Tag: loups

  • Appel à la protection des loups

    Appel à la protection des loups

    Les loups sont revenus de manière remarquable dans les paysages de la Roumanie et de l’Union européenne, grâce à la protection stricte qui leur a été accordée par la Directive Habitats du 1992. Ces prédateurs jouent un rôle clé dans le maintien de la biodiversité et de la santé des écosystèmes. Par exemple, ils contrôlent les populations de cerfs et de sangliers, ce qui favorise d’autres espèces animales et végétales. Ils jouent également un rôle de nettoyeurs au sein de leurs écosystèmes et aident à freiner la propagation de la peste porcine. Ils peuvent ainsi améliorer l’état des habitats et contribuer à la restauration des processus naturels, et par conséquent des écosystèmes.

     

    Cependant, en dépit des nombreux bénéfices que les loups apportent, leur retour s’accompagne également de certains défis, notamment pour les agriculteurs et les propriétaires de terrains. L’absence de ces carnivores dans les paysages européens pendant 150 ans a marqué une période où la question de la coexistence et des mesures nécessaires pour vivre en sécurité en leur présence n’avait pas besoin d’être envisagée. À présent, la question légitime qui se pose est de savoir à quel point ces mesures sont bien comprises et promues par les parties prenantes. Selon un communiqué de World Wild Fund Roumanie, les loups ont longtemps été victimes de calomnies, sans pour autant avoir une véritable compréhension de leur rôle crucial dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes. Dès que les populations de loups sont revenues en Europe, ils ont de nouveau été perçus comme une menace, tout en oubliant qu’eux aussi sont des habitants natifs du continent.

     

    Cristian-Remus Papp est le coordinateur du Département des espèces sauvages chez WWF-Roumanie. Il nous a expliqué que la majorité des États-membres de l’UE ont convenu d’adopter la proposition de la Commission européenne visant à réduire le statut de protection du loup en vertu de la Convention de Berne :

     

    Cristian-Remus Papp : « La Convention de Berne est la convention la plus ancienne qui traite de la protection et de la conservation de la biodiversité. Adoptée en 1979, elle a eu plusieurs tentatives – par exemple en 2002, puis en 2005 – de réduire le niveau de protection de différentes espèces. Même en 2022 une telle réduction avait été envisagée pour le loup, mais les arguments étaient toujours contre. L’année dérnière, la Commission européenne a commandé une étude à l’échelle européenne pour évaluer la coexistence avec les loups, identifier les principales causes des conflits, leur ampleur, et les montants versés en compensation. La conclusion a été que le loup ne constitue pas une menace, contrairement aux discours politiques. Certes, il existe des conflits, notamment là où les mesures de prévention des incidents ne sont pas mises en place, mais les chiffres penchent plutôt en faveur du loup. Par conséquent, nous ne devrions pas prendre une décision aussi radicale. »

     

    World Wild Fund Roumanie explique que ce changement ouvre la porte au sacrifice des loups comme fausse solution au problème de la prédation des animaux domestiques, ce qui va complètement à l’encontre de l’engagement de l’Europe à protéger et restaurer la biodiversité. La décision a été adoptée après que l’Allemagne a changé de manière inattendue sa position, passant de l’abstention à un soutien pour la proposition, à la dernière minute.

     

    Selon le World Wildlife Fund Roumanie, les États membres de l’Union européenne ont décidé d’ignorer les appels de plus de 300 organisations de la société civile et de centaines de milliers de citoyens, qui les encourageaient à suivre les recommandations scientifiques et à renforcer leurs actions pour favoriser la coexistence entre humains et grands carnivores grâce à des mesures préventives. (trad. Rada Stanica)

  • Jean-Marie Monplot (France) – A-t-on le droit de chasser ou tuer les loups, ou sont-ils protégés?

    Jean-Marie Monplot (France) – A-t-on le droit de chasser ou tuer les loups, ou sont-ils protégés?

    Il y a plusieurs articles alarmants dans la presse roumaine, qui attirent l’attention sur un signal d’alarme tiré par WWF Roumanie, le Fonds mondial pour la nature. Justement au sujet de loups, animaux protégés, à l’instar d’autres, et qui font l’objet d’un ordre en débat public sur le site du ministère de l’Environnement. Et qui propose ni plus ni moins que de tuer 552 ours, 657 loups, 482 chats sauvages et 68 lynx en 2017, qui sont aussi des espèces protégées non seulement au niveau national, mais aussi au plan européen. Les associations de défense de la nature et des animaux s’y opposent avec véhémence. En fait, après avoir limité le nombre des chiens des troupeaux, les chasseurs essaient d’arriver à leurs fins et à cet effet, tous les moyens sont bons. Le ministère de l’Environnement est en charge de protéger la faune et la flore, fait valoir Magor Csibi, représentant de WWF Roumanie, or les chasseurs ont réussi à mettre en débat public ce projet de loi proposant de supprimer 1691 animaux protégés. La motivation, c’est de limiter les dégâts produits par les animaux sauvages, alors que les chats sauvages et les lynx ont causé des dégâts de 0 lei l’année dernière, s’insurge-t-il.

    Plusieurs associations d’environnement, indignées par le nouvel ordre, se sont mobilisées et demandent au ministère de l’Environnement de revoir les quotas de chasse et de trouver des solutions alternatives. Elles font valoir que les études de spécialité indiquent qu’en dépit du fait que les estimations d’effectifs d’animaux sauvages ne correspondent pas avec la réalité, le ministère continue d’ignorer les avis des experts qu’il consulte, la législation européenne en vigueur et les causes réelles des problèmes.

    Dans un communiqué de presse, ils pointent du doigt les autorités, qui ne proposent pas d’alternative à la chasse, telles que des mesures de prévention des conflits avec les animaux sauvages, des clôtures électriques etc. Et critiquent le fait que l’étude préalable à l’établissement de ces quotas n’a porté que sur les ours, les loups et les chats sauvages, mais pas sur le lynx, or pour chasser les 68 lynx, aucune explication n’est fournie. Pire, 6 des 9 experts consultés ont contesté le résultat de l’étude. WWF Roumanie indique qu’un système de raportage et d’administration où les chasseurs comptent, gèrent, chassent et obtiennent du profit sur le compte des animaux sauvages engendrera des erreurs graves, car tous les leviers sont entre les mains de ceux qui ont un intérêt direct. L’industrie de la chasse génère des millions d’euros ; un seul trophée d’ours vaut en moyenne 8000 euros, donc les motivations qui sous-tendent l’ordre en débat public sont pour le moins douteuses. Les observations des membres des associations sur le terrain indiquent que les estimations faites par les gestionnaires de fonds cynégétiques sont largement surévaluées.

    Une fois confrontées avec les estimations faites par WWF Roumanie, certains de ces fonds ont réduit leurs effectifs rapportés, qui étaient parfois même 5 fois moindres. Un taux de croissance du nombre d’ours bruns de 50% plus grands que n’importe où ailleurs dans le monde, selon les données officielles, est improbable par rapport aux caractéristiques biologiques de l’espèce. Les quotas de chasse, eux, sont à la hausse chaque année. Les animaux en question sont protégés par la directive européenne Habitats. Y déroger peut se faire uniquement par l’adoption de solutions alternatives, or l’étude à la base de cet ordre ne propose que la chasse pour réduire les dégâts. Le niveau des dégâts, également rapportés par les chasseurs, croît d’une année à l’autre, pour justifier la chasse des grands carnassiers. Les associations d’environnement font valoir que les autorités ne traitent que les effets, mais ignorent les causes réelles des problèmes, en l’occurrence les déforestations, l’absence d’un système de compensations efficaces en cas de dégâts produits par ces animaux, le manque de sécurisation des communautés locales ou l’absence d’une stratégie pour les grands carnassiers des forêts roumaines, lit-on dans la presse. Espérons que les associations de défense des animaux et de protection de l’environnement aient gain de cause, pour éviter un carnage.

  • Les loups des Carpates

    Les loups des Carpates

    La
    Roumanie compte une des plus grandes populations de loups d’Europe, mais même
    ainsi, l’espèce est menacée à cause du morcellement de l’habitat, du
    braconnage, des conflits avec les chasseurs ou de l’absence d’une gestion de la
    situation par les autorités. Le manque d’un plan de management au niveau
    national et l’absence d’informations concrètes sur la structure et la dynamique
    de la population de loups peuvent conduire à la mise en place de mesures de
    gestion erronées qui affectent l’existence de cette espèce sur le long terme.
    Afin de maintenir une population viable et saine de loups dans les Carpates,
    sur le long terme, l’Agence pour la protection de l’environnement du comté de
    Vrancea (est), en collaboration avec les agences de ceux de Harghita et Covasna
    (centre) et avec une ONG locale, mènent le projet européen WolfLife. Il s’étale
    sur 4 ans, jusqu’en 2018, dans la partie centrale et méridionale des Carpates
    orientales, sur l’étendue de six départements. Bien qu’au niveau national et
    international, les loups soient protégés par toute une série de lois et
    conventions, telles que la Convention de Berne, la Convention Cites, la
    Directive européenne ou la Loi de la chasse, cette espèce continue d’être
    menacée, et le projet WolfLife pourrait améliorer leur situation. Une année
    après le lancement du projet, quelques données importantes ont été collectées
    sur la vie des loups des Carpates.






    Silviu Chiriac,
    chef de projet et expert en conservation des grands carnassiers à l’Agence de
    protection de l’environnement de Vrancea : « Nous avons identifié,
    tout d’abord, la présence de chiens errants dans les habitats peuplés par le
    loup comme étant une menace sérieuse en raison des maladies et de la
    concurrence de ces chiens errants. Nous avons également considéré que le grand
    nombre de dégâts produits par le loup aux fermiers pouvait mener à une escalade
    des conflits entre les fermiers et cette espèce, ce qui pouvait se solder par
    une mortalité élevée parmi les loups. Nous avons pensé aussi que l’image
    négative du loup parmi la population rurale et urbaine de la Roumanie pouvait
    intensifier les conflits à l’avenir aussi. En partant de ces menaces, nous nous
    sommes proposé d’appliquer sur le terrain, dans l’espace des 6 comtés concernés
    (Vrancea, Bacău,
    Mureş, Covasna, Harghita şi Neamţ), des actions concrètes
    de préservation et de protection de cette espèce. »






    Parmi les actions menées
    dans le cadre du projet, un inventaire des meutes présentes sur le terrain a
    été dressé, et aussi de leur mortalité. Les habitudes des loups ont été
    étudiées, en matière d’établissement des territoires et de leur superficie, de
    déplacement des meutes, leur taille ou encore la diète de ces animaux.






    Silviu
    Chiriac: « En ce qui concerne la grandeur des territoires
    et des meutes ainsi que le nombre d’individus dans chacune, nous avons appris
    que les meutes des Carpates de Courbure ne sont pas si fortes point de vue
    nombre que celles d’Amérique du Nord. Ici, la grandeur moyenne d’une meute
    pendant l’hiver les de 3-4-5 individus, alors qu’en Amérique du Nord, les
    meutes de loups peuvent atteindre même 24 individus. La taille des meutes est
    directement proportionnelle à la quantité de nourriture disponible, car même si
    nous avons des populations viables d’espèces de proies (chevreuil, cerf,
    sanglier), elles ne sont pas pour autant si importantes que l’affirment
    les administrateurs des fonds cynégétiques. Nous avons appris
    que les chiens errants représentent 20% des proies des loups. D’où la
    conclusion que soit les chiens errants vivant dans les forêts sont très
    nombreux, ce qui confirme la menace que nous avons identifiée, soit que la
    nourriture traditionnelle des loups, à savoir les espèces d’ongulés, n’est pas
    suffisante. »








    Les informations recueillies grâce au projet
    WolfLife montrent que les chiens errants et les chiens de bergers non
    surveillés ont un impact significatif sur les espèces faunistiques sauvages.
    Pour résoudre ces problèmes, les éleveurs de bétail sont conseillés de renoncer
    aux chiens métissés en faveur des traditionnels chiens de bergers.






    Explications avec Silviu Chiriac: « A compter de mars, le
    ministère roumain de l’Environnement sera l’unique institution européenne du
    domaine à disposer d’un chenil destiné à l’élevage des chiens de berger roumain
    des Carpates. Les exemplaires de cette race homologuée en Roumanie ont fait la
    preuve de leur efficacité en tant que gardiens de troupeaux. C’est un chien
    docile, qui ne s’attaque pas aux hommes et ne s’éloigne pas trop du périmètre
    de la bergerie pour chasser les bêtes fauves. Avec l’aide de cette race, nous
    essayons d’aider les bergers à mieux protéger les enclos. Nous souhaitons
    mettre en place un réseau de propriétaires de chiens de berger. Dans une
    première étape, nous allons leur donner, gratuitement, un mâle et une femelle
    de cette race. Ensuite, les bergers s’engageront, sur la base d’un contrat, à
    prendre soin de cette famille canine et à offrir, à leur tour, des chiots à
    d’autres éleveurs d’animaux. Nous espérons que ce réseau s’élargira et qu’il
    sera vraiment utile aux bergers. »








    Le projet
    WolfLife vise aussi à une meilleure cohabitation entre les loups et les
    habitants, précise Silviu Chiriac: « Dans les 6 comtés concernés par le
    projet, nous avons créé une aire de démonstration, pour montrer aux bergers
    comment réduire les dégâts causés aux bergeries par les loups, les ours et les
    lynx. 6 fermiers de ces 6 départements ont reçu à titre gracieux des barbelés
    électrifiés et toute sorte de systèmes acoustiques et olfactifs qui aident à diminuer les dégâts produits
    par les loups. A partir de l’été prochain, nous y emmènerons des fermiers de
    certaines autres contrées pour de courtes visites leur permettant de voir sur
    place comment ça fonctionne. »









    Les loups jouent un rôle
    essentiel dans le maintien de la viabilité de la faune sauvage et dans
    l’existence d’écosystèmes naturels sains et précieux d’un point de vue
    écologique, scientifique et touristique. Les Carpates roumaines abritent plus
    de 2700 exemplaires de loup. (Trad. Ligia Mihaiescu)

  • Jean Marie Monplot (France) – La protection des loups en Roumanie

    Jean Marie Monplot (France) – La protection des loups en Roumanie

    Lancé le 1er juillet dernier, Wolflife est le premier projet de protection exclusive des loups de Roumanie financé à hauteur dun million deuros par la Commission européenne grâce au programme Life et “Nature et biodiversité”. Par le biais du projet “Wolflife”, les Agences pour la protection de lenvironnement (APM) des départements de Vrancea, Harghita et Covasna, ainsi que lAssociation pour la conservation de la biodiversité biologique devront mettre en place, durant les quatre prochaines années, une stratégie grâce aux données collectées sur le terrain. Le projet se propose principalement de préserver une population de loups sur 18 sites du réseau “Natura 2000”, dispersés dans les départements de Vrancea, Covasna, Harghita, Bacău, Neamţ et Mures. Aux dires du manager du projet, Szabo Szilard de l’Agence pour la Protection de l’Environnement du département de Harghita, le projet se propose notamment de conserver et de protéger le loup et son habitat naturel menacé de plus en plus par les travaux d’infrastructure routière et ferroviaire.



    Szabo Szilard : « On s’est proposé plusieurs objectifs, notamment une meilleure conservation de cette espèce par des projets censés protéger ses habitats, par une diminution des conflits avec les bergers et surtout par une solution au problème des chiens errants dont un nombre impressionnant peuple déjà nos forêts. Il y a pas mal de maladies que ces chiens peuvent transmettre aux loups. Selon des études concernant le nombre des chiens errants vivant dans la nature, rien que dans la réserve naturelle de Putna- Vrancea il y a quelque 90 exemplaires qui pratiquement se disputent le territoire avec les loups qui y vivent. Or, si l’on tient compte du fait que le projet se déroule dans six zones de Roumanie, nous avons au total 300 chiens errants qui vivent en plein cœur de la forêt et qui sont une véritable menace pour les loups et les bergers ».



    La Roumanie se classe parmi les pays européens qui recensent une forte population de loups. Aux dires des spécialistes, entre 2.500 et 3000 exemplaires seraient répartis sur neuf millions dhectares, principalement dans les zones de collines et de basses montagnes, le long de la chaîne des Carpates. Par conséquent, un projet comme Wolflife devient d’autant plus important qu’il s’agit d’une part, de protéger le loup et de l’autre daméliorer limage que cet animal a auprès des communautés locales, surtout auprès des bergers et des chasseurs. De ce point de vue, le projet prévoit la création d’un chenil pour l’élevage des chiens de la race « bergers roumains des Carpates ». Ces chiens seront par la suite dressés et offerts aux bergers pour qu’ils puissent mieux protéger leurs troupeaux et limiter donc les possibles attaques des loups.



    Szabo Szilard de l’Agence pour la Protection de l’Environnement du département de Harghita : « La bonne tradition roumaine de faire garder ses troupeaux par des bergers roumains des Carpates s’est pratiquement perdue. A l’heure actuelle, les bergers ont recours à des chiens qui n’ont pas les qualités nécessaires pour protéger les animaux. Et je voudrais ajouter encore un détail : à la différence des ours, la Roumanie n’a pas de réserve destinée aux loups. Nous avons un seul centre, à Focsani, où l’on peut accueillir des animaux sauvages pour les soigner ou les abriter, mais ce n’est pas un centre spécialement destiné à la protection des loups ».



    Szabo Szilard souligne également la nécessité que la population change de mentalités et qu’elle n’associe plus le loup à ce personnage négatif des contes de fées: « Il est très important que les mentalités changent et il est impérieusement nécessaire que l’on arrive à évaluer correctement les dégâts provoqués par les populations de loups. Les statistiques élaborées par d’autres pays européens montrent que ces fauves ne sont pas toujours responsables de tous les dégâts qu’on leur impute et que, souvent, il s’agit des attaques des chiens sauvages. Or, ce projet nous permettra d’organiser des cours et de doter nos équipes de spécialistes afin d’obtenir une évaluation correcte des dégâts ».


  • La campagne «Appréciez la nature»!

    La campagne «Appréciez la nature»!

    En Roumanie, les Carpates abritent une des populations de loups, ours, chamois et lynx les plus nombreuses d’Europe. La Roumanie est d’ailleurs le seul pays européen à couvrir 5 régions biogéographiques, sur les 11 identifiées sur le continent. N’empêche. Les aires protégées des Carpates sont sous-financées. Selon une étude élaborée par la Régie Nationale des Forêts en partenariat avec le Fonds Mondial pour la Nature, les 25 prochaines années, la Roumanie risque de perdre près de 9 milliards d’euros, en l’absence de mesures en vue d’une meilleure gestion des aires protégées. L’étude a été réalisée dans le cadre d’un projet visant à accroître le financement du système d’aires protégées des Carpates, mis en place par le Programme des Nations Unies pour le développement. Selon cette étude qui repose sur des données et des chiffres recueillis dans 5 parcs pilotes, les aires protégées représentent un bien économique important et productif, mais le sous-financement peut entraîner un déclin de la biodiversité et la perte d’importants bénéfices pour l’économie du pays.



    Et c’est toujours dans le cadre de ce projet qu’a été lancée la campagne « Appréciez la nature » qui appelle à la protection de la nature et à un meilleur financement de ce secteur. Dragos Mihai, chef service Aires protégées dans le cadre de la Régie nationale des forêts Romsilva : « On estime que la diversification des sources de financement est un but à défendre à l’avenir aussi. Il est difficile pour un seul financeur d’assurer les montants nécessaires à une gestion adéquate de ces aires protégées. En 2014, hormis les sources de financement provenant de Romsilva, et destinées aux 22 administrations sur un total de 29 à l’heure actuelle, on considère comme utile le financement par le gouvernement roumain d’une partie des besoins dans ces aires protégées. De même, on s’attache à convaincre le secteur privé d’accorder une attention accrue et en même temps un appui financier à la gestion de ces zones. Et ce justement parce qu’une partie de leurs recettes est due à la bonne gestion et à la conservation de la nature dans les régions concernées ».



    Romsilva investit chaque année près de 3 millions d’euros dans la gestion des 22 aires et parcs naturels, soit 2 millions de moins par rapport au montant nécessaire. Selon la Fédération des Patronats du Tourisme et des services, les aires protégées de Roumanie ont un potentiel incroyable et pourraient entraîner des recettes substantielles si une taxe d’accès y était mise en place. Bien qu’elles ne bénéficient pas de promotion, ces aires accueillent chaque année près de deux millions de touristes. Les auteurs de l’étude affirment que les opérateurs économiques qui déroulent des activités dans le domaine touristique ou celui des eaux minérales devraient faire leur devoir envers les ressources qui permettent à leurs affaires d’exister. Par exemple, une partie des fonds obtenus par un tour opérateur pourrait être investie dans l’infrastructure nécessaire à la visite de l’aire protégée ou encore dans sa promotion.



    D’autre part, une partie des fonds nécessaires à la conservation des espèces d’intérêt communautaire pourrait être assurée par le budget de l’Etat ou à travers des projets financés par le Fonds destiné à l’environnement, opine le chef service Aires protégées, Dragos Mihai: «La Roumanie doit rendre compte périodiquement du statut de conservation des espèces d’intérêt communautaire et des habitats. La Roumanie a pris cet engagement et c’est pourquoi je pense qu’un certain montant du budget de l’Etat pourrait être alloué à ce secteur. De même, les projets sont très importants mais ils visent pour la plupart des aspects ponctuels de surveillance d’une espèce, d’un habitat, d’identification de l’aréal d’une espèce à l’intérieur d’une aire protégée. »



    Plusieurs ressources issues de mécanismes de financement internationaux, en l’occurrence le Fonds Global de l’Environnement, sont arrivées en Roumanie à travers le PNUD, fait savoir la directrice des programmes PNUD Roumanie, Monica Moldovan. Le Fonds Global d’environnement est le mécanisme financier de plusieurs conventions des NU sur l’environnement, dont celle sur la biodiversité. Monica Moldovan : « Ce projet est une suite naturelle du partenariat avec la Régie des forêts, Romsilva, et le ministère de l’Environnement. Ce partenariat a commencé il y a plus de 8 ans. Plusieurs initiatives et projets ont vu le jour dans certains parcs nationaux et naturels. L’occasion de tester plusieurs mesures que nous mettons à présent en œuvre à l’échelle nationale. En 2007-2008 on a procédé à une évaluation économique des services dans les écosystèmes du Parc national les Monts Macinului et du Parc naturel les Monts Maramures. A présent on se propose d’aller plus en profondeur et d’élargir notre travail à l’échelle nationale. De même, on souhaite partager les résultats obtenus avec d’autres pays carpatiques. L’actuel financement des aires protégées assure seulement la moitié des besoins des parcs gérés par la Régie nationale des forêts. Or, les sources de financement devraient être doubles, voire triples ».



    La campagne «Appréciez la nature» s’ouvrira sur une action de marketing direct destinée aux parlementaires et aux membres du gouvernement, lesquels pourraient mettre en place des solutions pour la diversification des sources de financement de ces zones. Et c’est toujours dans le cadre de cette campagne qu’a été lancé le site www.punepretpenatura.ro contenant entre autres des informations sur la législation en vigueur… (trad. : Alexandra Pop)


  • Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Ce programme européen appuie financièrement des projets de préservation de lenvironnement et de la biodiversité dans tous les Etats membres. Le dernier appel à propositions, de septembre 2012, a abouti à une liste de 1150 projets. La Roumanie ne se retrouve pas sur la liste des projets sélectionnés en vue dun financement européen. En échange, le projet britannique « Life Connect Carpathians » a été retenu ; il vise à restaurer et à conserver les habitats naturels en danger des Monts Apuseni. Ce projet et un autre, mené par la Société royale britannique de protection des oiseaux, et dont lobjectif consiste à sauver la sterne naine, ont obtenu une enveloppe de 6,6 millions deuros.



    Life+, cet instrument financier de lUE consacré à lenvironnement, dispose dun budget total de 2,14 milliards deuros pour la période 2007 – 2013. La Commission européenne lance annuellement un appel à propositions. Une soixantaine de projets ont pu être financés en Roumanie aussi, depuis sa mis en place en 1999.




    La Roumanie est le pays qui abrite la plus grande population de grands carnivores en Europe. En dépit du braconnage et du déboisement excessif, qui ont gravement endommagé les habitats naturels, les Carpates roumaines demeurent encore la région dEurope la plus peuplée dours bruns, de loups et de lynx. En effet, cette chaîne montagneuse abrite plus dun tiers des grands carnivores du vieux continent.



    En outre, sur les crêtes des Carpates de Roumanie on retrouve une sous-espèce de chamois. De lavis des écologistes, les animaux vivant dans les Monts Apuseni sont en danger à cause des travaux à lautoroute reliant les villes de Lugoj et de Deva. Cette autoroute, partie intégrante du corridor de transport paneuropéen n° IV, croisera le corridor écologique entre les Monts Apuseni et les Carpates Méridionales, large dune dizaine de km et déjà émietté par les récents projets dinfrastructure.



    Située au carrefour de lEurope et de lAsie, la Roumanie risque de devenir une des zones sud et centre européennes au trafic routier le plus intense ce qui, avertissent les spécialistes, représente une menace pour sa biodiversité. (trad. : Mariana Tudose)