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  • Les problèmes des adolescents roumains

    Les problèmes des adolescents roumains

    Selon les statistiques, la Roumanie dénombre près de 2 millions d’adolescents, dont le profil psychologique et les attentes sont plutôt méconnus. On a tendance à les assimiler tantôt aux enfants, tantôt aux jeunes; ils ne sont donc pas perçus par l’opinion publique comme une catégorie distincte. Ce n’est qu’une des conclusions de l’étude intitulée «La situation de l’adolescent de Roumanie», réalisée sous l’égide de l’UNICEF, par l’Institut de sondages CURS et l’Institut de sciences de l’éducation.



    Centrée sur la tranche d’âge de 10 à 18 ans, l’étude en question analyse les préférences culturelles des ados et notamment les problèmes auxquels ils sont confrontés et les zones de vulnérabilité. Sandie Blanchet, représentante de l’UNICEF en Roumanie, synthétise les résultats de ce sondage d’opinion. « Il existe trois catégories d’adolescents vulnérables: les ados handicapés, ceux issus des communautés rom et les accros à la drogue. Les problèmes les plus fréquents sont l’abandon scolaire (16% des enfants roms ne vont même pas à l’école primaire), les grossesses précoces non désirées (rien qu’en 2012, 17.000 adolescentes de moins de 18 ans sont tombées enceintes), la consommation d’alcool (42% des ados en ont consommé au moins une fois), le tabagisme (23% déclarent avoir expérimenté le tabac au mois une fois) et la consommation de drogue (5,4% des ados de plus de 14 ans se sont drogués au mois une fois). »



    Le pourcentage des adolescents à avoir consommé au moins une fois de l’alcool est en effet assez élevé, mais il existe des différences entre milieu rural et urbain, de même qu’entre les deux sexes. Ionela Şufaru, sociologue au Centre de sociologie urbaine et régionale, détaille ces écarts. « Le nombre de garçons est double par rapport à celui des filles et la quantité d’alcool déclarée est double en milieu rural par comparaison avec celle que l’on consomme en ville. Côté tabac, sur les 23% d’ados qui avouent avoir tenté cette expérience au moins une fois, les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles. En plus, le tabagisme parmi les ados vivant en ville est supérieur de 10% à celui enregistré chez les jeunes des campagnes. Près de 4% des jeunes sondés ont répondu avoir fait l’expérience d’une drogue ou d’une autre à un moment donné. Ce pourcentage atteint même les 5,4% chez les ruraux de 14 à 18 ans et respectivement 7,4% chez les jeunes citadins. L’initiation à ce genre de comportements survient en général autour de 14 ans et demi, voire plus tôt pour les drogues auxquelles ils commencent à s’essayer entre 11 et 15 ans. »



    Ces comportements à risque sont favorisés notamment par le fait qu’après 14 ans, les jeunes s’éloignent de la famille, qu’ils sont exposés à la publicité agressive des compagnies de boissons alcoolisées et de cigarettes et que leur accès à ces produits est facile.



    Le comportement sexuel à risque est une autre catégorie prise en compte par les auteurs de l’étude « La situation des adolescents de Roumanie ». Ionela Şufaru. « 15% des adolescents interrogés ont déclaré avoir commencé leur vie sexuelle. Parmi ces 15% il y a deux fois plus de garçons que de filles et un plus grand nombre de jeunes du milieu urbain que du milieu rural. Les filles sont plus prudentes que les garçons, un plus grand nombre d’entre elles utilisant couramment le préservatif. 16% des adolescents interviewés ont déclaré ne jamais utiliser de préservatif. Selon leurs déclarations, l’âge auquel ils ont eu leur premier rapport sexuel se situe autour de 15 ans et demi. »



    L’étude se proposait non seulement d’identifier la vulnérabilité et les risques à l’adolescence en Roumanie, mais aussi de faire de recommandations de la part de l’UNICEF, pour que les droits des adolescents soient respectés et que la communauté offre à ses jeunes membres toute l’aide dont ils ont besoin.



    Sandie Blanchet, représentante de l’UNICEF en Roumanie: « Le système d’enseignement devrait transmettre aux adolescents les connaissances et le savoir-faire nécessaires par le biais de cours d’éducation sanitaire intégrés dans le programme scolaire. Les jeunes vulnérables devraient bénéficier d’une aide de la part de l’école et de la communauté pour pourvoir continuer leur études. Le système de santé devrait former des experts qui puissent aider les jeunes à s’adapter sans discrimination. Il faut souligner aussi que la pratique d’un sport diminue l’incidence des comportements à risque chez les jeunes. Toutes ces possibilités doivent être offertes aux jeunes au niveau local, pour qu’ils aient facilement accès aux services respectifs. Enfin, les parents doivent avoir un meilleur accès à l’information, pour offrir aux jeunes, à la maison, une ambiance accueillante et pleine d’affection.



    En reconnaissant la gravité de certains des problèmes auxquels les adolescents roumains sont confrontés, le ministre de la Jeunesse et du Sport, Nicolae Bănicioiu, souligne l’importance de l’information pour les prévenir. «Une grande partie de l’activité que nous consacrons dans ce domaine à la jeunesse est censée combattre la consommation d’alcool, de drogue et de substances interdites. A part notre collaboration avec les ONGs actives dans ce domaine, nous nous proposons de continuer notre partenariat avec l’Agence nationale anti-drogue (ANA). Toutes les activités déroulées cette année par notre ministère — camps d’été pour les étudiants et les élèves et manifestations scientifiques et artistiques — ont bénéficié de la présence des spécialistes de l’Agence, qui ont utilisé ces rencontres pour réaliser leur propre activité d’information et prévention. On connaît également nos efforts destinés à promouvoir un style de vie sain parmi les élèves, car c’est l’âge le plus propice pour apprendre ce genre de choses.»



    L’information est une bonne chose, pourtant un meilleur dialogue avec les adolescents serait également souhaitable. Malgré les difficultés inhérentes à cette période de la vie qu’ils traversent, les adolescents sont prêts à communiquer avec ceux qui sont, à leur tour, prêts à les écouter sans préjugés. (trad.: Mariana Tudose, Dominique)


  • Solutions pour les enfants restés en dehors du système d’éducation

    Solutions pour les enfants restés en dehors du système d’éducation


    Sujet important pour les institutions européennes, l’abandon scolaire est devenu un thème de débat public en Roumanie. Le principal but n’est pas d’établir l’ampleur du phénomène mais de trouver des solutions pour l’endiguer. Or, pour cela il faut une collaboration entre les autorités habilités de plusieurs domaines: éducation, protection sociale et développement local. C’est pourquoi l’abandon scolaire a fait l’objet d’une ample recherche intitulée: « Tous les enfants à l’école jusqu’en 2015, initiative globale visant les enfants restés en dehors du système éducatif.» Cette étude réalisée sous l’égide de l’UNICEF est fondée sur une méthodologie commune aux 26 Etats participants — la Roumanie comprise.



    Le rapport concernant notre pays a été élaboré avec le concours des ministères de l’Education et du Travail, de l’Institut national de la statistique et de l’Institut des sciences de l’éducation.



    Les auteurs se proposaient d’étudier le contexte de l’abandon scolaire, de déterminer une prise de conscience quant aux conséquences du phénomène et d’avancer des solutions. Or, pour ce faire, il faut en connaître l’ampleur et les causes, qui ne sont pas intrinsèques à l’enseignement.



    Sandie Blanchet, représentante de l’UNICEF en Roumanie, met en exergue une partie de ces causes. « Les enfants se trouvant au seuil de l’abandon scolaire sont ceux provenant de familles très pauvres, d’habitude du milieu rural, ceux qui appartiennent à l’ethnie rom ou qui sont touchés par une déficience. Le système éducatif devrait se focaliser sur la prévention de l’abandon plutôt que sur les mesures d’intervention. Nous devons nous assurer que ces enfants sont inscrits à l’école et qu’ils y restent. »



    Les conséquences à long terme de l’abandon scolaire affectent l’ensemble de la société et l’économie d’un pays. Selon les données fournies par l’Institut national de la statistique, 52% des jeunes ayant abandonné très tôt leurs études se sont retrouvés plus vite au chômage.



    Les différences enregistrées entre les régions du pays sont une autre preuve du fait que l’abandon scolaire est un problème social. Le taux d’abandon scolaire varie en fonction de la situation économique et ethnique de la zone en question. Dans les localités où l’ethnie rom représente plus de 5% de la population, le taux est sensiblement plus grand. Sandie Blanchet nous propose d’autres chiffres. « Le taux d’abandon scolaire a atteint les 17,5% et il est en hausse. Selon l’agenda Europe 2020, la Roumanie se propose de le ramener à 15% jusqu’en 2014 et à 11% à l’horizon 2020. Vu que l’abandon scolaire est influencé par des facteurs sociaux, tels la pauvreté, l’état de santé, l’alimentation et l’environnement familial, des solutions transversales sont nécessaires au niveau sectoriel. Au niveau local, les écoles, les assistants sociaux, les mairies doivent collaborer pour le prévenir. La qualité de l’enseignement pose, lui aussi, des problèmes. En Roumanie, 40% des jeunes de 15 ans ont un faible niveau d’alphabétisation, contre 15% en Pologne et 18% en Hongrie. La solution ? Des professeurs qualifiés et motivés et un curriculum scolaire qui mette l’accent sur le développement des compétences et non pas sur la mémorisation d’informations. La Roumanie alloue à l’Enseignement 3,5% du PIB, contre 5% en Pologne et en Hongrie.»



    Pourtant, les statistiques concernant l’abandon scolaire peuvent être trompeuses si l’on ne connaît pas le contexte dans son ensemble, ainsi que les modalités de calcul du taux d’abandon. Ciprian Fartuşnic, chercheur à l’Institut des sciences de l’éducation, explique la manière dont ce taux est calculé en Roumanie. « Nous vérifions le nombre d’enfants inscrits dans une école en septembre et celui des enfants qui achèvent l’année scolaire en juin. Le taux d’abandon est donc calculé en comparant ces chiffres. Ce que cette étude apporte de nouveau, c’est le fait que l’on tâche de savoir combien d’enfants devaient être inscrits. Ce faisant, on constate que leur nombre est supérieur à celui des élèves inscrits. Avec le concours de l’Institut national de la statistique, nous avons appris combien d’enfants devraient entrer dans l’enseignement préscolaire ou primaire. Nous avons également dressé le bilan des enfants inscrits à l’école et nous avons comparé les chiffres. Conclusion : le nombre d’enfants inscrits dans la première classe du primaire est inférieur à celui résultant des données démographiques. Dans les classes supérieures, le phénomène s’accentue. Dans le primaire, plus de 55 mille enfants de 7 à 10 ans se trouvent en dehors du système éducatif. Même situation dans l’enseignement secondaire, où tous les jeunes figurant dans les statistiques démographiques ne se retrouvent pas dans celles du système d’enseignement. »



    En utilisant la méthode de calcul des institutions de l’UE, le phénomène acquiert de nouvelles dimensions et doit être compris différemment. Ciprian Fartuşnic : « Au niveau de l’UE, on ne compare pas les taux d’abandon entre Etats membres, parce qu’il y a d’importantes différences méthodologiques. Il existe, ainsi, une méthode qui fait un calcul par cohortes, suivies sur plusieurs années d’étude. L’indicateur utilisé, c’est ce taux d’abandon précoce de l’école. Cela se cible sur une certaine tranche d’âge, les 18 à 24 ans. Pourquoi ? Parce que c’est là que l’on s’attend à trouver des jeunes qui ont un niveau d’éducation de base. Si l’on calcule de cette manière, on peut constater qu’un jeune sur 5 n’a même pas réussi à achever les 10 classes de l’enseignement obligatoire ».



    Quelle que soit la méthode de calcul, les solutions pour l’abandon scolaire présupposent la coopération de plusieurs institutions et ne peuvent occulter des statistiques telles que celles incluses dans l’étude nationale « Tous les enfants à l’école jusqu’en 2015, initiative globale visant les enfants en dehors du système d’éducation ». (Trad. : Dominique)