Tag: le Musée du Paysan roumain

  • Le surréaliste Gherasim Luca

    Le surréaliste Gherasim Luca

    La revue mensuelle « Dilemateca » annonçait récemment la découverte du manuscrit, en roumain, du Vampire passif, texte essentiel pour le surréalisme roumain.



    On savait, jusqu’ici, que Le vampire passif avait été écrit directement en français. L’édition originale de ce texte est parue en français, en 1945, à Bucarest, aux Éditions de l’Oubli. Le manuscrit rédigé en roumain fera avancer les recherches sur l’œuvre de Gherasim Luca. Une édition bilingue du Vampire passif est en préparation aux Maisons d’édition Vinea.



    Gherasim Luca est né à Bucarest. Son père, Berl Locker, était un tailleur juif, qui allait décéder une année après la naissance de son fils. Gherasim Luca parlait 4 langues : yiddish, roumain, allemand et français. Dès 1938, il commence à voyager fréquemment à Paris, où il intègre vite les cercles artistiques du mouvement surréaliste. La deuxième guerre mondiale éclate, l’antisémitisme s’accentue en Roumanie, ce qui le détermine à choisir l’exil.



    En 1945 déjà, il fondait un groupe d’artistes surréalistes dont faisaient partie, entre autres, Gellu Naum, Paul Păun, Virgil Theodorescu et Dolfi Trost. Peu après, il commence à publier — y compris des poèmes en français. Il a inventé une technique surréaliste de collage appelée la cubomanie. C’est toujours lui l’auteur du célèbre manifeste « Dialectique de la dialectique », qu’il a écrit en collaboration avec Dolfi Trost. Harcelé et capturé alors qu’il essayait de fuir le pays, l’étran-juif, comme il se définissait lui-même, a quitté la Roumanie en 1952 pour se rendre à Paris, via Israël. Le 9 février 1994, il se suicidait, en se jetant dans la Seine.



    Gherasim Luca, de son vrai nom Salman Locker, alias Costea Sar et Petre Malcoci, a été non seulement un poète, mais aussi un théoricien du surréalisme fréquemment cité par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Il rejoint, dès son très jeune âge, le mouvement d’avant-garde, devenant un membre important du groupe surréaliste « Alge » (Algues). Il fait partie de la famille spirituelle de Sade, Lautréamont, Rimbaud, Huysmans, Breton. L’un des exégètes de Gherasim Luca, le professeur Ion Pop, de Cluj-Napoca, définit ce poète en quelques mots : « Durant les dernières années de sa vie, Gherasim Luca a fait sensation avec plusieurs lectures publiques. Il avait un véritable talent de la déclamation. J’ai écouté et regardé certains des enregistrements conservés et j’ai constaté aussi qu’il parlait avec un fort accent roumain. Il a publié des livres d’une grande diversité, fruit de son inventivité débordante. Gherasim Luca misait sur une sorte d’homophonies, de jeux de mots, car chez lui, le côté ludique du langage était très marqué. Il est actuellement, sans doute, un des noms importants de la poésie française. Il a eu une existence très intéressante ; pourtant, il a vécu dans l’isolement, étant plutôt marginalisé et ne bénéficiant que très tard de la reconnaissance littéraire.



    Pour marquer le centenaire de la naissance du poète Gherasim Luca, le 6 septembre, le Musée du Paysan roumain de Bucarest lui a dédié une soirée littéraire, avec la participation du poète Valery Oişteanu, établi aux Etats-Unis. (Trad.: Dominique)

  • Collection de la famille Ţipoia au Musée du paysan roumain

    Collection de la famille Ţipoia au Musée du paysan roumain

    Trois générations d’artistes de la famille Ţipoia — ancienne famille originaire de Suisse — sont présentes actuellement au Musée du paysan roumain par le biais d’une exposition réunissant leurs ouvrages et objets de collection. Il s’agit d’une donation faite par la famille Victoria, Diana et George Tzipoia à la municipalité de la ville de Bucarest. Leur immeuble de Bucarest fait également l’objet de cette donation.


    L’exposition et la donation, la capitale roumaine les doit à l’artiste George Ţipoia, fils du peintre Alexandru Ţipoia.



    Virgil Niţulescu, le directeur du Musée du paysan roumain précisait: « Il est très difficile de réunir, dans un espace limité, des objets aussi divers. Car il y a, tout d’abord ceux rassemblés, au fil du temps, par le peintre Alexandru Ţipoia dans sa collection personnelle. Une collection riche de nombreuses pièces ethnographiques, qui l’ont beaucoup inspiré notamment pendant ses dernières années de création artistique. Et il y a, d’autre part, les oeuvres d’art réalisées par les trois générations d’artistes de la famille : le grand-père, le fils et la petite fille. Pourtant, jusqu’à ce que la municipalité de Bucarest réussisse à mettre sur pied le Musée Tzipoia, il est dommage de priver le public du plaisir de voir au moins une partie de la future collection permanente du futur musée. »



    La valeur des ouvrages figurant dans l’album consacré à Alexandru Ţipoia et publié en 1997 aux éditions Alp Impression France se monte à plus d’un million d’euros, celle des instruments de musique sculptés à 140 mille euros, les dessins de l’artiste à plus de 260.000 euros, les gravures à 80.000 euros et les ouvrages en céramique à 24.000 euros. Une broderie au fil d’or, réalisée pour marquer les 5 siècles écoulés depuis l’avènement du prince régnant Etienne le Grand au trône de la principauté roumaine de Moldavie, vaut 35.000 euros.



    Font également l’objet de cette donation les ouvrages de George Tzipoia, évalués à plus de 755.000 euros, des tapis très précieux, ainsi que d’autres objets de collection : figurines en céramique, récipients en cuivre jaune, icônes, albums et catalogues.



    Se rapportant à l’immeuble offert à la municipalité de Bucarest et qui doit devenir le Musée Tzipoia, l’artiste George Tzipoia, fils du peintre Alexandru Tzipoia, précisait: « En fait, ce serait impropre de l’appeler musée ; dire « maison » ce serait certainement trop peu. La nouvelle institution permettra l’accès du public à l’œuvre de ce grand artiste, si méconnu de son vivant. Après sa mort, en 1993 à Genève, nous avons déployé des efforts considérables pour mieux faire connaître son œuvre. Nous avons organisé des expositions dans plusieurs grands musées de Roumanie. Nous n’avons pourtant pas réussi à présenter son œuvre en Suisse ou ailleurs, bien qu’il s’agisse de la culture d’un pays et non pas d’une famille. »



    Si l’offre de la famille Ţipoia est acceptée par la municipalité, tous les biens qui font l’objet de cette donation deviendront la propriété publique de la capitale roumaine et seront gérés par la Musée de la ville de Bucarest. (trad.: Dominique)