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  • Paul Jamet (France) – la réserve protégée de Vanatori Neamt

    Paul Jamet (France) – la réserve protégée de Vanatori Neamt

    Comme vous le savez peut-être déjà, avec ses plus de 250 000 hectares de forêts vierges, la Roumanie compte lun des fonds cynégétiques les plus riches en Europe. Quelque 6 000 ours et 3 000 loups vivent toujours dans les forêts des Carpates, mais le pays avait malheureusement vu disparaître le bison sauvage, véritable symbole des principautés roumaines. Depuis plus d’une dizaine d’année, la Roumanie fait des efforts soutenus pour que cette espèce regagne son territoire d’antan.



    Pour plus de détails à ce sujet, nous avons invité au micro du courrier M. Sebastian Catanoiu, directeur du Parc naturel Vanatori Neamt, l’une des principales aires naturelles protégées de Roumanie dont la création remonte à 1999: « Le Parc naturel Vanatori Neamt se trouve dans le département de Neamt, près de la commune de Neamt et de la localité d’Agapia. Le parc a une grande importance culturelle et spirituelle, puisqu’il regroupe une multitude de monastères orthodoxes dont deux figurent parmi les plus grands d’Europe : Agapia et Varatec réunissant chacun entre 300 et 400 nones. Nous avons aussi les villages monastiques de Neamt, Agapia et Varatic, uniques en Europe, puisqu’ils sont peuplés seulement de nones ou de moines à l’instar de la république monastique du Mont Athos. Pour les touristes roumains, le parc de Vanatori Neamt est aussi l’endroit où se trouvent les musées consacrés aux grands classiques de la littérature roumaine Ion Creanga, Alexandru Vlahuta et Mihail Sadoveanu. Autant d’édifices culturels et religieux qui se trouvent au cœur d’un paysage magnifique avec des montagnes et des collines couvertes de forêts ancestrales. J’invite donc tous les auditeurs à nous rendre visite pour se convaincre de la justesse de mes mots ».



    Le Parc de Vanatori s’étend sur quelque 30.000 ha de terrains dont 25.000 couverts de forêts et 5 de pâturages. Parmi ses principaux objectifs, figure justement le repeuplement des Carpates de bisons. Un projet en ce sens a été démarré en 2003 et voilà que plus de dix ans après, les résultats sont des plus beaux, puisque les bisons sauvages ont commencé timidement à regagner les Carpates roumaines.



    Sebastian Catanoiu s’attarde sur le parcours de cet animal de légende: « A en croire certains documents, les bisons ont complètement cessé d’exister en Roumanie vers 1850 quand une dernière attestation parle de la peau d’un bison découverte quelque part près de Borsa, dans la Transylvanie sous occupation austro-hongroise. Il se peut que des bisons aient existé après 1850 aussi, en Moldavie, mais les documents n’en parlent pas. De toute façon, vers la fin du XIXème siècle, le bison n’existait plus en Roumanie. Les premières tentatives de repeuplement des Carpates de bisons remontent aux années 1958 quand plusieurs exemplaires originaires de Pologne ont été libérés dans la réserve de Hateg, au cœur de la Transylvanie. Petit à petit, d’autres bisons de Pologne ont été offerts à la Roumanie de sorte qu’au moment où nous avons démarré notre programme destiné aux bisons, en 2003 donc, cet animal vivait dans trois aires protégées des Carpates de Roumanie : Hateg, Neagra Bucsani et Vanatori Neamt. Après 2003, on a commencé à relâcher chaque année, dans les forêts roumaines, des bisons provenant non seulement des ex pays soviétiques, mais aussi d’autres pays européens. Une fois arrivés en terre roumaine, les bisons ont été d’abord relâchés dans une zone d’acclimatation de 180 hectares pour s’habituer progressivement à la vie sauvage. Et puis, en mars 2012, un premier groupe de 5 bisons a finalement été relâché dans la nature, devenant ainsi le premier à l’état sauvage de Roumanie. A partir de ce moment, le nombre de ces grands mammifères ruminants relâchés dans la nature a augmenté chaque année de sorte qu’à présent, la Roumanie recense un total de 16 bisons en liberté, parfaitement adaptés à la vie sauvage, en pleine forme et en bonne santé ».



    Le destin du bison dans le monde est des plus intéressants. Il convient de mentionner qu’à un moment donné, il n’y a avait qu’une cinquantaine d’exemplaires provenant tous de seulement 12 bisons géniteurs Or, bien qu’à présent la population de bison regroupe quelque 5000 individus, ils sont tous les descendants de ces 12 exemplaires fondateurs. On parle donc d’une variabilité génétique relativement faible qui menace cette espèce. Or, vu l’importance de cet animal pour l’écosystème, il est d’autant plus important que des efforts soient faits pour préserver son existence et lui offrir la liberté dont il a besoin. A l’heure où l’on parle, la Roumanie détient une centaine d’exemplaires éparpillés principalement dont trois réserves : celle de Bucsani – une cinquantaine de bisons, de Hateg- quelque 12 exemplaires et de Vanatori – une vingtaine.



    Repassons le micro à notre invité Sebastian Catanoiu, directeur de la réserve protégée de Vanatori Neamt : « Le bison est très important pour sa contribution à l’équilibre écologique entre les zones de pâturages et celles de forêts. Si les pâturages ne sont pas entretenus, ils seront détruits. En puis, n’oublions pas que la Roumanie se confronte à une forte immigration dans les rangs de sa population jeune ce qui fait que souvent des régions entières restent désertes et donc la présence des bisons serait salutaire pour contribuer à la préservation du cadre naturel là où l’homme ne s’en occupe plus. Par ailleurs, dans le cas de la Roumanie, le bison a sa place d’honneur dans la faune nationale. Ce n’est pas une espèce exotique, puisqu’on la retrouve aussi sur le blason de la principauté roumaine de Moldavie.»



    A la fin, permettez-moi, chers amis, de vous dire deux mots sur le bison dEurope. Il a été très répandu sur tout le continent européen, de lAtlantique à lOural (excepté le sud de la péninsule Ibérique, le sud de lItalie, la péninsule Scandinave et les îles Britanniques), et ce jusquau Moyen Âge. Exterminé après la Première Guerre mondiale, le bison dEurope ne survivait alors plus quen captivité. Il a été progressivement réintroduit dans la nature après la Seconde Guerre mondiale.



    Considéré comme le plus grand mammifère terrestre d’Europe, le bison mâle pèse en moyenne 800 kg et sa taille peut atteindre 1,80 m, voire 2 m, au garrot et jusquà 3 m de long. La femelle est plus petite, avec un poids entre 350 et 600 kg.



    Lanimal peut vivre 15 à 20 ans, surtout en captivité où il na pas de prédateur. Dans la nature, le bison a surtout comme prédateur le loup et bien évidemment, lhomme. Pourtant, de nos jours, cette espèce est protégée et sa chasse est interdite. Lanimal vit en petits troupeaux familiaux de trente têtes maximum, dirigés par une femelle. Ces troupeaux ont tendance à se disperser lété en petits groupes, et à se reformer à lautomne. Le bison dEurope vit essentiellement en forêt, à linverse du bison américain qui est un animal de plaine.

  • La loutre est de retour dans les eaux roumaines

    La loutre est de retour dans les eaux roumaines

    La loutre est un mammifère aquatique qui, il y a quelques décennies encore, peuplait les eaux de la mer Noire, ainsi que les rivières du pays, riches en nourriture pour elle: poissons, crustacés, amphibiens).



    Les endroits poissonneux ont attiré la loutre même dans les zones de montagne, à plus de 1500 mètres d’altitude, à proximité des petites rivières qui abondent en truites. Souvent, en quête de nourriture, elle franchissait les crêtes des montagnes, passant d’un bassin hydrographique dans un autre. Seulement, les grandes entreprises chimiques et l’industrialisation de l’agriculture de l’époque communiste ont entraîné le déclin de cette espèce. Les rivières sont devenues de moins en moins propices à la vie et à la faune invertébrée — piscicole comprise. Les habitats de la loutre ont considérablement diminué.



    Răzvan Popescu Mirceni, directeur de l’association écologique marine « Oceanic Club » — Club océanique de Constanta, port roumain sur la mer Noire, explique: « On a assisté à une diminution des effectifs non seulement en Roumanie, mais partout en Europe. C’est pourquoi des mesures de conservation de l’espèce et de repeuplement ont été prises. Ces mesures, auxquelles s’est ajoutée, en Europe de l’Est, la fermeture, dans les années ’90, des grandes entreprises industrielles de l’époque communiste, ont permis aux populations de loutres de refaire partiellement leurs effectifs. La loutre a élargi son habitat aux nouvelles zones d’eau douce, telles le canal reliant le Danube à la mer Noire. Elle a peuplé la région s’étendant vers la zone littorale. Les eaux du canal Danube – mer Noire ont un niveau de salinité légèrement plus bas, qui permet à la loutre de « goûter » aux plaisirs de la mer, en bénéficiant d’une quantité de nourriture suffisante et d’une grande diversité. Cette espèce s’est donc adaptée. »



    Récemment, les biologistes ont découvert sur une plage de Constanţa une loutre mesurant près d’un mètre, pourtant elle n’était pas vivante, hélas. En même temps que la loutre, des espèces de poissons disparues sont de retour dans les eaux roumaines. Les spécialistes sont persuadés qu’elles sont revenues dans la mer Noire en raison de la baisse de la pollution enregistrée ces derniers temps.



    Răzvan Popescu Mirceni : « Il y a 3 ans, j’ai vu un tel poisson nager dans la zone du Casino de Constanta. D’autres personnes nous ont signalé, par la suite, la présence de plusieurs exemplaires. Cet automne, nous avons pu identifier un exemplaire amené par les vagues, mort très probablement de causes naturelles. Nous le saurons avec précision une fois effectuées les analyses et les études nécessaires. C’est réjouissant d’avoir la preuve de l’existence de ces espèces dans la zone côtière de la mer Noire. »



    La loutre figure parmi les espèces d’importance communautaire — et donc protégée. Suite à l’amélioration de la qualité des eaux de surface et à l’augmentation des ressources de nourriture, ainsi qu’aux mesures de conservation et repeuplement appliquées, la loutre commence à revenir dans les lacs, dans les vallées des grandes rivières et surtout dans le delta du Danube. (trad.: Dominique)