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  • Des toiles pour raconter la Bible

    Des toiles pour raconter la Bible

    En début de cette année, l’exposition intitulée « La
    Septante » de l’artiste Paul Hitter a ouvert ses portes au Musée national
    de la littérature roumaine de Bucarest (MNLR).

    La Septante, explication


    La Septante désigne l’ensemble des plus anciennes
    traductions de l’intégralité de la Bible hébraïque en grec. Selon une source
    historique du IIe siècle avant Jésus Christ, la traduction des cinq premiers
    livres de l’Ancient Testament a été faite par 72 traducteurs (six pour chacune
    des douze tribus d’Israël de l’époque) à Alexandrie, vers l’an 270 avant Jésus
    Christ, à la demande du roi et pharaon d’Egypte Ptolémée II. Le nom de
    « Septante » renvoie donc au nombre 72. Selon une autre source, les
    72 érudits avaient traduit séparément l’intégralité du texte et, lorsqu’ils ont
    comparé leur travail, ils ont été surpris de constater que les 72 traductions
    étaient toutes identiques.

    Des expositions dans les pays des Balkans



    Mais retournons à l’exposition « La Septante » de
    Bucarest. Il faut dire que les ouvrages présentés font partie d’un voyage
    artistique que Paul Hitter souhaite faire dans les années à venir. Il s’agit notamment
    d’organiser une exposition chaque année dans un pays des Balkans, visant à consolider
    l’expressionnisme balkanique – soit un concept et un courant que l’artiste a lancés
    il y a plus de 10 ans.


    L’exposition de Bucarest présente au public 24 peintures
    et une sculpture, le tout représentant des scènes et des personnages de
    l’Ancien Testament. D’où vient cette fascination pour l’Ancien Testament ?
    L’artiste Paul Hitter avoue qu’il a longtemps travaillé sur cette exposition et
    nous explique les thèmes choisis :



    « J’ai travaillé environ un an et demi
    pour cette exposition. Je me suis arrêté à environ 80 % lorsque le conflit entre
    Israël et la Bande de Gaza a commencé. Je me suis demandé s’il était utile
    d’exposer dans ces conditions. Les ouvrages nous présentent des personnages de
    l’Ancien Testament, des prophètes. J’ai choisi les histoires et les personnages
    qui m’ont impressionné le plus dans les livres talmudiques. Je fais partie de
    la première génération, celle d’après 1990, à étudier la religion à l’école. Je
    peux dire qu’en général j’étais attiré par la religion, mais, en plus de
    l’enseignement religieux proposé à l’école, il y avait un enseignement
    religieux proposé par les Eglises réformée, catholique et orthodoxe. J’ai
    découvert alors en parallèle divers livres, parmi lesquels « La Bible pour
    les enfants », réalisés par les églises réformées. Plus tard, dans
    l’adolescence, j’étais un fervent auditeur des radios « La voix de
    l’espérance » et « La voix de l’Évangile », où beaucoup de ces
    histoires de l’Ancien Testament étaient expliquées. Ce sont des histoires
    plutôt ignorées par les églises non-réformées. Ces histoires ont été
    représentées à de nombreuses reprises dans l’histoire de l’art. J’y trouve une
    très grande puissance, un très grand impact. Je dois avouer que ces derniers
    temps, c’est-à-dire pendant la période où j’ai peint ces œuvres, je me suis
    aussi renseigné sur la version juive à propos de ces personnages. Mais l’histoire
    est complexe, car comme on le sait, ce que l’on appelle la « Torah »
    est la parole de Dieu et chaque mot, selon chaque rabbin, peut être interprété
    ou réinterprété et chaque histoire peut être interprétée et réinterprétée dans
    une multitude des manières. A un moment donné, j’ai dû dire stop et rester dans
    le cadre classique, que les chrétiens connaissent plus ou moins, mais qui nous
    est plutôt familier. »



    Que peut-on voir concrètement dans les ouvrages
    exposés ? Paul Hitter répond :



    « Eh bien, on voit Adam et Eve, Moïse
    séparant les eaux, Jonas dans la gueule de la baleine, le sacrifice d’Isaac,
    David et Goliath, Judith et Holopherne, le prophète Elie, Daniel dans la fosse
    aux lions. A mon avis, il y a beaucoup de personnages intéressants de l’Ancien
    Testament. »

    Des personnages connus et moins connus de la Bible


    Effectivement, beaucoup de personnages bibliques sont
    représentés dans l’exposition. Les plus connus sont Adam et Eve, le prophète
    Moïse, qui a traversé miraculeusement la mer Rouge, l’adolescent David
    vainquant le géant Goliath, le prophète Jonas avalé par la baleine, ou encore
    Daniel dans la fosse des lions.

    Paul Hitter a représenté aussi des héros moins connus de
    l’Ancien Testament. Parmi eux,
    le prophète Elie, qui, au IXe siècle avant Jésus
    Christ, s’était opposé au roi Achab et à sa femme Jézabel.



    Des épisodes représentatifs de l’Ancien Testament


    A part les
    personnages, les épisodes les plus représentatifs de l’Ancien Testament se
    retrouvent aussi dans l’exposition imaginée par Paul Hitter. Par exemple, la
    toile « Le sacrifice d’Isaac » rappelle le moment où Dieu a demandé à
    Abraham de lui offrir en sacrifice son fils bien aimé, Isaac. Une autre
    histoire représentant le courage, également retrouvée dans l’exposition, est
    celle de Judith, une jeune veuve qui, pour sauver son peuple attaqué par les
    Assyriens, a décidé d’assassiner elle-même leur chef, le général Holopherne, en
    le décapitant pendant qu’il dormait.


    Egalement à voir dans cette l’exposition : un
    objet-installation avec lequel les visiteurs sont invités à interagir. Il
    s’agit de la représentation du « Veau d’Or », que les Hébreux ont créé
    des boucles d’oreilles en or des femmes et des enfants, pour l’adorer comme
    dieu.


    Mais qu’a voulu exprimer l’artiste Paul Hitter à travers
    cette œuvre ?


    « Le veau d’or a été créé par les Juifs
    lorsque Moïse se trouvait sur le mont Sinaï pour recevoir les « Tables de
    la Loi ». Puisqu’ils avaient trop longtemps attendu Moïse, ils pensaient
    qu’il ne reviendrait plus et ils sont revenus alors aux vieilles croyances
    païennes. C’est ainsi qu’ils voulaient faire une représentation physique de
    Dieu. Je crois que nous, et tous les peuples en général, tout au long de
    l’histoire (mais ce fait peut être particulièrement observé de nos jours dans
    le postmodernisme, au troisième millénaire) – nous adorons différents veaux
    d’or. Je voulais faire une sorte de blague. Chaque visiteur de l’exposition peut
    mettre un autocollant d’une certaine société ou entreprise, soit chacun avec
    son veau d’or. »

    Après l’exposition de Bucarest, Paul Hitter prépare une
    exposition en Bulgarie. L’artiste nous en offre des détails :



    « J’aurai une exposition à la Galerie
    nationale de Ruse. C’est une exposition avec des personnages de Bulgarie. Comme
    vous le savez, j’ai inventé un style appelé « L’expressionnisme balkanique ».
    C’est pourquoi, dans les années à venir, si l’on parle encore des Balkans, je
    me suis proposé d’exposer une fois par an dans un pays de cette région. Je
    pense que la Turquie suivra, un pays qui nous a beaucoup influencés. »



    Après de l’exposition de
    Bucarest, on peut admirer les œuvres de Paul Hitter de 16 à 30 janvier 2024, à
    Rousse : une autre série originale de peintures intitulée « Ame
    bulgare » qui présente des personnages de la culture et de l’histoire de la Bulgarie. (trad. Andra Juganaru)