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  • Jacques Augustin (France) – Les Roumains sont-ils propriétaires de leur logement ?

    Jacques Augustin (France) – Les Roumains sont-ils propriétaires de leur logement ?

    Le plus grand nombre de propriétaires d’Europe et du monde

     

    La Roumanie compte le taux le plus important d’Europe de personnes qui sont propriétaires du logement qu’ils habitent et un des plus importants au monde, d’ailleurs.

     

    Selon les chiffres de l’Eurostat, en 2022, 94,8% des habitants du pays vivaient dans un appart ou maison dont ils étaient les propriétaires. La Roumanie était suivie par la Slovaquie, avec 93%, la Croatie, avec 91% et la Hongrie avec 90%. A comparer avec la moyenne européenne de 69% de propriétaires et de 31% des Européens qui louent un logement. En Roumanie le taux de ces derniers est de 5,2% seulement, alors qu’en Allemagne plus de la moitié de la population vit dans une maison ou un appartement loué.

     

    Une conséquence du communisme

     

    A première vue, on dirait que les Roumains sont tous des personnes aisées, puisqu’ils se permettent de s’acheter un logement. Eh bien, loin de là.D’ailleurs, cette situation est en partie une conséquence du … communisme.

     

    Au cours de 50 ans de communisme, le régime a opéré une industrialisation intense du pays, juste après la collectivisation de l’agriculture. Cela a engendré une ample migration depuis le milieu rural vers celui urbain. Par conséquent, les dirigeants se sont vus obligés de construire de nombreux immeubles à appartements afin de pouvoir loger tous les nouveaux citadins.

     

    C’est ainsi qu’ont vu le jour à travers le pays de quartiers entiers constitués de barres d’HLMs, appelé les « quartiers dortoirs ». Leurs locataires avaient la possibilité d’acheter l’appartement qui leur était réparti initialement en fonction de plusieurs critères, dont l’état civil et le nombre d’enfants. Après la Révolution anticommuniste de décembre 1989, dans le contexte d’une inflation galopante, les Roumains ont pu s’acheter assez facilement les appartements qu’ils occupaient, bénéficiant de mensualités étaient fixes, aux termes de contrats d’origine. Je me souviens par exemple que mes parents ont payé les dernières mensualités d’un seul salaire. Ajoutons aussi que ces 20 dernières années, plusieurs millions de Roumains, des jeunes notamment, ont quitté le pays pour s’établir en Europe occidentale.

     

    Des logements souvent surpeuplés

     

    Autre précision importante : il n’est pas rare de voir trois générations habiter sous le même toit. En effet, de nombreux Roumains ne quittent pas la maison familiale, même après avoir fondé leur propre famille. Pour certains, c’est plus pratique de bénéficier de l’aide des parents avec les tâches ménagères et la garde des enfants et de se concentrer sur le travail. D’autres ne se permettent point de louer, ni d’acheter un appartement. Dans certains cas, une fois à la retraite, les grands-parents déménagent à la campagne et cèdent leur appart en ville aux enfants.

     

    Et c’est ainsi que l’on arrive à une autre statistique fournie par l’Eurostat : les conditions dans lesquelles habitent les Roumains.  En 2022, 40,5% des Roumains habitaient des demeures agglomérées, soit le deuxième taux le plus élevé d’Europe après la Lettonie, alors que la moyenne européenne est de 16,8%. A remarquer aussi que la dimension de l’espace habitable, mesurée selon le nombre moyen de pièces par personne, est un autre paramètre dont la valeur est assez basse en Roumanie.

     

    Un Roumain habite en moyenne 1,1 pièce par personne, le niveau le plus bas d’Europe, identique à celui de Pologne et de Slovaquie, alors que la moyenne européenne en est de 1,6 pièces par personne. Au Luxembourg, en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas ce taux est de plus de deux pièces par personne.

     

    Pourquoi cet état de choses en Roumanie ?

     

    Sans doute puisque le confort des travailleurs qu’il fallait loger dans les nouveaux immeubles n’était pas une des principales préoccupations du régime communiste. Les appartements étaient petits et les critères de répartition étaient très stricts. Rien qu’un exemple : une famille avec un enfant avait le droit à un appart à deux pièces – chambre à coucher et salle de séjour. Pourtant au début elle ne pouvait espérer qu’à obtenir un studio.

     

    C’est pourquoi certains Roumains s’adonnaient à toute sorte de subterfuges dont de fausses attestations médicales, comme quoi un des deux époux souffrait d’une maladie respiratoire par exemple. C’est ainsi, par exemple, qu’une famille a pu décrocher en 1988 une répartition pour un appartement à trois pièces au lieu de deux. C’était une pratique assez répandue, car à l’époque communiste, la corruption était omniprésente.

     

    Dans ce contexte, où l’on est tous propriétaires il est tout à fait normal que les nouvelles générations choisissent de s’acheter un appartement ou une maison plutôt que de louer. D’abord, parce que l’immobilier est toujours vu comme un investissement sûr. Après l’inflation galopante des années ’90 et la chute de schémas pyramidaux, des fonds d’investissements et la faillite de certains fonds à l’époque, les Roumains sont persuadés qu’une propriété immobilière sera toujours le moyen le plus sûr de consolider et de léguer son patrimoine.

     

    Des crédits moins chers qu’un loyer

     

    Et pas en dernier lieu, à l’heure actuelle, rembourser un crédit hypothécaire peut s’avérer moins cher que de payer un loyer pour le même type d’immeuble. Explication : la mensualité moyenne pour les crédits hypothécaires de Roumanie est de 400 euros environ, soit égale au loyer moyen pour un deux pièces. Le prix moyen d’un logement tourne autour des 1 800 euros par mètre carré à Bucarest, un des plus élevés du pays mais pas si élevé qu’à Cluj, dans le centre-ouest, où le prix moyen est de quelque 2 800 euros. Du coup, les Roumains disent souvent qu’ils préfèrent investir dans leur propre appart que de payer un loyer, estimant qu’ils perdent ainsi leur argent.

  • Les frais de location sur Bucarest

    Les frais de location sur Bucarest


    Les quartiers d’affaires de
    Pipera, d’Aviaţiei et de Floreasca, sis dans le nord de la capitale, Bucarest,
    arrivent en tête des arrondissements avec les loyers les plus chers de
    Bucarest, selon une enquête lancée par un portail d’annonce immobilière.Concrètement, à Pipera, la
    location d’un studio vous fera débourser quelque 425 euros par mois, tandis que
    dans le quartier d’Aviatiei, vous payerez 401 euros pour la même superficie et
    dans celui de Floreasca, 389 euros. Les loyers les moins chers sont
    dans le sud et l’ouest de Bucarest où le loyer d’un studio va de 277 à 292
    euros par mois. Les quartiers de Primăverii et de
    Herăstrău affichent les loyers les plus chers pour un appartement de deux
    pièces qui, si vous optez pour cette partie de Bucarest, vous fera payer chaque
    mois entre 661 et 650 euros de location.


    Si vous souhaitez faire des
    économies, tout en logeant dans un deux pièces, alors direction le quartier de
    Berceni, où le loyer vous fera débourser entre 348 et 368 euros par mois. Pour déterminer le loyer, les
    experts se basent sur plusieurs critères tels l’année de construction, la
    superficie du bien, le nombre de pièces, la localisation, l’état général, les
    services.


    Si vous êtes sur Bucarest et que
    vous souhaitiez louer un studio tout confort dans un immeuble résidentiel neuf,
    construit après 2010, vous aurez à payer autour de 357 euros par mois, d’une
    trentaine d’euros de plus que dans le cas d’un studio dans un immeuble plus
    ancien. Le tarif peut encore baisser jusqu’à 255 euros, dans le cas d’un studio
    moins fonctionnel. Dans le cas des appartements de
    deux pièces, les frais de location
    varient de 359 euros pour ceux qui lésinent sur le confort à 447 euros
    par mois pour ceux remis à neuf.


    D’autre part, le parc de logement
    dans les complexes résidentiels de Bucarest, disponibles exclusivement à la
    location est actuellement de près de 1000 unités. Ce qui plus est, 3 000 autres
    unités supplémentaires se trouvent actuellement dans différents stades de développement,
    selon un rapport élaboré par une compagnie immobilière. Selon les spécialistes, dans les
    2-3 ans suivants, le segment résidentiel des projets immobiliers destiné
    exclusivement à la location pourrait atteindre les 5 000 logements.


    A regarder la situation d’avant
    2021, on constate qu’à l’époque, le marché immobilier résidentiel était
    favorable plutôt à ceux qui se permettaient de payer un acompte et de contracter
    un crédit immobilier pour acheter le logement en question. Cette situation a
    changé actuellement, notamment à Bucarest et dans les grandes villes, où les
    frais de location sont de 30% en dessous des mensualités d’un crédit bancaire.


    Voilà pourquoi, à l’heure
    actuelle, il vaut mieux louer une maison que d’en acheter une, même si les
    frais de location ont connu une hausse de 10%, du moins sur Bucarest. A titre
    de comparaison, dans d’autres capitales européennes, telles Varsovie ou Prague, les loyers ont fait un bond entre
    25 % et 40 %.


    A l’exception de la capitale
    bulgare, Sofia, dans les autres capitales de l’Europe orientale et centrale, louer
    un appartement s’avère actuellement plus rentable que contracter un crédit
    immobilier pour en acheter un. Parce que le montant des loyers reste en dessous
    de celui des mensualités bancaires. En 2022, en Europe, le prix de vente d’une
    maison nouvellement construite variait de 1800 euros par mètre carré à
    Bucarest, à 2800 euros à Varsovie, 3400 à Budapest, 4100 à Bratislava et il
    pouvait monter jusqu’à 5500 euros à Prague. (trad. Andra Juganaru)







  • La maison musée « Mihai Eminescu » d’Ipoteşti

    La maison musée « Mihai Eminescu » d’Ipoteşti

    Nous pénétrons dans la maison de Mihai Eminescu, le poète national de la Roumanie, maison qui se trouve dans le village d’Ipoteşti. Une fois sur place, le touriste a l’occasion d’admirer des objets ayant appartenu à la famille Eminovici, comme la boîte à bijoux de la mère du poète, la boîte de maquillage du poète de la période où il jouait dans des pièces de théâtre, de la vaisselle en argent, des armoires en bois de rose ainsi que de nombreux livres. Notre guide d’aujourd’hui est la muséographe Elena Smaranda Berescu.



    « Cette maison a été détruite en 1924, les derniers propriétaires n’ayant pas réussi à l’entretenir. C’est ainsi que deux reconstructions ont eu lieu. La première a été réalisée entre les années 1934-1936. C’était une belle maison, solide, mais qui ne correspondait pas aux plans initiaux. Ainsi, après beaucoup d’insistances de la part des « eminescologues » et des autorités locales, la deuxième reconstruction a été décidée. Les travaux ont débuté en 1976 et la maison a été inaugurée en juin 1979. Sa forme actuelle respecte intégralement le projet original. La maison dispose de trois chambres, d’un hall, d’un salon, d’un cabinet pour le père, qui servait auparavant de chambre à coucher pour lui puis pour le dernier nouveau-né. Il y avait aussi la chambre des filles. Les garçons quant à eux dormaient dans un autre bâtiment qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. »



    La famille Eminovici, nombreuse, était aisée. Les deux époux, Raluca et le dignitaire Gheorghe Eminovici, ont eu onze enfants : sept garçons et quatre filles. Pourtant, dans le salon ne figurent que sept photos, ajoute Elena Smaranda Berescu, muséographe.



    «Quatre de leurs enfants n’ont pas été photographiés, car ils sont morts prématurément. Dans le salon de la famille, on peut voir des photos de cinq garçons et deux filles au-dessus du piano, Aglaia et Harieta. Aglaia est la seule à s’être mariée, c’est pourquoi elle n’était que de passage à Ipoteşti. Harieta est celle qui est restée le plus longtemps à Ipoteşti, car à 5 ans elle a développé un handicap moteur suite à une poliomyélite. Elle y a passé presque toute sa vie, en ne déménageant à Botoșani que vers la fin. C’est aussi à Botoșani qu’elle a pris soin de notre poète dans ses dernières années de vie. Dans le salon, vous pouvez observer la table de la famille, avec les six chaises enveloppées de cuir de Cordoue. Dans les vitrines on remarque aussi quelques petites cuillères retrouvées dans les fondations de l’ancienne maison. Celles-ci portent le initiales « RE » pour la mère ainsi que les initiales du poète et de son frère, Matei. À côté du poêle et dans le cabinet du père on retrouve des morceaux de terre cuite d’une couleur plus claire. Ces fragments ont aussi été retrouvés dans les fondations de la maison et ont ensuite été réutilisés dans la structure des poêles à bois d’après le modèle original. »



    Dans le cabinet du père se trouvent encore son bureau et son encrier, la chaise et la boite métallique dans laquelle le dignitaire rangeait ses documents. Ce cabinet servait auparavant de chambre à coucher des parents et du dernier nouveau-né. Elena Smaranda Berescu précise :



    « Parmi les cinq photos des garçons exposées dans le salon, vous reconnaîtrez celle du poète Mihai Eminescu. La première photo, la plus emblématique, fut prise à ses 19 ans, en 1869, pendant un voyage à Prague. Dans le cabinet vous verrez des photos de lui prises à différents âges: à 24, 28, 34 et 37 ans, deux ans avant sa mort. À côté de ses photos se trouvent celles de ses parents, nés dans des villes et des milieux sociaux tout à fait différents. La mère était issue de la haute société. Fille d’un haut dignitaire, elle est née dans un village du département de Botoşani. Elle avait une dot assez importante – de 2500 pièces d’or. Le père est né dans le département de Suceava, dans une famille nombreuse et modeste. C’est de là que lui est venue son ambition d’atteindre le même niveau financier que celui de Raluca. Il a réussi en obtenant un poste important. C’était un rang princier obtenu par décret, qui impliquait la perception des impôts sur l’alcool. Grâce à cette fonction, il put acquérir 420 hectares. Dans la maison se trouve également un petit corps de mobilier où l’on garde toujours quelques exemplaires de la grande bibliothèque familiale, la troisième ou la quatrième plus importante de Moldavie. Cette bibliothèque se trouvait dans le salon. Par ailleurs, dans le hall se trouve le coffre de dot de la mère, fabirqué à la main en bois de chêne, à Florence. On disait de tels coffres que plus ils étaient richement et joliment sculptés, plus ils montraient que la jeune fille provenait d’une famille fortunée. »



    Mentionnons que cette rubrique a été réalisée avec l’aide du Département des relations interethniques du Gouvernement roumain.


    (Trad. : Rada Stănică)

  • Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Si la pandémie nous fait rester à l’intérieur et peut-être loin des salles de spectacles, il est maintenant possible de profiter d’un projet chorégraphique à part. « Private Bodies », tel est le nom du projet de danse contemporaine qui se déroule à Bucarest, Cluj-Napoca et Braşov, avec la participation des artistes Anamaria Guguianu, Oana Mureşanu, Cristina Lilienfeld et Cosmin Manolescu.


    Cristina Lilienfeld nous a aidés à comprendre de quoi il s’agit :



    « C’est un spectacle un peu plus spécial qui s’appuie beaucoup sur cette relation, appelons-la un peu plus proche, entre l’artiste et le public. L’invitation est venue de Cosmin Manolescu, qui a fait voici 20 ans un spectacle appelé « Private Show », qu’il souhaite transmettre à d’autres d’une certaine manière. A cet effet, il a invité trois artistes, dont moi. Nous avons aussi Anamaria Guguianu, à Braşov, et Oana Mureşanu, à Cluj, et sinon il nous a donné toute la liberté. La seule chose qu’il nous ait dite, c’est qu’il doit se dérouler dans un appartement, avec peu de participants, et qu’il souhaite que ce soit un spectacle interactif. C’étaient les seules indications qu’il nous ait données. Après, chacun de nous a commencé à faire des choses et à aller dans des directions différentes. Bien sûr, je ne peux parler que de ma direction, qui contient effectivement de l’interaction, une interaction assez fine, dans laquelle j’invite mon public à m’accompagner et à faire des choses à mes côtés. Mon concept est allé un peu plus loin, parce que je suis partie de cette idée de ce que privé et public veut dire. J’ai lu un peu, j’ai fait des recherches dans la littérature de spécialité sur ce sujet, et je suis progressivement arrivée à l’idée de limites et ce que sont les limites, où nous plaçons nos limites. Qu’est-ce que cela signifie si vous travaillez avec la limite de votre propre corps, où il s’arrête réellement, s’arrête-t-il à la peau ou plus loin, au muscle ? Et aussi avec la limite émotionnelle. Cela ne veut pas dire que j’essaie de provoquer un passage au-delà de la limite du spectateur, ce n’est pas ce que je fais, mais avec mon propre corps et mon propre émotionnel. J’essaie de me remettre en question et de voir ce que privé veut dire pour moi et ce que je peux rendre visible, pas public, ce que je peux montrer au public. »



    Le chorégraphe Cosmin Manolescu nous en dit plus :



    « Tout d’abord, je pense que l’expérience de danser dans la ville, dans les parcs, dans les rues, d’adresser la danse à des gens qui ne sont pas nécessairement des spectateurs courants de la danse contemporaine est quelque chose de très libérateur et de très fort. C’est extraordinaire quand quelqu’un vous sourit ou quand vous voyez que votre danse suscite une émotion pure et simple. C’est pratiquement une pause dans le temps, pendant laquelle vous pouvez profiter du moment présent. J’aime m’inspirer de la ville dans mes projets, de toute façon cela fait un moment que je n’ai plus dansé dans des salles de spectacles. Il me semble que la ville, avec ses rues, ses appartements, avec tout ce qu’elle est, avec l’architecture de l’espace, offre beaucoup pour la danse et pour moi en tant qu’artiste. En ce moment, nous préparons un projet qui s’appelle « Private Bodies », qui se produira en même temps dans trois villes, Bucarest, Braşov et Cluj Napoca, projet dans lequel nous partons d’une pièce très ancienne, une pièce unique, dans laquelle je dansais pour un seul spectateur. Avec mes collègues féminines, nous ferons un performance pour des spectateurs, mais chez eux, un format adapté aux temps pandémiques que nous vivons. Mais plus que cela, je trouve intéressante cette proximité des artistes, de danser avec les spectateurs. Nous attendons avec intérêt cette première qui aura lieu à la mi-novembre, en même temps dans les trois villes, où nous parlerons un peu de cette aventure du corps et de la danse. »



    Un appel a également été lancé aux spectateurs, car c’est ainsi que seront sélectionnés les hôtes des premiers spectacles de ce type. J’ai demandé à Cristina Lilienfeld quels étaient les prérequis pour les soi-disant « candidats » :



    « Ce n’est pas vraiment une sélection proprement dite, plutôt un appel. Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir un espace. Bien sûr, nous avons pensé à un appartement. Nous n’avons pas besoin d’une scène maintenant, mais nous avons besoin d’un minimum d’espace. En outre, chacun de nous a également besoin de certaines choses spécifiques – en fonction de ce que la chorégraphie a conçu. Par exemple, je vais avoir besoin d’un coin de la maison qui puisse être plongé dans les ténèbres. Certains d’entre nous ont besoin d’une fenêtre. Chacun a besoin de certains éléments spécifiques, qui ne tiennent pas tant au spectateur qu’à la maison. On pourrait dire que ce casting est plutôt de maisons que d’hôtes. Sinon, nous sommes ouverts à tout type de public qui souhaite nous accueillir. »



    Toutefois, la nécessité d’un espace permettant le mouvement ne devrait pas non plus vous retenir, si vous êtes tentés de postuler pour inviter les artistes, le spectacle, à la maison, précise Cristina Lilienfeld :



    « Nous avons même pensé à des studios, s’ils sont assez grands, nous n’avons pas besoin d’avoir un palais. N’importe quel type d’espace peut être performatif et nous sommes ouverts à toute offre. C’est pourquoi une courte vidéo de l’espace proposé est également nécessaire pour déterminer si nous pouvons vraiment danser dans cet espace ou pas. Oui, je pense que nous pouvons nous adapter à la plupart des espaces, et nous sommes prêts à nous adapter et à aller de l’avant, au-delà de ce paradigme de la scène classique. »



    Selon le succès qu’ils auront, les artistes réfléchiront à l’opportunité de poursuivre ce genre de spectacles.


    (Trad. : Ligia)

  • La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    La maison-musée d’Ion Luca Caragiale de Ploiești

    Nous sommes à
    Ploieşti, importante ville du sud de la Roumanie, à une soixantaine de km de la
    capitale. Près du centre-ville, cachée derrière des immeubles à l’architecture spécifique
    de l’époque communiste, il y a une maison historique, toute blanche, bâtie au
    début des années 1900, qui abrite un petit musée. C’est la maison-musée d’Ion
    Luca Caragiale, le plus grand dramaturge roumain. Il est célèbre pour pièces de
    théâtre satyriques, qui critiquaient durement les mœurs et les pratiques
    politiques de leur époque. Ses textes décrivent la société roumaine du début du
    20e siècle, mais ils ont dépassé leur temps, s’avérant très actuels
    de nos jours encore. Pour son humour, son ironie fine et ses personnages hors
    du temps, Ion Luca Caragiale est considéré comme un des 4 grands classiques
    roumains, aux côtés du poète Mihai Eminescu et des prosateurs Ion Creangă et
    Ioan Slavici.








    Nous franchissons
    le seuil de la maison-musée de ce grand dramaturge roumain aux côtés de la
    muséographe Monica Bostan. Pour commencer, elle nous parle de l’histoire de cet
    endroit : « Il a ouvert ses portes le 30 janvier 1962, grâce aux
    efforts du professeur Nicolae Simache, qui a ouvert la plupart des musées du département
    de Prahova. Ce musée est un hommage rendu par les habitants de Ploieşti à notre
    grand dramaturge, 110 ans après sa naissance. Caragiale est né le 30 janvier
    1852, dans la localité de Haimanale, au département de Dâmboviţa, une localité
    qui aujourd’hui porte son nom. A l’âge de 6 ans sa famille déménage à Ploieşti.
    Il passe donc toutes ses années d’école, pratiquement les plus belles années de
    sa vie, ici, à Ploieşti. »






    Avant de visiter
    la maison-musée de Caragiale, Monica Bostan nous fournit plus d’explications
    sur la jeunesse de ce grand dramaturge roumain : « Lorsqu’il est en 2e
    année de l’école primaire, Ploieşti accueille la visite mémorable du prince
    régnant Alexandru Ioan Cuza. Celui-ci visite justement la classe de Caragiale,
    dont l’instituteur était Vasil Drăgoșescu. C’est un moment que Caragiale évoque
    dans son ouvrage intitulé « 50 ans plus tard » (Peste 50 de ani),
    où il décrit son instituteur comme son parent spirituel, disant c’est grâce à
    lui qu’il a tout appris sur la langue roumaine. Dans le même ouvrage, il parle
    de Zaharia Antinestu, son professeur de français, qui va lui servir de modèle
    pour le célèbre personnage Zaharia Trahanache de la pièce de théâtre « Une
    lettre perdue » (O scrisoare pierdută). Puis, Caragiale suit les cours
    du collège Saints Pierre et Paul, créé en 1864. Il termine le collège en 5e
    position sur 8 collégiens. A regarder le catalogue de notes, qui existe
    toujours, on constate que l’élève Caragiale n’était pas le meilleur de sa classe,
    il n’a pas eu les meilleures notes en roumain, comme on aurait pu le croire. En
    revanche, il excellait en français, en maths et en histoire. En fait, plus tard,
    il enseigne le français dans un lycée privé de Bucarest. Aujourd’hui, le bâtiment
    qui accueillait à l’époque le collège de Caragiale est le siège du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Une plaque commémorative fait
    état de la période où le dramaturge a fréquenté cette l’école. Caragiale fait
    aussi une année de collège à Bucarest, puis il étudie la mimique et l’art de la
    déclamation au Conservatoire d’art dramatique de Bucarest, avec un de ses oncles,
    Costache Caragiali. Ses oncles avaient organisé les premières troupes de
    théâtre de la Roumanie de l’époque, pouvant être considérés comme les
    fondateurs du théâtre roumain moderne. Le poète national des Roumains, Mihai
    Eminescu lui-même, a été souffleur pour les troupes de théâtre des oncles de
    Caragiale. C’est à ce moment-là qu’Eminescu et Caragiale deviennent amis. »






    Ce n’est donc pas
    un hasard que Caragiale soit devenu un grand dramaturge : le théâtre a
    fait partie de sa vie dès sa jeunesse. Entrons maintenant dans sa maison de
    Ploieşti, aujourd’hui un très beau musée.






    Notre invitée,
    Monica Bostan, nous y guide : « Dans la 2e salle on a
    reconstitué l’univers des maisons où Caragiale a vécu. Il n’a jamais eu une
    maison à lui. Toute sa vie, il a loué des habitations. En témoigne la nouvelle « Je
    cherche une maison » (Caut casa). Il semble qu’il était en permanence à la
    recherche de la maison idéale. Sur le mur de cette salle, il y a un miroir en cristal
    avec un cadre en bois de rosier qui avait appartenu à l’écrivain ainsi qu’une
    petite table ronde à un seul pied. Les meubles, la table, les chaises, le canapé,
    le tapis attaché au mur – tout cela a appartenu à Caragiale. S’y ajoutent les
    deux tableaux originaux, le bol en faïence ou encore le boc de bière à couvercle.
    Il y a aussi un portrait orignal d’Eminescu, qui est très intéressant, puisqu’il
    est réalisé sur verre, une technique spéciale pour cette époque-là. Bien que
    les divergences qui ont existé à un moment donné entre les deux soient connues
    de tous, les deux grands écrivains ont été amis dès leur adolescence. Lorsqu’Eminescu
    est mort, le 15 juin 1889, Caragiale lui a dédié l’article « Nirvana », où
    il a décrit le poète comme un bel ange descendu d’une icône ancienne. Les
    photos d’Eminescu et Caragiale lorsqu’ils étaient adolescents nous accueillent
    dans le hall du musée. S’y ajoute une photo moins connue de Caragiale, lorsqu’il
    avait 20 ans et fréquentait les cours de ses oncles au Conservatoire d’art
    dramatique. Il y a aussi un buste du dramaturge réalisé par le célèbre sculpteur
    roumain Ion Jalea, des caricatures, des esquisses de costumes, une galerie de
    portraits de différents acteurs qui ont interprété au fil du temps les
    personnages de Caragiale, ainsi que le portrait de sa fille, Ecaterina Caragiale,
    à l’âge de la maturité, peint par Rodica Maniu. Au-dessus du portrait, il y a un
    autre tableau, de la maison de Bucarest du dramaturge, qui existe de nos jours
    encore, rue Maria Rosetti, et vis-à-vis de laquelle il y a la statue de
    Caragiale et une plaque commémorative rappelant aux passants que c’est là que
    Caragiale et sa famille ont vécu en l’an 1900. »








    Avant de
    terminer notre visite à Ploieşti, Monica Bostan nous dit où l’on peut se renseigner
    davantage sur la maison-musée de Caragiale : « Toutes
    les informations sur les activités du musée ou sur les objets qui y sont
    exposés sont à retrouver sur notre page Facebook et sur le site du Musée
    départemental d’histoire et d’archéologie de Prahova. Et nous vous
    attendons nombreux à franchir notre seuil pour entrer dans le monde fascinant de
    Caragiale et de ses personnages mémorables ».









    Sur ce prend fin
    notre visite virtuelle de la maison de Ploieşti où a vécu le plus grand dramaturge
    roumain de tous les temps, Ion Luca Caragiale. Recherchez-la sur Internet pour
    mettre de images sur les mots que vous venez d’écouter et si jamais vous
    arrivez à Ploieşti, n’hésitez pas à la visiter. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Les femmes et les effets de la pandémie

    Les femmes et les effets de la pandémie

    On sait déjà que la pandémie et les restrictions imposées pour l’endiguer ont surtout affecté les groupes vulnérables, notamment les familles pauvres des zones rurales. Les femmes, qui subissaient déjà l’iniquité salariale et la double journée de travail, ont elles aussi souffert en cette période. Selon une récente étude réalisée par l’entreprise de sondages FRAMES, les femmes ont ressentie une charge de travail plus importante qu’auparavant. Sept femmes sur dix ont affirmé que la pandémie avait changé leur mode de vie et 64% d’entre elles considèrent avoir été affectées par les mesures de confinement. Adrian Negrescu, le représentant de FRAMES, nous a révélé d’autres conclusions de cette étude :« Pour 58% des femmes, le télétravail a été une corvée, car on n’était pas vraiment préparés pour travailler à la maison. Les gens n’avaient pas d’ordinateur ou de webcam, ou de connexion Internet haut débit. En plus, travailler dans un petit appartement, avec les enfants et les autres membres de la famille à proximité, rend la concentration très difficile et limite la productivité. C’est intéressant de constater que le télétravail a été une mesure positive pour seulement 26% des femmes. »

    Dans les campagnes et dans d’autres zones défavorisés, le confinement n’a pas été synonyme de télétravail, mais d’accentuation des fragilités économiques et psychologiques. Centrul FILIA, une ONG dédiée à la protection des droits des femmes, a surveillé de près leur condition durant la pandémie, explique la directrice générale de l’association, Andreea Rusu :« Les femmes du milieu rural avec lesquelles nous travaillons ont été contraintes de quitter leur travail à l’étranger ou d’arrêter leur travail journalier. Elles ont dû rester chez elles avec les enfants qui n’allaient plus à l’école. De même, leurs conjoints n’ont pas pu continuer à travailler et n’ont plus eu de revenu. C’est bien connu que beaucoup de gens du milieu rural travaillent au noir ou sur des contrats à durée déterminée. Donc c’est devenu bien plus compliqué d’acheter des produits d’hygiène et des aliments. Durant l’état d’urgence de mars-avril 2020, à l’échelle nationale, deux tiers des personnes à avoir réclamé l’allocation chômage étaient des femmes. Cela montre bien qu’une crise sanitaire de ce type est aussi une crise économique et sociale, et les femmes sont les premières à en être affectées. Si les enfants ne vont plus à l’école ou si des membres de la famille tombent malades, ce sont les femmes qui s’en occupent. Et elles n’ont pas le temps de faire les deux, travailler et prendre soin de la famille. À présent, la situation des femmes est donc encore plus précaire, elles sont encore plus dépendantes de leurs partenaires d’un point de vue économique. »

    Par ailleurs, c’est la relation de couple qui a été mise à l’épreuve durant cette dernière année. Adrian Negrescu revient sur les conclusions de l’étude réalisée par FRAMES :« 64% des femmes ont affirmé que le fait de rester à la maison les a fait mieux connaître leur partenaire. Nous savons bien qu’avant la pandémie de Covid-19, le travail était le principal souci tant des hommes que des femmes. Souvent, ils se rencontraient le soir et les weekends. Leur interaction était quelque part limitée, alors que là, travaillant et vivant l’un à côté de l’autre 24 heures sur 24, sept jours sur sept, ils ont commencé à remarquer des choses qu’ils ne voyaient pas avant. Cela a influencé la perception qu’ils avaient de leur partenaire, ce qui a uni certains et, malheureusement, séparé d’autres. C’est pourquoi il y a eu tellement de divorces en 2020 et cette tendance continue en 2021. Les Roumains divorcent plus qu’avant la pandémie, à cause des différends et des différences de perception entre les femmes et les hommes. »

    La pandémie de Covid-19 a également affecté la relation mère-enfant. En mars 2020, la maison est devenue, d’un coup, école, bureau et foyer. Malgré les difficultés, le rapprochement des enfants a été bénéfique pour certaines femmes, observe Adrian Negrescu :« Les femmes qui sont déjà mères se sont davantage rapprochées du monde des enfants. Avec l’école en ligne, les parents et les enfants ont passé plus de temps ensemble. Certaines mères ont littéralement découvert leurs enfants, elles ont vu des choses qu’elles ignoraient auparavant, faute de temps. Autre fait démontré par l’enquête : 54% des femmes sans enfants disent vouloir tomber enceintes mêmes dans le contexte difficile de la pandémie. On peut conclure que les femmes ont davantage découvert un désir d’enfant durant cette période. »

    Par ailleurs, une recherche entreprise par Centrul FILIA montre que les femmes auraient eu besoin d’un coup de main supplémentaire. Andreea Rusu, la directrice de l’ONG précise :« On aurait dû offrir une alternative aux femmes qui avaient des difficultés à travailler depuis chez elles, à côté de leurs enfants. Les autorités ont mis en place différentes aides, comme le chômage partiel, par exemple, mais cela a été insuffisant. Lors de l’enquête, beaucoup de femmes nous ont avoué qu’elles avaient dû travailler la nuit ou bien qu’elles avaient préféré se mettre en arrêt maladie car elles n’arrivaient pas à assurer les tâches ménagères. Depuis le début de la pandémie, les femmes subissent un stress accru et travaillent davantage. L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle a été très difficile à trouver pour beaucoup d’entre elles. »

    La santé a été une autre raison d’inquiétude pour les gens, mais l’accès aux soins médicaux a été difficile à cause de la priorité donnée aux cas de Covid-19. Le bon côté des choses, c’est que la pandémie a montré l’importance de la prévention, un aspect négligé par la plupart des Roumains et des Roumaines, précise Adrian Negrescu : « Les femmes font de plus en plus attention à leur santé et c’est une bonne chose. Avant la pandémie, 61% d’entre elles disaient aller voir un médecin lorsque le besoin de faisait ressentir, 21% allaient une fois par an et 11% faisaient des examens médicaux trimestriels. En 2021, la santé est devenue une priorité pour 83% de nos répondantes. Il s’agit là d’examens périodiques. Avec la pandémie, les femmes ont voulu aller chez le médecin pour vérifier qu’elles n’avaient pas des soucis de santé, autres que ceux déjà connus. »

    Bien évidemment, à toutes les difficultés déjà citées, s’ajoute la multiplication des cas de violence domestique, observée dans toute l’Union européenne, notamment durant les périodes de confinement. (Trad. Elena Diaconu)

  • L’univers domestique du poète George Bacovia

    L’univers domestique du poète George Bacovia

    Ce poète symboliste enchante aujourdhui encore ses lecteurs par ses vers simples et tristes qui illustrent si bien la mélancolie quils arrivent même à lembellir. Sa survie mondaine a dépendu surtout de sa femme Agatha, grâce à laquelle la petite maison musée George et Agata Bacovia existe de nos jours. Sur sa création et sur son emplacement à la périphérie de la capitale, écoutons Lelia Spirescu, muséographe au Musée national de la littérature roumaine à Bucarest :



    « Cétait un « quartier démocrate » comme le poète aimait lappeler. Cétait un quartier ouvrier, une partie de ce monde de la pauvreté. Il ne sagissait pas du tout dhabitants aisés. On a limpression que ce lieu a été spécialement créé pour lui. Eh bien, George Bacovia avouait à un moment donné que presque lintégralité de ses souvenirs – tant de son enfance que de sa vie adulte – étaient liés à la ville de Bacău. Toutefois, ce fut dans cette demeure quil a emménagé en 1933, aux côtés et grâce à son épouse, Agatha Grigorescu. Ce fut elle qui a réussi à la faire construire, par le biais dun crédit accordé par la Maison des enseignants, une sorte dunion professionnelle. La maison fut construite en temps record, cest-à-dire en un mois, et les travaux furent réalisés sous la coordination dAgatha Grigorescu en personne. Comme je le disais, cette demeure semble avoir été spécialement créée pour George Bacovia. Il était une personne assez solitaire, introvertie, maladive, fragile tant du point de vue physique que psychique. Il a souffert pas mal de dépressions aussi. Et en revanche, Agatha a été une optimiste, une battante tout au long de sa vie. Il est vrai quelle navait pas le choix. Elle a soutenu le poète toute sa vie, et même après sa mort. Ce fut elle qui a souhaité que sa mémoire littéraire soit vivante pour toujours, et cest pourquoi elle fit don de cette demeure à lEtat ; cétait un musée dès 1958, une année après la mort du poète. »



    Même sil avait passé une grande partie de sa vie à Bucarest, George Bacovia a été marqué plutôt par sa ville natale, Bacău (est de la Roumanie). Dailleurs, son pseudonyme littéraire est issu justement du nom de cette ville Bacău – Bacovia. Lelia Spirescu :



    « Le poète George Bacovia est né à Bacău le 17 septembre 1881 dans une famille de marchands qui avaient beaucoup denfants. 11 enfants sont nés dans la famille du poète dont le vrai nom était Gheorghe Andone Vasiliu, mais que nous connaissons sous son pseudonyme littéraire de George Bacovia. Son premier contact avec la ville de Bucarest date de 1903, lorsquil sinscrit à la Faculté de Droit. Par la suite, il allait se retirer de la faculté de Bucarest après trois ans pour sinscrire à celle de Iasi, études quil achève en 1911. Il fait des aller-retours entre Bucarest, Bacau et Iasi. Son épouse est née à Mizil, au comté de Prahova, le 8 mars 1895 et na pas eu une vie facile. Sa mère est décédée quelques jours après laccouchement, alors que son père est mort lorsquAgatha avait 15 ans. Elle a eu aussi deux autres sœurs. Elle fut élevée par sa famille élargie et a fait la connaissance du poète George Bacovia en 1916. Agatha Grigorescu fut à son tour poétesse. Diplômée de la Faculté de lettres et de philosophie, elle a enseigné la langue et la littérature roumaines. Elle a également été professeur remplaçant de français. Ses débuts littéraires remontent à 1923, année de la publication de son volume « Harmonies crépusculaires ».



    Avec un caractère diamétralement opposé à celui du poète, Agatha a assuré à George Bacovia tout lappui matériel et psychologique dont celui-ci avait besoin. Elle a fait construire la maison bucarestoise pour quelle abrite et protège le poète, et cétait une demeure censée la représenter, affirme Lelia Spirescu :



    « Cette maison est extrêmement modeste, tranquille, paisible, elle combine des dénergies tant de la part dAgatha que de George, tellement atypiques tant pour Agatha que pour Bacovia. La luminosité de limmeuble nous fait penser à loptimisme dAgatha, alors que George Bacovia sidentifie avec la modestie et la couleur sombre des meubles. Ces énergies se font sentir de nos jours encore. Les deux semblent être près de nous lorsque nous visitons cette demeure. »



    Avec seulement trois pièces et quelques petites annexes, la maison musée George et Agatha Bacovia est remplie dobjets personnels du couple : meubles, livres, appareils de radio, toiles, mais aussi le violon dont le poète aimait jouer. Lelia Spirescu :



    « Il a aimé en égale mesure le dessein et la musique. En fait, ce fut pour ses dessins quil a été primé pour la première fois dans sa vie. Cétait en 1899, une année à double signification pour George Bacovia. Cest en 1899 quil débute dans la revue « Literatorul », publiée par le poète Alexandru Macedonski, et ce fut la même année quil obtenait le premier prix du concours national de dessin artistique et de nature. La musique a été une autre passion de George Bacovia. En fait, cétait sa première passion, celle qui a rempli son âme et quil a découverte dès son enfance, lorsquil était membre de lorchestre de lécole. Au collège, il a même dirigé cet orchestre avec une tel sens de la musique que son professeur lui a même conseillé de suivre les cours du Conservatoire. Ce ne fut pas le cas, puisque Bacovia a choisi la poésie, tout en restant fidèle à la musique. Il a aimé le violon toute sa vie, ce fut son instrument préféré. Je crois quil ne pouvait même pas choisir un instrument qui puisse mieux résonner avec ses sentiments. Et je citerais le poète qui disait : « Au début, jai fait de la musique et selon les cordes du violon, jai écrit des vers ».



    Après le décès de Bacovia, limmeuble dans lequel il a vécu et tout son patrimoine est devenu « collection dutilité publique », gérée par lépouse du poète et par leur fils. Après le don fait à lEtat en 1966, limmeuble est transformé en maison musée.


  • Anton Pann

    Anton Pann

    Il a également été un personnage légendaire dont l’influence se fait toujours sentir dans les localités où il a vécu : à Braşov, à l’Ecole et à l’église du quartier de Şchei, à Râmnicu Vâlcea et même à Bucarest, où sa maison transformée en musée est ouverte au grand public depuis novembre 2018. A en croire les documents, Anton Pann est né en 1796, à Sliven, en Bulgarie, et il a consacré une grande partie de sa vie aux voyages dans différents pays et régions avant de s’établir à Bucarest, dans la banlieue de Lucaci. C’est là qu’il s’est acheté la maison récemment transformée par les soins du Musée national de la littérature en musée. Dans les minutes suivantes, Madalina Schiopu nous propose une visite guidée de l’édifice :



    « Quand Anton Pann y a emménagé, la maison était déjà construite et à en croire son propriétaire, elle comportait quatre pièces. Deux d’entre elles étaient côté rue, vis-à-vis de deux ou trois autres maisons, englouties par de grands jardins. Les champs s’étalaient derrière toutes ces bâtisses érigées dans la banlieue de Lucaci. »



    Le nom d’Anton Pann se rattache aussi à la création des paroles de l’actuel hymne national, « Réveille-toi, Roumain ! » qui fut inspiré au poète Andrei Muresanu par un poème religieux du rhapsode. Notre guide, Madalina Schiopu, se penche sur l’activité religieuse d’Anton Pann :



    « Il fut une des personnalités importantes de l’Eglise orthodoxe puisqu’il a gagné sa vie en tant que professeur de musique sacrée. Il enseignait la théorie religieuse des psaumes dans les églises bucarestoises et celles des alentours. Ensuite, on ne saurait ignorer le rôle qu’Anton Pann a joué dans la littérature roumaine. Il est l’auteur de « L’Histoire de la parole » et des « Ruses de Nastratin Hogea ». Ces deux volumes, tout comme ses recueils de poèmes, ont été imaginés dans cette maison même où, semble-t-il, Pann avait aménagé une petite pièce pour écrire et une terrasse pour sortir le soir et jouer de la guitare. »



    Décédé en 1854, Anton Pann a légué sa maison de Bucarest à l’Eglise de Lucaci qui, malheureusement, l’a négligée jusqu’à ce que la demeure tombât en ruine. Heureusement, le Musée de la Littérature roumaine a décidé de s’investir pour en faire un musée. Les efforts ont été soutenus, affirme Madalina Schiopu.



    « L’actuelle maison ne ressemble plus à celle du passé dont l’état de dégradation était tel que seuls les piliers sont restés debout. On a donc tout fait reconstruire sur les lieux de l’ancienne demeure. Il suffit de franchir le seuil du musée et de regarder les objets qui s’y trouvent pour se rendre compte de la personnalité et de l’œuvre d’Anton Pann. Il y a, par exemple, un zootrope et praxinoscope, deux jouets optiques ayant précédé la cinématographie moderne et que les enfants pouvaient utiliser pour regarder des dessins en mouvement avec les personnages créés par Anton Pann. Les instruments de musique sont une autre attraction. Il s’agit d’une collection de 23 instruments datant de l’époque des princes phanariotes, du début du XIXème siècle. Chaque instrument est prévu d’un casque qui permet d’entendre le son qu’il faisait. Parmi tous ces instruments, la plupart orientaux, les visiteurs peuvent découvrir aussi quelques instruments roumains tels la cobza, une sorte de luth, ou encore le cymbalum.



    Avec sa multitude de dispositifs interactifs, le Musée Anton Pann se veut un endroit ludique qui attire les jeunes visiteurs, notamment par un tour guidé conçu à leur intention. Madalina Schiopu :



    « Il s’agit d’un tour des objets. Chaque mois, on choisit un objet parmi ceux qui sont exposés et à partir de cet objet-là, on esquisse le contexte historique et on s’attarde sur les personnalités qui s’en sont servi. Par exemple, une machine à imprimer. Un tel objet nous permettrait de parler de l’histoire de l’imprimerie dans le monde. A part les tours guidés, on met en place différents ateliers à l’intention des enfants de 6 à 14 ans. On essaie de s’adapter à l’âge de nos jeunes visiteurs et de les attirer vers nous par des histoires et des anecdotes. Pour les tout-petits, on a fait des ateliers basés sur les Ruses de Nastratin Hogea et sur la morale qui s’y dégage et on les a encouragés à dessiner. Après, on a mis en place des ateliers de muséographie pour expliquer aux enfants ce qu’un musée veut dire et l’activité dans un tel établissement. C’est important qu’ils comprennent que derrière les expositions permanentes et visibles, il y a tout un univers caché. Pour les fêtes, on a mis en place des ateliers de cantiques basés sur ceux écrits par Anton Pann. Et puis, en mars, on a fait des ateliers de création de martisoare. Et la liste continue ».


    (Trad. Ioana Stancescu)

  • Traditions roumaines de Noël

    Traditions roumaines de Noël

    A Noël, toutes les maisons sont propres et les tables chargées de plats savoureux. Le sapin ne manque pas. Il est décoré de pommes, de noix et de graines de haricots blancs. Les jeunes filles à marier sortent leur dot et attendent les jeunes hommes venir chanter des noëls. La nuit de Noël, dans la plupart des zones du pays, le feu ne doit pas s’éteindre dans le poêle, c’est pourquoi, le père de famille met sur le feu une grosse souche, appelée justement la souche de Noël.

    A Tulcea, dans le sud-est du pays, la principale coutume de Noël s’appelle Moşoaie. Du 6 au 24 décembre, des groupes de jeunes habillés de costumes spécifiques vont d’une maison à l’autre, pour annoncer l’arrivée des fêtes et chasser les mauvais esprits, pour que la cour de la maison soit purifiée à Noël. Lorsqu’ils entendent les clochettes, les villageois ouvrent le portail pour accueillir le groupe. Celui qui ne reçoit pas un tel groupe ne sera pas content à Noël. Chaque famille reçoit plusieurs groupes. D’habitude, il y en a une cinquantaine. C’est toujours comme ça, les jours de fête. Et puisque la Dobroudja est habitée par de nombreuses minorités ethniques, notamment des Ukrainiens et des Turcs, qui ont emprunté leurs coutumes les uns aux autres, à Noël, depuis les temps les plus anciens, les Turcs accueillent les « moşoi » et les Roumains préparent un gâteau turc, aux noix et au miel, appelé baklava.

    Dans la zone montagneuse du Banat, dans le sud-ouest du pays, le sapin est orné de sucreries. Sous le sapin, on dépose un pain rond, une saucisse et une bouteille d’eau-de-vie, en guise de cadeau pour le Père Noël. Et on dépose aussi des graines et du foin pour son cheval. Le soir, on attend les groupes d’enfants, de jeunes et d’adultes qui viennent chanter des noëls, depuis minuit jusqu’au petit matin, en fonction de leur âge. En Transylvanie, les préparatifs pour Noël commencent dès le 15 novembre, date à laquelle débute la période de carême. On ne mange plus de viande du tout, les femmes se réunissent pour des veillées et tissent les habits de fête.

    Dans la zone de Cluj, au centre du pays, on chante des noëls, mais aussi des cantiques préchrétiens. Les jeunes vont d’une maison à l’autre ; ils ne portent pas de masques et endossent des costumes traditionnels roumains. Les gens les attendent et les accueillent les bras ouverts. Au Maramureş, contrée de l’extrême nord de la Roumanie, les traditions de Noël sont un mélange de croyances païennes et chrétiennes – entre autres la « danse des vieillards ». Les jeunes qui font le tour des maisons, pour adresser des vœux aux hôtes, portent des masques.

    En Moldavie aussi, Noël est une fête importante. Les activités de la veille étaient toutes des rituels de protection du bétail, des vergers et de la maison. Les femmes nettoyaient toute la maison et les hommes prenaient soin de remettre tout objet emprunté à son propriétaire. Les femmes préparaient un pain ayant la forme du chiffre 8, qui, au printemps, va être fumé et placé entre les cornes des bœufs qui labourent la terre. Le repas de Noël, préparé toujours la veille, comporte une douzaine de plats, dont la plupart à base de viande de porc.

    En Bucovine, dans le nord-est du pays, on pense que tous les cantiques et les vœux exprimés avant Noël ont pour but de chasser les diables, pour que le village soit propre la nuit de Noël. On considère que c’est un grand pécher de fermer la porte avant Noël et de ne pas accueillir les groupes de jeunes qui parcourent le village pour chanter des noëls. Une des coutumes est celle de l’Etoile. Des enfants déguisés en mages vont d’une maison à l’autre chanter le cantique de l’Etoile, annonçant la grande nouvelle de la naissance de Jésus.

    En Olténie, dans le sud du pays, les traditions de Noël sont étroitement liées aux rituels de purification et de divination, les jeunes filles à marier tâchant d’apprendre qui sera leur futur mari. La veille, on pratique une coutume liée au feu : tous les membres de la famille, quel que soit leur âge, attisent le feu à l’aide d’un bâton, en prononçant quelques vers censés protéger la maison, écarter la maladie et apporter une nouvelle année abondante. Les jeunes qui parcourent le village, pour chanter des noëls et formuler des vœux, se voient offrir des bretzels, des pommes, des poires… Aux adultes, on offre aussi de l’eau-de-vie et du vin chaud. (Dominique)

  • Personnalités de la Grande Guerre

    Personnalités de la Grande Guerre

    Ce fut une période de combats acharnés et de sacrifices, Bucarest fut occupé par l’armée allemande ; pourtant, le pays sortit de la guerre renforcé — et unifié en 1918. Les hommes politiques et les militaires qui se sont distingués pendant cette période sont de nos jours des héros de la nation et leur passage à travers différents lieux et villes a été soigneusement étudié. L’Association « Histoire de l’Art » a récemment mis en œuvre un projet consacré aux personnalités de la Première Guerre mondiale et à leurs maisons bucarestoises — des villas plus ou moins somptueuses situées dans des zones historiques de la capitale et dont certaines ont subsisté. L’une d’entre elles se trouve dans un quartier aménagé au début du 20e siècle, suite au parcellement Ioanid. Un grand nombre de villas magnifiques y ont été construites, dont l’une a appartenu à Vintilă Brătianu, maire de la capitale et frère cadet du libéral Ionel Brătianu, premier ministre et un des artisans de la Grande Roumanie. Oana Marinache, de l’Association « Histoire de l’Art », retrace en quelques mots la biographie de Vintilă Brătianu, maire de Bucarest.



    « Il a approuvé le parcellement du Jardin Ioanid en 1909 et, à la fin de son mandat, il a gardé pour lui la plus grande parcelle de la zone. La partie couverte de végétation, c’est-à-dire le jardin ou le parc du quartier, n’était pas adjacente à sa propriété. Après la mort de Ionel Brătianu, en 1927, son frère cadet, Vintilă, prend les rênes du parti, mais il mourra, lui aussi, trois ans plus tard. Avant de se trouver à la tête du Parti libéral, entre 1907 et 1910, il a été maire de Bucarest. »



    La maison de Vintilă Brătianu, érigée selon les projets du grand architecte Petre Antonescu, est encore debout, rue Aurel Vlaicu. Oana Marinache.



    « On y retrouve un amalgame d’influences et de styles. Solide et volumineuse, elle rappelle les demeures fortifiées d’Olténie. Le portail a été créé sous l’influence de l’architecture spécifique de la zone collinaire bordant les Carpates. On y décèle aussi l’influence de l’architecture monastique, surtout de celle propre aux enceintes des monastères de Valachie. C’est une construction qui devient vite représentative pour l’architecture du début du 20e siècle. En général, les grandes personnalités politiques transmettent un message non seulement par leurs déclarations et leurs activités politiques, mais aussi par leur façon de vivre. Ainsi, après la Grande Union de 1918, dans les maisons des personnalités de l’époque fait son apparition le poêle transylvain. On met ainsi en évidence des éléments appartenant à la province pour laquelle tant de Roumains avaient lutté et sacrifié leur vie. Il s’agit d’un poêle en faïence avec des dessins en bleu ou en vert sur un fond clair. Dans tous les manoirs des boyards et dans toutes les maisons des hommes politiques de cette époque, on retrouve cette décoration à valeur symbolique et politique. »



    C’est dans un bureau de cette maison que, le 4 août 1916, on aboutissait à un accord secret avec l’Entente, accord qui allait être approuvé, par la suite, par le Conseil de la Couronne et en vertu duquel la Roumanie allait entrer en guerre. Un des militaires s’étant distingué dans cette guerre a été le général Henri Cihoski, participant au combat de Mărășești et adjoint au sein du Grand Etat-major. En décembre 1920, il fut chargé de réorganiser l’armée de Transylvanie, province qui avait réintégré depuis peu la mère patrie. Une année plus tard, Henri Cihoski se voyait confier la mission de superviser les cérémonies de couronnement du roi Ferdinand mais aussi le chantier de la Cathédrale de l’Union d’Alba Iulia. Sa maison de Bucarest avait une architecture moderne. Bâtie selon les projets de l’architecte Alexandru Săvulescu, elle fut achevée en 1934. Elle se trouve toujours dans une zone située à proximité du Parc Ioanid. Dans les années 1930, le roi Carol II a récompensé les officiers qui s’étaient distingués pendant la guerre, en leur offrant des terrains. Henri Cihoski a compté parmi ses officiers. C’est dans cette maison, où il habitait avec toute sa famille, qu’il fut arrêté par les communistes en mai 1950, pour s’éteindre, 11 jours plus tard, dans la prison de Sighet.


    – – –


    Le sort d’un autre officier ayant participé à la Première Guerre mondiale, le général Ioan Dragalina, ne fut pas meilleur. Il est mort en 1916, après avoir défendu la frontière ouest du pays, en tant que commandant de la première division d’infanterie basée à Drobeta Turnu Severin. Oana Marinache raconte :



    « Le 12 octobre 1916, le général Dragalina part, en voiture, accompagné probablement par quelqu’un d’autre à part le chauffeur, pour une mission de reconnaissance. Ils sont surpris par une rafale de balles et attaqués par l’armée austro-hongroise. Il s’en tire, sur le moment, mais il est blessé à l’épaule. On le transporte à Bucarest, sur l’ordre du roi. Pourtant, en raison du grand retard enregistré par les trains, une septicémie se déclenche et le 24 octobre il meurt dans d’atroces souffrances. »



    Durant l’entre-deux-guerres, les enfants du général allaient recevoir, à la mémoire de leur père, un terrain à Bucarest issu du parcellement Bonaparte, devenu par la suite le Parc Ferdinand Ier. A cet endroit se trouve, de nos jours, une des zones résidentielles les plus chic de la capitale : la zone des rues portant des noms de capitales.


    (Trad. : Dominique)

  • A la Une de la presse roumaine 17.07.2018

    A la Une de la presse roumaine 17.07.2018

    România liberă constate
    « la situation désastreuse » de la transplantation et du don
    d’organes en Roumanie. Inquiet de la baisse
    accéléré de la population de la Roumanie, Gândul.info lance une campagne médiatique sur
    « la Roumanie qui a déménagé à l’étranger ». Jurnalul.ro s’intéresse au tourisme de fin de semaine qui aide la côte
    roumaine de la mer Noire à tenir debout. Adevarul.ro a choisi de
    présenter une « maison révolutionnaire en chanvre et chaux ».


  • Mamans et entrepreneures

    Mamans et entrepreneures

    L’association est présente depuis plusieurs années dans 12 villes du pays et elle profite de chaque événement pour organiser des expos-vente pour les mères créatrices qui sont membres de l’organisation.



    Avant une foire organisée par cette association, nous avons invité au micro de RRI Florentina Baloş, chef de projet chez WAHM : « Nous promouvons l’hommage à la maternité, l’hommage apporté aux arts et aux traditions de Roumanie. Il y a plus de 30 mères qui exposent leurs créations à cette foire. Nous visons haut, le plus haut possible, et nous tenons vraiment à ce que ces mères soient connues et, à cet effet, nous souhaitons montrer leurs créations dans le plus d’endroits possible. Nous avons eu d’autres projets: « Les mères au métier d’or », « Le musée vivant interactif » où l’on se donne également pour tâche de promouvoir l’art et la tradition. Il y a chez nous des mamans qui veulent participer à toutes les foires organisées par nous et qui y viennent volontiers, avec des nouveautés à chaque fois. »



    L’association WAHM aide les mères de différentes façons, comme par exemple en organisant des ateliers de spécialisation ou de mise à jour dans des domaines divers, des ateliers pratiques pour acquérir de nouvelles capacités qui sont bienvenues au début d’une nouvelle carrière, des types de conseil pour transformer une idée en affaire profitable, du mentorat entrepreneurial, des annonces d’emplois, des instruments de promotion et de visibilité et beaucoup d’autres. Au-delà du soutien accordé aux mères qui s’y connaissent en métiers artisanaux ou en toute autre forme d’expression artistique, l’association a coopté aussi celles qui proposent des services tels que le conseil juridique, fiscal, les plans d’affaires, le marketing, le design graphique ou l’accès aux fonds.





    Par leur présence aux foires, les mères exposantes gagnent en confiance dans leurs propres forces et ont aussi l’occasion de vérifier la popularité de leurs idées.





    Florentina Baloş nous a parlé du feedback que les mères reçoivent de la part des visiteurs des foires : « En général, ils sont enchantés par l’initiative et le retour reçu est positif, tant directement, pendant la foire, qu’après, par courriel, au téléphone ou sur Facebook, car on reçoit des messages très positifs, ce qui nous réjouit et nous fait aller de l’avant. Nous organisons des foires de saison, des défilés de mode et nous essayons d’organiser une foire à chaque fois que l’occasion se présente. »





    Ainsi, nous avons célébré avec WAHM le « Mărţişor », la fête du 1er mars, et la Journée internationale de la femme, le 8 mars! Des vêtements d’une très bonne qualité, des jouets réalisés avec beaucoup de soin et en y mettant du cœur, des cosmétiques naturelles au parfum envoûtant, des bijoux qui font sortir n’importe quelle tenue de l’anonymat et animent le regard, des accessoires pour la maison et des « mărţişoare », ces petits pendentifs offerts pour le 1er mars, voilà les offres de WAHM pour cette foire. Cette fois-ci, nous avons eu 35 exposants, des artisans autochtones, dont les mains créent des choses magnifiques. Un évènement pour les « mères créatives et inspirées, pour les maris tendres, les petits joueurs, beaucoup de familles courageuses et qui ouvrent de nouveaux chemins! », d’après les propos des organisatrices.



    Florentina Baloş lance une exhortation: «Soutenez les mères qui travaillent de chez elles ou en tant qu’indépendantes, soutenez la maternité et aidez-les à être au plus près de leurs enfants! »



    Notre interlocutrice a aussi précisé que l’association avait eu beaucoup de succès et cela grâce au fait que, dès sa création, les messages de soutien et les réactions d’encouragement ne sont pas venus seulement de la part des mères intéressées par le déroulement d’une activité lucrative à la maison, mais aussi de la part d’autres catégories sociales, ce qui a donné aux petites mamans de WAHM l’envie de continuer et de croire dans le succès de leur démarche. (Trad. Nadine Vladescu)

  • Tendance BTP : les maisons en bois

    Tendance BTP : les maisons en bois

    Les affaires du BTP se sont beaucoup développées ces dernières années, stimulées par l’intérêt des Roumains et des compagnies pour les investissements dans l’immobilier. Si bien que l’année dernière ces affaires ont atteint les 80 milliards de lei, par rapport à 76,7 milliards de lei en 2015. De nouvelles sociétés du BTP ont vu le jour : plus précisément 1617 au cours des deux premiers mois de cette année, alors que sur l’ensemble de 2016 on en compte 8741. Les appartements bon marché accessibles par le programme « Le premier logement » ont été le principal moteur du marché, affirment les analystes de l’immobilier. Un autre argument en faveur des perspectives positives du marché, c’est le nombre croissant de permis de construire pour les bâtiments résidentiels, soit une hausse de 51% en février 2017 par rapport à janvier.



    De nouvelles tendances sont également à remarquer sur le marché. A part les constructions en brique et béton, les Roumains s’intéressent de plus en plus aux maisons en bois. Bien que ce soit encore un concept nouveau en Roumanie, la demande pour des maisons en bois n’est pas négligeable. Du coup, le nombre des sociétés qui construisent de telles maisons se multiplie, notamment dans les zones de montagne, où des dizaines d’ateliers viennent d’ouvrir leurs portes.



    Les Français sont les clients les plus intéressés par les maisons en bois fabriquées en Roumanie. Une société de la commune de Şura Mare, au département de Sibiu, en Transylvanie, leur propose des produits divers, exécutés dans les meilleures conditions : maisons, chalets de vacances, cabanes, mobilier de jardin, maisonnettes pour enfants et autres objets pour l’aménagement des jardins.



    Ecaterina Burulea, directrice de ventes de la société de Şura Mare, nous parle de son activité : « Ca fait déjà presque 17 ans que nous travaillons dans ce domaine. Nous avons commencé par des maisonnettes de jardin et de petits objets de mobilier. Puis, nous avons élargi notre affaire. Nous avons construit des maisons de plus en plus grandes. Pendant un certain temps, tous les produits de notre société étaient destinés à l’exportation, notamment en France et en Italie.



    Mais ces dernières années, les Roumains ont commencé à se faire bâtir de plus en plus de maisons en bois. Les nôtres sont en bois massif. Une fois la maison montée, le bois est traité contre la moisissure, les rayons ultraviolets, les incendies etc. On utilise une laque protectrice dont la nuance est choisie par le client. Nous offrons le matériau pour la construction, les portes, les fenêtres, le projet technique, une couverture pour le toit et le montage. La maison reste, donc, à l’état naturel. Par la suite, le client doit la peindre, la couvrir d’une laque protectrice et s’occuper des services communaux et des finissages. Notre siège est à Sibiu, c’est donc ici que tous les éléments en bois sont produits aux dimensions nécessaires, puis ils sont transportés par la route et montés sur place, où que ce soit en Roumanie et en Europe.»



    Construire des maisons en bois — c’est facile et rapide. Mais quand il est temps d’élargir son affaire, les producteurs comptent plutôt sur les exportations. Pour les ventes en Roumanie, c’est le programme « Le premier logement » qui a joué un rôle très important, venant en aide aux constructeurs de maisons en bois.



    Ecaterina Burulean explique : « Ces derniers temps, on constate une tendance croissante en Roumanie dans ce domaine, ce qui nous réjouit beaucoup. Les ventes se portent très bien, nous avons déjà des commandes pour les mois à venir, mais aussi de plus en plus de demandes d’exportation. Fin avril, nous avons monté une maison en Autriche, en janvier nous avons fait des exportations en France, en décembre 2016 — en Grande Bretagne. Au cours des années, nous avons beaucoup exporté en Grèce, en Italie, en Hongrie, en France, en Espagne. A un moment donné la totalité de nos maisons étaient destinées à l’exportation, mais ces derniers temps on a gagné beaucoup de terrain sur le marché local aussi… »



    Mais quels sont les avantages d’une maison en bois ? Réponse avec Ecaterina Burulean: « Premièrement, le prix. Un client autrichien nous a dit que le même modèle de maison coûtait environ 130.000 euros en Autriche, alors que chez nous ça coûte environ 30.000 euros, tout compris. Donc il y a une différence énorme de prix. Ensuite, il s’agit de la qualité de l’exécution et du fait que nous livrons les produits dans les plus brefs délais, surtout si le client ne demande que le matériau de construction. Chaque produit est personnalisé selon les demandes du client. Environ 70% de notre production est composée de chalets de vacances ou de résidences occasionnelles. Le prix est donc l’élément décisif pour le client, car une maison en bois coûte 30-40% moins cher qu’une maison en brique par exemple.



    Deuxièmement, la construction est très rapide, elle dure entre 3 et 4 jours, en fonction des dimensions de la maison. Au bout de 2 ou 3 mois, le bénéficiaire peut déjà y emménager si tout est bien organisé. Autre avantage : l’efficacité thermique. Bien que le mur soit assez fin, son isolation thermique est nettement supérieure à celle d’un mur en brique. Par exemple, nos murs ont 4,5 cm d’épaisseur, soit l’équivalent de 18 cm de mur en brique. Enfin, un autre avantage est l’aspect d’une maison en bois, dans le sens qu’elle s’intègre beaucoup mieux dans un paysage de montagne. »



    Le prix d’un chalet en bois varie aussi en fonction du modèle choisi et du nombre de compartiments ; bref, tout dépend de la quantité de bois utilisée. Par exemple, pour un chalet à un seul niveau, le prix est de 115 euros le mètre carré. S’y ajoute le coût de la main d’œuvre et une couverture du toit. 80% des clients préfèrent des maisons de petites dimensions, à utiliser en tant que résidence de vacances. (trad. : Valentina Beleavski)

  • La « Maison verte » rouvre ses portes

    La « Maison verte » rouvre ses portes

    Interrompu il y a cinq ans, le programme gouvernemental « Maison verte » vient d’être relancé cet été afin d’améliorer la qualité de l’air, de l’eau et du sol par la réduction de la pollution générée par la consommation de bois et d’autres combustibles solides pour le chauffage et l’obtention de l’eau chaude ménagère. Le gouvernement souhaite également stimuler l’emploi de systèmes qui utilisent des sources d’énergie renouvelable, non polluantes.



    Le programme « Maison verte » est relancé cette année avec une ligne de financement de plus de 34 millions d’euros et selon les premières estimations, environ 15.500 personnes physiques pourraient en bénéficier. S’y ajouteront associations de propriétaires, mais aussi institutions publiques, hôpitaux, écoles et universités.



    Le programme « Casa verde clasic » propose de financer des investissements dans la rénovation thermique des immeubles avec des matériaux tels le chanvre, la laine et la laine de roche. Par ailleurs, le programme « Casa verde plus », dispose de 10 millions d’euros destinés à financer des projets utilisant des matériaux écologiques, des systèmes de toits verts et de gestion de la consommation d’énergie ainsi que des systèmes d’éclairage éco.



    Ce qui plus est, une autre dizaine de millions d’euros sera destinée à ceux qui avaient conclu des contrats en 2011 dans le cadre du précédent programme « La maison verte ». Celui-ci finançait entre autres l’installation de systèmes de chauffage utilisant l’énergie renouvelable qui étaient censés compléter, sinon remplacer entièrement, les chaudières classiques.



    Hormis la diminution de la pollution et la baisse des factures d’énergie, le projet prévoit également d’autres avantages selon la ministre de l’environnement, Cristiana Pasca Palmer. « Ce marché n’en est qu’à ces débuts en Roumanie et par le biais des mesures que nous venons d’adopter je veux stimuler le business dans ce secteur. L’utilisation accrue de matériaux de construction écologiques créera un marché compétitif et j’espère qu’elle mènera aussi à l’apparition de nouveaux emplois », a également précisé Cristiana Pasca Palmer, la ministre roumaine de l’environnement, des eaux et des forêts. (trad. : Alex Diaconescu)

  • Baby-parking

    Baby-parking

    Si vous voulez vous accorder du temps rien que pour vous et que vous soyez à la recherche d’une solution pour faire garder votre enfant, sachez que le concept de baby-parking a fait son apparition à Bucarest aussi. Il s’agit d’un club de loisirs à horaire prolongé, ouvert 7 jours sur 7, où les parents peuvent laisser, dans la journée, leurs enfants de 0 à 14 ans. Attentivement surveillés par des éducateurs équilibrés, qui ne sont adeptes ni des sanctions ni des récompenses, mais qui croient à la discipline et au bon sens, les enfants sont invités à participer à des activités ludiques ou à des ateliers, censés cultiver leur imagination.



    Adina Serafini, coordinatrice du projet nous a parlé du début de cette histoire à succès: « L’idée nous est venue il y a longtemps. Nous autres parents, nous avons pensé trouver un endroit pour faire garder notre garçonnet de temps en temps. Nous voulions par exemple sortir en ville au cinéma, au théâtre, à un concert, sans avoir à faire appel à une voisine, une baby-sitter ou à la bonne. Bref, nous avons mis en pratique ce à quoi nous avions rêvé alors. Nous avons déniché un petit espace accueillant et lumineux, pour recevoir les petits. Il comporte une pièce dédiée aux ateliers, une deuxième pour la garde proprement-dite des petits et une troisième pour la sieste ou les repas. Nous avons créé une atmosphère intime, de sorte que les enfants se sentent à l’aise, comme chez eux. Nous n’allons pas vraiment vers l’idée d’aire de jeux. Lorsqu’il n’y a pas d’activités précises, les enfants que nous recevons ont toute la maison à leur disposition. »



    La maison et le jardin mesurent ensemble 135 mètres carrés et sont équipés de façon à conforter et à contenter les enfants. Au besoin, ils peuvent se transformer en un espace propice à l’organisation d’agréables fêtes à thème, suivant l’occasion et la tranche d’âge.



    Le projet en question offre non seulement du divertissement. Des ateliers à thème sont également prévus qui visent à développer certains penchants des enfants. Ecoutons Adina Serafini, coordinatrice du projet « baby parking »: « Les ateliers n’en sont qu’à leur début. Pour l’instant, nous en avons deux, mais nous ambitionnons d’en ouvrir d’autres. Par exemple, nous pensons étoffer les activités des plus petits, qui passent plus de temps dans la pièce de baby-parking. Des ateliers seront également organisés à l’intention des enfants plus grands. Pour le moment nous avons l’atelier d’improvisations, animé par l’actrice Carmen Lafazan, et celui de théâtre, avec l’actrice Oana Rusu. L’atelier d’improvisation cultive leur imagination et leur spontanéité par des jeux d’improvisation, les enfants étant encouragés à être créatifs, à développer leurs capacités de communiquer et de parler en public, tandis que les jeux théâtraux sont censés accroître leur attention, leur capacité de concentration, leur mémoire, autant de capacités qui leur seront utiles aussi à l’école. Il y aura beaucoup d’ateliers intéressants, de constructions en Lego, design vestimentaire, pour des jeunes filles et même pour les mamans, ensuite le psychologue à l’écoute et autres. C’est une zone en plein développement. Pourtant, l’offre principale, c’est le baby-parking.»



    Dans la perception des parents qui souhaitent parfois du temps pour eux, l’idée de baby-parking est une variante qui remplace à succès la bonne, jamais disponible d’un jour à l’autre. C’est un endroit à portée de main, sûr et très confortable. Et ce qui est très convenable, c’est que vous pouvez « garer » votre enfant aussi longtemps que vous le souhaitez, entre quelques heures et une journée entière, y compris les fins de semaine.



    Selon les enfants, cela peut être un deuxième chez soi, où ils se sentent en sécurité, s’amusent, mangent, dorment, et où il n’est pas exclu que la maman, la grand-mère ou l’accompagnateur le plus proche soient présents, nous a dit notre interlocutrice, qui a ajouté : « Les enfants semblent tout à fait enchantés, parce que c’est une maison avec des jouets, avec des enfants, un environnement joyeux pour eux, un peu plus gai que de rester chez eux, accompagnés par un adulte tel que la bonne ou la grand-mère. C’est quelque chose entre l’aire de jeux et la maternelle. Le cadre est beaucoup plus attrayant, dans sa propre maison on a le confort de l’intimité, que nous avons essayé de recréer ici, par l’aménagement, vous avez vos propres jouets que vous connaissez déjà. L’endroit diffère, les jouets aussi, ils se font de nouveaux amis, c’est un plus. C’est beaucoup plus intéressant et plus attrayant pour eux que de rester chez eux quand le parent part pour une demi-journée ou une journée entière ».



    Et vu que cet endroit semble faire la joie des parents, leur tranquillité, il ne nous reste plus qu’à attendre une occasion d’y « garer » aussi nos enfants et de recueillir directement leur retour. (trad.: Mariana Tudose, Ligia Mihaiescu)