Tag: Mentors

  • Cours de culture générale à l’intention des bucarestois

    Cours de culture générale à l’intention des bucarestois

    Cela fait plus de dix ans que les bucarestois désireux d’approfondir leurs connaissances humanistes ont à leur disposition les ateliers organisés par la Fondation Calea Victoriei (l’Avenue de la Victoire, en français). Inspiré du nom du célèbre boulevard traversant la capitale roumaine, cette fondation a vu le jour en 2007 grâce à deux sœurs qui ont espéré offrir aux jeunes tout ce que l’école n’arrivait pas à leur fournir en matière d’humanisme.



    Sandra Ecobescu, présidente et fondatrice de Calea Victoriei : J’ai pris pour point de départ l’exemple personnel et j’ai commencé à réfléchir aux disciplines et aux professeurs qui m’ont manqué au lycée. Moi, en tant qu’étudiante en Lettres, j’ai eu droit à des professeurs d’exception et pourtant, il y a eu des matières insuffisamment approfondies. Du coup, avec ma sœur, on a souhaité offrir au public toutes ces connaissances issues des différentes branches culturelles dont l’école ne se préoccupe pas. Par exemple, la philosophie, que l’on n’aborde pas, parce qu’elle est souvent remplacée par des classes de maths, ou encore la musique, à la place de laquelle on fait de la physique. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de faire des cours pour parler philosophie, histoire de l’art, musique ou encore histoire de la ville de Bucarest. Après, on a pensé à ceux censés enseigner aux jeunes tous ces sujets. Donc, à part les domaines d’intérêt, on a aussi trouvé les mentors, tous ces professeurs charismatiques, très ouverts devant les élèves et prêts à annuler l’ambiance stressante ou encore ennuyeuse qui règne le plus souvent dans les salles de classe. Dans un premier temps, nos ateliers s’adressaient aux lycéens et aux étudiants. Et puis, au bout de quelques leçons, on a fini par constater l’intérêt d’un public tous âges confondus. Si, au début, on a imaginé une sorte d’école à l’intention des jeunes, finalement, on s’est rendu compte que l’intérêt que les bucarestois prêtaient à nos ateliers ne tenait pas compte de leur âge. C’est à partir de ce moment-là que nous avons décidé d’organiser des ateliers pour tout le monde. De ce fait, le même cours peut être fréquenté aussi bien par un jeune de 18 ans que par un fonctionnaire d’une trentaine d’années, une avocate de cinquante ans et un retraité de 70 ans. On pourrait donc affirmer que d’une certaine façon, on a mis en place le concept de formation continue, très à la mode en Occident et qui commence à se développer chez nous aussi ».



    Les cours imaginés par la Fondation Calea Victoriei s’organisent en fonction des différentes thématiques abordées : dramaturgie, philosophie, diplomatie, développement personnel, psychologie, musique, danse, anthropologie ou encore astronomie.



    Sandra Ecobescu : Nos professeurs sont des passionnés de tel ou tel domaine. Ils sont experts amoureux de leur travail, chercheurs, artistes, bref des personnalités qui n’arrêtent pas de s’instruire. Si je devais énumérer leurs qualités, je dirais excellents spécialistes, passionnés de leur travail, désireux d’en apprendre davantage, soucieux de se perfectionner, charismatiques et modestes, capables de dialoguer avec les autres. Dans un premier temps, on s’est dit : on va fonder une école où les gens peuvent approcher leurs mentors et puis, on a constaté plusieurs choses. On a vu que suite à nos cours, il y en a qui changent de domaine professionnel, d’autres qui redécouvrent d’anciens talents, comme par exemple l’écriture ou la peinture. D’autres ont vécu une expérience encore plus fantastique puisqu’ils ont démissionné des compagnies pour lesquelles ils travaillaient et se sont mis à leur compte. Des relations d’amitié se créent entre les professeurs et les participants, un véritable mentorat est mis en place ».



    En ce moment d’isolement, la Fondation Calea Victoriei offre à tous ceux désireux d’en apprendre davantage sur différents domaines une série de cours en ligne. (Ioana Stancescu)


  • Les mentors de l’enseignement roumain

    Les mentors de l’enseignement roumain

    Résultats exceptionnels pour de nombreux élèves aux compétitions nationales d’une part et un taux alarmant d’analphabétisme fonctionnel dans les rangs des adolescents: l’enseignement roumain est toujours dominé par les contrastes. Si bien que souvent les critiques et les mécontentements éclipsent les succès. C’est justement pour mettre les projecteurs sur les bons aspects de l’éducation nationale que la Fondation pour la Communauté et MOL Roumanie accordent depuis 7 ans déjà le « Prix Mentor ». Cette année, 10 enseignants et entraîneurs sportifs de Roumanie ont été récompensés, sélectionnés parmi les 250 propositions reçues l’année dernière.

    Pour certains, cette récompense de l’activité déroulée au bénéfice des jeunes n’est pas la première. C’est le cas de Petre Arnăutu, entraîneur de tennis de table au Club Sportif Scolaire de Slatina (sud) et coordinateur depuis 2 décennies des sélections nationales de cadets et juniors. Parmi les réussites de ses élèves mentionnons la 3e place obtenue par la joueuse de tennis de table Adina Diaconu à l’épreuve de simple et la première place obtenue par la même Adina Diaconu aux côtés d’Andreea Dragoman à l’épreuve de double du Championnat du monde des juniors, organisé au Cap, en Afrique du Sud, en 2016. Cette année, en février, la même paire a décroché la médaille de bronze à Sotchi, en Russie, au Championnat européen de tennis de table. Pour un entraîneur sportif, en plus du dévouement pour sa profession, une autre condition du succès est la capacité de dépister le talent d’un enfant, affirme Petre Arnăutu.

    Petre Arnăutu : « Pour faire de la performance, il faut, avant tout, savoir sélectionner les sportifs qui ont des qualités réelles, spécifiques et générales, nécessaires à la pratique du sport au plus haut niveau. Il est très important d’avoir la matière première adéquate pour atteindre la grande performance. Mais il est tout aussi essentiel que le jeune sportif ait le désir et la volonté de pratiquer le sport à un très haut niveau. Car, n’oublions pas, la performance implique 95% de travail, alors que les autres qualités n’y comptent que pour 5%. »

    Passons maintenant à une discipline qui ne jouit pas de la célébrité du sport, mais qui est tout aussi importante pour le choix d’une carrière et pour la formation de la personnalité : la philosophie. C’est justement ce caractère formatif qui a poussé Elvira Groza à faire de la philosophie sa profession, qu’elle enseigne au Lycée Aurel Lazar d’Oradea (nord-ouest). Récompensée elle aussi du Prix Mentor 2017, Elvira Groza est non seulement la coordinatrice de la revue de son lycée, mais aussi la formatrice de nombreux élèves médaillés d’argent et de bronze aux concours internationaux de philosophie. Son succès repose sur son approche non-conformiste de cette discipline. Pour cette enseignante, la philosophie est un instrument qui permet aux jeunes de se découvrir eux-mêmes et le monde qui les entoure autrement que par le biais des conventions sociales.

    Elvira Groza explique : « Je pense que, de nos jours, nous devons approcher la philosophie en sortant des limites des manuels scolaires, qui s’arrêtent quelque part au milieu du 20e siècle et ne sont que des collections de citations en fin de compte. Dans le contexte actuel, la philosophie relève plutôt de l’éthique, de la politique et de la communication structurée autour d’autres sciences. Pourtant, moi, j’essaie d’inciter les élèves au dialogue. La classe de philosophie est la chance d’avoir une relation face à face, de montrer à une personne comment elle peut assumer sa personnalité et arriver à mieux se comprendre elle – même.»

    Cela fait 23 ans déjà qu’Elvira Groza enseigne la philosophie. Malgré des moments de déception et de fatigue inévitables, elle ne peut pas se voir pratiquer un autre métier : « Les élèves sont de moins en moins ouverts. Ils apprennent à maîtriser uniquement les modèles requis à l’examen de Baccalauréat, des modèles conçus pour un niveau moyen. Il est très difficile de les faire sortir de cette pensée pragmatique du type cause – effet. Il y a des jours où je ne réussis pas à leur provoquer une réaction. Ou des jours où on ne réussit pas à avoir un dialogue. Mais le lendemain j’oublie tous ces petits ennuis temporaires et je recommence à zéro. »

    Donnons la parole à une autre enseignante récompensée du Prix Mentor et amoureuse de sa profession : Elena Teoteoi, prof de chimie à Târgu Jiu. A son tour, elle a formé nombre d’élèves récompensés d’or, d’argent et de bronze aux concours internationaux de chimie.

    Comment a-t-elle réussi à éveiller la passion pour la chimie chez les jeunes ? Tout d’abord en mettant l’accent sur son côté pratique. Elena Teoteoi : «Je me sers de la théorie pour faire l’introduction ou pour préparer les élèves à comprendre tous les aspects d’une substance ou d’un phénomène. Je leur raconte l’histoire de la découverte de telle ou telle substance ou de tel ou tel phénomène, ainsi que leur importance. Mais ce qui compte pour un élève c’est de voir et de sentir concrètement de quoi il s’agit. Par conséquent, l’expérimentation est la partie la plus importante de mon activité. L’enseignement ne se limite pas à la théorie. Il y a des disciplines où l’aspect théorique est dominant et d’autres où il faut mettre l’accent sur l’interdisciplinarité. Par exemple, on ne peut pas enseigner, ni apprendre la chimie sans avoir des notions de biologie, physique, géographie ou histoire. La chimie est étroitement liée à toutes les autres disciplines, à notre vie quotidienne, à tout ce qui nous entoure. Y compris nous, les gens, nous sommes le résultat d’une série de processus chimiques. »

    « Il est impossible de s’ennuyer, en enseignant la chimie. Elle est en transformation perpétuelle, tout comme notre vie », affirme Elena Teoteoi. Pas question de s’ennuyer en classe non plus, pour elle le métier de prof est un défi permanent.

    Elena Teoteoi.: « Les journées ou les classes ne se déroulent presque jamais comment on l’avait imaginé. Il y a tout le temps une réaction nouvelle de la part des élèves et même des professeurs. Nous changeons en fonction de l’évolution des élèves. Nos méthodes changent en fonction des élèves. On évolue constamment, car il y a, à chaque pas, quelque chose qui nous attire et qui nous détermine à évoluer. »

    « Il n’y a pas de monotonie dans l’enseignement », conclut Elena Teoteoi. C’est en luttant contre la monotonie que les professeurs deviennent des mentors et c’est grâce à eux que l’éducation progresse. (Trad. Valentina Beleavski)

  • The mentors of Romanian School

    The mentors of Romanian School

    The Romanian education system is a realm of stark contrast with the top end of the scale made by the great number of top-performing pupils, award and prizewinners in international contests. At the bottom of the same scale we find the alarming percentage of functional illiterates mainly consisting of 15-year olds.



    If the reasons for dissatisfaction have frequently become justified subjects for public debates, the reasons for satisfaction have oftentimes been overlooked. In order to bring again top-performing students to the fore, but especially those who teach them, the Foundation for Community jointly with MOL Romania annually award the Mentor Prize. In 2017, for the seventh year running, the prize was awarded to 10 teachers and coaches from all over Romania, short-listed out of a pool of 250 nominations made in the previous year.



    For some of those trainers, being awarded prizes has become something they got used to. One such trainer is Petre Arnautu, a table tennis coach based with the Slatina School Sports Club. Arnautu has also been coordinator with the national cadets and juniors teams for the past 20 years.



    Among Petre Arnautus most recent successes is the 3rd place Adina Diaconu reaped in the womens singles event as well as the 1st place Adina Diaconu and Andreea Dragoman won in the womens doubles event of the World Juniors Championship held in Cape Town in 2016.



    In 2017, Diaconu and Dragoman also walked away with bronze from the womens event of the European Table Tennis Championship in Sochi in February. Full commitment to the job is a must for a coach, yet no less important is his ability to spot talents among students, according to Petre Arnautu.



    Petre Arnautu: Top-level performance cannot be achieved unless you know how to select those athletes with genuine qualities, first and foremost, unless you can spot the specific and general qualities required for doing that sports discipline at top-level. It is very important to have the raw material tailored for high performance, yet no less important is that from a very early age, the athlete should have the urge and willpower to practice that kind of sport at high standards. We should not forget performance means around 95% hard work, while all the other qualities come afterwards.“



    The other subjects taught in schools may not be as famous as sports, yet they are equally important in choosing ones career and building up ones personality. Philosophy is one such subject, and its formative characteristic was exactly the main attraction for Elvira Groza when she chose that profession. A Mentor Prize recipient, Elvira Groza teaches philosophy with the Aurel Lazar Theoretical High-school in Oradea. Elvira Groza is the coordinator of the school magazine entitled Lazaristii, but she also prepared the silver and bronze medallists for the Olympiad of philosophy.



    The key to her success is a non-conformist approach to the subject matter she teaches, that philosophy is a tool by means of which young people can discover themselves, at the same time discovering the world around other than by means of the usual social conventions. Here is teacher Elvira Groza herself.



    Elvira Groza: I believe today we need to do philosophy going beyond the high school text books that do not go any further than the mid-20th century and are just mere quotation compilations. Although today philosophy has to a great extent become ethics, politics and structured communication supporting other sciences, I have been trying though to challenge students to dialogue. The philosophy class is the chance of a face-to-face relation where you can show someone how to take responsibility for themselves, how to understand what happens to them.



    Elvira Groza has been a teacher for 23 years now, yet she cannot imagine herself doing something different, despite the unavoidable moments of exhaustion and disappointment.


    Elvira Groza: “Students are becoming less and less receptive. They only learn to assume set patterns for the baccalaureate exam, devised for medium-level students. It is very difficult to get them snap out of that pragmatic, cause-and-effect mindset. There are circumstances and days when I fail to challenge them with anything at all or other days where no dialogue occurs and at the end of such days what I want for myself is to read a philosophy book and thats pretty much it. But the next day I start all over again and forget those momentary failures.“



    Elena Teoteoi is another Mentor Prize recipient. She is in love with her profession and teaches Chemistry with the Tudor Vladimirescu National College in Târgu Jiu, southern Romania. In turn, she has taught pupils who throughout the years grabbed gold, silver and bronze medals in the International Chemistry Olympiad. But how did Elena Teoteoi manage to instill the passion for Chemistry in her students? First of all, by laying a strong emphasis on practice. Speaking about that, here is Elena Teoteoi herself.



    Elena Teoteoi: “Through theory, I provide the introduction or I prepare students to make sense of all the aspects of a substance or a phenomenon, the history of the discovery of a substance or a phenomenon, and their importance. But for the student what matters is what he or she can actually see or feel. Accordingly, the experiment is the core of my work. In education, emphasis is not being laid on theory alone. There are subjects where theory prevails, while there are other subjects that had for long been taught with a strong emphasis laid on interdisciplinarity. For instance, you cannot learn or teach Chemistry with no knowledge of Biology, Physics, Geography or History. Chemistry runs in everything, in our daily lives, in everything that surrounds us. Which also means that we, as human beings, are crucially influenced by a series of chemical processes.



    “If you teach chemistry, you cannot possibly get bored. Chemistry means a perpetual change, just like life itself, says Elena Teoteoi. You cannot get bored in the classroom either, and that is why the teaching profession poses a perpetual challenge for the Chemistry teacher.



    Elena Teoteoi: There is not a single day or class unfolding the way you wanted to without new feedbacks from students or even from teachers. We also adjust to be able to respond to the students reactions and feedback. Also, teaching is being done in a differentiated manner. You cannot teach all the students in the same way. Accordingly, you cannot possibly back down or stagnate. Every time something new turns up, something that attracts you and helps you, the teacher, make headway.


    “There is no monotony in education, teacher Elena Teoteoi concludes. And monotony cannot possibly exist, as long as teachers are also mentors.