Cazzavillan, d’après les plans d’un architecte italien.

    Ilie Rad: « Il a fait bâtir ce palais, qui a subi ensuite de nombreuses modifications. C’est également à l’intérieur de cet immeuble que se trouvaient l’imprimerie et les bureaux. Par exemple, Stelian Popescu avait un bureau somptueux à l’intérieur duquel les grands politiciens et hommes d’affaires ont été reçus et traités comme il fallait, au cœur même de Bucarest. Et c’est également dans la Capitale qu’il existe une rue qui porte le nom de Cazzavillan et c’est très bien que sa mémoire soit perpétuée de nos jours encore. Et c’est toujours dans le même quartier que se trouve un buste du journaliste ».

    Après avoir accueilli la rédaction de plusieurs journaux importants, le siège du journal de la rue Brezoianu a survécu jusqu’à nos jours. Pourtant, en raison de son état détérioré, celui-ci devrait être consolidé et restauré. La maison de Luigi Cazzavillan, un superbe mini-palais en style vénitien qui se trouve près de la rue qui porte son nom, dans le quartier de la Radio publique roumaine, est également très détériorée. Elle est littéralement en train de s’écrouler. Dommage. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Depuis l’Inde aux Indes de l’Afrique

    Depuis l’Inde aux Indes de l’Afrique

    L’Inde, une mixture de sensations, de rythmes, de couleurs, de changements à l’instar de l’espace qui la inspirée. Une mixture qui rend dépendant une fois qu’on l’a réellement goûtée, à condition de passer outre les clichés et le premier abord. L’Inde, avec son meilleur, mais aussi son pire, se laisse explorer dans un des meilleurs journaux de voyage parus cet été à Bucarest – « Depuis l’Inde aux Indes de l’Afrique ». Son auteure, Daniela Tane, lève le rideau sur cet ouvrage…