Tag: loup

  • Appel à la protection des loups

    Appel à la protection des loups

    Les loups sont revenus de manière remarquable dans les paysages de la Roumanie et de l’Union européenne, grâce à la protection stricte qui leur a été accordée par la Directive Habitats du 1992. Ces prédateurs jouent un rôle clé dans le maintien de la biodiversité et de la santé des écosystèmes. Par exemple, ils contrôlent les populations de cerfs et de sangliers, ce qui favorise d’autres espèces animales et végétales. Ils jouent également un rôle de nettoyeurs au sein de leurs écosystèmes et aident à freiner la propagation de la peste porcine. Ils peuvent ainsi améliorer l’état des habitats et contribuer à la restauration des processus naturels, et par conséquent des écosystèmes.

     

    Cependant, en dépit des nombreux bénéfices que les loups apportent, leur retour s’accompagne également de certains défis, notamment pour les agriculteurs et les propriétaires de terrains. L’absence de ces carnivores dans les paysages européens pendant 150 ans a marqué une période où la question de la coexistence et des mesures nécessaires pour vivre en sécurité en leur présence n’avait pas besoin d’être envisagée. À présent, la question légitime qui se pose est de savoir à quel point ces mesures sont bien comprises et promues par les parties prenantes. Selon un communiqué de World Wild Fund Roumanie, les loups ont longtemps été victimes de calomnies, sans pour autant avoir une véritable compréhension de leur rôle crucial dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Dès que les populations de loups sont revenues en Europe, ils ont de nouveau été perçus comme une menace, tout en oubliant qu’eux aussi sont des habitants natifs du continent.

     

    Cristian-Remus Papp est le coordinateur du Département des espèces sauvages chez WWF-Roumanie. Il nous a expliqué que la majorité des États-membres de l’UE ont convenu d’adopter la proposition de la Commission européenne visant à réduire le statut de protection du loup en vertu de la Convention de Berne :

     

    Cristian-Remus Papp : « La Convention de Berne est la convention la plus ancienne qui traite de la protection et de la conservation de la biodiversité. Adoptée en 1979, elle a eu plusieurs tentatives – par exemple en 2002, puis en 2005 – de réduire le niveau de protection de différentes espèces. Même en 2022 une telle réduction avait été envisagée pour le loup, mais les arguments étaient toujours contre. L’année dérnière, la Commission européenne a commandé une étude à l’échelle européenne pour évaluer la coexistence avec les loups, identifier les principales causes des conflits, leur ampleur, et les montants versés en compensation. La conclusion a été que le loup ne constitue pas une menace, contrairement aux discours politiques. Certes, il existe des conflits, notamment là où les mesures de prévention des incidents ne sont pas mises en place, mais les chiffres penchent plutôt en faveur du loup. Par conséquent, nous ne devrions pas prendre une décision aussi radicale. »

     

    World Wild Fund Roumanie explique que ce changement ouvre la porte au sacrifice des loups comme fausse solution au problème de la prédation des animaux domestiques, ce qui va complètement à l’encontre de l’engagement de l’Europe à protéger et restaurer la biodiversité. La décision a été adoptée après que l’Allemagne a changé de manière inattendue sa position, passant de l’abstention à un soutien pour la proposition, à la dernière minute.

     

    Selon le World Wildlife Fund Roumanie, les États membres de l’Union européenne ont décidé d’ignorer les appels de plus de 300 organisations de la société civile et de centaines de milliers de citoyens, qui les encourageaient à suivre les recommandations scientifiques et à renforcer leurs actions pour favoriser la coexistence entre humains et grands carnivores grâce à des mesures préventives. (trad. Rada Stanica)

  • L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    Le programme
    international Life – Euro Large Carnivores, financé en partie par l’Union
    européenne et centré sur la question de la coexistence des humains et des
    grands carnivores en Europe, touchera bientôt à sa fin. Depuis près de cinq
    ans, grâce à la coopération transnationale, le programme cherche à identifier les
    meilleures solutions pour faire en sorte que l’ours, le loup ou encore le lynx
    soient perçus pour ce qu’ils sont : un formidable trésor vivant, une
    chance pour la biodiversité de notre continent.








    Ce même programme s’est
    également donné pour objectif de faire en sorte pour que ces formidables fauves
    puissent continuer à vivre dans leurs habitats naturels, en interférant le
    moins possible avec les humains. En fait, la coexistence entre nous, les
    humains, et les grands carnivores a depuis toujours constitué un problème,
    appelant à des compromis et menant à des adaptations, de part et d’autre. Néanmoins,
    force est de constater que le développement explosif des concentrations et des
    infrastructures humaines au cours des 100 dernières années a considérablement
    réduit l’habitat naturel de la faune européenne, ayant grandement perturbé la
    vie et l’avenir de ces espèces.






    En effet, selon le Fonds
    mondial pour la nature, des activités telles que l’exploitation forestière,
    l’expansion de l’infrastructure de transport et des zones touristiques, le bâti
    et les exploitations agricoles, la récolte intensive de baies ou la chasse
    excessive de certaines espèces, dont notamment celles qui constituent la base
    trophique de grands carnivores, ont fini par mettre en danger la survie des grands
    fauves européens.






    Pour ce qui est de la
    situation spécifique de notre pays, nous nous sommes adressés à Marius Berchi,
    expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, et responsable du volet
    roumain du projet LIFE Euro Large Carnivores : « Nous savons fort bien
    que les activités humaines se développent au détriment des zones sauvages et
    des habitats naturels des espèces sauvages. Et cela ne manque pas d’entraîner
    des conséquences, à plusieurs égards. Prenez les attaques d’ours sur les personnes,
    les dégâts matériels et les pertes économiques engrangées à l’occasion. Aussi,
    des fois, certaines pratiques de gestion de la faune, telle l’alimentation
    complémentaire, qui aide l’animal à s’habituer à l’homme, puis la mauvaise
    gestion des déchets ménagers, ne font qu’empirer le problème. Et l’ours, vous
    le savez sans doute, n’est pas un animal domestique. L’attaque d’un tel fauve
    peut mettre en danger la vie d’une personne. Quant au loup, nous ne disposons pas
    de données récentes, qui fassent état des attaques de cet animal sur des
    victimes humaines. »






    Néanmoins, pour
    réduire les risques d’attaques et le nombre d’incidents de ce genre, il est
    urgent d’enclencher un dialogue entre tous les facteurs impliqués, afin de dégager
    un consensus qui perdure. Or, parmi les acteurs impliqués dans la gestion du
    problème, il faut réunir autour de la table les pouvoirs locaux, des représentants
    des communautés, les agences de protection de l’environnement, les gardes forestiers
    et les gardes-chasse, les gestionnaires de fonds de chasse, les gestionnaires
    de fonds forestiers, les éleveurs d’animaux, les instituts de recherche, les
    universités, les ONG, les opérateurs touristiques et bien d’autres acteurs
    intéressés.






    Marius Berchi
    nous parle de l’approche utilisée par le Fonds mondial pour la nature Roumanie à
    cet égard : « Pour ce qui est des dommages subis par les éleveurs par
    exemple, nous sommes parvenus à faire introduire dans le Plan stratégique
    national un mécanisme, financé par l’entremise de la Politique agricole commune,
    qui prévoit l’acquisition du matériel et des moyens de protection, tels que des
    clôtures électriques, des chiens de berger ou encore des poubelles sécurisées,
    que l’ours ne pourra pas ouvrir. Nous avons ensuite réussi à jeter les bases d’une
    plate-forme régionale pour la coexistence des espèces dans la région des monts
    Apuseni. Vous y trouverez des éleveurs d’animaux, des chasseurs et des
    représentants de la plupart des institutions concernées par le sujet. Je me
    plais aussi de croire que nous avons également contribué à l’accroissement de
    la capacité institutionnelle des acteurs concernés. Nous avons organisé des
    formations thématiques, et je vous donne deux exemples : l’automne dernier, nous
    avons abordé la mise en place d’un système d’évaluation et de suivi de la
    population de loups l’échelle nationale,
    alors qu’une deuxième formation, qui se déroule ces jours-ci, tente de mettre
    en place des équipes d’intervention rapide, rassemblant les maires des
    localités concernées, des gendarmes, des chasseurs et des vétérinaires. Nous
    avons également mené des activités d’information auprès des agriculteurs de la
    région, notamment au sujet des démarches à entreprendre en cas de préjudice,
    pour obtenir des dédommagements en cas de dégâts. Nous avons fait aussi don
    d’équipements de prévention dans le cadre du projet : des clôtures
    électriques et des chiens, voire même des sprays anti-ours. Enfin, nous avons proposé
    des aménagements législatifs et des politiques publiques, pour améliorer la gestion
    de la population d’ours, et nous avons contribué à l’élaboration du Plan
    international d’action pour la conservation des grands carnivores dans les
    Carpates. »








    Quoi qu’il en
    soit, force est de constater l’augmentation de la population de loups, d’ours,
    de lynx et d’autres animaux sauvages en Europe au cours de la dernière
    décennie. Aussi, selon les statistiques, sur une population de plus de 18.000
    ours qui vivent en Europe, la Roumanie abrite un peu plus de 6.700 exemplaires.
    Et sur les 9.000 ratons laveurs recensés sur le continent, 1.200 avaient élu
    domicile dans notre pays. Quant aux loups, si la plupart ont été exterminés
    dans une bonne partie des régions européennes au cours des deux derniers
    siècles, pour atteindre un minimum historique au milieu du XXe siècle, des
    données récentes font état d’une population stable, qui varie entre 2.500 et
    2.900 exemplaires, sur le seul territoire de la Roumanie, une population présente
    notamment dans les régions de hautes collines et de basses montagnes. C’est
    dire l’importance de la Roumanie dans la sauvegarde des grands fauves
    européens. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Jacques Augustin (France) – Les loups en Roumanie

    Par le passé, le loup a été le mammifère le plus répandu sur la planète. Il faut savoir quil a un rôle clé, un rôle sanitaire, celui de régler lécosystème. Cependant, ces deux derniers siècles, les loups ont été exterminés dans la plupart des pays dEurope, pour les dégâts causés notamment aux troupeaux de moutons. Vers le milieu du siècle dernier, leur nombre est le moindre jamais enregistré.



    En Roumanie, la population de loups na jamais disparu. Depuis la nuit des temps, le loup a été considéré un symbole de lintelligence et de la résistance. Il figurait dailleurs sur le drapeau dace. Beaucoup de traditions et coutumes roumaines ont trait à la cohabitation avec cet animal. Les Carpates roumaines recèlent la deuxième plus grande population de loups dEurope, après la Russie.



    Le loup est un animal de taille moyenne, avec une longueur allant jusquà 160 cm et son poids peut aller jusquà 70 kilos pour les mâles adultes. Les femelles adultes ont une longueur allant jusquà 150 cm et pèsent de 18 à 55 kilos. Cest un carnivore qui vit en paires et en meutes. Cette unité fondamentale est composée dune paire capable de se reproduire et de sa progéniture. Le loup a une seule partenaire toute sa vie et le mâle se charge de chasser. Une femelle met bas entre 7 et jusquà 13 louveteaux. Le loup a un odorat, une vue et une ouïe très développés. Il peut détecter lodeur de la proie jusquà 2,4 km, si les conditions sont favorables. Les performances physiques des loups sont impressionnantes. Ils peuvent parcourir même une centaine de km en une nuit pour trouver une proie, et jusquà 200 km par jour. Le loup peut courir à plus de 60 km/h. Lespérance de vie de cet animal est de 15 ans.



    En Roumanie, les chiffres officiels font état dune population stable, comptant entre 2 500 et 2 900 exemplaires à retrouver dans les zones de hautes collines et les montagnes de basse altitude. La densité moyenne du carnivore sur le territoire national est de 1,95 loup par 100 km². Même ainsi, la population de loups est menacée, car son habitat est envahi. Les défrichements et les travaux dinfrastructure morcellent les forêts, et il faut aussi compter le braconnage, mais aussi la présence de chiens errants qui font concurrence aux loups pour la même nourriture. En Roumanie, comme dans toute lUE, le loup est protégé par la Directive Habitats, donc il ne peut pas être chassé. Ce nest que si certains exemplaires ont attaqué ou sils représentent un danger imminent pour les animaux de ferme que les loups peuvent être abattus, sur dérogation délivrée par le ministère de lEnvironnement.



    En fait, le loup est un animal timide, et les attaques sur les gens sont extrêmement rares. Les conflits se font jour suite aux attaques sur les animaux des bergeries, notamment sur les moutons. Elles peuvent être réduites par ladoption de mesures efficaces – telles des clôtures électriques ou par des chiens de races homologuées, spécialisés pour le gardiennage du cheptel. Différentes études indiquent que les loups ne prélèvent quun faible pourcentage des troupeaux dovins, se nourrissant plutôt de cervidés et de sangliers.



    Si le loup est en surpopulation ? Cela dépend à qui vous posez la question. Les chasseurs et les éleveurs vous répondront par l’affirmative. Il existe des associations qui militent pour accroître le niveau de prise de conscience de la population sur la nécessité de conserver le loup dans son environnement naturel. Et aussi pour promouvoir une meilleure coexistence homme-loup. Et il existe aussi un projet pour les grands carnivores des Carpates qui a ouvert une première pension à Zărneşti en 1998, et qui accueille des touristes désireux dobserver les loups. Dautres ont été ouvertes depuis. Le loup permet donc aussi de gagner de largent, entre autres.

  • Prévention des conflits avec les grands carnivores dans les Monts Apuseni

    Prévention des conflits avec les grands carnivores dans les Monts Apuseni

    La conservation de la biodiversité conduit parfois aussi à la proximité de certains animaux sauvages avec les zones habitées ou les zones dactivité humaine. Il existe bien de cas de sangliers entrés sur des terrains agricoles qui ont détruit les récoltes ou bien dours ou de loups qui ont attaqué les troupeaux et même les bergers dans les bergeries isolées. Parce que l’élimination physique des animaux sauvages ne peut être autorisée que dans des cas extrêmes, la solution la plus appropriée est d’éviter les conflits avec les grands carnivores. World Wide Fund Roumanie a développé un projet, intitulé « Euro Large Carnivores » et cofinancé par lUnion Européenne, qui a soutenu financièrement des centaines de personnes au fil des années pour le développement et la mise en œuvre de mesures de protection contre les grands carnivores, à la fois les méthodes traditionnelles et les outils modernes conçus pour réduire le risque de se faire attaquer par les prédateurs. Afin de démontrer lefficacité de ces méthodes et dencourager leur utilisation, WWF Roumanie a fourni des clôtures électriques ainsi que des chiens de garde et de défense à plusieurs éleveurs du Parc Naturel dApuseni. Livia Cimpoeru, experte en communication chez World Wide Fund Roumanie, nous donne des détails :



    «Nous voulons prouver quune meilleure coexistence avec les grands carnivores – lours, le loup ou le lynx – est possible dans les Carpates et cela est prouvé par les anciennes méthodes de protection des troupeaux, développées par les bergers roumains au cours des siècles, cest-à-dire lutilisation des chiens de garde et de défense, ainsi que par les méthodes modernes telles que les clôtures électriques. Nous avons voulu le démontrer par cette action menée en juillet, août et septembre de cette année, et qui vient dêtre terminée. Nous sommes allés voir plusieurs éleveurs de la région des Monts Apuseni pour identifier les bergeries ayant les plus grands problèmes et les plus grands besoins liés à la garde des troupeaux. En août, nous sommes allés sur le terrain, nous avons installé ces clôtures électriques et fourni des chiens de la race berger roumain des Carpates.»



    Le projet est en phase dessais. Les éleveurs se sont vu offrir 5 paires de chiens de cette race, afin de les encourager à se tourner vers le berger roumain des Carpates, qui a prouvé ses qualités spécifiques. Livia Cimpoeru :



    «Nous avons décidé de nous tourner vers cette race canine parce quelle a fait sa sélection naturelle au fil des siècles. Cest une race roumaine qui sest développée dans le relief et le climat des Carpates et qui est parfaitement adaptée à lenvironnement de la Roumanie. Ces chiens ont quelques caractéristiques particulières. En plus dêtre très intelligents, ils ont ces deux qualités caractéristiques très importantes, la garde et la défense, qui sont deux choses différentes. La défense signifie non seulement quil observe et se déplace tout le temps autour des troupeaux pour identifier les prédateurs, mais il va aussi à leur encontre, cest-à-dire quil sexpose au danger et ne laisse pas les prédateurs sapprocher des moutons. Cest essentiellement comme ça que lon connait un bon chien de garde et de défense.»



    Dans le cadre du même projet, « Euro Large Carnivores », seront organisés des réunions des éleveurs d’animaux roumains avec ceux dAutriche et dAllemagne, où, après de nombreuses années, de grands carnivores sont apparus à nouveau. En labsence de ces prédateurs, les éleveurs dEurope occidentale ont abandonné les méthodes traditionnelles de défense, tandis quen Roumanie, ces méthodes ont été transmises dune génération à lautre.


    (Trad. : Felicia Mitraşca)

  • Un service des urgences destiné aux animaux sauvages

    Un service des urgences destiné aux animaux sauvages

    En ce début octobre, la ville de Sibiu et notamment ses forces de l’ordre faisaient la Une de la presse roumaine. Après avoir cavalé, pendant trois heures, dans les rues, sur des toits et des places de la ville du centre de la Roumanie, un ourson âgé d’environ 5 ou 6 ans était finalement abattu par balles. Une cinquantaine de policiers, gendarmes et agents de la Direction sanitaire vétérinaire départementale avaient été mobilisés pour capturer l’animal vivant, une mission déclarée impossible après l’utilisation, sans succès, de seulement quatre projectiles tranquillisants. Une vague de protestations a suivi à travers le pays, les Roumains se déclarant scandalisés par la légèreté avec laquelle les autorités de Sibiu ont pris la décision d’abattre l’animal. Pour leur part, les autorités ont affirmé qu’aucune procédure n’existait actuellement pour gérer une telle situation de crise, à savoir l’incursion d’un animal sauvage dangereux dans une agglomération urbaine.

    Et pourtant, ce genre de cas semble se multiplier en Roumanie et notamment à Brasov, dans le centre du pays. Ironiquement, cet incident est survenu juste après le rejet, par le ministère, de l’environnement d’un projet de décret gouvernemental introduisant des quotas très élevés d’ours, de chat sauvage et de loup qui pourraient être tués au cours de l’actuelle saison de chasse. Bref, s’il entrait en vigueur, ce très controversé projet législatif aurait permis aux chasseurs d’abattre plus de 1700 animaux sauvages protégés par la loi. Pour leur part, les associations des chasseurs affirment que les animaux en question devraient être tués s’ils provoquaient des dégâts dans les communautés humaines. Vu que ces associations font le comptage des animaux et organisent des parties de chasse avec des participants étrangers pour faire des profits notables – un trophée d’ours vaut environ 8000 euros, les associations de protection de l’environnement ont proposé une révision des quotas de chasse et des solutions alternatives dans le cas des animaux protégés par la loi.

    Parmi elles, un Service des urgences destiné aux animaux sauvages, soit une organisation qui aurait pu capturer l’ourson de Sibiu sans le tuer, par exemple. Ecoutons Cristiana Pasca Palmer, ministre roumaine de l’environnement : Nous allons créer, au plus vite, immédiatement même, un service des urgences pour les animaux sauvages. En appelant le numéro unique d’urgence 112, les personnes qui ont souffert des dégâts causés par ces animaux ou celles, qui se sentent menacés, recevront l’aide d’une cellule de crise qui interviendra dans une première phase sans tuer l’animal. C’est uniquement en cas de situation grave que cette équipe peut l’abattre. Le Ministère de l’environnement pourra invoquer alors l’Article 16 de la Directive européenne Habitats et obtiendra une dérogation. C’est ainsi que nous utilisons correctement la Directive Habitats. Donc, si nous avons un problème, un seul ours peut être abattu, l’intervention est ponctuelle et vise seulement l’animal qui a produit des dégâts. Mais en même temps, nous devons mettre en page une méthodologie claire, même si elle est assez chère. Son élaboration peut couter jusqu’à 2 ou 3 millions d’euros parce qu’il faut réaliser des études génétiques. Dans un premier temps, ce service d’intervention rapide, mis en place en partenariat avec le Ministère de l’intérieur, sera doublé par un Comité de permanence au Ministère de l’environnement. Un spécialiste y sera disponible 24 heures sur 24, pour approuver une dérogation, donc pour assurer un cadre légal à une telle intervention, si besoin est. En même temps, un groupe élargi, formé d’experts, mais aussi des représentants des fermiers et des chasseurs, sera chargé de mettre à jour les conclusions d’une ancienne étude dont nous sommes, en quelque sorte, les prisonniers, a expliqué Cristiana Pasca Palmer, la ministre roumaine de l’environnement.

    Selon les chiffres officiels, environ 5 mille animaux sauvages, d’espèces protégées, soit 2374 ours, 1586 loups et 898 chats sauvages, ont été chassés en Roumanie entre 2007 et 2015, sur des dérogations établies par ordre des différents ministres de l’environnement, en vertu de l’article 16 de la Directive Habitats de l’UE. Pour ce qui est du lynx, le quota de chasse a été supprimé en 2013 et donc le nombre d’exemplaires tués entre 2007 et 2012 s’est arrêté à 120. Malheureusement, pour un certain ourson égaré dans la ville de Sibiu, l’initiative du ministère de l’environnement, de créer un service spécialisé dans la gestion des animaux sauvages, est venue un peu trop tard.

  • Les Philippes d’automne

    Les Philippes d’automne

    Selon la croyance populaire des Roumains, la saison froide débute plus tôt que ne l’indique le calendrier civil. Le calendrier traditionnel de la mi-septembre comporte toute une série de fêtes automnales, dont celle dite des Philippes. En cette saison, qui fait la transition entre l’été et l’hiver, les villageois de maintes contrées de Roumanie pratiquaient jadis plusieurs coutumes censées les protéger et refaire l’équilibre cosmique.

    Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare nous a fourni davantage de détails à ce sujet: Selon le calendrier populaire, nous sommes déjà entrés dans la saison froide, d’où les changements qui s’opèrent dans les représentations de l’homme traditionnel. Si les animaux à valeur symbolique auxquels on se rapportait jusqu’ici étaient le serpent et l’ours, désormais c’est au loup d’être le fauve le plus respecté. A preuve les nombreuses journées que lui consacre le calendrier traditionnel, notamment au mois d’octobre. Passé le 23 septembre, les fêtes se multiplient. Les journées commencent à se rétrécir, alors que les nuits se font de plus en plus longues. Le loup symbolise à la fois le soleil et les ténèbres, la nuit. Le 22 septembre marque le début de la fête connue sous le nom de Philippes d’automne. Les 26 et 28 septembres, les villageois suivent le plus rigoureusement les coutumes associées à cette fête traditionnelle, car le loup peut s’avérer l’ami de l’homme, mais aussi son grand ennemi.

    La croyance populaire désigne par le nom de Philippes les sept apôtres qui auraient échappé à une meute de loups grâce à leur foi ou bien des mauvais esprits punissant sévèrement ceux qui transgressent certaines règles. Pourtant, dans la plupart des cas, les Philippes sont considérés comme protecteurs des foyers contre les incendies et les animaux sauvages. Pendant l’hiver, les loups s’approchent dangereusement des villages. C’est ce qui explique la préservation en milieu rural des vieilles coutumes à rôle de protection.

    Delia Suiogan : En ces jours de fête, on observe le jeûne et on garde le feu allumé, car c’est lui que craint le loup venu s’attaquer au foyer et au bétail, notamment aux moutons. Cette période de l’année est d’ailleurs jalonnée de nombreuses fêtes pastorales. Par tradition, loup et brebis ne sont pas amis. Voilà pourquoi en célébrant ces fêtes les gens tentent de rétablir un certain équilibre entre les deux bêtes, car cet équilibre est crucial pour le nouveau cycle de la vie pastorale qui vient de débuter. Bref, le calendrier populaire consacrent au loup plusieurs jours, vers la fin septembre et tout au long du mois d’octobre.

    Les ethnologues ont remarqué une possible correspondance dans les calendriers populaire celtique et roumain du point de vue des fêtes marquant les différents cycles de l’activité pastorale. (Trad. : Mariana Tudose)

  • La Journée du Loup

    La Journée du Loup

    Le 8 juillet, les Roumains vivant en milieu rural, dans des communautés traditionnelles, marquent la Journée du Loup. Connue dans le calendrier traditionnel sous le nom de Precup, cette fête pré-chrétienne a été liée plus tard à la fête des Saints Pierre et Paul (en roumain: Petru et Pavel).

    Détails, avec Delia Suiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare: « C’est une fête pré-chrétienne très ancienne, qui, malheureusement, est tombée dans l’oubli de nos jours. Ce qui en reste, ce sont plutôt des croyances, des rites anciens, qui ne sont pas forcément liés à la date du 8 juillet, mais plutôt à la légende de Precup. On dit que Precup ou Pricopie était le frère de Saint Pierre. D’ailleurs Saint Pierre était le patron des loups et pouvait les contrôler. Aux dires de la légende, le 8 juillet, le jour de Precup, était une fête qu’il fallait strictement respecter, notamment par les bergers. Sinon, les loups mangent les moutons ou les vaches des bergers qui ne marquent pas cette fête. En plus, c’était un moment à respecter principalement par les hommes, car c’étaient les hommes qui s’occupaient des bergeries ».

    Dans la tradition roumaine, Saint Pierre était considéré comme le maître des loups. Début juillet, le loup est très actif. C’est pourquoi le jour de Pricopie était si important: selon les légendes, Pricopie pouvait maîtriser les prédateurs et protéger les fermes. Plus encore, tant Saint Pierre que ce personnage de l’imaginaire populaire roumain appelé Pricopie étaient responsables des phénomènes météorologiques extrêmes pendant l’été.

    L’ethnologue Delia Suiogan explique: « Precup est le grand maître des pluies. Si Saint Pierre punit tous ceux qui ne respectent pas sa fête, en lançant la grêle sur leurs terres, Precup est celui qui fait «bouillir» la grêle. Par conséquent, le 8 juillet, à écouter attentivement, on peut entendre le son du feu qui brûle la pierre jetée par Saint Pierre, car Precup veut que la grêle n’endommage pas trop les terres. C’est pourquoi la fête de Precup ou Pricopie était bien respectée et qu’il apparaît comme un saint martyr dans le calendrier chrétien».

    Le Jour du Loup présage non seulement des dégâts dans le fermes mais aussi des catastrophes. Delia Suiogan nous en dit davantage: «On dit aussi que si le coucou n’a pas cessé de chanter avant le 8 juillet, soit le jour de Precup, un grand malheur arrivera : une guerre, une catastrophe. C’est Precup qui empêche l’oiseau de chanter en le muselant avec des épis de blé. D’ailleurs on dit que la moisson commence par la fête de Precup, lorsque tous les épis sont bien mûrs et dorés».

    Bref, dans le calendrier traditionnel roumain, le Jour du Loup reste une des fêtes les plus importantes de l’été. (Trad. Valentina Beleavski)