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  • Le droit au logement : un droit fondamental

    Le droit au logement : un droit fondamental

    Le coût du logement, un problème public majeur

     

    Le coût du logement est la principale dépense des ménages dans l’Union européenne. L’augmentation des prix de l’immobilier et des loyers, les coûts élevés de la construction et la hausse des taux d’intérêt hypothécaires, ce ne sont que quelques difficultés qu’éprouvent les européens en matière de logement. Quelle est la place de la Roumanie dans ce contexte ? « Le logement doit être considéré comme un droit fondamental permettant à tous les Européens, y compris les jeunes et les groupes vulnérables, de bénéficier d’un logement décent et durable ». Tel était le sentiment exprimé à l’unisson lors du premier forum sur le logement organisé à Bruxelles à la fin de l’année dernière.

     

    Un rapport publié en 2023 a montré que près de la moitié des Européens payant un loyer estimaient qu’ils risquaient de devoir quitter leur logement dans les trois mois à venir parce qu’ils n’avaient plus les moyens de le payer. Parallèlement, près d’un million de personnes vivent sans abris en Europe, ce qui constitue un défi majeur pour l’UE.

     

    Selon Sorcha Edwards, secrétaire générale de Housing Europe, la crise actuelle du logement a plusieurs visages. Outre les zones et les logements surpeuplés, qui contrastent avec les régions sous-occupées, nous sommes également confrontés à la pauvreté énergétique, c’est-à-dire à des logements non modernisés et non isolés qui plongent les gens dans des conditions précaires – trop chauds en été et trop froids en hiver. Il y a aussi le problème du logement des personnes âgées et handicapées, qui n’est pas adapté à leurs besoins.

     

    Sorcha Edwards : “Il y a aussi les victimes de violence domestique qui n’ont nulle part où aller. Et puis, bien sûr, il y a le visage le plus visible de la crise du logement : les sans-abris. Mais le problème et la cause de ces problèmes dans certaines régions sont complexes. Dans certains cas, précisément parce qu’il s’agit d’un problème très complexe, les autorités locales et les gouvernements ne disposent pas des ressources nécessaires. Ils n’ont souvent pas l’expertise nécessaire pour gérer ce secteur complexe. Certains espéraient que le marché s’occuperait de ce problème mais lorsqu’on laisse un secteur comme le logement au seul marché, l’opportunisme, la recherche du profit, prévalent”.

     

    Être logé ou être bien logé ?

     

    Bien que, selon les statistiques d’Eurostat, en 2023, la Roumanie soit le pays où le pourcentage de propriétaires est le plus élevé (93 % des Roumains sont propriétaires de la maison dans laquelle ils vivent et 7 % seulement sont locataires), les maisons des Roumains étaient parmi les plus surpeuplées (à hauteur de 40 %), dépassées seulement par celles de Lettonie (40,9 %). C’est en Roumanie et en Slovaquie que le nombre de pièces par personne est le plus faible : 1,1 pièce, contre une moyenne européenne de 1,6. À l’opposé, on trouve Malte et le Luxembourg, avec respectivement 2,3 et 2,2 pièces par personne. En 2023, seulement 1,5 % de l’ensemble de la population de l’UE vivait dans des ménages sans toilettes, douche ou baignoire à l’intérieur, mais c’est en Roumanie que ce pourcentage est le plus élevé et de loin, avec plus de 20 % (suivie de la Bulgarie et de la Lettonie, 7 % chacune).

     

    Interrogée sur les solutions que la Roumanie pourrait adopter en s’inspirant des projets menés avec succès dans d’autres États membres, Sorcha Edwards répond :

    « Il est évident qu’en matière de logement, un simple copier-coller de solutions n’est pas possible. Il faut tenir compte, entre autres, des besoins locaux, des scénarios spécifiques, des tendances, du revenu moyen de la population. Quelles sont les prévisions en termes de tendances démographiques, d’opportunités d’emploi ; y a-t-il des zones où l’on prévoit davantage d’opportunités d’emploi ? Il y a donc un large éventail de facteurs à prendre en considération, mais une solution très efficace consiste à augmenter le nombre de logements publics, sociaux ou à profit limité, en fonction du modèle qui convient le mieux à la culture et aux besoins locaux. Les avantages d’une telle approche sont de réduire le risque d’exclusion du logement, de réduire le taux de surpeuplement des logements et de donner le choix aux gens ».

     

     Ne faudrait-il pas réguler le marché ?

     

    Bien que le paysage diffère d’un Etat membre à l’autre, voire d’une région à l’autre, les principales difficultés pour réduire la crise du logement au niveau européen ne sont pas très différentes de celles rencontrées par la Roumanie.

     

    Sorcha Edwards : « Nous assistons actuellement à une augmentation significative du prix des matériaux de construction, ce qui ralentit le processus de livraison et le fait que nous n’avons pas suffisamment accès aux surfaces de terrain nécessaires. Ensuite, si nous parlons du potentiel que représente la rénovation durable des bâtiments existants, qui est une excellente solution pour réduire l’empreinte carbone (déjà intégrée dans les nouveaux logements), l’une des principales pierres d’achoppement est l’obtention des permissions de la part des propriétaires. Tous ces problèmes peuvent être surmontés si nous avons une vision claire, une volonté politique forte et des objectifs bien définis.

     

    Bien que la Roumanie ait un certain retard à rattraper par rapport aux autres États membres, et bien que les loyers et les prix des logements aient également augmenté en Roumanie, les hausses ont été moins spectaculaires que dans la plupart des autres pays. Si de 2010 au dernier trimestre 2024, les prix ont augmenté de 230 % en Hongrie et en Estonie, de 181 % en Lituanie, de 113 % au Portugal et de 110 % en Bulgarie, en Roumanie, l’augmentation a été inférieure à 30 %.

     

    Mais pour l’experte Sorcha Edwards, « le secteur du logement joue le jeu des investisseurs », et à moins que ceux-ci ne sortent d’une quête de profit à court terme, l’accès au logement pour tous les citoyens européens continuera de poser problème. (trad. Clémence Lheureux)

  • Jacques Augustin (France) – Les Roumains sont-ils propriétaires de leur logement ?

    Jacques Augustin (France) – Les Roumains sont-ils propriétaires de leur logement ?

    Le plus grand nombre de propriétaires d’Europe et du monde

     

    La Roumanie compte le taux le plus important d’Europe de personnes qui sont propriétaires du logement qu’ils habitent et un des plus importants au monde, d’ailleurs.

     

    Selon les chiffres de l’Eurostat, en 2022, 94,8% des habitants du pays vivaient dans un appart ou maison dont ils étaient les propriétaires. La Roumanie était suivie par la Slovaquie, avec 93%, la Croatie, avec 91% et la Hongrie avec 90%. A comparer avec la moyenne européenne de 69% de propriétaires et de 31% des Européens qui louent un logement. En Roumanie le taux de ces derniers est de 5,2% seulement, alors qu’en Allemagne plus de la moitié de la population vit dans une maison ou un appartement loué.

     

    Une conséquence du communisme

     

    A première vue, on dirait que les Roumains sont tous des personnes aisées, puisqu’ils se permettent de s’acheter un logement. Eh bien, loin de là.D’ailleurs, cette situation est en partie une conséquence du … communisme.

     

    Au cours de 50 ans de communisme, le régime a opéré une industrialisation intense du pays, juste après la collectivisation de l’agriculture. Cela a engendré une ample migration depuis le milieu rural vers celui urbain. Par conséquent, les dirigeants se sont vus obligés de construire de nombreux immeubles à appartements afin de pouvoir loger tous les nouveaux citadins.

     

    C’est ainsi qu’ont vu le jour à travers le pays de quartiers entiers constitués de barres d’HLMs, appelé les « quartiers dortoirs ». Leurs locataires avaient la possibilité d’acheter l’appartement qui leur était réparti initialement en fonction de plusieurs critères, dont l’état civil et le nombre d’enfants. Après la Révolution anticommuniste de décembre 1989, dans le contexte d’une inflation galopante, les Roumains ont pu s’acheter assez facilement les appartements qu’ils occupaient, bénéficiant de mensualités étaient fixes, aux termes de contrats d’origine. Je me souviens par exemple que mes parents ont payé les dernières mensualités d’un seul salaire. Ajoutons aussi que ces 20 dernières années, plusieurs millions de Roumains, des jeunes notamment, ont quitté le pays pour s’établir en Europe occidentale.

     

    Des logements souvent surpeuplés

     

    Autre précision importante : il n’est pas rare de voir trois générations habiter sous le même toit. En effet, de nombreux Roumains ne quittent pas la maison familiale, même après avoir fondé leur propre famille. Pour certains, c’est plus pratique de bénéficier de l’aide des parents avec les tâches ménagères et la garde des enfants et de se concentrer sur le travail. D’autres ne se permettent point de louer, ni d’acheter un appartement. Dans certains cas, une fois à la retraite, les grands-parents déménagent à la campagne et cèdent leur appart en ville aux enfants.

     

    Et c’est ainsi que l’on arrive à une autre statistique fournie par l’Eurostat : les conditions dans lesquelles habitent les Roumains.  En 2022, 40,5% des Roumains habitaient des demeures agglomérées, soit le deuxième taux le plus élevé d’Europe après la Lettonie, alors que la moyenne européenne est de 16,8%. A remarquer aussi que la dimension de l’espace habitable, mesurée selon le nombre moyen de pièces par personne, est un autre paramètre dont la valeur est assez basse en Roumanie.

     

    Un Roumain habite en moyenne 1,1 pièce par personne, le niveau le plus bas d’Europe, identique à celui de Pologne et de Slovaquie, alors que la moyenne européenne en est de 1,6 pièces par personne. Au Luxembourg, en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas ce taux est de plus de deux pièces par personne.

     

    Pourquoi cet état de choses en Roumanie ?

     

    Sans doute puisque le confort des travailleurs qu’il fallait loger dans les nouveaux immeubles n’était pas une des principales préoccupations du régime communiste. Les appartements étaient petits et les critères de répartition étaient très stricts. Rien qu’un exemple : une famille avec un enfant avait le droit à un appart à deux pièces – chambre à coucher et salle de séjour. Pourtant au début elle ne pouvait espérer qu’à obtenir un studio.

     

    C’est pourquoi certains Roumains s’adonnaient à toute sorte de subterfuges dont de fausses attestations médicales, comme quoi un des deux époux souffrait d’une maladie respiratoire par exemple. C’est ainsi, par exemple, qu’une famille a pu décrocher en 1988 une répartition pour un appartement à trois pièces au lieu de deux. C’était une pratique assez répandue, car à l’époque communiste, la corruption était omniprésente.

     

    Dans ce contexte, où l’on est tous propriétaires il est tout à fait normal que les nouvelles générations choisissent de s’acheter un appartement ou une maison plutôt que de louer. D’abord, parce que l’immobilier est toujours vu comme un investissement sûr. Après l’inflation galopante des années ’90 et la chute de schémas pyramidaux, des fonds d’investissements et la faillite de certains fonds à l’époque, les Roumains sont persuadés qu’une propriété immobilière sera toujours le moyen le plus sûr de consolider et de léguer son patrimoine.

     

    Des crédits moins chers qu’un loyer

     

    Et pas en dernier lieu, à l’heure actuelle, rembourser un crédit hypothécaire peut s’avérer moins cher que de payer un loyer pour le même type d’immeuble. Explication : la mensualité moyenne pour les crédits hypothécaires de Roumanie est de 400 euros environ, soit égale au loyer moyen pour un deux pièces. Le prix moyen d’un logement tourne autour des 1 800 euros par mètre carré à Bucarest, un des plus élevés du pays mais pas si élevé qu’à Cluj, dans le centre-ouest, où le prix moyen est de quelque 2 800 euros. Du coup, les Roumains disent souvent qu’ils préfèrent investir dans leur propre appart que de payer un loyer, estimant qu’ils perdent ainsi leur argent.

  • Les frais de location sur Bucarest

    Les frais de location sur Bucarest


    Les quartiers d’affaires de
    Pipera, d’Aviaţiei et de Floreasca, sis dans le nord de la capitale, Bucarest,
    arrivent en tête des arrondissements avec les loyers les plus chers de
    Bucarest, selon une enquête lancée par un portail d’annonce immobilière.Concrètement, à Pipera, la
    location d’un studio vous fera débourser quelque 425 euros par mois, tandis que
    dans le quartier d’Aviatiei, vous payerez 401 euros pour la même superficie et
    dans celui de Floreasca, 389 euros. Les loyers les moins chers sont
    dans le sud et l’ouest de Bucarest où le loyer d’un studio va de 277 à 292
    euros par mois. Les quartiers de Primăverii et de
    Herăstrău affichent les loyers les plus chers pour un appartement de deux
    pièces qui, si vous optez pour cette partie de Bucarest, vous fera payer chaque
    mois entre 661 et 650 euros de location.


    Si vous souhaitez faire des
    économies, tout en logeant dans un deux pièces, alors direction le quartier de
    Berceni, où le loyer vous fera débourser entre 348 et 368 euros par mois. Pour déterminer le loyer, les
    experts se basent sur plusieurs critères tels l’année de construction, la
    superficie du bien, le nombre de pièces, la localisation, l’état général, les
    services.


    Si vous êtes sur Bucarest et que
    vous souhaitiez louer un studio tout confort dans un immeuble résidentiel neuf,
    construit après 2010, vous aurez à payer autour de 357 euros par mois, d’une
    trentaine d’euros de plus que dans le cas d’un studio dans un immeuble plus
    ancien. Le tarif peut encore baisser jusqu’à 255 euros, dans le cas d’un studio
    moins fonctionnel. Dans le cas des appartements de
    deux pièces, les frais de location
    varient de 359 euros pour ceux qui lésinent sur le confort à 447 euros
    par mois pour ceux remis à neuf.


    D’autre part, le parc de logement
    dans les complexes résidentiels de Bucarest, disponibles exclusivement à la
    location est actuellement de près de 1000 unités. Ce qui plus est, 3 000 autres
    unités supplémentaires se trouvent actuellement dans différents stades de développement,
    selon un rapport élaboré par une compagnie immobilière. Selon les spécialistes, dans les
    2-3 ans suivants, le segment résidentiel des projets immobiliers destiné
    exclusivement à la location pourrait atteindre les 5 000 logements.


    A regarder la situation d’avant
    2021, on constate qu’à l’époque, le marché immobilier résidentiel était
    favorable plutôt à ceux qui se permettaient de payer un acompte et de contracter
    un crédit immobilier pour acheter le logement en question. Cette situation a
    changé actuellement, notamment à Bucarest et dans les grandes villes, où les
    frais de location sont de 30% en dessous des mensualités d’un crédit bancaire.


    Voilà pourquoi, à l’heure
    actuelle, il vaut mieux louer une maison que d’en acheter une, même si les
    frais de location ont connu une hausse de 10%, du moins sur Bucarest. A titre
    de comparaison, dans d’autres capitales européennes, telles Varsovie ou Prague, les loyers ont fait un bond entre
    25 % et 40 %.


    A l’exception de la capitale
    bulgare, Sofia, dans les autres capitales de l’Europe orientale et centrale, louer
    un appartement s’avère actuellement plus rentable que contracter un crédit
    immobilier pour en acheter un. Parce que le montant des loyers reste en dessous
    de celui des mensualités bancaires. En 2022, en Europe, le prix de vente d’une
    maison nouvellement construite variait de 1800 euros par mètre carré à
    Bucarest, à 2800 euros à Varsovie, 3400 à Budapest, 4100 à Bratislava et il
    pouvait monter jusqu’à 5500 euros à Prague. (trad. Andra Juganaru)