Tag: Mateiu Caragiale

  • Le traducteur Sean Cotter

    Le traducteur Sean Cotter


    La traduction en anglais du roman « Craii de
    Curtea-Veche/Les Seigneurs du Vieux-Castel », de Mateiu Caragiale, sortait
    aux États-Unis l’année dernière. Le traducteur en est Sean Cotter, professeur
    de littérature comparée et de traductologie à l’Université du Texas à Dallas,
    spécialiste du modernisme, de la théorie et de l’histoire de la traduction et
    de la littérature est-européenne. « Craii de Curtea-Veche/Les Seigneurs du
    Vieux-Castel », paru en 1929, est considéré comme un des plus importants romans
    de la littérature roumaine. Selon un sondage réalisé par la revue Observator cultural au début des années
    2000, il serait même le meilleur roman jamais écrit en roumain.

    Dans une
    interview à RRI, Sean Cotter a parlé de son travail, étendu sur onze ans, sur
    le texte du roman, dont le titre devient en anglais « Rakes of the Old
    Court », et de son lien avec la littérature roumaine. « Aux
    États-Unis, la littérature roumaine est inconnue. Les éditions Northwestern
    University Press publient une collection d’œuvres de la littérature
    universelle, donc il y a eu un intérêt pour ce livre, d’une nouveauté absolue
    pour les lecteurs américains. Je leur avais dit que c’était un livre très
    important, d’une incroyable beauté, et qu’il serait dommage qu’il reste inconnu
    du public américain. En tant que professeur de littérature comparée, mon
    domaine de prédilection est le modernisme européen. Je me suis penché sur
    l’œuvre de Lucian Blaga, de T.S.Eliot et d’autres auteurs de la même période. Traduire
    le livre de Mateiu Caragiale fut donc une étape absolument logique de mon
    travail et j’avoue que la traduction de ce texte, réputé quasi intraduisible,
    fut un défi et une ambition pour moi. J’ai eu un lien très étroit avec le livre
    de Mateiu Caragiale, qui, lui, fut un être peu banal. Je m’en suis bien
    documenté, en lisant quasiment tout ce qu’avaient écrit sur lui G. Călinescu,
    Șerban Cioculescu jusqu’à Nicolae Manolescu et Cosmin Ciotloș. Șerban
    Cioculescu avait même dressé un dictionnaire des mots employés par Mateiu
    Caragiale, qui m’a beaucoup aidé. Mais ce qui a été essentiel pour accéder à
    l’univers de cet écrivain c’était de l’imaginer en tant que personnage littéraire,
    de comprendre sa façon de penser et d’écrire. J’ai eu besoin de cette image pour
    créer un pont avec le texte de départ. C’est pourquoi je dis que la
    documentation a été un élément essentiel pour traduire « Les Seigneurs du
    Vieux-Castel ». Je dirais que Mateiu Caragiale est, avant tout, un dandy.
    La littérature anglophone connait ce type de personnage/auteur, Oscar Wilde et
    Edgar Allan Poe en étant deux exemples. Ce type de littérature, la littérature
    décadente anglophone, m’a beaucoup aidé à comprendre et à traduire Mateiu
    Caragiale. »


    Sean Cotter est venu à Bucarest pour la première fois en
    1994, à cause d’un tampon erroné apposé sur un document. Il avait 23 ans et il
    était volontaire dans une organisation gouvernementale. « Ça c’est
    passé comme ça, je devais me rendre au Kazakhstan, j’étais volontaire dans une
    organisation gouvernementale, le Peace Corps/le Corps de la Paix. Et j’ai été
    très heureux d’arriver en Roumanie, même si j’ignorais presque tout de ce pays,
    je l’avoue très franchement. Je savais tout simplement que « da » était
    « oui » et que « nu » était « non », mais je me
    trompais des fois. J’ai suivi un cours de roumain, dans une école du côté de
    Piața Amzei, à Bucarest, un cours intensif avec quatre heures d’étude par jour. Je me
    souviens que la dame qui nous enseignait la langue nous avait lancé le défi de
    traduire le très bref Poème de Nichita Stănescu: Spune-mi, dacă te-aș prinde într-o
    zi şi ţi-aş săruta talpa piciorului, nu-i aşa că ai şchiopăta puţin, după
    aceea, de teamă să nu-mi striveşti sărutul? / Dis-moi, si un jour je
    t’attrapais et t’embrassais la plante du pied, n’est-ce pas que tu te mettrais
    à boiter un peu, par peur d’écraser mon baiser ? Puisque j’enseigne la
    traductologie à l’université, moi aussi je propose de temps en temps à mes
    étudiants de traduire ce poème, qui a donc été traduit par plus de 400
    étudiants en une seule année, étant donc le poème roumain le plus traduit en
    anglais. La littérature roumaine m’est très proche. En fait, ma passion pour la
    littérature roumaine fait partie de ma vie. »



    Sean Cotter a traduit en anglais des œuvres de nombreux
    écrivains roumains: Mircea Cărtărescu, Nichita Stănescu, T.O.Bobe, Nichita
    Danilov, Liliana Ursu, Magda Cârneci. Cette année, il publiera aux États-Unis
    la traduction du roman « Solénoïde », de Mircea Cărtărescu,
    récompensé de nombreux prix internationaux. Sean Cotter est également l’auteur
    de l’ouvrage « Literary Translation and the Idea of a Minor Romania »
    (paru aux éditions Rochester University Press, en 2014), qui a reçu le Prix
    biannuel du livre accordé par la Society for Romanian Studies. (Trad. Ileana
    Ţăroi)



  • L’écrivain Mateiu Caragiale

    L’écrivain Mateiu Caragiale

    Parmi les écrivains roumains excentriques comme personnalité et style littéraire, Mateiu Caragiale est peut-être celui qui a suscité le plus d’intérêt, ces dernières décennies. Né le 25 mars 1885 et éteint en janvier 1936, Mateiu Caragiale était le fils illégitime du grand dramaturge Ion Luca Caragiale, dont il a essayé de se démarquer, en tant qu’écrivain, toute sa vie. Si, dans ses pièces de théâtre, le père a décrit, avec réalisme et humour, les mœurs balkaniques de ses compatriotes, le fils, poète et romancier bohème, s’inspirait plutôt d’écrivains comme Barbey d’Aurevilly et Oscar Wilde.

    L’historien littéraire Vasile Spiridon esquisse le portrait de Mateiu Caragiale. « Le père de Mateiu Caragiale, le dramaturge I.L. Caragiale n’a pas assumé officiellement la paternité de son fils, bien qu’il eût vécu, pendant un certain temps, en concubinage avec Maria Constantinescu, la mère de Mateiu. Celui-ci ne pardonnera jamais à son père de ne pas lui avoir donné pour mère au moins une comtesse, car il a toujours eu l’obsession des généalogies célèbres. Toute la vie, il a affiché un comportement aristocratique et il s’est construit un arbre généalogique fantasque, inventant, pour ses ascendants, des titres, des décorations et des emblèmes héraldiques. Pourtant, même s’il ne l’a pas reconnu, son père l’a accueilli dans sa famille et l’a élevé aux côtés de ses autres enfants. En 1904, Ion Luca Caragiale partait pour Berlin, où il allait s’établir définitivement. Il emmena Mateiu, pour que celui-ci puisse y étudier le droit. Pourtant, le fils n’était pas attiré par l’étude, il préférait se balader dans les parcs et les musées. Le fruit de cette période fut le récit « Remember ». Ensuite, son père le renvoya en Roumanie, pour étudier le droit à Bucarest. Pourtant, là non plus, Mateiu ne montra aucun intérêt pour les études. Il commença, en échange, à publier des articles dans différentes revues et des poèmes – dont une partie allaient être réunis plus tard dans le recueil « Pajere ». En 1923, Mateiu Caragiale épousa une riche héritière, Marica Sion, de 25 ans son aînée et propriétaire d’un domaine à Fundulea, à l’est de la capitale. Il allait s’y installer et arborer une prétendue bannière nobiliaire à l’entrée de la maison. Six ans plus tard, en 1929, paraissait enfin son roman «Craii de Curtea-Veche/Les Princes de l’Ancienne Cour », qu’il avait commencé en 1910 et auquel il avait travaillé de manière sporadique, mais intense. Il allait léguer à la littérature roumaine deux autres romans restés inachevés : « Sub pecetea tainei/Sous le sceau du secret » et «Soborul ţaţelor/ Le conseil des commères ».

    Au moment de leur parution, « Les Princes de l’Ancienne Cour » ne jouirent pas d’un accueil très enthousiaste, pourtant, au XXe siècle, ce roman commença, de plus en plus, à séduire les lecteurs. Au début des années 2.000, dans la revue « Observator Cultural », les écrivains et les critiques le classaient parmi les meilleurs romans de la littérature roumaine. Si le livre de Mateiu Caragiale n’a pas été pris au sérieux à sa publication, c’est peut-être aussi à cause de la personnalité de son auteur et de ses manières de dandy désabusé et cynique.

    Outre les écrits de Barbey d’Aurevilly et d’Oscar Wilde, certains personnages énigmatiques d’Edgar Alan Poe ont également influencé Mateiu Caragiale dans la création du héros de son récit « Remember » – Aubrey de Vere – estime Vasile Spiridon. « Il a eu des modèles, mais son inspiration, il la puisait surtout dans un passé énigmatique qu’il s’était créé lui-même. Il a été passionné d’héraldique toute sa vie. A 14 ans, il lisait l’Almanach de Gotha. Il a toujours été obsédé par une possible ascendance aristocratique, alors que son père le ramenait, lui, toujours, les pieds sur terre, en lui disant que tous les membres de la famille avaient le sommet de la tête aplati à cause des plats à tartes que leurs ancêtres avaient portés quand ils étaient des marchands de tartes en Albanie. D’ailleurs, Caragiale sénior a été un contre-modèle pour Mateiu. Les modèles de Caragiale Jr. auraient donc été livresques, mais ils ont également été une réaction au balkanisme de son père, qu’il haïssait avec une sincérité débordante. »

    Pourtant, « Les Princes de l’Ancienne cour » évoquent une atmosphère typiquement bucarestoise et contribuent à la mythologie de cette ville des contrastes, où Mateiu était, en fait, chez lui. Vasile Spiridon.« L’écrivain Mateiu Caragiale a été redécouvert après 1970, bien qu’un club sélect d’admirateurs se fût déjà créé de son vivant, parmi lesquels figurait le poète Ion Barbu, qui le vénérait. Ce club n’était pourtant pas ouvert à tout un chacun. Pourquoi ? Parce que les écrits de Mateiu Caragiale sont très difficiles à lire, car ils abondent en termes archaïques et argotiques, que tout le monde ne peut pas comprendre. » Celui qui veut et peut déchiffrer ce langage, découvrira dans les écrits de Mateiu Caragiale non seulement un Bucarest mythique, mais aussi ce que la ville de jadis a conservé jusqu’à nos jours. (Trad. : Dominique)

  • Scriitorul Mateiu Caragiale

    Scriitorul Mateiu Caragiale

    Din
    panoplia scriitorilor excentrici – atât ca personalitate, cât și ca stil
    literar -, Mateiu Caragiale a fost cel mai bine scos în evidență în ultimele
    decenii. Născut pe 25 martie 1885 și decedat în ianuarie 1936, Mateiu
    Caragiale, laolaltă cu tatăl său, marele clasic Ion Luca Caragiale, au marcat
    literatura română de pe poziții divergente. Dacă autorul Scrisorii pierdute
    și al Mofturilor a surprins realistic și umoristic obiceiurile balcanice ale
    românilor din epocă, fiul său a căutat să se diferențieze de tată toată viață.
    Și i-a reușit, talentul său unic fiind, mai ales, recunoscut de generațiile
    postbelice de scriitori.


    Fiu ilegimit cu veleități aristocratice, personaj
    excentric al Bucureștilor de odinioară și scriitor unic, Mateiu Caragiale ne
    este descris, în continuare, de criticul și istoricul literar Vasile Spiridon.
    :

    Tatăl său a fost I.L.Caragiale care nu și-a asumat oficial
    paternitatea, deși trăise o perioadă în concubinaj cu mama lui Mateiu, Maria
    Constantinescu. Mateiu nu-i va ierta niciodată tatălui faptul că mama lui n-a
    fost cel puțin contesă pentru că el a avut în permanență acest bovarism al
    genealogiilor celebre. Toată viață și-a construit un fantasmatic arbore
    genealogic cu fumuri aristocratice, cu titluri, cu decorații și cu heraldică.

    Totuși, tatăl l-a adus în mijlocul familiei sale și Mateiu a crescut alături de
    ceilalți copii ai lui Ion Luca. Cum în 1904 Caragiale a plecat la Berlin unde
    se va stabili definitiv, l-a luat și pe Mateiu pentru a studia Dreptul. Dar
    fiul nu era atras de școală, mai mult se plimba prin parcuri și muzee. Așa s-a
    născut nuvela Remember. Apoi a fost trimis în țară de tatăl său tot pentru a
    studia Dreptul, la București.

    Nici aici nu s-a ținut de studii, dar a început
    să scrie și în periodice, i-au și apărut o parte din poeziile ce vor fi incluse
    în volumul Pajere. Apoi 1923, a reușit să se căsătorească cu o moștenitoare,
    Marica Sion, cu 25 de ani mai în vârstă ca el, dar care deținea moșia de la
    Fundulea.

    Acolo se va muta și-și va arbora și un steag așa-zis nobiliar la
    intrarea în casă. În 1929, i-a apărut, în sfârșit, romanul Craii de Curtea
    Veche, roman la care a muncit sporadic, dar intens atunci când lucra, el fiind
    din fire foarte obosit. De roman se apucase încă din 1910. De pe urma lui vor
    rămâne, de altfel, și alte două romane neterminate: Sub pecetea tainei și
    Soborul țatelor.



    Receptarea
    romanului Craii de Curtea Veche s-a îmbunătățit foarte mult spre finalul
    secolului XX. Într-un clasament realizat de revista Observator Cultural la
    începutul anilor 2000, scriitorii și criticii l-au plasat printre cele mai bune
    romane. Situația a fost alta la momentul apariției când a fost aproape ignorat
    de cititori, dar și de breasla literaților.

    Romanul poate nu a fost luat în
    serios și din cauza înfățișării și atitudinii arborate de autorul său. Mateiu
    Caragiale se modelase ca un personaj de tip dandy care arbora o mimă și maniere
    de om dezabuzat și cinic. Pentru crearea personajului său, s-a inspirat tot din
    literatură, sursele fiind scriitorii Barbey d’Aurevilly și Oscar Wilde prin Portretul lui Dorian Gray, dar
    și unele din personajele enigmatice și decadente ale lui Edgar Alan Poe care au
    dus la conturarea lui Aubrey de Vere din Remember, consideră Vasile Spiridon.

    A avut niște modele, dar inspirația majoră
    cred că o putem regăsi într-un trecut enigmatic pe care el-însuși și l-a creat.
    A fost toată viața pasionat de heraldică și citea de la 14 ani Almanahul Gotha.
    Permanent a fost interesat o posibilă descendență aristocratică. În schimb, tatăl său
    îl aducea mereu cu picioarele pe pământ spunându-i că toți din familie au
    creștetul teșit din cauza tăvilor cu plăcinte pe care le-au purtat pe cap
    strămoșii lor pe vremea când erau plăcintari în Albania. De altfel, Caragiale
    senior a constituit un contra-model pentru Mateiu. Deci modelele sale ar fi și
    livrești, dar s-a modelat și contra influenței venite din balcanismul tatălui
    său pe care l-a urât cu o sinceritate debordantă.



    Cu toate acestea, romanul Craii de Curte Veche
    evocă o atmosferă tipic bucureșteană și contribuie la mitologia specifică
    acestui oraș plin de contraste în care Mateiu era, de fapt, la el acasă. Vasile
    Spiridon. El a fost practic
    redescoperit după 1970, deși încă din timpul vieții sale s-au pus bazele unui
    club foarte select de admiratori ai săi, printre care se număra și poetul Ion
    Barbu care făcuse un adevărat cult pentru Mateiu Caragiale. Asta însemna că nu
    oricine poate intra în acest club. De ce? Pentru că Mateiu este și foarte greu
    de citit, având foarte mulți termini arhaici și arhaizanți. Și mulți termeni
    argotici.


    Cine vrea și poate să descifreze acest limbaj
    va descoperi în literatura lui Mateiu Caragiale nu doar un București mitic, ci
    și ceea ce a supraviețuit din orașul de odinioară până azi.