Tag: le 10 août 2018

  • Deux ans depuis la manif du 10 août

    Deux ans depuis la manif du 10 août

    Ce dossier
    controversé concerne l’intervention des gendarmes contre les quelque 100.000
    Roumains, dont de nombreux résidant à l’étranger, rassemblés, à l’été 2018, à
    Bucarest, sur la Place de la Victoire, pour demander la démission du
    gouvernement Viorica Dăncilă. Les manifestants protestaient contre le pouvoir
    social-démocrate et ses décisions relatives aux lois de la Justice et aux Codes
    pénaux, ainsi que contre la destitution de Laura Codruţa Kövesi, ancienne procureure
    en chef de la Direction nationale anti-corruption. Après la manif, des
    centaines de participants ont porté plainte contre la violence démesurée de l’intervention
    des gendarmes et contre l’utilisation des gaz lacrymogènes contre les manifestants.
    Dans leurs plaintes, les protestataires insistent sur le fait que la
    manifestation s’était largement déroulée dans le calme, les attaques contre les
    forces de l’ordre ayant été menées par une minorité que celles-ci auraient pu
    isolée et neutralisée.

    Le dossier « Le 10 août 2018 », instruit par
    la Direction d’investigation des infractions de criminalité organisée et de
    terrorisme (DIICOT), a été classé sans suite le mois dernier. Les procureurs
    ont argumenté leur décision par l’existence de ce qu’ils ont appelé « une
    complicité morale » des manifestants pacifiques avec les protestataires
    violents, qu’ils n’auraient pas isolés, ayant ainsi encouragé leur comportement
    agressif. Les procureurs de la DIICOT affirment également que l’accusation de
    tentative de coup d’Etat, formulée dans ce même dossier par la Gendarmerie et par
    des leaders du Parti social-démocrate, ne se confirme pas. Toutefois, la semaine
    dernière, la procureure en chef de la DIICOT, Giorgiana Hossu, a partiellement
    infirmé le classement sans suite du dossier et disposé la réouverture de l’enquête
    pénale à l’encontre des anciens chefs de la Gendarmerie. Mme Hossu a expliqué
    sa décision par le fait que le procureur responsable du dossier n’avait pas administré
    les preuves recueillies par le Parquet militaire et n’avait pas non plus
    entendu les suspects, les victimes et les témoins. Si un juge confirme la décision
    du Parquet anti-terroriste, l’enquête pénale reprendra contre les anciens chefs
    des forces de l’ordre, accusés, entre autres, d’abus de fonctions, de participation
    impropre à un comportement abusif, de participation impropre au faux
    intellectuel et à l’usage de faux intellectuel. Lundi, la Cour d’appel de Bucarest
    a décliné sa compétence concernant la requête formulée par la DIICOT de rouvrir
    l’enquête contre les anciens chefs de la Gendarmerie, le procès étant transféré
    au Tribunal de Grande instance de la capitale.

    Selon la vice-première ministre
    libérale, Raluca Turcan, le 10 août 2018 est « une plaie ouverte de la
    démocratie roumaine récente » et la justice doit tirer au clair ce dossier.
    Mme Turcan affirme que la répression violente des droits des citoyens doit être
    sanctionnée. Le président Klaus Iohannis précisait, la semaine dernière, qu’il
    était important que « les vrais coupables » soient amenés à rendre des
    comptes pour leurs actes. Le président par intérim du PSD, Marcel Ciolacu,
    déclarait, l’année dernière, que les événements du 10 août 2018 avaient été mal
    gérés, et que le parti avait payé cela, en autre autres, par la défaite à la
    dernière élection présidentielle. (Trad : Ileana Ţăroi)