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  • L’Eco-chèvre

    L’Eco-chèvre

    Il s’agit d’us et coutumes tels que le colindat (soit la présentation des vœux par un groupe qui va de maison en maison chanter des cantiques ou présenter une coutume) avec lOurs ou la Chèvre, cette dernière étant appelée Cerf à Hunedoara, Ţurcă en Moldavie et en Transylvanie, Boriţă dans le sud de la Transylvanie ou Brezaie, en Munténie et en Olténie.



    Toutefois, aujourdhui, nous parlons dune autre Chèvre qui anime le colindat : lEco-Chèvre, un projet-manifeste dactivation participative par lart. LEco-chèvre est une chèvre recyclée, qui adapte les vœux traditionnels de la « Chèvre » à la réalité actuelle, à savoir la nécessité dun recyclage responsable du plastique. Nous avons parlé de ce projet avec Alina Tofan, actrice et éco-artiste :



    « Depuis lannée dernière, jai essayé ce projet appelé Eco-chèvre ; cest une réaction et un manifeste contre le consumérisme exacerbé et le gaspillage produit pendant les fêtes. Elle est faite de plastique et non seulement. Lannée dernière, elle a été confectionnée à partir des restes demballages que nous avions…, et cette année, nous avons choisi de la faire à partir demballages pour les cadeaux de fêtes. Dune manière ou dune autre, cest un événement en soi, nous allons au colindat avec les partenaires du projet, nous avons adapté le texte traditionnel de la Chèvre pour le rendre beaucoup plus écologique, comme une sorte de manifeste contre ces choses-là. »



    « Cest une chèvre recyclée, de plastique enveloppée… » disent les vers qui ont accompagné le colindat. Alina Tofan précise :



    « Lannée dernière, nous avons également fait une vidéo, nous lavons filmée à la mer Noire et cétait vraiment intéressant dêtre là le premier jour de lannée. Il y avait beaucoup de gens sur la falaise à Mamaia et Constanţa et ils nous ont vus, donc la Chèvre elle-même est devenue un manifeste. Surtout les enfants ont beaucoup résonné avec cette idée et lont comprise. Ils disaient : ah, regardez, elle est faite de plastique ! En dautres termes, nous consommons un peu trop ! Et cette année, nous sommes allés au marché dObor (un grand marché de la capitale) et nous nous sommes photographiés dans des endroits que nous considérions comme emblématiques pour le gaspillage et la pollution engendrés par les fêtes. Cest-à-dire dans les endroits où on vend les sapins de Noël, qui sont emballés dans du plastique. Nous avons déjà pris la pose dans des endroits où on vend beaucoup dobjets en plastique, aux côtés dacheteurs marchant vers le centre commercial ou sur le marché, à côté de ceux qui portaient des sacs pleins. Et en quelque sorte, cest précisément ce que nous voulons capturer – le fait que nous passons indifférents devant tout le gaspillage que chacun de nous laisse derrière soi, dans sa course-poursuite aux cadeaux, sans même sen rendre compte. Et cela est capturé dans des photos. Certes, nous avons aussi croisé les chanteurs de noëls avec leurs masques et leurs costumes traditionnels. Ce fut très intéressant, puisque tout un dialogue sest créé entre ma collègue photographe, Diana Păun, moi et ces danseurs folkloriques, un véritable dialogue entre deux types de spectacle. A mon avis, ce fut une rencontre importante. »



    Selon la tradition folklorique, la Chèvre qui doit mourir demande laide des personnes auxquelles on présente les vœux pour être resuscitée. Pour sa part, lEco-chèvre demande aux gens de lui donner ses bouteilles en plastique vides pour quelle puisse ressusciter. Pratiquement, pendant le colindat, elle collecte le plastique pour le recycler. Les gens ont très bien reçu cette initiative, a constaté notre invitée :



    « Le projet a été très apprécié et très encouragé par les gens, qui ont tous remarqué son côté inédit. On nous arrêtait souvent dans la rue pour nous demander sil était possible dacheter une telle chèvre. Pour dautres, cest juste une mode passagère. Mais nous, on est contents de pouvoir au moins éveiller les consciences sur la pollution au plastique, sur la consommation exagérée de plastique. Le simple fait de voir cette Eco-chèvre doit être une sonnette dalarme. »



    Dailleurs cette « Eco-chèvre » nest quune partie dune initiative plus ample en matière de recyclage. Alina Tofan explique :



    « Cela fait partie dun projet plus grand que Georgiana Vlahbei et moi nous avons mis sur pied. Notre groupe sappelle « Plastic Art Performance » (Spectacles dart au plastique) et il fait la promotion de lart écologique, des spectacles écologiques, des pratiques durables dans lart. Nous espérons bien aider à changer les mentalités et à faire connaître au public des concepts nouveaux comme léco-spiritualité, par exemple, et à les adapter à lespace culturel roumain. »



    Cest le moment de mettre ensemble art et protection de lenvironnement. Cest ce que notre invitée veut dire et ce quelle tente de faire par son projet co-financé par lAdministration du Fonds culturel national. Lart doit parler aussi de lenvironnement, donner des pistes de réflexion au public, mettre en question les mauvaises pratiques et promouvoir les bonnes pratiques. Lart lui-même doit être favorable à lenvironnement. Autant de sujets que ce projet place sous les projecteurs. (Trad. Ligia Mihaiescu, Valentina Beleavski)




  • Le masque dans la tradition roumaine

    Le masque dans la tradition roumaine

    Dans les rituels spécifiques aux anciennes coutumes roumaines, les personnages de la mythologie populaire roumaine, étroitement liés aux moments-clé de l’année, qui marquent la transformation du temps, sont extrêmement importants. Ils sont représentés sous la forme de masques traditionnels, mettant en contact direct un monde fantastique et la réalité quotidienne, surtout en période de fêtes religieuses. C’est justement pourquoi, lors des fêtes de Noël ou du Nouvel An, les masques – soit des gens costumés en personnages – accompagnent les groupes de danseurs et de chanteurs de noëls qui parcourent les rues de villes et des villages annonçant les fêtes. Cela témoigne du fait que les traditions préchrétiennes sont toujours très présentes dans l’espace roumain.

    Delia Şuiogan, ethnologue à l’Université du Nord de Baia Mare, nous parle de l’importance du masque en tant qu’objet rituel : « Le masque a toujours eu un rôle très important dans les traditions, non seulement pendant les fêtes d’hiver, mais aussi à l’occasion d’autres fêtes – celles de printemps, par exemple. Le masque fait la transition du réel quotidien historique à la réalité imaginaire. Grâce à lui l’homme devient partie intégrante de l’univers dans son ensemble – l’univers réel et irréel. Le masque permet à celui qui le porte d’annuler sa propre identité et d’assumer une identité complètement nouvelle, celle du masque, évidemment. En Roumanie, les masques sont à peu près les mêmes pour toutes les régions, avec de petites différences, selon le type d’influence – celtique ou romaine. Par exemple on trouve sur l’ensemble du pays des masques de chèvre et d’ours.»

    Le masque représentant la chèvre est présent partout en Roumanie. Il est très important dans les traditions populaires, car il symbolise la renaissance et la cyclicité du temps. Selon les légendes, ce masque était aussi le symbole de la fertilité, non seulement pour les femmes, mais aussi pour les terres des fermiers. C’est en Moldavie (est) et en Olténie (sud) que le personnage de la chèvre a été le mieux conservé.

    L’ethnologue Delia Şuiogan nous parle d’autres masques traditionnels roumains : «Dans la zone intra-carpatique on a conservé plutôt les masques anthropomorphes, représentant l’homme. Par exemple, dans la région de Maramureş (nord) on retrouve les masques des « Moşi», c’est-à-dire des vieillards. Il y a une technique bien précise de réaliser ces masques, dans des ateliers qui regroupent de nos jours encore de nombreux apprentis. Les vieillards représentent les ancêtres mythiques. Il y en a deux types : les beaux vieillards et les vieillards laids, soit des représentations du bien et du mal. Leur mission est de se rencontrer et de lutter pour remettre l’équilibre dans le monde. La danse des vieillards du Maramureş est très intéressante, mais on en trouve également dans les contrées de Bucovine (nord – est) et de Moldavie (est). »

    Un autre personnage présent dans les danses traditionnelles roumaines, c’est l’ours. On pense que la force de cet animal était transférée aux gens, notamment aux enfants s’ils s’enduisaient de graisse d’ours. De même, pour être forts et sains, les bébés prématurés recevaient au baptême le nom Ursu. Puis, jadis, des gens parcouraient les villages accompagnés de bébés ours dressés qui dansaient sur deux pattes. Les gens les recevaient dans leurs cours, estimant que la danse de l’ours leur apporterait de la chance. (Trad. Valentina Beleavski)