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  • L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    L’ours, le loup et le lynx : les trésors vivants d’une Roumanie méconnue

    Le programme
    international Life – Euro Large Carnivores, financé en partie par l’Union
    européenne et centré sur la question de la coexistence des humains et des
    grands carnivores en Europe, touchera bientôt à sa fin. Depuis près de cinq
    ans, grâce à la coopération transnationale, le programme cherche à identifier les
    meilleures solutions pour faire en sorte que l’ours, le loup ou encore le lynx
    soient perçus pour ce qu’ils sont : un formidable trésor vivant, une
    chance pour la biodiversité de notre continent.








    Ce même programme s’est
    également donné pour objectif de faire en sorte pour que ces formidables fauves
    puissent continuer à vivre dans leurs habitats naturels, en interférant le
    moins possible avec les humains. En fait, la coexistence entre nous, les
    humains, et les grands carnivores a depuis toujours constitué un problème,
    appelant à des compromis et menant à des adaptations, de part et d’autre. Néanmoins,
    force est de constater que le développement explosif des concentrations et des
    infrastructures humaines au cours des 100 dernières années a considérablement
    réduit l’habitat naturel de la faune européenne, ayant grandement perturbé la
    vie et l’avenir de ces espèces.






    En effet, selon le Fonds
    mondial pour la nature, des activités telles que l’exploitation forestière,
    l’expansion de l’infrastructure de transport et des zones touristiques, le bâti
    et les exploitations agricoles, la récolte intensive de baies ou la chasse
    excessive de certaines espèces, dont notamment celles qui constituent la base
    trophique de grands carnivores, ont fini par mettre en danger la survie des grands
    fauves européens.






    Pour ce qui est de la
    situation spécifique de notre pays, nous nous sommes adressés à Marius Berchi,
    expert du Fonds mondial pour la nature Roumanie, et responsable du volet
    roumain du projet LIFE Euro Large Carnivores : « Nous savons fort bien
    que les activités humaines se développent au détriment des zones sauvages et
    des habitats naturels des espèces sauvages. Et cela ne manque pas d’entraîner
    des conséquences, à plusieurs égards. Prenez les attaques d’ours sur les personnes,
    les dégâts matériels et les pertes économiques engrangées à l’occasion. Aussi,
    des fois, certaines pratiques de gestion de la faune, telle l’alimentation
    complémentaire, qui aide l’animal à s’habituer à l’homme, puis la mauvaise
    gestion des déchets ménagers, ne font qu’empirer le problème. Et l’ours, vous
    le savez sans doute, n’est pas un animal domestique. L’attaque d’un tel fauve
    peut mettre en danger la vie d’une personne. Quant au loup, nous ne disposons pas
    de données récentes, qui fassent état des attaques de cet animal sur des
    victimes humaines. »






    Néanmoins, pour
    réduire les risques d’attaques et le nombre d’incidents de ce genre, il est
    urgent d’enclencher un dialogue entre tous les facteurs impliqués, afin de dégager
    un consensus qui perdure. Or, parmi les acteurs impliqués dans la gestion du
    problème, il faut réunir autour de la table les pouvoirs locaux, des représentants
    des communautés, les agences de protection de l’environnement, les gardes forestiers
    et les gardes-chasse, les gestionnaires de fonds de chasse, les gestionnaires
    de fonds forestiers, les éleveurs d’animaux, les instituts de recherche, les
    universités, les ONG, les opérateurs touristiques et bien d’autres acteurs
    intéressés.






    Marius Berchi
    nous parle de l’approche utilisée par le Fonds mondial pour la nature Roumanie à
    cet égard : « Pour ce qui est des dommages subis par les éleveurs par
    exemple, nous sommes parvenus à faire introduire dans le Plan stratégique
    national un mécanisme, financé par l’entremise de la Politique agricole commune,
    qui prévoit l’acquisition du matériel et des moyens de protection, tels que des
    clôtures électriques, des chiens de berger ou encore des poubelles sécurisées,
    que l’ours ne pourra pas ouvrir. Nous avons ensuite réussi à jeter les bases d’une
    plate-forme régionale pour la coexistence des espèces dans la région des monts
    Apuseni. Vous y trouverez des éleveurs d’animaux, des chasseurs et des
    représentants de la plupart des institutions concernées par le sujet. Je me
    plais aussi de croire que nous avons également contribué à l’accroissement de
    la capacité institutionnelle des acteurs concernés. Nous avons organisé des
    formations thématiques, et je vous donne deux exemples : l’automne dernier, nous
    avons abordé la mise en place d’un système d’évaluation et de suivi de la
    population de loups l’échelle nationale,
    alors qu’une deuxième formation, qui se déroule ces jours-ci, tente de mettre
    en place des équipes d’intervention rapide, rassemblant les maires des
    localités concernées, des gendarmes, des chasseurs et des vétérinaires. Nous
    avons également mené des activités d’information auprès des agriculteurs de la
    région, notamment au sujet des démarches à entreprendre en cas de préjudice,
    pour obtenir des dédommagements en cas de dégâts. Nous avons fait aussi don
    d’équipements de prévention dans le cadre du projet : des clôtures
    électriques et des chiens, voire même des sprays anti-ours. Enfin, nous avons proposé
    des aménagements législatifs et des politiques publiques, pour améliorer la gestion
    de la population d’ours, et nous avons contribué à l’élaboration du Plan
    international d’action pour la conservation des grands carnivores dans les
    Carpates. »








    Quoi qu’il en
    soit, force est de constater l’augmentation de la population de loups, d’ours,
    de lynx et d’autres animaux sauvages en Europe au cours de la dernière
    décennie. Aussi, selon les statistiques, sur une population de plus de 18.000
    ours qui vivent en Europe, la Roumanie abrite un peu plus de 6.700 exemplaires.
    Et sur les 9.000 ratons laveurs recensés sur le continent, 1.200 avaient élu
    domicile dans notre pays. Quant aux loups, si la plupart ont été exterminés
    dans une bonne partie des régions européennes au cours des deux derniers
    siècles, pour atteindre un minimum historique au milieu du XXe siècle, des
    données récentes font état d’une population stable, qui varie entre 2.500 et
    2.900 exemplaires, sur le seul territoire de la Roumanie, une population présente
    notamment dans les régions de hautes collines et de basses montagnes. C’est
    dire l’importance de la Roumanie dans la sauvegarde des grands fauves
    européens. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Le lynx de Roumanie

    Le lynx de Roumanie

    Animal extrêmement
    discret et solitaire, qui évite le contact avec les humains, le lynx est le
    troisième plus grand prédateur d’Europe, après l’ours et le loup. Sa vue et son
    ouïe sont fines, lui permettant de détecter une petite proie, à plusieurs
    dizaines de mètres de distance.

    En Europe, il existe environ 10.000 exemplaires
    de lynx, dont plus de 1.200 en Roumanie. Mihai Pop, de l’Association pour la conservation de la biodiversité,
    considère que le lynx est bien représenté en Roumanie, précise: « Les
    dernières estimations sur la distribution du lynx sur le territoire de la
    Roumanie montrent qu’il est présent dans les Carpates, dans les régions de
    collines, sur le plateau de Târnave, dans les Sous-Carpates de Moldavie et de
    Courbure, sur une superficie de 9 à 10 millions d’hectares, une zone qu’il n’a
    probablement pas occupée dans son intégralité dans l’histoire. Nous pensons
    donc qu’à l’heure actuelle, il pourrait être juste au sommet de son expansion
    en Roumanie, parce que ces régions-là sont naturellement favorables au lynx.
    »



    À l’âge adulte, le lynx, pèse entre 18 et 30 kg. Animal
    solitaire, il vit et chasse sur un certain territoire. « Le
    lynx est un félin typique, ce qui veut dire que chaque individu a tendance à occuper
    et à marquer son territoire. En général, les territoires des mâles se chevauchent
    avec les territoires d’une ou deux femelles et les mâles ont généralement
    tendance à être plus défensifs dans la protection du territoire contre d’autres
    lynx, en particulier d’autres mâles. Les femelles ont tendance à occuper un
    territoire légèrement plus petit et les descendants femelles restent près de leur
    mère, s’il y a de l’espace disponible, et au bout d’un an ou de deux ans, elles
    établissent leur propre territoire de chasse. Les mâles se déplacent davantage,
    surtout les jeunes, pour identifier une zone libre où ils puissent vivre. Ce
    sont généralement des animaux nocturnes, mais selon le contexte, selon la disponibilité
    de la nourriture, ils peuvent également être observés pendant la journée.
    Pratiquement, ils peuvent être vus sur les caméras installées dans la nature,
    une technologie qui permet une observation plus précise de l’animal. Entre 30 et
    40% des images sont captées pendant la journée. »
    , explique Mihai Pop.


    Les bébés lynx naissent en mai-juin et ils sont
    aveugles durant les deux premières semaines de vie. Les femelles ont
    généralement deux petits, qui restent avec leur mère une année. L’habitat du
    lynx est menacé par l’exploitation forestière et par les touristes ou par les
    cueilleurs de champignons et de fruits des bois, une invasion perçue par le
    lynx comme une menace, ajoute Mihai Pop, de l’Association pour la Conservation de la Biodiversité. « Les niveaux de stress augmentent un peu. Cela signifie que
    l’animal commence à se déplacer beaucoup plus à l’intérieur de son territoire.
    Cela implique une consommation d’énergie plus élevée et une augmentation des
    besoins alimentaires. En même temps, en particulier dans les zones
    touristiques, il existe le risque que la femelle abandonne son territoire ou même
    un ou deux bébés, qui sont très rapidement tués par d’autres espèces comme le
    renard, le loup ou d’autres espèces carnivores ou omnivores. Cela fait baisser en
    quelque sorte la population de lynx. Un problème important vient du fait que ce
    grand félin dépend de la population de chevreuils. Tant qu’il y aura une
    population de chevreuils stable et en bonne santé, le lynx survivra dans une
    certaine région. »
    , dit-il.


    Le
    braconnage et les chiens errants peuvent également réduire les sources de
    nourriture du lynx, qui est ainsi obligé à augmenter son territoire, une
    mission difficile à cause des rivaux et parfois même impossible en raison de la
    fragmentation des habitats. (Trad. : Felicia Mitraşca)

  • Prévention des conflits avec les grands carnivores dans les Monts Apuseni

    Prévention des conflits avec les grands carnivores dans les Monts Apuseni

    La conservation de la biodiversité conduit parfois aussi à la proximité de certains animaux sauvages avec les zones habitées ou les zones dactivité humaine. Il existe bien de cas de sangliers entrés sur des terrains agricoles qui ont détruit les récoltes ou bien dours ou de loups qui ont attaqué les troupeaux et même les bergers dans les bergeries isolées. Parce que l’élimination physique des animaux sauvages ne peut être autorisée que dans des cas extrêmes, la solution la plus appropriée est d’éviter les conflits avec les grands carnivores. World Wide Fund Roumanie a développé un projet, intitulé « Euro Large Carnivores » et cofinancé par lUnion Européenne, qui a soutenu financièrement des centaines de personnes au fil des années pour le développement et la mise en œuvre de mesures de protection contre les grands carnivores, à la fois les méthodes traditionnelles et les outils modernes conçus pour réduire le risque de se faire attaquer par les prédateurs. Afin de démontrer lefficacité de ces méthodes et dencourager leur utilisation, WWF Roumanie a fourni des clôtures électriques ainsi que des chiens de garde et de défense à plusieurs éleveurs du Parc Naturel dApuseni. Livia Cimpoeru, experte en communication chez World Wide Fund Roumanie, nous donne des détails :



    «Nous voulons prouver quune meilleure coexistence avec les grands carnivores – lours, le loup ou le lynx – est possible dans les Carpates et cela est prouvé par les anciennes méthodes de protection des troupeaux, développées par les bergers roumains au cours des siècles, cest-à-dire lutilisation des chiens de garde et de défense, ainsi que par les méthodes modernes telles que les clôtures électriques. Nous avons voulu le démontrer par cette action menée en juillet, août et septembre de cette année, et qui vient dêtre terminée. Nous sommes allés voir plusieurs éleveurs de la région des Monts Apuseni pour identifier les bergeries ayant les plus grands problèmes et les plus grands besoins liés à la garde des troupeaux. En août, nous sommes allés sur le terrain, nous avons installé ces clôtures électriques et fourni des chiens de la race berger roumain des Carpates.»



    Le projet est en phase dessais. Les éleveurs se sont vu offrir 5 paires de chiens de cette race, afin de les encourager à se tourner vers le berger roumain des Carpates, qui a prouvé ses qualités spécifiques. Livia Cimpoeru :



    «Nous avons décidé de nous tourner vers cette race canine parce quelle a fait sa sélection naturelle au fil des siècles. Cest une race roumaine qui sest développée dans le relief et le climat des Carpates et qui est parfaitement adaptée à lenvironnement de la Roumanie. Ces chiens ont quelques caractéristiques particulières. En plus dêtre très intelligents, ils ont ces deux qualités caractéristiques très importantes, la garde et la défense, qui sont deux choses différentes. La défense signifie non seulement quil observe et se déplace tout le temps autour des troupeaux pour identifier les prédateurs, mais il va aussi à leur encontre, cest-à-dire quil sexpose au danger et ne laisse pas les prédateurs sapprocher des moutons. Cest essentiellement comme ça que lon connait un bon chien de garde et de défense.»



    Dans le cadre du même projet, « Euro Large Carnivores », seront organisés des réunions des éleveurs d’animaux roumains avec ceux dAutriche et dAllemagne, où, après de nombreuses années, de grands carnivores sont apparus à nouveau. En labsence de ces prédateurs, les éleveurs dEurope occidentale ont abandonné les méthodes traditionnelles de défense, tandis quen Roumanie, ces méthodes ont été transmises dune génération à lautre.


    (Trad. : Felicia Mitraşca)

  • Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Le projet LIFE + pour la biodiversité dans les Monts Apuseni

    Ce programme européen appuie financièrement des projets de préservation de lenvironnement et de la biodiversité dans tous les Etats membres. Le dernier appel à propositions, de septembre 2012, a abouti à une liste de 1150 projets. La Roumanie ne se retrouve pas sur la liste des projets sélectionnés en vue dun financement européen. En échange, le projet britannique « Life Connect Carpathians » a été retenu ; il vise à restaurer et à conserver les habitats naturels en danger des Monts Apuseni. Ce projet et un autre, mené par la Société royale britannique de protection des oiseaux, et dont lobjectif consiste à sauver la sterne naine, ont obtenu une enveloppe de 6,6 millions deuros.



    Life+, cet instrument financier de lUE consacré à lenvironnement, dispose dun budget total de 2,14 milliards deuros pour la période 2007 – 2013. La Commission européenne lance annuellement un appel à propositions. Une soixantaine de projets ont pu être financés en Roumanie aussi, depuis sa mis en place en 1999.




    La Roumanie est le pays qui abrite la plus grande population de grands carnivores en Europe. En dépit du braconnage et du déboisement excessif, qui ont gravement endommagé les habitats naturels, les Carpates roumaines demeurent encore la région dEurope la plus peuplée dours bruns, de loups et de lynx. En effet, cette chaîne montagneuse abrite plus dun tiers des grands carnivores du vieux continent.



    En outre, sur les crêtes des Carpates de Roumanie on retrouve une sous-espèce de chamois. De lavis des écologistes, les animaux vivant dans les Monts Apuseni sont en danger à cause des travaux à lautoroute reliant les villes de Lugoj et de Deva. Cette autoroute, partie intégrante du corridor de transport paneuropéen n° IV, croisera le corridor écologique entre les Monts Apuseni et les Carpates Méridionales, large dune dizaine de km et déjà émietté par les récents projets dinfrastructure.



    Située au carrefour de lEurope et de lAsie, la Roumanie risque de devenir une des zones sud et centre européennes au trafic routier le plus intense ce qui, avertissent les spécialistes, représente une menace pour sa biodiversité. (trad. : Mariana Tudose)