Tag: mathématicien

  • Dan Barbilian/ Ion Barbu – mathématicien et poète de renom

    Dan Barbilian/ Ion Barbu – mathématicien et poète de renom

    Elles ne sont pas nombreuses, les personnalités capables de se hisser aux plus hauts niveaux de création ou de performance dans des domaines différents et même apparemment opposés. Le mathématicien et poète Dan Barbilian / Ion Barbu en fut une de ces personnalités, qui est entré dans l’histoire de ses deux passions, les mathématiques et la poésie. Le mathématicien Dan Barbilian et en même temps le poète Ion Barbu est né avec un talent unique pour les sciences mathématiques et pour l’art poétique, mais il a dû travailler dur pour mettre en valeur ce talent.

     

    Naissance d’un génie des sciences et de la littérature

     

    Dan Barbilian a vu le jour en 1895 dans la petite ville de Câmpulung Muscel, dans une famille de magistrats, et il est décédé en 1961 à Bucarest. Sa passion pour les mathématiques se manifeste dès les premières années d’école et durant les années de lycée il commence à collaborer à la revue « Gazeta Matematica », dans les pages de laquelle se sont exprimées les vocations des plus importants mathématiciens roumains. C’est également à cette époque que se manifeste sa passion pour la poésie, mais ses débuts littéraires se produiront plus tard, en 1919, dans la revue « Sburătorul ». Dan Barbilian a étudié les mathématiques d’abord en Roumanie, à l’Université de Bucarest, et ensuite, après la fin de la première guerre mondiale, il continue ses études entre 1921 et 1924, en Allemagne, à Göttingen, Tübingen et Berlin. En 1929, il obtient son doctorat en mathématiques sous la coordination de son professeur de Bucarest, le mathématicien Gheorghe Țițeica, et déroule une intense activité scientifique, y compris des participations à des congrès internationaux. A la Faculté des Sciences de Bucarest, il enseigne l’algèbre, la géométrie, la théorie des nombres, la théorie des groupes, l’axiomatique. Il donne aussi des cours à des universités de l’espace germanophone. Une procédure concernant  les espaces métriques sera appelée « les espaces de Barbilian » et une autre contribution ouvrira la voie de la recherche dans la géométrie des anneaux. Il compte aussi parmi les fondateurs de la standardisation de la géométrie algébrique.

     

    Opportunités  éducationnelles pour un jeune talentueux

     

    Le mathématicien et écrivain Bogdan Suceavă a remarqué les opportunités éducationnelles dont un jeune aussi talentueux que Dan Barbilian avait bénéficié dans une Roumanie en train de se construire selon des modèles européens :

    « Dan Barbilian a gagné le concours organisé par Gazeta matematică en 1912 et, chose très intéressante, j’en ai trouvé une mention dans la base de données de l’American Mathematical Society. Il faut vraiment que ce soit quelqu’un d’important pour que le nom y soit mentionné en lien avec un certain chapitre des mathématiques. Barbilian est en lien avec le 51C05, la géométrie des anneaux. Il a introduit les espaces qui portent son nom en 1934, mais au début il a tout simplement été un gagnant du concours de la Gazeta matematică, en 1912. Il a ensuite étudié à Göttingen avec David Hilbert, Emmy Noether, Edmund Landau, et il a laissé une œuvre littéraire intéressante dans la littérature roumaine. Il a eu des contributions importantes dans le domaine de l’algèbre, en 1943 il publie une approche axiomatique de la mécanique, qui est passée un peu sous les radars. Après son entraînement de départ autour de la “Gazeta matematică”, il s’est avéré en fin de compte un créateur de mathématiques du plus haut niveau. »

     

    Pendant tout ce temps, le mathématicien Dan Barbilian écrivait de la poésie sous le nom de plume Ion Barbu, une anagramme de son nom de famille. En tant que poète, il s’est approché du critique littéraire Eugen Lovinescu et de son cénacle « Sburătorul ». Un autre critique littéraire, Tudor Vianu, qui s’est lié d’amitié avec Barbu durant leurs années de lycée, consacre un volume à l’analyse de la poésie du mathématicien. Selon Vianu, la création poétique d’Ion Barbu connaît plusieurs période: d’abord, jusqu’en 1925, celle dite « parnassienne » inspirée par la poésie parnassienne française ; ensuite la période de la ballade orientale, inspirée d’auteurs roumains tels qu’Anton Pann ou des textes qui parlent du personnage Nastratin Hogea ; enfin, la période hermétique, appelée ainsi par ses exégètes à cause de la codification des significations poétiques employées par Ion Barbu. De nos jours, deux des poèmes écrits par Barbu ont une notoriété particulière ; il s’agit de « Riga Crypto și lapona Enigel » et « După melci », ce dernier ayant été mis en musique par le chanteur-compositeur Nicu Alifantis en 1979.

     

    Souvenirs de jeunesse

     

    La lecture des notes de Dan Barbilian a fait découvrir à Bogdan Suceavă une description littéraire d’un grand effet des souvenirs du mathématicien et poète :

    « Dans les années 1950, il écrivait ceci à propos du concours de 1912: <Le problème porte l’empreinte d’Ion Banciu, membre de la commission d’algèbre, cher et inoubliable grand professeur.> Barbilian laisse parler ses sentiments, quand il en a envie. <A part mon père, ai-je rencontré quelqu’un d’autre qui croie en moi et qui m’aide autant? Țițeica ne possédait ni l’élan, ni la chaleur humaine, ni la générosité de Banciu. Je veux rester l’élève de Banciu et ensuite de Felix Klein et de Richard Dedekind, et d’aucun autre.> Là il est quelque peu injuste, car Țițeica l’a massivement aidé, mais je crois qu’il n’était pas très tendre avec lui. Il lui imposait des délais et Barbilian n’aimait pas du tout ça, je pense. Il n’aurait pas pu se conformer aux deadlines. <Qu’est-ce que j’ai pu écrire dans mon épreuve? La très bonne appréciation de Țițeica pour l’algèbre m’a étonné. M’en suis-je sorti avec tous ces calculs numériques? Si le détail de l’épreuve écrite m’échappe, je retrouve l’atmosphère de cette salle poussiéreuse de l’Ecole des Ponts et chaussées, ainsi que de l’après-midi quasi nordique et de sa lumière polarisée. Si je revis aujourd’hui encore l’examen écrit de géométrie, passé dans la matinée, j’ai gardé un souvenir plutôt hypnotique de l’examen écrit d’algèbre.> N’oublions pas que ces examens étaient passés le même jour, ce que je ne ferais pas de nos jours. On peut donc comprendre cette sensation d’oubli de soi, d’atmosphère hypnotique, quand on passe un tel concours. Mais l’intensité d’un examen écrit de mathématiques demeure, en 1912, plus tard, toujours. Ce qui est intéressant c’est la manière dont il décrit cette expérience quatre décennies plus tard… c’est quelque chose de remarquable. »

     

    Le mathématicien Dan Barbilian et poète Ion Barbu a prouvé que les frontières entre les différents domaines n’étaient pas fixes et que les passions pouvaient être complémentaires. Car l’être humain est fait de raison et de sentiment. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le mathématicien Gheorghe Țițeica

    Le mathématicien Gheorghe Țițeica

    L’école de mathématiques roumaine fait ses premiers pas à la fin de la première décennie du XIXème siècle, et surtout après la fondation, en 1818, de l’Ecole technique supérieure, ancêtre de l’Université polytechnique de Bucarest. C’est dans cette institution, et dans d’autres créées plus tard, que se sont formées des générations d’ingénieurs et de mathématiciens roumains. Gheorghe Țițeica est un des ceux qui ont marqué le développement des mathématiques en Roumanie.

     

    Formation et début de carrière d’un mathématicien hors-paire

     

    Né en 1873, à Turnu Severin, ville sise sur la rive roumaine du  défilé du Danube aux Portes-de-fer, il meurt à Bucarest en 1939, à l’âge de 66 ans. Très jeune, Gheorghe Țițeica s’intéresse déjà beaucoup aux mathématiques et aux sciences dites « fortes », c’est-à-dire les sciences formelles et les sciences de la nature, qui s’appuient toutes sur la rigueur méthodologique, la précision et l’objectivité. Admis à l’Ecole technique supérieure, la future Polytechnique de Bucarest, il a aussi étudié les mathématiques à la Faculté de sciences de l’Université bucarestoise. Parmi les professeurs de cette dernière institution, il s’est beaucoup rapproché du mathématicien et astronome Spiru Haret, le réformateur le plus important de l’enseignement roumain.

     

    Après l’obtention de sa licence en 1895 Gheorghe Țițeica décide de continuer ses études à Paris, où il se rend l’année suivante. Dans la  capitale française, il se spécialise en géométrie différentielle. Țițeica étudie les réseaux dans un espace à « n » dimensions et introduit de nouvelles classes de superficies, courbes et réseaux. Il a énoncé « le problème de la monnaie de cinq lei » ou le théorème de Țițeica, ainsi que les concepts de la « superficie Țițeica » et de la « courbe Țițeica ». Il s’est également impliqué dans la vulgarisation des sciences, ainsi que dans l’amélioration du niveau de l’enseignement des mathématiques en Roumanie. La revue « Gazeta Matematică » a constitué une des grandes passions de Gheorghe Țițeica, qui a également fait partie des fondateurs des publications « Mathematica » et « Natura, revistă științifică de popularizare ».

     

    Paris – une étape de formation académique décisive

     

    Le mathématicien et écrivain Bogdan Suceavă compte parmi ceux qui retracent l’histoire des mathématiques en Roumanie. Cela lui a permis de constater que la période de formation en Occident avait été décisive pour la carrière de Gheorghe Ţiţeica et pour sa décision de proposer à ses compatriotes une éducation scientifique de très haut niveau.

     

    Bogdan Suceavă : « Les premières décennies d’existence de « Gazeta » sont étroitement liées au nom de Gheorghe Țițeica. Lui, il a pu bénéficier de bourses tout au long de sa vie. Le fait d’avoir réussi, en tant qu’orphelin de père, à se rendre à Paris a beaucoup compté pour lui et pour la façon de financer ses études. Quand il est arrivé dans la capitale française en 1896, on lui a conseillé de s’inscrire à l’École préparatoire. Pendant la première année d’études, il allait faire la connaissance d’Henri Lebesgue, celui qui allait créer, six années plus tard, un chapitre très important de l’analyse mathématique. Țițeica, un être humain d’une très grande qualité, a suivi en parallèle des cours à l’École préparatoire et à l’École Normale. Sa première année d’études a été infernale, mais il s’en est sorti brillamment et on se demande pourquoi il s’était vu conseiller de suivre un plus grand nombre de cours. Eh bien, parce qu’il y avait une certaine différence entre Bucarest et Paris. En juillet 1897, au bout d’une année, il passe les examens de d’études dans le calcul différentiel et intégral, en mécanique et en astronomie, en se classant premier d’une génération extraordinaire, ce qui lui donne droit à une bourse d’études et à l’exemption de taxes. Une expérience qui allait compter pour sa formation. Il a vite compris le fonctionnement des rouages, comment il fallait se préparer, le niveau de l’école française et celui de l’école roumaine à l’époque. C’était avant 1900. »

     

    Une génération d’intellectuels exceptionnelle

     

    La Roumanie se dirigeait à toute allure vers l’Occident et les mathématiques étaient une science en pleine expansion. La génération de Țițeica cherchait ardemment à faire réduire les écarts géants qui existaient entre la société roumaine et la société occidentale, celle française étant le grand modèle à suivre.

     

    Bogdan Suceavă remarquait le fait qu’en France, Țițeica avait rencontré des mathématiciens du plus haut niveau et qu’il avait ramené en Roumanie tout ce qu’il avait appris dans l’Hexagone : « Avec qui Gheorghe Țițeica a-t-il travaillé ? Eh bien, avec Gaston Darboux, doyen de la Faculté de mathématiques, à la Sorbonne, et auteur de quatre volumes de géométrie différentielle dont le thème commun était le suivant: comment choisir les repères les plus appropriés pour les problèmes de géométrie différentielle ? La matière était toute une philosophie, l’auteur très influent avait de nombreux étudiants très doués et Țițeica comptait parmi les plus talentueux. Il a aussi étudié avec Henri Poincaré, Edouard Goursat Charles Hermite, Émile Picard, Jules Tannery, Paul Émile Appell, les meilleurs mathématiciens de l’époque. Gheorghe Țițeica rentre à Bucarest en 1899. Jusqu’en 1937, il allait écrire plus de cent ouvrages. Il a débuté sa collaboration avec « Gazeta Matematică » quand il était encore à Paris. Ses éditoriaux décrivaient tout, y compris la façon dont se présentaient les candidats, au concours organisé par la revue, durant les examens oraux. Des commentaires que personne ne publierait aujourd’hui, mais que Țițeica produisait à cette époque-là. »

     

     

    Gheorghe Țițeica a été professeur des universités, membres de plusieurs académies et docteur honoris causa de plusieurs universités. Il a aussi été un des membres de la Société des Sciences mathématiques de Roumanie, dont il a été le président. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • 17.03.2016

    17.03.2016

    Sommet – Les leaders des Etats membres de l’UE se réunissent à partir d’aujourd’hui à Bruxelles, pour achever un accord avec la Turquie au sujet de la crise des réfugiés. Entre autres, l’accord prévoit le renvoi de tous les migrants qui arrivent en Grèce en provenance de Turquie, après l’analyse des demandes conformément à la législation communautaire. Ankara a fait récemment de nouvelles demandes aux européens au sujet des sommes d’argent destinés aux réfugiés de son territoire, de l’élimination des visas et de la poursuite des négociations d’adhésion. Le président du Conseil européen, Donald Tusk a reconnu qu’un « catalogue de problèmes » au sujet de cet accord est toujours sans solution et a averti que l’accord avec la Turquie pour limiter l’afflux de réfugiés sera une mesure à caractère temporaire et extraordinaire, fait savoir l’agence de presse Reuters. La Roumanie est représentée à ce sommet par le président Klaus Iohannis.

    Cigarettes – La nouvelle loi anti-tabac est entrée aujourd’hui en vigueur en Roumanie. Désormais il est interdit de fumer dans les espaces publics fermés, près des aires de jeux pour les enfants, dans les taxis, ainsi que dans les voitures de service. De l’avis des médecins, cette loi vise à faire baisser l’incidence des maladies qui provoquent le plus de morts parmi les Roumains.

    Justice – A Bucarest, Razvan Murgeanu, homme d’affaires et ex-conseiller présidentiel durant le mandat du président Traian Basescu a été place en détention provisoire pour 30 jours par les procureurs de la Direction nationale anti-corruption. Il est soupçonné de trafic d’influence, corruption active et instigation au blanchiment d’argent. Une autre personne soupçonné de complicité au trafic d’influence et à la corruption active ainsi que d’abus de fonction a également été placé en détention provisoire pour une période 30 jours. Avant d’être conseiller, Razvan Murgeanu a été maire adjoint de Bucarest et secrétaire d’Etat au Ministère du développement régional et du tourisme.

    Tourisme – Plus de 2,2 millions d’étrangers ont visité l’année dernière la Roumanie pour affaires et pour vacances et leurs dépenses ont dépassé les 1,1 milliards d’euros, selon un communiqué de l’Institut national de la statistique. Sur les total des sommes d’ardent dépensées par les étrangers ayant visité la Roumanie pour affaires, le taux le plus important est constitué par l’hébergement (53%), suivi par la restauration (16%) et par les achats (12,7%). Les dépenses avec la location des véhicules a compté l’année dernière pour 61% du total des dépenses avec le transport. Le principal moyen de transport utilisé par les touristes étrangers pour arriver en Roumanie a été l’avion (77,8%).

    Personnalité – Le mathématicien et académicien roumain Solomon Marcus est décédé aujourd’hui à Bucarest, à l’âge de 91 ans. Il a été diplômé de la faculté de Mathématiques de l’Université de Bucarest, où il a enseigné par la suite. Solomon Marcus est l’auteur de nombreuses études interdisciplinaires et de livres traitant de l’utilisation des mathématiques dans la linguistique, l’analyse théâtrale, les sciences sociales et celles de la nature.. Son œuvre, riche de plus de 50 volumes, traduits dans plusieurs langues, et d’environ 400 articles publiés dans des revues scientifiques, est souvent citée par des auteurs du monde entier.

    Brancusi – La Sagesse de la terre, l’œuvre créée en 1907 par le sculpteur roumain Constantin Brâncuşi, sera rachetée par l’Etat roumain, les propriétaires actuels ayant accepté la somme de 11 millions d’euros offerte par la commission chargée de négocier par le gouvernement de Bucarest. C’est le ministre roumain de la Culture, Vlad Alexandrescu, qui a informé les médias dans une conférence de presse. Et le ministre de préciser que l’Exécutif contribuerait avec 5 millions d’euros, le reste jusqu’à 11 millions allant être ramassés par collecte publique nationale.

    Tennis – La joueuse roumaine de tennis, Simona Halep a perdu jeudi le match contre l’américaine Serena Williams, dans les quarts de finale du tournoi WTA Premier d’Indian Wells, en Californie. Simona Halep, numéro 5 mondiale, n’a pas pu préserver le trophée remporté l’année dernière à Indian Wells et a perdu en deux sets 6 à 4, 6 à 3 face au leader WTA, qui doit affronter ensuite la joueuse polonaise de tennis Agnieszka Radwanska, (3e dans le classement WTA). Le score des confrontations directes entre Serena Williams et Simona Halep est de 7 à 1, nettement favorable à l’américaine.

    Météo – Il fait beau en Roumanie et les températures sont à la hausse sur le sud et l’est du pays. Le ciel est variable sur le nord, le centre et l’est du pays et plutôt clair sur le reste du territoire. Les températures vont de 7 à 14 degrés. 11 degrés et du soleil en ce moment à Bucarest.

  • Le mathématicien Gheorghe Ţiţeica

    Le mathématicien Gheorghe Ţiţeica

    Il y a 120 ans, plus précisément à lautomne 1895, paraissait le premier numéro de la « Gazette mathématique ». Cette publication, qui sort aujourdhui encore, est un outil de référence à lintention des élèves et des étudiants roumains passionnés de mathématiques. Un des fondateurs de cette revue spécialisée a été Gheorghe Ţiţeica, un mathématicien roumain de renommée internationale. Titulaire dun doctorat à lUniversité de Paris-Sorbonne et membre de lAcadémie roumaine, Gheorghe Ţiţeica a également été grand mélomane et violoniste dilettante. Il a vu le jour en octobre 1873, à Drobeta Turnu-Severin, ville-port danubien du sud-ouest de la Roumanie, dans la famille dun chauffeur – mécanicien.



    Wladimir Boskoff, le doyen de la Faculté de mathématiques de lUniversité « Ovidius » de Constanţa, nous fait un bref historique des années de jeunesse de Gheorghe Titeica : « Son père, Radu Ţiţei, chauffeur-mécanicien de son état, a travaillé aussi sur les bateaux du port de Turnu Severin. Sa mère était femme au foyer. Même si le nom de famille était Ţiţei, Gheorghe et ses trois sœurs en ont reçu un autre, légèrement modifié, à savoir Ţiţeica. Beaucoup dethniques allemands vivaient dans la ville natale de Gheorghe Ţiţeica, doù le grand nombre de maternelles et décoles où lenseignement était dispensé en leur langue. Gheorghe allait lui aussi fréquenter une telle école et se passionner pour le violon, létude dun instrument musical étant quasi obligatoire dans léducation des Allemands de souche. Lorsque les enseignants ont découvert que Gheorghe était très doué pour les sciences exactes, ils ont conseillé ses parents de lenvoyer étudier à lEcole centrale de Craiova. Pendant les années de lycée, il a signé bien des articles publiés dans des gazettes de science et de littérature. Son professeur de mathématiques lui recommande de faire des études supérieures à la Faculté de mathématiques de Bucarest. Il sinscrit à cette faculté, mais aussi à lEcole normale supérieure, pour laquelle il obtient une bourse. En 1896, une année après la fin de ses études universitaires à Bucarest, il part pour la France. Il étudiera à la Sorbonne et gagnera une bourse à lEcole normale supérieure de Paris. Licencié une seconde fois en mathématiques, Titeica élaborera, entre 1897 et 1899, sa thèse de doctorat, sous la direction du mathématicien français Gaston Darboux ».



    De retour en Roumanie, Gheorghe Ţiţeica commence à enseigner à la Faculté de mathématiques de Bucarest. Durant les 33 années de carrière didactique, il a entrepris maintes recherches personnelles, qui lui ont valu la reconnaissance de la communauté scientifique internationale.



    Wladimir Boskoff : « Ces recherches débouchent sur des résultats tout à fait originaux, après 1906, lorsque Ţiţeica découvre des invariants qui portent aujourdhui son nom. Ces invariants, ainsi que les surfaces et les courbes baptisées daprès son nom, allaient jeter les bases dun domaine nouveau, celui de la géométrie affine. Les mathématiciens du monde entier se penchent aujourdhui encore sur les travaux de Ţiţeica, essayant de pousser encore plus loin ce champ de recherche. Tiţeica sera élu président de la section de géométrie des congrès internationaux des mathématiciens accueillis par Toronto, en 1924, et Zurich, en 1932. Il est également invité, à plusieurs reprises, pour des démonstrations à Rome et à Bruxelles et tiendra une série de conférences à la Sorbonne, en tant que professeur titulaire à la Faculté des sciences de cette prestigieuse université. En 1928 il devient vice-président de lAcadémie roumaine, dont il était membre depuis 1913. Son fils, le physicien Şerban Ţiţeica, allait lui aussi exercer cette haute fonction. Le grand mathématicien Gheorghe Ţiţeica sera également secrétaire général de lAcadémie roumaine, de 1929 jusquà sa mort».



    Gheorghe Ţiţeica est mort en 1939, à lâge de 66 ans. Peu de temps après la création de la « Gazette mathématique » le roi Carol Ier a fondé la « Société de la Gazette mathématique », ultérieurement rebaptisée « Société des sciences mathématiques » de Roumanie, dont Gheorghe Ţiţeica allait être le président pour une assez longue période de temps. (Trad. Mariana Tudose)