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  • La famille Macca et sa résidence de Bucarest

    La famille Macca et sa résidence de Bucarest

    Le flâneur qui s’abandonne au charme de la
    zone historique de Bucarest, découvre près du centre-ville et des principales
    artères de l’agglomération, telles que l’avenue Victoriei et le boulevard Lascăr
    Catargiu, le bâtiment de l’Institut d’archéologie de l’Académie roumaine,
    l’ancienne Maison Macca. Edifice à l’architecture particulièrement raffinée et
    riches ornements, la Maison Macca est une des constructions les plus
    fascinantes du patrimoine bucarestois.

    Son histoire mixe le cosmopolitisme de
    l’époque à travers John-Élisée Berthet, architecte
    d’origine suisse, et la biographie de vieilles familles locales, car la maison
    a été bâtie par le colonel Petru Macca et son épouse Elena, philanthrope connue
    de ces temps-là, qui, dans son testament, a d’ailleurs fait don de la résidence
    familiale au ministère de l’éducation. C’est la raison pour laquelle l’immeuble
    a accueilli plusieurs institutions, dont le musée des antiquités à
    l’entre-deux-guerres et l’institut d’archéologie de nos jours. L’historienne de
    l’art Oana Marinache a cherché dans les archives des informations sur le passé
    et les plans architecturaux du chef-d’œuvre signé par l’architecte John-Élisée
    Berthet. C’est pratiquement une commande
    privée de la part d’une famille riche
    . Tous les revenus de Mme Elena Macca avaient pour source
    l’exploitation de son domaine de Miroși. A l’aide du second époux de la
    propriétaire, le colonel Petre Macca, mais aussi avec beaucoup de patience et
    un très important effort financier, également avec l’aide d’entrepreneurs talentueux,
    étrangers pour la plupart car les commandes sont envoyées à Paris et à Vienne,
    le couple érige ce bijou immobilier. L’édifice est en fait la somme de tous les
    styles de la fin du XIXème siècle. L’architecte Berthet reçoit la commande en
    1891, or il est impossible de réaliser la composante artistique en si peu de
    temps. L’immeuble est fini autour de 1894, quand le couple Macca emménage dans
    sa nouvelle résidence, qui sera aussi impliquée dans des événements moins
    plaisants à travers le temps. Par exemple, les écuries et les dépendances ont
    pris feu en 1894 et en 1897. La maison, y compris le corps principal, a
    également subi des transformations, mais la composante artistique d’origine est
    parvenue jusqu’à nous. Sa restauration nous fournit d’ailleurs quelques
    surprises. On trouve encore des fresques, des stucs, des meubles inédits, qui
    nous offrent une nouvelle image d’un style de vie à la fin du XIXème siècle et
    au début du XXème.
    , raconte-t-elle.


    L’immeuble est structuré sur quatre
    étages: sous-sol, rez-de-chaussée, étage et grenier mansardé. Les ornements
    intérieurs et extérieurs ont des éléments baroques, tels que guirlandes en pierre, pilastres
    classicisants et symboles héraldiques. Les plafonds et les murs gardent des
    fragments de fresques d’origine, certains stucs sont partiellement dorés. A un
    moment donné, les balcons ont été adaptés au style Art Nouveau, ce qui les a
    transformés en magnifiques serres d’hiver. Et l’on aussi ajouté un vitrail
    ouvert vers l’ancien jardin. Par ailleurs, quand on parle de la famille Macca,
    le premier-plan est occupé par Elena Macca, souligne l’historienne de l’art
    Oana Marinache: La
    propriété lui appartenait, tout a été réalisé avec ses propres ressources
    financières. Je dirais
    qu’Elena Macca est en fait la quintessence d’un mode de vie et d’un type de
    grande dame philanthrope de la fin du XIXème siècle. Elle avait suivi des
    modèles de sa propre famille. D’abord sa mère et puis sa grand-mère maternelle,
    des modèles féminins qui bénéficiaient, certes, d’un certain statut économique
    et social, mais qui prenaient soin des domestiques de la maison, des paysans du
    domaine, des petits entrepreneurs et des locataires qui vivaient sur le même
    domaine. Je crois qu’Elena Macca est un exemple qui mérite d’être connu du
    public, même si elle est décédée en 1911, il y a donc plus de cent ans.



    En 1931, la Maison Macca, donnée par sa
    propriétaire à l’Etat roumain, a accueilli le Musée national des antiquités, et
    depuis 1956, année de la fondation de l’Institut d’archéologie, l’édifice
    appartient à l’Académie roumaine. La
    mauvaise conservation du bâtiment est à l’origine de la décision prise
    récemment de lancer des travaux de rénovation de la Maison Macca sous la
    houlette de l’Institut national du patrimoine. (Trad. Ileana Ţăroi)